pacifisme

Contre les exportations française d’armement

Cocorico, la France est sur le podium, troisième place du marché mondial des ventes d’armement : 7,9 % des exportations de missiles, avions de chasse et navires de guerre sur la période allant de 2015 à 2019 : un record depuis 1990 selon l’Institut international de recherche pour la paix. L’article du MONDE* est dithyrambique : « La France n’en finit pas de grignoter année après année une part croissante du marché mondial de l’armement… Les ventes d’armement tricolore ont grimpé de 72 % par rapport à la période comprise entre 2010 et 2014. Ce bond spectaculaire reflète les succès commerciaux en Egypte, en Inde, au Brésil, en Malaisie, aux Emirats arabes unis. Ces contrats exports sont importants pour la balance commerciale de la France et indispensables pour sa sécurité. Sans les ventes à l’Egypte ou au Qatar, la France n’aurait pas les moyens de mettre à la disposition de ses forces armées les équipements les plus performants et innovants. Sauf à les acheter aux Etats-Unis, ce qui limiterait sa souveraineté… » LE MONDE reste le quotidien du business as usual. Nos articles antérieurs font la critique de ce que vante tant le MONDE, le bellicisme.

23 février 2017, exportation d’armements, inconscience humaine

Sur ce blog biosphere, nous sommes très clair. Toute vente d’armes à des pays tiers est une erreur stratégique, toute intervention militaire à l’extérieur des frontières est une erreur tactique, toute résolution des conflits par la force armée ne résout d’aucune manière les problèmes de fond : surpopulation, absence d’autonomie alimentaire, inégalités sociales croissantes, extrême dépendance aux ressources fossiles, multiplication des conflits armés sur une planète exsangue… Une des revendications de l’écologie politique devrait être l’arrêt des exportations d’armement, de façon unilatérale pour la France puisqu’il ne faut pas s’attendre à ce que les autres commencent. Mais nous n’avons pas connaissance d’un seul des programmes des présidentiables 2017 qui aborde de près ou de loin le domaine militaro-commercial.

31 janvier 2014, Exportation d’armes, signe de notre bêtise suprême

extraits : Il faut vraiment être tordu pour se réjouir des exportations françaises d’armement. C’est pourtant ce que fait un article du MONDE* : « 6,3 milliards d’euros d’exportation d’armements en 2013…

5 juillet 2012, la France arrête d’exporter des armes, un projet écolo

extraits : Il existe aujourd’hui des dispositions mondiales régissant le commerce des os de dinosaures, mais pas celui des chars !…

6 juin 2008, armes contre pétrole

extraits : La France pense à son approvisionnement en pétrole, ses principaux acheteurs d’explosifs en tous genres sont les Emirats arabes unis et l’Arabie saoudite (LeMonde du 6.06.2008)…

nihaho sur lemonde.fr : si on vend des armes, il ne faut pas s’émouvoir que nos clients se foutent sur la tronche et que tel partie du monde est instable. Et j’ai du mal avec les commentaires qui au nom de l’économie et de la prospérité du pays gnagnagna n’ont que faire des gosses qui se prennent les bombes dessus.

Urge : Plus de 100 000 bébés meurent chaque année des suites d’un conflit armé, conclut un rapport de l’ONG Save the Children (le Monde) … Hors-sujet !

Citoyen P : Expliquez-nous pourquoi nos Rafales ne sont achetés que par des régimes autoritaires ? Je vais vous le dire, les dirigeants de ses pays sont corruptibles et il faut arroser les dirigeants ou leurs entourages pour décrocher des contrats

enowie : Nous sommes dans un pays dont l’économie est valorisante : 1er dans le luxe, 3ème en armement. Pourquoi nous imposaient une austérité budgétaire.

Schweik @ enowie : On pourrait faire bien mieux : avec nos magnifiques terres agricoles je vois une superproduction de pavots et de cannabis. On pourrait subvenir aux  »besoins » de drogue de toute la planète; les cartels sud américains de coca seraient ridicules.

yeux ouverts : À quoi bon ? On en restera au niveau de l’ironie. Aucun gouvernement, je dis bien aucun gouvernement, ne renoncerait à la manne financière et aux emplois de cette industrie, ni à l’accès aux technologies de pointe qu’elle autorise pour notre défense…

MICHEL SOURROUILLE : « Si tu veux la paix prépare la guerre ! » C’est le mot d’ordre de cet article du MONDE. Détestable. Il n’y a qu’un seul mot d’ordre à médiatiser, « si tu veux la paix, prépare la paix » : arrêt des exportations d’armes, désarmement nucléaire unilatéral de la France, remplacement du service militaire par un service civil d’objecteurs de conscience opposés en toute circonstances à l’usage collectif des armes…. Ce n’est pas parce que ce projet est à l’heure actuelle utopique qu’il est irréaliste, l’utopie est faite pour qu’elle devienne une réalité…

* LE MONDE du 10 mars 2020, La France s’affirme comme le troisième exportateur mondial d’armement

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Pour un désarmement nucléaire

Le jeudi 26 septembre 2019 marquera la célébration par l’ONU de la « Journée Internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires ». A cette occasion, la Fondation de l’Ecologie Politique publie une note sur l’interdiction des armes nucléaires rédigée par deux porte-paroles d’ICAN France, la branche française de la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires : « L’élimination des armes nucléaires fait partie des fondamentaux de la pensée écologiste. Les individus et mouvements qui s’en réclament ont participé à cette dynamique qui a permis d’arrêter les essais nucléaires, d’apporter reconnaissance aux victimes et aujourd’hui d’interdire ces armes de destruction massive…Tous ensemble, nous devons faire entendre une voix différente, la nôtre, celle des populations pour, dans un premier temps, réactiver les fondements du projet onusien du « plus jamais ça ! » ; comme ceux du projet européen : construire la paix entre des ennemis « héréditaires » par le biais de la coopération et de l’échange… Cela est possible par un changement de paradigme : faire de la confiance la base du nouveau rapport avec le monde ; où le dialogue (même conflictuel parfois) vient remplacer la guerre et sa préparation, vient remplacer la stratégie de la dissuasion qui n’est autre qu’une imposture et un exercice de la menace de terreur… L’utopie, l’irréalisme qui nous sont systématiquement reprochés — lorsque est évoqué le désarmement nucléaire — n’est pas du côté des abolitionnistes… L’illusion c’est de croire que la bombe atomique ne sera jamais à nouveau utilisée et qu’elle restera une arme de non-emploi grâce à l’efficacité de la politique de dissuasion nucléaire. »

AGENDA

– jeudi 26 septembre à Bruxelles : «  Le commerce des armes : un business comme un autre ? »
https://www.grip.org/fr/bd-commerce-armes

– vendredi 27 septembre à 19H, film débat « La bombe et nous » à la Maison des associations gervaisiennes (3, place Anatole France – 93310 Le Pré Saint-Gervais), organisé par le comité local du MRAP (Pantin- Le Pré Saint-Gervais), La Paille et le Mil, WILPF, ICAN, ville du Pré Saint-Gervais; film documentaire de Xavier-Marie Bonnot (2017) – 70 minutes – débat animé par Bruno Cramer.

– mardi 1er octobre à 18H30, réunion du Collectif contre le SNU (Service National Universel), Union Syndicale Solidaires Paris 31 Rue de la Grange aux Belles, 75010 Paris;

– samedi 5 et dimanche 6 octobre: « NoWar2019 Pathways to Peace » à Limerick, Ireland / World Beyond War:
https://worldbeyondwar.org/nowar2019/

– vendredi 11 octobre à l’ONU (NYC), initiative jeunesse pour le désarmement:

– 30/11-1er, 3 et 4 décembre Sommet de l’OTAN à Londres (un contre-Sommet et manifestation seront organisés à cette occasion par le réseau international « Non a la guerre, non à l’Otan)

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LE MONDE et la guerre en Libye, bonjour l’aveuglement !

