où sont les traîtres ?
Quelqu’un qui quitte les Verts pour adhérer au parti socialiste est-il un traître ? Quelqu’une qui préfère militer à l’UMP est-elle traître à l’écologie ? Les Verts français se disaient à l’origine « ni droite-ni gauche ». En 1980, une multitude de mouvements citoyens donne naissance aux Verts allemands, un « parti antipartis ». Mais de 1997 à 2002, les Verts français ont participé au gouvernement avec le parti socialiste (la gauche plurielle). Mais de 1998 à 2005, les Verts allemands ont participé au gouvernement avec les sociaux-démocrates. Cela n’empêche pas des ministres de droite comme Serge Lepeltier, NKM ou Chantal Jouanno d’être vraiment des écologistes. Et le maire Vert de Tübingen prône une alliance au niveau fédéral entre son parti et les chrétiens-démocrates (LeMonde du 27 janvier). L’UMP Nathalie Kosciusko-Morizet peut même écrire dans son livre : « Nous avons besoin aujourd’hui d’entendre les prophètes, y compris les prophètes de malheur. L’écologie se nourrit de prophéties. Il faut discerner dans les ténèbres le risque de se retrouver, bientôt, perdus et défaits au milieu d’une planète devenue malade et hostile. »
Ce ne sont pas les différents régimes de propriété des moyens de production qui déterminent les modalités d’exploitation de la nature mais bien la mentalité de ceux qui prennent des décisions importantes. C’est avec sagacité qu’André Gorz avait subsumé l’économie contemporaine capitaliste et socialiste sous un concept plus large, l’industrialisme (le productivisme). La vieille séparation entre droite et gauche s’effrite, les anti-capitalistes peuvent être de farouches productivistes.
Il y a des traîtres à l’écologie qui composent actuellement la majeure partie du parti socialiste comme du parti de Sarkozy. L’avenir séparera ceux qui ont conscience des limites de la biosphère et ceux qui n’ont aucune conscience.
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