politique

choisir entre écologie politique et Front National

Comment trancher entre écologie et extrême droite ? Marine Le Pen avait jugé le projet de l’écologiste Nicolas Hulot compatible avec celui de son propre parti : « On a relu avec mes conseillers le projet qu’il avait fait en 2007… Il y a énormément de choses qui sont tout à fait compatibles avec le projet du Front national ». Aujourd’hui les conseillers d’Eva Joly sont persuadés que leur candidate a des marges de manoeuvre et des électeurs à conquérir… du côté du Front national*. Par contre Eva Joly se dit opposée au Front National… sur la question européenne : « Nous sommes radicalement opposés au FN : ils ne tiennent pas compte de la réalité. Ils préconisent la sortie de l’euro. Les solutions sont européennes. Ne croyez pas des bonimenteurs. »

Soyons complexe, plus complexe que les petites phrases que les journalistes du MONDE ou les chargés de communication des politiques mettent en évidence. Le slogan fondamental de l’écologie politique pourrait être « produire local et consommer local pour résister à la mondialisation ». Il faut relocaliser, ce qui implique d’acheter plus européen que chinois, plus français qu’européen, plus régional que français. Cela ne veut pas dire à l’égal du Front National préférer sa soeur à ses cousines, les filles françaises plutôt que les étrangères. Que Laurent Ozon (membre du bureau politique au début de cette année et démissionnaire depuis) ait apporté à Marine le Pen le concept du « localisme », n’est pas un problème en soi. Si le FN reprend une bonne idée, cela reste une bonne idée. Sur un territoire qui tend à la résilience aux chocs provoqués par les hydrocarbures (descente énergétique et réchauffement climatique), peu importe votre étiquette, marxiste ou d’extrême droite, chef d’entreprise ou artisan, nous avons tous l’obligation de travailler ensemble pour bâtir une société viable, vivable et durable. Mettre en avant le collectif local, c’est obligatoirement miser sur des rapports démocratiques… contrairement au FN. Les jeux partisans de préparation à la présidentielle française ne devrait nous intéresser… que de très loin. Il n’y a pas de sauveur suprême, la solution aux crises se trouve d’abord dans notre comportement individuel, familial, local : ne pas vivre à crédit, diminuer sa consommation énergétique, instaurer des relations conviviales de proximité. Il n’y a de véritable démocratie que locale.

Pour conclure, cette phrase qui résume la philosophie d’Eva Joly : « Nous, les écolos, nous portons la complexité du monde, le FN porte une simplification mensongère. » Cette analyse rejoint la nôtre, lire notre post « écologisme contre extrême droite » : Il est plus facile dans l’adversité de montrer du doigt un coupable présumé. Face à cette tactique souvent utilisée dans la pratique électorale, l’écologie politique présente nombre d’analyses et de pratiques possibles, c’est-à-dire des réponses complexes.

* LE MONDE du 11-12 2011, Les écologistes s’adressent aux électeurs frontistes

 

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Aubry-Hollande face au dilemme croissance/environnement

Il y a une liaison fatale entre croissance économique et destruction environnementale ; le PS n’en a pas encore conscience. Au Congrès de Reims en 2008, la croissance était déjà dans toutes les têtes socialistes. La motion de Delanoë proposait la « Promotion d’un nouveau modèle de développement qui articule croissance, justice sociale et écologie ». La motion de Martine Aubry affirmait avec force que « la croissance économique et l’impératif écologique constituent un seul et même enjeu ». Aujourd’hui Aubry veut prendre le relais d’un Sarkozy qui cherchait la croissance avec ses dents : « Une offensive de civilisation est fondée sur un autre modèle de croissance… Sans croissance on ne peut rien… » (LE MONDE du 3 mars 2011, Le livre-programme du PS). Lors de leur université d’été les 27 et 28 août, même rengaine. Les mots «  crise écologique, après-pétrole, changement de civilisation » émaillent les discours. Mais les mots « croissance durable, croissance partagée, croissance verte » restent omniprésents ! Dans un discours devant ses fans, François Hollande était même radicalement croissanciste : « On ne peut pas transiger avec la croissance, je ne crois pas à la décroissance. Lorsque le PIB décroît, les conséquences sociales sont extrêmement négatives, chômage, déficit, dette. La décroissance, c’est un facteur de crise sociale. »

Or la croissance dans un monde fini est impossible et plus personne ne devrait croire à la hausse du PIB comme solution passe-partout. Comme le note Hervé Kempf, « raisonner avec un concept du passé ne permet pas de penser le monde de demain. Nombre de hiérarques du PS semblent continuer à rêver de l’âge d’or des « trente glorieuses » qui a pour première caractéristique d’être derrière nous… Se focaliser sur un objectif que l’on ne pourra pas atteindre, la croissance, prépare les pires déceptions »*.

Sur le fond, le PS est un vieux parti d’élus, aux problématiques strictement électoralistes. Son pôle écologique est aux abonnés absents, n’osant même pas présenter un questionnaire écolo aux candidats aux primaires. Comme l’exprime un commentateur d’Hervé Kempf sur lemonde.fr, « les électeurs du PS ne comprennent pas que leurs valeurs sont bien mieux représentées, sur le fond, par l’Ecologie, et en disant cela je ne plaide pas pour EELV, dont l’intelligence reste à prouver, mais pour l’Ecologie. La croissance est, par définition, une exponentielle. Impossible ».

* LE MONDE du 31 août 2011, Socialistes écologistes ?

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croissance zéro et début de la sagesse

Victoire, croissance zéro de l’économie française : 0 % au deuxième trimestre 2011 selon l’Insee*. Bravo, le coup d’arrêt de la croissance va compliquer la préparation du budget 2012. Enfin les politiques vont devoir raisonner autrement, comme Maurizio Pallante** :

« Une économie qui ne croît pas est considérée comme un poisson qui ne nage pas. Une contradiction en soi. Un cauchemar dont on ne peut parler que par périphrase. Et donc, on continue… L’optique de la décroissance signifie au contraire réduire la quantité de marchandises dans sa vie. On choisit de ne pas avoir la  télévision parce qu’on n’accepte pas de passer son temps de manière idiote et qu’on a des choses plus intéressantes à faire. On choisit de ne pas se soumettre aux comportements standardisés par la publicité. On ne renonce à rien.

Le mouvement pour la décroissance heureuse se propose de promouvoir la substitution la plus vaste possible des marchandises produites industriellement et acquises dans les circuits commerciaux par l’autoproduction de biens. Ce choix entraîne une diminution du PIB, mais améliore la vie industrielle et collective et les conditions environnementales. Plus importante est la quantité de biens qui peuvent être autoproduits, moindre est la quantité de marchandises qu’il faut acheter, moins il faut d’argent pour vivre. Cette perspective implique que dans les pays industrialisé, on redécouvre et on valorise certains styles de vie du passé, abandonnés de façon irresponsable au nom d’une conception du progrès mal interprétée.

Pour adhérer au mouvement pour la décroissance heureuse, il suffit :

–          d’autoproduire le yaourt ou n’importe quel autre bien primaire : le coulis de tomate, la confiture, le pain, les tartes, l’énergie thermique ou électrique, des objets ou des outils ;

–          d’offrir gratuitement des services à la personne qui se font en général contre paiement : assistance aux enfants dans les premières années, aux personnes âgées, aux mourants. »

* LE MONDE du 13 août, le gouvernement face à la stagnation de l’économie

** La décroissance heureuse (la qualité de la vie ne dépend pas du PIB) de Maurizio Pallante

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6/6) Nicolas Sarkozy, un cancre de l’écologie à l’Elysée

En 2001, Nicolas Sarkozy n’accorde pas une seule ligne à l’écologie dans « Libre », son autobiographie de 400 pages. S’il évoque le naufrage de l’Erika, c’est parce que la marée noire a touché la côte où il roule l’été à bicyclette ! Même ignorance du sujet en 2006, avec « Témoignage », livre confession destiné à asseoir sa candidature présidentielle. Dix lignes sur 281 pages pour souhaiter que le ministre de l’écologie ait de « vrais leviers d’action ». La campagne présidentielle de 2007 va modifier la donne, sur la forme, pas sur le fond.