L’initiative de Nicolas Sarkozy en 2011 pour mettre fin au régime de Mouammar Kadhafi s’est révélée un vrai désastre. Emmanuel Macron confirme le 1er février 2018 : « Je n’oublie pas que plusieurs ont décidé qu’il fallait en finir avec le dirigeant libyen sans qu’il y ait pour autant de projet pour la suite … L’idée qu’on règle la situation d’un pays de façon unilatérale et militaire est une fausse idée … Quoi qu’on pense d’un dirigeant, imaginer qu’on pouvait se substituer à la souveraineté d’un peuple pour décider de son futur n’est pas responsable … Nous avons collectivement plongé la Libye, depuis ces années, dans l’anomie, sans pouvoir régler la situation… »* En mars 2011, ce n’était pas l’avis des éditorialistes du MONDE** qui appelaient à l’intervention armée en Libye. LE MONDE constatait par la suite que « la France et ses alliés n’ont pas anticipé la phase de l’après-guerre ». Il n’était pourtant pas difficile de mesurer les effets d’une intervention extérieure, il suffisait de savoir ce qui s‘était passé en Irak ou en Afghanistan. Un autre éditorial du MONDE*** s’attaquait à l’Allemagne car ce pays s’était abstenu à propos d‘une résolution de l’ONU. Le non-engagement allemand dans l’imbroglio libyen illustrerait selon l’éditorial son « manque de maturité » ! Ce sont les Allemands qui avaient raison.

Sarkozy voulait compenser le désastre vécu par son parti aux élections cantonales, il a instrumentalisé Bernard-Henri Lévy, membre du conseil de surveillance du MONDE, il a déclaré la guerre en Libye. Comment un président vivant au XXIe siècle peut-il avoir oublié la leçon de l’histoire : aucune guerre n’a été victorieuse. Comment un média comme LE MONDE peut ignorer où sont nos priorités : nous avons à construire la paix avec une biosphère malmenée, nous n’avons plus de temps à perdre dans des conflits armés inter-humains. Il y a une espèce de collusion entre les politiques occidentaux et les médias pour utiliser l’appareil militaro-industriel et nous cacher la force de la non-violence. Seule la non-violence fait avancer une cause car toute violence à court terme contredit la réduction à long terme de la violence. Il n’existe pas de guerre juste, l’exemple de la Seconde Guerre mondiale est le test suprême. Les nazis étaient des assassins pathologiques. Nous devions les arrêter et seule la force pouvait y arriver. Mais la Grande-Bretagne et les Etats-Unis ne s’opposaient au fascisme que parce qu’il menaçait leur propre domination sur certaines ressources naturelles et sur certaines populations. Et les ingrédients du fascisme (le militarisme, le racisme, l’impérialisme, la dictature et le nationalisme exacerbé) survécurent sans problème à la guerre. Nous conseillons aux éditorialistes du  Monde de lire  Désobéissance civile et démocratie d’Howard Zinn.

Il devient essentiel dans un monde surarmé de réaliser le désarmement généralisé. La Libye n’avait pas besoin que la France lui fournisse des armes, ni d’ailleurs aucun autre pays. Il était paradoxal que des Rafales français attaquent des Mirages français acquis  par Kadhafi. Les avions de combat ne devraient pas s’exporter, ni même se fabriquer. La guerre n’est plus la continuation de la politique par d’autres moyens, elle est devenue le résidu d’un passé qui a décimé bien des populations civiles et enrichi bien des marchands d’armes. Libérons-nous des politiques militaristes, devenons objecteurs de conscience, consacrons-nous à l’essentiel, la perte de biodiversité, la descente énergétique et le réchauffement climatique. Quant aux conflits locaux, que les peuples se libèrent de leurs chaînes par leurs propres moyens : un tyran n’a que le pouvoir qu’on lui concède. Lisez « La servitude volontaire » d’Étienne de la Boétie.

* LE MONDE du 3 février 2018, Macron critique l’intervention militaire en Libye en 2011

** LE MONDE va-t-en guerre en Libye

*** LE MONDE du 20-21 mars, Berlin face à ses responsabilités internationales (Editorial)

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NI dissuasion nucléaire, NI service national universel

Premiers vœux aux armées le 19 janvier, Macron a montré qu’il avait acquis une connaissance profonde de son sujet selon LE MONDE. Si connaissance, cela veut dire ne rien changer de la vulgate classique sur les différentes manières de s’entre-tuer, on ne voit pas d’intelligence à ce discours. Mieux vaudrait pour un écolo d’être non seulement objecteur de croissance, mais aussi objecteur de conscience et réfractaire à toute éducation au nationalisme. Quelques commentaires des internautes sur l’arme nucléaire et le service universel :

Dissuasion nucléaire. Discours de Macron : « La dissuasion nucléaire est depuis plus de cinquante ans la clé de voûte de notre stratégie de défense. Les débats sur ce sujet sont aujourd’hui tranchés. La dissuasion fait partie de notre histoire, de notre stratégie de défense et elle le restera. Ce modèle de dissuasion  nous permet de conserver notre autonomie stratégique et notre liberté d’action. La complémentarité de deux composantes, la force océanique et la composante aérienne, ne fait pas de doute. Des travaux de renouvellement seront menés au cours du quinquennat. »

Un Officier : Erreur stratégique fatale. Nous n’avons pas les moyens de cette double dissuasion nucléaire. Nos soldats n’ont pas les pièces pour leurs blindés ou avions, ni munitions pour s’entraîner. Dans un pays d’à peine 70m d’habitants, dont l’industrie s’évapore chaque année et qui compte 10 % de chômeurs, les milliards de la dissuasion nucléaire sont une ruine. Il faut assumer notre communauté de destin et notre héritage civilisationnel commun avec l’Italie, l’Espagne, l’Allemagne, le RU, et MUTUALISER.

DAVID C : Les débats tranchés sur la stratégie de défense nucléaire ? Quels débats ? Rappelons que les associations pour le désarmement nucléaire ont obtenu le prix Nobel de la paix en 2017 suite au traité de l’ONU relatif à l’interdiction des armes nucléaires signé par 122 pays (évidemment pas par la France…). Notons par ailleurs que la « dissuasion nucléaire » est notablement inefficace contre les deux menaces du début de siècle : les piratages informatiques et le terrorisme.

ALAIN FIDENCI : Encore un président pro-nuclaire, notre histoire ne se résume pas a ces quelques décennies. L’arme nucléaire est une horreur, monsieur le Président. En gardant cette arme vous n’avez aucun droit de dire à la Koree du Nord de ne pas l’avoir.

The Gonzo Man :La dissuasion fait partie de notre histoire, de notre stratégie de défense et elle le restera » oui comme pour la Corée du Nord

PASSANT : A bas la dissuasion nucléaire ! En la supprimant nos armées pourront s’offrir des armes conventionnelles et repartir à l’assaut comme en 1914-1918 puis en 1939 -1945 !!

Isabelle Aufauvre : On en est encore à la dissuasion nucléaire alors que nous n’avons que des dettes, des zones de non droit, une insécurité intérieure grandissante, des mafias , trafics de drogue etc. L’art de mettre de l’argent où il n’y a aucun besoin histoire de faussement se rassurer.

Ne pas confondre : On espère que cette fois-ci, il a été bien briefé. çà ferait mauvais effet s’il confondait la chasse d’eau et le bouton nucléaire.

MICHEL SOURROUILLE : « une façade indestructible des armées … avec la dissuasion nucléaire » ! N’importe quoi, on sait qu’une guerre nucléaire est un match perdant/perdant où les civils donneront par leur morts innombrables un hommage posthume à la connerie humaine. Soyons objecteur de conscience, refusons l’usage collectif des armes, surtout les bombinettes radio-actives à la seule disposition du président de la république. Y’a que lui qui appuie sur le bouton sans demander notre avis.

Service national universel. Discours de Macron : « Je veux rassurer chacun, il sera mené à son terme, il entrera à bon port, il sera conduit par l’ensemble des ministères concernés, et pas simplement par le ministère des armées, il aura un financement ad hoc, qui ne viendra en rien impacter la loi de programmation militaire 2019-2025, qui doit être prochainement présentée.

