le pic pétrolier vu par JM Jancovici

Jean-Marc Jancovici* devant une salle comble ** : « Je commence par une question, combien de parlementaires dans cette salle ? 1,2 3, on va dire sept ou huit ! Au niveau de l’énergie, c’est le serpent qui se mord la queue : les parlementaires n’ont pas conscience de l’urgence du problème, donc ils ne viennent pas s’informer, donc ils n’ont pas conscience du problème ! Quelle est la martingale qui permettrait à 200 parlementaires de se tenir tranquille dans une salle pendant trois heures pour écouter un cours ? Si quelqu’un a une réponse, je prends ! Car c’est une bonne partie de la stabilité politique de la France dans les vingt ans qui viennent qui en dépend. Comme les politiques sont interrogés par des journalistes qui n’y connaissant rien non plus, cela tourne en vase clos, à aucun moment il n’y a d’issue. Quelques pensées en désordre :

          Si on met bout à bout pétrole, gaz et nucléaire, on est aux alentours de 90 % de l’énergie primaire. Or la consommation d’énergie fait le pouvoir d’achat. Si on divise par dix la production d’énergie, il faut diviser par dix le pouvoir d’achat des Français.

          Le pic pétrolier, c’est un théorème de math. Il y a une dotation limitée de pétrole, de gaz et de charbon, un stock de départ donné une fois pour toutes. L’extraction part de zéro, passe par un maximum puis décroît. Cela se passe de la même façon pour tout minerai, pour le phosphate, l’alumine, le Tantale… c’est mathématique.

          Ce qui compte, c’est la quantité de pétrole par  habitant. Avec l’accroissement démographique, la part diminue. La quantité mondiale de pétrole par habitant est déjà à la baisse depuis 1980. Il faut ajouter la baisse de capacité d’exportation des pays producteurs de pétrole qui font face à leurs propres besoins. La France connaît aussi une baisse de sa part dans les exportations mondiales. Ces trois baisses se conjuguent et je rappelle cette évidence : il n’existe pas de consommation croissante quand la production décroît. Il existe pourtant des gens qui font encore des scénarios de consommation croissante du trafic, imaginent le Grand Paris ou l’aéroport Notre Dame des Landes… mais avec quelle énergie ? Se contenter de dire que la demande ne sera pas satisfaite est idiot. Le Grenelle est postérieur de deux ans à la baisse de la consommation de carburant en France. La faillite de Lehmann Brothers nous a rendu un grand service…

          Le prix des fossiles est dérisoire. Les ressources naturelles mises  à notre disposition sont gratuites, nous ne comptabilisons que les revenus humains, le travail et les rentes. On ne paye pas la formation du litre de pétrole. Pourtant pour le fabriquer, il faut de l’énergie solaire et attendre 300 millions d’années. Allez refaire cela avec vos petits bras musclés, cela ne va pas vous coûter le même prix !

L’idée qu’on va pouvoir trouver des substituts à l’énergie fossile ou à l’uranium, c’est une chimère, ça n’existera pas. Aujourd’hui, pour faire un baril jour de pétrole conventionnel, il faut mettre sur la table 20 000 dollars de coût en capital. Pour les hydrocarbures non conventionnels, coal to liquids ou sables bitumineux, il faut 200 000 dollars. Dix fois plus de capital nécessaire, le coût en capital du déplacement des ressources fossiles représente des sommes astronomiques. Il faut donc investir massivement dans les économies d’énergie sinon le problème social sera dramatique. J’ai une cravate, cela montre bien que je me préoccupe plus du sort des hommes que de celui des marmottes.

Dernière chose, et les socialistes ont joué leur rôle, le rejet de la taxe carbone sous le prétexte que cela allait assommer les Français est une grave erreur. Pour une croissance du prix de baril de 50 dollars, c’est une taxe carbone de 100 dollars qui va alimenter les caisses des fonctionnaires vénézuéliens, saoudiens ou russes. Dans un pays comme le nôtre qui importe 99 % de son pétrole, la taxe carbone nous la payons de toute façon.

Parce que nous avons déjà beaucoup trop attendu, les investissement de transition qu’il va falloir faire dans un contexte récessif posent problème. L’inertie des systèmes énergétiques du côté de la consommation (parc de logements, de voitures…) fait que le changement ne se fait pas en une semaine, mais plutôt en 30 ans. Géraud Guibert a dit en rigolant que les socialistes n’étaient pas au pouvoir il y a deux ans. Mais les socialistes l’ont été au cours des trente dernières années. La faute est collective, il n’y a pas droite ou gauche sur la question, il n’y a pas électeurs ou élus, on s’est tous vautrés, on a beaucoup trop attendu pour faire les choses en douceur. Mais si nous en le faisons pas maintenant de manière extrêmement musclée, ce qui nous attend n’est pas du tout ce que conçoivent les politiques dans leurs programmes électoraux pour 2012. »

* Jean-Marc Jancovici, ingénieur conseil, spécialisé dans les domaines de l’énergie et du changement climatique, auteur du site de vulgarisation www.manicore.com et co-auteur, avec Alain Grandjean, du livre « Le plein s’il vous plaît !, la solution au problème de l’énergie » (Seuil, 2006).

** colloque « Pic pétrolier, quelles propositions politiques pour 2012 ? » du mardi 25 janvier 2011 à l’Assemblée nationale (Paris)

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le pic pétrolier vu par Bernard Durand

Bernard Durand, géologue et géochimiste, spécialiste des mécanismes de la formation des gisements de pétrole et de gaz, auteur du livre « la crise pétrolière, analyse des mesures d’urgence » (EDP, 2009), lors d’un Colloque sur le pic pétrolier (25 janvier 2011)

 Le pic pétrolier et l’Europe, une situation d’urgence

       Après une longue période de silence, d’occultation puis de déni, il est tout d’un coup largement reconnu que le Pic Pétrolier (Peak Oil) mondial, c’est-à-dire le moment où les quantités de pétrole disponibles à la consommation à l’échelle mondiale vont atteindre leur maximum possible, va avoir lieu incessamment. L’offre globale de pétrole va ensuite diminuer, et les quantités de pétrole disponibles par habitant de la planète diminueront plus vite encore.

       Pour autant  on ne parle guère de la façon dont va se répartir cette offre entre les pays consommateurs. En particulier, quelle part de ce gâteau en voie de rétrécissement vont pouvoir récupérer les pays consommateurs n’ayant pratiquement pas de ressources pétrolières sur leur sol, comme c’est le cas de la plupart des pays européens ? Car ces pays ne pourront avoir recours qu’à des achats sur le marché international pour satisfaire leurs besoins en pétrole.

      Or  les quantités de pétrole qui seront mises sur le marché par les pays exportateurs vont obligatoirement décroître plus vite que leur production : non seulement ils vont utiliser une part de plus en plus grande de celle-ci pour leur propre développement,  mais aussi leur population va augmenter. Ils voudront également conserver en terre une partie de leur pétrole pour préserver l’avenir.

      Ce phénomène est déjà en cours, et l’on prévoit que les quantités exportées, qui ont déjà diminué de 5 % de 2005 à 2010, diminueront encore d’environ 5 % de 2010 à 2015 (figure 1). Les avis divergent sur la suite : l’Association for the Study of Peak Oil and gas (ASPO) s’attend à un déclin de plus en plus rapide, l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), toujours optimiste, s’attend à une quasi stagnation pendant encore 20 à 30 ans.

