biosphere

Live Earth

Tout peut être critiqué, même Al Gore. Car la lutte contre les perturbations climatiques peut-elle utiliser les méthodes de la société du spectacle ?

 

Samedi 7 juillet 2007, c’était le grand jour du Live Earth, the concerts for a climate in crisis ; à l’instigation d’Al Gore, 150 artistes se sont produits pendant 24 heures dans huit villes à travers le monde, générant une audience multimédia de 2 milliards de spectateurs. Ces concerts font fait preuve d’excellence environnementale : on pratique la carbon neutrality ou neutralité en émission de gaz à effet de serre, on compense ses péchés en plantant des arbres ! Les bénéfices de la vente seront versés à la fondation de l’ex-nouveau président des USA. Cette association, The Alliance for Climate Protection, repose sur l’idée qu’il faut faire circuler l’information sur la crise climatique et annonce un plan d’action en sept points, des gestes simples que les gens peuvent adopter dans leur vie quotidienne.

 

L’intention reste naïve : « Si assez de gens se rassemblent pour lutter contre la crise du climat, les entreprises et les gouvernements seront forcés d’agir, eux aussi. » En effet un show planétaire reste un show, un concert de rock est bien la dernière chose dont a besoin la planète. Car la mise en musique de la crise climatique ne peut entraîner de nouveaux comportements. D’autant plus que le site www.liveearth.org s’empresse de proposer les « Live earth merchandise » !!!

 En fait Live Earth a été fondée par Kevin Wall, le producteur exécutif mondial de Live 8, un événement qui avait rassemblé l’un des plus larges publics de l’Histoire pour lutter contre la pauvreté. La pauvreté est restée en l’état, il en sera de même de la détérioration de la Biosphère par une société qui consomme du spectacle et cultive beaucoup d’illusions. 

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet, http://biosphere.ouvaton.org/page.php?doc=2007/affichactu2

 

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Help, quelles réserves minières ?

Lemonde « économie » du 13/11/2007 nous propose un dossier trés incomplet sur l’envolée des prix des métaux. Beaucoup de statistiques sur la flambée des prix, quelques remarques sur les principaux minerais, mais rien de tangible sur le montant des réserves mondiales en volume. Pourtant, selon un analyste du BRGM, « au rythme actuel de l’extraction des métaux, on en produira davantage dans les vingt prochaines années que dans tout l’histoire de l’humanité ». Mais l’offre durable n’est-elle pas conditionnée à moyen terme par la rareté croissante de la ressource ?

 Les spécialistes ne paraissent pas s’inquiéter, l’un d’entre eux estime même que l’exploitation des métaux, à l’inverse du pétrole, n’est pas menacée « d’extinction ». Cet optimisme me semble très excessif. Par mes propres forces, j’ai pu déterminer par exemple que les réserves mondiales de cuivre en 2005 étaient de 500 Mt et la consommation de 16 tonnes, soit environ 30 années de réserves. Cela me semble très peu, même si on sait que 40 % environ de la consommation européenne de cuivre provient du recyclage. Les générations futures ne vont-elles pas affronter la pénurie ?

Peux-tu me fournir des chiffres sur les réserves mondiales de bauxite, de zinc ou de nickel, et leur niveau de consommation annuelle pour compléter l’article sur l’envolée des prix des métaux.

Avec ta contribution, nous pourrions essayer de nourrir le  courrier des lecteurs ou, pourquoi pas, la page « débat » de notre journal Lemonde?

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Eric le Boucher 4/4

Pour mieux connaître Eric Le Boucher, chroniqueur Lemonde, cet échange de correspondance : 

Missive au courrier des lecteurs du journal Lemonde :Dans la chronique du 29-30 janvier 2006, cette affirmation d’Eric Le Boucher : « L’Asie supplante l’Europe, Mittal Steel fait main basse sur l’acier européen, adaptons-nous. Sinon on ferme nos frontières et on relance massivement le transport à cheval ». En fait les politiques et les médias veulent nous faire croire qu’il faut toujours plus de vitesse alors que le problème de la planète est un trop de  croissance. Le PIB de l’Asie est extraordinaire, mais il n’est significatif que d’une entrée dans l’impasse : exode rural, urbanisation sans frein, déséquilibres sociaux et environnementaux. Le modèle de développement occidental que l’Asie imite a déjà fait faillite, tous les indicateurs sont au rouge ici ou ailleurs. Il ne s’agit donc plus de prôner concentration ou concurrence, mais de lutter contre les délocalisation par la relocalisation, contre l’épuisement de la planète par la sobriété. Cela implique de réguler les flux trans-frontaliers, cela implique de limiter nos déplacements, mais il y a bien d’autres manières que le retour au cheval. Ce n’est pas la modernité ou la bougie (le retour à l’âge de pierre ?), c’est l’objection de croissance pour tous, ici et en Asie. 

Suite donnée par Yves Marc Ajchenbaum (le Courrier des lecteurs) : « Nous sommes très attentifs aux points de vue exprimés par nos lecteurs, soyez sûr que votre courriel sera transmis à Eric Le Boucher ». 

Courriel d’Eric Le Boucher à Missive: « Allez dire qu’il faut moins de croissance aux paysans chinois ou aux Africains qui en rêvent ! Je ne partage pas du tout cette idée de décroissance. Il faudra qu’elle soit économe, oui. Mais seule la croissance remplit les assiettes et permet de lutter contre la pauvreté. Merci de me lire. » 

Réponse de Missive : « Merci d’abord de ne pas déformer mes propos, l’objection de croissance n’est pas toujours la décroissance ! Le problème d’ailleurs n’est plus de partager ou non l’idée de décroissance, sa réalité va être inéluctable (cf. par exemple Pétrole Apocalypse d’Yves Cochet ou les calculs d’empreinte écologique). Dans ces conditions, la seule question qui se pose : est-ce que nous serons assez sage pour l’organiser le plus en douceur possible ?            