Phil69 : Service national universel: là Macron se plante complètement. On n’a ni les moyens, ni une bonne raison d’emmerder toute la jeunesse avec ça. D’autant que tout sociologue le sait car c’est un théorème de base: la proximité spatiale ne réduit pas la distance sociale. Mettre une population hétérogène de force dans un même lieu, c’est le meilleur moyen pour que cette proximité devienne promiscuité, qui exacerbe les différences et crée des tensions. C’est vrai en classe, ça serait vrai en caserne.

CHRISTIAN SCHOLTES : Quel retour en arrière, quelle régression ce retour du service militaire, même limité dans le temps. Au moins cette fois-ci il ne se reniera pas, il l’avait annoncé. Le coût financier en sera exorbitant, le coût politique encore plus ; il permettra à Mélenchon de mettre les jeunes dans la rue , joli mois de mai 2018 ou 2019…

Pat Cartier : Service universel maintenu ? Attendons de voir ce qu’il y a dans le projet avant de réagir. Neuf mois dans sa ville, sans devoir dormir hors de chez soi, sans trop de mixité sociale, avec des missions individualisées, clairement définies, liées à la défense ou à la sécurité civile : ça pourrait le faire. Quatre mois à l’autre bout de la France, tout le monde dans la même chambrée, beaucoup de mixité sociale, activités en commun, à la portée de tous, liées au social : ce sera l’enfer républicain.

MICHEL SOURROUILLE : Selon une fiche du mouvement « En marche » daté de mars 2017, le service militaire obligatoire et universel devrait durer un mois, sera encadré par les armées et la Gendarmerie Nationale , mais son caractère obligatoire ne ferait pas obstacle à la prise en compte de l’objection de conscience pour ceux qui refusent le maniement des armes. Ah, si tous les jeunes Français, garçons et filles, devenaient objecteurs de conscience, il n’y aurait plus de guerre…

sources : Le Monde.fr avec AFP du 19 janvier 2018, Budget, service national universel, nucléaire… Ce qu’a dit Emmanuel Macron aux armées

LE MONDE du 21 janvier 2018, Macron s’engage à « consolider les armées »

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François Hollande fait joujou avec la bombe nucléaire

François Hollande a réaffirmé le 19 février la doctrine française en matière de dissuasion nucléaire de la façon la plus orthodoxe qui soit. Or nombre d’experts jugent l’arme nucléaire obsolète et coûteuse : les engagements stratégiques de la France en ce début de XXIe siècle n’ont plus rien à voir avec la guerre froide. Pourtant l’éditorial du MONDE* semble conclure en faveur du nucléaire militaire : « La pédagogie sur le sens tragique de l’Histoire (La réapparition d’une menace étatique majeure pour notre pays ne peut être exclue) est d’autant plus nécessaire que l’Europe choisit, bizarrement, dans le chaos de l’époque, la voie du désarmement unilatéral. » Voyons ce que nous pourrions répondre aux justificatifs du Président de la République**.

François Hollande : « Dans le domaine du nucléaire militaire, de nouvelles puissances sont apparues ces vingt dernières années. La Corée du Nord a réalisé un troisième essai nucléaire il y a deux ans. C’est aussi inacceptable qu’inquiétant. D’autres cherchent à émerger… »
Biosphere : D’autres pays font ou veulent faire comme la France ! Pas étonnant du tout, l’imitation est le propre de l’homme, pour le meilleur et pour le pire. Il ne faudrait donc pas montrer le mauvais exemple. Car s’il est « inacceptable et inquiétant » pour François Hollande qu’un pays possède la bombe atomique, pourquoi la France ne serait-elle pas aussi dans l’ordre de l’inacceptable et de l’inquiétant ? En fait Fraise des Bois ne réfléchit pas, il fait comme ses prédécesseurs à la présidence, nucléocrates par habitude depuis de Gaulle.
François Hollande : « Des arsenaux tactiques se renforcent, qui laissent craindre un abaissement du seuil d’emploi de l’arme nucléaire… Le contexte international n’autorise aucune faiblesse. Et c’est pourquoi, le temps de la dissuasion nucléaire n’est pas dépassé… En raison des effets dévastateurs de l’arme nucléaire, elle n’a pas sa place dans le cadre d’une stratégie offensive, elle n’est conçue que dans une stratégie défensive… L’emploi de l’arme nucléaire n’est concevable que dans des circonstances extrêmes de légitime défense. »
Biosphere : La contradiction est manifeste entre l’utilisation de l’arme nucléaire « dans des conditions extrêmes » et l’« abaissement du seuil d’emploi ». Or le feu nucléaire peut être utilisé par un président de la République immédiatement et sans délibération préalable. Le pouvoir donné à un seul homme d’utiliser une arme de destruction massive est un déni de la démocratie. La bombe est l’aboutissement ultime de l’évolution technique qui dépossède les humains de leur autonomie. De plus, force de frappe dite « dissuasive », cette bombe est uniquement un moyen d’agression, pire, elle est destinées aux populations civiles ; ce qui devrait poser un problème de conscience aux militaires eux-mêmes. Enfin la bombe atomique est l’arme ignoble par définition puisque sans parade. Si la légitimité de la lutte, c’est la défense, alors l’arme absolue qui s’impose sans protection possible est absolument mauvaise. Exterminer l’ennemi de façon massive, de loin et sans même l’avoir vu, adultes et enfants indistinctement, c’est le contraire de toute guerre juste, de tout honneur et de toute gloire. La possession de l’arme nucléaire par la France devrait entraîner une réprobation unanime des Français.
François Hollande : « La France sait qu’il ne suffit pas de proclamer le désarmement nucléaire immédiat et total, il faut que la réalité des actes de chacun soit cohérente avec les discours. »
Biosphere : L’assurance-vie d’une nation ne peut reposer sur des armes de destruction massive, seulement sur la volonté de tout un peuple à rejeter toute dictature sur les corps et les esprits, qu’elle vienne de l’intérieur ou de l’extérieur. Ce n’est pas en éliminant à l’aveugle un adversaire qu’on donne le bon exemple de la sagesse, mais en oeuvrant à la paix mondiale, en partageant ses propres richesses, en montrant qu’on soutient la solidarité entre les peuples, qu’il soit en Europe, au Tibet ou ailleurs. La dissuasion nucléaire est un résidu sinistre de la guerre froide dans un monde globalement sécurisé. Nous savons que les véritables menaces ne sont plus d’ordre géopolitique, mais écologique : elles portent pour nom pic pétrolier, réchauffement climatique, épuisement des ressources naturelles
François Hollande : « L’intégrité de notre territoire, la sauvegarde de notre population constituent le cœur de nos intérêts vitaux. Quels que soient les moyens employés par l’adversaire étatique nous devons préserver la capacité de notre nation à vivre… Je réaffirme solennellement que la France n’utilisera pas d’armes nucléaires contre les Etats non dotés de l’arme nucléaire. »
Biosphere : Il parait qu’il nous faut défendre des intérêts vitaux, non définis par ailleurs, contre une menace strictement potentielle avec un très très gros bâton, « limité » à 300 têtes nucléaires. Le paradoxe, c’est que l’usage de l’arme nucléaire contre, normalement, une autre puissance nucléaire entraînerait la destruction et l’irradiation d’une bonne partie du territoire français en guise de représailles. Cette stratégie est incompréhensible pour le commun des mortels, ce n’est pas ainsi qu’on « sauvegarde notre population ».
François Hollande : « La dissuasion s’exerce en permanence… Pour assurer cette permanence, il fallait que nous les adaptions continûment, en capacité comme en volume, à l’évolution des menaces qui pouvaient viser notre Nation… La loi de programmation militaire nous permet de lancer les études de conception du SNLE de troisième génération… Les technologies les plus exigeantes seront mises en œuvre pour, en particulier, être encore plus efficaces dans les domaines de la vitesse des matériaux et de la furtivité »
Biosphere : il faut un renversement complet des représentations dominantes sur la fuite en avant technologique. Le désarmement dans tous les sens du terme et dans tous les domaines, de l’arme nucléaire à l’informatisation généralisée des relations humaines en passant par le génie génétique, est nécessaire. Nous devons ralentir et freiner l’innovation technologique galopante, source de bouleversements permanents de notre vie quotidienne, introduire de la détente dans nos activités professionnelles et de loisirs, simplifier notre environnement, en un mot, il s’agit de dégonfler l’hybris (la démesure) de l’homme moderne. Pourquoi des portables de nème génération, pourquoi des SNLE (sous-marin nucléaire lanceur d’engins) de troisième génération ? Pour rien de bien.
François Hollande : « La dissuasion nucléaire est complémentaire de nos moyens conventionnels et elle exerce un effet d’entraînement sur l’ensemble de notre appareil de défense… Ainsi, certains moyens qui concourent à la dissuasion sont directement utilisés pour nos opérations conventionnelles ou classiques… Je pense aux chasseurs de mines… La dissuasion stimule nos efforts de recherche et de développement et contribue à l’excellence et à la compétitivité de notre industrie. »
Biosphere : Cette position est caractéristique d’une mentalité qui repose sur les idées d’efficacité économique et de concurrence. Il n’y a rien de bien moral là-dedans. Il est vrai qu’il n’y a plus d’opposition officielle à la bombe ; en 1983, le mouvement pour une alternative non violente (MAN) lançait une campagne d’auto-réduction de l’impôt de 3 % – l’équivalent de la part du budget de la défense nationale consacrée à l’arme atomique – pour protester contre la construction d’un septième sous-marin nucléaire lanceur d’engins. Depuis, plus rien ou presque. Nous souhaitons que l’écologie politique devienne ce qu’elle devrait être, pacifiste, pour la coopération et l’empathie mondialisée, et non pour la concurrence économique et militaire entre les peuples.
François Hollande : « Je partage l’objectif, à terme, de l’élimination totale des armes nucléaires, mais j’ajoute : quand le contexte stratégique le permettra… Si les niveaux des autres arsenaux, notamment russes et américains, devaient un jour descendre à quelques centaines, la France en tirerait des conséquences… Mais nous en sommes loin encore aujourd’hui. »
Biosphere : La candidate EELV Eva Joly confirmait le 30 juin 2011 à la radio son statut de présidentiable orthodoxe : « Pas de sortie unilatérale de la dissuasion nucléaire. » Ainsi Eva restait bien en retrait des pensées des historiques des Verts. Dans le programme du premier candidat écologiste René Dumont pour les Présidentielles de 1974, il était écrit : « Nous refusons de continuer à faire des bombes atomiques et à gaspiller la majorité des chercheurs en recherche militaire. » Aujourd’hui des écologistes restent sur cette position pacifiste. Marie-Christine Blandin : « L’arme nucléaire transcende toutes les autres en ce qu’elle a de puissant et de définitif. Alors oui, il est du devoir de chacun de s’engager pour un désarmement nucléaire unilatéral. L’alibi de l’attente d’une grande décision unilatérale n’a que trop duré. Les signataires du Traité de non-prolifération ne sont pas audibles quand ils prêchent pour les autres l’évitement d’une menace qu’ils gardent par-devers eux. Ils ne sont pas crédibles quand ils mandatent l’AIEA pour veiller à ce qu’aucune entreprise illicite n’émerge sur la planète, alors qu’ils ne se font pas inspecter. Ni naïve, ni suicidaire, je fais le pari de la raison et de l’humain en soutenant le désarmement unilatéral. » Dominique Voynet : « Le nucléaire militaire est par nature antagonique avec la démocratie. Que dire de sa pertinence dans un contexte géopolitique radicalement différent, où les principales menaces ne se trouvent plus dans l’au-delà d’un rideau de fer. L’arme nucléaire n’est d’aucune utilité face à un chef d’Etat voyou, face à un chef de guerre rebelle, face à un groupe terroriste mobile ! L’arme nucléaire ne protège d’aucun des nouveaux risques, son anachronisme est flagrant. Je considère que la France aurait tout intérêt à montre le chemin en prenant des initiatives fortes vers un désarmement unilatéral à l’instar de la Suède ou de l’Afrique du Sud. »
Nous avons pour conclure une pensée pour Louis Lecoin, celui qui a permis le statut des objecteurs de conscience en France. Il entamait en 1964 sa dernière campagne pour le « désarmement unilatéral de la France » : « La France doit déclarer la Paix au monde. » C’est avec lui qu’on peut dire qu’un désarmement unilatéral donnerait à la France la meilleure place et la plus enviable dans la mémoire des hommes, de tous les hommes devenus citoyens égaux dans un monde sans frontières et à unique patrie. Ce désarmement unilatéral devrait même être généralisée dans les pays développés : moins d’énergie, d’eau, de déplacements, de viande, de véhicules, de climatiseurs, de piscines sur le pas de la porte, de gadgets en tous genres… Réduire, renoncer, sacrifier. Personne ne serait exempté. S’orienter vers un mode d’existence où il y aurait moins de biens, plus du tout de bombes mais beaucoup plus de liens…
* LE MONDE du 21 février 2015, éditorial : François Hollande et l’orthodoxie nucléaire
** LE MONDE du 21 février 2015, François Hollande : « Le temps de la dissuasion nucléaire n’est pas dépassé »

