biosphere

de Mitterrand à Hollande, l’euphorie… puis la rigueur !

L’élection de Mitterrand en 1981 était la première alternance politique entre la gauche et la droite sous la Ve république. François Hollande est donc le deuxième socialiste à arriver sur la première marche. Mais il est fort probable que l’histoire se répète : nous passerons de l’euphorie de la victoire à la rigueur programmée par les circonstances géopolitiques.

1981. En application des 110 propositions du nouveau président Mitterrand, des mesures de relance de type keynésienne sont entreprises : augmentation sensible du SMIC, du minimum vieillesse, des allocations familiales. De nouveaux droits sont institués, possibilité de prendre sa retraite à 60 ans (ce qui est à contre courant du papi-boom qui s’annonce), nouveaux droits des travailleurs. Mais rapidement le déficit extérieur et les tensions inflationnistes conduisent à opter en 1982-83 pour la rigueur économique : la France est alors soumise à la contrainte extérieure (poids de nos importations) comme à la contrainte de la construction européenne (défense de la monnaie). La France se plie donc aux pratiques libérales de la désinflation compétitive, le PS pratique la désindexation salariale, les différences entre les pratiques économiques de la droite et de la gauche deviennent invisible.

2012, discours de Hollande à Tulle : « Aujourd’hui même, responsable de l’avenir de notre pays, je mesure aussi que l’Europe nous regarde, je suis sûr que dans bien des pays européens, cela a été un espoir, l’idée qu’enfin l’austérité ne pouvait plus être une fatalité (…) C’est la mission qui désormais est la mienne, c’est-à-dire de donner à la construction européenne une dimension de croissance, d’emploi, de prospérité, d’avenir. » On dirait du Mitterrand 1981, relance de la croissance !

En fait l’idée d’inventer, au plan national comme international, les voies d’une gestion tempérée des ressources de la planète est absente du logiciel social-démocrate de François Hollande. Plutôt que du Mitterrandien, nous aurions aimé que Hollande fasse du Castoriadis* : « La sortie de la misère ne pourrait se faire sans catastrophe que si l’humanité accepte une gestion de bon père de famille des ressources de la planète, un contrôle radical de la technologie et de la production, une vie frugale. Cela peut être fait, dans l’arbitraire et dans l’irrationalité, par un régime autoritaire ou totalitaire ; cela peut être fait aussi par une humanité organisée démocratiquement, à condition précisément qu’elle abandonne les valeurs économiques et qu’elle investisse d’autres significations. » Cécile Duflot se trompe en affirmant, au soir du 6 mai 2012, que « L’accession de François Hollande à la Présidence de la République est une chance pour l’écologie ». Car qui dit écologie dit frugalité des comportements, certainement pas croissance aveugle.

* C. Castoriadis, Le monde morcelé, Carrefours du labyrinthe 3, Seuil, Paris, 1990, p. 170.

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nos pronostics sur le quinquennat de François Hollande

La gauche comme la droite, quand elle prend le pouvoir, consacre les premiers mois de sa gouvernance à obéir à une règle constante : on récompense après l’élection les catégories sociales qui vous ont porté au pouvoir. Et puis, au bout de quelques mois, on fait régler la note de ses libéralités par l’ensemble du pays en invoquant « l’intérêt national ». Sarkozy, qui avait promis la rupture, a poussé cette pratique détestable jusqu’à la caricature : Président des riches, des grands groupes industriels et des lobbies au début de son quinquennat, puis père la rigueur et donner de leçons de responsabilité fiscale. Le Président François Hollande, qui croit que la social-démocratie imagine des politiques nouvelles, peut-il faire autrement que faire d’abord plaisir à ses amis pour se révéler autrement  plus tard ?

Après cinq ans d’incohérences sous la présidence de l’agité Nicolas Sarkozy va commencer cinq ans d’illusions avec son remplaçant placide François Hollande. Cela nous paraît évident quand on lit le dialogue* d’un Hollande atteint de surdité par rapport à la clairvoyance d’Edgar Morin. François se dit un « militant du progrès », croyant au mythe socialiste de « l’avancée de l’humanité vers un sort meilleur pour les individus ». Edgar lui répond que le progrès n’est pas une « loi automatique de l’Histoire ». François se positionne « pour un niveau plus élevé de croissance ». Edgar estime qu’il faut « rompre avec le mythe de la croissance à l’infini », « faire décroître l’économie des produits futiles… ».

Edgar met en évidence « les nuisances et catastrophes engendrées par le développement techno-scientifique », François croit que « la technologie peut nous aider » à lutter contre le gaspillage. Edgar veut « promouvoir les circuits courts » et « l’autonomie vivrière », il voit renaître dans les villages des « boulangeries-épiceries-buvettes ». Hollande s’accroche encore à la vieille idée de la décentralisation « pour harmoniser l’attractivité de tous les territoires », c’est-à-dire mettre en concurrence tous les territoires. Edgar constate que la gauche doit aussi être « écologique car notre devenir nécessite un effort pour sauvegarder à la fois la nature et notre propre nature humaine », François ne dira pas un mot des rapports de la gauche avec l’écologie. François Hollande en est encore au socialisme de Jaurès, il ne perçoit pas du tout que nous allons vivre une crise de civilisation comme essayait de lui faire ressentir Edgar Morin ! La fin de son quinquennat sera très agitée !

* LE MONDE du 5 mai 2012, Du progrès au pacte social, les pistes pour sortir de la crise de civilisation

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désarroi des écolos devant l’inertie Hollande-Sarko

Les présidentiables Sarkozy et Hollande ignorent complètement les dangers écologiques qui s’amoncellent, pic pétrolier, réchauffement climatique, stress hydrique, etc. Le désarroi des écologistes devant cette inertie politique est grand. Face au déni  socio-politique des contraintes planétaires, l’Ecologiste de mars 2012 expose deux types de réactions opposées, le repli sur soi ou le militantisme.