                               Figure 1 : Depuis 2005 la production cumulée des pays exportateurs (courbe bleue) stagne, mais leur consommation (courbe rouge) augmente et donc leurs exportations diminuent (courbe verte). Les tirets représentent les évolutions attendues jusqu’en 2015. D’après les données de l’Energy Information Administration des Etats-Unis. Une production de 1 million de barils par jour (1 Mbpd ) représente environ 50 millions de tonnes par an.

        D’autre part, et c’est sans doute ce qui est le plus déterminant à court terme, les grands pays émergents ont des croissances très rapides. Leur consommation de pétrole est en train d’exploser à cause de leur passage à la civilisation de l’automobile. En particulier les importations de la Chine croissent exponentiellement, et à ce rythme, elles auront dépassé celles des Etats-Unis (10 à 11 Mb/d) dans moins de dix ans (figure 2).  

               

  Figure 2 : évolution de la production et de la consommation de pétrole de la Chine depuis 1991. Des importations de 5,5 Mb/d sont prévues pour 2011 !

       La santé économique des pays développés est actuellement très liée au prix du pétrole.

Aux Etats-Unis par exemple, les grandes récessions de l’après-guerre se sont produites juste après des augmentations brutales de ce prix (figure 3)

          Figure 3 : Aux Etats-Unis, les périodes de fortes décroissances du Produit Intérieur Brut ( GDP, courbe noire) ont eu lieu quand la facture pétrolière (courbe rouge) a dépassé 4% de celui-ci.

      Or  de cette confrontation entre des importations qui augmentent et des exportations qui ne pourront plus que diminuer ou au mieux stagner, va naître  un risque de forte hausse des prix, si les pays importateurs ne trouvent pas les moyens d’adapter rapidement leur consommation  aux  quantités disponibles sur le marché. Il suffira alors d’une crise même courte, d’ordre technique, politique ou climatique dans un pays producteur pour mettre le feu au marché et provoquer une crise économique à l’échelle mondiale.

     L’extrapolation des tendances actuelles laisse penser que les pays européens, s’ils ne veulent pas être bientôt pris dans des tourmentes économiques, seraient bien inspirés de réduire rapidement et massivement leur consommation de pétrole. Ils dépendent en effet presque entièrement du marché international, et la production de la Mer du Nord, en déclin très rapide, leur ôte progressivement tout filet de sécurité.

     Leur feuille de route devrait être à peu près la suivante : réduction d’environ un tiers d’ici 15 ans, de 50 % d’ici 25 ans, et de 60 % d’ici 35 ans (figure 4).

                          Figure 4: Prévisions de l’évolution des quantités mises sur le marché, d’après des données de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) et de l’Association for the Study of Peak Oil and Gas (ASPO), et prévisions des quantités disponibles pour les pays développés importateurs. Ces quantités seront rapidement bien plus faibles que les quantités totales disponibles sur le marché à cause du prélèvement croissant des pays émergents.

    En Europe, les deux secteurs les plus consommateurs sont le résidentiel-tertiaire, avec le chauffage (15%), et les transports, avec les carburants (65%). Ils sont donc à traiter en priorité, d’autant plus que le pétrole est à réserver à d’autres usages, tels que la pétrochimie, où il est très difficile à remplacer.

 Etant donné l’urgence de la situation, on ne peut se contenter de mesures qui ne peuvent avoir d’effets qu’à moyen ou long terme. Il faut leur associer impérativement des mesures ayant des effets à court terme :

Dans le secteur résidentiel-tertiaire, pour le moyen et le long terme un programme massif d’isolation du bâti ancien, et pour le court terme un programme de relevage très rapide des chaudières à fuel par d’autres moyens de chauffage, utilisant les énergies renouvelables plutôt que le gaz. Car celui-ci sera en voie de raréfaction d’ici 20 à 30  ans, comme c’est le cas aujourd’hui du pétrole.

Dans le secteur des transports, pour le moyen et le long terme le passage progressif aux véhicules électriques et hybrides rechargeables, utilisant autant que possible une électricité décarbonée, accompagné d’une politique favorisant la réduction des distances parcourues, les transports en commun et les déplacements doux, et pour le court terme un programme massif de réduction de consommation des véhicules à moteur thermique, par l’accélération de la mise en œuvre des progrès technologiques déjà réalisés par les constructeurs, mais aussi en encourageant fortement un effort «citoyen» de réduction des vitesses, d’écoconduite et de choix de véhicules peu consommateurs.

    La mise en œuvre d’un tel programme représente une véritable révolution technologique et sociale.

    Pour garantir le court et le moyen terme il sera en outre indispensable d’avoir l’adhésion des consommateurs, et que d’autres ensembles géopolitiques très gaspilleurs, en particulier l’Amérique du Nord et les pays du Moyen-Orient, fassent dans le même temps des efforts analogues. Le long terme restera malgré cela bien incertain.

    L’Europe des 27 ne semble pas vouloir pour l’instant diminuer sa consommation, si l’on en croît le document récent de la Commission Européenne, Energy trends to 2030, établi d’après les prévisions des Etats membres. Ce document prévoit en effet que la consommation de pétrole sera en 2030 à peu près la même qu’en 2010, et qu’il en sera de même des importations (figure 5).

      Figure 5 : prévisions faites en 2009 par la Commission Européenne de la  consommation d’énergie primaire et des importations de combustibles fossiles de l’EU 27 jusqu’en 2030 (Energy trends to 2030, 2009 update), d’après les déclarations des Etats membres. On observe qu’il n’est pas prévu qu’une très faible  diminution de la consommation de pétrole (oil), et aucune diminution des importations de pétrole !

 Une prise de conscience semble cependant avoir eu lieu depuis quelques mois. Mais devant l’urgence, le besoin d’une politique énergétique beaucoup plus active et coordonnée entre les pays européens se fait sentir. Ne faudrait-il pas créer dans cette intention une institution uniquement en charge de cette politique, à l’image de l’ancienne Communauté Economique du Charbon et de l’Acier ?

  Références:

 Skrebowski, C., 2010: PeakOilUpdate. Introducing ESOP

http://www.aspousa.org/2010presentationfiles/

 Commission Européenne, 2010 : Energy Trends to 2030, update 2009. Directorate-General for energy.

 

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la bioéthique contre les lois de la nature

Où s’arrêtent les lois de la Nature et où commence celle des humains ? Pour les humains contemporains, cela paraît évident. La nature leur est soumise et ils peuvent tout faire sans contrainte externe ; tout se joue dans les délibérations sociales. Ainsi la fécondation in vitro est-elle passée dans les mœurs. Ainsi l’Assemblée nationale autorise-t-elle le transfert d’embryon post-mortem*. Ainsi l’homosexualité doit-elle s’afficher sur le lieu de travail, 53 % des homos y faisant déjà part de leur orientation sexuelle*. La nature peut nous rendre stérile, les individualistes contemporains s’en foutent, ils veulent un enfant, même quand ils sont du même sexe, même quand le mari est mort. Qui en profite ? Les marchands. Qui gagne du fric sur le DPI (diagnostic préimplantatoire, pratiqué sur les embryons fécondés in vitro) ou avec le Cecos (Centre d’études et de conservation des oeufs et du sperme humains) ? Même quelques femmes et pas mal d’intermédiaires peuvent  transformer la gestation pour autrui en affaire financière**. L’argent gangrène tout et transforme le fait biologique de donner la vie en droit à l’enfant à n’importe quel prix.

                L’activisme humain perturbe toutes les lois de la nature, les cycles de l’eau, du carbone, du phosphore, et même celles de la naissance et de la mort. Donner la vie malgré sa stérilité n’est que l’aboutissement d’une civilisation techno-industrielle qui donne aux humains la possibilité d’échapper à l’équilibre naturel dynamique qui empêche une espèce de proliférer continuellement au détriment de son milieu. L’explosion démographique autorisée par nos techniques médicales, hygiénistes et thermo-fossiles est une erreur globale qui nous projette à toute vitesse vers les limites de la planète. La fécondation in vitro n’est qu’un gadget, un luxe de riches qui n’aura pas d’avenir dans une société égalitaire en harmonie avec sa biosphère.

