Croire en Dieu ne va plus de soi. Fini les arguments d’autorité. Après les différent schismes religieux, après la loi de séparation des Églises et de l’État en 1905, vive la liberté de conscience ! Un transfert de transcendance s’opère alors entre la religion et l’idéal politique ou économique. Mais croire à la révolution prolétarienne ou aux miracles du progrès technique, ça fait maintenant ringard. Les promesses du bonheur terrestre par lesquelles on avait cru pouvoir remplacer les promesses du bonheur céleste ont été complètement décrédibilisées . Alors place au vide ? Les humains sont incapables de faire le vide dans leur cerveau, il faut combler le manque. Car ne plus croire en rien, c’est ne plus savoir où aller, et il faut bien partir quelque part. D’ailleurs, il y a toujours quelqu’un pour nous suggérer, et le plus souvent pour nous imposer, une destination finale. Alors qui croire ?
La vérité scientifique ne peut que répondre à la question du « comment », elle reste muette quant à celle du « pourquoi ». Nos sociétés ultra-modernes se trouvent donc face à une crise du « croire » inédite ; douter est à la mode, on doute de tout, surtout depuis qu’il y a des marchands de doute. Et dans le même temps on croit à n’importe quoi, c’est la magie des réseaux sociaux. Avec Internet, les connaissances ne sont plus soumises aux autorités traditionnelles de transmission. Diffusé de manière anarchique, ce maelström s’apparente davantage à une accumulation foutraque d’informations qu’à un savoir maîtrisé capable de se substituer aux croyances déchues. En conséquence, vérité et opinion sont devenus des synonymes. Il est vrai que douter de tout ou tout gober, ce sont des solutions également commodes, qui l’une et l’autre nous dispensent de réfléchir. Les croyances, libérées de leur mise sous tutelle, se dérèglent ; follement crédule nous rend éperdument nigaud. Alors que les idéaux du passé, religieux ou séculiers, avaient vocation à inviter l’individu à faire corps avec la société, à se relier, à s’ouvrir à l’extérieur de lui, l’acte de croire apparaît souvent, de nos jours, comme un moyen d’exprimer sa singularité. Chacun peut bricoler son propre credo. Le fondamentalisme religieux n’est d’ailleurs que l’expression grossière du besoin de croire dans un monde qui a perdu ses repères ; le djihadisme a incité des milliers de jeunes Européens à vouloir mourir loin de chez eux. Bizarre ! La crispation identitaire réduit l’individu à une identité choisie, mais elle le coupe de tous ceux qui ne partagent pas son credo.
Il n’y a que l’écologisme pour donner une nouvelle image de la religion dans ce qu’elle a de meilleur, quand elle est fidèle à sa vocation d’être pourvoyeuse de lien et non de division ; n’oublions pas qu’une étymologie du mot religion est le latin religare, relier. « Moins de biens, plus de liens » est à la fois une revendication et un mode de vie. Cela redonne un sens à notre existence beaucoup plus puissant que celui des religions du passé . En effet l’écologisme s’appuie sur une réalité bien étudiée par les scientifiques, notre planète est exsangue et nous en sommes responsables. Nous devons devenir les guérisseurs de la Terre et les militants de la décroissance. Finalement la période actuelle nous offre la possibilité de nous réinventer. Écoutez ce que nous disait Pierre Fournier (1937-1973) :
« Nous sommes des prophètes de malheur. Nous sommes des emmerdeurs et des minoritaires indésirables. Admettre le bien-fondé de notre position d’écolo, c’est admettre qu’il faut tout remettre en cause, jusqu’aux habitudes physiques et mentales les plus confortables et les mieux ancrées. La révolution écologique consiste à tout remettre à l’endroit. »
Mais les avis sur le monde.fr sont très mitigés en matière de croyances. Pour Pierre Marie, la nouvelle croyance dans l’écologisme est effrayante… Pour Walpurgis , une seule solution: Greta Thunberg, la saint Thérèse du XXIème siècle ! Pour l’éternel sceptique, la croyance est surtout un problème dans ses outrances, quand elle devient dogmatisme, absolutisme, fanatisme. Il doit y avoir des tests simples pour s’y retrouver : admettez-vous que vous avez des croyances (si réponse négative, problème)… acceptez-vous que les autres aient des croyances différentes des vôtres (si réponse négative, problème) !
Michel Sourrouille, écrit en 2021.
Pour en savoir plus grâce au blog biosphere :
10 mai 2021, Liberté d’expression ou bien art de convaincre
27 septembre 2020, Croire au progrès, un vrai obscurantisme
1er mars 2020, Biosphere-Info, écologisme et religions (synthèse)
18 février 2020, L’écologisme concurrence les religions
14 mars 2019, Le Web, la toile qui nous fait prisonnier de nous-même
» Pour Walpurgis , une seule solution: Greta Thunberg, la saint Thérèse du XXIème siècle ! »
Entièrement faux ! J’explique et c’est très simple à comprendre, si la plupart des gens ont besoin de croire, c’est pour rechercher l’espérance et un sauveur, mais un sauveur pour les sauver eux-mêmes pendant la vie et après la mort. Or la soit disant Sainte Gretta est dans un processus inverse, elle demande à ses croyants de sauver la planète et là on rentre dans un processus à ce que ce soit les croyants qui doivent sauver quelque chose d’extérieur à eux et évidemment ça ne peut pas fonctionner à grande échelle ! Alors Sainte Gretta prêche dans le désert et elle n’est pas prête d’être aussi célèbre qu’un Jésus ou Mahomet et encore moins entendu si elle venait à publier la Bible ou le Coran de l’écologie.