Sarkozy, sous la pression de Nicolas Hulot, a signé le pacte écologique en 2007, comme les autres présidentiables. Mais au second tour des élections présidentielles, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy proposaient à leurs électeurs le même objectif : intensifier la croissance des productions, des consommations et des déplacements sans s’interroger sur leur contenu. Sarko a été élu le 6 mai 2007, et puisque l’écologie est à la mode, il en fera un cheval de bataille. Il met Alain Juppé en charge de l’écologie et le dote du titre de ministre d’Etat, le seul du gouvernement. Alain Juppé, numéro 2 du gouvernement, obtient un périmètre ministériel considérablement élargi, énergie, transports, aménagement du territoire. Ainsi une des demandes du pacte écologique (un vice-président) est presque satisfaite. Jean-Louis Borloo va remplacer rapidement Juppé.

Sarkozy lance le Grenelle de l’Environnement en octobre 2007 : « C’est bien à une révolution que nous invite ce Grenelle, une révolution dans nos façons de penser, dans nos façons de décider, une révolution dans nos comportements, dans nos politiques, dans nos objectifs. » Dans un premier temps, le Grenelle de l’environnement est un succès. Avec la participation des ONG, le citoyen est presque placé au centre de la politique environnementale, du moins dans les débats préalables. On propose d’institutionnaliser les associations écologiques en leur donnant des sièges au Conseil économique et social, on le fera. Mais dans le même temps, Sarko instaure une commission pour « libérer la croissance » dont il disait à l’avance qu’il respecterait toutes les indications. Sarko mène deux discours incompatibles, répondre aux méfaits issus de la croissance et accélérer la croissance.

A la mi-2009, le chef de l’Etat se présentait encore comme le « premier écologiste de France » et offrait le DVD du film « Home » de Yann Arthus-Bertrand à son homologue américain Barack Obama. Devant le Conseil national de l’UMP début décembre 2009, Sarkozy affirmait : « L’écologie, ce n’est pas une lubie, un truc, un positionnement, c’est une conviction. Nous sommes la dernière génération à pouvoir agir avant qu’il ne soit trop tard. A Copenhague la semaine prochaine, c’est l’avenir de la planète  qui se joue. » Mais le 6 mars 2010, Sarko lâche au Salon de l’agriculture : « Je voudrais dire un mot de toutes ces questions d’environnement. Parce que là aussi, ça commence à bien faire. Je crois à une agriculture durable. […] Mais il faut que nous changions notre méthode de mise en œuvre des mesures environnementales en agriculture. »

Trois ans après les débats, la loi d’application dite Grenelle 2 n’avait toujours pas été approuvé par le Parlement. Les agriculteurs, les transporteurs routiers, les industriels demandent des aménagements de la loi « au nom de la crise économique ». Avec cette loi, les régressions sont inacceptables, sur les éoliennes, la taxe carbone, l’étiquetage carbone. Le nucléaire était hors-Grenelle, le gouvernement considère maintenant qu’un « accroissement significatif » de rejets radioactifs n’est pas une « modification notable » d’une installation nucléaire. Sarkozy poursuit la politique de ses prédécesseurs, glorification des centrales nucléaires, soutien inconditionnel à « l’assurance-vie » d’une nation que constituerait la dissuasion nucléaire.

Un des autres points du pacte écologique signé par Sarko devait être la taxe carbone comme réponse au changement climatique. Cette taxe carbone est déjà un échec avant même de se mettre en place. Le Premier ministre Fillon voulait fixer le prix du carbone à un prix ridicule, 14 euros la tonne. Lors d’un déplacement dans une exploitation céréalière en mars 2010, le chef de l’Etat confirmera : la taxe carbone ne sera pas appliquée en France, « sauf si l’Union européenne décidait de la reprendre à son compte ». La Fondation Nicolas Hulot a décidé à ce moment de se retirer des groupes de travail créés à l’issue du Grenelle de l’environnement.

Alors que les véritables menaces sont écologiques (pic pétrolier, réchauffement climatique, épuisement des ressources naturelles…) et conditionnent les bouleversements géopolitiques, tout montre que Nicolas Sarkozy n’a rien appris au cours des 4 premières années de son mandat.

NB : j’ai rédigé personnellement cette fiche sur Sarkozy en complément des 5 présidents précédents analysés par le livre de  Marc Ambroise-Rendu Des cancres à l’Elysée, sous titré « 5 Présidents de la république face à la crise écologique »

Michel Sourrouille

 

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5/6) Jacques Chirac, un cancre de l’écologie à l’Elysée

Jacques Chirac entre à l’Elysée le 17 mai 1995. Jusque là, Chirac n’avait jamais montré un réel intérêt pour la protection de la nature, l’environnement, l’écologie. Bien qu’il ait été ministre ou Premier ministre pendant 28 ans, de 1967 à 1995, on peine à dénicher une vraie pensée ou une action décisive en matière d’environnement. Ce petit-fils de paysan a cependant gardé le goût de la vie rurale. En mars 2004, on arrive à un accord avec la FNSEA, les paysans acceptent de contribuer davantage à la dépollution des  rivières. Mais les sondages donnent la majorité battue aux élections régionales. Chirac déclare alors : « Il ne sera pas touché aux redevances sur les nitrates. » Comme Premier ministre de Chirac en 1975, il avait porté sur les fonts baptismaux le Conservatoire du littoral auquel il voue un véritable attachement. Mais en 2006, le Premier ministre Villepin annonce triomphalement que les sommes que le Conservatoire pourra affecter à l’achat des terrains de bord de mer en 2007 atteindront 33 millions d’euros ; c’est le prix d’un kilomètre d’autoroute.

Des quatre Premiers ministres qu’il a lui-même désignés, aucun ne montre le moindre intérêt pour l’écologie. Il n’est donc pas surprenant qu’en 1995 il stoppe la procédure de désignation des sites Natura 2000, édulcore les propositions d’une commission du développement durable et refuse de muscler le ministère de l’environnement. La première titulaire, Corinne Lepage, au 22e rang du gouvernement Juppé, dresse dans son livre On ne peut rien faire, Madame le ministre la longue liste des mesures que les lobbies et l’administration ont enterrées. Balladur en 1994 et Juppé en 1996 distribuent des subventions pour soutenir le marché automobile. Dominique de Villepin lancera même en 2006 l’idée de subventionner les employés prenant leur voiture pour aller au bureau. Erratique sur la pollution automobile, la politique chiraquienne sera plus courageuse sur l’amiante. Pendant son mandat cesse enfin un scandale qui durait depuis De Gaulle.

Il y au moins un élément de la politique écologique dont on ne pourra enlever la paternité à Chirac, c’est la Charte de l’environnement, promise au cours de la campagne pour les présidentielles de 2002. Ses propres ministres sont réticents, évidemment rejoints par les représentants des milieux économiques. Quant aux parlementaires, ils sont soit épouvantés par cette innovation, soit, pour ceux de l’opposition, hostiles par principe à la « marotte » de Chirac. Au terme de quatre années d’obstination, le Chef de l’Etat parvient à faire voter sa Charte adossée à la Constitution, le 28 février 2005, par le Congrès réuni à Versailles.

