biosphere

deux modes de vie

La Biosphère n’a aucune admiration pour la mondialisation marchande.

 

Je vais t’expliquer le terme « local » en comparant deux villages : ils se situent en Crète, mais ils pourraient se trouver n’importe où. L’un des villages est perché dans les montagnes, on ne peut y accéder que par une route non bitumée, jonchée de nids de poule, sur laquelle les bus ne se risquent pas. Le seul contact avec le monde extérieur que j’ai pu relever tenait en la personne d’un homme qui, à bord d’un camion très robuste, bravait les nids-de-poule une fois par semaine et rapportait au village des chargements de poisson en provenance du petit port de pêche côtier. Les moutons du village servaient de monnaie pour payer ce poisson. A l’exception de ce troc, la communauté de cette montagne était autosuffisante. Il y avait assez de petites parcelles en terrasse pour y cultiver du blé, des vignes et des oliviers. Il y avait un moulin à huile pour presser les olives. Il y avait beaucoup de noyers et de citronniers, de figuiers et bien d’autres arbres fruitiers. Il y avait des ruches, et les moutons fournissaient de la viande en abondance. Les maisons du village étaient simples et confortables pour ce type d’environnement. Les femmes fabriquaient des vêtements. Il y avait un tisserand dans un village voisin, un bottier dans un autre, un coutelier dans un troisième. Avaient-ils une culture, me demanderez-vous ? Eh bien, on chantait, on dansait et on jouait de la musique. Il y avait peu de livres, mais si les villageois avaient souhaité lire, ils en auraient trouvé. Les villageois ne payaient pas d’impôts et il n’y avait qu’un policier. Ils connaissaient leurs propres lois et les respectaient.

 

L’autre village crétois que je voudrais décrire se trouvait un peu plus bas dans la montagne et disposait d’une route praticable. Elle permettait de se rendre à la ville et bien sûr reliait également la ville à la compagne. L’argent de la ville est arrivé et a permis l’achat d’une bonne partie des terres ; on a déraciné les vieux arbres et les vignes et on a planté des oliviers à croissance rapide pour créer une oliveraie à des fins  commerciales. Ainsi les villageois ont du payer leur huile d’olive et ont été rapidement entraînés dans l’économie monétaire. Toutes sortes de marchands arrivaient au village et un petit super marché s’ouvrit. Soudain, les villageois découvrirent qu’ils avaient « besoin » d’un tas de choses dont ils ne se servaient pas auparavant. La télévision arriva de même et apporta avec elle des images alléchantes. Les jeunes du village ne dansaient plus et ne chantaient plus ; ils voulaient écouter de la musique pop occidentale et boire du Coco-Cola. Même si leur jolie route avait tout d’une route vers la liberté, ce fut en réalité celle de la tristesse, de l’esclavage salarial et du mécontentement, et qui n’offrit aucun retour à tous les jeunes qui l’empruntèrent.

Extraits de « John Seymour, Revivre à la campagne, première édition 1976, édition 2007 De Borée, Reproduction en couleur par Colourscan (Singapour), Imprimé et relié en Chine par Toppan » : ohhhhhhahhhhhhhh, la Biosphère s’étouffe !!!!!!!!!!!!! 

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet,

http://biosphere.ouvaton.org/index.php?option=com_content&view=section&layout=blog&id=15&Itemid=94

 

deux modes de vie Lire la suite »

de la pauvreté à la misère

Le livre « Quand la misère  chasse la pauvreté » de Majid Rahnema (Fayard, 2003) démontre que la pauvreté choisie est la condition de lutte contre la misère.

 

Il y a les insupportables privations subies par une multitude d’humains acculés à des misères humiliantes et la misère morale des classes possédantes. Cette misère résulte d’un système économique dont l’objectif majeur est de transformer la rareté en abondance, une économie productrice de besoins engendrant de nouvelles formes de rareté et, par conséquent, modernisant la misère. La misère fait son apparition lorsque les gens perdent le sens du partage. Quand vous arrivez en ville, vous n’avez plus personne avec qui partager. Les ouvriers des agglomérations urbaines ont compris que leur subsistance les liait désormais aux nouvelles institutions économiques et sociales, il leur fallait courber l’échine devant le nouvel ordre. Dans ce système le riche est aussi mécontent que le miséreux : le défavorisé voudrait devenir millionnaire, et le millionnaire multimillionnaire. L’économie occidentalisée a fini par nier sa fonction première, servir les personnes qui en avaient le plus besoin.

 

Il y a d’un autre côté la pauvreté consentie dans des sociétés conviviales dont le mode de vie simple et respectueux de tous a compté pour beaucoup dans le maintien des grands équilibres humains et naturels au cours de l’histoire. Si chacun ne conservait que ce dont il a besoin et se contentait de ce qu’il a, nul ne manquerait de rien. Toutes les sociétés vernaculaires dites « pauvres » développent en leur sein des mécanismes destinés, d’une part, à contenir l’envie et la convoitise, de l’autre à maintenir une tension positive entre ce qu’il est personnellement possible de vouloir et d’avoir et ce qu’il est collectivement possible et raisonnable de produire. Cette tension leur a permis de développer leurs capacités productives sans qu’il y ait rupture entre les besoins et les ressources.

 

Le monde actuel est au bord d’une catastrophe. Il faudrait donc se donner comme objectif la destruction des centres de production de la rareté, cette mondialisation qui détruit les économies de subsistance, cette lutte contre « la pauvreté » qui définit un seuil de pauvreté de façon relative, un niveau qui progresse continuellement avec la courbe de la croissance économique. La mesure essentielle pour éviter la catastrophe consiste pour chacun de nous à une prise de conscience de nos capacités individuelles d’action et en un ré-apprentissage de la simplicité volontaire. Comme le disait Gandhi,  « La civilisation, au vrai sens du mot, ne consiste pas à multiplier les besoins, mais à les réduire volontairement, délibérément ».

La Biosphère approuve.

 

de la pauvreté à la misère Lire la suite »

au secours !

