épuisement des ressources

pour une société de décroissance, des témoignages

Il ne faut pas confondre décroissance subie ou récession économique que nous préparent les gouvernements actuels et la décroissance organisée, voulue par les objecteurs de croissance. L’idée d’une société de décroissance commence à faire son chemin parmi nos intellectuels, exemple :

Jean-Pierre Dupuy, ingénieur et épistémologue :

« Aujourd’hui, l’Etoile (la croissance) s’est éteinte. L’étymologie nous aide à décrire l’état qui en résulte : c’est un « dés-astre ». Les avocats de la décroissance, pour qui j’ai de l’affection, ne prennent pas assez la mesure du dilemme où nous sommes. On ne prive pas un drogué de sa drogue du jour au lendemain. On ne renonce pas à sa foi sans souffrance. »

(La « Croissance » sans fin », Le Monde, 8 septembre 2013)

Hervé Kempf, journaliste

« Les gens qui possèdent les journaux sont des capitalistes. (…) J’attends que l’on qualifie tous les éditorialistes, rédacteurs en chef et chroniqueurs de “journalistes engagés” parce que jour après jour, ils répandent une vision du monde dans laquelle la croissance est absolument indispensable. (…) La question écologique oblige, si on la prend au sérieux, à remettre en cause le système en place. »

Libération, 5 septembre 2013.

Françoise Martres, présidente du Syndicat de la magistrature

« Je parle beaucoup à mes enfants de la sobriété et de la décroissance. C’est nécessaire en tout point. »

(Libération, 4 septembre 2013)

Dominique Bourg, philosophe

« – Pourquoi ai-je cru au développement durable ? Parce que j’avais envie d’y croire (…) j’ai fini, et bien d’autres avec moi, par changer d’avis.

Revue Moins: Faut-il éviter d’employer publiquement le mot “décroissance” (…) ?

– Je n’ai pas de doute sur le fait qu’il faille l’employer… »

(in Revue Moins! n°6, juillet 2013 – Suisse)

Dominique Barbier, psychiatre, psychanalyste et psychothérapeute spécialisé dans l’aide aux victimes

« Vivre dans le mythe de la croissance va, bien entendu, détruire la planète. Ce mythe de l’exponentielle croissance qui va tout résoudre est une résurgence de croyance du XIXe siècle dans le progrès économique qui devait fonder, en parallèle, le progrès de l’humanité. Ne faudrait-il pas plutôt travailler moins pour vivre mieux, consommer moins et réfléchir plus ? Cette décroissance aurait au moins le mérite de sauvegarder notre écosystème. »

(in La Fabrique de l’homme pervers – éditions Odile Jacob, 2013)

Yves Cochet, eurodéputé Europe Ecologie

« Il nous faut penser une société, une économie, en décroissance, en récession. François Hollande et Jean-Marc Ayrault sont des gens de bonne volonté. Je les connais, je les ai côtoyés pendant des années à l’Assemblée, mais ils ont des toiles d’araignée dans la tête… »

(les Verts, Marianne, 15 juin 2013)

Chems Eddine Chitour, professeur de thermodynamique à l’Ecole Polytechnique d’Alger

« Le mode de vie actuel dans les pays développés n’est pas soutenable. On ne peut pas continuer à 8 tep/hab/an pendant que des Somaliens sont à 200 kg! Toutes les guerres du monde ne pourront pas faire augmenter les réserves de pétrole qui sont un invariant. Les accaparer en ruinant des pays, en apportant le malheur à des peuples, en rayant de la carte des civilisations, ne peut amener qu’un sursis. L’alternative est dans la sobriété, le changement de rythme, la décroissance qui suggère un changement de valeur : ne pas stigmatiser la lenteur, ne pas s’éblouir de la nouveauté, ne pas faire dans le mimétisme ravageur de l’Occident… »

(L’Expression – Algérie), 18 avril 2013)

François Paul-Pont, économiste, professeur à l’Institut Supérieur de l’Enseignement Privé de Polynésie

« J’essaye de dire aux politiques : on est en récession optez pour la décroissance, si vous décidez de la piloter cela se passera mieux. »

(Les Nouvelles de Tahiti, 22 mars 2013)

