Les penseurs de l’écologie en quelques mots

Jean-Jacques Rousseau : il n’y a pas un être dans l’univers qu’on ne puisse, à quelque égard, regarder comme le centre commun de tous les autres, autour duquel ils sont tous ordonnées, en sorte qu’ils sont tous réciproquement fin et moyens relativement aux autres… Le premier qui, ayant enclos un terrain, s’avisa de dire « Ceci est à moi » est à l’origine de bien des crimes, des guerres, des misères et des horreurs.

John Muir : Il utilisa sa notoriété d’écrivain dans on combat préservationniste, il milita pour la crétion du Yosemite Park, fonda le Sierra Club et partit en 1903 camper trois nuits avec le président Theodore Roosevelt… qui signa ensuite le décret élargissant à son périmètre actuel le Yosemite Park.

Rachel Carson : son livre, Printemps silencieux (1962) est à l’origine d’une campagne pour l’interdiction du DDT qui aboutit aux États-Unis en 1970. Une autre conséquence fut la création, la même année, de l’Agence de protection de l’environnement, à qui la régulation des pesticides fut confiée alors qu’elle relevait jusque-là du département de l’agriculture des États-Unis.

Ruth Harrison : son livre, Animal Machines (1964) est à la cause animale ce que Printemps silencieux est à la cause environnementale. Il relate le remplacement des fermes traditionnelles dans les années 1950 par les fermes-usines, avec leur obsession de grande taille et du rendement, de confinement hors sol des animaux. Il a suscité le comité Brambell sur le bien-être des animaux d’élevage.

Arne Naess : L’écologie superficielle pense les problèmes en termes de responsabilité interhumaine, le courant de l’écologie profonde les formule en termes de respect des entités du monde naturel dont on reconnaît la valeur intrinsèque. La valeur des formes de vie non humaines est indépendante de l’utilité qu’elles peuvent avoir pour des fins humaines limitées.

Jacques Ellul : l’homme des temps modernes croit se servir de la technique alors que le plus souvent, c’est lui qui la sert. Combinée avec des États omnipotents, la technique moderne devient vite « totalitaire ».

Ivan Illich : Les institutions modernes, dotées de moyens techniques et bureaucratiques considérables, ne peuvent s’empêcher de croître au point que, franchissant un certain seuil, elles finissent par produire le contraire de l’effet recherché. Ce qu’il baptise du nom de « contre-productivité ». Une société conviviale est une société où l’outil est au service de la personne intégrée à la collectivité, et non au service d’un corps de spécialistes. L’éducation à la survie dans ce monde artificiel commence avec les premiers manuels scolaires et finit par le mourant qui s’agrippe aux résultats de ses examens médicaux. Est-e cela vivre, dis-moi ?

René Dumont, candidat écolo à la présidentielle de 1974 : « Nous allons bientôt manquer d’eau et c’est pourquoi je bois devant vous un verre d’eau précieuse puisque, avant la fin du siècle, si nous continuons un tel débordement, elle manquera… » Il écrivait déjà en 1973, « Un âne marche mieux qu’un tracteur sans essence » et « le chien américain dépense plus que l’Indien ». L’étude de la production alimentaire à l’échelle de la planète comparée à l’évolution démographique a forgé chez lui des vues malthusiennes.

Peter Singer : inscrit la libération animale dans un sillage historique, celui de l’émancipation des Noirs et des femmes. Il s’agit d’élargir le cercle de la considération morale, comme on l’a élargi auparavant par-delà les races et le sexe. Il popularise le mot antispécisme, c’est à-dire le combat contre le spécisme (néologisme forgé en 1970 par Richard Ryder), une hiérarchisation arbitraire établie entre les espèces.

Françoise d’Eaubonne : parlez-lui d’écoterrorisme, elle répondra « contre-violence ». Rien de plus qu’un retournement de l’arme de l’ennemi contre liu-même. Le 2 mai 1975, elle pose avec d’autres deux bombes artisanales qui explosent dans la centrale nucléaire en construction de Fessenheim. Le circuit hydraulique est endommagé et le chantier retardé de quelques mois. Elle dénonce aussi le lapinisme phallocratique qui conduit à la surpopulation.

Jean-Marc Jancovici : Nous sommes tous devenus des « Iron Man ». Grâce à la puissance des énergies fossiles, un Français moyen a à sa disposition l’équivalent de 427 esclaves énergétiques. Or nous vivons sous une double contrainte : nous arrivons au bout des énergies fossiles et nous sommes meurtris par le réchauffement climatique. En clair nous allons avoir de plus en plus de problèmes et de moins en moins de moyens pour les résoudre. L’idée d’une croissance vert est absurde, et plutôt que de subir la décroissance mieux vaut l’organiser.