                Il y a des techniques douces comme le préservatif ou le stérilet. Il y a des techniques dures comme le DPI et les mères porteuses. Nous devrions avoir la lucidité de pouvoir choisir les techniques qui nous mettent en conformité avec les lois de la nature.

* LeMonde du 12 février 2011, L’Assemblée nationale autorise le transfert d’embryon pot mortem ; 26 % des homosexuels se disent victimes d’homophobie au travail.

** LeMonde du 9 février 2011, La gestation pour autrui : une extension du domaine de l’aliénation !

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socialistes à droite, écologisme à droite

Les socialistes tournent à droite, l’écologisme est à droite. Que reste-t-il au parti socialiste ? Le « socialiste » Dominique Strauss-Kahn est un ardent défenseur de la financiarisation de la planète. Le FMI qu’il dirige a un long passé de déstructuration des pays du Tiers-monde. Le socialiste Pascal Lamy est un ardent défenseur du libre-échange. L’OMC qu’il dirige reste le maître d’œuvre du laisser-passer, une ouverture imposée des frontières qui déstabilise et appauvrit tous les  pays au profit des FMN. L’écologisme est de droite. Toutes les avancées politiques ont été mises en place par la droite : le ministère de l’environnement et de la nature est une création de Pompidou en 1972. La Charte de l’environnement adossée à la Constitution a été imposée par Chirac. Le super-ministère du développement durable a été mis en place par Sarkozy ainsi que le Grenelle de l’environnement. Brice Lalonde avait bien senti le vent de l’histoire, il a viré à droite pour se retrouver aujourd’hui à l’ONU en train de préparer 2012l et a conférence des Nations unies sur le développement durable. Les ministres de droite qui ont mené une politique franchement écolo sont de droite, Serge Lepeltier, Nathalie Kosciusko-Morizet, Chantal Jouanno.

                Que fait le parti socialiste ? Il continue encore aujourd’hui à sous-traiter l’écologie en la confiant aux Verts. La motion qui voulait que le parti socialiste soit résolument écologiste a obtenu un score minable au Congrès de Reims. La gauche social-démocrate comme la gauche plus-à-gauche ne veulent pas voir les crises écologiques, ils préfèrent le productivisme qui va créer emploi et pouvoir d’achat au détriment les ressources de la planète. Le pic pétrolier n’appartient pas à leur langage alors que cela impliquerait d’inverser l’évolution catastrophique de nos structures sociales depuis plus de trente ans : banlieues tentaculaires contre ville compacte, culte de la bagnole au lieu du rapprochement des lieux de vie et de travail, achat de produits chinois plutôt que relocalisation et démondialisation.

                La mentalité hors sol du parti socialiste est telle que beaucoup de militants social-écologistes rejoignent aujourd’hui EELV alors que c’est le contraire, le passage des écologistes dans un parti de gouvernement, qui devrait avoir lieu. Pendant ce temps, la droite continue de s’essayer à l’écologie et la gauche de s’enliser dans la bataille des ego. Les socialistes ne commenceront à comprendre la réalité que quand le baril sera à 200 dollars…

FMI, Fonds monétaire international.

OMC, Organisation mondiale du commerce

FMN, firmes multinationales

EELV, Europe Ecologie – Les Verts

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Adhérez au Cniid !

Quelques mots du Centre d’information indépendante sur les déchets :

Enjeu du prochain mandat des Conseillers généraux : la révision des PDEDMA

Le Cniid appelle les futurs élus à s’investir dans ce chantier, et à prendre pour guide la hiérarchie européenne de gestion des déchets…

En 2011, le Cniid vous propose de décrypter les enjeux qui se cachent derrière le vocabulaire des déchets : Déchet… Greenwashing… Bioréacteur

>> lire les définitions

Chaque mois, découvrez nos définitions, garanties sans greenwashing et illustrées par Martin Vidberg (blog l’actu en patates)

pour adhérer au CNIID

http://www.cniid.org/index.php?option=com_content&view=article&id=44&Itemid=9

 

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supprimons les SES des programmes scolaires

L’enseignement des sciences économiques et sociales trouve ses fondements dans la réforme Fouchet à compter de la rentrée 1965. Le premier baccalauréat « B » devient réellement économique et social au sens où nous l’entendons aujourd’hui à compter de la session 1969. Ce bac pouvait déboucher au niveau universitaire sur des études de sciences économiques, de sociologie, de droit, de science politique, d’administration économique et sociale, de gestion, d’histoire et géographie, etc. Il s’agissait donc d’une filière transdisciplinaire qui devait dynamiter les corporatismes des enseignants, chacun étant recroquevillé derrière sa « discipline ». C’était révolutionnaire. Apprendre à penser globalement, connaître Marx et Malthus, mélanger allègrement l’économique et le social, étudier les idéologies dominantes et pouvoir en débattre avec les élèves, tout cela était insupportable pour l’oligarchie dominante qui a tenté d’éliminer plusieurs fois la filière SES ; par exemple en essayant de la noyer dans l’histoire-géo ou la gestion économique. Sans succès. Le débat actuel sur la refonte des programmes* n’est qu’une péripétie de plus. Une péripétie sans grande signification.

Car de toute façon la transversalité de la matière a été progressivement dénaturée. La notion de classes sociales disparaît aujourd’hui, comme a été supprimé bien avant l’étude de Malthus, les débats entre idéologies différentes, l’étude de la crise économique au profit d’une fixette sur la croissance dans les programmes de terminale, etc. Plus grave encore, les générations montantes de professeurs de SES n’ont plus perçu en quoi leur matière était révolutionnaire, c’est devenu une discipline parmi d’autres que l’on défend en tant que discipline constituée et non comme projet d’intelligence collective. Bien plus grave encore, le développement durable est enseigné dorénavant dans les secondes en histoire-géographie, les SES perdent les thématiques qui font débat.

Car les SES sont étroitement délimitées par leur dénomination même. Insister sur les domaines économiques et sociologiques fait oublier le pilier principal de toute réflexion complète : l’écologie, l’environnement, la nature, la biosphère. Les SES font encore comme si le circuit économique était une simple relation entre ménages et entreprises. Les SES occultent le fait que tout ce qui peut circuler entre les humains a déjà une origine naturelle. Les SES minimisent le fait que la consommation doit être définie comme une destruction de ressources. Les SES ignorent que la  civilisation thermo-industrielle est au bord du clash. Dans l’état actuel des choses, les SES peuvent bien être supprimées, la réflexion collective n’aura pas perdu grand chose.

* LeMonde du 6-7 février 2011, les programmes de sciences économiques, pomme de discorde pour les universitaires.

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pour les humains, quel collectif ?

L’être humain n’est jamais seul, dès le départ il a besoin de sa mère et de son géniteur, d’un couple parental qui le socialise et l’ouvre sur les autres sinon il deviendrait un enfant sauvage, d’une famille élargie et d’un territoire d’appartenance, de gouvernance locale, nationale et internationale, de la biosphère et de la communauté des êtres vivants, d’une planète, d’un système solaire et d’une galaxie. Nous sommes interdépendants avec l’ensemble de l’univers… et certains veulent pourtant nous faire croire que l’individu est une monade isolée qui a toute liberté d’agir à sa guise. Ces représentants des religions de l’homme à l’image de dieu et ces économistes libéraux qui croient à la toute puissance de l’individu n’ont pas un très grand sens de l’observation.