Jusque-là, toutes les civilisations avaient mis en pratique une manière d’autolimitation. Nos sociétés modernes récusent, elles, toute limitation. Leur caractéristique principale est d’être en quête d’une puissance sans limite, en particulier dans les domaines énergétiques et techniques.

L’Indien Shuar perçoit sa place sur Terre comme un échangeur de Nature : tout ce qu’il reçoit, il ne fait que l’emprunter et il le restituera. Si la dette devenait trop importante, la nature réagirait. La réciprocité représente un élément majeur de la perception traditionnelle. De même les aborigènes pensent que, tel un boomerang, toute blessure que vous infligez à l’environnement vous reviendra tôt ou tard : « Quand vous  détruisez un site, vous créez une ride qui va sillonner dans le cosmos comme la jarre de billes. Cela détruit l’équilibre et ce déséquilibre entraîne le chaos, la maladie et la mort des gens et de la nature ». Les Touareg partagent la même conception en boomerang : toute agression à la terre mère provoque sa révolte. Ainsi on peut utiliser ses sécrétions (animaux, végétaux…), mais pas ses organes vitaux (ressources du sous-sol, cycles atmosphériques…). De plus, ces sociétés ont souvent une conception cyclique du temps. Dans cette conception, tout ce que nous infligeons à l’environnement aura des conséquences que nous subirons plus tard, puisque nous ferons en quelque sorte partie des générations futures.

 

En revanche les sociétés modernes ont plutôt une conception linéaire du temps. Ce que nous faisons à présent aura certes des conséquences dans le futur, mais nous n’y serons plus. Ce principe a soutenu la croyance au « développement »  et au « progrès ». On n’imagine pas plus de limites à l’industrialisation qu’on n’en perçoit dans la capacité de l’environnement à absorber toutes les pollutions d’origine humaine .Les peuples modernes s’accommodent d’un environnement dégradé, bruit, pollution de l’air et de l’eau, disparition des espèces, modification du climat, etc. En effet, vivant dans un environnement artificiel, hors de la nature, ils ne subissent qu’indirectement les effets de cette dégradation. Ils disposent en outre de la possibilité d’exploiter des ressources extérieures à leur environnement proche et se débarrasser d’une partie de leur pollution en la dispersant ailleurs. Aujourd’hui les peuples modernes, se préoccupent essentiellement de leur bien-être personnel. Les problèmes d’environnement qui ne menacent pas directement ce dernier leur sont indifférents.

En conséquence, l’homme moderne pourra accomplir une tâche socialement écologiquement nuisible si elle lui procure le salaire dont il dépend pour vivre. Un homme traditionnel n’aurait rien à y gagner en terme d’autonomie ; il reste pleinement conscient de sa dépendance envers la nature et de l’importance de l’entraide sociale. Mais l’influence du monde moderne sur les sociétés traditionnelles a été et continue d’être une source de rupture à sens unique, des modernes vers les indigènes. Cette influence peut être résumée par la logique des trois « C » de Maurice Godelier : colonialisme, christianisme, capitalisme.

 

Au fur et à mesure de l’accroissement de la pression sur leurs terres et de la confrontation à l’économie de marché, les peuples indigènes se sont de plus en plus assimilés la culture moderne. Cette dernière barrière franchie, plus rien ne les empêchera de succomber aux objectifs économiques à court terme, ultime étape vers laquelle la colonisation aspirait à les précipiter. Au Sahara par exemple, les nouvelles politiques ont quasiment fait disparaître la gestion traditionnelle de leur territoire par les Touareg, favorisant les forages profonds à haut débit, les pâturages intensifs liés à la disparition du nomadisme, et donc l’absence de contrôle du nombre de points d’eau ; tout cela conduit à l’épuisement des ressources. Comme le résume un Australien d’origine aborigène : « La difficulté, c’est qu’après cinquante ou soixante ans de sucre et de corned-beef, nous sommes devenus dépendants d’un certain style de vie ».

 

Seule une mutation profonde du système de pensée occidental pourra permettre une réelle évolution.

 

Extraits de Les sociétés traditionnelles au secours des sociétés modernes de Sabine Rabourdin (Delachaux et Niestlé, 2005)

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet,

http://biosphere.ouvaton.org/index.php?option=com_content&view=section&layout=blog&id=15&Itemid=94

 

au secours ! Lire la suite »

nouveau sens du sacré

L’histoire des religions est bien plus complexe que celle des monothéismes. Le bouddhisme repose sur le principe d’interdépendance universelle, le taoïsme fonde l’harmonie sur un respect des équilibres spontanés dans le cosmos, le zen estime que le véritable corps humain est l’univers tout entier. Dans l’hindouisme, il n’y a pas l’idée que l’animal et la nature soient inférieurs ; la condition humaine n’est qu’une représentation temporaire qui peut transmigrer après la mort même dans des mollusques. Les adeptes du jaïnisme se déplacent avec un masque sur la bouche de crainte d’avaler un moucheron et balayent devant eux pour éviter d’écraser le moindre vermisseau. Toutes les tribus indiennes ont en commun l’expression Père-Ciel et Mère-Terre, leur vision de l’univers est en liaison étroite avec les écosystèmes ; Dans ces sociétés, l’idée d’une hiérarchie parmi les êtres n’existe pas et il faut respecter fraternellement animaux, végétaux et minéraux puisque la notion de parenté ne se rapporte pas uniquement aux membres d’une famille ou d’un clan, elle inclut tous les êtres de l’environnement, animés ou inanimés. Les Indiens n’étaient pas végétariens car cueillir une plante était de la même gravité que tuer un animal. Pour eux, la survie dans le cycle de la vie et de la mort est parfois liée à l’acte de prendre la vie à d’autres êtres, mais toute appropriation est signe d’un endettement : les chasseurs et les pêcheurs pratiquaient des offrandes envers leurs gibiers et les agriculteurs envers le sol.

