Actuellement on met en avant des mots comme « genre » pour en faire des instruments de combat entre les sexes alors qu’on devrait savoir que notre biologie nous a différencié homme ou femme sans y mettre d’inégalités. « On ne naît pas femme, on le devient », écrivait déjà Simone de Beauvoir en 1949. Elle précisait : « Aucun destin biologique, psychique, économique, ne définit la figure que revêt au sein de la société la femelle humaine ; c’est l’ensemble de la civilisation qui élabore ce produit intermédiaire entre le mâle et le castrat qu’on qualifie de féminin. Seule la médiation d’autrui peut constituer un individu comme un Autre ». Il n’y a pas d’ordre « naturel » dans les inégalités selon le sexe, forcer la nature par parité et quotas n’est pas une bonne chose. C’est ce que certains n’ont pas encore compris.
Michel Guerrin : « Féminisation de la culture ? La parité y est moins présente que dans les entreprises privées, c’est dire. Une quinzaine de musées sont enfin en train d’établir un diagnostic sur la place des femmes dans leurs activités. La fracture est béante entre les musées et ailleurs : 9 % des établissements de spectacle sont dirigés par des femmes, moins d’un opéra sur cinq est mis en scène par une femme, le chef d’orchestre est quasiment toujours un homme, les trois quarts des films sont réalisés par des hommes. La parité ne fait pas bon ménage avec deux dogmes fortement ancrés dans le milieu : la liberté du créateur et le fait que le talent n’a pas de genre. C’est ainsi que le mot quota est tabou. Nombre de figures de la culture s’inquiètent d’avoir été incitées à recruter en tenant compte du genre des candidats plutôt que de leur CV. Aux États-Unis, des responsables de musées sont sommés par leur conseil d’administration de nommer « des femmes de couleur ». On n’en est pas loin. Le fait que le doute passe pour sexiste ne facilite pas le débat. »
Ce monsieur est rédacteur en chef au « MONDE». Le genre, la parité, les quotas à tous les étages, est-ce que cela représente des références féministes ? Le féminisme politique, c’est-à-dire la volonté de mettre en œuvre l’égalité réelle entre l’homme et la femme, constitue l’exact contraire du séparatisme des sexes. L’existence du mot « genre », désignant certains ostracismes dans le monde socio-culturel et ailleurs, ne devrait pas occulter le fait que nous sommes tous fondamentalement androgynes. Dire autrement, c’est vraiment du sexisme. Ce que les « féministes » du genre ne comprennent pas, c’est que tous leurs excès provoquent ce qu’elles haïssent le plus. Chaque fois qu’une femme dit ne se sentir bien qu’avec des femmes, chaque fois qu’on instaure des quotas, chaque fois qu’on impose la parité, on méprise les véritables féministes, hommes et femmes, qui ne mettent pas d’inégalités entre les sexes biologiques. Le talent n’a pas de sexe, l’engagement militant non plus.
Durant les années 1960, un psychologue hongrois nommé Laszlo Polgar dévora les biographies de centaines de grands intellectuels et en tira le trait commun : une spécialisation précoce et intensive. Il en conclut que le génie est acquis et non inné. Il se mit au défi de le prouver en rendant géniaux ses futurs enfants. Onze années d’entraînement intensif plus tard, sa fille Susan était devenue la meilleure joueuse du monde, à 15 ans ! Elle ne se fit doubler que par Szofia, sa petite soeur. Judit, la cadette, devint Grand Maître international à 15 ans, battant le record de précocité auparavant détenu par l’américain Bobby Fischer. Par la suite, elle s’offrit le scalp des meilleurs joueurs mâles, dont celui de Garry Kasparov. Ni parité, ni quotas, les femmes sont capables de réussir par elles-mêmes quand la société n’est pas misogyne.
Il y a encore des pays qui légalisent l’inégalité entre les hommes et les femmes. Mais quand on voit de très jeunes filles comme Greta Thunberg s’exprimer de façon claire et incise devant des assemblées internationales de politiciens chevronnés, on ne peut que constater que la lutte pour le climat et pour bien d’autres choses n’est pas une question de genre.
Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :
23 novembre 2020, Féminisme radical et écologie politique
16 décembre 2016, LeLe genre et le sexe, des différences aux inégalités
17 septembre 2013, sexe/genre relève-t-il de la nature ou de la culture ?
21 avril 2013, sexe ou genre, l’art de tromper l’entendement humain
1er septembre 2011, nature et sexualités : le débat sur le genre humain
La parité c’est tout simplement l’égalité. De ce côté là on peut dire que la nature s’applique à l’appliquer. En gros elle distribue autant de mâles que de femelles. Pas de jaloux, ni de jalouses, pas besoin là d’instaurer des quotas, la nature s’en charge très bien.
Seulement les choses se compliquent à partir du moment où on invente le genre. Le genre sert à ranger (à «genrer») dans un même panier les différents éléments qui ont des caractères communs. Les torchons avec les torchons, les serviettes avec les serviettes ! Les fourchettes avec les fourchettes, les couteaux avec les couteaux etc. etc.
Seulement les choses se compliquent à partir du moment où nous avons des serviettes qui servent de torchons et vice ou vis versa. Et des couteaux qui servent de fourchettes, et en même temps de tournevis etc. etc.
– « Le genre est un outil conceptuel aux multiples définitions (sociologique, anthropologique, philosophique, psychologique, etc.)» (Wikipedia)
Autant dire que le genre est un peu comme le couteau suisse. Le genre d’outil qui sert à tout et à n’importe quoi. Le genre d’outil qui a peut-être de l’allure, de la gueule, mais qui finalement ne vaut pas grand chose. Pour ne pas dire rien. D’ailleurs je n’en ai pas et je n’en veux pas.