Chirac a évolué en 12 ans. Après avoir appréhendé l’écologie comme un sujet politiquement risqué, il a compris à l’aube de son deuxième mandat et avec l’aide de Nicolas Hulot, que cette politique être un thème porteur. Pour populariser les concepts écologiques, il s’est montré le plus éloquent des cinq présidents successifs de la République.  Mais il n’a pas eu le courage de se donner les moyens de sa politique. Par exemple un grand ministère de l’Environnement et des ministres ayant un véritable poids politique. Son « écologie humaniste » lui donne une vision anthropocentriste de la crise planétaire, une approche probablement trop frileuse pour être véritablement efficace.

Chirac ne fait pas exception. Nos présidents élus au suffrage universel, si volontaristes, si constants dans l’effort quand il s’agit de l’atome, n’ont rien fait de semblable dans le domaine de la crise écologique. Les présidents ont bien tenté de planifier leur ambition écologique : des catalogues de bonnes intentions et des mesures le plus souvent homéopathiques. La réponse à la crise écologique est restée balbutiante, quasiment marginale. Pourquoi ? Tous partagent la croyance chrétienne selon laquelle l’homme a été créé pour dominer la nature. Que l’univers ait ses propres lois, que l’homme n’en soit qu’un rouage, qu’il dépende de la nature pour survivre, voilà un renversement de perspective difficile à accepter. Tous sont persuadés que la croissance économique est seule capable de répondre aux besoins croissants de l’humanité. Tous sont convaincus que la recherche scientifique et ses applications techniques trouveront réponse aux problèmes écologiques planétaires. Ces trois credos – religieux, économique et scientifique – les confortent dans le sentiment que rien ne presse. Surtout, ils ont tous compris que la crise écologique mondiale est un sujet à la fois trop technique et trop anxiogène pour être électoralement vendeur. Issus du sérail, nos présidents sont des politiques comme les autres. Dès 1995, Chirac donnait l’ordre de reprendre les essais nucléaires dans le Pacifique !

Marc Ambroise-Rendu dans son livre Des cancres à l’Elysée (5 Présidents de la république face à la crise écologique)

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4/6) Mitterrand, un cancre de l’écologie à l’Elysée

Son affiche de campagne en 1974 présente Mitterrand sur un fond de cheminée d’usine et de ligne à haute tension.  Durant cette campagne présidentielle, le terme environnement n’est utilisé qu’une seule fois. Si le terme remplit plusieurs pages de ses livres, cela reste du domaine littéraire. Les neuf pages de sa campagne de 1981 consacrées à l’environnement résultent en fait des succès électoraux des écologistes en 1977. La crise écologique reste une notion assez floue pour Mitterrand, sous-tendue par l’intime conviction que la science lui portera remède. « J’adore les chemins de fer, les avions et tous les transports rapides, jusqu’aux fusées qui nous entraîneront ailleurs quand la terre sera devenue trop exiguë », écrit-il en 1978 dans L’Abeille et l’Architecte.

Le mouvement écologiste – associations de défense de l’environnement et comités anti-nucléaires – est comme anesthésié par la franche victoire de la gauche en 1981. Les militants croient naïvement que  tout va devenir rose. Le début du septennat leur donne raison. Au Larzac comme à Plogoff, Mitterrand tient ses promesses de campagne. Mais strictement celles-là. On ne connaît même pas le nom du conseiller chargé de l’environnement durant les deux premières années du septennat. D’ailleurs, y en a-t-il seulement un ? Très vite il n’est plus question d’un moratoire nucléaire ou de stopper la modernisation de la force de frappe. On dénombre 80 tirs plus ou moins discrets de 1981 à 1994.  Au cours des deux septennats, on va inaugurer 38 réacteurs sur les 58 en fonctionnement aujourd’hui. Au fond de lui-même, Mitterrand assimile la technologie nucléaire au progrès. Celui-ci ne se refuse pas ; il se maîtrise. Il autorise la fabrication du mox, un mélange d’uranium et de plutonium de récupération. En 1989, il s’exprime ainsi : « Il faut préparer l’avenir, mettre au point les centrales du XXIe siècle. »

Sur cinq Premiers ministres, aucun ne pousse le président à sortir de son indifférence écologique. Pour les ministres eux-mêmes, ce n’est guère mieux. Haroun Tazieff, secrétaire d’Etat chargé de la prévention des risques technologiques et naturels majeurs, ne voit en 1984 aucun danger pour les alentours à Mururoa. Dans un pamphlet de 1989, il conteste à la fois l’effet de serre et la disparition de la couche d’ozone. Comme gouverner droit avec de tels conseillers ? Dans le gouvernement Cresson, le ministre de l’environnement Lalonde figurait à la 19e place, dans le gouvernement Rocard à la 35e. Mitterrand exprime en revanche sa mégalomanie en lançant de nombreux « grands chantiers » qui témoigneront de sa gloire pour des siècles : le Grand Louvre, la Très Grande Bibliothèque, la « pataphar » de l’Opéra Bastille, le nouvel arc de triomphe de la Défense. Au regard de l’écologie urbaine, les monuments mitterrandiens sont autant de piètres exemples. Lorsqu’en 1983 Mauroy présente son plan de rigueur, Mitterrand intervient sur le fait que les difficultés budgétaires ne doivent pas retarder ses grands projets. Le chef de l’Etat négligera par contre l’aménagement du territoire.

La loi littoral est votée en janvier 1986, mais il faudra une condamnation du Conseil d’Etat pour que le décret d’application soit enfin publié en 2000. Au premier tour des élections municipales de mars 1989, on enregistre une poussée des Verts. Mitterrand est furieux : « La montée des écologistes n’est qu’un épiphénomène. Ces gens-là n’ont aucune idée, aucun projet. Ils sont d’une ignorance crasse, ce sont des ennemis du progrès. Le nucléaire ? Mais rien n’est plus sûr ! » Des cinq présidents qui se sont succédés à l’Elysée de 1959 à 2007, Mitterrand est celui qui a le moins légiféré sur l’environnement.  Il ne s’est jamais intéressé aux dommages créés sur l’environnement par les marées noires, les pollutions automobiles, l’envahissement des déchets. Le bilan législatif est donc modeste.

En définitive Mitterrand a une conception anthropomorphique de la nature. Il rapproche cette création humaine qu’est le paysage des innovations dues aux découvertes techniques. Dans les deux cas, c’est l’homme qui est central : cultivateur, forestier, inventeur, technicien. Il a reçu une éducation catholique et reste dans la tradition des hommes politiques français, tous nourris de concepts judéo-chrétiens. Comme pour De Gaulle, Pompidou et Giscard, le rapport de l’homme avec la nature est conditionné par le texte de la Genèse : « Croissez et multipliez et remplissez la terre et soumettez-là, dominez les poissons et la mer, les oiseaux du ciel et tout ce qui est sur terre. » Conçu à l’image de Dieu, l’homme a été placé dans l’univers pour le gouverner. Voilà pourquoi, comme ses devanciers, Mitterrand a du mal à passer du sentiment de la nature – phénomène culturel – à la science des équilibres écologiques ou à la gouvernance durable.

Marc Ambroise-Rendu dans son livre Des cancres à l’Elysée (5 Présidents de la république face à la crise écologique)

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3/6) Giscard d’Estaing, un cancre de l’écologie à l’Elysée

Le 27 mai 1974, Valéry Giscard d’Estaing prend ses fonctions de président de la République par l’avenue Marigny… à pied. Mais Giscard n’a guère d’idée sur l’environnement et encore moins sur l’écologie. Une seule page sur la « nouvelle croissance » dans son livre-programme, Démocratie française, et pas un mot sur l’environnement dans les 1370 pages de ses Mémoires. Ses idées découleront surtout de son conseiller Pierre Richard. Le président aime plutôt la nature comme un chasseur passionné pour lequel tout paysage est d’abord un repaire à gibier. Pour assouvir sa passion, il tiraille partout, en France, en Europe, en Afrique.