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JDC, « journée défense et citoyenneté », mode d’emploi

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C’est toute une classe d’âge qui, chaque année, à 17 ans, doit accomplir sa « journée défense et citoyenneté » (JDC). Sans l’attestation qui y est délivrée, impossible de se présenter au moindre examen national. L’ambiance parmi les jeunes n’est pas à l’euphorie. Aux « Ça me saoule » murmurés dans la cour de la caserne, lors du discours d’accueil, succède l’apathie. A les entendre au sortir de la salle, le rappel de grands classiques de l’instruction civique (niveau collège) est un inutile « rabâchage ». Mais nulle rébellion de principe dans les propos*. L’objection de conscience, le refus de l’usage collectif des armes, est la grande oublié de la grande muette.

                Une nouvelle formule de la JDC, plus centrée sur les armées, sera même généralisée d’ici à la fin juin**. La nouvelle formule comporte trois parties. Le premier module est baptisé : « Nous vivons dans un monde instable, une défense nécessaire ». Le deuxième module, « Notre appareil de défense » décline cinq grandes « fonctions stratégiques » : le renseignement, la dissuasion, la protection du territoire, la prévention des risques et l’intervention dans les crises. Dans ce cadre, les opérations militaires extérieures en cours (Mali et Centrafrique) seront présentées et justifiées. La troisième partie, « Vous avez un rôle à jouer, un engagement citoyen », est là pour susciter des vocations militaires. L’objection de conscience n’est plus qu’un lointain souvenir bien que le statut d’objecteurs existe toujours puisqu’il n’a pas été supprimé.

Depuis 1997 le service national n’a été que « suspendu », de même que le statut des objecteurs de conscience qui garde toujours sa validité. La JDC est en fait une journée d’incorporation ; un état de guerre entraînerait un possible appel sous les drapeaux. A ce moment, que faire de ceux qui refusent l’usage collectif des armes ? C’est pourquoi nous recommandons aux jeunes qui le désirent de présenter une lettre spécifique au moment de ta JDC dont voici l’essentiel : « Je désire manifester dès maintenant mon refus d’un service militaire armé pour motif de conscience et vous remettre ma demande de bénéficier du droit à l’objection de conscience exprimés dans les articles L.116.1 à L.116.9. Mes convictions basées sur la recherche de la bonne entente collective me conduisent à d’autres formes d’engagement pour la nation et les peuples qu’un service militaire armé qui redeviendrait obligatoire. »

* Le Monde.fr | 04.10.2014, Comment les adolescents vivent-ils le service militaire en un jour ?

** Le Monde.fr | 31.03.2014, La journée d’appel de la défense va être rénovée

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Le pape François pour une guerre « juste », hérésie !