L’abbé Jean Meslier* rejetait dès avant 1729 sa religion pour mettre à la place une conception matérialiste très contemporaine : « Sur quelles bases ont-ils fondé cette prétendue certitude de l’existence d’un Dieu? Sur la beauté, l’ordre, sur les perfections des ouvrages de la nature? Mais pourquoi aller chercher un Dieu invisible et inconnu comme créateur des êtres et des choses, alors que les êtres et les choses existent et que, par conséquent, il est bien plus simple d’attribuer la force créatrice, organisatrice, à ce que nous voyons, à ce que nous touchons, c’est à dire à la matière elle-même? Toutes les qualités et puissances qu’on attribue à un Dieu placé en dehors de la nature, pourquoi ne pas les attribuer à la nature même qui est éternelle ? »

Comment être en désaccord avec ce point de vue ? Notre collectif, c’est la matière, c’est la biosphère, c’est la nature. Nous avons oublié cela et nous avons saccagé notre milieu de vie. Pourtant les religieux parcourent encore ce monde de leurs paroles insensées et les gouvernants ne parlent que de croissance pour justifier leurs destructions. Homo demens, commencent à dire de plus en plus d’observateurs de nos folies.

* Mémoire des pensées et des sentiments de Jean Meslier (1729), publié après sa mort

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les humains sont de trop sur cette planète

 L’humanité, polluant de la Terre ou nouvelle configuration terrestre ? LeMonde* en discute et s’interroge sur la force géologique majeure que constitue l’activité humaine puisqu’elle en arrive à modifier l’atmosphère terrestre. Mais LeMonde se noie dans le détail des discussions oiseuses : quelle est la date de départ de l’anthropocène ? Nous préférons aller au fond des choses avec Jacques Grinevald** :

« Au lendemain du tollé qui accueillit le premier rapport au Club de Rome sur les limites de la croissance (1972), on n’avait pas encore compris l’accélération de la dynamique d’un système aussi complexe que la Biosphère, altérée par l’activité humaine, et on ne croyait pas sérieusement à l’imminence d’une double menace comme celle du changement  climatique et de la déplétion mondiale du pétrole brut ! On a oublié que ce rapport scientifique illustrait déjà le problème des courbes exponentielles de notre croissance. Bien entendu, l’ère néolithique n’était nullement un long fleuve tranquille. Mais relativement à l’explosion démographique et technique des deux derniers siècles, le passé semble stationnaire et froid, tandis que l’époque actuelle manifeste une surchauffe incontestable de la croissance. On nous parle beaucoup des impératifs économiques de la mondialisation, mais il est grand temps de réfléchir aux impératifs de la mondialisation écologique, parce que le monde vivant auquel nous appartenons est un phénomène à l’échelle de la Terre. Dans cette perspective planétaire, tous nos problèmes prennent un autre sens, y compris nos problèmes métaphysiques et religieux. Redonner au vivant une place centrale dans notre théorie de la Terre n’est pas encore une évidence pour tout le monde. L’arrogance de l’humanisme fait partie des racines culturelles et historiques de notre crise écologique. Mais une nouvelle figure du sacré est sans doute en train de se dessiner, non dans l’image de cet Homme prométhéen qui se prend pour l’âme du monde ou la conscience de la Nature, mais dans une nouvelle alliance entre l’espèce humaine et toute la Biosphère, alliance sans précédent parce que réellement planétaire et d’une manière qu’on peut seulement exprimer avec la métaphore de la symbiose : l’homme est la Nature prenant conscience d’elle-même. »

Il paraît que le spectacle « fin du monde » vue par les Sea Girls est un grand bonheur, des Bisous de bienvenue au grandiose final Faire pipi sur le gazon. Pour son suicide collectif, l’humanité aime s’accompagner de quelques paillettes… L’humanité veut-elle encore avoir une place sur cette planète ? Parfois nous en doutons… A moins d’une nouvelle alliance avec la biosphère ?

* LeMonde du 5 février 2011, Depuis quand l’homme façonne-t-il le climat ?

** La Biosphère de l’Anthropocène de Jacques Grinevald  (Georg, 2007)

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la place des non-humains

Superbe. Deux pages entières dans LeMonde * pour les non-humains. Il faudrait donc faire une place aux non-humains, mais quelle place ? Disons tout de suite que nous n’avons rien compris aux analyses sur les différents livres récemment parus sur la question, comme l’ouvrage « Humains, non-humains » ou « Ce à quoi nous tenons ». Seul surnage cette question : « Emmanuel Kant définissait l’homme comme le seigneur de la nature ; pour lui, les êtres dénués de raison n’avaient aucune valeur. Cette tradition de pensée est responsable de tous nos malheurs écologiques. Pourquoi ? » Pourquoi ? Parce que le roi est devenu fou**.

                « Ce qu’on appelle la crise de l’environnement est tout simplement le résultat d’une violation sans cesse aggravée des lois de l’écologie, fondées sur l’interdépendance des êtres vivants entre eux et avec leur milieu physique, c’est-à-dire sur la notion d’équilibres naturels. Un rapide coup d’œil sur les étapes de la situation de l’homme au sein de la biosphère, face aux autres éléments de la communauté biologique, peut aider à prendre une vue d’ensemble. Dans une première phase, l’homme reste un prédateur parmi d’autres, occupant une modeste place dans sa biocénose originelle ; ses prélèvements sur le milieu demeurent comparables à ceux des autres parties prenantes : le lion, le guépard, les autres singes. Mais avec le perfectionnement de ses techniques d’acquisition, avec le biface, la flèche, le feu, son efficacité s’accroît sensiblement. Avec la révolution néolithique apparaît l’animal domestique, la céréale cultivée, la poterie, la ville, le palais, le temple, la boutique, l’entrepôt, la caserne, le bordel et la prison : la civilisation est en marche. Le processus de déséquilibre entre le potentiel de destruction de l’homme et les capacités de récupération du milieu naturel est dès lors engagé : il mènera tout droit à la bombe atomique et aux autres merveilles que nous prépare une technologie emballée, devenue une fin en soi et médiocrement soucieuse, jusqu’ici, de ce qui devrait tout de même compter : l’homme. Une idéologie belliqueuse et orgueilleuse, la mythologie d’un « roi de la création » chargé de conquérir, de dominer, sans souci des droits des autres êtres vivants, devaient nous permettre de ravager la planète en toute bonne conscience. Et d’autant plus facilement que la religion du profit allait rendre licite n’importe quel méfait du moment que l’assurance d’un gain venait l’absoudre, voire le sanctifier. »

Constatons enfin qu’on agite dans LeMonde l’épouvantail de l’écologie profonde : « Le propos d’Emilie Hache est de se dégager de la deep ecology », « Vous (Stéphane Ferret) refusez les thèses de l’écologie dite profonde ». Les poncifs faux et éculés sur l’écologie profonde font encore  florès même parmi ceux qui se disent spécialistes des non-humains. Pour redonner sa vraie place à l’homme, c’est-à-dire un simple élément parmi l’ensemble des animaux et des plantes, il faudra d’abord nous rendre compte que les humains sont devenus fous et qu’il nous faut nous soigner.

* LeMonde des livres, 4 février 2011, Faire une place aux non-humains.

** le paragraphe suivant a été écrit par Théodore Monod dans le hors série du Nouvel observateur (juin juillet 1972), La dernière chance de la terre.