Dès le mois de juin 1975, un conseil des ministres programme, pour les quatre années suivantes, le lancement de 29 réacteurs supplémentaires. Pourtant Giscard n’a jamais vu une centrale nucléaire, il ira à Gravelines seulement en octobre 1979. Ces monstres de puissance sont pilotés par une poignée de techniciens auxquels on fait confiance. En juin 1975, le ministre de l’Environnement Jarrot convoque des experts. Question : quelle sont les conséquences des rejets des centrales sur la température et la chimie des eaux de rivière ? Réponse : on ne sait pas, mais ça ne doit pas être bien dangereux. Les risques d’accident ? La main sur le cœur, les spécialistes garantissent que toutes les précautions sont prises. Il n’existe à l’époque aucune loi encadrant le nucléaire. Dans les arbitrages élyséens, Pierre Richard est écrasé par André Giraud, nucléariste convaincu. Durant son septennat, Giscard autorisera plus de 40 essais d’explosion nucléaire alors que dans les instances internationales, il parle de désarmement. Bref le pays est dirigé par un président pronucléaire.

Pour le reste, Giscard s’est exonéré des décisions difficiles en légiférant à outrance. Le Conservatoire du littoral, envisagé sous Pompidou, devient une réalité le 10 juillet 1975. Mais il faudra attendre 1986 pour une loi sur le littoral contre les bétonneurs. Tous calculs faits, le pourcentage des crédits d’Etat consacrés à l’environnement dégringole de 0,69 % en 1974 à 0,41 % en 1979. Sous Giscard, l’Etat dépense proportionnellement 40 % de moins pour l’environnement que sous Pompidou.

Marc Ambroise-Rendu dans son livre Des cancres à l’Elysée (5 Présidents de la république face à la crise écologique)

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le quotidien Le Monde est militariste

Un éditorial non signé correspond à la ligne politique d’un journal. Or l’édito du Monde ce jour* est ouvertement pro-militariste : «  On voit mal en quoi le défilé militaire du 14 Juillet n’est pas « citoyen « . On ne saisit pas en quoi les Français qui ont choisi le métier des armes, et de risquer leur vie pour la République, sont moins « citoyens » que les autres. On ne voit pas pourquoi la France, l’un des rares pays en Europe à avoir le courage de faire l’effort d’exister encore en matière de défense, ne rendrait pas, ce jour-là, hommage à son armée. »

D’abord cet éditorial est en totale contradiction avec l’article en page intérieure, « Le défilé militaire du 14 juillet est contesté depuis sa création en 1880. » Ensuite ce défilé n’est pas tellement citoyen puisque que les hommes qui défilent sont des militaires de métier. Ce bruit de bottes est d’autant plus malvenu que la fête nationale commémore à la fois la lutte contre la royauté et l’unité nationale ; en 1789 le peuple avait pris la Bastille quand une armée professionnelle tirait dans la foule. Ensuite « risquer militairement sa vie pour la République » est un argument un peu léger alors que la France engage ses soldats dans des pays étrangers qui ne l’ont pas demandé. Nous rendons hommage en ce moment à nos 70 morts en Afghanistan à coups de décorations inutiles, des soldats morts pour rien comme d’ailleurs tous ceux qui les ont précédés : à quoi ont bien servi toutes nos guerres ? Ce n’est pas du courage que d’entretenir des forces françaises d’intervention et la dissuasion nucléaire, c’est de l’inconscience. Ce sont surtout les Etats totalitaires qui célèbrent leur armée. Soutenons plutôt les casques bleues de l’ONU, montrons que la sagesse, c’est le désarmement nucléaire unilatéral de la France, recherchons les voies d’une défense civile non violente qui serait bien plus efficace dans un monde où les drones tuent ceux que les puissants désignent. Une démocratie véritable n’enverrait pas les Français gentiment baguenauder en famille sur les Champs-Élysées, elle rendrait hommage à ses pompiers et à sa justice, elle fêterait le sens de l’égalité et de la fraternité, elle organiserait le bonheur d’être ensemble, elle recevrait des délégations du monde entier.

Nous attendons mieux d’un quotidien de référence « mondiale » qui se devrait d’avoir un jugement un peu moins militariste, un peu moins franco-français.

* LeMonde du 19 juillet 2011, Petite leçon civique à l’intention de M. Fillon

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Eva JOLY contre la falsification du 14 juillet

Eva Joly a suscité la réprobation globale de la classe politique. Le Premier ministre François Fillon estime que l’ex-juge d’instruction d’origine norvégienne n’avait pas « une culture très ancienne » de la tradition, de l’histoire et des valeurs françaises. Le Parti socialiste (PS) s’est aussi démarqué de la proposition d’Eva Joly. « Je ne partage pas le point de vue d’Eva Joly sur le défilé du 14 juillet » a réagi François Hollande. Droite et gauche confondues oublient les fondements historiques du 14 juillet, c’est Eva Joly qui dit vrai.

La fête du 14 juillet a été instituée par la loi en 1880, en référence au 14 juillet 1789, date de la prise de la Bastille et symbole du passage à un monde nouveau, et surtout au 14 juillet 1790, jour d’union nationale lors de la Fête de la Fédération, symbole de l’union fraternelle de toutes les parties de la France et de tous les citoyens français dans la liberté et l’égalité. Fédération, ce jour-là, a signifié unité volontaire. Les sans-culottes de 1789 étaient-ils militaires ? Non ! La première fête de la fédération en 1790 fut-elle un défilé militaire ? Non ! La raison de la présence du défilé militaire le 14 juillet 1880 n’avait rien à voir avec les combats pour la liberté : ce défilé se voulait le symbole du renouveau de l’armée française vaincue en 1870 par la Prusse.

Eva Joly, en proposant un défilé citoyen et non militaire, ranime l’esprit de la fête de la fédération en 1790, et propose de renouer avec la vision d’une société qui célèbre « le bonheur d’être ensemble », toute catégorie de population confondue. Elle se retrouve ainsi en rupture totale avec la France autoritaire et répressive voulue par le gouvernement actuel et ses clones qui se croient dans l’opposition. En terme écologique, on peut aller plus loin : c’est l’armée elle-même et les armements qui devraient être combattus. Cette institution et ses instruments de mort sont des facteurs significatifs de la lutte entre groupes sociaux, donc de détérioration du milieu qui nous fait vivre. Un écologiste se doit d’être non seulement contre le défilé du 14 juillet, mais aussi pour l’apprentissage de la défense civile non violente, contre tous les autoritarismes. Comme le disait en chantant un de nos poètes : « Le jour du 14 juillet, je reste dans mon lit douillet, la musique qui marche au pas, cela ne me regarde pas… »

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le manque de culture des socialistes

Les socialistes s’égarent, ils confondent promouvoir la culture et aller au spectacle. Le projet du PS* soutient (à peine) la « création », mais les présidentiables se bousculent au festival d’Avignon ou défendent les Francofolies de La Rochelle. Ils restent les partisans d’une société du spectacle qui transforme le citoyen en voyeur de ce que font les autres et l’empêche ainsi de vouloir faire par soi-même. On soutient la « création », c’est-à-dire quelques artistes, on ne promeut en rien la multiplication des chorales et des orchestres amateurs. Martine Aubry veut soutenir les jeunes artistes, elle veut que chaque enfant se rende deux fois par an à un spectacle et se momifie dans un musée : société du spectacle ! François Hollande veut développer l’apprentissage des pratiques culturelles à l’école.  Mais le dessin et la musique sont depuis des années au programme des établissements scolaires et cela n’a pas changé grand chose à la passivité des élèves. Ségolène Royal veut doter chaque lycée d’un médiateur culturel : il s’agit seulement de créer des emplois pour quelques-uns !