Le 9 août, l’observateur du Saint-Siège aux Nations unies avait déclaré que l’action militaire en Irak était « peut-être nécessaire » pour contrer l’avancée des troupes de l’Etat islamique (EI) et mettre fin à l’exode auquel les djihadistes contraignent les chrétiens de la région. Les autorités religieuses jugent aujourd’hui que rien ne peut être pire pour les minorités que la progression de l’EI. Le 13 août, le pape François a demandé à la communauté internationale de « tout faire » pour que cessent ces violences. En France, le porte-parole de la conférence des évêques estime que l’utilisation de la force était « en l’occurrence tout à fait fondée, à condition que les frappes soient utilisées dans des proportions qui doivent rester éthiques ». L’idée de « guerre juste » semble s’être imposée au sein des autorités religieuses*.

L’Eglise catholique a depuis plusieurs siècles développé une doctrine sur les guerres justes et les guerres injustes : massacrer pour la « bonne cause » a été l’une des maladies de toutes les époques. C’est oublier que la non-violence et le refus de toute guerre est un fondement de la chrétienté. Le Nouveau Testament présente Jésus comme un adversaire de toute violence : « Si quelqu’un te donne un soufflet sur la joue droite, tends la gauche » (Mt 5/28) ; « Vous avez appris tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi, je vous dis, aimez vos ennemis » (Mt 5/38-48) ; « Rengaine le glaive car tous ceux qui prennent le glaive périront par le glaive » (Mt 26/51-52) ; « Un garde gifla Jésus  : « Si j’ai mal parlé montre où est le mal ; mais si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? » (Jn 18/22). Les chrétiens, aux trois premiers siècles de l’Eglise, ont en conséquence de leur foi refusé le service des armes. Par la suite, l’Eglise catholique s’est inféodée aux pouvoirs temporels et on se bat souvent au nom de dieux différents issus de la même bible, ou même à l’intérieur d’une même obédience.

Il n’y a pas de guerre juste, que ce soit en Irak ou n’importe où ailleurs. C’est l’idée qu’aurait du défendre le pape François : les guerres sont intrinsèquement mauvaises pour être jamais justes. L’exemple de la Seconde Guerre mondiale est le test suprême. Les nazis étaient des assassins pathologiques. Nous devions les arrêter et seule la force pouvait y arriver. Mais la Grande-Bretagne et les Etats-Unis ne s’opposaient au fascisme que parce qu’il menaçait leur propre domination sur certaines ressources naturelles et sur certaines populations. Et les ingrédients du fascisme (le militarisme, le racisme, l’impérialisme, la dictature et le nationalisme exacerbé) survécurent sans problème à la guerre**. L’Irak actuel et les diverses interventions des puissances dominantes est un autre exemple. L’idée qu’il y a des guerres justes est en fait inoffensive : elle ne menace en rien les pouvoirs en place. Un écologiste approuverait le fait qu’on ne mette pas le feu à la biosphère ou qu’on n’attise pas les flammes…

* LE MONDE du 16, 17, 18 août 2014, Le pape François cherche sa voie diplomatique

**  Désobéissance civile et démocratie d’Howard Zinn

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guerres et environnement, la grande transition

En 1991 Nicolas Skrotzky avait écrit « Guerres, crimes écologiques ». En 2005, Claude-Marie Vadrot avait enfoncé le clou : « Guerres et environnement, panorama des paysages et des écosystèmes bouleversés ». Il est vrai qu’aucune guerre, interne, internationale, tribale ou « propre » ne laisse intact l’environnement. Quand les combattants sont réconciliés, la nature reste marquée, transformée. Jusqu’à présent, l’armée était considérée comme l’ennemie de l’environnement, mais les temps changent… lentement. La guerre que nous avons menée contre la Terre depuis quasiment l’origine de l’homme a aujourd’hui atteint son maximum de puissance destructrice. Nous ne pouvons pas aller beaucoup plus loin, au risque d’un hiver nucléaire. Les militaires des grandes puissances ont d’ailleurs de plus en plus de mal à se trouver des adversaires bien définis. Les conflits se localisent dans un monde contemporain où le dialogue international s’impose à tous, même s’il ne fait pas taire complètement les armes. C’est la montée des périls environnementaux qui offre de nouvelles perspectives aux militaires. Il y a dorénavant une conscience croissante que sécurité nationale et conservation écologique sont étroitement liés.

Les militaires commencent à se sentir partie prenante d’une humanité qui s’affronte de plus en plus durement à la crise écologique. Un rapport « secret » du Pentagone sur le changement climatique, a été réalisé en octobre 2003 : « Notre intention est de rendre parlants les effets que le réchauffement climatique pourrait avoir sur la société si nous n’y sommes pas préparés. » Il est symptomatique que le prix Nobel de la paix ait été décerné le 12 octobre 2007 au groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Le comité cherchait ainsi à « attirer l’attention sur les processus et les  décisions qui paraissent nécessaires pour protéger le futur climat du monde, et ainsi réduire la menace qui pèse sur la sécurité de l’humanité ». Au Royaume-Uni, un officier de haut rang, le vice-amiral Neil Morisetti, est un  » envoyé pour la sécurité climatique et énergétique « . Depuis novembre 2009, il parcourt le monde pour expliquer que  » le changement climatique crée de nouvelles menaces et amplifie les risques existants « . Les députés André Schneider (UMP) et Philippe Tourtelier (PS) ne s’en cachent pas : l’un des buts du rapport d’information qu’ils ont remis à l’Assemblée nationale, le 28 février 2012, sur  » l’impact du changement climatique sur la sécurité et la défense « , est de souligner la déficience de l’institution militaire française à prendre en compte cet  » enjeu fondamental «  alors que les guerres du climat font l’objet d’un livre (Harald Welzer, Gallimard – 2009) .

L’insécurité écologique est principalement rattachée à la problématique énergétique, des rapports militaires récents de la Bundeswehr ou du Pentagone se préoccupent des troubles qui suivront le pic pétrolier. Il ne faudrait pas en oublier la sixième extinction des espèces dont l’activisme humain est la cause. Le livre de Sarah Brunel, Les missions militaires au service de la biodiversité, marque les prémisses d’un changement en cours. Les millions d’hectares de terrains d’entraînement militaire représentent un refuge pour des habitats et des espèces animales et végétales que les militaires s’engagent aujourd’hui à protéger. Certains pays vont bien au-delà, l’Inde dispose d’unités spéciales dédiées à la protection de l’environnement. Les États-Unis ont mis en place un think tank pour conseiller l’armée sur sa stratégie environnementale.

Les deux décennies qui viennent vont sans doute marquer un tournant historique qui mettra fin à deux siècles d’une volonté de croissance préjudiciable aux autres espèces et même au climat de la Terre. La transition dite « écologique », qui constituera probablement un changement radical de civilisation, sera nécessairement l’occasion d’une intervention de l’armée. Car la brutalité de la récession qui s’annonce, provoquée à moyen terme par la raréfaction des ressources fossiles plus que par le réchauffement climatique, va entraîner un tel désordre social que seule l’armée sera en mesure de maintenir la paix. Nous allons décréter un état de guerre, mais d’une guerre à mener contre nous-mêmes, contre notre volonté de toute puissance, contre notre désir de dépasser les limites, y compris les limites biophysiques. Jean-Marc Jancovici et Alain Grandjean l’exprimaient ainsi dans C’est maintenant ! Trois ans pour sauver le monde : « Osons le dire : celui ou celle qui arriverait, aujourd’hui, avec les idées claires sur la contrainte des ressources naturelles, et qui aurait un programme bien bâti pour y répondre, celui-là ou celle-là pourrait être audible… » Osons le dire : il nous faut une armée aux buts inversés : de destructeur du milieu naturel au rôle de protecteur.

Que ce soit dans l’ex-Yougoslavie, en Côte d’Ivoire ou ailleurs, l’armée française est déjà devenue une force d’interposition, un gage de paix, pour ainsi dire une gendarmerie internationale. Sarah Brunel envisage un devoir d’ingérence environnemental à l’image du droit d’ingérence humanitaire. Pourquoi les armées n’interviendraient-elles pas dans des pays étrangers pour en protéger les richesses biologiques, pour stopper la destruction d’une forêt primaire par exemple ? La question reste en suspens car l’écologie n’est pas encore la préoccupation première des forces armées. L’armée pourrait cependant devenir, par la force des choses, la première ONG de grand secours, la « spécialiste du chaos ». De ce point de vue, l’intervention de l’OTAN lors du séisme pakistanais d’octobre 2005 a marqué un tournant : c’est la première fois que la force de réaction rapide était mobilisée pour une action humanitaire, alors qu’elle avait été conçue pour un conflit avec l’Union soviétique. Face aux catastrophes environnementales, l’armée pourrait devenir un outil essentiel.

