En Allemagne, les autorités criminalisent le mouvement écologiste radical Letzte Generation(« dernière génération »). Pourtant le mouvement écologiste est d’essence non-violente. Par contre la violence d’État par justice interposée signifie l’absence de sensibilité écologique d’un gouvernement quand il réprime férocement les militants. C’est le déni gouvernemental de l’urgence écologique qui fait en sorte que la non-violence peut se transformer en contre-violence, par exemple par la destruction de biens nuisibles à la planète. Saboter un pipeline, est-ce de la violence ? L’existence du pipeline n’est-il pas déjà une violence ?
Un échange significatif de l’aveuglement de certains
Untel : Le gouvernement allemand, où figurent des écologistes, est tout à fait compétent pour identifier des criminels qui se font passer pour de doux rêveurs écologistes.
Peps : Après des dizaines d’assassinats perpétrés par la Fraction Armée Rouge, les Allemands sont bien plus lucides sur ces groupuscules d’extrême-gauche, qui sous couvert d’écologie, reviennent à la charge avec des projets de révolution bolchévique meurtrière…
Michel SOURROUILLE : Untel et Peps, vous ne répondez pas à la question : « Saboter un pipeline, est-ce de la violence ? L’existence du pipeline n’est-il pas déjà une violence ? ». De votre part, c’est significatif d’une rhétorique qui se contente d’attaquer en confondant le rouge et le vert au lieu d’approfondir la problématique de l’urgence écologique. La bande à Bader, je connais, c’était de l’enfantillage meurtrier. Le réchauffement climatique, c’est du dur et du durable !
Thomas Wieder : Fondée en 2021, Letzte Generation s’est fait connaître par ses actions spectaculaires : grèves de la faim, jet de purée sur la vitre protégeant une toile de Monet dans un musée de Potsdam, intrusions dans des aéroports conduisant à l’interruption du trafic aérien, perturbations d’événements sportifs ou culturels… Rien qu’à Berlin, 2 525 procédures judiciaires ont été ouvertes contre des militants de ce mouvement en un an. Un palier a été franchi dans le bras de fer : sept personnes, suspectées d’avoir « organisé des levées de fonds » d’un total de 1,4 million d’euros dans l’intention de « commettre des actes criminels », sont visées par une procédure. Deux d’entre elles sont soupçonnées d’avoir tenté, en février 2022, de saboter l’oléoduc reliant Trieste à Ingolstadt. Plusieurs grands médias allemands, comme le Spiegel ou la Süddeutsche Zeitung, ont exprimé leurs réserves face à cette série de perquisitions conduites au nom du paragraphe 129 du code pénal, qui définit les « organisations criminelles » comme mettant en péril la sécurité publique. Cette législation s’appliquait plutôt aux groupes mafieux ou d’extrême droite.
« Ils nous font peur, mais nous ne devons pas céder. Le gouvernement nous conduit les yeux fermés vers un enfer climatique et appuie sur la pédale d’accélérateur », a déclaré la porte-parole de Letzte Generation.
Nos articles antérieurs sur la légitimité de la contre-violence
Transgressons une légalité écocidaire !
extraits : Le luddisme, c’est en Angleterre au XIXe siècle la résistance des artisans à domicile contre l’extension des manufactures. Ils ont brisé des machine qui détruisaient leur gagne-pain. Si ce mouvement avait réussi, la révolution industrielle n’aurait pu avoir lieu avec les conséquences qu’on connaît aujourd’hui, l’épuisement des ressources fossiles et le réchauffement climatique au détriment des générations futures.
Hymne au sabotage dans Le Guardian
extraits : Chacun sait maintenant, au moins à un certain degré de conscience, ce qui est en jeu. De nouvelles formes de résistance sont en train de naître. Nous pouvons détruire les machines qui détruisent cette planète. Si quelqu’un a placé un engin incendiaire à l’intérieur de l’immeuble où vous vivez, si les fondations sont déjà en feu et que des gens meurent, nous serions nombreux à estimer que vous avez l’obligation de mettre l’engin hors d’état de nuire. C’est là l’argument moral qui, à mon sens, justifie la destruction des propriétés et des infrastructures du capital fossile. Cela n’a rien à voir avec le fait d’attenter à des corps humains, action pour laquelle il n’existe aucune justification morale.