Un chroniqueur du Monde a dont un rôle essentiel à jouer ; encore faut-il qu’il transcende son opinion personnelle. Ce n’est pas parce que tous les pauvres rêvent de l’abondance que cela va devenir une réalité. La Chine s’enferme dans d’innombrables problèmes et le paysan migrant ressemble de plus en plus à ceux qui s’entassent déjà dans les bidonville du Tiers-monde et survivent de l’économie souterraine. Ce n’est pas parce que nous nommons la Chine « pays émergent » que cela va être une réalité pour tous et encore plus une réalité durable. Quant à l’Afrique, ils étaient bien plus heureux avant que l’Afrique soit mal partie » (René Dumont).           

Enfin ce n’est pas la croissance qui remplit nos assiettes, c’est l’équilibre des écosystèmes qui permettent un recyclage de l’énergie solaire que nous retrouvons sous forme de céréales ou de viandes : l’économie ne peut rien faire sans l’aide de la biosphère, et elle est en train de détruire la capacité d’homéostasie. Ce n’est pas parce que notre société (journalistes, politiciens, sondages) véhicule une véritable croyance collective en une croissance économique qu’elle a raison : la durabilité de la croissance est impossible dans un monde fini. Maintenant l’idée de décroissance est complexe, il peut s’agir de décroissance énergétique et c’est déjà en cours avec le protocole de Kyoto (il faut diminuer les émissions de gaz à effet de serre), il peut s’agir de simplicité volontaire dans le mode de vie… mais il serait dommageable que nous soyons victimes d’un rationnement drastique par la crise !           

Il faut savoir que le ministre de l’environnement en Grande Bretagne travaille déjà sur un projet de carte carbone (en fait un ticket de rationnement). Merci de m’avoir lu et compris, la planète a besoin de toi, Eric ! » 

Eric Le Boucher : « J’ai lu et ai compris, oui il y a des problèmes de ressources. Mais je ne crois qu’au progrès pour  résoudre les problèmes qui se posent. Merci d’être tolérant. » 

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la place des pauvres

Quelle place pour les pauvres dans la société de demain ? Les perspectives sont sombres.

 

Afin de limiter les dérèglements climatiques, Bruxelles veut imposer aux constructeurs une diminution des rejets de CO2 à 120 grammes par kilomètre d’ici à 2012. Mais le vieillissement du parc automobile va à l’encontre des ces efforts technologiques, plus la voiture est ancienne, plus elle rejette de CO2. Aujourd’hui en France, les voitures en circulation ont en moyenne 8 ans, contre 5,8 ans en 1990. Même si, grâce à Harry Potter, toutes les voitures neuves atteignaient par miracle la norme de 120 g/km, il faudrait encore attendre, vu le faible taux de renouvellement, plus de dix ans pour que toutes les voitures immatriculées rejettent 120 g/km ! Salauds de pauvres qui n’achètent pas le dernier modèle de voiture « propre »?

 

Les adeptes de l’usine fordiste, généreux et avisés comme on sait, envisagent des mesures incitatives pour le retrait du marché des véhicules les plus anciens : crédit d’impôt, système de bonus/malus, prêt à taux zéro pour acheter un véhicule récent. En fait, on peut déjà prévoir que les ménages les plus pauvres seront non seulement confrontés à la difficulté d’acheter un nouveau véhicule, mais devront aussi faire face à un carburant beaucoup plus cher.

 

On ne peut lutter à la fois contre les émissions de gaz à effet de serre et contre la raréfaction du pétrole par des demi-mesures. Il faudra le plus vite possible envisager une planification écologique qui interdirait aux riches comme aux pauvres de rouler à titre individuel dans leur bagnole personnelle. Je fais parce que tu fais parce que nous faisons tous. Mais les politiques, généreux et avisés comme on sait,  peuvent-ils penser à la fois à la prochaine élection et à la réduction drastique des inégalités humaines ?

 

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet, http://biosphere.ouvaton.org/page.php?doc=2007/affichactu2

 

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Eric Le Boucher, ter

Une missive du  1.10.2007 pour le courrier des lecteurs classée sans suite :

Le totem d’Eric Le Boucher (chronique du 30 septembre 2007), c’est le nucléaire. Sarkozy avait exhorté les allemands à revenir sur leur choix de fermer leurs centrales nucléaires, Le Boucher insiste à deux reprises sur les avantages immenses du nucléaire en matière de CO2. Mais le ministre allemand de l’environnement avait rétorqué à Sarkozy que « l’énergie nucléaire est tout sauf une technologie du futur ».

Je tiens à ajouter que toute affirmation qui repose sur un seul élément du processus de fabrication et non sur l’ensemble de l’analyse de cycle de vie du produit (pour l’énergie nucléaire, ressources en uranium, risques des centrales, traitement des déchets radioactifs…) est une affirmation gratuite.

Un chroniqueur dans un journal de référence se doit à une stricte objectivité, non à des parti-pris contre l’écologie et les écologistes.

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Nobel aux GES

Dans la Biosphère, sur cette planète qui nous porte, les êtres humains ont joué aux apprentis sorciers. Ils doivent maintenant remiser leurs balais magiques et  vivre autrement, sobrement, surtout les riches… Certains signes sont positifs, ainsi du dernier Nobel de la paix.