Paul Kingsnorth* : « J’avoue avoir abandonné certaines compagnes environnementales. L’acceptation de l’inévitable n’est-elle pas de simple bon sens ? Les tendances qui mènent au désastre ne vont pas disparaître même si nous travaillons dur. Mon projet Dark Moutain ne se propose pas d’arrêter le changement climatique ou de civiliser le capitalisme. Nous refusons de résoudre les problèmes écologiques par la politique ou la science. Nous avons lancé un site Internet. Notre manifeste de décivilisation d’une vingtaine de pages évoque la fin de la croissance, l’effondrement de nos modes de vie. C’est un appel aux artistes pour briser le mythe de notre séparation de la Nature, pour raconter de nouvelles histoires, de nouveaux mythes. Nous créons le lieu où explorer ce qui se passe quand les certitudes s’évanouissent. Notre livre-anthologie explore les limites de notre civilisation de tous points de vue. Mais cette anthologie ne définit pas les étapes qui vont suivre. En tant que mouvement créatif, il n’est pas de notre ressort de proposer des plans tout faits. L’idée que nous pouvons trouver une solution à tout problème est une idée progressiste, elle fait partie du récit de notre civilisation que nous remettons en question. Et s’il n’y avait pas de solutions ? »

Jakob von Uexkull** : « Je me demandais comment j’allais pouvoir changer les choses. La question qui me hantait était la suivante : Pourquoi vivons-nous avec des problèmes… que nous savons résoudre ? Au temps  d’Alfred Nobel, la question environnementale ne se posait pas encore. La question sociale était au cœur de ses préoccupations : aider ceux qui apportent les plus grands bienfaits à l’humanité. Je me suis dit que  cela valait la peine d’établir un prix alternatif. En 1980, les deux premiers récipiendaires incarnaient la raison d’être du prix : la combinaison de l’idéal et de l’action concrète : Steven Gaskin, à l’initiative de l’un des premiers écovillages aux Etats-Unis et Hassan Fathy, qui a réhabilité l’architecture pour les pauvres, une architecture qui n’oublie pas ce que des millénaires nous ont légué. Cinq ans plus tard, le prix alternatif avait le soutien de tous les partis suédois et la cérémonie d’attribution  a pu se dérouler au Parlement. »

Conclusion de Biosphere : pourquoi opposer deux ou plusieurs modèles de perfection écolo, il n’y en a pas. Au-delà de nos différences de choix de vie, le tempérament écolo cultive l’union des contraires liée au sentiment d’interdépendance. C’est là l’essentiel, que chacun suive sa voie du moment que nous allions vers des relations apaisées avec la biosphère..

* Quelle insurrection culturelle pour voir le monde autrement ? p.52

** L’environnement a son prix Nobel, p.13

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Hollande et Sarkozy face à la souffrance animale

J’ai affirmé à ma petite fille de bientôt 6 ans, Zoé, que l’homme était un animal parmi d’autres. Réaction spontanée de Zoé : « Mais papi, les animaux ne sont pas comme nous, ils ne parlent pas ». Ainsi commence l’anthropocentrisme, l’idée d’une supériorité de la race humaine puisque nous sommes différents, « supérieurs ». Je lui ai appris ce qui ne va pas de soi pour un enfant, par exemple : « La maman dinde a une incroyable gamme vocale pour s’adresser à ses petits. Et les petits comprennent. Elle peut les appeler pour qu’ils viennent se blottir sous ses ailes, ou bien leur dire de se rendre à tel endroit. » Plus tard j’ai demandé à Zoé ce que mangeait un veau : « Bien sûr de la viande ! » Je lui ai alors fait trouver par elle-même que le veau buvait le lait de sa mère, comme Zoé quand elle était petite : « Nous sommes des mammifères, comme les vaches. Les femelles ont des glandes mammaires et nourrissent leurs petits de leur lait. » Il y a 4000 espèces de mammifères, dont plusieurs centaines sont aujourd’hui menacées de disparition… par la faute du mammifère humain ! Nous devons abandonner notre anthropocentrisme destructeur pour mieux respecter les autres formes du vivant.

Qu’en pensent les présidentiables Sarkozy et Hollande ? Interrogés par la Fondation 30 millions d’amis sur leurs propositions en matière de protection des animaux, nous avons d’un côté un candidat trop péremptoire et de l’autre un futur président trop prudent ou inaudible. A vous de déterminer qui dit quoi :

« Je refuse d’interdire la chasse à courre, cette très ancienne tradition française, qui entraîne des prélèvements d’animaux très faibles ».

« Des débats sur la chasse à courre sont engagés à l’Assemblée nationale ».

« La corrida est une tradition locale séculaireune réalité que l’Etat se doit de respecter »,

« Je refuse d’interdire les activités des cirques qui contribuent à émerveiller tant d’enfants et à faire découvrir la beauté de nombreuses espèces dont la vision serait, sinon, réservée aux seuls plus aisés d’entre eux ».

« L’animal doit rester un « bien meuble », comme le dit le code civil. Une nouvelle définition créerait une série d’incertitudes juridiques sur les rapports liant l’homme à l’animal ».

«  Oui à une redéfinition « sur le principe », mais je ne suis pas convaincu que l’on puisse aisément s’accorder sur une définition globale de l’animal ».

Pourtant la définition d’un animal est claire : être vivant, généralement capable de se mouvoir, se nourrissant de substances organiques. Un homme, un chien ou un lion sont donc des animaux. Malheureusement pour le code civil français, tous les animaux autres que l’homme sont des « biens meubles ». Un chien est comme une chaise, par contre une femme est une personne. Une proposition de loi déposée, le 3 avril 2012, par le député Jacques Remiller (UMP), demande à ce que les animaux soient reconnus dans le Code civil comme « des êtres vivants doués de sensibilité ». Les présidentiables 2012 n’ont pas eu le courage de reprendre à leur compte cette proposition pour mettre un terme à l’extinction de la biodiversité. Car, ne nous leurrons pas, on peut encore faire tout ce qu’on veut ou presque des « animaux meubles »…

Pour en savoir plus, LE MONDE du 2 mai 2012, En France, les animaux sont encore…des meubles

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Sarkozy et Hollande soutiennent le sport, amateurisme du politique

Les deux présidentiables Hollande et Sarkozy ont assisté tous les deux à la finale de la Coupe de France le 28 avril 2012. Sarko-llande ont aussi participé à la conférence de rédaction du quotidien sportif l’Equipe. Jusqu’ici, seuls des ministres des Sports en exercice avaient été conviés à cet exercice. Pour la première fois sous la Ve République, les candidats du second tour de l’élection présidentielle, Sarko-llande, ont parlé sport à l’antenne de Radio France. Les deux candidats se retrouvent encore sur l’engagement de la France à accueillir les Jeux Olympiques.