 

L’écologiste Lynn White Jr. en tire cette conclusion en 1967 : « Plus de science et de techniques ne nous feront pas sortir de la crise écologique tant que nous n’aurons pas, soit trouvé une nouvelle religion, soit repensé l’ancienne. »

 

Après avoir été vénérée comme une mère ou une marâtre, puis oubliée, la Nature devrait donc (re)devenir un partenaire pour les humains. C’est plus facile pour les traditions chamanistes et orientales comme le bouddhisme et l’hindouisme car elles ne connaissent pas l’idée d’un dieu créateur. C’est très difficile pour les juifs, les chrétiens et les musulmans qui doivent abandonner leur dogme de la prétendue toute puissance de Dieu ainsi que leur culte de l’anthropocentrisme (l’homme à l’image de Dieu).

Mais chez eux comme dans toute religion il y a cet aspect qui parle de frugalité et de renoncement ; ce sont là les prémices d’une conversion possible à l’idée de décroissance humaine (productive et démographique), d’une recherche de l’humilité face à la Biosphère, d’un œcuménisme à construire ensemble.

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet,

http://biosphere.ouvaton.org/index.php?option=com_content&view=section&layout=blog&id=15&Itemid=94

nouveau sens du sacré Lire la suite »

toujours et à jamais !

« Prions pour les juifs. Que le Seigneur notre Dieu lève le voile de leurs cœurs et leur permette de reconnaître Jésus-Christ. » Cette incitation à la conversion chère aux traditionnalistes chrétiens est inscrite dans le rituel de la messe de saint Pie V. Le pape actuel reste sur la même longueur d’onde. Quand il était préfet de la doctrine romaine, il avait affirmé en 2000 dans le  document  Dominus Jesus que l’Eglise catholique était la seule à se prévaloir de la qualité d’Eglise : « Elle n’a cessé d’exister au cours de l’histoire, et toujours elle existera, et c’est en elle seule que demeurent à jamais tous les éléments institués par le Christ lui-même. »

 

Pourtant les chrétiens n’ont fait que succéder à la vulgate juive et depuis lors l’unité des églises a éclaté en mille morceaux ; les musulmans progressent en nombre, eux qui se réfèrent aussi au dieu « unique », et aucune des quelques sectes qui ont  réussi ne peuvent se considérer comme détentrice de la vérité, puisqu’il n’y a de vérité que relative. La religion n’est qu’un aspect partiel de la culture qui donne sens et cohésion à une société humaine. Tout est variable, fluctuant, approprié  à une époque et à une société donnée, c’est ce que nous démontre l’expérience historique et ethnologique. Dans ce contexte, il est vraiment ridicule que Joseph Ratzinger (alias Benoît 16) puisse laisser écrire « Toujours elle existera » ou «  demeurent à jamais ».

 

Par contre, quelle que soit notre croyance personnelle, nous pourrions tous nous convaincre qu’à défaut d’un dieu créateur et unificateur, c’est bien notre Terre qui est notre mère ; nous sommes en tant qu’espèce homo sapiens une simple composante de la diversité de la Biosphère. Alors la seule prière qui puisse nous rassembler est celle-là : Prions pour l’espèce humaine. Que la Biosphère lève le voile de leurs cœurs et leur permette de reconnaître que « le bien-être et l’épanouissement de la vie humaine et non-humaine sur Terre ont une valeur intrinsèque. » Dès son premier principe, l’écologie profonde nous ouvre la voie de l’œcuménisme…

 

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet,

http://biosphere.ouvaton.org/index.php?option=com_content&view=section&layout=blog&id=15&Itemid=94

 

toujours et à jamais ! Lire la suite »

Pécheurs qui roulent

La route est l’enfer du monde moderne, elle est le lieu de la puissance, de la violence, de l’égoïsme, de l’homicide. Ainsi s’exprime avec emphase le Vatican dans un document rendu public le 19 juin 2007. L’Eglise nous rappelle ses fondements, à savoir effectuer le signe de croix après avoir serré sa ceinture, et bien sûr pendant le voyage, réciter son chapelet. D’ailleurs « celui qui connaît Jésus-Christ ne peut que rouler avec prudence puisqu’il n’est pas pressé d’arriver » (ndlr : au paradis). Un nouveau code de la route est proposé sous la forme des « dix commandements » du bon conducteur :

 

– Tu ne tueras point.

– Que l’automobile ne soit pas pour toi une expression de pouvoir, ni une occasion de pêcher ;

– Soit conscient de ta responsabilité envers autrui, etc.

 

L’Eglise catholique est donc mieux prédisposée à s’occuper des quatre roues plutôt qu’à préserver la Biosphère ! Rappelons alors quelques commandements préférables aux précédents :

 

– Tu pratiqueras la simplicité volontaire (tu éviteras la possession d’un véhicule personnel)

– Tu aimeras ta planète comme toi-même (tu seras contre la construction de nouvelles routes)

– Tu ne laisseras pas les machines te dicter leur loi (la voiture n’est rien, la marche est essentielle)

 

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet,

http://biosphere.ouvaton.org/index.php?option=com_content&view=section&layout=blog&id=15&Itemid=94

 

Pécheurs qui roulent Lire la suite »

catholique ou musulman ? on s’en fout !

            Un sondage de l’institut CSA en France indiquait que 52 % des catholiques jugent « certaine ou probable » l’existence de Dieu. Mais ce n’est un Dieu personnel, comme l’enseigne le  christianisme, que pour 18 % des sondés ; les autres identifient Dieu à une notion plus vague telle que « force, énergie ou esprit ». De toute façon, il n’y aurait plus qu’un Français sur deux (51 %) à se déclarer « catholique » alors que les Français sans religion représentent désormais quasiment un tiers (31 %) de la population. Mais la croyance est une opinion et une pratique cultuelle qui relève de la vie privée. Ce n’est pas parce que tu ne crois en rien de surnaturel que tu ne peux être touché par la félicité. Par contre, beaucoup de croyants croient aux vertus de la croissance économique et aux illusions des marchands de gadgets, voiture, portable, vidéogames…

 

           La Biosphère ne te demande ni observation de rites d’un autre âge, ni culte d’une quelconque marchandise, c’est à toi d’exprimer personnellement les besoins de tes générations futures comme les besoins des non-humains, c’est à toi de faire personnellement preuve de simplicité volontaire dans ton comportement et de te regrouper en association de défense de la nature, c’est à toi d’agir politiquement pour que l’équilibre durable de la Biosphère devienne le fondement de toute décision humaine : il n’y a pas de dieu extérieur à toi-même.