 

Le comité Nobel a décerné le 12 octobre 2007 le prix Nobel de la paix à la fois au groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et à l’ex-futur président des USA, Al Gore. Le comité cherche ainsi à « attirer l’attention sur les processus et les  décisions qui paraissent nécessaires pour protéger le futur climat du monde, et ainsi réduire la menace qui pèse sur la sécurité de l’humanité ». Il est vrai que des régions entières vont devenir inhospitalières et que leurs populations seront contraintes de se déplacer. Cette redistribution géographique va entraîner de nouvelles tensions, donc des conflits et des guerres. Ce sont les pays les plus pauvres qui souffriront le plus des transformations du climat alors qu’ils n’en sont pas responsables. Il y aura en conséquence un fort ressentiment envers les pays industrialisés et, pourquoi pas, une explosion de divers terrorismes. Le lien opéré par le comité Nobel entre les notions de sécurité et de réchauffement climatique est si réaliste que la Biosphère en pleure de joie.

 

Comme dit Al Gore, « Je fais quelque chose d’important qui est de convaincre les gens, je fais de la politique des esprits ». Cette manière de faire complète l’action du GIEC, chargé en 1988 par l’ONU et l’Organisation météorologique mondiale d’une mission : « La transformation de l’atmosphère par les hommes risque-t-elle de se retourner contre eux ? » L’année précédente, on avait découvert dans les glaces de l’Antarctique les relations entre teneur en gaz à effet de serre et climat depuis 150 000 ans. Le premier rapport du GIEC en 1990 va contribuer à l’adoption de la Convention sur le climat lors du sommer de l’ONU à Rio de Janeiro en 1992. Le rapport de 1995 va être déterminant pour la signature du protocole de Kyoto en 1997. Les rapports de 2001 et de 2007 vont accélérer la prise de conscience.

 

Combien de catastrophes avant d’agir ? 

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet, http://biosphere.ouvaton.org/page.php?doc=2007/affichactu2

 

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Eric le Boucher (bis)

Une missive du  10.04.2007 pour le courrier des lecteurs de notre quotidien favori 

classée sans suite :

Je tremble de stupeur devant la chronique d’Eric Le Boucher du 8-9 avril 2007. L’art de la simplification atteint des sommets pour essayer de déconsidérer les « écologistes de métier ». Il paraît même que le groupe international de scientifiques qui planche depuis des années sur le climat veut faire peur alors qu’il n’y a aucune crainte à avoir : l’atome est une technologie disponible pour produire massivement de l’électricité sans émettre de CO2. De toute façon, pourquoi s’inquiéter alors que la vigueur de la croissance américaine fait l’admiration de tous les économistes, et que ce sont les pauvres qui souffrent toujours le plus, quoi qu’il arrive, que ce soit avec le réchauffement  climatique ou, on sait jamais, suite à un « refroidissement de la planète ».

 Ce journaliste veut nous faire oublier que si la pédagogie de la catastrophe n’est pas prise au sérieux, c’est la catastrophe qui va nous servir de pédagogie. Cet homme est dangereux.

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être végétarien ?

Il ne s’agit pas de te convertir immédiatement au végétarisme intégral, mais de réfléchir au poids que fait peser ton mode de digestion sur la Biosphère.

 

Les pays développés représentent aujourd’hui 15 % de la population mondiale, mais 38 % de la consommation mondiale de viandes bovines. Selon une étude publiée par The Lancet (13 septembre 2007), on consomme dans le monde 100 grammes de viande par jour et par personne, le taux moyen atteignant 200 à 250g dans les pays développés alors qu’il plafonne entre 20 et 25g dans les pays pauvres. Mais presque partout dans le monde, au fur et à mesure que le niveau de vie augmente, la consommation de produits animaux, viande et produits laitiers, augmente au détriment des produits végétaux. Par exemple en Chine, la consommation de viande a été multipliée par quatre en vingt ans. Pourtant en Afrique la consommation de viande a diminué drastiquement au cours des trente dernière années. Malgré ce sacrifice involontaire de certaines populations, la FAO a publié à l’automne 2006 un rapport titré La grande ombre de l’élevage. En effet à l’échelle de la planète l’élevage représente 18 % de l’effet de serre, davantage que la totalité des transports, et occupe 26 % des terres émergées. Les causes du réchauffement de la planète par l’élevage sont dues à 35 % par la déforestation qu’implique l’augmentation des superficies transformées en pâturages, 31 % par le fumier et le lisier, 25 % par la fermentation entérique des ruminants, 7 % par la production d’aliments de bétail et le reste résulte de la transformation et du transport. Ces émissions de gaz à effet de serre par l’élevage sont dans le monde de 7,1 milliard de tonnes d’équivalent CO2, soit près de 13 fois les émissions de la France, toutes sources confondues. Donc à toi de limiter la taille de ton steak !

 

Pour aller plus loin, cf. L’élevage, une menace pour l’environnement (L’écologiste n° 23 juillet-septembre 2007) et l’ouvrage de l’agronome Cl.Aubert et du médecins N.Le Berre : Faut-il être végétarien ? (sous-titré Pour la santé de la planète, éditions Terre vivante, 2007)

 

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet, http://biosphere.ouvaton.org/page.php?doc=2007/affichactu2

 

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Eric Le Boucher

Missive non envoyée au courrier des lecteurs de notre quotidien favori, je ne suis pas dupe du résultat !