Harald Welzer, sociologue auteur de Les Guerres du climat

« Je pense qu’il existe des moyens très efficaces d’inverser les choses : extraire moins de ressources, consommer moins d’énergie, consommer moins tout court. (…) Si nous voulons éviter un stress ingérable à l’avenir, en tant que consommateurs, nous devons changer nos modes de vie, renoncer aux idéaux du rêve américain et convaincre les hommes politiques que nous aspirons à autre chose que ce que le modèle consumériste du XXe siècle a forgé dans l’inconscient collectif de la plupart des sociétés. Des modes de vie soutenables, la décroissance… sont des pistes très enthousiasmantes. A nous de les explorer. »

(Libération, 21 mars 2013)

Jean-Claude Michéa

« La “décroissance” doit devenir la vérité de tout socialisme moderne. Ce concept invite, en effet, à remettre radicalement en question la logique d’un monde fondé, disait Marx, sur la seule nécessité de “produire pour produire” et donc de transgresser sans cesse “toutes les limites morales et naturelles”. »

(L’Humanité, 15 mars 2013)

Jean-Claude Guillebaud

« Dominique Bourg […] enseigne à l’université de Lausanne. Dans le numéro de février du mensuel (…) “La Décroissance”, il sonne le tocsin. Il n’hésite pas à parler d’effondrement. “Aujourd’hui, souligne-t-il, nous faisons face à une dégradation continue de la biosphère, un appauvrissement continu des ressources. L’ensemble des écosystèmes s’affaiblit. […] Nous n’avons jamais connu une période aussi difficile dans l’Histoire. Un peu plus loin, il ajoute : “Tous nos modes de vie, toute la société reposent sur des flux de matières et d’énergie sans cesse croissants. Or ces ressources sont en voie d’épuisement, et notre consommation d’énergie perturbe le système biosphère. Sans décroissance de ces flux de matières et d’énergie, on ne s’en sortira pas.” »

(Sud Ouest, 10 mars 2013)

Florian Gulli

« On peut évidemment contester la pertinence du mot “décroissance” (…). Mais la querelle de mots ne doit pas faire oublier l’idée centrale : il faut sortir de l’imaginaire de la production illimitée. (…) On peut souligner aussi – second axe critique – les conséquences psychologiques et culturelles de l’augmentation illimitée de la production. Le capitalisme contemporain n’est plus un système strictement économique. Du fait de sa logique expansionniste, il s’est emparé de presque toutes les dimensions de l’existence humaine. »
(La Revue du projet n° 23,  janvier 2013)

Jean-Marc Ayrault, Premier ministre

« On ne va tout de même pas tomber dans la décroissance ! »

(Le Point, 29 novembre 2012)

source : http://www.decroissance.org/?chemin=accueil

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gratter l’écorce de la Terre jusqu’aux dernières limites

 Nous sommes comme dans la légende* de l’homme né avec un cerveau empli d’or qui, tout au cours de sa courte vie, puise dans son crâne de quoi se croire riche jusqu’à gratter les dernières poussières d’or dans le sang et les larmes et en mourir vidé de sa substance. De même la France veut puiser ses ressources pétrolières, minières et minérales dans le sol sous-marin grâce à l’extension du plateau continental français. Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) dans son avis oublie son étiquette environnementale : « Cette possibilité d’extension du plateau est une chance et un atout à ne pas négliger. Dans un contexte de crise économique, quel pays côtier ne saisirait pas l’opportunité d’accéder à des droits sur des ressources naturelles vitales pour ses industries ? »

Depuis le tournant libéral des années 1980, funestes années Reagan-Thatcher, la planète est au pillage.En vertu de la Convention des Nations unies de Montego Bay, signée en 1982, les États côtiers peuvent revendiquer des droits souverains sur les ressources naturelles du sol et du sous-sol de la haute mer. La France, qui occupe déjà, derrière les Etats-Unis, le deuxième espace maritime au monde, avec 11 millions de km² répartis sur tous les océans grâce à ses territoires d’outre-mer, pourrait étendre ses droits souverains sur 2 millions de km² supplémentaires. L’article du MONDE** est factuel, mais il envisage cependant en passant les conflits entre pays dans la recherche désespérée de ressources naturelles ultimes et les sommes nécessaires à assurer l’exploitation et la sécurisation de ces ressources. Le long terme est complètement absent de cet article, les générations futures se débrouilleront sur une terre dévastée.

