Biosphere : L‘écologie est un projet trans-politique. L’avenir de notre planète et des conditions de vie concerne tous les Français, tous les humains sans distinctions partisanes… le clivage gauche/droite est donc obsolète.
Marie Toussaint (eurodéputée EELV: Dans l’histoire des idées, l’écologie politique est une idée neuve, qui dépasse les cartographies anciennes, sans pour autant les abolir. Le clivage droite-gauche reste pertinent, mais l’écologie pose des questions supplémentaires. En gros, l’écologie n’est pas soluble dans la gauche, mais elle doit en devenir le nouveau centre de gravité. Vu l’urgence des enjeux, j’espère que tout le monde va bientôt converger pour comprendre que la crise climatique comme celle de la biodiversité demandent une réforme globale des manières de penser et de gouverner issues du passé.
Damien Abad (député LR): Oui vous avez complètement raison ! L’écologie n’est pas l’affaire d’un parti mais un enjeu pour nous tous. A droite, nous avons encore du travail pour mettre l’écologie au centre de nos priorités. Voilà pourquoi, avec mes collègues parlementaires, nous avons créé une « task force environnement » afin de porter ce combat au cœur des débats nationaux. Nous voulons porter une écologie positive, axée sur l’innovation, l’éco-modernisme et le pouvoir d’achat. En effet, contrairement aux chantres de la décroissance, nous pensons qu’il est indispensable d’allier écologie et progrès scientifique et technologique.
Biosphere : Pourtant l’écologie est souvent présentée comme un marqueur de gauche pour les électeurs ! Comment la droite peut-elle arriver à être crédible sur le sujet ?
Damien Abad (LR) : Voir l’écologie comme un marqueur de gauche est un prisme très franco-français. Dans les autres pays européens, notamment en Allemagne, l’écologie est transpartisane et n’est pas le fait d’un seul parti politique. L’écologie est trop importante pour la laisser entre les seules mains des Verts, qui n’ont finalement qu’une vision réductrice, décroissante et idéologique de ce que doit être réellement la protection de l’environnement. Pour redevenir crédible sur l’écologie, la droite doit renouer avec son ADN ! C’est De Gaulle qui a institué le principe de parc naturel national, c’est Pompidou qui a créé le ministère de l’environnement en 1971, c’est Giscard d’Estaing qui a fait la loi sur la protection de la nature en 1976, c’est Chirac qui crée la tCharte de l’environnement en 2004, c’est Sarkozy qui lance le Grenelle de l’environnement qui conduira aux lois Grenelle en 2009.
Marie Toussaint (EELV) : L’écologie n’est pas considérée comme de gauche par l’ensemble de la population. On peut espérer que l’écologie tomber un jour dans le domaine commun, comme c’est le cas avec l’idéologie républicaine qui fait désormais partie de l’identité politique de la France. Mais, pour l’instant, l’originalité du projet écologiste est telle qu’il est nécessaire qu’une force d’écologie politique la porte pour permettre de quitter les rivages du productivisme, matrice des pensées politiques de la droite et de la gauche classiques. A gauche, la tectonique des idées a fait son œuvre, et l’aggiornamento est en cours. La droite partidaire reste très majoritairement sourde aux enjeux écologiques.
Biosphere : L’incapacité de la droite à embrasser la cause écologiste tient ses liens historiques avec les milieux industriels et financiers, qui n’ont à court terme aucun intérêt à changer leurs pratiques pour prendre en compte la crise écologique.
Damien Abad : Absolument pas. Je crois au contraire que beaucoup d’entreprises, grandes comme petites, sont des moteurs dans la lutte contre le réchauffement climatique, et non des freins. Je suis d’ailleurs frappé par l’évolution de la stratégie et de la communication de nos entreprises, qui font désormais de la protection de l’environnement leur cheval de bataille. Les technologies de captage, stockage et valorisation du CO2 (CCUS), par exemple, méritent d’être considérées ; des grands chefs d’entreprises, comme Bill Gates ou Elon Musk, s’intéressent ou ont investi dans ces technologies !
Biosphere : Croissance économique et préservation de la planète sont pourtant incompatibles !
Damien Abad : La sobriété énergétique n’empêche pas la croissance économique. Nous voulons faire de l’écologie un levier de réindustrialisation, avec l’ambition d’une France qui serait numéro 1 mondiale de l’hydrogène, de l’intelligence artificielle, des batteries électriques… L’idéologie de la décroissance est extrêmement dangereuse et je ne crois pas que l’on puisse remplacer un mal (le réchauffement climatique) par un autre (le déclassement de la France, la pauvreté de masse pour les Français…). Concrètement, la Fondapol a calculé, dans une note récente, l’impact économique d’une politique de décroissance : un revenu brut divisé par 4, des provisions de services publics divisés par 5, et une grande majorité de Français qui tomberaient sous le seuil de pauvreté. Les Français ne veulent pas cela. L’enjeu n’est pas la décroissance mais au contraire la croissance durable. Pour cela, nous devons reconquérir notre souveraineté agricole, fondée sur une agriculture compétitive et respectueuse de notre environnement.