Bien sûr il y a quelques différences, Hollande veut combler le manque d’équipements sportifs dans les quartiers, on n’en attendait pas moins d’un socialiste. L’attention de Nicolas Sarkozy se porte sur le sport d’élite, on n’en attendait pas moins d’un candidat de l’oligarchie. Mais que penser d’une république où des candidats à la présidentielle s’épanchent sur le sport et ne parlent jamais ni des enjeux politiques internationaux, ni de l’urgence écologique ? Le sport est devenu un vaste spectacle que nos dirigeants présents et futurs cultivent à dessein : divertir pour dominer ! Le sport d’élite comme le sport de masse sont les moyens utilisés par la société de croissance pour cultiver la démesure et l’enrégimentement des populations. Toujours plus de stades, toujours plus de spectateurs, toujours moins d’attention aux problèmes fondamentaux. Le président Sarkozy a un jour déclaré sans rire que « le sport est une réponse à la crise ». Le président Hollande dirait la même chose. Oublié le chômage, oublié la rigueur… mais pour quelques instants seulement, le temps d’un Mondial, et puis les JO en juillet et puis l’Euro en 2016 !

Nous n’avons pas des présidentiables qui forment leurs concitoyens aux dures réalités qu’ils devront affronter demain, nous avons des clones à la remorque d’une société du spectacle et de l’infantilisation.

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Maurice Tubiana : arrêtons d’avoir peur !

Maurice Tubiana est né en 1920, il n’aime pas les écolos, trop vieux pour cela. A 91 ans, Maurice Tubiana croit encore qu’il possède une vision juste de la réalité contemporaine. Mais dans son dernier livre, « Arrêtons d’avoir peur ! », il ne fait que reprendre les tartes à la crème de l’écoloscepticisme déjà étalées dans des livres aux titres redondants : « Le fanatisme de l’apocalypse » de Pascal Bruckner, « L’apocalypse n’est pas pour demain » de Bruno Tertrais, « Les prêcheurs de l’apocalypse » de Jean de Kervasdouén, etc. Comme tous ces prêcheurs du « dormez braves gens, dormez », Maurice Tubiana aime les insecticides, les OGM, la radioactivité, l’énergie nucléaire, les ondes électromagnétiques… Dans le chapitre sur les OGM, les intentions sont claires : « Les écologistes annoncent aux Européens le pire si l’on cultive des OGM. Or demain les transgéniques pourraient contribuer à nourrir les 7 milliards d’êtres humains ». Rappelons que Tubiana n’est ni un spécialiste des OGM, ni d’ailleurs des insecticides ou des OEM, c’est un simple cancérologue qui a adoré la notoriété médiatique, le lobby nucléaire et les fauteuils administratifs.

Attardons-nous sur un passage de son livre : « Il faut déchiffrer la stratégie de Greenpeace (contre les OGM), celle de la deep ecology, ou écologie profonde. Cette écologie proclame l’harmonie avec la nature considérée comme une divinité. Altérer cette harmonie par des manipulations génétiques est donc blasphématoire. Le refus obsessionnel de la moindre modification des espèces naturelles devient ainsi un élément essentiel du combat écolo. » Rien ne vient étayer dans le texte de Tubiana cet amalgame entre Greenpeace et écologie profonde. Il reprend les veilles analyses qu’il avait tenues en 1999 dans son livre L’éducation et la vie. Il ne faisait alors que relayer les élucubrations de Luc Ferry qui rangeait explicitement en 1992 Greenpeace parmi les organisations issues de l’écologie profonde dans son pamphlet Le Nouvel Ordre écologique. Ni Tubiana, ni Ferry ne savent que l’écologie profonde est une philosophie définie par Arne Naess. Ni Tubiana, ni Ferry ne savent que Greenpeace n’a pas adopté cette référence philosophique. Leur méthode est la même, dénonciation mensongère et amalgame.

Qu’Arne Naess ait été  le premier secrétaire de la branche norvégienne de Greenpeace lors de sa fondation en 1988 ne transforme pas cette association en thuriféraire de l’écologie profonde ! Que le philosophe norvégien soit un spécialiste internationalement reconnu de Spinoza et de Gandhi et Greenpeace l’adepte des méthodes non violentes ne veut pas dire qu’il faut assimiler les deux ! Cette philosophie de l’écologie profonde est brandie à la manière d’un épouvantail. La question est de savoir pourquoi. La réponse est évidente. Dans les faits, l’écologie profonde sert à nier l’existence de la crise écologique alors que la dégradation des écosystèmes s’est accélérée. Maurice Tubiana a écrit un livre tout juste bon à aboutir dans les invendus…

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Rio + 20, écoblanchiment des entreprises

Il semble que Rio +20 prenne le chemin déjà parcouru par Rio +10, à Johannesburg en septembre 2002, où se sont créés de véritables « partenariats » entre l’industrie et les ONG, l’industrie et les gouvernements et l’industrie et les organismes des Nations Unies. Poussant à davantage de collaboration entre le public et le privé, Kofi Annan avait alors déclaré : « Si nous ne le faisons pas, nous risquons que les gouvernements passent des lois et posent des limites qui ne sont pas indispensables. »

Dans moins de deux mois, du 20 au 22 Juin 2011, le prochain sommet de la terre se tiendra à Rio de Janeiro. Or on constate un degré préoccupant d’accaparement par des multinationales. En effet le PNUE (programme des Nations unies pour l’environnement) a travaillé en étroite collaboration avec les représentants de l’industrie mondiale. Le PNUE nous promet une « Économie verte » comme amélioration du « développement durable ». L’idée est que les gouvernements cessent les subventions préjudiciables à l’environnement (aux combustibles fossiles, à la pêche industrielle, etc.) et utilisent ces fonds pour investir dans des technologies nouvelles, libérant ainsi des investissements massifs pour permettre de passer à l’Économie verte. Janez Potocnik, le Commissaire européen à l’Environnement déclare : « Nous devons passer d’une protection de l’environnement contre les entreprises, à une protection de l’environnement grâce aux entreprises. » Le nucléaire et les OGM sans être explicitement approuvés, sont considérés comme compatibles avec l’approche du rapport. De nombreuses entreprises multinationales ont désormais de cinq à dix partenariats avec chacune des agences onusiennes, par exemple :

– Shell et le PNUE sur la biodiversité ;

– Coca-Cola et le PNUD [Programme des Nations unies pour le développement] sur la protection des ressources en eau ;

– Nestle et le PNUD sur l’autonomisation des communautés rurales ;

– BASF, Coca-Cola et ONU-Habitat sur l’urbanisation durable.