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Strauss-Kahn Président, tel est le vœu de l’oligarchie

DSK va se présenter. De source sûre. Il s’est fait rétamer par Ségolène la dernière fois, il a un moral de tueur, il veut nécessairement revenir dans l’arène politique française. Il croit que la France a besoin de lui, il croit que les socialistes sans lui, c’est Sarko qui reste au pouvoir. DSK sera donc Président. LeMonde* trace de lui un portrait  flatteur, le nouvel actionnaire du Monde Matthieu Pigasse, est de ses amis, comme Bernard-Henri Lévy, membre du conseil de surveillance du Monde. Déjà les agences de publicité parient sur son image ; Euro-RSCG met au service de DSK ses meilleurs employés. Sarko fricotait avec les riches, DSK sera l’idole des riches. DSK se repose dans un riad raffiné de Marrakech, il a un petit pied à terre de 4 millions de dollars à Washington, tout le monde veut loger chez lui ; il n’a pas besoin d’aller sur le yacht des autres. Sa femme Anne Sinclair rappelle qu’elle peut payer ; son grand-père était le marchand d’art Paul Rosenberg. Ses amis jonglent avec les langues comme avec les fuseaux horaires ; au temps de la mondialisation, quoi de mieux comme président qu’un serviteur du FMI. Strauss-Kahn est devenu un spécialiste du management à l’américaine, DSK sera un parfait Président de droite…

                Argh, erreur ! Nos conseillers nous rappellent que Dominique (Strauss-Kahn) serait socialiste. Bon, passons, entre la social-démocratie et l’UMP, il y a l’épaisseur d’un cheveu. Au Parti de gauche, on pense tout haut que si le PS était encore socialiste, il devrait exclure Strauss-Kahn. L’eurodéputé écologiste Daniel Cohn-Bendit a jugé que Dominique StraussKahn serait un bon candidat, il a oublié de dire « de la droite ». Une figure tutélaire de l’écologie, Alain Hervé, estime sur son blog que les socialistes Strauss-Kahn, comme d’ailleurs Royal, Aubry, Fabius, Vals, Hollande… n’ont aucune idée de ce qu’est l’écologie. D’ailleurs la candidate écolo Eva Joly connaît bien Strauss-Kahn, elle l’a mis en examen. « DSK président », hurlait pourtant un cœur de supporter en marge des journées d’été du PS en août 2006. DSK présentait alors son programme écolo : « Encore plus de croissance économique et tous les problèmes environnementaux seront résolus. » Où est la différence avec la droite ?

Terminons par une anecdote**. En juin 1984, le socialiste Pierre Moscovici téléphonait à celui qui fut son professeur à l’ENA, Dominique Strauss-Kahn, pour lui demander ce qu’il pensait de l’Inspection des finances : « C’est la meilleure business-school française. Vous y restez quatre ans et vous gagnez plein de fric. » Et le Trésor ? « C’est un peu moins bien, mais là aussi vous gagnez du fric. »

Laissons maintenant les citoyens de la gauche social-écologiste, si cela existe, trancher aux prochaines primaires socialistes. Le peuple obtient toujours ce qu’il mérite…

* LeMonde du 3 février 2011, Dominique Strauss-Kahn, L’embarras du choix

** L’oligarchie, ça suffit, vive la démocratie d’Hervé Kempf (Seuil, 2010)

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totale duplicité de l’oligarchie

Parlons net. La quasi-totalité des économistes, des politiques et donc des journalistes sont d’une totale duplicité. Ils se contentent de cultiver l’événementiel sans nous préparer à ce qui nous attend. Prenons l’info du baril à 100 dollars. Deux lignes seulement en première page du Monde*, qui préfère consacrer ses colonnes à l’énième épisode en Egypte. Pourtant nous rentrons dans la déplétion pétrolière et nous savons de source sûre que notre civilisation va basculer. Il n’y aura pas seulement des manifestations en Egypte, mais dans le monde entier. Ca va saigner. Le prétendu spécialiste Patrick Artus, directeur de recherche de cette banque qui a coulé tous ses petits épargnants (Natixis), pense qu’il faut « utiliser toutes les formes d’énergie sans exclusive ni préférence, l’hydraulique comme le pétrole, le solaire comme le nucléaire »**. Patrick Artus n’a rien compris de la situation actuelle, il faut répéter que la production d’énergie n’a plus d’importance, il s’agit d’économiser drastiquement nos consommations d’énergie, il s’agit de changer complètement nos modes de vie.

Prenons maintenant l’analyste aveugle qui s’appelle Christopher Swann***. Sous la rubrique pourrie Breakingviews, il a le culot de déclarer (par deux fois) que « l’offre mondiale de pétrole reste abondante ». Ne vous inquiétez pas, le baril à 100 dollars à cause de l’Egypte, c’est une passade ! Christopher Swann ne sait rien de l’Agence Internationale de l’Energie qui a montré que le pic pétrolier a eu lieu en 2006 : nous sommes déjà en descente énergétique. Christopher Swann n’est pas aussi perspicace qu’Hervé Kempf, citant un géologue pétrolier, Bernard Durand**** : « Les quantités de pétrole disponibles sur le marché international vont décroître plus vite que la production mondiale, compte tenu de l’autoconsommation croissante de pétrole par les pays producteurs et de la demande en expansion des pays émergés » ; « Il est d’un intérêt stratégique pour les pays européens de diminuer très rapidement et considérablement leur consommation pétrolière. »

Car ne nous leurrons pas. Si on lit entre les lignes, la gestion du pétrole par l’oligarchie dominante va être de plus en plus dure. Patrick Artus** veut par exemple supprimer toutes les exemptions de taxation des émissions de gaz à effet de serre, que ce soit ambulanciers, patrons pêcheurs, ou smicards, etc. Cette analyse se retrouve chez Philippe Jurgensen***** : « Il serait souhaitable d’éliminer les détaxations de consommation de carburant, qui correspondent à autant d’incitations à un mauvais comportement écologique : il s’agit notamment des détaxations de fuel en faveur des marins-pêchers et des agriculteurs, et plus encore de la coûteuse exonération du kérosène en faveur des transports aériens intérieurs. »

Influencés par l’oligarchie dominante, nous sommes dorénavant drogués au pétrole. Maintenant l’oligarchie va faire le contraire, nous imposer le sevrage ! Totale duplicité…

* LeMonde du 2 février 2010, page 1

** LeMonde du 2 février 2010, Le pétrole restera cher et même extrêmement cher

*** LeMonde du 3 février 2010, Rien ne justifie le maintien du prix du pétrole au-dessus de 100 dollars.

**** LeMonde du 2 février 2010, Hé, les socialistes !

***** Philippe Jurgensen, A quelles conditions une croissance verte est-elle possible ? (La Revue Socialiste, 4e trimestre 2010)

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l’abominable pouvoir des journalistes

Michel Rocard passe près d’un tiers de son temps à répondre aux médias. Il n’a aucune légitimité électorale pour cela, mais au moins il dit des choses sensées, contrairement à bien d’autres. Par exemple devant les élèves du Centre de formation des journalistes : «  Vous futurs journalistes allez devenir des spécialistes de l’événement et de l’instantané. Or la politique relève du long terme. La brièveté des messages implique que l’on n’aille pas vers la complexité. Vous chercherez seulement le choc de la petite phrase. »*