Contre-violence par destruction de bien
extraits : Comment lutter sur une planète qui brûle ? Comment lutter contre un système techno-industriel qui soutient le capital fossile ? Comment faire réfléchir une population cernée par des moteurs thermiques ? Il faut se rappeler les propos de Françoise d’Eaubonne au début des années 1970, le jour où elle fut scandalisée d’entendre un ami lui dire : « Le problème de la révolution passe au second plan devant l’urgence écologique. Le prochain acte réellement révolutionnaire sera l’attentat contre une centrale nucléaire en construction. Le Capital en est au stade du suicide, mais il tuera tout le monde avec lui ». Il lui aura fallu plus d’un an pour assimiler la profondeur de cette vérité.
Au nom de la « contre-violence », Françoise d’Eaubonne participera à la lutte contre l’énergie nucléaire en commettant avec d’autres un attentat à l’explosif le 3 mai 1975 contre la centrale de Fessenheim, retardant de quelques mois son lancement…Elle a assumé cette position radicale jusqu’au bout puisque dans ses derniers tomes de mémoires elle écrit : « La contre-violence semble très indiquée comme retournement de l’arme de l’ennemi contre lui-même ; il va de soi que les attentats ne visent que des points de rupture précis du front ennemi, économisant au maximum les vies humaines, utilisant les moyens destructifs pour instruire le plus grand nombre possible d’abusés du sens de cette guérilla urbaine. » (Françoise d’Eaubonne, « Écologie et féminisme (révolution ou mutation ?) », première édition en 1978)
Action (non-)violente pour la décroissance !?
extraits : Andreas Malm : Deux membres des Catholic Workers, Jessica Reznicek et Ruby Montoya, tout au long du printemps 2017, ont perforé à plusieurs reprises un pipeline en construction. Elles justifient : « Après avoir épuisé toutes les formes d’action possibles, dont la participation à des réunions publiques, la collecte de signatures pour réclamer des études d’impact environnemental, la désobéissance civile, les grèves de la faim, les manifestions, boycotts et campements, nous avons constaté l’incapacité évidente de notre gouvernement (américain) à entendre les revendications populaires. »…
Elles ont fini par sortir de la clandestinité en revendiquant publiquement leurs actions : « Nous prenons la parole pour encourager d’autres à entrer dans l’action, le cœur pur, pour démanteler l’infrastructure qui nie notre droit à l’eau, à la terre et à la liberté. »
Urgence écologique, le rôle de la violence
extraits : Presque toutes les mobilisations qui ont fait changer les choses ont intégré une composante de violence. La révolution chilienne en 2019 a commencé quand des manifestants sont entrés dans le métro et ont détruit les automates. En Iran, dans la crise déclenchée par la mort de Mahsa Amini, on a parlé des écolières qui enlevaient leur hijab, mais il y a aussi eu des confrontations avec les forces armées. Les luttes sont amenées à s’intensifier, à mesure que le dérèglement climatique s’accentuera. (Andreas Malm)
Nature « criminelle » de la thermo-industrie
extraits : Criminel. Tel est l’adjectif utilisé par le parquet de Neuruppin (Brandebourg). En cause : les actions menées contre la raffinerie de Schwedt-sur-Oder. Les membres sont parvenus, à plusieurs reprises, à couper le robinet du pipeline qui l’alimente en pétrole.Où sont vraiment les criminels ? Ce n’est plus seulement nos guerres imbéciles qui interpellent, mais aussi l’extinction des espèces, les chocs pétroliers, les émissions de gaz à effet de serre, le réchauffement climatique, etc. Comment lutter sur une planète qui brûle ? Comment lutter contre un système techno-industriel qui soutient le capital fossile ? Comment faire réfléchir une population cernée par des moteurs thermiques ? Des militants, en s’attaquant à un complexe pétrolier, ne font que réagir à la violence de la société thermo-industrielle. Leur contre-violence est légitime, dire le contraire est criminel.
L’activisme écolo radical, une nécessité
extraits : Les manifestations pour le climat se sont essoufflées aussi vite que commencées, Greta Thunberg se contente de dire aux politiques qu’ils feraient bien d’agir, les Conférences internationales sur le climat depuis plus de 26 ans n’ont absolument rien changé aux émissions de gaz à effet de serre ! Pire, des irresponsables au pouvoir dans plusieurs pays font l’inverse de ce qu’il faudrait faire. Je me demande maintenant si une action contre les biens qui causent notre perte ne serait pas une obligation pour qui le sort des générations futures importe. Il est beaucoup trop rare de rencontrer des personnes qui prônent une action radicale contre la violence anti-écologique des biens consommés et des infrastructures actuelles, une contre-violence qui irait au-delà d’une non-violence jugée trop paisible.