Techniquement parlant, pour que ça fonctionne, il faudrait des prophètes des religions déjà existantes qui communiquent le fait que ce soit un ordre divin que de réparer l’environnement si chacun voulait obtenir le salut de son âme… C’est la technique qui a le plus de chance d’obtenir des résultats positifs aussi minces soient ils, toutes les autres solutions n’obtiendront aucun résultat positif…
Depuis l’antiquité les dirigeants (sauf les nôtres de notre époque) savent que c’est plus simple de convaincre la population a adopter un comportement par un système de croyance plutôt que par la raison. Par exemple, la Bible interdit de manger des crustacés, probablement qu’à une certaine époque, des crustacés ont du être vecteurs de maladie (surtout à une époque où il n’y avait pas de frigo).
Alors pour éviter qu’une infection alimentaire se propage, c’était plus simple de dire que Dieu interdisait de les manger que de tenter d’expliquer à la population (majoritairement affamée) que c’étaient les crustacés qui les rendaient malades (surtout avec des microbes et bactéries invisibles à l’œil nu)
Beaucoup de gens ne supportent pas l’athéisme, y compris les athées eux-mêmes, parce qu’avec l’athéisme il n’y a pas d’espérance comme béquille morale dans la vie (d’où le fait que les drogues et anti-dépresseurs se vendent de plus en plus) et surtout on est dans un état de conscience de solitude ! Même en étant entouré de milliers de gens autour de toi tu te sens seul, tu es seul face aux autres, et tu n’as plus rien pour guider tes choix, et les doutes s’installent et même se propagent. D’où le fait que les religions permettent de relier les individus pour leur offrit une assurance, ce que ne fait pas l’athéisme !
Ces temps-ci Biosphère nous invite à réfléchir, ce qui n’est pas pour me déplaire. 😉
Il est vrai que notre époque est marquée par le nihilisme, je serais curieux de savoir ce qu’en dirait Nietzsche aujourd’hui.
En tous cas, comme dit Biosphère, «ne plus croire en rien, c’est ne plus savoir où aller».
Et comme dit le Professeur Shadoko, «quand on ne sait pas où l’on va, il faut y aller, et le plus rapidement possible». Et c’est ce que nous faisons. En attendant, croire en rien ou en n’importe quoi, pour moi ça revient au même.
– « Il n’y a que l’écologisme pour donner une nouvelle image de la religion dans ce qu’elle a de meilleur, quand elle est fidèle à sa vocation d’être pourvoyeuse de lien et non de division»
Jusqu’à cette phrase j’étais en total accord avec Biosphère. Ensuite je le suis moins.
Didier Barthès a dit (à 18 :57) : « Je ne lierais pas ainsi religion et écologie ». Moi non plus.
Déjà il existe un flou sur l’étymologie du mot «religion», pour les uns c’est «relier», pour d’autres c’est «relire». Et quand bien même nous accepterions les deux, je pense que la spiritualité reste préférable à la religion. La spiritualité ne nous impose pas une religion, ni même un dieu.
La religion c’est commode, ça nous dispense de réfléchir. De ce côté là croire et douter c’est pareil. Par contre chercher à savoir, ça c’est une autre paire de manches.
D’autre part les religions agacent, surtout en plein nihilisme. Loin de relier elles divisent, elles sont sources de conflits. Et l’écologisme vu comme une religion ne fait pas exception, il ne faut donc pas s’étonner des réactions que suscite (Sainte) Greta.
En attendant, nous avons à notre disposition suffisamment de données (et d’outils) pour parfaire notre savoir. Quant aux questions sans réponses (Pourquoi existe t-il quelque chose plutôt que rien ? etc.) elles resteront évidemment sans réponses. Maintenant je me demande combien sont ceux qui se les posent encore.
Ah non, je ne trouve pas que la religion dispense de réfléchir, je ne vois pas pourquoi. La foi n’est pas une abdication de l’intelligence qui se mettrait sous le couvert d’un être supérieur qui lui enlèverait toute autonomie de jugement et d’action. En tout je ne vois pas du tout les choses ainsi. D’ailleurs il y a beaucoup de philosophes croyants.
Pour moi, les religions qui dispensent de réfléchir sont celles qui sont vides de toute spiritualité. Ceci dit, j’admets évidemment que la religion n’en empêche pas certains de réfléchir. D’ailleurs c’est vrai, il existe des philosophes et des brillants scientifiques qui sont croyants. En tous cas ce n’est pas pour rien que Marx disait que la religion était l’opium du peuple.
Je ne lierais pas ainsi religion et écologie
L’écologie répond à des questions d’ordre matériel : préserver la vie terrestre et aussi spirituelles, (respecter le vivant et la beauté du monde). Elle s’appuie sur la réflexion et sur la fascination pour le beau.
Mais elle ne répond pas aux questions sur la nature de la conscience ou même sur celle du réel, (le spirituel est-il l’émanation du réel ou le réel n’est il qu’une représentation construite par la conscience ?). L’écologie ne répond pas à la question : « Pourquoi existe-il quelque » chose plutôt que rien ? » que je considère comme la question incontournable (on ne peut la négliger que par décret personnel, mais elle subsiste).
En ce sens, il existe un domaine spécifiquement religieux (qui inclut l’existence de l’esprit au delà de notre enveloppe matérielle) et ce domaine là est le domaine exclusif de la religion aussi sympathique soit l’écologie.