Donnons au futur l’importance qu’il mérite

La question du temps recouvre tout un champ de l’économie qui étudie les phénomènes à partir des comportements individuels. Du point de vue des écologistes, il ne s’agit pas simplement d’arbitrer entre consommation présente et épargne (consommation future), mais de tenir compte au présent de la planète à transmettre aux générations futures.

Laurie Bréban : Les économistes expliquent la manière d’arbitrer dans le temps entre consommation présente et épargne (consommation future). Dans les modèles microéconomiques, on accorde un forte pondération au présent relativement au futur, « la préférence pour le présent ». Dans La Théorie des sentiments moraux, ouvrage d’Adam Smith publié en 1759, on distingue deux types d’individus : les « prodigues », qui se laissent emporter par la « passion » pour les jouissances présentes, et les « frugaux », qui s’astreignent à épargner une part importante de leur revenu présent afin d’obtenir un profit dans le futur. Deux possibilités s’offrent à ces derniers : utiliser eux-mêmes leurs fonds ou les prêter. C’est afin d’orienter les fonds prêtés vers le financement dans des secteurs apparemment moins profitables, mais au rendement plus certain et plus durables, que Smith propose de réguler le marché du crédit. La fixation d’un taux d’intérêt maximum légal permettrait d’évincer les investisseurs imprudents du marché du crédit au bénéfice des « investisseurs sages ». » Mais on sait aussi que les interactions sociales influencent la manière dont les individus maîtrisent leurs passions et leur attitude à l’égard du temps.

Michel Sourrouille : Croissance, croissance, Laurie Bréban est une croissanciste. L’épargne ne sert qu’à investir pour une croissance future. Or les économistes devraient savoir qu’investir aujourd’hui, c’est accroître le capital productif pour dégrader encore plus une planète déjà fort mal au point. Les « frugaux » dont parlait Smith au Laurie Bréban XVIIe siècle pratiquent aujourd’hui la simplicité volontaire, réduisent leur revenus monétaires et donc se retrouvent avec une capacité d’épargne proche de zéro. Ils sont l’avant-garde qui montre que le gaspillage de nos consommations ostentatoires, c’est le passé, c’est fini, et qu’il nous faut pratiquer la sobriété partagée. Comme l’indique en passant Laurie, il n’y a pas de comportement gravé dans le marbre, ils évoluent avec les interactions sociales, ce qu’on appelle les interactions spéculaires : chacun fait ce qu’on attend de lui, et la planète nous dit : stoppez vos investissements à la con qui détruisent les possibilités de vos vies futures.

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :

19 mars 2021, Les générations futures font entendre leurs voix

24 juillet 2020, Notre futur, la résilience alimentaire locale

25 mai 2019, Fridays for Future, génération CLIMAT dans la rue

2 février 2012, les coûts cachés du nucléaire, l’oubli des générations futures

18 janvier 2012, Tribunal pour les générations futures : la surpopulation

3 réflexions sur “Donnons au futur l’importance qu’il mérite”

  1. Esprit critique

    – « Donnons au futur l’importance qu’il mérite » (Biosphère)
    Justement. En attendant le futur n’existe pas, le futur sera ce qu’il sera.
    En attendant il est là pour occuper Madame Soleil et autres extralucides. Ainsi que les parieurs en tous genres (spéculateurs, investisseurs, économistes, collaspologues etc.) Sans oublier les marchands de bonheur, de salades et autre.
    Commençons alors par remettre le futur à sa place. Ainsi que le passé et le présent.
    Justement, occupons-nous d’abord du présent. Et pour commencer de la catastrophe et du désastre qui ravagent nos pauvres têtes, ici et maintenant.

    1. Esprit critique

      Toutefois, étant donné que nous ne pouvons pas faire autrement que de penser à demain, que chacune de nos actions ne vise qu’un résultat à venir (proche ou lointain), nous ne pouvons évidemment pas vivre uniquement dans l’instant présent, comme une huître ou un légume.
      C’est bien pour ça que nous devons donner au futur l’importance qu’il mérite. Même chose pour le passé et le présent, ne leur accordons pas plus d’importance qu’ils en ont. Mais pas moins non plus.

      1. Pour ce faire n’allons pas ressasser des choses qui sont dernière nous, réécrire à n’en plus finir l’Histoire avec des si. Ce qui est fait est fait. Ceci ne veut pas dire qu’il faille oublier le passé, les vieilles idées etc. D’ailleurs comment le pourrions-nous ?
        En attendant, n’allons surtout pas nous pourrir la vie en ne faisant que penser à des choses qui n’arriveront peut-être jamais, et/ou qui ne se passeront probablement pas comme nous les avions imaginées. Nous verrons ça bien assez tôt. Ou pas.
        Mais n’allons pas pour autant vivre comme si nous devions mourir demain, vivre (et penser) comme des porcs, engranger comme si nous devions vivre mille ans etc. N’allons pas non plus passer notre vie à attendre le Messie ou un miracle. Enfin, n’accordons pas aux économistes plus d’importance qu’ils en ont. Et/ou qu’ils en méritent.

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