Noël Mamère prend partie pour la castagne
extraits : La FNSEA vient d’élire à sa présidence le patron d’Avril, puissant groupe agro-industriel international, dont la devise « Servir la terre » sonne comme une provocation. Parce qu’elle se sent trahie, la génération de jeunes militants constate les limites des marches pour le climat et des happenings bon enfant. Elle se contentera de moins en moins de la désobéissance civile non violente, pourtant inscrite dans notre culture politique depuis le XIXe siècle. Pour cette génération, la désobéissance est devenue « résistance », avec tout l’imaginaire qui l’accompagne. Il ne faudra pas s’étonner si certains basculent dans des formes d’activisme incontrôlables. (Noël Mamère en avril 2022)
– « Saboter un pipeline, est-ce de la violence ? L’existence du pipeline n’est-il pas déjà une violence ? »
Tous à vos plumes vous avez 4 heures. 4000 caractères et pas un de plus !
280 pour les touiteurs. Bientôt 4000 aussi, si Musk réussit à changer l’ADN de Twitter. Les fainéants peuvent se faire assister par ChatGPT. Parce qu’ils le valent bien.
Merci Professeur, Wiki suffira : – « La violence est l’utilisation de force ou de pouvoir, physique ou psychique, pour contraindre, dominer, tuer, détruire ou endommager. Elle implique des coups, des blessures, de la souffrance, ou encore la destruction de biens humains ou d’éléments naturels. »
En deux clics la moitié du devoir de fait. Fastoche ! Réponse 1 : OUI
3h58 pour torcher le reste. Là par contre je sens qu’il va falloir que je me fasse violence.
Quoique. Pas trop quand même, juste ce qu’il faut. À moi la pression ON me la met pas !
Je la bois. ( à suivre )
Oui mais… la réflexion n’est-elle pas déjà une violence ?
Ou alors du masochisme… eh va savoir ! Et la contre-violence… c’est quoi la contre-violence ? N’est-ce pas là aussi une violence ? Et l’existence de Biosphère, n’est-elle pas là encore, une violence ? Mon dieu ce que ces questions sont compliquées !
Mon dieu ce que ce monde est compliqué, tordu !
En attendant, c’est sûr, le monde est violent. Sur les routes, dans la rue, les stades, les familles, le travail, etc. sans parler de la nature, la violence est partout.
Mais le monde est-il plus violent qu’avant ? Et avant quoi, d’abord ? En tout cas nous n’avoir jamais été aussi nombreux à le percevoir comme tel. ( à suivre )
Seulement un ressenti ne prouve rien. En plus des réelles violences et agressions, aujourd’hui tout et n’importe quoi peut être ressenti comme une provocation, une agression, bref comme une violence. Une loi, une règle, une question… à la con. Un simple regard, une parole, un mot, un commentaire… ressentis comme de travers. Même la seule présence, voire l’existence… de quelque chose. Une bassine, une éolienne, un SUV, un pipe-line… Sans parler d’Untel ou d’Ontellle, du Surnombre et des Autres.
– « La bande à Bader, je connais, c’était de l’enfantillage meurtrier. Le réchauffement climatique, c’est du dur et du durable ! »
Pour moi c’est dur de lire, ou d’entendre ça. Comme de voir ces jeunes cons qui balancent de la soupe sur un Van Goth.
– La société est-elle plus violente qu’avant ? ( 10 avril 2019 – radiofrance.fr )
Selon Jean-François Dortier (sociologue) la réponse est NON. Et si le sentiment de violence est plus élevé que les statistiques, pour lui la première raison ce sont les méRdias, qui sont fait pour ça (sic). Seulement il rajoute ceci :
– « […] parce que peut-être aussi le public adore ça. Regardez le nombre de romans policiers, de séries policières, de jeux vidéos qui parlent de la violence, nous sommes baignés dans un imaginaire de la violence, qui curieusement est en paradoxe complet avec notre situation de gens ordinaires qui pour la plupart sommes des pacifiques. »
C’est vrai qu’ON adore ça. Pas spécialement se foutre sur la gueule, ou tout péter, pour le simple plaisir de casser, non… ON adoooore tout connement se faire peur.