Les organisations non gouvernementales (ONG) critiquent cette approche qui met l’accent sur la croissance économique, sur la technologie et sur les approches axées sur le marché. Car les nouvelles technologies promues sont controversées, comme l’incinération de la biomasse, la biologie synthétique, les nanotechnologies, etc. Pour le PNUE, assigner à la nature un prix serait la meilleure façon de la protéger ! Malgré l’échec cuisant du marché du carbone, il s’agit d’évaluer monétairement les services rendus par la nature : filtrage de l’eau, capture du carbone… pour créer un marché de crédits de biodiversité négociables que l’on pourra compenser, échanger ou vendre. Pour les ONG cette marchandisation et cette privatisation de la nature compromettent la protection des biens communs par les communautés et les États. Ce rapport du PNUE est la manifestation d’une croyance aux marchés d’autant plus stupéfiante qu’elle survient juste après la crise financière. Comme si les échecs chroniques de la déréglementation et des approches basées sur le marché n’avaient jamais eu lieu.

Critiquer la coopération croissante entre l’ONU et l’industrie devrait être une priorité dans la perspective de Rio +20.

Source : Le Sauvage

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Sarko-Hollande sans politique du logement durable

Sarkozy veut nous faire croire que le vrai problème, c’est l’immigration, les assistés ou l’insécurité … alors que le logement constitue le premier poste de dépenses des ménages. Hollande veut nos faire croire qu’il y a un manque de logements sociaux et que le doublement du plafond du livret A va résoudre tous les problèmes*. Simplismes d’une campagne électorale où les candidats se contentent de slogans. Lors de la présidentielle de 2002, Sarkozy avait vanté l’accession au logement. Mais ce sont les investisseurs que la droite a aidé ! Ainsi de la loi Scellier, une réduction d’impôts pouvant aller jusqu’à 21 % de son investissement pierre pour les gens très aisés qui font construire pour louer. Rappelons que le coût de la loi Scellier pour les contribuables en 2011 a été de 2,3 milliards d’euros pour 60 000 logements (soit 45 000 € par logement). Il ne s’agit pas d’une politique du logement, mais d’une politique de l’immobilier. Et quand il s’agit de construire des logements sociaux, il s’agit d’une politique quantitative de gauche qui ne tient nullement compte des conditions pour habiter quelque part, trouver un travail à proximité.

Tout notre système est fait pour favoriser le fric de ceux qui en ont déjà et pour accroître la mobilité subie. Le point de vue de l’écologie n’est pas pris en compte alors que c’est ce qui importe : réduire les déplacements, travailler près de chez soi, se contenter de ce qui est nécessaire. Nous pouvons vivre autrement, le bâtiment a déjà construit beaucoup de logements, il suffit de les partager. Chaque enfant avec sa propre chambre est une aberration, les logements occupés par une seule personne après divorces ou retraites sont une absurdité, le mitage résidentiel est déraisonnable, la multiplication des résidences secondaires est extravagante. Le Parti pour la décroissance (PPLD) préconisait en 2007 la sortie de l’habitat pavillonnaire, la sortie progressive de l’automobile, le développement des petites entités économiques pour favoriser l’emploi local, l’interdiction de posséder plus de deux logements. C’est le minimum exigible !

N’oublions pas que chaque logement qui se construit, chaque route tracée par les humains, chaque méga-magasin à l’extérieur des villes empiète sur le territoire des autres espèces. Il est certain que l’étouffement de la Biosphère par l’espèce humaine se fera au détriment de l’ensemble des possibilités de la vie sur Terre, homo sapiens inclus.

*LE MONDE du 28 avril 2012, Hollande-Sarkozy : deux discours sur le logement

Pour en savoir plus, Habitats surpeuplés ?

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le fiasco du coton trangénique

Il en est de la chimie comme des OGM, les effets négatifs l’emportent à long terme, deux article du MONDE* vont en ce sens. On en reviendra à une agriculture plus traditionnelle, plus biologique.

Dix ans après l’introduction du coton transgénique en Inde, les semences locales ont quasiment disparu alors qu’elles étaient résistantes aux parasites suceurs. Le savoir-faire traditionnel est en train de disparaître. De plus les semences transgéniques consomment davantage d’eau et de nutriments, conduisant à l’épuisement des sols. Les engrais, insecticides et semences génétiquement modifiées ont un coût. Les paysans doivent s’endetter. En 2006, dans la région de Vidarbha, des milliers de paysans qui ne pouvaient plus rembourser leurs dettes se sont suicidés en ingurgitant des pesticides. La productivité dans le nord de l’Inde décline en raison de la baisse du potentiel des semences hybrides et de la difficulté de ce type de culture : pour éviter que les bactéries ou insectes développent des résistances aux variétés transgéniques, des semences locales doivent également être plantées dans de justes proportions. De toute façon les ravageurs reviennent en force. Le coton Bt est efficace contre une certaine chenille. Mais plusieurs dizaines de ravageurs peuvent attaquer le coton. Contrôler la chenille la plus gênante, c’est donc laisser la place aux autres ravageurs. Pour le coton herbicide aux USA, on n’avait pas du tout anticipé les phénomènes de résistance massive. Pour contrôler les herbes adventices, on fait maintenant venir des travailleurs mexicains pour arracher à la main les mauvaises herbes et les brûler.

En 2009, Monsanto a admis pour la première fois que sa variété de coton Bollgard avait perdu toute résistance au ver rose. Aux Etats-Unis, mais aussi en Chine, les producteurs sont désemparés et doivent recourir à des pesticides classiques. Certains experts américains disent maintenant : « On a besoin de nouveaux pesticides » – alors même que les OGM devaient nous en débarrasser. On ne négocie pas avec la nature. Les manipulations génétiques ne produiront jamais les résultats attendus car elles induisent des modifications de type retro-feedback. La nature est un système vivant, dynamique et complexe qui se défend contre la monoculture !

Pour en savoir plus, lire ce dialogue entre un partisan des OGM et un écolo.

* LE MONDE du 27 avril 2012, Les promesses non tenus du coton OGM en Inde

* LE MONDE du 27 avril 2012, Les producteurs OGM sont désemparés aux Etats-Unis

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les dangers du charbon (3/3)

Tous les pays ne sont pas égaux devant les dangers du charbon. La Chine est de loin le pays le plus touché, car son développement actuel repose sur une consommation de charbon croissant à marche forcée, comme dans les pays européens au cours de leur Révolution Industrielle, avec des précautions qui ont été longtemps très insuffisantes tant pour l’extraction du charbon que pour son utilisation, et corrélativement peu de considération pour la vie humaine. Dans les campagnes chinoises, le charbon est aussi très utilisé pour le chauffage et la cuisine, et cela en atmosphère confinée. Plus de la moitié de la mortalité mondiale due au charbon seraient ainsi le fait de la Chine. L’Inde n’est guère mieux lotie. L’Ukraine et la Russie ont encore de très grands progrès à faire.

