Moi vouloir rouler à l’œil dans mon SUV !

Après les chèques carburant, les ristournes à la pompe subventionnées, les injonctions faites à TotalEnergies pour plafonner le prix du litre sous les 2 euros, le gouvernement autorise de vendre à perte pour les distributeurs. Une décision qui pourrait être fatale à nombre de pompistes indépendants et illustre la difficulté du gouvernement à concilier pouvoir d’achat des Français et transition climatique.

éditorial du MONDE : La première ministre, Elisabeth Borne, a annoncé le 16 septembre, « qu’à titre exceptionnel » les enseignes pourront vendre à perte dans leurs stations-service. Le gouvernement revient ainsi sur une loi de 1963. Le gouvernement tente d’improviser en réaction à une situation qui dépend du bon vouloir des pays exportateurs de pétrole. Il prend le risque de parasiter sa communication sur la nécessaire transition énergétique en incitant à consommer toujours autant de carburants, au moment où il faut au contraire chercher à s’en passer. Une fois de plus, le gouvernement fait le choix d’une mesure qui va profiter indistinctement à tous, en contradiction avec la lutte contre le réchauffement climatique. Le gouvernement navigue à vue. A sa décharge, les oppositions ne brillent pas par leur sens des responsabilités.

Le point de vue des écologistes en vélo

Guillaume : Nous avons dépassé les stades de l’amateurisme et l’incompétence, nous sommes désormais dans celui de l’invocation, du vaudou ou du chamanisme économiques. Outre les grandes surfaces qui vont se rattraper sur les autres produits à notre détriment, les pompistes indépendants qui vont fermer, notre gouvernement instaure un oligopole de fait de la grande distribution et une distorsion de concurrence contraires à tous les principes économiques dont se réclament Macron et Le Maire

Michel Brunet : Avec les carburants on assiste à un concours de « démagogie » avec un rappel de la présidentielle où Mélenchon voulait bloquer à 1,50€, Lepen détaxer et Macron dans son flou habituel avec ses chèques carburants. Aujourd’hui peu de changement, la Nupes veut bloquer (dixit Alexis Corbière avec LFI), le RN détaxer et Borne innove avec une distribution à perte que seuls les gros pourront se permettre… Et tous nous parlent qu’il faut diminuer nos émissions de CO2. Comme quoi on est dans la « posture », le jour où il faudra prendre des mesures contraignantes et drastiques n’est pas pour demain …

DMA : 50 ans de spécialisation des espaces, d’encouragement au « rêve pavillonnaire » et à l’étalement urbain ont conduit à une augmentation constante des distances parcourues et de la dépendance à la bagnole. D’un autre côté, l’ attachement quasi maladif à l' »autosolisme », y compris pour les déplacements pendulaires, semble contredire l’idée que le carburant est trop cher.

Alimonosou : En 1974 le litre d’essence était de 1, 85 F soit environ 2€20 (1 franc 74 = 0,86 €). René Dumont parti écologiste préconisait le litre à 5 francs = 4,30 €… On a encore de la marge !

Fiat Lux : Il est apparemment impossible d’expliquer aux gens que le coût réel des carburants n’a quasiment pas bougé depuis plus de 30 ans…Au 1er juillet 1990, le smic horaire était à 31,28 francs et en 1990 le litre de SP 95 valait 5,35 francs. Il fallait donc un peu plus de 10 minutes de travail pour pouvoir acheter 1 litre de SP 95 en 1990. Depuis le 1er mai 2023, le smic horaire est de 11,52 € (pour 35 h contre 39h en 1990) et si le prix du SP 95 (ou du diesel) est plafonné à 1,99 €, cela veut dire qu’il faudra environ 10 minutes et demi pour acheter 1 litre de SP 95, soit une vingtaine de secondes de plus qu’il y a 30 ans. Pas vraiment de quoi parler de catastrophe financière, ni même grever le pouvoir d’achat, d’autant que l’essence est aujourd’hui de meilleure qualité et que les moteurs en consomment moins: 8,68 l/100 en moyenne en 1990 contre 7,3 l. 30 ans plus tard. Et chacun est libre de lever le pied pour consommer encore moins…

Liberté Egalite Fraternite et Republique : Comment entrer dans ce XXIème siècle qui nous lance des défis écologiques, économiques, civilisationnels qui conditionnent la survie biologique, sociologique de notre peuple avec un tel libéralisme transnational qui par des campagnes de com veut faire passer des rustines pour des solutions ?? Impossible tant on sait qu’un projet politique qui répondrait à ces défis demande une révolution copernicienne dans l’ objectif fixé qui doit être la défense de la vie et non pas l’intérêt financier d’une minorité, de plus ce projet doit avoir une temporalité tout autre qu’actuelle à savoir un temps long de mesure de ses incidences et enfin obtenir une adhésion du peuple, de tout le peuple. La maison brûle !