                Bien vu, la démocratie fout le camp. Comme l’analyse Hervé Kempf**, l’échange d’arguments rationnels qui forme la conversation de la démocratie a été transformé par l’avènement de la radio et des techniques de manipulation de masse. La révolution de l’imprimerie avait créé au XVIIIe siècle les bases des Lumières, c’est-à-dire la libre circulation des idées. Mais la télévision est devenue aujourd’hui la source dominante d’information. Or les écrans nous entraînent dans un nouveau monde où chaque événement fait son entrée en scène à toute vitesse et disparaît aussitôt pour céder la place à un autre. C’est donc un monde sans beaucoup de cohérence ni de sens ; un monde qui ne nous demande pas d’agir et ne nous le permet pas non plus ; un jeu de « coucou, me voilà ! » Ainsi aux Etats-Unis, le dialogue politique est conduit pour l’essentiel au moyen d’annonces télévisées de trente secondes. Alors on recherche la petite phrase. Les élus pensent que ce qui compte c’est ce qui est dit dans les spots de 30 secondes. En France de toute façon, les journalistes coupent la parole des politiques au bout de 10 secondes ! Alors, pour expliquer politiquement des questions aussi complexes que le pic pétrolier…

                Le problème, c’est que les médias-papiers tombent dans le même travers, la recherche de la petite phrase et le culte de l’événementiel. Les événements en Tunisie sont oubliés grâce aux événements en Egypte, qui seront oubliés grâce à… Sarkozy était devenu un spécialiste de ce jeu de « chaises musicales », une connerie faisant oublier la précédente. Cette tendance à la désinformation n’est pas innocente, elle protège l’oligarchie dominante (qui possède d’ailleurs la plupart des grands médias) puisqu’elle empêche de penser. Alors nous n’avons plus les moyens d’agir face aux menaces écologiques, déplétion pétrolière, réchauffement climatique, etc. Et le débat « démocratique » se limite dans la presse à qui va gagner les prochaines élections. Hervé Kempf n’envisage qu’une issue probable : « Une assez large fraction de l’oligarchie reconnaîtra l’ampleur du danger environnemental et imposera à l’autre un changement radical. » Comme il ajoute qu’il y faudra aussi de la vertu, l’avenir semble joué d’avance : les plus faibles seront les premières victimes…comme d’habitude.

Nous aimerions qu’il en soit autrement…

* LeMonde du 1er février 2011, chronique de Franck Nouchi : petite phrase

** L’oligarchie, ça suffit, vive la démocratie d’Hervé Kempf (Seuil, 2011)

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l’Egypte, victime de sa démographie

Au delà de la sympathie naturelle que l’on ressent pour un peuple qui tente de se libérer, il faut bien reconnaître que le régime qui prendra le relais, aussi démocratique soit-il, aura peu de chance de sortir le pays de l’ornière dans laquelle des décennies de laxisme démographique l’ont précipité. Comment ne pas voir en effet qu´à la source des problèmes de l’Égypte se trouve la question démographique ?

                L´Égypte compte aujourd’hui 85 millions d´habitants pour une surface d´un million de kilomètres carrés, soit un peu moins de deux fois la France. Chacun sait toutefois que ce pays n´est en réalité habitable et cultivable que sur une faible proportion de ses terres. A 90 % la population et les cultures se concentrent sur le delta du Nil ainsi que sur une bande d´une dizaine de kilomètres de large au bord du fleuve sur 1.000 km de long, allant du Caire jusqu´au au pied du barrage d´Assouan. Grosso modo l´Égypte ne peut compter pour vivre et se nourrir que sur une quarantaine de milliers de kilomètres carrés. Ainsi ramené à la « surface utile », la densité de peuplement égyptienne approche 2.000 habitants au kilomètre carré (avec une telle densité la France accueillerait près d´un milliard d´habitants).

                L´Égypte est donc surpeuplée au regard de ses capacité réelles et ce surpeuplement se traduit déjà par une forte dépendance alimentaire, illustrée en avril 2008 par les fameuses « émeutes de la faim ». L´Égypte se trouve ainsi fragilisée par toute hausse des denrées alimentaires. Ne pouvant les produire elle-même, elle les achète et paye cash toute élévation des cours mondiaux, qu´elle soit due à une tendance haussière générale ou qu´elle soit le fruit d´une spéculation passagère.

                En plus du niveau de son effectif le pays souffre également de la rapidité de son évolution. En 200 ans, soit en seulement trois fois la vie d´un homme, l´Égypte a, selon les sources, multiplié ses effectifs par 20 ou par 40 ! (Les estimations de la population égyptienne en 1810 s´étagent de 2 à 4 millions d´habitants). Si l´ensemble de la Terre avait suivi la même pente, notre planète compterait aujourd´hui entre 20 et 40 milliards de terriens ! (nous étions un milliard en 1810).

                Cette croissance est toujours très élevée : il y avait 21 millions d´Égyptiens en 1950, il y en a 85 millions aujourd´hui, soit 4 fois plus en 60 ans. Pour 2011, l´Ined indique pour ce pays un taux de natalité de 23,8 pour mille avec 2,73 enfants par femme et un taux de croissance de la population de 1,7 % par an, soit une augmentation de 1,4 million du nombre d´habitants chaque année ! Ces chiffres expliquent l´extrême jeunesse de la population égyptienne (30 % des égyptiens ont moins de 15 ans !) et l´arrivée continue d´un grand nombre de personnes sur le marché du travail. Un travail que justement, dans ces conditions, nul ne peut leur proposer.

                A moins que l’humanité ne s’investisse clairement  dans la stabilisation de la population mondiale, les révoltes du Maghreb en annoncent d’autres, qui seront elles aussi essentiellement causées par la pression du nombre.

 (Source : Démographie responsable : http://www.demographie-responsable.org)

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l’oligarchie, ça suffit, out !

Le gotha mondial des affaires et de la politique s’était retrouvé le 26 janvier dernier à Davos pour le premier jour du Forum économique mondial. Trente-cinq chefs d’Etat et de gouvernement ainsi que deux mille cinq cents décideurs du monde entier. La Chine a dépêché en Suisse la plus nombreuse délégation officielle (66 personnes). Davos, c’est donc le rassemblement d’une bonne partie de l’oligarchie qui nous domine.

                L’oligarchie se réunit régulièrement, le groupe Bilderberg depuis 1952, la commission Trilatérale depuis 1973, le Forum économique mondial depuis 1987. Ces hommes et ces femmes partagent des convictions : la globalisation, la libre circulation du capital, le marché interconnecté pour permettre aux multinationales de progresser. L’oligarchie ne se dissimule plus. Dans la débâcle de 2008, la branche politique de l’oligarchie a mobilisé l’épargne publique pour éviter l’effondrement, la branche financière a continué à piller. Quand le profit est placé au-dessus de l’intérêt général, la morale est pervertie. Comme l’écrit Hervé Kempf*, « les puissants ne sont pas les meilleurs, ils visent d’abord la conservation de leur puissance, ils gouvernent en vue de leur propre but qui est, dans le capitalisme finissant, une accumulation sans limites de richesses et de prestige ostentatoire. En Egypte la classe dirigeante, qui pressure le peuple avec un cynisme éhonté, fait éduquer dès le plus jeune âge ses enfants en anglais ou en français, et non en arabe, la langue du pays. L’oligarchie mondiale n’a pas d’autre patrie que celle de l’argent ». Notons que les forums antérieurs n’avaient rien vu venir de la crise financière de 2008, l’oligarchie ne peut envisager que sa prospérité à court terme.

Cette oligarchie n’est pas prête à assumer les responsabilités que le pic pétrolier et autre épuisement des ressources imposent. Elle est contestée en Egypte, elle sera contestée un peu partout dans le monde. Mais comment la remplacer quand on sait que le pouvoir ne sera jamais dans la rue ?