Les citoyens de l’Europe se croient à l’abri, car dans leur inconscient collectif est ancrée l’idée que seuls les accidents dans les mines représentent un danger. Très égoïstement, ils pensent que c’est exclusivement l’affaire des ouvriers mineurs, surtout ceux de pays lointains car la sécurité dans les mines européennes s’est considérablement améliorée depuis les débuts de la Révolution Industrielle. Ils ne se sentent donc pas directement concernés. Ce en quoi ils ont tort : les atteintes à l’environnement dues à l’extraction du charbon et au stockage de déchets sont très importantes. Les plus spectaculaires sont en Europe Centrale et de l’Est, en particulier dans les pays où l’on utilise beaucoup le lignite, Allemagne, Pologne et Pays des Balkans principalement. D’autre part, si la mortalité dans les mines est en Europe bien plus faible qu’en Chine, et si le charbon n’y est plus guère utilisé pour le chauffage et la cuisine, la mortalité due à la pollution atmosphérique par les installations industrielles utilisatrices de charbon, en particulier les centrales électriques, reste importante : Les estimations actuelles pour l’Europe des 27 sont d’environ 30 000 morts prématurées par an, dont 10 000 en Allemagne et 1000 en France, et de 10 fois plus pour la prévalence des maladies graves.

En Europe comme ailleurs, le charbon est donc de loin la plus dangereuse des sources d’énergie, même si elle l’est beaucoup moins qu’en Chine. C’est d’autant plus regrettable que, à défaut de vouloir remplacer les centrales à charbon actuelles par des centrales ne fonctionnant pas au charbon, ce qui serait la meilleure solution, l’accélération de leur remplacement par des centrales modernes, sans supprimer cette mortalité, la diminuerait déjà de beaucoup.

Les pressions pour améliorer cette situation sont insuffisantes, et en Europe les médias européens sont étonnamment discrets sur le sujet. Pour avoir une idée plus précise des dégâts provoqués, les études épidémiologiques approfondies autour des centrales à charbon, mais aussi des exploitations et des stockages de déchets et de cendres devraient être systématiques, et leurs résultats devraient être largement diffusés, en particulier en Allemagne et dans les pays de l’Europe Centrale, de l’Europe de l’Est et des Balkans,  qui sont les plus concernés. C’est bien loin d’être le cas actuellement.

Bernard DURAND (connu pour son livre La crise pétrolière)

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les dangers du charbon (2/3)

Les accidents dans les mines provoquent chaque année dans le monde la mort de 10 000 à 20 000 mineurs. Cependant, contrairement à une idée fort répandue, la mortalité la plus importante dans les mines n’est pas celle due à ces accidents, mais celle due aux maladies professionnelles : A l’échelle mondiale, elle est de l’ordre de 500 000 morts chaque année, principalement à cause de la prévalence d’une très grave maladie pulmonaire, la silicose, due aux très fines poussières de silice en suspension dans l’atmosphère des mines.

Une deuxième très grande source de mortalité est due à l’utilisation domestique du charbon en espace confiné pour le chauffage et la cuisine, surtout dans les pays en voie de développement et émergents. Elle touche surtout les femmes et les enfants et est à peu près aussi importante que celle due aux maladies professionnelles. Elle est due principalement aux particules très fines contenues dans les fumées et à l’oxyde de carbone produit par des combustions en déficit d’oxygène, mais aussi à des composés organiques dangereux présents dans les fumées, tels que les hydrocarbures polycycliques aromatiques (HAP), et dans certains cas à des contaminations de l’alimentation par des polluants minéraux contenus dans le charbon, tels l’arsenic, le fluor, le sélénium ou le thallium.

La troisième et la plus grande source de mortalité est la pollution atmosphérique émise par les industries utilisatrices de charbon, au premier rang desquelles la production d’électricité. Elle provoquerait, selon les modélisations actuelles, de l’ordre du million de morts chaque année dans le monde. Les coupables sont surtout les particules extrêmement fines, de taille inférieures à 10 μ (PM10), contenues dans les cendres volantes (fly ash), qui peuvent pénétrer au plus profond des poumons et peut-être même dans la circulation sanguine.

Avec un ordre de grandeur de 1 à 2 millions de morts chaque année dans le monde, peut-être plus, et un nombre bien plus considérable encore de malades gravement atteints, le charbon est donc la plus dangereuse de toutes les énergies utilisées par l’homme, et cela de très loin. C’est en fait, avec une prévalence de l’ordre de grandeur de celle du paludisme,  une des principales causes de mortalité dans le monde. C’est aussi l’énergie dont on sait qu’elle contribue le plus à l’augmentation de l’effet de serre additionnel, par les émissions de CO2, mais aussi de méthane, qu’entraîne son utilisation. C’est pourtant l’énergie dont la croissance est la plus importante actuellement, parce qu’elle est de plus en plus utilisée par les pays émergents très peuplés à développement rapide, en premier lieu la Chine et l’Inde, mais aussi par de grands pays industriels. (à suivre)

Bernard DURAND (connu pour son livre La crise pétrolière)

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les dangers du charbon (1/3)

De tous les combustibles carbonés fossiles, le charbon produit lors de sa combustion les plus fortes quantités de CO2, pour une même quantité d’énergie produite. En 2008, avec 12,6 Gt de CO2 émis, il était responsable de 34% des émissions anthropiques de CO2, de 43 % des émissions dues aux combustibles fossiles, et de 72 % des émissions dues à la production d’électricité. Cela faisait de son utilisation le plus fort contributeur des activités humaines à l’effet de serre additionnel ! Ces proportions ont depuis encore un peu augmenté, du fait de la part grandissante du charbon dans l’approvisionnement énergétique mondial.

C’est à peu près uniquement sur cette base que l’on discute à l’heure actuelle dans les médias français des dangers de l’utilisation du charbon comme source d’énergie.  Ce faisant, il n’est guère expliqué qu’il présente aussi de sérieux dangers pour la santé publique et pour l’environnement, qui ne se limitent pas aux effets des accidents dans les mines. Certes des documentaires télévisés sont parfois présentés à ce sujet pour des pays lointains tels que la Chine, l’Australie ou les Etats-Unis, mais les journalistes sont curieusement quasiment muets sur la situation en Europe, et plus spécifiquement en Allemagne, en Pologne, en Ukraine, en Russie et dans les pays balkaniques, principaux producteurs de charbon Européens. Cette situation contraste avec celle des Etats-Unis, où le débat est devenu depuis quelques années très vif. On peut alors se demander quelles sont les raisons de la timidité des médias français à pratiquer dans ce domaine un devoir d’information qu’elles revendiquent si fort dans d’autres !