Eric Le Boucher est un journaliste qui, dans presque toutes ses chroniques, pense à beaucoup de choses, mais certainement pas à sauver la Biosphère. Dans ses « Questions pour l’après-Grenelle » (Le Monde du 28-29 octobre 2007) il énumère encore ses fantasmes à propos des écologistes : « écologie restrictive, malthusienne, pour qui l’homme est le destructeur de la belle nature ». Trois qualificatifs, trois conneries !

 

Ecologie restrictive ? Eric Le Boucher ignore encore qu’une crise économique suit obligatoirement une période de croissance comme l’avait démontré Aloïs Schumpeter : le  capitalisme n’est pas un long fleuve tranquille. Destructeur de la planète, le mode de développement capitaliste ne peut que se fracasser contre le mur des limites de notre Biosphère beaucoup plus violemment que lors du krach de 1929. La seule solution, la simplicité volontaire pour tous tout de suite, sinon ce sera les rationnements par l’argent comme sait traditionnellement le faire le système capitaliste libéral.

 

Ecologie malthusienne ? Eric Le Boucher ignore encore que la solution malthusienne (limitation des naissances, volontaire ou subie) sera imparables quand notre faim de ressources agricoles (alimentation et agrocarburants) dépassera bientôt les capacités productives du sol. La multiplication des violences inter-humaines va de pair avec l’insécurité. A juste titre le prix Nobel de la Paix a été donné à ceux qui savent lier climat insurrectionnel et réchauffement climatique (qui pénalisera entre autres la productivité agricole).

 Destructeur de la belle nature ? Eric Le Boucher ignore encore que notre système productiviste et mercantile est en train de provoquer une extinction des espèces, un bouleversement climatique, une stérilisation des sols, l’épuisement des ressources halieutiques, des pollutions diffuses… N’est-ce pas « dégueulasse » de ne pas savoir voir de telles catastrophes écologiques ? 

Eric Le Boucher assène dans cette chronique bien d’autres approximations du type « La vérité est que le principe de précaution est une ânerie chiraquienne pour acheter le calme des ayatollahs verts » (…) « On sent pointer une inquiétante écologie qui serait le dernier avatar du protectionnisme » (…) « L’écologie est anti-sociale ».

 En définitive, ce ne sont pas les écologistes qui sont inquiétants, c’est Eric Le Boucher. Combien de temps va-t-il encore sévir dans Le Journal qui veut être une référence ?

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féroces carnivores

Quand on lit Le Monde dans tous ses recoins, on arrive à trouver d’adorables petits bijoux :

 

« L’homme consomme, engloutit à lui seul plus de chair que tous les animaux ensemble d’en dévorent ; il est donc le plus grand destructeur, et c’est plus par abus que par nécessité ; au lieu de jouir modérément des biens qui lui sont offerts, au lieu de les dispenser avec équité, au lieu de réparer à mesure qu’il détruit, de renouveler lorsqu’il anéantit, l’homme riche met toute sa gloire à consommer, toute sa grandeur à perdre en un jour à sa table plus de biens qu’il n’en faudrait pour faire subsister plusieurs familles ; il abuse également des animaux et des hommes, dont le reste demeure affamé, languit dans la misère, et ne travaille que pour satisfaire à l’appétit immodéré et à la vanité encore plus insatiable de tous ces riches qui, détruisant les autres par la disette, se détruisent eux-mêmes par les excès. »

Buffon (1707-1788), extrait de son article sur le bœuf

 

C’était une petite pensée de la Biosphère pour les végétariens qui économisent la planète…

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet, http://biosphere.ouvaton.org/page.php?doc=2007/affichactu2

 

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le travail manuel

Les humains travaillent le monde pour en faire un foyer, mais notre agitation extrême fait en sorte que notre maison brûle. Pour la sauvegarde de tous, vive la décroissance des techniciens au service de la mégamachine…

 

« C’est le travail manuel qui est le lieu de l’attachement de l’homme à lui-même. Cette tâche ne voue aux gémonies ni le règne biologique ni la part animale de l’homme. Il y a au contraire, dans l’acte de soumission à la nécessité un bienfait, presque un salut. L’engagement corporel n’est pas signe d’abaissement de l’homme, mais de son humilité qui l’incline vers le sol, vers l’humus. Il n’y a pas d’un côté le travailleur, et de l’autre sa force de travail, une marchandise échangée sur un marché impersonnel. Comme le disait l’Américain Emerson, « Je ne veux pas que l’on sacrifie le travailleur au produit de son travail. Je préfèrerais de coton moins bon et des hommes meilleurs. Le tisserand ne doit pas être placé plus bas que la toile qu’il tisse. »

 

« L’intuition qui sous-tend cette préférence pour le travail manuel est que si le travail ne nuit pas au travailleur, ni à son corps, ni à son âme, il ne pourra pas nuire non plus à la création car le travailleur se ressentira partie intégrante de la nature terrestre. Il n’y a plus d’opposition fondamentale entre le monde social et la Biosphère, entre le sujet et l’objet, entre l’humain et le non humain. Au partage voulu par la tradition occidentale, on peut substituer les notions d’association et de réseau. L’activité manuelle constitue une chaîne reliant les humains aux non humains, que ces derniers soient de la matière inerte, des entités au statut incertain ou telle espèce en voie de disparition. L’homme ne se  comprend plus seul, enfermé en lui-même, mais relié, maillé avec le reste de la création dans une trame à la fois souple et solide qui dessine comme une architecture d’un monde inextricablement social et matériel, humain et non humain. » (Geneviève Decrop, Entropia n° 2).