Greta Thunberg : A l’heure du souper, l’alarme incendie retentit. Vous constatez que le toit de votre maison est la proie des flammes, mais comme si de rien n’était, vous entrez terminer votre dîner. Après tout, vous aviez prévu de regarder un film avant d’aller vous coucher. « Je suis désolée, mais cela n’a aucun sens », dit Greta en mars 2020 aux eurodéputés à qui elle vient de décrire cette scène.

(extraits du livre « Les penseurs de l’écologie » (Les Liens qui Libèrent, 2023))

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La bibliothèque idéale de l’écologie

les penseurs traités par ce post : Françoise d’Eaubonne, Élisée Reclus, James Lovelock, André Gorz, David Abram, Aldo Leopold, Hans Jonas, Günther Anders, Jürgen Habermas, Ulrich Beck.

L’histoire de la pensée écologique en quelques citations

les penseurs traités par ce post : Georges Canguilhem en 1973, Arne Naess en 1976, Daniel Cohn-Bendit en 1997, Pascal Durand en 2012, José Bové en 2013, Benoît Lechat en 2014, Michael Jacobs en 2015, Nicolas Hulot en 2016.

4 réflexions sur “Les penseurs de l’écologie en quelques mots”

  1. – « La conquête du sol par l’homme blanc fut le signal de la destruction des Sauvages.
    Ces races, incapables de se plier à l’agriculture et de comprendre notre civilisation, se mirent à reculer à mesure que nous envahissions la contrée. L’un après l’autre, les territoires de chasse, entamés par les laboureurs, devinrent des champs fertiles où se groupa toute une population étrangère de croyance, de langue, de mœurs et de coutumes. Il faut peu d’espace à l’Européen pour se loger et se procurer la subsistance. L’Américain, au contraire, demande pour chacune des ses familles autant de terre que nous en embrassions dans quatre ou cinq paroisses réunies. Avançant comme une armée invisible, la race blanche a pénétré partout, et nos premiers rangs n’ont eu qu’à se montrer, la hache à la main, sur la lisière de la forêt pour s’assurer la possession de ces vastes domaines. »
    ( Benjamin Sulte. Histoire des Canadiens français, 1882 )

    1. – « Au Québec, on a tous du sang indien. Si ce n’est pas dans les veines, c’est sur les mains ». ( Éric Plamondon – Taqawan )

      Celui-là aussi aurait toute sa place dans « la bibliothèque idéale de l’écologie ».
      Et combien d’autres comme ça, de ces petits bouquins qui ne paient pas de mine…
      Hélas quand je vois à quoi se réduit la bibliothèque de certains zécolos, je ne peux que penser que ceux-là ont loupé l’essentiel.

    2. Même s’il reste superficiel… Wiki a au moins le mérite de nous aider à comprendre de quoi on parle. Rien que pour ça, lui aussi a sa place dans cette idéale bibliothèque :
      – « La chronologie de l’écologisme (ou environnementalisme) reprend les événements ayant marqué le public et influencé les préoccupations environnementales ; cette chronologie comprend les dates de publication de livres importants pour la genèse des différents courants de l’écologisme et l’apparition de concepts clefs. [etc.] » (Wikipedia : Chronologie de l’écologisme)

      – « L’écologie en tant que science est généralement considérée comme récente, étant seulement devenue prééminente dans la seconde moitié du XXe siècle.
      L’histoire de l’écologie a pour but de décrire l’évolution de cette science depuis sa reconnaissance en tant que domaine scientifique au XIX siècle. » (Wikipedia : Histoire de l’écologie)

    3. En ce qui me concerne… l’écologisme, ses précurseurs etc. c’est bon je crois en avoir fait le tour. Ce n’est qu’avec une certaine lassitude, et légèreté, que j’observe s’agiter et blablater nos actuels zécolos de toutes obédiences.
      Aujourd’hui il n’y a plus que l’écologie en tant que science qui m’intéresse vraiment. Notamment les travaux de biologistes, zoologistes, océanologues etc. peu connus. Entre autres : Bob Paine, Mary Power, Jim Estes, John Terborgh, Tony Sinclair.
      Dont les découvertes, relativement récentes, sont au moins aussi importantes que celles de Darwin.

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