Pourtant la condamnation de la dilapidation des ressources est ancienne. En 1948, dans son livre La planète au pillage, Fairfield Osborn écrivait : « L’idée d’écrire ce livre m’est venu à la fin de la seconde guerre mondiale. Il me semblait que l’humanité se trouvait engagée non pas en un, mais en deux conflits, cette autre guerre mondiale qui est grosse d’un désastre final pire même que celui qui pourrait provenir d’un abus de la bombe atomique. Cette autre guerre, c’est celle de l’homme contre la nature… Que l’homme ait hérité de la terre, c’est là en vérité un fait accompli, mais en tant qu’héritier, il n’a tenu aucun compte des paroles du doux Nazaréen : Bienheureux les humbles, car la terre sera leur héritage. L’homme a dès maintenant détruit une bonne partie de son héritage. Il a jusqu’ici manqué à se reconnaître comme un enfant du sol sur lequel il vit. »

De nos jours la voie de la sagesse est inaudible, nous avons perdu le sens des limites de la planète… le CESE ne sait pas encore ce que contraintes écologiques veut dire.

* Alphonse Daudet, L’homme à la cervelle d’or

** LeMonde.fr du 9 octobre 2013,Les fonds marins, une opportunité pour lutter contre la crise ?

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un intellectuel face à l’apocalypse, Bruno Latour

Faut rigoler, faut rigoler / tant que le ciel /nous tombe pas sur la tête

1/2) Biosphere est d’accord avec Bruno Latour :

Vous estimez que le décalage entre la gravité des problèmes environnementaux et la prise de conscience publique de ces questions est énorme. A quoi attribuer une pareille dissonance ?

« A un recul compréhensible devant l’apocalypse qui vient. Cela peut se comprendre, d’ailleurs. En France s’était créée une association merveilleuse entre la confiance dans la science, l’esprit républicain et l’idée de modernisation. Le sentiment général qui prévaut est donc que « ça va s’arranger et que, de toute manière, on n’a pas d’autre modèle ». Il ne faut pas se tromper sur le sens du mot « apocalypse », cela ne veut pas dire catastrophe. L’apocalypse signifie la certitude que le futur a changé de forme, et qu’on peut faire quelque chose. C’est comme si la forme du temps avait changé et que l’on pouvait donc maintenant enfin faire quelque chose. C’est une pensée pour l’action contre la sidération et la panique. Tant que l’on croit qu’on va bien s’en sortir, que l’on va essayer de retrouver un degré de croissance à 1 %, nulle action n’est envisageable. A l’inverse, l’apocalypse c’est la compréhension que quelque chose est en train d’arriver et qu’il faut se rendre digne de ce qui vient vers nous. C’est une situation révolutionnaire, en fait. Donc c’est assez normal qu’il y ait des sceptiques qui nient ou qui dénient le caractère apocalyptique de la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui. »

Que faudrait-il faire, selon vous, pour s’engager résolument dans la voie d’une écologie nouveau style à l’heure de l’anthropocène ? Est-ce que, comme le pensent certains, la démocratie est mal adaptée pour répondre aux défis environnementaux du futur ?

« Nous sommes assurément dans une situation de révolution. Mais ce caractère révolutionnaire est totalement différent de ce que nous avions compris jusque-là sous ce nom. Les anciens thèmes révolutionnaires, d’action politique révolutionnaire, de dictature, ne correspondent absolument pas à l’époque.

Il faut imaginer un Etat capable de s’équiper pour savoir que faire d’une situation où il faut simultanément s’occuper des humains, du climat, du climat des autres, pas simplement du sien, et ce en dehors des frontières nationales. Or nous n’avons aucun paradigme de ce que peut être une action politique commune dans une situation révolutionnaire et apocalyptique à la fois. Et c’est une des explications de la paralysie qui règne dans les négociations internationales pour le climat. Nous allons avoir un joli test puisqu’en 2015 la conférence du climat se tient en France. On va tester alors à quelle vitesse l’opinion va évoluer ou progresser sur ces questions. »

2/2) Biosphere n’est pas d’accord avec Bruno Latour :

Dans votre peinture de l’urgence écologique, n’adoptez-vous pas les thèses de la « Deep Ecology » (« l’écologie profonde »), à qui l’on reproche de privilégier le sort de la planète à celui des hommes ?