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet,

http://biosphere.ouvaton.org/index.php?option=com_content&view=section&layout=blog&id=15&Itemid=94

 

catholique ou musulman ? on s’en fout ! Lire la suite »

un curé d’avant-garde

Jean Meslier, curé d’Etrépigny de 1689 à 1729, n’y va pas avec le dos de la cuillère : « Levez-vous, unissez-vous contre vos ennemis, contre ceux qui vous accablent de misère et d’ignorance. Rejetez entièrement toutes les vaines et superstitieuses pratiques des religions… Votre salut est entre vos mains, votre délivrance ne dépend que de vous, car c’est de vous seuls que les tyrans obtiennent leur force et leur puissance. » Jean Meslier rejette la religion (dans un livre édité après sa mort, il était prudent !) pour mettre à la place une conception matérialiste très contemporaine :

 

« Sur quelles bases ont-ils fondé cette prétendue certitude de l’existence d’un Dieu? Sur la beauté, l’ordre, sur les perfections des ouvrages de la nature? Mais pourquoi aller chercher un Dieu invisible et inconnu comme créateur des êtres et des choses, alors que les êtres et les choses existent et que, par conséquent, il est bien plus simple d’attribuer la force créatrice, organisatrice, à ce que nous voyons, à ce que nous touchons, c’est à dire à la matière elle-même? Toutes les qualités et puissances qu’on attribue à un Dieu placé en dehors de la nature, pourquoi ne pas les attribuer à la nature même qui est éternelle ?

 

Ah ! L’autre vie ! L’âme immortelle ! Est-ce que nous ne sentons pas, intérieurement et extérieurement par nous-mêmes, que nous ne sommes que matière, et que nos pensées les plus spirituelles ne sont que de la matière de notre cerveau, qu’elles sont le résultat de sa constitution matérielle et que ce que nous appelons notre âme n’est en réalité qu’une portion de la matière, la plus délicate et la plus subtile ? L’âme n’est ni spirituelle ni immortelle. Elle est matérielle et mortelle aussi bien que le corps. Il n’y a donc point de récompense à espérer ni de châtiments à craindre après cette vie. Il n’y a point de bonté souveraine pour récompenser les justes et les innocents, point de justice souveraine pour punir les méchants. Il n’y a point de Dieu. 

 

Mais il y a l’homme, il y a la terre, il y a la vie, il y a le sentiment de l’équilibre et de la justice, et c’est sur cette terre qui lui appartient, dans cette vie qui est sienne, que l’homme doit réaliser la justice, le bonheur, la solidarité et la fraternité universelles. Ce n’est pas en Dieu que l’homme doit chercher la puissance, la bonté, la perfection, c’est en lui-même : par l’instruction il deviendra savant ; par l’éducation, il se fera juste ; par l’aide mutuelle et la solidarité, il réalisera sur la planète, qui est son domaine, la perfection possible. Il faut avoir le courage de rejeter toutes les idées préconçues et surtout d’effacer ce préjugé de la perfection des choses actuelles, comme ayant été créées définitivement par l’ordre d’un Dieu. »

Jean Meslier, à l’heure de la catastrophe écologique actuelle, serait sans doute notre guide sur les chemins de la Biosphère, tout au moins dans les pays qui laissent la liberté d’opinion et d’expression.

 

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet,

http://biosphere.ouvaton.org/index.php?option=com_content&view=section&layout=blog&id=15&Itemid=94

 

un curé d’avant-garde Lire la suite »

dieu s’invite dans les présidentielles

Aux Etats-Unis, la plupart des prétendants à l’investiture républicaine pour l’élection présidentielle de 2008 n’ont pas beaucoup de connaissance en paléontologie et en évolutionnisme. Mike Huckabee, ancien pasteur baptiste, croit que « Dieu a créé la Terre et le ciel. Comment l’a-t-il fait, quand et combien de temps cela lui a pris, je ne sais pas ». Le sénateur du Kansas, Sam Brownback, se dit « convaincu qu’il y a un Dieu dans l’univers et qu’il a été impliqué dans ce processus. Comment a-t-il fait ? Je n’en sais rien. » A croire que ces deux-là ont copié l’un sur l’autre ! Mais le sénateur de l’Arizona John McCain est du même avis, sans plus d’argumentation : « Il ne fait aucun doute que la main de Dieu est à l’origine de ce que nous sommes aujourd’hui ». Le mormon Mitt Romney assène que « Dieu a créé l’homme à son image », alors que nous savons tous que c’est le contraire ! L’ancien maire de New York, Rudolf Giuliani, nous dévoile le pot aux roses, l’américano-centrisme dominant : «  Nos idéaux ne sont pas seulement des idéaux américains ; ils viennent de Dieu. Notre obligation morale est de trouver la juste manière de les partager avec le reste du monde. »

 

Quand on sait par ailleurs que l’opposition à l’avortement est la pierre philosophale du parti républicain, nous  comprenons alors la raison majeure pour laquelle la Biosphère va si mal. Elle est aux mains de croyants crédules, natalistes et infatués d’eux-mêmes.