Les dangers entraînés par l’usage du charbon comme source d’énergie sont très importants, multiformes, et présents à toutes les étapes de la filière, de l’extraction à l’utilisation.

Ces ravages commencent par les graves atteintes à l’environnement que provoque son extraction dans les grands pays producteurs, en particulier quand les exploitations se font à ciel ouvert. Les surfaces concernées sont considérables: pour ne parler que des pays européens, rien qu’en Allemagne 1500 km2 environ ont déjà été bouleversés pour y exploiter le lignite, et 10 000 km2 seront menacés dans l’avenir. Plus de 100 000 personnes ont été déplacées et leurs habitations détruites. Les déchets, tant des exploitations, sous forme de stériles et de boues de lavage, que de la combustion du charbon, sous forme de cendres en provenance plus particulièrement des centrales électriques, se comptent à l’échelle mondiale en milliards de m3 par an. Leur stockage se fait dans des conditions trop souvent précaires. Il est impossible pour l’instant d’évaluer la mortalité et la morbidité qui résultent dans les populations riveraines de ces atteintes à l’environnement, parce qu’il n’y a que très peu d’études épidémiologiques approfondies à ce sujet. Mais il existe dans certains cas des évidences de maladies qui y sont liées. (à suivre)

Bernard DURAND (connu pour son livre La crise pétrolière)

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Rilance, rigueur et relance, Hollande ou Sarkozy

« Austérité et croissance, le coût de la douleur ». C’était le titre de l’éditorial du MONDE du 22-23 avril. C’est aussi  l’enjeu de la gouvernance du monde occidental. Nous préférons résumer par la contraction ri-lance, programme de rigueur et de relance. Barack Obama plaide ainsi pour la relance raisonnable, mais c’est la ministre française de l’Economie, Christine Lagarde, qui a inventé le néologisme « rilance » : il faut appuyer à la fois sur le frein et sur l’accélérateur, autant dire casser le moteur. On injecte 1000 milliards d’euros dans le système bancaire européen (relance) et on prône la fin des déficits budgétaires (rigueur) : politique monétaire expansive, politique budgétaire restrictive. Il y a une contradiction interne à la rilance !

Nos gouvernants n’ont pas peur des oxymores, des politiques contradictoires comme développement durable, agriculture raisonnée, flexisécurité, vidéoprotection. La rilance est le dernier oxymore à la mode, ni Hollande ni Sarkozy ne veulent en démordre. Pourtant la rilance, c’est la tentative désespérée de perpétuer la croissance économique. Nos gouvernants prônent une croissance infinie dans un monde fini. Même l’éditorial du MONDE prône la croissance : « Le moment est venu d’assouplir la politique budgétaire afin de ne pas étouffer la croissance. » Or nous savons que la fragile biosphère ne pourra longtemps encore supporter une croissance continue sans s’effondrer. C’est cette contradiction fondamentale qui sous-tend toutes les autres. C’est pour masquer cette vérité incontournable que notre société multiplie les oxymores. Pour se cacher à elle-même cette horrible vérité, que son projet fondamental est insensé et qu’il mène l’humanité aux abymes. Il n’y aura pas de planète de rechange. Du fait de l’épuisement des ressources naturelles, les coûts de la croissance (quand elle a lieu) sont supérieurs à ses bénéfices. Ou encore, pour dire les choses de façon plus brutale, la descente énergétique se traduira pour l’humanité par une véritable descente aux enfers. Chaque instant qui passe nous éloigne davantage du moment où nous pouvons agir de façon raisonnable.

Pour les gouvernements en place, le slogan « la relance ET l’austérité » signifie la relance pour le capital et l’austérité pour les populations. Mais une autre politique est possible, le partage solidaire de la pénurie à venir. Il s’agit de rejeter la recherche obsessionnelle de la croissance. Il faut tenter de construire une société d’abondance frugale, ou pour le dire comme Tim Jackson de Prospérité sans croissance. Cela pourrait être fait par une relocalisation systématique des activités utiles, une reconversion progressive des activités parasitaires comme la publicité ou nuisibles comme le nucléaire et l’armement, et une réduction programmée et significative du temps de travail. Serge Latouche recommande aussi le recours à une inflation contrôlée (disons plus ou moins 5% par an) que nous préconiserions. Cela équivaut au recours à une monnaie fondante qui stimule l’activité économique. S’il s’agit d’une monnaie locale, les effets seront encore plus forts sur l’emploi.

Pour en savoir plus sur la prospérité sans croissance, lire Tim Jackson

Pour en savoir plus sur la politique de l’oxymore, lire Bertrand Méheust

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Biosphere-Info, les classiques de l’écologisme

Certains auteurs ont marqué notre époque et leurs livres devraient être connus de tous. Ce sont les historiques de l’écologisme (1960-1974) : Jacques Ellul, Rachel Carson, Jean Dorst, Bertrand de Jouvenel, Bernard Charbonneau, Paul Ehrlich, Philippe Saint Marc, Pierre Fournier, Jean Baudrillard, Ivan Illich, René Dumont. Ci-joint un récapitulatif avec liens Internet vers des résumés de leur pensée.

Ce dossier complète notre dossier récapitulatif sur les précurseurs de l’écologisme (1798-1956). En effet, certains auteurs antérieurs ont compris que notre société s’engageait sur la mauvaise voie : Robert Malthus, Thorstein Veblen, Albert Howard, Aldo Leopold, Fairfield Osborn, Lewis Mumford.

Vous avez là deux exemples de notre dossiers bimensuel, Biosphere-Info. Si vous voulez vous abonner, nous écrire, rien à payer. La parole des écolos doit circuler le plus possible pour préparer l’avenir, merci …

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(Sarkozy + FN) contre (Hollande + EELV), tendances

Présidentielles, 22 avril 2012. L’extrême droite obtient 17,9 %, l’écologie 2,3 %. Ces deux mouvements de pensée ne sont pas encore qualifiés pour le deuxième tour, pourtant ils vont structurer tous les scrutins du XXIe siècle. Que François Hollande avec le PS ou Nicolas Sarkozy avec l’UMP restent seuls en lice pour le deuxième tour ne doit pas occulter la recomposition de la droite et de la gauche. La droite va faire alliance avec l’extrême droite et la gauche avec l’écologisme, c’est une tendance forte.