Michel SOURROUILLE : Cherchez l’erreur ! Le SUV (sport utility vehicle) apparu en Europe avec le Nissan Qashqai en 2007, ne dépassait pas 10 % des immatriculations en 2010. Début 2023, il totalise 51 % du marché continental avec 3,37 millions d’unités. Structurellement, un SUV est au moins 200 kilos plus lourd qu’une berline et sa surface frontale comme sa hauteur dégradent forcément ses performances aérodynamiques. Mais « my SUV is bigger than your’s ». Trop facile de concentrer les critiques sur les politiques, tout le monde est concerné par l’effort à faire, devenir des Amish de la Terre!

Vince : Vélo électrique alimentés en auto-consommation solaire. Ne cherchez pas plus loin…

lire, L’impossible blocage du prix des carburants

6 réflexions sur “Moi vouloir rouler à l’œil dans mon SUV !”

  1. Même si le prix des carburants n’a pas beaucoup augmenté, ça n’empêche pas les gens de ressentir le contraire. Entre le ressenti et la réalité il y a généralement un écart.
    L’écologie OK, mais les inégalités sociales ce n’est quand même pas rien !

    – « Depuis 1970, en France métropolitaine, le niveau de vie (en euros constants) des personnes a régulièrement augmenté jusqu’à la crise de 2008-2009. […] La hausse du niveau de vie profite à l’ensemble de la population, mais plus encore aux personnes les plus modestes […] Depuis le milieu des années 2000, plusieurs indicateurs montrent une légère hausse des inégalités. »
    ( Évolution du niveau de vie depuis 1970 – insee.fr/fr/statistiques )

    – « Si vous allez à la Maison-Blanche ou au palais de l’Élysée pour dire : “maintenant, il va falloir vous adapter et payer plus cher”, je peux vous assurer que vous accroîtrez les inégalités sociales ».
    ( Emmanuel Macron en 2021 )

  2. « Alimonosou : En 1974 le litre d’essence était de 1, 85 F soit environ 2€20 (1 franc 74 = 0,86 €). René Dumont parti écologiste préconisait le litre à 5 francs = 4,30 €… On a encore de la marge ! »

    Ces conversions sont fausses ! 1 €uro = 6,55957 Francs !

    Alors
    1 Franc =0,15 €uro (et non pas 0,86 € raconté dans son commentaire)
    5 Francs = 0,76 €uro

    Quand mes parents m’emmenaient en vacance sur toute la France dans les années 80, le gazole ne coûtait même pas 1 Franc le litre, à cette époque les voitures gazoles étaient marginales.
    1,85 Francs = 0,28 €uro !

    Le litre d’essence a bien augmenté depuis 1974, de 0,28 €/litre à autour de 2 €/litre aujourd’hui !

    1. Je crois que tu n’as pas compris ce que dit Alimonosou.
      Et pour un économiste… je trouve que ça la fout mal.
      – « Si en 1973 pour une heure de SMIC, on pouvait acheter 3 litres d’essence ; en 2018 on peut acheter 6 litres d’essence » (Wikipedia : Prix des carburants routiers en France)

      Comme ça m’intéresse… je te laisse calculer le nombre de litres aujourd’hui ?
      Comme je suis gentil… je te file quelques tuyaux :
      – Analyser les prix courants et les prix constants ( maxicours.com )
      – Prix de l’essence depuis 1960 ( contrepoints.org )
      – Le prix des carburants routiers 1970-2018 ( iddweb.eu/docs/Carburants.pdf )

      Et comme il n’y a pas que le carburant à payer… calcule la même chose pour le pain, les nouilles, les SUV, l’assurance du SUV et le reste.

  3. – « Le gouvernement navigue à vue. » (ÉDITORIAL LE MONDE)
    Finalement c’est tout ce qu’il y a à dire. Tout le reste n’est que du blablabla.

    Avant de parler d’amateurisme et d’incompétence (Guillaume), mieux vaut parler d’improvisation. Et encore s’il n’y avait que pour le carburant, c’est pour tout pareil.

    Alimonosou et Fiat Lux nous disent que le coût réel des carburants n’a quasiment pas bougé depuis des décennies. En faisant bien la différence entre le prix courant et le prix constant, on peut aussi voir ce qui en est de la baguette et des nouilles.
    ( baguette 250 g : 1 Franc en 1975 -> 1 Euro en 2022 )
    Dans le cadre de la Course au Progrès, à la Modernité, à la Croissance… la Course du Business as usual… voir aussi l’évolution des prix des télés, des bagnoles et de tout ce que la Pub nous a rendu indispensable, disons depuis 30 voire 50 ans. ( à suivre )

    1. Les SUV en sont un bon exemple (Michel Sourrouille).
      Non seulement sur nos routes, ils sont sur tous nos écrans !
      Tous les ans chaque marque se doit de sortir LE nouveau modèle !
      Toujours plus gros, toujours plus de gadgets !
      Et encore s’il n’y avait que les SUV, c’est pour tout pareil.
      Et ON nous parle d’écologie. Cherchez l’erreur !

      Mettre fin à la construction de telles aberrations, mettre fin à la Compétition (culte de la performance, de la vitesse, du toujours plus), interdire la Pub … ON peut toujours rêver.
      Alors il ne reste plus qu’à improviser et naviguer à vue… en attendant.

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