 

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bientôt les restrictions…

Parfois dans notre journal Le Monde, on trouve des remarques intéressantes. Ainsi ce point de vue, en marge du Grenelle de l’environnement, de Bartabas (théâtre équestre Zingaro) qui n’attends vraiment rien d’une nouvelle politique écologique en France :

 

« Jusqu’à présent, je n’ai entendu personne poser la seule question qui importe : de quoi avons-nous vraiment besoin pour vivre ? Quelle est la part de l’indispensable et du superflu ? Quand chacun de nous aura répondu à cette question, nous aurons fait un grand pas et nous pourrons alors nous interroger sur la bonne façon de gérer la planète. Tant que nous choisirons de rester dans un système où nous produisons pour accumuler des richesses, où nous consommons pour satisfaire des besoins superflus dictés par la mode et la publicité, nous ne trouverons pas de solution à la hauteur des problèmes.

« Il faut mettre un frein à cette course effrénée et apprendre à se restreindre. Derrière le battage médiatique qui accompagne ce Grenelle de l’environnement, je crains malheureusement que le sens des limites ne soit pas encore une vraie préoccupation. »

 

Enfin quelqu’un qui se pose la seule question qui importe et qui trouve la bonne  réponse : pour sauver la Biosphère  et tous ses habitants, il te faudra renoncer à beaucoup de choses…

 

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet, http://biosphere.ouvaton.org/page.php?doc=2007/affichactu2

 

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droit à la paresse

Les paysans propriétaires, les petits bourgeois, les uns courbés sur leurs terres, les autres acoquinés dans leurs boutiques, se remuent comme la taupe dans sa galerie souterraine, et jamais ne se redressent pour regarder à loisir la nature. Une étrange folie possède les classes ouvrières des nations où règne la civilisation capitaliste. Cette folie est l’amour du travail, la passion moribonde du travail. Au lieu de réagir contre cette aberration mentale, les prêtres et les économistes ont sacro-sanctifié le travail. Les philanthropes acclament bienfaiteurs de l’humanité ceux qui, pour s’enrichir en fainéantant, donnent du travail aux pauvres ; mieux vaudrait semer la peste et empoisonner les sources que d’ériger une fabrique au milieu d’une population rustique. Introduisez le travail de fabrique, et adieu joie, santé, liberté ; adieu ce qui fait la vie belle et digne d’être vécue. Et les économistes s’en vont répétant aux ouvriers : Travaillez pour augmenter la fortune sociale !

 

Notre époque est, dit-on le siècle du travail ; il est en effet le siècle de la douleur, de la misère et de la corruption. Et  cependant les philosophes, les économistes bourgeois, depuis le péniblement confus Auguste Comte, jusqu’au ridiculement clair Leroy-Beaulieu, tous ont entonné les chants nauséabonds en l’honneur du dieu Progrès, le fils aîné du travail. A mesure que la machine se perfectionne et abat le travail d’un homme avec une rapidité et une précision sans cesse croissantes, l’ouvrier, au lieu de prolonger son repos d’autant, redouble d’ardeur comme s’il  voulait rivaliser avec la machine. Ô concurrence absurde et meurtrière !

 

L’économiste Destut de Tracy disait : « Les nations pauvres, c’est là où le peuple est à son aise ; les nations riches, c’est là où il est ordinairement pauvre. » Quand on veut retrouver une trace de la beauté native de l’homme, il faut aller la chercher chez les nations où les préjugés économiques n’ont pas encore déraciné la haine du travail. Les bienheureux Polynésiens pourront-ils continuer à se livrer à l’amour libre sans craindre les coups de pieds de la Vénus civilisée et les sermons de la morale européenne ? Si la classe ouvrière se levait dans sa force terrible, non pour réclamer le Droit au travail, qui n’est que le droit à la misère, mais pour forger une loi d’airain, défendant à tout homme de travailler plus de trois heures par jour, la Terre, la vieille Terre, frémissant d’allégresse, sentirait bondir en elle un nouvel univers… Du moment que les produits européens consommés sur place ne seront pas transportés au diable, il faudra bien que les marins, les hommes d’équipes, les camionneurs s’assoient et apprenant à se tourner les pouces.

 

Mais comment demander à un prolétariat corrompu par la morale capitaliste une résolution virile ? 

 in Le droit à la paresse, écrit par Paul Lafargue en 1880-1883 (résumé par Biosphere)

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desobeir.net

Nous sommes un certain nombre à penser que la situation inquiétante de notre planète nous impose de retrouver le chemin de formes d’action et de lutte plus efficaces et plus radicales. Nous croyons que la réalité des rapports de force que nous subissons en matière de nucléaire civil et militaire, de protection de l’environnement contre les pratiques de certaines multinationales, de mondialisation de l’injustice sociale, etc. exigent de renouer avec une culture de la désobéissance civile/civique, de l’action directe non violente, du refus radical et ludique.

 Conscients des limites liées aux modes traditionnels de mobilisation (pétitions, manifestations…), qui ne nous valent que de trop rares victoires, et n’attirent plus guère les nouvelles générations de militants, nous avons décidé de former un réseau informel de militants de l’action directe non violente. Parce que nous voulons nous battre pour la défense de la vie et de la justice sociale, nous avons décidé de nous organiser en un groupe de volontaires et d’activistes prêts à agir de manière directe et non violente aussi souvent que nécessaire/possible.