Depuis le rapport du club de Rome en 1972 sur les limites de la croissance en passant par les analyses du GIEC, l’écologie scientifique nous a permis de mesurer les dégâts du progrès. Or l’UMP et le PS restent deux idéologies jumelles, associées à la révolution industrielle et vouées à la croissance économique, valorisant le facteur capital et/ou le facteur travail, oubliant complètement le facteur terre. Ces pratiques du « toujours plus » nous ont entraînés dans des impasses tant financières qu’environnementales. C’est l’écologie politique qui montre la nécessité d’une troisième voie, au-delà de la droite et de la gauche, rassemblant tous les citoyens conscients des limites de notre planète. Face aux crises systémiques, Europe Ecologie-Les Verts avec Eva Joly proposait un changement en profondeur de notre système économique et social qui passe par une rupture dans nos modes de production et de consommation.

Mais il existe aussi une autre offre politique depuis 1974, celle de l’extrême droite. Face à la crise globale de notre système thermo-industriel, le Front National propose le repli sur nos frontières et désigne des boucs émissaires, l’immigration principalement. Il est en effet plus facile dans l’adversité de montrer du doigt un coupable présumé. Grâce à cette tactique simplificatrice souvent utilisée dans la pratique électorale, le Front national est arrivé au deuxième tour des présidentielles en 2002 et fait maintenant un score impressionnant en 2012. La droite est donc obligée de se radicaliser pour se rapprocher de son partenaire-concurrent. La présidentielle 2012 a été caractérisé par un alignement de la droite sarkozienne sur les thèses de l’extrême droite. Avec Claude Guéant, Brice Hortefeux ou Marine Le Pen, il existe une homogénéité dans la recherche de boucs émissaires face à la crise.

Bien entendu la droite n’est pas encore prête à affirmer publiquement sa nouvelle cohérence. Le conseiller spécial de Sarko, Henri Guaino, a évoqué le « risque énorme » de « refaire le chemin des années 30 », tout en assurant qu’il n’y aurait pas d’accords électoraux avec le Front national. De son côté Florian Philippot, directeur stratégique de Marine Le Pen, déclare qu’on ne pouvait « pas choisir entre deux candidats interchangeables« , lui-même s’apprêtant à  » voter blanc, ou revoter Marine Le Pen ». Aux législatives, le Front national  va jouer l’autonomie contre l’UMP pour avoir un groupe parlementaire que lui enlève le scrutin majoritaire. Mais la recomposition d’une droite dure, franco-française, autoritaire est en marche. « . Pour le deuxième tour, Sarkozy endosse déjà encore plus explicitement les habits du FN: « Vos angoisses, je les connais, je les comprends. Elles portent sur la frontière, sur les délocalisations, sur l’immigration  et la sécurité », a lancé M.Sarkozy dès les résultats du premier tour.

Bien entendu la gauche hésite à s’approprier le discours écolo. Le manifeste d’EELV de novembre 2010 est clair : « L’écologie politique est conduite à envisager ses alliances avec les partis qui se réclament de la gauche. Cela ne va pas de soi, les écologistes et les gauches ne sont pas des alliés naturels. Marqués comme la droite au fer rouge du productivisme, la social-démocratie et les courants marxistes restent éloignés de l’essentiel du paradigme écologiste. Les écologistes souhaitent les convaincre de changer d’orientation. » Mais l’accord entre EELV et le PS pour l’obtention d’un groupe parlementaire est positif. C’est un premier pas vers un parti socialiste résolument écologiste comme le voulait la motion B du PS lors de leur dernier congrès (Reims, novembre 2008).

La formation d’un mouvement social-écologiste est un projet d’avenir qui valorise le respect de la diversité biologique et culturelle ; l’inverse des choix de la droite. C’est un projet qui prône la décentralisation de l’économie et du pouvoir ; l’inverse des choix de la droite. C’est un projet qu1 peut faire face aux craquements de la planète sans avoir besoin d’un Sarkozy ou d’une Le Pen qui prétendent « sauver la France »… si on  vote pour eux. Evitons la dérive nationaliste du leader charismatique qui nous mènerait droit vers un totalitarisme.

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Que va faire François Hollande de sa victoire ?

Le vote écologique était indispensable, il n’a recueilli que 2,3 % des suffrages aux présidentielles le 22 avril ! La social-démocratie fait cocorico avec 28,6 %. Le vote utile anti-Sarko et les priorités du court-terme ont encore frappé. Donc c’est clair, il ne faut rien attendre en matière d’économies d’énergie d’un Etat français bientôt dirigé par les socialistes, ni d’ailleurs des délibérations européennes* qui tournent en rond.

En 2007, le Conseil européen avait adopté l’objectif de réduction de 20 % de la consommation d’énergie de l’Union européenne à l’horizon 2020. Mais nous n’économiserons que 58 millions de tonnes de pétrole en 2020, alors que le projet prévoyait 151 millions de tonnes. Comme le note le journaliste, « l’effort spontané des Etats est insuffisant pour placer l’Europe sur la bonne trajectoire de réduction ». Pourtant on se refuse aux contraintes. La faute à des procédures démocratiques paralysantes : bras de fer entre les trois institutions européennes (Commission, Parlement et Conseil des ministres), réticences de certains Etats dont la France, lobbying des compagnies énergétiques, campagne présidentielle inepte, etc.

Il n’empêche, l’Union européenne présente chaque année un déficit de 450 milliards d’euros en raison de ses importations de gaz et de pétrole. Et cela coûtera de plus en plus cher avec l’épuisement de ces ressources ; les économies d’énergie sont donc incontournables. Puisque la « démocratie » électorale  ne peut nous préparer aux lendemains qui déchantent, les ménages vont devoir assumer le prix croissant du baril, avec ou sans blocage du prix à la pompe, c’est-à-dire se déplacer moins, se chauffer moins, économiser l’électricité, etc. Puisque ce n’est pas un comportement choisi, ce sera une obligation subie. Le quinquennat de François Hollande ne va pas être pavé de pétales de rose…

Les nécessaires économies d’énergie ne se feront dans la sobriété heureuse que si chacun commence à agir en ce sens dans sa vie quotidienne. Envoyez-nous vos expériences de simplicité volontaire, nous en parlerons sur ce blog. Merci.

* LE MONDE du 20 avril 2012, L’Europe est désunie sur les objectifs de réduction de la consommation d’énergie

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Sur la pensée antimalthusienne de Jean Ziegler

Dans son livre la faim dans le monde expliqué à mon fils (Seuil, 1999), Jean Ziegler attaque Malthus de façon mensongère :

– Ziegler : Une théorie fait des ravages en Occident : celle de la sélection naturelle. C’est une théorie perverse ! Le nombre des hommes sur Terre augmentant sans cesse, les famines assureraient une sorte de fonction régulatrice. 