 

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet,

http://biosphere.ouvaton.org/index.php?option=com_content&view=section&layout=blog&id=15&Itemid=94

 

dieu s’invite dans les présidentielles Lire la suite »

réponse à Sarkozy

Lettre aux éducateurs, écrite par Nicolas Sarkozy, président de la République française :

« Je suis convaincu qu’il ne faut pas laisser le fait religieux à la porte de l’école. Le spirituel, le  sacré accompagnent de toute éternité l’aventure humaine. Ils sont aux sources de toutes les civilisations, Et l’on s’ouvre plus facilement aux autres, on dialogue plus facilement avec eux quand on les comprend. » (p.13)

« Il ne faut pas que les enfants restent enfermés dans leur classe. Très tôt ils doivent être confrontés aux beautés de la nature et initiés à ses mystères. C’est dans les forêts, dans les champs, dans les montagnes ou sur les plages que les leçons de physique, de géologie, de biologie, de géographie, d’histoire mais aussi la poésie, auront souvent le plus de portée, de signification. Il faut apprendre à nos enfants à regarder le chef-d’œuvre de la nature. » (p.21)

« Ce qu’il nous faut retrouver, c’est la cohérence du projet éducatif. Retrouver un fil directeur dans l’éducation, lui fixer des principes, des objectifs, des critères. Voilà ce que nous avons d’abord à faire. » (p.24)

Réponse de la Biosphère :

Les religions du livre n’ont pas besoin d’être étudiées puisque Dieu n’a jamais parlé à personne, que ce soit son Fils, Mahomet, ou ses thuriféraires. Donc pas besoin de parler en classe de l’imaginaire des différentes sectes qui nous ont historiquement manipulés. De plus il n’est nul besoin de passer par Dieu ou une institution religieuse pour s’ouvrir plus facilement aux autres, c’est même plutôt le contraire qui est vrai : l’agnostique ou l’athée, n’ayant aucun présupposé, se donne plus de chances d’être à l’écoute de son prochain. Par contre il est vrai que la dimension spirituelle est toujours nécessaire, elle permet de donner un sens à l’existence. Ce sens, Nicolas Sarkozy le frôle au détour d’une page, c’est notre nécessaire symbiose avec la nature, non pour discourir de façon abstraite en répétant les leçons d’un professeur imbu de sa propre discipline, mais pour déterminer le fil directeur de nos pensées, la nécessaire  symbiose avec le support qui nous fait vivre, la Nature.

La Biosphère  nous parle par de nombreux vecteurs, mais nulle part avec autant de clarté, d’exubérance et de détails qu’à travers la Nature et tous ses habitants, du ver de terre à l’éléphant. Aussi pour moi, lorsque nous détruisons des ressources naturelles, nous devons penser que nous n’avons pas le droit d’imposer cela  à nos générations futures – ni à nous-mêmes.

 

NB : Tous les articles sur la spiritualité sont archivés et classés par nos soins :

http://biosphere.ouvaton.org/index.php?option=com_content&view=section&layout=blog&id=10&Itemid=58

réponse à Sarkozy Lire la suite »

quelques aphorismes

1) Les personnes qui réussissent à donner sens à leur existence sont plus heureuses que celles qui ne font que passer d’un plaisir à un autre. (Le prix du bonheur de Sir Richard Layard) ó « Dans un monde globalisé, chaque individu devrait être amené à se penser non pas comme une personne isolée dans un endroit donné, mais comme un maillon d’une chaîne qui le relie à la nature. » (Michel Loreau)

 

2) Ce qui compte, ce n’est pas ce que la vie te donne, mais ce que toi tu donnes à la vie. (Sir Richard Layard) ó « La richesse et la diversité des formes de vie sont des valeurs en elles-mêmes. » (Arne Naess)

 

3) Le plus grand bonheur réside dans le fait de s’absorber entièrement dans un objectif qui nous soit extérieur. (Sir Richard Layard) ó « Le bien-être et l’épanouissement de la vie humaine et non-humaine sur Terre ont une valeur intrinsèque (en eux-mêmes). Ces valeurs sont indépendantes de l’utilité que peut représenter le monde non-humain pour nos intérêts humains. » (Arne Naess)

 

4) La vertu est à elle-même sa propre récompense. (Sir Richard Layard) ó « De celui qui dans la bataille a vaincu mille milliers d’hommes et de celui qui s’est vaincu lui-même, c’est ce dernier qui est le plus grand vainqueur. » (Bouddha)

 

5) L’homme a été fait pour louer, révérer et servir Dieu, et atteindre, ce faisant, le salut. (St Ignace de Loyola) ó «  Le principal changement idéologique consistera en la valorisation de la qualité de la vie plutôt que de toujours promouvoir un niveau de vie supérieur. » (Arne Naess)

 

6) Donne-moi la sérénité pour accepter les choses que je ne puis changer, le courage pour changer celles que je peux, et la sagesse pour en connaître la différence. (Prière de la sérénité) ó « Je ne désespère pas de l’espèce humaine, mais je ne suis pas entièrement rassurée non plus » (Germaine Tillion, ethnologue, résistante, arrêtée par la gestapo, rescapée du camp de concentration de Ravensbrück)

 

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet,

http://biosphere.ouvaton.org/index.php?option=com_content&view=section&layout=blog&id=15&Itemid=94

 

quelques aphorismes Lire la suite »

impuissance du roman

Les concepteurs du  Monde des livres (25 mai 2007) font de l’auto-congratulation : « Quelles que soient les directions successives, les équipes, les inclinations d’époque, le roman a joui d’une sorte de préséance On y évide une évidence, à savoir que le roman joue un rôle capital dans la conscience que nous avons du monde. »

Mais quelle conscience ? Le roman, support du rêve, instrument d’une fausse liberté ! Si vous aviez le temps de lire tous les romans parus dans l’année, vous êtes sûr de finir aussi ignorants des réalités que lorsque vous avez commencé. Ce n’est pas ainsi qu’on fait un homme ! Le prix Nobel de littérature devait récompenser normalement une « inspiration idéaliste », maintenant l’écrivain projette le lecteur dans un monde fictif qui n’a pour principal acteurs que des hommes centrés sur leur nombril. Sauf trop rares exceptions, c’est un point de vue anthropocentré qui s’exprime, nullement l’apprentissage des relations de l’homme et de la Nature, l’apprentissage de l’équilibre. Le « partage d’humanité » (selon l’expression du Monde des livres) permet au lecteur de se replier dans une petite bulle confortable où il ne prête nulle attention aux malheurs de la Biosphère.