 

Nous sommes des faucheurs d’OGM, des démonteurs de panneaux publicitaires, des clowns activistes, des dégonfleurs de 4×4 de ville, des inspecteurs citoyens de sites nucléaires, des intermittents du spectacle, des activistes écologistes, etc. Nous pensons que nos luttes et nos méthodes relèvent d’une dynamique alter-mondialiste plus indispensable que jamais, et que c’est ensemble, et dans l’action directe non violente, que nous rendrons possible la transformation radicale de notre société, et de ce fait notre survie à tous dans un monde redevenu vivable.

 

Dans un premier temps, nous avons décidé de nous former à l’action directe non violente, et aussi de faire émerger parmi nous des formateurs d’activistes, afin de démultiplier les formations et d’élargir ainsi nos rangs, tout en diffusant la culture de l’action directe non violente. Des stages se tiennent régulièrement, auxquels vous pouvez participer en vous inscrivant auprès de nous. Vous pouvez y participer quelle que soit votre expérience du militantisme ou de l’action directe non violente. Ces stages sont aussi l’occasion de discuter la préparation d’actions concrètes.

 

En espérant vous compter nombreux parmi nous, de la part de Xavier Renou. (cf. site http://www.desobeir.net/)

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fragilité de la puissance

Le sous-titre de ce livre d’Alain Gras énonce l’idée générale : « Se libérer de l’emprise technologique ». Cet objectif est absolument nécessaire puisque «  la machine-automate incarne la croissance continue et illimitée de l’emprise sur le milieu naturel et humain, alors même qu’elle épuise ce milieu et provoque ainsi sa fin. » Mais en fait, presque personne ne remarque le gigantesque système technique à l’œuvre dans la vie quotidienne. La minuscule prise de courant sur laquelle brancher la télé est reliée à des transformateurs, des lignes haute tension et la centrale atomique. Le skieur qui ne s’occupe que de la réussite de ses vacances peut glisser sur une neige vomie par des  canons alimentés par l’eau qu’on est allé chercher deux mille mètres plus bas dans la rivière sans se poser de question. Les objets techniques qui constituent notre environnement quotidien sont hétérogènes, mais liés entre eux dans une infrastructure réticulaire sous surveillance constante. Ce recouvrement domaine public/privé entraîne la dépendance accrue du citoyen par rapport au pouvoir. Les nœuds de contrôle (écoles, usines, prétendues expertises, etc.) diffusent des normes technoscientifiques adaptées à la stratégie des multinationales : brancher le plus de monde possible sur un poumon artificiel afin de nous rendre tous dépendants, matériellement et moralement, du progrès technique.

 

La solution ne consiste évidemment pas dans une fuite en avant technologique ni même dans le développement, fût-il durable. Il existe en effet une loi implacable, l’entropie, que Nicholas Georgescu-Roegen a traduit en une prophétie : demain, « la décroissance ». La trajectoire technologique ne sera donc pas changée par la discussion démocratique mais par ses propres revers, avec la crise pétrolière par exemple. Puisque toutes les activités humaines ou presque sont fondées sur l’usage d’une substance irrécupérable, il devient évident que lutter contre les effets néfastes de la technique thermo-industrielle par une technique du même type n’est qu’un moyen d’aller plus vite dans le mur puisque le système est fermé.

 

Dans ce contexte, le progrès technique est toujours un jeu à somme nulle, ce que l’on gagne d’un côté on le perd de l’autre ; lorsque je vole, je reçois de la haine. A la violence exercée par la technique, synonyme de confort, que la richesse exhibe aux yeux des trois quarts de la planète « la moins avancée », il est répondu par de la haine. Le terrorisme trouve là une légitimité que les armes ne savent pas combattre. Le « catastrophisme éclairé » prôné par Jean-Pierre Dupuy serait un autre moyen, acceptable, de s’apercevoir que le roi est nu. (extraits de Fragilité de la puissance d’Alain Gras)

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croissance ou Biosphère ?

Le Grenelle de l’environnement s’attaque en France aux problèmes de la Biosphère. Ce n’est pas gagné d’avance, je crois même que la bataille est déjà perdu. En effet, au même moment, la commission Attali planchait dans son coin pour « libérer la croissance ».

 

– Le Grenelle de l’environnement nous dit qu’il convient de changer notre cadre de raisonnement en intégrant le coût environnemental à nos dépenses de consommation : vive les hausses de prix ! La commission Attali conçoit la relance de la consommation par la baisse des prix, possible par un accroissement de la concurrence entre grandes surfaces et le recours aux importations. Vive la concentration et le déficit commercial…

 

– Le Grenelle de l’environnement nous dit qu’il convient de limiter notre mobilité physique, au besoin par des taxes supplémentaires sur le carburant : vive le pétrole  cher ! La commission Attali ne conçoit notre avenir que par une mobilité accrue des personnes et des biens. Vive la résidence à la campagne et le boulot qui n’existe plus…

 

– Le Grenelle de l’environnement s’interroge sur l’intérêt des filières agricoles qui utilisent les OGM : vive la limitation de la technoscience ! La commission Attali n’est pas loin de penser que l’agriculture mondiale ne peut se passer de ce type de chimères pour nourrir l’ensemble de la planète. Vive la mort de l’agriculture traditionnelle et la misère pour d’innombrables paysans…

 

Jacques Attali et ses semblables font la guerre à la planète !  Mais une bataille de perdue n’est rien, puisqu’en fin de compte la Biosphère a toujours raison …

 

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet, http://biosphere.ouvaton.org/page.php?doc=2007/affichactu2

 

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habitat surpeuplé ?