« Non, ma position est très différente. La Deep Ecology, c’est quelque chose de très daté, très sympathique par ailleurs, qui correspond à un moment d’avant l' »anthropocène » . Dans l’écologie, on a cette idée qu’il faut protéger la nature. Mais là, la nature, c’est qui ? C’est nous aussi désormais. Avec la Deep Ecology c’était encore l’idée de la nature qui était en question ; là, on assiste à la fin de l’idée de nature. De toute façon, l’opposition entre écologie et anti-écologie n’a plus beaucoup de sens. A l’époque de l’anthropocène, la nature n’est plus une catégorie distincte des humains, eux-mêmes divisés en de multiples groupes en lutte les uns avec les autres. »*

La question posée à Bruno Latour est biaisée. En effet l’écologie profonde d’Arne Naess n’a jamais « privilégier le sort de la planète à celui des hommes ». De plus la réponse de Bruno Latour montre qu’il ne connaît rien à l’écologie profonde.  Celle-ci s’oppose en termes très actuels aux tenants de l’écologie superficielle, type Vert rose ou croissance verte. Pour en savoir plus, l’écologie profonde face à ses détracteurs

* Source : LE MONDE du 21 septembre 2013, Bruno Latour : « L’apocalypse est notre chance »

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Philippe Chalmin, porteur de la vulgate croissanciste

« Le monde en ce début du XXIe siècle reste largement dans l’âge des énergies fossiles. Nous rêvons tous d’une fin de siècle avec une planète qui se sera débarrassée des énergies non renouvelables et polluantes. La transition énergétique est une impérieuse nécessité ! C’est une nécessité à la fois économique, géopolitique et environnementale. Voilà une affirmation que tout le monde peut et doit partager. » Ce point de départ est excellent, la suite l’est beaucoup moins.

Il y a bien sûr une attaque contre « la vision malthusienne flirtant avec les thèses de la décroissance ». Cela prouve que Philippe Chalmin ne connaît ni Malthus, ni Georgescu-Roegen. Il y a ensuite le credo scientiste : « La deuxième ambiguïté est de raisonner en tenant insuffisamment compte des progrès scientifiques et technologiques : penser demain avec le regard scientifique – et donc énergétique – d’aujourd’hui est une erreur courante chez nombre de prévisionnistes. » Demain on ne rasera pas gratis, la techniqu eest déjà devenue le problème pas la solution ! Le couplet sur le nucléaire vient juste après : « Grâce au nucléaire, la France dispose de l’une des électricités les moins carbonées de la planète à un coût inférieur à ses voisins. » Peu importe qu’il s’agisse là d’une contre-vérité tant elle est répétée. On aligne aussitôt un nouveau poncif : « Les énergies renouvelables actuelles ne peuvent assurer à elles seules une transition post-pétrolière et post-nucléaire. » Donc cela nécessite le gaz de schiste : « Il y a une énergie qui sera le chaînon manquant de la transition énergétique de la planète : le gaz naturel. Le développement des gaz de schiste aux Etats-Unis y a complètement modifié la scène énergétique. » Chalmin ne nous dit pas pour combien d’années les USA seront sauvés par ce gaz dont l’extraction est controversée. De tout façon, c’est chez gens-là, il n’y a aucun doute, aucune controverse, on a raison puisqu’on répète toujours la même chose : progrès techno-scientifique, nucléaire, gaz de schiste… et non à l’écologie : «  Le principe de précaution vire à l’absurde »*.

Philippe Chalmin est professeur à l’université Paris-Dauphine, il pontifie surtout dans les médias. Lors de la présidentielle 2012, Philippe Chalmin avait signé avec 18 autres économistes « sans parti pris idéologique » un appel pour voter Nicolas Sarkozy. Il publie chaque année un rapport sur l’état et les perspectives des marchés mondiaux de matières premières. Il est donc idéologiquement de droite et libéral ! Il ne faut pas attendre de lui une vision malthusienne et décroissanciste. Pourtant il devrait être bien placé pour savoir qu’il va nous falloir organiser la décroissance quand nous n’aurons plus de matières premières fournies généreusement à bas prix par la nature !