 On connaît la puissance du langage, la force de persuasion des mots et la magie des phrases. Encore faut-il que cela puisse ouvrir véritablement les yeux au monde Ainsi, aucun enfant ne peut admirer un paysage avant que sa socialisation ne lui ait construit par des mots le sens de son environnement. Apprendre à ressentir les choses n’est pas  rattaché à l’écrit, encore moins au roman, les civilisations orales étaient bien plus durables car elles se contentaient de leur stabilité et non de la fugacité des romans. Seule une socialisation qui forgera l’amour de la Biosphère pourra nous permettre de construire un discours commun : toutes les inventions des romanciers, toutes les analyses des sociologues ou des économistes, tout cela ne remplacera jamais la contemplation d’un coucher de soleil en famille.

impuissance du roman Lire la suite »

sac à dos écolo

Le concept de sac à dos écologique, développé en 1994 par M. Schmidt-Bleek de l’Institut Wuppertal (Allemagne), vise à connaître la « consommation totale d’environnement » d’un produit. Pour les uns, cet indicateur va permettre de mesurer le progrès accomplis dans les pays industrialisés pour atteindre un développement plus soutenable, pour les autres il démontre de toute évidence que l’homme est devenu une force géologique qui perturbe complètement la Biosphère.

 Cet outil donne les résultats suivant sur quelques produits courants :
   une alliance de 5g représente un poids écologique de 2 tonnes ;
   un jean de 600 grammes représente en réalité 32 kilos de matières auquel il faut rajouter 8 000 litres d’eau ;

   le sac à dos écologique d’une voiture (qui pèse en moyenne 1 tonne) est de 70 tonnes voire plus pour les voitures luxueuses ;
   un litre de jus d’orange déplace plus de 100 kg de terre et d’eau…

 Cette nouvelle mesure les objets de notre consommation change de regard sur nos objets usuels, leur donne leur véritable poids écologique, doit nous inciter à économiser, à pratiquer la simplicité volontaire, à remettre en question toutes nos certitudes..

sac à dos écolo Lire la suite »

Chef Raoni

Enfin quelqu’un qui pense juste !!! Un résumé de la pensée de Raoni, chef du peuple indien Kayapo qui vit au cœur de l’Amazonie brésilienne :

 « L’homme blanc est étrange. Il ne prend pas le temps de rêver, de méditer, de célébrer la beauté de la terre, la naissance de l’aube, la douceur de la rivière. Il ne regarde pas les étoiles, il lui faut de l’argent, toujours de l’argent. Il lui faut même payer l’eau dont il se désaltère. Il court jusqu’à sa mort et sa vie lui passe sous le nez. Il survit dans un monde qui est pour nous incompréhensible. Dans les villes il y a trop de voitures, trop de gens, on ne peut pas respirer. Il me semble que l’homme blanc ne sait pas qui il est. Dans les années 1980, nous avons fait confiance aux Blancs qui avaient délimité notre réserve. Et puis sans prévenir, ils ont construit une route au milieu. Elle a apporté la maladie, les enfants ont commencé à mourir de la grippe. En principe notre territoire est protégé par la loi, mais il est très difficile de le contrôler. Les bûcherons, les chercheurs d’or et les fermiers blancs ne respectent pas la loi. Il leur faut de la terre, encore de la terre, toujours de la terre. Ils la fouillent comme des cochons, ils souillent l’eau avec le mercure, ils tuent le gibier pour le plaisir. Nous ne sommes pas des spécimens pour anthropologues, ni de nobles sauvages. Nous voulons simplement être libres d’être ce que nous sommes. Nous avons vécu pendant des milliers de lunes sans l’homme blanc. Notre mode de vie est le résultat d’une longue tradition qui nous a conduits à connaître chaque plante et chaque animal de la forêt. Et par là, à les respecter.  

« Nous pouvons beaucoup vous apprendre sur la façon de vivre en harmonie avec la nature. La nature est comme l’homme, le sol est sa peau, les forêts sont ses cheveux et les rivières sont ses veines. Nous respirons tous un seul air. Nous buvons tous une seule eau. Nous vivons tous sur une seule terre. Nous devons tous la protéger. La sauver, c’est nous sauver nous-mêmes. »

Quand un humain parle aussi bien de la Biosphère, il n’y a rien à ajouter…

 

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet,

http://biosphere.ouvaton.org

 

Chef Raoni Lire la suite »

David Selby, faire partie de la nature

Enfin quelqu’un qui pense juste !!! Un résumé de la pensée de David E.Selby, professeur en sciences de l’éducation à Plymouth (Grande-Bretagne) :

« Dans The Sense of Wonder, Rachel Carson nous rappelait dès 1956 que l’enfant comprend et détient une vérité que les adultes oublient trop fréquemment : nous faisons tous partie de la nature. L’enfant a aussi besoin de la compagnie des adultes pour partager  le sens du merveilleux avec lui. Mais aujourd’hui les écoles sont les cathédrales d’un esprit mécaniste et fragmentaire, elles jouent un rôle dominant dans l’érosion de la perception de l’écheveau du vivant. Le cursus scolaire est subdivisé en disciplines distinctes, l’enseignement de la compétition individuelle est la norme. L’école ne sait pas généralement fournir à l’enfant  l’opportunité d’apprendre dans et par son environnement naturel. Ce  faisant, nous oublions l’exhortation de Rachel Carson qui soulignait que « pour l’enfant, il importe moins de savoir que de sentir ». Au bout du compte, même le discours environnemental à l’école est arc-bouté sur l’anthropocentrisme. Ainsi tout le discours visant à sauver la forêt tropicale est purement instrumental, « La forêt contient des plantes rares capables de soigner certaines pathologies humaines ». Il évite soigneusement de se baser sur la valeur intrinsèque de cette forêt et des formes de vie dont elle regorge.