*L’oligarchie, ça suffit, vive la démocratie d’Hervé Kempf (Seuil, 2010)

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bio-fuel et bourrage de crâne

On nous trompe. Les médias font des effets d’annonce qui laissent encore croire à des lendemains qui chantent. Ainsi LeMonde * nous promet du biocarburant à base d’algues et à « un faible prix de revient du baril ». Le corps de l’article est beaucoup moins optimiste. La fabrication industrielle de BFS (Bio Fuel Systems) doit démarrer seulement courant février. Et plutôt que de pétrole, les responsables de BFS préfèrent parler de « dépollution » et de « valorisation du CO2 ». Y’a plus que des nuances ! Quatre cinquièmes de page pour une simple start up, il faut lire attentivement la notice sur les générations de biocarburant pour déchanter. La première génération, bioéthanol ou biodiesel, entre en concurrence avec les cultures vivrières et de plus ont un bilan environnemental mitigé. La deuxième génération ne sera pas sur le marché avant 2020, pour ainsi dire jamais. La troisième génération dont s’occupe BFS sort à peine des laboratoires et attend encore sa validation à l’échelle industrielle.

                Le journaliste Pierre le Hir ne sait pas encore que les biocarburants doivent être appelés agrocarburants car ils ne contribuent pas à la vie biologique mais dépendent d’un système agricole industrialisé qui détériore l’environnement. Pierre le Hir se vend au système commercial ; il vante la filière algues pour les trois raisons habituelles avancées par l’oligarchie techno-scientifique :

          Faisons vite avant que d’autres effectuent le saut technologique. Or la compétitivité internationale ne veut plus rien dire quand les Chinois deviennent au moins aussi performants que les anciens pays industrialisés dans tous les domaines.

          Protégeons nos équipes de recherche, influencées par des lobbies comme Adebiotech (valorisation des biotechnologies), une structure invisible sur Internet, mais influente auprès des journalistes. On sait jamais, nos chercheurs peuvent s’expatrier !

          Demain, tout sera pour le mieux demain dans le meilleur des mondes, projet Salinalgue, projet Safeoil…Et dans notre poche aujourd’hui que sautent les subventions !

* LeMonde du 29 janvier 2011, la révolution du « pétrole bleu »

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l’effondrement volontaire de la population

Alain Frachon* craint une population mondiale qui ne compterait pas assez de jeunes pour prendre en charge les vieux. Il évoque une société 4-2-1 où un enfant va avoir la responsabilité, une fois adulte, de prendre en charge ses deux parents et ses quatre grands-parents. Le Chine devra inventer l’Etat-Providence pour des dizaines de millions de plus de 75 ans. Alors Alain Frachon préconise un solide taux de natalité et une immigration dynamique pour conserver l’élan démographique. Il se situe du côté de l’optimisme démographique béat qui pense que les actifs en 2050 ne seront pas des chômeurs, que les caisses de retraite seront pleines dans les pays anciennement développés comme nouvellement industrialisés, que les Etats seront encore solides et les gens solidaires. Il rêve. Comme le démographe Alfred Sauvy qui pensait que la France pouvait facilement supporter une population de 100 millions d’habitants, et la Terre de 50 milliards. Mais 9 milliards en 2050, c’est déjà trop.

Nicholas Georgescu-Roegen proposait une diminution progressive de la population jusqu’à un niveau où une agriculture organique suffira à la nourrir convenablement. Arne Naess considérait qu’une diminution substantielle de la population humaine permettrait l’épanouissement de la vie non humaine comme des cultures humaines. William Stanton dans son livre The Rapid Growth of Human Population (2003) est beaucoup plus virulent. Il vise à une réduction progressive de la population sur 150 ans à un taux égal à celui de la déplétion du pétrole afin d’éviter le  cauchemar d’une réduction brutale à travers guerres, famine, etc. Les ingrédients en sont les suivants :

« L’immigration est interdite. L’avortement est obligatoire si le fœtus s’avère très handicapés. Quand par l’âge avancé, un accident ou une maladie, un individu devient plus un poids pour la société qu’un bénéfice, sa vie est humainement arrêtée. Aux sentimentalistes qui ne peuvent pas comprendre le besoin de réduire la population de la Grande-bretagne de 60 millions à environ 2 millions sur 150 ans, et qui sont outrés par la proposition de remplacement des droits humains par une froide logique, je pourrais répondre : Vous avez eu votre temps. »**

* LeMonde du 28 janvier 2011, Démographie mondiale : la croissance ralentit

** cité par Serge Latouche, Le pari de la décroissance (2010)

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assistance au suicide et liberté humaine

Mourir est d’une banalité extrême. Non seulement il nous faut bien mourir un jour, mais l’espèce humaine s’ingénie à hâter notre trépas : victimes directes et collatérales des conflits armés, assassinats en tous genres, accidents du travail, de la route, domestiques, cancers causés par l’environnement que nous avons fabriqués, etc. Dans ce contexte de morts en série, l’art de la mort volontaire devrait tendre au consensus social, interruption volontaire de grossesse et assistance médicale au suicide. Mais si en France l’avortement est légalisé, le droit à l’euthanasie pose encore problème*.

                Le Premier ministre François Fillon n’est pas péremptoire : « Je sais que c’est un débat où aucune conviction n’est indigne (…) Il n’y a pas de débat interdit sur la fin de vie car c’est un débat de nature politique, au sens le plus noble du terme… », mais « à titre personnel, je suis hostile à la légalisation d’une aide active à mourir ». Nous n’insisterons pas sur les médecins qui veulent agrandir leurs unités de soins palliatifs et qui sont donc contre l’euthanasie active. Nous n’insisterons pas sur cet activisme médical qui refuse d’accepter l’échec d’une thérapie et qui consent pourtant à l’acharnement sur un mourant. En Allemagne et en Grande-Bretagne, dit la sociologue Ruth Horn, le patient peut réclamer l’assistance médicale au suicide, acte accompli par l’intéressé lui-même. En France on continue de pratiquer dans le silence des couloirs de la mort une euthanasie passive. Abréger ses souffrances doit-il relever du pouvoir des médecins ou de la libre volonté personnelle ? Nous considérons que mettre un terme à sa vie relève du choix de la personne.

Pratiquons les « directives anticipées », cette possibilité offerte à l’individu de donner des indications concernant ses préférences thérapeutiques lorsqu’il n’est plus en état de les exprimer. Obligatoire en Allemagne, contraignant en Angleterre, c’est seulement un avis consultatif en France. Halte au pouvoir des médecins sur notre vie ! Pour nous, toute euthanasie volontaire est un acte de liberté consciente qui responsabilise l’individu tout en allégeant le poids de l’empreinte humaine sur la biosphère.

* LeMonde du 25 janvier 2011, Nouvelle bataille sur la législation de l’euthanasie.

** LeMonde du 25 janvier 2011, légaliser l’aide active à mourir serait une erreur, estime le premier ministre.

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l’avortement dans la dignité

Le collectif En marche pour la vie revendique « la reconnaissance de la dignité humaine dès la conception ». C’est reconnaître la dignité de la vie humaine dès l’union du spermatozoïde et de l’ovule. Un peu court comme argumentaire, ce qu’on appelle dignité doit être justifié. Car la dignité pour les uns n’est pas la dignité pour les autres, certains revendiquent même le droit de mourir dans la dignité. Il n’est d’ailleurs pas anodin de constater que le collectif pro-life soit composé de Chrétienté-Solidarité, la Confédération nationale des familles chrétiennes ou Renaissance catholique* : la dignité oui, mais pour eux au sens religieux ! Pour notre société laïque au contraire, qui s’est débarrassée des fantasmes de la crédulité manipulée (Jésus n’a rien dit de l’avortement), la dignité et la sécurité des femmes passe par une prise en charge collective qui essaye de « civiliser » les avortements clandestins.