– son fils : Qui a inventé une théorie aussi affreuse ?

– Ziegler : C’est un pasteur anglican du nom de Thomas Malthus qui a vécu en Angleterre à la fin du XVIIIe siècle.

– Comment a-t-on pu croire à la théorie de ce Malthus ?

– La réponse est simple, Karim. Cette théorie est archi-fausse, mais pour calmer leur mauvaise conscience, certains se raccrochent à la pseudo-science de Malthus qui permet de refouler l’horreur. »

Avec cette présentation, Jean Ziegler montre une méconnaissance totale de Malthus. Malthus veut simplement éviter les « obstacles destructifs » ou mode naturel de régulation comme la famine, les guerres et les épidémies. Il ne s’intéressait pas qu’à la production agricole, qu’il savait déjà (fin XVIIIe siècle) soumis aux rendements décroissants. Il constatait l’augmentation exponentielle de la population en l’absence de limites décidées par la société et le déséquilibre entre population et ressources alimentaires. En termes modernes, Malthus préfère la prévention et serait un chaud partisan du planning familial !

De plus la sélection naturelle dont parle Ziegler n’est pas de Malthus, c’est l’idée centrale de Darwin quelques dizaines d’années plus tard. Pour être plus précis,  Darwin écrit dans Life and letters que l’idée de la sélection naturelle lui est venue en lisant L’Essai sur le principe de population de Malthus. En effet, on peut retrouver dans les thèses malthusiennes les prémices du concept de « struggle for life ». Le révérend Malthus applique l’idée de lutte pour la vie à la lutte des populations pour l’espace : c’est un penseur de la rareté et la rareté fait pression, elle sélectionne. De son côté, Darwin fait de la lutte pour la vie, la lutte des populations pour l’espèce : la lutte pour l’existence chez les animaux et plantes amène une sélection naturelle ou encore la survivance des espèces les plus adaptées. Malthus avait seulement mis l’accent sur l’aspect quantitatif de la population.

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Que fera Hollande président face à la faim du monde ?

Quelques phrases significatives de Jean Ziegler* :

FAUX :

–          « L’agriculture mondiale, au stade actuel de ses forces de production, pourrait nourrir normalement (2 200 calories pour un individu adulte par jour) 12 milliards d’êtres humains.

–          « Famine sur une planète qui regorge de richesses ! »

Avec tout notre respect, Jean Ziegler, croire que l’agriculture, vu les inégalités de répartition des richesses et du pouvoir, peut nourrir 12 milliards d’êtres humains, est un mensonge. Et puis, contrairement à votre affirmation, la planète ne regorge pas de richesses ; notre standard actuel d’alimentation est uniquement du au gaspillage effréné des ressources fossiles. Enfin, il n’y a pas que la famine dans le monde qui est absente de la présidentielle, il y a aussi la surpopulation, facteur premier de la famine.

VRAI :

–          « Près de 1 milliard de personnes – sur 7 milliards – sont mutilées par la sous-alimentation permanente…

–          « Le Programme alimentaire mondial a perdu la moitié de son budget annuel parce que les Etats donateurs ont dû renflouer leurs banques. On ne peut plus acheter assez de nourriture pour l’aide d’urgence en cas de famine.

–          « Il existe des mesures concrètes que le nouveau président français pourra imposer : interdire la spéculation boursière sur les produits alimentaires de base ; faire cesser l’accaparement en Afrique de terres arables par les multinationales ; empêcher le dumping agricole ; en finir avec les agrocarburants fabriqués à partir de plantes nourricières. »

Sur ce dernier point, on ne sait pas encore ce que va faire le prochain président, François Hollande… mais le sait-il lui-même ?

* point de vue, LE MONDE du 21 avril 2011, La faim dans le monde absente de la présidentielle

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Droit de réponse contre l’avocat du groupe Total

Dans LE MONDE* daté du 21 avril, juste avant le premier tour, le comité de rédaction laisse passer, est-ce un hasard de calendrier, un point de vue de l’avocat de Total titré méchamment « Eva Joly a une vision obscurantiste ». Cet avocat, Jean Veil, croit encore que l’or noir irriguera notre société pour des siècles et des siècles : « Sans le pétrole comment vivriez-vous, Eva Joly ? Sans le pétrole, pas de chauffage, pas d’électricité. Sans le pétrole, pas d’avion, pas de voiture, pas de train non plus. Iriez-vous en traîneau tiré par des rennes de Paris à Oslo ? Sans le pétrole, disparition de tellement d’autres choses, vos lunettes par exemple… » Selon Jean Veil pétrole = lunette alors que les lunettes ont été portées bien avant l’ère, très récente, du pétrole. Les premières lunettes sont apparues en Italie à la fin du treizième siècle, alors que le premier forage date de 1859. Ce n’est pas le plus grave dans ses affirmations.

Comme Jean Veil constate que « le sous-sol de l’Europe de l’Ouest ne recèle ni pétrole ni gaz », il en tire la conclusion que les pétroliers doivent aller dans des pays non démocratiques, qu’ils ne doivent pas payer d’impôts sur les bénéfices en France, ni être jugé au pénal en France (dans l’affaire de l’Erika). Pour Jean Veil, la fin justifie les moyens, tout le pouvoir aux pétroliers ! Cet avocat de la merde du diable termine ainsi sa diatribe contre Eva Joly : « Ce qui, à mon avis, vous sépare des dirigeants de Total, ce n’est pas l’éthique, c’est votre vision obscurantiste. Il est vrai que, pour voir clair, il faut du pétrole. »

Le pétrole rend Jean Veil aveugle quant à l’avenir. Jean Veil peut peindre la vie en rose grâce à l’or noir, il ne sait pas encore que cela va bientôt se terminer. Car le pic pétrolier n’est pas du domaine politique, il est de l’ordre de la réalité géophysique. Alors, Jean Veil, comment voyez-vous la vie sans le sang bitumineux qui irrigue notre société ? Comment, Jean Veil, voyez-vous l’ère de l’après-pétrole dans laquelle il nous faudra bien vivre un jour ou l’autre ?

Pour voir clair, ce n’est pas du pétrole et de ses sous dont on a besoin, mais de courage pour pratiquer la simplicité volontaire et les économies d’énergie. Votons écologie !

* LE MONDE du 21.04.2012, Eva Joly a une vision obscurantiste

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