« Mais à quoi ressemblerait une éducation biocentrique, centrée sur la vie, holistique ? Premièrement le projecteur se braquerait sur  nos niveaux de consommation parfaitement inéquitables et absolument non viables. Deuxièmement, la prise de conscience que la société humaine fait partie de l’environnement, que l’on doit respecter la nature au lieu de la piller, qu’il existe en toute chose une forme de conscience, que tous les êtres vivants possédant aussi une valeur intrinsèque. Une école soucieuse de la Terre défendrait aussi la convergence des disciplines, organiserait des expériences festives réaffirmant l’intégration de la société humaine dans la nature. De tels enseignements comprendraient un art contemplatif, la danse, des exercices de respiration profonde, la méditation… »

 

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet,

http://biosphere.ouvaton.org/index.php?option=com_content&view=section&layout=blog&id=15&Itemid=94

David Selby, faire partie de la nature Lire la suite »

Scott Momaday

Un résumé de la pensée de Scott Momaday, professeur de littérature à l’université d’Arizona, peintre, dramaturge. Enfin quelqu’un qui pense juste !!!

« La révolution technologique a eu, entre autres effets, celui de nous déraciner, de nous arracher au sol. Nous autres Américains, nous sommes désorientés ; nous avons subi une forme de dislocation psychique de l’être. Notre sens de l’ordre naturel s’est émoussé et n’est plus fiable. Comme la nature sauvage elle-même, la sphère de nos instincts s’est rétrécie en proportion. Nous avons tous adopté une attitude d’indifférence envers la terre. Et cependant je crois qu’il est possible de formuler une conception éthique de la terre (de la Biosphère ?), une idée de ce qu’elle doit être dans notre quotidien. » (…)

« Nous sommes ce que nous imaginons être. Il y a depuis fort longtemps dans la vision du monde de l’indigène d’Amérique la conviction profonde que la terre est vivante, qu’elle a une dimension spirituelle, une dimension dans laquelle l’homme trouve sa  juste existence. Dans la mesure où je suis inclus dans la terre, il est approprié que je m’affirme dans l’esprit de la terre. Je dois célébrer ma vie dans le monde physique et  le monde dans ma vie. Tout au contraire dans la société actuelle, nous concevons la terre en termes de propriété et d’usage. C’est une valeur d’échange dépourvue de toute vie ; elle n’a pour la plupart d’entre nous pas plus de spiritualité qu’une automobile ou un réfrigérateur. Nous pouvons acheter et vendre la terre, nous pouvons en exclure autrui, en être exclu par lui et, dans le cadre de la propriété, nous pouvons en user comme bon nous semble. En ce qui concerne l’usage, à l’évidence l’Indien utilise et a toujours utilisé la terre et les ressources qu’elle offre. Mais en tant qu’Indien, je pense : « Vous dites que j’utilise la terre, et je vous réponds oui, c’est vrai ; mais ce n’est pas la vérité première. La vérité première, c’est que j’aime la terre ; je constate qu’elle est belle ; en elle, je me réjouis ; en elle, je suis vivant. »

 

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet,

http://biosphere.ouvaton.org/

Scott Momaday Lire la suite »

le sens des limites

Un diagnostic sans remèdes 

Edgar Morin, sociologue, directeur de recherche au CNRS, fait un diagnostic sans concession : « Une société-monde a besoin de gouvernance. Mais l’exemple de l’Europe nous montre la lenteur d’un cheminement qui exige un consensus de tous les partenaires. C’est dire qu’il faudrait œuvrer dans le sens d’un civisme planétaire, d’une émergence de société civile mondiale, d’une amplification des Nations unies. A travers régression, dislocation, chaos, la Terre-patrie pourrait surgir, non se substituant aux Patries, mais les enveloppant. La tendance à l’unification de la société-monde suscite des résistances nationales, ethniques, religieuses, qui tendent à la balkanisation de la planète. Il y a surtout l’immaturité des Etats-nations, des esprits, des consciences, c’est-à-dire fondamentalement l’immaturité de l’humanité à s’accomplir elle-même. Il faudrait que surviennent de grands progrès de l’esprit humain, non tant dans ses capacités techniques et mathématiques, non seulement dans la connaissance des complexités, mais dans son intériorité psychique. »  

Un remède, le sens des limites, la  décroissance ?

Scott Momaday, professeur à l’université d’Arizona, a grandi dans les réserves indiennes et possède la potion magique : « Aucun de nous ne vit totalement séparé de la terre ; un tel isolement est inimaginable. Tôt ou tard, il nous faudra tenir compte du monde physique qui nous entoure, il nous faut en tenir compte dans une optique d’éthique. » Pour plus de précisions, pensons à Aldo Leopold, avant-garde de l’écologie profonde : « Une éthique (écologiquement parlant) est une limite imposée à la liberté d’agir dans la lutte pour l’existence. Il faut valoriser une éthique de la terre et montrer sa conviction quant à la responsabilité individuelle face à la santé de la terre, c’est-à-dire sa capacité à se renouveler elle-même. L’écologie, c’est cet effort pour comprendre et respecter cette capacité. Le progrès n’est pas de faire éclore des routes et des paysages merveilleux, mais de faire éclore le sens de l’observation dans des cerveaux humains. »

 

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet,

http://biosphere.ouvaton.org/index.php?option=com_content&view=section&layout=blog&id=15&Itemid=94

le sens des limites Lire la suite »

suicide de Gérard Horst

La Biosphère te donne la vie, la croissance, la maturité, le déclin et te retire de toute façon un jour ou l’autre le droit de continuer. La Nature est plus forte que l’environnement…

 

Né à Vienne en février 1923, sous le nom de Gerard Horst, André Gorz est considéré comme un penseur de l’écologie politique et de l’anticapitalisme. Cependant André Gorz ignorait la philosophie de l’écologie profonde, apparue en même temps que son article Ecologie et liberté. Contre les courants environnementalistes systémistes ou écocentristes, il s’était en effet attaché à défendre un courant humaniste pour qui l’environnement se conçoit seulement comme un environnement humain. Exit la Nature ! Dans Capitalisme, Socialisme, Ecologie (1991), il adoptait même une attitude sans nuances : « Du point de vue des fondamentalismes pré-modernes, tout le développement de la modernité a été un péché contre l’ordre naturel du monde. Son issue catastrophique obligera l’humanité à sa nécessaire conversion. Il n’existe pas de voie rationnelle vers le salut, seul l’effondrement inévitable pourra ouvrir la voie. » C’est pourquoi il allait jusqu’à trouver une parenté entre ce qu’il appelle « les fondamentalistes Vert » et les intégristes : « Il n’est pas exclu, d’ailleurs, que le fondamentalisme  islamique ait  recours à des armes biologiques ou nucléaires afin d’anéantir l’impie civilisation moderne avec sa propre technique scélérate. (p.28) 