Marie Toussaint : Le culte de la croissance a fait des ravages partout sur la planète. Une vision à courte vue, fondée sur la dictature du profit et le triomphe des actionnaires, a par ailleurs colonisé l’économie. C’est à cela qu’il faut mettre un terme, nous devons comprendre que les lois de l’économie ne sont pas au-dessus des lois de la nature. A l’échelle européenne, je plaide pour l’instauration d’un traité environnemental qui fasse de la préservation de la planète et de ses ressources une priorité supérieure en termes de hiérarchie des normes. La condamnation des écocides doit en être l’un des piliers.
Biosphere : Delphine Batho a parlé dans sa campagne du clivage terriens-destructeurs en remplacement du traditionnel clivage gauche-droite, qu’en pensez-vous ?
Damien Abad : Ne tombons pas dans la caricature. N’oublions jamais que les agriculteurs sont les premiers écologistes de France. L’enjeu, c’est de passer d’une société du gaspillage à une société du durable, de revoir nos manières de produire avec des technologies propres. Je ne crois pas au mythe de la décroissance, qui est le doux nom de la récession.
Marie Toussaint : Reconnaître ce clivage terriens-destructeurs est essentiel. Pour autant, il n’abolit pas les autres clivages ; notre monde est complexe et nous avons besoin de le lire avec des lunettes multiples. Nous habitons une seule et même planète, mais les mondes sociaux que nous habitons sont tellement fracturés.
Biosphere : l’écologie remet en cause le système de production capitaliste, l’écologie de droite ne peut donc relever que du greenwashing.
Damien Abad : Ce n’est pas le système capitaliste en soi qui compromet l’avenir de la planète. En outre, il n’y a pas de modèles alternatifs sérieux qui permettent de subvenir aux besoins de tous ! Je crois au contraire que l’enjeu est d’agir sur la responsabilité de chacun, des entreprises comme des particuliers. Plutôt que d’interdire la mobilité individuelle, nous proposons de la rendre propre et vertueuse. Ainsi, il ne s’agit pas d’interdire la voiture ou l’avion, mais de construire les véhicules propres de demain en investissant massivement dans les technologies du futur !
Marie Toussaint : Le greenwashing sera de moins en moins possible. La crise écologique forcera la droite à bouger, le plus tôt sera le mieux. Je ne pense pas qu’un électeur ou une électrice de droite soit insensible à la question environnementale. A nous autres écologistes de les convaincre de la justesse de nos solutions.
Biosphere : Notons la convergence de LR et d’EELV, la crise écologique incite la droite comme la gauche à se penser comme écolo. Il n’y a plus de véritable opposition entre droite et gauche, mais plutôt une fracture entre un écologisme superficiel, ne voulant transformer le système productiviste et consumériste qu’à la marge, avec des slogans du type moteur propre ou innovations salvatrices. L’écologie de rupture devient une nécessité avec une planète en surchauffe, mais ni Marie Toussaint, ni à plus forte raison Damien Abad ne l’envisage pour l’instant.
Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :
synthèse, Ecologie, droite ou gauche ?
7 juin 2019, Yannick JADOT assume, ni droite ni gauche
15 mai 2017, l’écologie politique, vision par-delà droite et gauche
27 mars 2017, un parti social-écologiste ou bien ni droite ni gauche ?
22 août 2016, L’écologie est-elle de droite ou de gauche, ou d’ailleurs
23 avril 2016, L’écologie, ni gauche, ni droite, ni centre, mais supérieur
8 avril 2016, Le « ni droite ni gauche » va avoir le vent en poupe
20 février 2016, Deux manières de tuer l’affrontement droite/gauche
19 décembre 2013, Droite ou gauche, comment situer l’écologie ?
17 mai 2010, plus à gauche et moins à droite, Nicolas Hulot
26 février 2010, droite/gauche, un classement ringard
1er octobre 2009, la gauche passe à droite
6 juillet 2008, droite et gauche, même combat
3 mars 2008, l’écologie, de droite ou de gauche ?
Gauche escrologique (ou khmerverdiste ou pastequiste) et fausse droite (LR / Modem / centristes) ont en commun la démagogie humaniste de prisunic , l’ hypocrisie , l’ immigrationnisme débridé , le métissage généralisé , le droitdelhommisme le plus délirant .
Tout est à jeter chez eux , il suffit de lire les propos des politichiens LR / EELV et il ne manque plus que les propos des politichiens de la ripoublique en marche et des socialopes (du moins ce qu’ il en reste 🤣🤣!
Dans « Qui a tué l’écologie ? » Fabrice Nicolino accuse la « bande des quatre » :
– WWF, Greenpeace, la Fondation Hulot et France Nature Environnement (FNE).
La même question a souvent été posée au sujet de la gauche, qui a tué la gauche ?