Rien de très socialiste dans tout cela, l’autonomie individuelle dans la participation collective n’est pas recherchée. Rappelons à ces présidentiables que la culture, c’est notre comportement au quotidien, ce n’est pas faire des singes savants qui ne connaissent que l’art pratiqué par d’autres. Ces socialistes soutiennent le sens bourgeois du mot culture, faire des êtres « cultivés ». Ils oublient le sens sociologique du mot culture, des êtres qui agissent par eux-mêmes et cherchent à s’épanouir dans la société. Seul Arnaud Montebourg s’approche de la véritable culture socialiste en voulant associer la population à des lieux coopératifs d’artistes, en renouant avec le rôle social de la culture, « l’ensemencement des âmes ».

Notons que LeMonde a également une conception bourgeoise de la culture, id est la société du spectacle. Il suffit de lire leur page « Culture » ce jour** : Le musée des arts décoratifs offre une rétrospective à un styliste londonien ! La langue des Beatles triomphe aux Francofolies ! Rencontre avec l’ex-étoile de l’Opéra de Paris ! Villeréal reçoit les artistes du conservatoire ! Un baiser de théâtre finit devant un tribunal !

* LeMonde du 16 juillet 2012, Les socialistes promettent de ne pas oublier la culture en 2012

** LeMonde du 16 juillet 2012

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José Bové choisit Nicolas contre Eva

A la veille du second tour de notre primaire je tiens à réaffirmer mon soutien à la candidature de Nicolas Hulot.

Etre « pour » quelqu’un ne signifie pas mécaniquement  être « contre » quelqu’un d’autre, en l’occurence Eva Joly dont la personnalité et le travail sont indispensables à notre mouvement. Mais, dans les circonstances d’une difficile élection présidentielle, je considère que Nicolas Hulot présente les meilleurs atouts pour permettre à l’écologie politique d’élargir encore son audience.

–          C’est lui qui porte le mieux le projet global de la transformation écologique. Aux yeux de la société, il possède cette légitimité qu’il a su bâtir à sa façon.

–          C’est lui qui incarne le mieux l’autonomie politique de l’écologie qui doit rester notre colonne vertébrale dans le cadre d’une participation au pouvoir.

–          C’est lui qui assure le mieux le lien entre les impératifs écologiques et les nécessités sociales, au Nord comme au Sud.

–          C’est lui qui maîtrise le mieux le registre du dialogue et de la conviction pour aller chercher ceux et celles qui ne sont pas comme nous.

Nicolas Hulot, dont j’ai pu apprécier personnellement la sincérité et la détermination, représente une chance collective. Pourquoi s’en priver ?

José Bové, le 3 juillet 2011

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Eva Joly, de gauche avant d’être écolo !

L’alliance écologistes/PS n’est pas la conséquence d’un choix délibéré, mais de circonstances exceptionnelles en 1997. L’échec des Européennes fin 1994 sanctionnait la division de l’écologie politique, complètement parcellisée à l’approche de l’élection présidentielle de 1995. Les Verts sont redevenus le principal parti de la mouvance, mais entouré de multiples petits groupes issus de leurs rangs ou de Génération Ecologie. Ils doivent aussi compter avec la concurrence du MEI (mouvement écologiste indépendant) d’Antoine Waechter ou CAP 21 de Corinne Lepage. Jacques Chirac est élu.

Mais le 21 avril 1997, il dissout l’Assemblée nationale à la surprise de tous. Pour l’opposition, la campagne des législatives arrive très vite. L’idée d’une alliance rouge-rose-vert est évoquée. Dans l’urgence, elle est conclue en quelques jours. Les Verts dépendent du bon vouloir socialiste, qui leur laisse seulement une dizaine de circonscriptions gagnables. Ils obtiennent 7 élu-es. Le soir même, Lionel Jospin insiste pour que Dominique Voynet rentre au gouvernement. Malgré le refus du parti, signifié par un vote du CNIR à plus de 80 %, elle accepte. Avec la gauche plurielle, la cote de popularité des Verts dans l’opinion progresse, ils deviennent le parti quasi-unique de l’écologie. Etre « écolo de gauche » leur tourne la tête, surtout quand il y a des postes à la clé !

Aujourd’hui Eva Joly n’arrête pas de répéter « je suis de gauche » sans d’ailleurs bien savoir ce que « de gauche » veut dire (étatique ? autogestionnaire ? stalinienne ? Strauss-Khanienne ?, etc.). Elle est de gauche surtout parce qu’elle ne sait pas très bien ce qu’être écologiste veut dire…

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Hulot/Joly au second tour

L’affrontement entre Nicolas Hulot et Eva Joly n’est pas seulement celui qui oppose une écologie consensuelle et ouverte (vendue aux multinationales, disent ses adversaires) et une écologie radicale et « de combat » (sectaire, disent ses adversaires). Il met face à face une écologie (celle d’Eva Joly et d’une partie de l’appareil vert) qui considère l’alliance à gauche comme naturelle et automatique, et une écologie (celle de Nicolas Hulot) qui, tout en prenant acte du partenariat actuel entre les Verts et le PS (notamment dans les régions), ne juge pas un tel accord comme inconditionnel et scellé pour l’éternité. Une démarche proche de celle des Verts allemands, qui n’excluent pas des alliances régionales avec les chrétiens-démocrates.

En d’autres termes, la démarche de Nicolas Hulot, loin d’être « naïve » comme le dénonce Eva Joly, est éminemment politique. Elle nous rappelle que l’écologie politique française, avant de s’allier à la gauche à partir de 1993, a longtemps refusé de s’inscrire dans le clivage droite-gauche, qu’à sa manière, Dany Cohn-Bendit a lui aussi tenté de dépasser.

A coup sûr, cette volonté de promouvoir une écologie indépendante, quoiqu’ouverte à des alliances programmatiques, dérange certains militants, et plus encore de nombreux élus soucieux sans doute de garder leurs sièges.

Un positionnement qui est en tout cas l’une des raisons qui poussent l’auteur de ce billet à soutenir la candidature de Nicolas Hulot et à voter pour lui dans ces primaires.

Laurent Samuel

 

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Eva Joly contre le désarmement nucléaire

Le 9 avril 2010 Eva Joly déclarait  : « le Président américain rêve d’un monde qui serait débarrassé de ses armes nucléaires. La récente Nuclear Posture Review indique notamment que les Etats-Unis renoncent à partir d’aujourd’hui à utiliser l’arme atomique contre des Etats qui n’en auraient pas et ne chercheraient pas à en avoir. Saisir au bond la balle que nous envoie Obama aurait donc, en plus de servir la paix, l’intérêt de démontrer que nous sommes capables de redéfinir les doctrines qui ont été les nôtres. Le désarmement, notamment nucléaire, est une solution de paix. En tant qu’écologiste, en tant que Présidente de la Commission du Développement du Parlement européen, je suis résolument favorable à une telle orientation. Mais je ne suis pas naïve, je vois bien les dangers qui existent dans le monde, je sais que beaucoup verraient dans un tel saut l’abandon d’une part de souveraineté. » Presque candidate verte avec 49,75 % des voix après le 1er tour de la primaire socialiste, Eva Joly confirme le 30 juin 2011 à la radio son statut de présidentiable orthodoxe : « Pas de sortie unilatérale de la dissuasion nucléaire. » Ainsi Eva reste bien en retrait des pensées des historiques des Verts.