Il y a les normes des pays riches. Un logement est considéré comme confortable s’il dispose d’une salle d’eau, d’un WC intérieur et d’un système de chauffage. Il est considéré comme surpeuplé au sens large si la surface habitable est inférieure à 18 m2 par personne de référence + 12 m2 par autre personne de 14 ans et plus (ou + 9 m2 par enfant de moins de 14 ans). Le surpeuplement accentué fait référence à la norme Insee basée sur la comparaison du nombre effectif de pièces composant le logement et d’un nombre normatif de pièces dites « nécessaires » au ménage calculé en fonction de sa taille, de l’âge et de la situation familiale de ses membres (schématiquement, on compte une pièce de séjour pour le ménage, une pièce pour chaque personne de référence d’une famille, une pièce pour les personnes hors famille non célibataires et les célibataires de 19 ans et plus, et, pour les célibataires de moins de 19 ans, une pièce pour deux enfants s’ils sont de même sexe ou s’ils ont moins de 7 ans, sinon une pièce par enfant).

 

Et puis il y a la norme des pays pauvres ou les enfants des deux sexes vivent et dorment dans la même pièce. La vérité est relative, les normes sociales évoluent avec son enrichissement.

 La Biosphère aimerait le compromis, une société de simplicité volontaire, avec un seul logement par famille (pas de résidences secondaires) et des conditions d’espace relativement égales entre les différents ménages, qu’il vivent au Nord de la planète ou au Sud. Un habitat compact devrait s’accompagner d’un nombre d’enfants réduit pour diminuer l’emprise de l’humanité sur les écosystèmes.

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moins vite, moins loin

Dans les 100 mots de l’environnement (coll. Que sais-je ?, 2007), on peut lire dans l’article sur les biocarburants des conneries du type « La mobilité constitue un élément non négociable de la vie en société ». Cela reste connerie puisqu’on nous assène cela sans plus de précisions. Alors, allons consulter beaucoup plus loin l’article sur la mobilité qui commence ainsi : « Longtemps, la mobilité a constitué un élément très secondaire de la vie quotidienne. Avant la révolution du train, la diligence a suffi pour transporter les hommes. » Tiens donc ! La mobilité pourrait être limitée, on pourrait questionner la longueur de nos déplacements actuels ? Que nenni ! L’article continue ainsi : « L’homme ne se fixe plus pour s’intégrer : il se déplace. Et l’individu bloqué, celui qui ne peut se déplacer, est un exclu en puissance. Dans notre société, plus on joue un rôle, plus on se déplace (…) La ville ou la vie de demain ne se fera pas contre la mobilité : tout simplement parce qu’elle nous lie les uns les autres. »

 

Ce dictionnaire frelaté oublie que le lien de proximité économise la planète alors que (selon le même article) « presque 30 % des émissions de gaz à effet de serre résultent de notre mobilité ». Cet hymne à la croissance de nos déplacements ignore aussi que la ville du futur doit être compacte. Et ce n’est pas parce qu’on prend le Boeing que nous méritons une forte considération pour notre rôle social. Enfin, comme dit le texte lui-même, la mobilité est un facteur d’exclusion. Quant aux agrocarburants, ils ne pourront jamais soutenir durablement des déplacements individuels croissants. 

Ce petit dictionnaire qui ne voit de salut que dans l’innovation en matière de transports ne mérite pas l’intérêt de la Biosphère. « Plus vite, plus loin, plus souvent et moins cher  » est déjà un vieux slogan, il sera remplacé par : « Moins vite, moins loin, moins souvent, et beaucoup plus cher ». Mieux vaudrait s’immerger dans la Biosphère auprès de chez soi qu’essayer de fuir au loin les problèmes. 

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet, http://biosphere.ouvaton.org/page.php?doc=2007/affichactu2

 

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de la vie sauvage

« L’homme mobile !  Il existe pourtant deux manières de faire le tour du monde. La première consiste à franchir le seuil de sa porte afin d’accomplir son périple et d’y revenir, la seconde à ne jamais bouger de chez soi. Que l’on voyage ou non, on reste toujours à la même distance de son cœur et, tout en étant bâti sur un plan unique, la course inerte permet d’aller plus vite et plus loin dans la quête de la forme universelle.

 

« Penser comme un chêne. Il est regrettable que l’homme ne préfère pas la vie d’un arbre à la sienne propre ; il ne les arracherait plus inconsidérément et sa propre disparition infirmerait beaucoup moins la planète que celle d’un chêne. L’homme est moins éclairé que le renard ou la bostryche, il a perdu tout sens de la mesure en oubliant la complicité cosmique qui lie le moindre brin d’herbe à la plus grande étoile.

 

« Chateaubriand écrivait : « les forêts précèdent les hommes ; les déserts les suivent. » Triste réalité ! Notre égoïsme fait que nous sommes devenus tout à fait inaptes à prévoir. « Après nous le déluge ! » entend-on souvent d’homme ayant procréé. Ils n’auraient donc fait des enfants que pour eux-mêmes ?

 

« Nous le savons maintenant, l’homme aurait dû  depuis longtemps se destituer en tant que « roi de la création » : il est absolument incapable de prévoir à long terme, il a perdu tout contact avec le Cosmos et avec l’équilibre inter-espèces qui a permis à notre planète d’évoluer depuis des siècles. Il est le seul prédateur incohérent de son globe.

 

« La nature procède toujours – comme ce qui est divin – par concentration et synthèse, alors que l’homme égaré dans la mauvaise voie (et si orgueilleux de l’être !) n’opère que par analyse et dissociation.