Notons quand même qu’il y a échec relatif de la régulation volontaire des naissances. Il est en effet malheureux de  constater que la libéralisation de la pilule et du condom n’empêche pas l’avortement : la France comptabilise encore chaque année environ 200 000 avortements pour 800 000 naissances. Mais l’échec est humain, n’ajoutons pas de la culpabilité comme le voudraient ces quelques milliers de personnes anti-IVG qui ont défilé à Paris le 23 janvier pour le 36e anniversaire de la loi Veil. Ces manifestants veulent-ils encore et toujours plus d’avortements clandestins ? Ces militants de l’extrême sont-ils aussi comme leur pape hostiles au préservatif ? La réflexion peut-elle être encore de ce monde ?

Du point de vue de la biosphère, toute naissance non désirée contribue non seulement au malaise social, mais à la surpopulation humaine.

* lemonde.fr du 24.01.2011, les anti-avortements ont défilé à Paris

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bien parti pour la décroissance

Les Décroissants présentent des candidats aux cantonales. Ils ont bien du courage. Pourtant leurs « 10 chantiers de la Décroissance » méritent attention :
1. Valoriser l’expérimentation locale, associative et collective, encourager le bon usage. Faire évoluer le rapport à la propriété et au partage des richesses. Construire une politique de « ménagement du territoire » au service des individus.
2. Inciter la population à privilégier les transports doux (vélo et marche à pied) ou collectifs en augmentant les dessertes des bus et en pratiquant une politique tarifaire attractive. Créer des services de co-voiturage et de voitures partagées.
3. Développer une agriculture paysanne (biologique et de proximité) qui protège l’environnement et enrichit la vie rurale, en facilitant la mise à disposition de terres cultivables. Rechercher l’autonomie individuelle et locale par les jardins partagés, la mise en place de réseaux et les circuits courts, grâce aux subventions accordées aux associations et aux communes. Permettre aux collèges de préparer les repas de cantine à partir d’aliments biologiques locaux.
4. Mettre en œuvre des plans de réduction de la consommation d’énergie, encourager la production locale d’énergie avec le fond d’aide à l’énergie. Agir pour le recyclage et le tri à la source des déchets ménagers.
5. Promouvoir la mise en place d’une dotation inconditionnelle d’autonomie (DIA), à travers des droits de tirage sur les services publics, regroupant également les différentes activités de l’aide sociale, et aussi la santé, la culture, les transports, l’énergie, l’eau, la nourriture, l’accès au foncier, l’information, et la formation.
6. Concevoir des conférences au niveau départemental sur l’innovation sociale et écologique en particulier sur les expériences coopératives, l’habitat partagé, l’économie sociale et solidaire et la limitation des revenus.
7. Relancer la « production » de biens basés sur les échanges relationnels et conviviaux par le soutien ou la création de monnaies locales et régionales, de Systèmes d’Echanges Locaux, de groupement d’achats et de banques du temps.
8. Encourager une croissance de la richesse des rapports humains en soutenant la transmission des savoir-faire traditionnels locaux. Aider les pédagogies alternatives. Soutenir les initiatives d’auto-construction dans le domaine de l’habitat (par, entre autres, le fond de solidarité pour le logement).
9. Réorienter la recherche et la formation vers la transition écologique et créer des filières dans les domaines de l’alimentation, de l’énergie, de l’habitat, des transports, de l’artisanat et du tourisme écologique.
10. Permettre aux citoyens de s’impliquer réellement dans les instances de démocratie participative, organiser rencontres et débats. Œuvrer contre l’agression publicitaire et soutenir la mise en place de médias locaux indépendants.
Pour les rejoindre :
http://www.partipourladecroissance.net/

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technologie, ça sent le gaz

Le gaz de schiste nous empêche de penser. Heureusement que LeMonde magazine* nous ouvre les yeux : « Nous sommes sauvés : voici le gaz de schiste… La France serait assise sur d’importantes réserves de ce gaz naturel en tout point semblable à celui que l’on connaît sauf qu’au lieu d’être concentré au sein de poches souterraines, celui-ci est disséminé dans ces argiles profonds et imperméables… La technologie de la fracturation hydraulique est la clef monstrueuse d’une révolution énergétique lourde de conséquences pour l’environnement. » Voici quelques réactions significatives des commentateurs sur lemonde.fr :

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          Toutes les énergies pseudo-nouvelles se veulent « propres », selon des critères spécifiques et opportunistes. Mais le gaz naturel, sous ses formes traditionnelles ou exotiques, n’est jamais qu’un hydrocarbure fossile, dont la combustion produit inévitablement du CO2.

          Ce mode d’extraction est une horreur. Recherchez « nappes d’eau contaminées au Canada » : des régions entière devenues inhabitables faute d’eau potable. La contamination se fait via la silice injectée, ou à cause d’une concentration importante en gaz dans l’eau. Tous ceux qui ont eu affaire à ces exploitations disent que malgré la forte somme d’argent reçue pour la permettre, ils ne le referaient pas.

          Aux USA les contaminations des nappes phréatiques sont nombreuses. Au Québec les études exploratoires ont démontré des défauts structuraux dans le calfeutrage des puits. Et voilà que par décret et sans débat ni évaluation le gouvernement donne des concessions d’exploration en France !

          Tiens donc, en France aussi ? Est passé sur TV5 un bon docu sur le gaz de schiste au Canada. Forages longs et coûteux, qui ratent, ou bien fracturation du schiste non maîtrisable, à 1000 mètres sous terre et en aveugle, le gaz passe dans la nappe phréatique. Expérience : remplir une bouteille de l’eau du robinet, allumer un briquet au dessus : ça brûle (le gaz sature l’eau).

          Ca ne coûterait pas moins cher de travailler sur les économies d’énergie? Améliorer l’isolation thermique ( et phonique par la même occasion) et la ventilation de nos bâtiments, travailler sur des appareils à la moindre consommation en énergie et en eau, chasser le gaspillage. Plutôt que de subventionner l’électricité comme cela se fait actuellement, subventionnons les réductions de consommation d’énergie !

          Économie d’énergie d’abord et surtout. Suppression de l’éclairage public inutile, autoroutes, monuments et publicités, ordinateur allumés, veille d’appareil en toute sorte (et surtout dans les entreprises) : rendons la clarté au ciel nocturne – http://www.anpcen.fr. Donc moratoire sur le gaz et pétrole de schiste.

          Bordel ! qu’est-ce qui tourne mal dans ce monde ? Ah oui, l’argent. Tout le monde peut crever tant que ça ramène de l’argent.

          On fait fausse route en s’en prenant à « l’argent » : beaucoup de trafics infâmes, drogue, prostitution, armes, n’existeraient pas s’il n’y avait pas de clients. Soyons raisonnables, faisons-nous mêmes le choix entre une terre habitable et certains éléments de confort personnel, et faisons passer ce choix dans la loi : interdisons universellement les gaz de schiste, et ni Total ni aucune mafia ne pourra nous convaincre d’en consommer.

          Il y a 50 ou 60 ans, on ne chauffait en Savoie qu’une seule pièce par maison. On dormait sous un empilement d’édredons dans une pièce non chauffée. A Paris les enfants se couchaient dans un lit glacé avec une bouillotte. On se chauffe trois fois plus et pendant le même temps, la population de la planète a triplé. Et s’il n’y avait que le chauffage !

          On en arrive à souhaiter que la crise pétrolière actuelle, dont la deuxième gifle ne devrait tarder à arriver, mette un terme à toutes ces porcheries. Et c’est d’ailleurs très probablement ce qui va se passer.

* LeMonde magazine du 22 janvier 2011

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