Personnellement je suis et reste objecteur de conscience. Si chacun de nous était objecteur, refusant l’usage collectif des armes, il n’y aurait plus d’armée institutionnalisée, il n’y aurait plus de guerres généralisées. Mais je reste pragmatique et les contraintes écologiques peuvent avoir demain un impact beaucoup plus fort que les crises financières. En cas d’effondrement de notre civilisation, les militaires apparaîtront comme la force la mieux organisée de protection des populations. C’est avec ce sentiment profond que j’ai recueilli le choix de mon fils de devenir officier dans la Marine nationale. Pendant plus de dix ans, il a servi au déminage en mer et sur terre, contrôlé avec les Anglais des bateaux de pêche pour éviter le pillage des ressources halieutiques, supervisé la navigation maritime au large de Cherbourg pour pallier tout accident. Il n’a rien fait de la fonction traditionnelle des armées, faites pour tuer. Il a toujours agi en temps de paix comme force de protection : l’armée du futur ?

L’armée peut jouer un rôle complètement différent de ce qu’elle a été historiquement. Au lieu de soutenir la volonté de puissance de nos dirigeants au prix d’une détérioration accrue de l’environnement, elle pourrait jouer un rôle de protection de la nature et des hommes. Qui voudrait faire la guerre s’il vivait en équilibre avec son écosystème ?

Source : http://jne-asso.org/blogjne/?p=13652

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L’armée française s’intéresse enfin à la catastrophe

Même si mon cœur va aux objecteurs de conscience, j’ai toujours pensé que l’armée dans les temps modernes allait voir son statut changer radicalement. Que ce soit dans l’ex-Yougoslavie, en Côte d’Ivoire ou ailleurs, l’armée française est déjà devenue une force d’interposition, un gage de paix, pour ainsi dire une gendarmerie internationale. Au niveau interne, l’armée va bientôt devenir la « spécialiste du chaos »*. En effet, alors que les militaires ont de plus en plus de mal à se trouver des adversaires définissables dans un monde contemporain où la souveraineté nationale est internationalement reconnue et protégée, la montée des périls écologiques offre de nouvelles perspectives. C’est entre autres le climat qui devient « le nouvel ennemi de l’armée française »*.

Je n’entre pas dans le cœur de cet article d’Hervé Kempf qui pose bien les problèmes, à commencer par le fait que l’armée est plutôt climato-sceptique. Je vais m’attarder sur le fait que l’armée française, donc notre appareil politique, est encore en retard de plusieurs guerres : la guerre du climat, la guerre du pétrole, la guerre de l’eau, etc. Contre les guerres que nous menons contre la Terre, notre force de dissuasion apparaît pour ce qu’elle est, ridicule. Un rapport confidentiel du Pentagone sur le changement climatique date déjà d’octobre 2003. Comme l’administration américaine avait étouffé ce document, son existence ne fut divulguée que par des indiscrétions en février 2004. Le rapport concluait : « Nous ne prétendons pas prédire la manière dont le changement climatique va se produire. Notre intention est de rendre parlants les effets que celui-ci pourrait avoir sur la société si nous n’y sommes pas préparés. Les sociétés les plus combatives sont celles qui survivent ». Il était aussi symptomatique que le prix Nobel de la paix ait été décerné le 12 octobre 2007 au groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Le comité cherchait ainsi à « attirer l’attention sur les processus et les  décisions qui paraissent nécessaires pour protéger le futur climat du monde, et ainsi réduire la menace qui pèse sur la sécurité de l’humanité ». Il était significatif qu’Harald Welzer ait pu écrire en 2009 tout un livre sur les guerres du climat.

Comme l’insécurité écologique est principalement rattachée à la problématique énergétique et pétrolière, des rapports militaires de la Bundeswehr ou du Pentagone se préoccupent vraiment de l’insécurité qui suivra le pic pétrolier (voir le blog De Matthieu Auzanneau). Fin mars 2010, le Pentagone publiait un rapport envisageant “une crise énergétique sévère” d’ici à 2015. Si elle advient, cette crise fera des dégâts colossaux, souligne l’état-major interarmées US. Le rapport du Pentagone table sur un déficit de production face à la demande qui atteindrait en 2015 l’équivalent de la production de l’Arabie Saoudite ! Il est clair que les armées seront les seules à pouvoir gérer le chaos qui s’annonce. Puisse cela se faire dans la concertation internationale…

* LE MONDE du 15 mars 2012, Le climat, nouvel ennemi de l’armée française

(Les militaires commencent à intégrer les multiples conséquences du réchauffement dans leurs réflexions)

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L’écologie ou la guerre, entretien avec Paccalet

Yves Paccalet est l’auteur d’un livre que nous trouvons délicieux, « L’Humanité disparaîtra, bon débarras ! ». Il est bon de pouvoir encore siffloter quand on approche de la guillotine. Un petit livre d’entretiens vient de paraître : « Partageons ! (l’utopie ou la guerre). Nous sommes plus circonspect. Voici notre commentaire de quelques extraits :

– « L’humanité n’avance qu’à coups de pied dans le derrière. Or la nature nous en donnera de rudes au XXIe siècle ! » (…) « Nous n’acceptons d’évoluer qu’à force de catastrophes ».

Nous ne pouvons qu’approuver globalement… mais si la catastrophe nous sert de pédagogie, c’est uniquement parce que la pédagogie de la catastrophe n’a pas pu convaincre. Dans une famille efficace, pas besoin de gifles et de coups pour expliquer à l’enfant ce qu’il faut comprendre et ce qu’il faut éviter, les paroles suffisent.

– « J’ai soutenu et je soutiens encore que l’écologie aurait dû ou devrait aller polluer tous les partis… Mais elle n’a nul besoin de candidat à l’élection présidentielle… Mieux vaut pour Europe-Ecologie, obtenir du parti socialiste un groupe d’élus Verts au parlement. »

Il apparaît que tous les partis sans exception se veulent dorénavant écologistes. Ils font comme les entreprises, du greenwashing et le pôle écologique au sein du PS n’a pu obtenir au congrès de 2008 que 1,58 % des voix. Dans ce contexte, l’écologie en tant que telle se doit d’avoir un représentant aux présidentielles. Il est vain d’attendre de la bonté d’un parti socialiste qui ne connaît que les rapports de force et le verdict des urnes un groupe parlementaire pour l’écologie politique. Si le PS avait voulu vraiment un pacte de gouvernement, il aurait négocié sérieusement avec les Verts bien avant le premier tour de la présidentielle. Pour déterminer le nombre respectif de députés, il aurait ouvert les primaires socialistes à toute la gauche. Comme l’écrit Yves Paccalet lui-même, « On nous (les écologistes) invite, on nous passe de la pommade, on fait même semblant de nous écouter. Puis on nous fait comprendre qu’il y a des sujets plus urgents… ». C’est la raison essentielle qui avait poussé René Dumont à se présenter en 1974 aux présidentielles et rien n’a fondamentalement changé depuis.

– « Je reste pessimiste parce que je constate chaque jour, chaque seconde, à quel point nous sommes égoïstes, orgueilleux, mus par l’avidité et par l’obsession de la consommation matérielle. »

Nous sommes à la fois orgueilleux et altruiste, orgueilleux et humble, mus par l’idéal autant que par la matière. La proportion d’ange ou de démon en chacun de nous dépend d’abord de l’éducation que nous avons suivis, et du poids que nous accordons en conséquence aux contraintes sociales. Changeons la manière d’élever les enfants, l’individu sera bon et la société meilleure.