 

« Le grand livre de la Nature est devenu illisible pour la plupart de l’humanité qui, entassés dans les villes monstrueuses, pourrit comme les pommes, selon l’expression de Mirabeau. Puissions-nous retrouver la joie primordiale de créer notre propre maison avec nos propres mains en utilisant les matériaux non transformés d’une terre qui aussi nous nourrit.

 

« Quoi que nous puissions dire, écrire, faire, si nous n’avons pas l’Amour, nous ne sommes rien… RIEN. »

 

Pensées d’Alain Saury, le manuel de la vie sauvage (revivre par la nature)

 

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet, http://biosphere.ouvaton.org/page.php?doc=2007/affichactu2

 

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retour au Ladhak

Le développement est une escroquerie… Le passé a donc un avenir !

 

Le Ladakh est un désert de haute attitude traversé d’énormes chaînes de montagne. La vie y est rythmée par les saisons. Brûlé par le soleil en été, il frissonne pendant huit mois en hiver : les températures peuvent tomber jusqu’à – 40°C. La pluie est si rare qu’il est facile d’oublier jusqu’à son existence.

 

Jusqu’à mon arrivé au Ladakh, les mots durabilité et écologie ne signifiaient pas grand choses pour moi. Mais au fil des ans, j’en suis venue non seulement à respecter les capacités d’adaptation des Ladakhis à la nature, mais aussi à mettre en question le mode de vie occidental auquel j’étais accoutumée. Les Ladakhis reprisent leurs tuniques jusqu’à ce qu’elles ne puissent plus être rapiécées. Quand un vêtement est vraiment trop usé, il est placé, rempli de boue, dans un canal d’irrigation. Ce que les hommes ne peuvent manger sera donné aux animaux ; ce qui ne peut servir de combustible nourrira la terre. Les vieux demeurent actifs jusqu’au jour de leur mort. Un matin, je vis le grand-père de la maison où je vivais, âgé de 82 ans, descendre en courant du toit par une échelle. Il était plein de vie. A trois heures de l’après-midi, nous le retrouvâmes mort, paisiblement assis, comme s’il dormait.

 

Les différences de richesses sont très faibles. Chaque paysan étant presque autosuffisant, donc indépendant, il est rarement nécessaire de prendre des décisions au niveau de la communauté. Je comprenais ainsi l’importance des questions d’échelle. Comme les villages comptent rarement plus d’une centaine de foyers, les gens peuvent faire directement l’expérience de leur dépendance mutuelle ; ils mesurent immédiatement les effets de leurs propres actions et éprouvent donc un fort sentiment de responsabilité. De plus, leurs actes étant parfaitement visibles aux autres, ils en sont plus aisément tenus pour responsables. C’est l’assistance mutuelle, et non la concurrence, qui façonne l’économie. Dès l’âge de cinq ans, les enfants savent prendre des responsabilités ; ils grandissent entourés de personnes de tous âges, ils font partie d’une véritable chaîne de relations où l’on prend et où l’on offre. D’une manière générale, les rôles sont beaucoup moins définis qu’en Occident. Dans leur grande majorité, les Ladakhis ne sont pas spécialisés.

Tout au Ladakh reflète son héritage bouddhiste.  Prenons la vacuité. Quand vous pensez à un arbre, vous y pensez comme à un objet distinct, et à un  certain niveau, c’est ce qu’il est. Mais à un niveau plus fondamental il n’a pas d’existence indépendante, il se dissout dans un réseau de relations. La pluie qui tombe sur les feuilles, le vent qui l’agite, le sol qui le soutient – tous font partie de lui. Si on y réfléchit bien, tout ce qui est dans l’univers aide l’arbre à être ce qu’il est. C’est pourquoi les Ladakhis disent que les choses sont « vides », au sens où elles n’ont pas d’existence indépendante. Ils sont donc conscients du contexte vivant dont ils font partie. Les mouvements des étoiles, du soleil, de la lune, sont des rythmes familiers qui ponctuent leurs activités de chaque jour. Sentir et  comprendre que l’on fait partie du flux de la vie, se détendre et l’accompagner, voilà d’où vient leur satisfaction. Comme le disaient les Ladakhis : « Pourquoi être malheureux ? »

Quand je suis entrée pour la première fois dans ce pays, en 1975, la vie dans les villages s’inspiraient encore de principes séculaires. Le manque de ressources de la région, son climat inhospitalier, la difficulté d’y accéder, l’avaient protégé du colonialisme comme du développement. Mais ces dernières années, des forces extérieures ont fondu sur lui comme une avalanche, provoquant des bouleversements aussi rapides que massifs. Dans une économie de subsistance, l’argent ne joue qu’un rôle mineur. Le travail n’a pas de valeur monétaire, il s’insère dans un réseau complexe de relations humaines. Mais un touriste peut dépenser en un jour autant qu’une famille ladakhi en un an. Alors les habitants du Ladakh se sentent très pauvres. Au début de mon séjour, des enfants que je n’avais jamais vus venaient m’offrir des abricots ; aujourd’hui, de petites silhouettes affublées de vêtements occidentaux élimés accueillent les étrangers en tendant la main : « Stylo, stylo » est désormais leur mantra. Mais ce que les enfants ladakhis apprennent aujourd’hui à l’école ne leur servira à rien. Leurs manuels sont rédigés par des gens qui n’ont jamais mis les pieds au Ladakh et ignorent tout de la culture de l’orge à plus de 4000 mètres d’altitude.

Extraits de Quand le développement crée la pauvreté d’Helena Norberg-Hodge (Fayard, 2002)

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