Marie-Christine Blandin* : « L’arme nucléaire transcende toutes les autres en ce qu’elle a de puissant et de définitif. Alors oui, il est du devoir de  chacun de s’engager pour un désarmement nucléaire unilatéral. L’alibi de l’attente d’une grande décision unilatérale n’a que trop duré. Les signataires du Traité de non-prolifération ne sont pas audibles quand ils prêchent pour les autres l’évitement d’une menace qu’ils gardent par-devers eux. Ils ne sont pas crédibles quand ils mandatent l’AIEA pour veiller à ce qu’aucune entreprise illicite n’émerge sur la planète, alors qu’ils ne se font pas inspecter. Ni naïve, ni suicidaire, je fais le pari de la raison et de l’humain en soutenant le désarmement unilatéral. »

Dominique Voynet* : « Le nucléaire militaire est par nature antagonique avec la démocratie. Que dire de sa pertinence dans un contexte géopolitique radicalement différent, où les principales menaces ne se trouvent plus dans l’au-delà d’un rideau de fer. L’arme nucléaire n’est d’aucune utilité face à un chef d’Etat voyou, face à un chef de guerre rebelle, face à un groupe terroriste mobile ! L’arme nucléaire ne protège d’aucun des nouveaux risques, son anachronisme est flagrant. Je considère que la France aurait tout intérêt à montre le chemin en prenant des initiatives fortes vers un désarmement unilatéral à l’instar de la Suède ou de l’Afrique du Sud. »

* Alternatives non-violentes n ° 157 (4e trimestre 2010)

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Martine Aubry à l’image de son parti

Le parti socialiste n’a jamais été écolo. Pas un mot sur l’urgence écologique dans la Revue Socialiste n°42 (2e trimestre 2011)  qui brosse héritages et espérances sur la période 10 mai 1981 – 10 mai 2011. Trente ans à ne pas s’apercevoir que la température monte, que les eaux baissent, que le pétrole rejoint les espèces en voie de disparition. Si on analyse l’enquête menée à l’occasion du trentième anniversaire de l’élection première de François Mitterrand, on s’aperçoit que les références idéologiques des adhérents restent toujours traditionalistes. Les idées sociales-démocrates l’emportent par 76 % d’accord contre 18 %. L’altermondialisme par 57 % contre 28. Mais il y a encore 10 % d’adhérents tentés par le libéralisme économique et même 71 % pour estimer que les entreprises doivent faire des profits pour que l’économie marche bien. Personne ne s’interroge si la croissance va encore durer longtemps  alors que le rapport du club de Rome sur les limites de la croissance date de 1972, bien avant qu’on ne « change la vie » avec Mitterrand pour mieux faire du surplace.

Ce mardi 28 juin, Martine Aubry, première secrétaire du PS, annonce sa candidature après plusieurs semaines de faux suspense. Ce sera encore une fois la guerre des chefs et aucune réflexion sur notre avenir commun. Jusqu’à présent la feuille de route de Martine, « Elections cantonales, préparation du projet, accord avec la gauche, primaire » était d’une banalité à pleurer. Aujourd’hui Aubry veut prendre le relais d’un Sarkozy qui cherchait la croissance avec ses dents. « Une offensive de civilisation est fondée sur un autre modèle de croissance… Sans croissance on ne peut rien… »*. Martine parlait encore de construire des logements sociaux, mais pas un mot sur l’efficacité énergétique de cet habitat. En définitive, rien sur le blocage énergétique que va rencontrer prochainement notre société. Ce n’est pas ainsi qu’un Parti dit de gouvernement nous prépare des lendemains qui chantent. A croire que Martine n’a pas écouté les avertissements de Jean-Marc Jancovici et Yves Cochet lors d’un colloque pourtant organisé par la branche écolo de son propre Parti !

Martine Aubry a bien lâché sa bombinette après Fukushima, « Je crois qu’il faut sortir du nucléaire »**. Mais dans sa motion au Congrès de Reims (novembre 2008), Martine écrivait le contraire : « S’agissant du nucléaire, le fonctionnement et le renouvellement de la filière, dans notre pays, doivent se faire. » Martine est à l’image de son parti, adepte d’une critique molle du capitalisme négligeant l’incompatibilité entre les forces de l’argent et celles de la nature. Dans l’affrontement capital/travail, le PS a oublié l’environnement et une donnée désormais vitale : les ressources de la planète ne sont ni infinies ni éternelles. Menacé par l’activité humaine, l’état de la biosphère chamboule les axiomes. Mais le PS n’en a cure, il se tourne encore et toujours vers son passé.

* LeMonde du 3 mars 2011, Le livre-programme du PS.

** LeMonde du 29 mars 2011, Sur le dossier nucléaire, Martine Aubry est prise entre deux feux

 

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en 2012, écologisme contre extrême droite

Il existe seulement deux offres politiques sérieuses pour les présidentielles 2012, celle de l’extrême droite et celle de l’écologie. Daniel Cohn-Bendit pense encore qu’une candidature écolo au premier tour des présidentielles 2012 est inefficace ou superflue. C’est faire peu de cas d’une histoire de l’écologie politique qui présente  sans interruption au moins un candidat aux présidentielles depuis 1974. C’est oublier que l’écologie  progresse régulièrement dans le choix des électeurs : en 2002, Noël Mamère a dépassé la barre  symbolique des 5 % et même les 7 % si on y ajoutait les voix de Corinne Lepage. Notons aussi que l’alliance des écologistes et de la société civile pour les européennes de 2009 a permis de faire quasiment jeu égal avec le Parti socialiste. L’écologie n’est plus une candidature de témoignage, elle devient une nouvelle offre politique. Mais il existe aussi un autre positionnement depuis 1974, celui de l’extrême droite. Face à la crise globale de notre système thermo-industriel, le Front National propose le repli sur nos frontières et désigne des boucs émissaires, l’immigration principalement. Il est en effet plus facile dans l’adversité de montrer du doigt un coupable présumé. Face à cette tactique souvent utilisée dans la pratique électorale, l’écologie politique présente nombre d’analyses et de pratiques possibles, c’est-à-dire des réponses complexes pour une crise multiple. Or une idée juste mais complexe passe beaucoup plus difficilement dans les urnes qu’une réponse fausse mais simple. C’est d’abord pour cela que le Front national est arrivé au deuxième tour des présidentielles en 2002.

La France connaît d’ailleurs, dans la perspective des présidentielles 2012, un alignement de la droite sarkozienne sur les thèses de l’extrême droite. Avec Claude Guéant, Brice Hortefeux ou Marine Le Pen, il existe une homogénéité voulue dans la recherche de boucs émissaires. Avec l’écologie « qui commence à bien faire », l’abandon de la taxe carbone et les rêves envolés du Grenelle de l’environnement, nous voyons que la droite n’est pas capable de traiter l’urgence écologique. De son côté le Parti socialiste continue à sous-traiter la question environnementale ; lors du dernier congrès à Reims en 2008, le PS a complètement ignoré la possibilité de devenir un parti résolument écologique comme le proposait la motion B de son pôle écologique. Face à un socialisme engoncé dans une social-démocratie obsolète et bien proche des fondamentaux de droite, seule une candidature écologiste porte une autre voix, celle de la réconciliation entre les activités humaines et les possibilités de notre planète.