– « Guerres totales, génocides, attentats terroristes : nous massacrons gaiement nos semblables. Pourquoi aurions-nous le souci des générations futures ? »

Je suis objecteur de conscience, convaincu que l’attitude non-violente est la meilleure des armes. Je sais rationnellement que si tous les citoyens étaient opposés à l’usage collectif des armes, il n’y aurait plus d’armées, il n’y aurait plus de guerres. Ce n’est pas parce que notre système prône le contraire qu’il n’est pas nécessaire d’aller à l’encontre. L’éducation familiale, religieuse, scolaire… appelle à la soumission. Mais la désobéissance (civile) est toujours possible. De même nous sommes éduqués pour vivre et penser le présent. Une autre éducation est possible, nous pouvons intérioriser et représenter ce qu’on appelle la voix des tiers-absents, celle des non-humains, celle des générations futures, celle des autres peuples.

–  » Le problème des faucheurs volontaires, c’est qu’ils cessent de respecter la démocratie… Quelle sera la réaction de José Bové le jour où, au nom de la conscience, un individu transgressera le règlement qu’il a voté en tant que député européen ? »

Je connais suffisamment José pour savoir qu’il ne votera jamais un règlement allant à l’encontre des intérêts de l’humanité. S’il faisait un faux pas, il comprendrait sans doute qu’on agisse en conscience contre ses propres textes, lui qui a écrit : « Quand les gouvernements encouragent les intérêts privés ou les laissent s’imposer au dépens de tous et de la terre, il ne reste plus aux citoyens que d’affronter cet Etat de non-droit (Pour la désobéissance civique – édition La découverte) ». D’ailleurs  Yves Paccalet est assez contradictoire, lui qui a envie de se changer en opposant farouche, voire violent, dans le style des écoguerriers ». Yves Paccalet serait-il contre la « démocratie » quand cela devient nécessaire ?

–  » Comment calmer nos pulsions de reproduction ? (…) Nous devons maîtriser notre obsession congénitale du territoire et de la domination… L’homme est animé par de puissantes pulsions animales : le sexe, le territoire et la domination. Il ne s’en débarrassera jamais ; ces élans sont inscrits dans ses gènes »

Il n’y a pas d’instinct en l’homme, aucune programmation génétique autre que pour notre développement physique, uniquement du culturel pour notre comportement. Les curés se veulent stériles à vie et les nullipares existent ; tout dépend de notre éducation à la sexualité et au malthusianisme. Il n’y a pas d’obsessions, il n’y a que des idéologies. Rien n’empêche de choisir la pensée et l’action la plus durable… Rien n’empêche en soi que la conclusion d’ Yves Paccalet puisse advenir : «  L’avenir gît dans le développement de notre âme collective, de notre composante altruiste, de cette partie de nous mêmes qui œuvre vers l’association, le partage, la compassion, la générosité. »

– «  Nous avons besoin d’une loi mondiale… Créons un ministère de l’économie et des finances mondial… Seul un gouvernement du monde pourrait interdire le saccage des forêts tropicales, des récifs coraux, des terres agricoles… »

Conception étonnante de la part de quelqu’un qui vilipende les résultats du Grenelle de l’environnement ou de la conférence de Copenhague sur le climat : « Il n’en subsiste que de vagues déclarations de principe. » Un gouvernement national n’arrive pas à mettre en musique les bonnes intentions, à plus forte le niveau mondial. Cela fait des années que tout le monde réclame une Organisation mondiale de l’environnement pour contrebalancer le pouvoir de l’Organisation mondiale du commerce. Nous n’avons plus le temps d’attendre. C’est pourquoi la démarche à soutenir en urgence est celle des communautés de résilience, dite de transition : il faudra savoir localement résister aux jumeaux de l’hydrocarbure, la descente énergétique et le réchauffement climatique. Il faudra savoir négocier avec les possibilités biophysiques de son territoire d’appartenance : la commune, la région, la nation, la biosphère.

–  » J’ai vu des beautés du monde que mes enfants et mes petits-enfants ne verront jamais ; elles ont été anéanties par les pollutions de toutes sortes, le béton, le goudron, la tronçonneuse, les filets de pêche géants ; et ce pour le profit de quelques-uns, et toujours au détriment du plus grand nombre… »

Dommage que le système capitaliste libéral ne soit pas jugé comme responsable de la dégradation de la biosphère, dommage que la culpabilité de chacun de nous quand il achète un écran plat ou roule en voiture ne devienne pas une évidence. Pourquoi cette difficulté d’Yves Paccalet à s’en prendre à la fois à l’oligarchie dominante et à la responsabilité des peuples ?

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allégeance aux armes, guerres du climat

L’UMP souhaite instaurer un « serment d’allégeance aux armes ». Tous les jeunes Français arrivés à l’âge de la majorité seraient tenus de prêter serment aux armes, c’est-à-dire de s’engager, si les circonstances l’exigeaient, à  » servir le pays sous les armes françaises « . Cette prestation de serment se ferait à l’occasion de la journée d’appel à la défense ou au moment de l’acquisition de la nationalité française… M. Copé insiste : « Je fais mienne la devise de John Fitzgerald Kennedy : ‘Ne te demande pas ce que ton pays peut faire pour toi, demande-toi ce que tu peux faire pour ton pays’. Nous sommes dans une logique de droits et de devoirs. » (Source : LEMONDE.FR | 20.09.11  | »Serment d’allégeance aux armes »)

A défaut d’économiser nos ressources et nous sauver en même temps que la planète, l’UMP préfère préparer les mentalités pour aller conquérir les territoires et piller les ressources. Comme l’exprime Harald Welzer dans son livre Les guerres du climat, « les conflits d’espace vital et de ressources auront, dans les décennies à venir, des effets radicaux sur la forme que prendront les sociétés occidentales… Les menaces extérieures sont une cause de cohérence interne. Percevoir l’acte de tuer comme un acte de défense est, pour tous les coupables de génocides, un élément important de la légitimation qu’ils se confèrent et des pleins pouvoirs qu’ils s’attribuent. »

Cette dérive du militarisme UMP est d’autant plus grotesque que le service de défense nationale en France n’est pas supprimé, mais seulement suspendu. Tous les jeunes qui passent à la JAPD ont en fait effectué une journée d’incorporation, en attendant la suite !  Mais il ne faut pas oublier non plus que le statut des objecteurs de conscience, opposé à l’usage des armes, n’est lui aussi que suspendu. L’UMP compte-t-elle aussi déchoir de la nationalité les objecteurs de conscience ? Ça promet !

Enfin Copé fait une mauvaise interprétation des paroles JF. Kennedy. Faire quelque chose pour son pays ne veut pas dire nécessairement prendre les armes. Une autre expression de JF. Kennedy est beaucoup plus claire : « La guerre existera jusqu’au jour lointain où l’objecteur de conscience jouira du même prestige que le guerrier. »

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Fukushima et la bombe atomique

Incohérence humaine ! L’importante mobilisation militante pour contester les centrales nucléaires sous le prétexte de Fukushima ne s’en prend jamais à la bombe atomique. Pourtant on ne peut distinguer nucléaire civil et nucléaire militaire, une centrale nucléaire n’étant qu’un sous-produit de la recherche militaire depuis le projet Manhattan qui a permis de rayer d’un seul coup deux villes japonaises. Technologie et matière sont les mêmes et les déchets des centrales peuvent alimenter les bombes. Le Commissariat à l’énergie atomique gère d’ailleurs en France indistinctement le civil et le militaire. Ces deux branches jumelles sont des institutions centralisées, opaques, régies par des technocrates, relevant du secret d’Etat. Avec la dissuasion nucléaire, il s’agit de défendre des intérêts vitaux (non définis) contre une menace (strictement potentielle) avec un peu à moins de 300 têtes nucléaires. Elles sont destinées à des populations civiles ; ce qui devrait poser un problème de conscience aux militaires eux-mêmes. Exterminer l’ennemi de façon massive, de loin et sans même l’avoir vu, adultes et enfants indistinctement, c’est le contraire de toute guerre juste, de tout honneur et de toute gloire. Puisque la légitimité de la lutte, c’est la défense, alors l’arme absolue qui s’impose sans protection possible est absolument mauvaise.