 Pourtant on peut être à la fois un écologiste forcené et un non-violent confirmé, à la fois un écologiste forcené et un athée convaincu. Mais laissons là le débat, paix à son âme, il s’est suicidé  le 24 septembre 2007 en même temps que sa femme, Dorine, atteinte depuis longtemps d’une affection évolutive qui s’est doublée d’un  cancer. L’écrasante beauté d’une communion dans le suicide de deux amoureux octogénaires ne peut que nous faire penser à Paul Lafargue qui écrivait, avant de se suicider en 1911 avec sa femme Laura Marx : « Sain de corps et d’esprit, je me tue avant que l’impitoyable vieillesse qui m’enlève un à un les plaisirs et les joies de l’existence et qui me dépouille de mes forces physiques et intellectuelles ne paralyse mon énergie, ne brise ma volonté et ne fasse de moi une charge à moi et aux autres. » Ce double exemple montre qu’il n’est pas nécessaire d’aller en Suisse pour avaler un cocktail létal et pratiquer ainsi une forme d’auto-euthanasie.  

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet,

http://biosphere.ouvaton.org/index.php?option=com_content&view=section&layout=blog&id=15&Itemid=94

 

suicide de Gérard Horst Lire la suite »

vivre en vaut-il la peine ?

Pour clarifier le débat sur la bioéthique, Pierre-andré Taguieff identifie dans son livre La bioéthique ou le juste milieu ; une quête de sens à l’âge du nihilisme technicien trois courants de pensée.

Le premier courant est le plus ancien, il n’a aucune considération pour l’écologie. Mais issu de la chrétienté et plus particulièrement de l’Eglise catholique, cette idéologie estime que Dieu a créé l’homme à son image, conférant de ce fait à la vie humaine son caractère sacré. Interdiction éternelle est donc faite à l’homme d’agir aux confins des deux extrémités de son existence terrestre. Le Vatican est opposé aussi bien à l’avortement qu’à l’euthanasie et à la manipulation génétique ; il est hors de question de modifier l’alphabet et la grammaire de ce Livre de la vie qu’il voit en son génome.

 

La position de la deep ecology valorise au contraire la considération des relations entre l’homme et son milieu. Selon Taguieff, il s’agit d’une forme nouvelle de fondamentalisme, caractérisée par une mystique panthéiste (tout est lié et sacré) doublé d’un souci éthique face à la nature. L’humain est considéré comme faisant partie de la biosphère, mais en tant  qu’agent dénaturé, devenu particulièrement polluant avec la société techno-industrielle. Dans cette éthique de la diversité de la vie, l’intégrité de la nature, génome compris, est la mesure de toutes choses. Ce n’est plus la vie humaine qui est ici sacrée, mais l’ensemble de la vie.

 

La troisième position, liée à ce qu’on peut appeler l’écologie réparatrice, est qualifiée par Taguieff de prométhéenne. Elle présuppose que l’homme est un dieu pour l’homme, ce qui implique l’idéal d’une maîtrise technoscientifique de la nature et entend que l’homme fasse tout ce qui est susceptible d’améliorer ses facultés et son bien-être. Ces trois courants sont incompatibles et le comité consultatif français d’éthique ne peut donc depuis un quart de siècle qu’émettre des avis flous et sans conséquences.

 

En fait se pose depuis toujours cette question fondamentale : « Comment juger si une vie humaine vaut ou non la peine d’être vécue ?

vivre en vaut-il la peine ? Lire la suite »

transversalité !!!

EDF se présente comme ayant le meilleur bilan CO2 de tous les grands groupes énergétiques européens puisque pratiquement 80 % de sa production est d’origine nucléaire. Mais on se garde bien de nous parler de l’épuisement des ressources en uranium, des risques de la prolifération nucléaire mondiale et de l’accumulation des déchets radioactifs. La Biosphère a pour habitude de gérer la complexité des cycles de vie, les humains ont oublié que la vie est complexe.

 

Les CFC (chlorofluocarbures) sont des composés chimiques commercialement appelés Fréon. Incolores, inodores, ininflammables, non-corrosifs à l’état gazeux ou liquide, ils ne sont pas intrinsèquement toxiques, mais certains de leurs produits de décomposition peuvent être dangereux. Les deux principaux dérivés des CFC sont les Halons et les HCFC. Les premiers membres de ce groupe ont été utilisés comme réfrigérants dans les années 1930. Ils ont également été utilisés comme gaz propulseur des aérosols, comme matières premières dans la synthèse de composés organiques, comme solvants, comme extincteurs et comme agents d’expansion dans les mousses de matières plastiques. Les CFC sont responsables de la dégradation de l’ozone qui protège la Terre à haute altitude (stratosphère). En 1987 à Montréal, les principaux pays producteurs de Halons décidèrent d’en stopper la production. La dernière conférence de Montréal, qui s’est achevée le 22 septembre 2007, a accéléré  le calendrier d’élimination des HCFC dont la date butoir est quand même fixée à 2020 ou 2040 !

 

Cependant la famille des substituts aux HCFC, dénués de chlore, ont un fort coefficient de réchauffement climatique : le HFC152 a par exemple un effet 140 fois supérieur à celui du CO2, le HFC 23 un effet 11300 fois supérieur. La conférence n’a pas abordé cet « inconvénient » puisque son objet n’était pas le changement climatique. Il en est donc  au niveau international comme au niveau individuel : dans la société thermo-industrielle ou la spécialisation des personnes est poussée à son paroxysme, il ne faut pas s’attendre à une analyse transversale des problèmes.

 

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet,

http://biosphere.ouvaton.org/index.php?option=com_content&view=section&layout=blog&id=15&Itemid=94

 

transversalité !!! Lire la suite »