Les vers de terre, indispensables à la terre et donc à l’agriculture.
Christophe Gatineau, agronome : « Sans sols pour le nourrir, quand l’homme a faim, exprime-t-il dans ces moments-là sa plus belle humanité ? Le temps presse, les vers de terre et les sols battent de l’aile, et le climat n’aide pas. Pour résumer, les vers de terre nourrissent les sols qui nourrissent les plantes qui nous nourrissent ; ou nourrissent les animaux que nous mangeons. Nous devrions tous savoir qu’un sol, riche en vers, est fertile, solide et vivant. La situation est grave à l’heure où la pression sur les sols est historique. A cause de la population mondiale qui atteint des sommets, à cause de notre alimentation qui dépend de 95 à 100 % des sols avec nos régimes alimentaires. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, les experts du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ont prévu une importante baisse des rendements agricoles dans leur dernier rapport. Rappelons-nous : la terre qui nourrit est une denrée rare, il faut au moins cent cinquante ans pour en refaire un seul petit centimètre ! Dans ce contexte, les vers de terre sont les seuls animaux capables de labourer les sols et de les rajeunir en permanence. Et ils en brassent beaucoup : jusqu’à 500 tonnes par an et par hectare sous nos latitudes. Raison pour laquelle ils sont la colonne vertébrale des sols vivants, des créateurs de fertilité, des laboureurs infatigables. »
Lire, Vers de terre et humains, même combat
Le 3 mai 2018, l’astrophysicien Hubert Reeves affirmait : « La disparition des vers de terre est un phénomène aussi inquiétant que la fonte des glaces. » Le 14 décembre 2021, les vers ont fait leur entrée au Journal officiel. L’Etat reconnaît officiellement leur rôle essentiel : « Garants de sa bonne santé, leur rôle est considérable : ils assurent le cycle des nutriments, la transformation du carbone ou encore la régulation des ravageurs et des maladies. La monoculture, le labour profond et les produits phytosanitaires affectent aujourd’hui cet équilibre en appauvrissant les terres. » Or l’État dépense tous les ans plus de 30 millions d’euros d’argent public pour maintenir le loup, et pas un seul centime pour le ver de terre ou son habitat. C’est l’écart qui choque.
Lire, un seul ver de terre vaut autant que le tigre
Quelques réactions prévisibles :
Radja : J’étais un pécheur de saumon et pour cela il faut des vers , surtout en début de saison , j’avais l’habitude en fin d’hiver , de chercher des champs ou le paysan passait sa charrue et je trouvais des vers à profusion puis est venu le maïs en Bretagne et il m’est arrivé de suivre une charrue pendant une vingtaine de minutes sans trouver un seul lombric . Quelques vers blanc ou jaunâtres résistaient encore mais c’était désespérant , quelques années plus tard ce sont les saumons qui ont pratiquement disparu des rivières bretonnes et cela a résolu mon problème !
Patrick Lavelle : On pourrait raconter a l’infini des histoires vraies et passionnantes sur les vers de terre qui se débrouillent pour rendre fécond leur accouplement homosexuel entre mâles, soignent et fortifient les plantes avec…..leurs crottes, lesquelles une fois durcies deviennent des grumeaux, petits coffres forts centimétriques où se conserve la matière organique, empêchant qu’elle ne se transforme en gaz à effets de serre… Il est temps qu’on intégré le maintien de leurs activités dans les pratiques agricoles et que l’État investisse dans cette recherche pour pouvoir nous passer des pesticides et développer la fertilisation organique.
Épi-logos Misothée : Malgré ce qui disent beaucoup, le Roundup ( glyphosate) tue aussi les nématodes. Un terrain ou les plantes ont été traités, perd 60 % de ses nematodes. Et se stérilise.
Dance Fly : Selon une étude récente (Pelosi et al. 2020) réalisée sur 180 échantillons prélevés dans la zone atelier Plaine et Val de Sèvre du CNRS, 80% des vers de terre analysés avaient par exemple accumulé de l’imidaclopride (un néonicotinoïde) avec parfois des concentrations jusqu’à 400 fois supérieures à celles retrouvées habituellement dans le nectar du colza. Une étude un peu plus ancienne de l’Inra (2014) suggérait que 80% des vers de terre avaient déjà disparu des milieux agricoles à cause de leur grande sensibilité aux pesticides. Mais les pesticides ne sont pas les seuls responsables: l’utilisation massive des engrais chimiques sont une des causes principales de la mort des sols. Une transition globale du modèle agricole devient urgente.
Jean Rouergue : le vers sous toutes se formes va devenir une espèce rare, le vert de gris devrait le remplacer car la faim a toujours eu des suites violentes…
Michel SOURROUILLE : Charles Darwin a fait un récit fascinant sur le ver de terre qui participe activement à la vie complexe du sol. L’humus, qui résulte du processus cyclique entre croissance et décomposition, peut aussi être considéré comme un être vivant. Sans humus et ver de terre, il n’y a plus d’agriculture productive, il y a la famine. Or nous détruisons l’humus et les vers de terre aussi bien que les tigres. WWF (le spécialiste du panda) et l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) privilégient des espèces emblématiques. On abandonne à leur sort ce qui n’est pas jugé gros et mignon : l’ours polaire attire plus l’attention que le ver de terre. Il faut au contraire prendre le point de vue des vrais défenseurs de la nature pour qui toutes les espèces même les plus humbles sont essentielles. Réfléchissez, vous les agriculteurs productivistes, chaque fois que vous mettez un grain de potasse sur un ver de terre, il en meurt.
Tous les hommes de l’humanité actuelle descendent de créatures vermiformes dans le genre sangsue ou ver de terre… Bien sûr, ça se voit plus sur certaines personnes.
– « Est-il vrai que les vers de terre représentent 80% de la biomasse terrestre ?
[…] les vers de terre représentent plus de 50 % de la biomasse animale terrestre (donc sans compter les espèces aquatiques) «en zone tempérée». Ils peuvent représenter jusqu’à 80 % de cette biomasse en fonction de la composition du sol. […] En fonction du type de sol étudié, l’abondance des vers de terre varie grandement. [etc.]» (19 septembre 2018 sur liberation.fr )
Que les pesticides et la potasse leur mènent la vie dire, je veux bien. Mais sérieusement, peut-on dire que les vers de terre sont en voie de disparition ? Combien de temps leur faut-il pour repeupler un sol d’où ils auraient quasiment disparus ? Et mis à part qu’ils sont plutôt moches, que dire de ces vers qui n’ont rien à faire «chez nous» ? Comme celui qui nous vient d’Argentine (Obama nungara), et l’autre d’Asie (Humbertium covidum).