Les armes sont devenues trop dangereuses pour être employées, donc fabriquées. La dissuasion nucléaire est un résidu sinistre de la guerre froide dans un monde globalement sécurisé. L’assurance-vie d’une nation ne peut plus reposer sur des armes de destruction massive, seulement sur la volonté de tout un peuple à  rejeter toute dictature humaine ou technologique sur les corps et les esprits. La bombe est l’aboutissement ultime de l’évolution technique qui dépossède les humains de leur autonomie. Dorénavant nous savons que les véritables menaces ne sont plus d’ordre géopolitique, mais écologique : elles portent pour nom pic pétrolier, réchauffement climatique, épuisement des ressources naturelles.

S’éclairer à la bombe atomique, ce n’est pas très raisonnable. Mais continuer à produire des armes nucléaires, c’est carrément de la folie furieuse. Sortir du nucléaire, c’est à la fois démanteler les centrales nucléaires et l’arsenal militaire. Mais la gauche écolo se polarise aujourd’hui sur le nucléaire civil et a oublié depuis longtemps que nous devrions tous être des objecteurs de conscience…

NB : pour avoir une analyse exhaustive sur la défense civile non violente, sur le site biosphere

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objection de conscience et religion

Il en est de la conscience des choses comme pour tout le reste : les humains peuvent penser une chose ou son contraire, en toute bonne conscience. Ainsi l’objecteur de conscience est défini très officiellement comme « celui qui refuse d’accomplir son service militaire ». Cette démarche est bonne, si tout le monde était objecteur de conscience, il n’y aurait plus d’armées, il n’y aurait plus de guerre. Mais LeMonde du 22 juillet utilise cette expression d’objecteur de conscience pour qualifier tous ceux qui en Espagne n’appliquent pas la loi sur l’interruption volontaire de grossesse. L’archevêque de Burgos appelle ses ouailles à la désobéissance civile. Des régions autonomes ont décidé de ne pas appliquer la loi. L’objection de conscience est l’argument généralement mis en avant dans toute l’Espagne pour justifier le faible nombre d’IVG dans les hôpitaux publics. Etc.
Autant la lutte contre la militarisation de la société se comprend, autant une telle attitude des autorités religieuses et publiques ne se conçoit pas. Faire des enfants non désirés constitue un drame familial. Ne pas réguler les naissances c’est faire de la guerre un infanticide différé. Le « droit à la vie », le « Tu ne tueras point » ne sont que slogans religieux qui n’ont pas empêché les Eglises d’appeler aux guerres de religion. Le refus du service armé, ainsi que du serment à l’empereur avait constitué la position officielle de l’Eglise jusqu’en 314, date du Synode d’Arles. Depuis le ralliement à l’empereur Constantin, les Eglises sont unanimes à reconnaître, en cas de conflit entre un citoyen et l’Etat, une présomption de droit en faveur de ce dernier. Le temps a passé, des centaines d’années de guerres et de souffrances. Seuls quelques mouvements isolés comme les Anabaptistes ont préservé une réelle objection de conscience. Si l’Eglise réformée de France affirma en 1948 la légitimité de l’objection de conscience et réclama un statut pour les objecteurs, il fallut attendre le concile Vatican II pour voir l’Eglise catholique se pencher sur ce problème. Et encore, la recommandation adoptée déclarait simplement qu’il semblait « équitable que les lois pourvoient humainement au cas des objecteurs de conscience ».
En résumé, l’Eglise catholique se pose un cas de conscience en matière d’avortement et lutte contre une loi espagnole démocratiquement promulguée, mais ne s’est jamais posé de cas de conscience en faveur de ceux qui veulent une société pacifique et désarmée. L’obscurantisme religieux est le plus terrible car il repose sur un acte de foi, non sur un raisonnement élaboré en toute conscience.

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non-violence, toujours

Je suis né à la fin du nazisme, je suis  contemporain de la fin du stalinisme, j’ai vu que des juifs pouvaient se comporter aujourd’hui envers autrui comme des salauds se sont comportés hier envers des juifs. J’ai côtoyé des socialistes qui peuvent agir aujourd’hui comme des staliniens et des camarades de travail qui ne valaient pas mieux. J’ai donc perdu toute illusion sur  la conception du paradis sur Terre et même sur l’avenir de l’homme. Mais j’ai été toujours fidèle à mon idéal de non-violence qui a marque mes premières années de militantisme aux début des années 1970. J’ai été et je reste fondamentalement objecteur de conscience car c’est la seule démarche positive : la réflexion individuelle, le débat constructif, l’opposition décidée si c’est nécessaire, la recherche d’une pacification de l’existence pour tous, non humains compris. Quand LeMonde (23.07.2008) me permet de lire Joan Baez qui poursuit un tel chemin, cela me renforce dans mes convictions. Quelques extraits significatifs de son interview :

            «  C’est dans les cercles de quakers que j’ai découvert qu’il existait des alternatives à la violence. Martin Luther King nous parla de combats à mener avec les armes de l’amour et de révolution non violente. Je sentais qu’il y avait une voie dans laquelle je ferais quelque chose. Chanter puisque j’avais de don, mais chanter en exprimant quelque chose.

            Ce sont les militants de la non-violence qui ont mis fin à la guerre au Vietnam. Le président ne le souhaitait pas ! Les marches, les chants, les pétitions, touts les actions protestataires ont été payantes ! Et le sont toujours ! Encore faut-il cet élan, cette cohésion qui a manqué dans les années 1980 et 1990, marquées par un repli des gens sur eux-mêmes et un rejet absolu de l’esprit de sacrifice.

 Avec Obama est naît un sentiment nouveau pour moi qui déteste toute idée d’allégeance à un pays – la naissance est le fait d’un tel hasard ! – et je n’ai jamais pu saluer le drapeau américain, la main sur le cœur, en récitant des âneries ! Aucun drapeau d’ailleurs ! Je me suis toujours sentie citoyenne du monde, quitte à être mal comprise. Et voilà que moi aussi, naguère si sceptique sur l’utilisation du vote, je me prends à rêver. Je rêve qu’Obama apporte de l’intégrité dans les eaux troubles de Washington. Je rêve qu’il résiste à l’appel de la guerre. »

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la bombe à Sarko

La Biosphère aime les objecteurs de conscience, opposés à l’usage collectif des armes. Les bilans humains sont toujours tragiques, mais les écosystèmes sont aussi bouleversés par les affrontements armés : la mort violente des civils et des militaires est tragiquement indissociable des dégâts infligés à la nature (cf. « Guerres et environnement » de Claude-Marie Vadrot). Pourtant ce n’est pas la position de la France, ardent exportateur d’armes en tous genres et adepte de la dissuasion nucléaire, remise au goût du jour par son président Sarko(zy). Il parait qu’il nous faut défendre des intérêts vitaux non définis contre une menace strictement potentielle avec un très très gros bâton, limité quand même à moins de 300 têtes nucléaires, la France est une puissance moyenne. Il est vrai aussi qu’on ne prétend plus larguer une bombe irradiante sur Ben Laden, même si on savait exactement où il se trouve. Mais de toute façon nous ne donnons pas le bon exemple.

 

L’assurance-vie d’une nation ne peut reposer sur des armes de destruction massive, seulement sur la volonté de tout un peuple à  rejeter toute dictature sur les corps et les esprits, qu’elle vienne de l’intérieur ou de l’extérieur. Ce n’est pas en éliminant à l’aveugle un adversaire qu’on donne le bon exemple de la sagesse, mais en oeuvrant à la paix mondiale, en partageant ses propres richesses, en montrant qu’on soutient la solidarité entre les peuples, qu’il soit en Europe, au Tibet ou ailleurs. La dissuasion nucléaire est un résidu sinistre de la guerre froide dans un monde globalement sécurisé. Nous savons que les véritables menaces ne sont plus d’ordre géopolitique, mais écologique : elles portent pour nom le pic pétrolier, réchauffement climatique, l’épuisement des ressources naturelles.

 Nous avons mieux à faire qu’entretenir un arsenal d’opérette dont le dernier fleuron s’appelle « le Terrible »…

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