La gauche en France pour commencer. Un nom semble faire consensus. Au mois d’avril dernier dans un journal bien de gauche, Le Figaro… Michel Onfray écrivait :
– « Mitterrand a tué la gauche avec un fusil à deux coups ».
Le premier coup serait l’abandon de l’idéal socialiste le 23 mars 1983, le second la soumission au traité de Maastricht le 7 février 1992.
Pour moi cela ne fait aucun doute, c’est bien le premier coup qui aura été fatal.
C’est à partir de cette date qu’on peut voir, et de plus en plus clairement, les faussaires étiquetés «socialo» copiner et forniquer sans aucun complexe avec la droite. C’est donc à partir là qu’est née cette gauche dénaturée, disons frelatée, «la Gauche made in Mitterrand». Cette «gauche» qui plus tard attirera des imposteurs comme Tapie, Valls etc. Cette «gauche» qui aura dégoûté et déboussolé des millions et des millions de gens, écolos ou pas, jusqu’à Onfray qui depuis quelque temps ne sait plus trop où il habite.
Et finalement, cette idée selon laquelle l’écologie (politique) serait ni-ni, au-dessus ou au-delà etc. rejoint l’abdication de 1983. Encore aujourd’hui, persister à refuser de la remettre à sa juste place ne fait qu’entretenir la Confusion, ce qui finira par la tuer.
Yannick Jadot 27,70 %, léger avantage lors du premier tour de la primaire du pôle écologique. Sandrine Rousseau se qualifie aussi pour le second tour avec 25,14 % des voix. De toute façon c’est une écologie « de gauche » dont il s’agit, certainement pas l’écologie de rupture qu’on attendait. Yannick veut faire ami ami avec les entreprises et Sandrine se dit à la fois de gauche, sociale et surtout écoféministe. Eric Piolle, de gauche bien sûr, n’obtient que 22,29 %) et l’outsider Jean-Marc Governatori, centre-gauche, culmine à 2,35 %. Seule Delphine Batho, arrivée troisième avec 22,32 % des voix, quittait (un tout petit peu) la rive gauche en portant pour la première fois lors d’une présidentielle.l’idée de décroissance …
Si Sandrine sort du chapeau, aucun de ses challengers ne la soutiendra. le parti ne la suivra pas, les électeurs encore moins. Une primaire pour se faire hara-kiri…
– « Si Sandrine sort du chapeau, aucun de ses challengers ne la soutiendra. le parti ne la suivra pas, les électeurs encore moins. Une primaire pour se faire hara-kiri…»
Biosphère n’aurait-il pas confondu Sandrine et Delphine, par hasard ? Quoi qu’il en soit, avec Jadot et Compagnie on peut dire en effet qu’il s’agit d’une écologie « de gauche » (avec des guillemets), autrement dit une écologie frelatée. De toute façon ce n’est certainement pas une écologie qu’on peut qualifier de rupture. Ce qui est sûr aussi, c’est que si Delphine sortait du chapeau… etc.
On ne va quand même pas oublier que depuis un bon moment les électeurs («citoyens» et autres «écocitoyens» se prenant pour des gentilhommes) se sont bien embourgeoisés, jusque dans les classes dites populaires (Lire «Le Petit-bourgeois gentilhomme» d’Alain Accardo).
On peut donc comprendre le dilemme face auquel se trouve aujourd’hui EELV et plus largement l’écologie politique. Revenir aux fondamentaux, c’est à dire se faire hara-kiri… ou bien continuer à occuper le terrain, en faisant semblant, du cinéma etc. juste pour ne pas disparaître.
C’est l’histoire d’un vieux débat, devenu «débat», qui revient de temps en temps, pour passer le temps, en attendant. Ce n’est pas avec ça qu’on risque d’avancer, mais essayons quand même.
Rappelons que l’écologie c’est la science, ce mot est employé ici pour désigner l’écologisme et plus particulièrement l’écologie dite politique. Historiquement elle commence à gauche, c’est comme ça. La gauche aussi à son histoire. Puis avec le temps tout fout le camp. Et faut croire que certains ont un grand intérêt à entretenir la Confusion, toujours plus.
Bref, après voir été ni-ni, puis au-dessus et en même temps par-delà, la voici trans. C’est à la mode, je parle de l’écologie.
Mais qui donc sont ceux qui nous la mettent partout, l’écologie, qui sont ceux qui nous la conjuguent à toutes les sauces, même les plus pourries ? Du coup je n’ose même plus m’en dire, écolo. Regardons déjà comment ce député LR, donc bien à droite, nous en parle, de l’écologie. Misère misère !
Et puis réfléchissons, sérieusement. Par exemple à partir de cet entretien, publié le 11/11/2010 par le journal La Croix.
– « L’idée que l’écologie ne serait ni de droite ni de gauche me semble dépassée »
( Christian Delporte, professeur d’histoire contemporaine )
Dépassée donc ! Non pas l’écologie, mais cette idée selon laquelle elle serait trans. C’est à dire par-delà, à travers… dessus, dessous, partout, de tous les côtés, n’importe où et n’importe quoi !