Il y a urgence. Depuis le rapport du club de Rome en 1972 sur les limites de la croissance en passant par les analyses du GIEC, l’écologie scientifique nous a permis de mesurer les dégâts du progrès. Or l’UMP et le PS restent deux idéologies jumelles, associées à la révolution industrielle et vouées à la croissance économique, valorisant le facteur capital et/ou le facteur travail, oubliant complètement le facteur terre. Ces pratiques du « toujours plus » nous ont entraînés dans des impasses tant financières qu’environnementales. C’est l’écologie politique qui montre la nécessité d’une troisième voie, au-delà de la droite et de la gauche, rassemblant tous les citoyens conscients des limites de notre planète. S’il n’y avait pas de traduction politique de l’urgence écologique, ce serait démobilisateur et démoralisant. Face aux crises systémiques, Europe Ecologie-Les Verts propose un changement en profondeur de notre système économique et social qui passe par une rupture dans nos modes de production et de consommation.

Depuis la formation en Nouvelle Zélande du premier parti écologiste, le « Values Party » en 1972 et la candidature de René Dumont pour les présidentielles françaises de 1974, l’écologie politique va bientôt avoir quarante ans. L’âge de la maturité ? Pas encore. Ses porte-parole peinent à s’imposer dans un milieu de libertaires qui peuvent commettre des errements du genre « pacte anti-Hulot ». Mais c’est un projet d’avenir qui valorise le respect de la diversité biologique et culturelle ; l’inverse des choix de la droite. C’est un projet qui prône la décentralisation de l’économie et du pouvoir ; l’inverse des choix de la droite. Mais ce sont surtout les craquements de la planète qui valident la candidature d’un ou une écologiste aux présidentielles 2012.

(chronique déjà parue à notre initiative sur lemonde.fr)

 

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pacte anti-Hulot, manipulation de la démocratie

En ce moment même ont lieu les primaires de l’écologie dont Hulot est un des candidats.  La campagne de dénigrement à son égard va-t-elle réussir ? Ce dénigrement remonte bien loin, le 1er juin 2007. Ce jour-là, le journal La Décroissance lançait médiatiquement une pétition – Pacte contre Hulot – « pour sauver la planète, mais surtout ses habitants ».

Motif réel : « En faisant ratifier un programme minimal par la quasi-totalité des candidats, Hulot a commis un second faux pas : il a déminé toute polémique, anéanti tout débat et fait de l’environnement une sorte de grosse chose molle et consensuelle dans laquelle tous les prétendants élyséens font mine de se retrouver. Terre d’asile pour hypocrites, le pacte écologique sert de faux nez aux zélateurs du libéralisme le plus débridé, et donc le plus pollueur. » Donc raisons politiciennes !

En novembre 2007, déjà plus de 5 000 signatures pour le « Pacte contre Hulot ». Le 1er juillet 2010, La Décroissance revendique 10 000 signatures du « Pacte contre Hulot ». Passons sur le fait que les rédacteurs de La Décroissance » s’appuient sur des « écologistes » comme Eric Zemmour, Claude Allègre ou l’anti-ours Jean Lassale. Listons simplement les mots même de Nicolas Hulot tel que repris par leur site Internet consacré à cette campagne de dénigrement. A chacun de juger ce que dit Nicolas Hulot :

24.05.2009 : « Il faut tout oser. Aller au-delà des frontières de l’utopie. »

25.05.2009 : « Je n’arrive pas à donner plus. J’aimerais bien être plus efficace, ou être moins seul. J’aimerais bien être relayé par les leaders politiques. De temps en temps, je trouve que c’est très lourd. Parfois, je me dis que garder l’espoir devient un acte de bravoure. Les tentations de désespoir sont légion. Il y a une telle inertie et une telle pyramide de complexité ! Quand on voit toutes les crises se rejoindre, la tentation de repli sur soi… On se dit : comment y arriver ? »

26.05.2009 : « Je ne donnerai pas de noms mais il y a des entreprises avec lesquelles je refuse de travailler. Je pense qu’il y a des entreprises qui évoluent dans leurs pratiques et qu’il y en a qui sont dans un cynisme absolu. »

07.09.2009 : « Ça fait des années que j’assume: pour agir, il faut des moyens. Plutôt que d’aller les chercher seulement auprès des particuliers, je souhaite aussi me tourner vers les entreprises, pour nouer un dialogue. À la condition expresse que mon indépendance de parole ne soit jamais prise en défaut. On est dans une forme de guerre. Je me refuse à me tenir à l’écart dans une attitude de puriste. Ne diabolisons pas les entreprises. »

16.09.2009 : « Je suis contre la construction de nouvelles autoroute »

17.09.2009 : « Une certitude : il serait grand temps que nous passions du siècle des vanités au siècle de l’humanité ».

27.09.2009 « Si j’étais vraiment désespéré, je resterais avec les miens, à profiter d’eux avant que tout ne bascule. Mais je ne le suis pas. » ; « Il y a une autre énergie qui est renouvelable, qui est inépuisable, c’est l’énergie de l’amour (…) On est condamnés à s’aimer ou on va mourir comme des imbéciles. » ; « Je ne suis pas contre le libéralisme par principe mais par réalité ».

01.10.2009 : « Notre liberté éditoriale [à la Fondation Nicolas Hulot] ne dépend que de nous. Ce serait faire injure que de penser le contraire. »

05.10.2009 : « EDF, Orange et la SNCF font partie des partenaires de mon film le syndrome du Titanic. Ont-ils eu une influence ?
Aucune. C’est une règle d’or chez moi. Je n’ai pas une vision machiavélique ou binaire du monde de l’entreprise, qui est par ailleurs le monde du travail. Je ne suis pas non plus un naïf.»

06.10.2009 : « Ils [les multinationales sponsors de Nicolas Hulot] ne peuvent pas utiliser mon image. Le mécénat c’est encadré par la loi. (…) Il peuvent pas utiliser la bobine de Nicolas Hulot pour faire de la pub, pour vendre, bon ben voilà. Je crois que c’est assez clair. » ; « Je n’ai pas une vision diabolique du monde économique. Je les mets pas tous évidemment  au même niveau. C’est aussi le monde du travail. (…) Je vais pas aller prioritairement  demander des sous aux citoyens qui sont déjà exsangues ou à l’Etat dont le budget à pas besoin de ça, le déficit budgétaire. Ça me paraît normal qu’on aille chercher de l’argent là ! Que ce soit à ces groupes-là de nous permettre d’agir. »

06.04.2010 : « Nous sommes sept milliards sur Terre, bientôt neuf, et nous n’avons d’autre choix que de changer de logiciel économique, en produisant et en consommant à la fois mieux et moins. »

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René Dumont est mort, l’écologie politique va désigner un successeur

René Dumont, né en 1904, est mort le 18 juin 2001, il y a juste dix ans. Il a été pour nous l’homme au pull-over rouge qui, lors de sa campagne présidentielle de 1974, avait bu un verre d’eau à la télévision, avertissant que « nous allons bientôt manquer de l’eau ». Election piège à cons, nous ne voulions pas voter. Mais René Dumont représentait enfin à nos yeux un candidat aux présidentielles crédible par son projet radical de changer la vie : l’écologie ou la mort ! Son projet était celui d’un agronome devenu anti-productiviste. Il s’exprimait ainsi dans la Gueule ouverte (mensuel, mai 1974) :

« J’enseigne à l’Institut national d’agronomie. L’agronomie, d’après ma définition, c’est l’artificialisation du milieu naturel. Ce milieu naturel, en l’artificialisant, on peut l’améliorer ou le démolir. Très tôt dans ma carrière, j’ai vu les dégâts de l’érosion en Algérie, j’ai aussi vu les dégâts de la désertification du nord du Sénégal en 1951. J’étais donc en contact avec des problèmes écologiques. J’avais pédalé avec les Amis de la Terre, j’avais assisté à la manifestation annuelle Combat pour la survie de l’homme. Tous ces amis sont venus me chercher pour me présenter aux présidentielles au nom du Mouvement Ecologique. Jusqu’à présent, tout ce que pouvaient faire les écologistes, c’était d’aller frapper à la porte des candidats en leur disant, dites donc, soyez gentils, tenez compte de la gravité de la situation. Les candidats nous répondaient : « Oh ! Combien vous avez raison », et dès que nous avions tourné le dos, ils oubliaient tout ce que nous leur avions dit. Maintenant, devant le mouvement qui s’est très vite développé autour de ma candidature, je pense que notre utopie peut aboutir à des réalisations si nous parvenons à percer le mur d’incompréhension, le mur d’ignorance. D’où l’importance des mass média. Je suis en ce moment le porte-parole parce qu’il en fallait un, mais je ne suis pas le leader. Pour le mouvement écologique, je fais un petit testament dans lequel je lui conseille de se structurer pour continuer un groupe ayant une possibilité de pression politique. Je ne dis pas la forme à trouver, mais cette action politique est destinée à faire un projet révolutionnaire de changement total de la société, condamnant l’économie de profit, l’économie capitaliste. Il n’y a pas de défense écologique qui ne passe par une solution politique. »

Aujourd’hui en juin 2011 se déroulent les primaires de l’écologie ; René Dumont aura un successeur. Comme l’urgence écologique est encore plus grande qu’en 1974, le vote des citoyens pour l’écologie politique aux présidentielles de 2012 nous paraît nécessaire, indispensable, urgent… irréfutable !

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agir pour une planète dénucléarisée

Europe Ecologie-les Verts approuve et fait sien l’appel suivant pour une Europe sans armes ni centrales nucléaires (Congrès fédéral à La Rochelle les 3, 4 et 5 juin 2011). Voici quelques extraits significatifs :

« L’Europe est composée de peuples qui se sont tantôt rassemblés et tantôt combattus. Elle a connu de nombreuses guerres, colonisé en partie le reste du monde, provoqué deux guerres mondiales, subi et exporté des dictatures, atteint le paroxysme de la violence en inventant les camps de concentration et les totalitarismes génocidaires.

L’Europe doit tirer les leçons de son propre passé dans ce qu’il a de tragique. Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes est une valeur ; ainsi, les peuples doivent être directement consultés sur les questions d’importance qui engagent leur avenir. A ce titre, l’énergie nucléaire sous son double aspect civil et militaire aurait dû et devra faire l’objet de décisions collectives et de consultations démocratiques. Nous, citoyens d’Europe et du monde, faisons nôtres et appelons les citoyens de tous les pays d’Europe à partager les exigences suivantes :

· 1. De l’Atlantique à l’Oural, plus aucun armement nucléaire ne doit stationner ni être installé en Europe.

· 2. Plus aucune arme nucléaire ne doit menacer l’Europe ni menacer le reste du monde.

· 3. L’Europe doit initier et soutenir jusqu’à son plein achèvement le processus d’abolition des armes nucléaires dans le monde, conformément à l’article VI du traité de Non Prolifération.

· 4. La Conférence du Désarmement basée à Genève doit aboutir à ce résultat par quelque moyen que ce soit.

· 5. L’AIEA basée à Vienne doit cesser de prôner l’énergie nucléaire pour se consacrer exclusivement au contrôle des installations nucléaires civiles et militaires, empêcher le détournement des matières fissiles et la fabrication de nouvelles armes, aider au

démantèlement des armes et des centrales nucléaires existantes.

· 6. L’Organisation du Traité d’Interdiction Complète des Essais nucléaires (TICE) basée à Vienne doit devenir opérationnelle.

· 7. Toute la lumière doit être faite sur les causes et les conséquences réelles de catastrophes nucléaires comme celles de Tcheliabinsk et de Tchernobyl.

· 8. L’accord de 1959 entre l’AIEA et l’OMS, qui impose à l’OMS la désinformation et le mensonge en matière nucléaire, doit être abrogé.

· 9. Le traité EURATOM doit être abrogé et aucune nouvelle centrale nucléaire ne doit être construite.

· 10. L’Europe doit devenir une zone intégralement dénucléarisée, afin de contribuer à la dénucléarisation totale de la planète sans attendre une action similaire des autres Etats ou continents.

Nous appelons les citoyens, les ONG, les Etats et les peuples d’Europe à s’unir et agir pour réaliser ces objectifs dans les meilleurs délais. »

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premier débat Hulot/Joly, léger avantage à Nicolas

Premier round pour les candidats à la primaire d’Europe Ecologie-Les Verts lundi 6 juin*. Avec plus de 25 000 votants contre seulement 8 000 adhérents il y a deux ans, difficile de savoir qui peut l’emporter. D’autant plus que sur le positionnement politique, ils sont tous d’accord. Pour Henri Stoll, « L’écologie est à gauche », Nicolas Hulot a martelé « qu’il n’y avait pas de compatibilité politique avec la droite », Eva Joly estime que « Ceux qui soutiennent la droite peuvent difficilement avoir leur place à EELV ». Sauf que Nicolas fait entendre sa petite musique :  « Est-ce que l’écologie n’amène pas un petit supplément d’âme que simplement être de gauche ? ». Il devrait le clamer bien plus fort, l’écologie ou art de bien gérer notre maison commune (la planète) doit rassembler au-delà des sensibilités partisanes. L’écologie politique est une façon de penser le monde radicalement nouvelle qui ne peut s’enfermer dans les catégories habituelles.

Corinne Lepage, qui a parcouru presque tout l’éventail politique, en sait quelque chose : « Les partis traditionnels ont certes un volet écologique dans leur programme politique, cela va de soi. Mais la question est traitée en aval. Lorsqu’ils ont décidé le modèle socio-économique qu’ils veulent mettre en place, alors ils se posent la question de l’impact environnemental que cela va avoir. La particularité de l’écologie politique est dans l’inversion de l’ordre des facteurs : qu’est-ce qui est le système ? Moi, je suis pour faire de l’économie un sous-système de l’écosystème global. L’alternative, c’est de ne plus considérer les capacités physiques de la planète comme étant une variable d’ajustement, mais comme étant le point à partir duquel on construit un projet politique. »**

Daniel Cohn-Bendit précise :  « Dans le ni droite, ni gauche, il y avait quelque chose de juste. C’est vrai qu’on est critique du productivisme de gauche, et du productivisme de droite, donc on est ni à gauche, ni à droite, on est autre part… C’est vrai aussi qu’à certains moments historiques, il faut créer des majorités, et que dans certaines majorités, tu ne peux pas réaliser ce que tu veux faire. »

Cécile Duflot peut conclure : « C’est vrai que c’est compliqué de faire des alliances avec le Parti socialiste. Oui, on est une troisième voie ; oui, on est capable de passer des accords ; non, ce n’est pas automatique. Nous Europe Ecologie et les Verts, notre position, c’est de revendiquer, à la fois, l’autonomie de notre projet politique différent, et la possibilité de passer des accords.  On ne peut légitimer des valeurs politiques qui sont basées sur la compétition, la concurrence, le refus de prendre en compte le long terme… »

En clair, le refus du positionnement procède d’un refus des termes habituels du champ politique pour restituer le radicalisme que les écologistes veulent poser comme une nécessité.

* lemonde.fr avec AFP et Reuters | 07.06.11 |

** Des écologistes en politique d’Erwan Lecoeur (lignes de repères, 2011)

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