* LE MONDE du 19 septembre 2013, « Les énergies renouvelables ne peuvent assurer la transition post-pétrolière« 

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Bientôt un système d’autodéfense dans les campagnes

« Depuis quelques années, les larcins agricoles prennent de l’ampleur, surtout en périphérie des grandes agglomérations. Les gendarmeries sont mobilisées… sans grand effet ! Les réservoirs des tracteurs sont siphonnés, parfois c’est un coup de pioche dans le réservoir. Les câbles électriques en cuivre des travées d’irrigation, les piquets en fer des clôtures, les asperseurs, des morceaux de serre… disparaissent. Sans compter les animaux d’élevage, parfois dépecés sur place pour leur viande, les fruits et légumes dont des champs entiers sont pillés le temps d’une nuit. On vient saccager un travail pénible et peu rémunérateur, les paysans deviennent fous ! Alors on creuse des fossés, s’entoure de chiens, s’équipe de caméras de vidéosurveillance à infrarouge. Des rondes de surveillance nocturne s’organisent, un trufficulteur de la Drôme a abattu un voleur à coups de fusil à pompe. Quand l’alarme se déclenche quelque part en pleine nuit, les gars n’y vont pas avec un bâton. L’ambiance a bien changé dans les campagnes, jadis réputées accueillantes. Le Front national grimpe chez ces bosseurs qui ne supportent plus le laxisme. La République les a abandonnés à leur sort. »

Nous n’avons rien changé, ce sont les expressions exactes d’un article du MONDE*. Quand la misère dans les villes va exploser après le choc pétrolier tout proche, quand il n’y aura plus grand chose à manger dans les banlieues difficiles, des bandes vont saccager les campagnes. Il faudra être bien armé. C’est ce que pensent les survivalistes :

« D’abord l’essence devint rare et chère, et maintenant il n’y en a plus. L’âge de l’automobile est terminé. L’électricité aussi. Aucun ordinateur ne fonctionne. Les grandes entreprises n’existent plus. L’argent papier ne vaut plus rien. Des villes ont été détruites. Il n’y a plus de gouvernement… La concurrence pour des ressources de plus en plus rares sera féroce. On observe très bien, dans le cas d’effondrements d’Etats ou de révolutions, des comportements violents dont les gens ne se croyaient pas capables : massacre atroces, viols, pillages, enfants-soldats. Une arme à fort impact psychologique dissuasif est le fusil à pompe : le clic-clac caractéristique de celui-ci lorsqu’on charge une cartouche est généralement suffisant pour que les agresseurs se calment et quittent la zone. Un voleur de volaille s’est fait attraper et a été immédiatement jugé par le chef coutumier du village. Il a été lapidé. On ne plaisante pas avec la nourriture. C’est trop important. »**

* LE MONDE du 22 août 2013, Les agriculteurs exaspérés et démunis face aux vols sur leurs exploitations

** Survivre à l’effondrement économique de Piero San Giorgo (2011)

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Nous allons boire le pétrole jusqu’à la dernière goutte

Tout un chapitre de la Constitution Équatorienne de 2008 est dédié aux droits de la Nature ; son article 71 dispose que la « Nature ou Pacha Mama, où se reproduit et réalise la vie, a le droit à ce que soient intégralement respectés son existence, le maintien et la régénération de ses cycles vitaux, sa structure, ses  fonctions et ses processus évolutifs. Toute personne, communauté, peuple ou nationalité pourra exiger à l’autorité publique, l’accomplissement des droits de la nature. » Or le président de l’Equateur, Rafael Correa, a demandé au Congrès le jeudi 15 août 2013 l’autorisation d’exploiter le pétrole dans une importante réserve écologique du Parc Yasuni.

Le Parc Yasuni est une forêt tropicale humide avec la plus grande biodiversité par kilomètre carré de toute l’Amazonie. Environ 11 000 indigènes quichuas et huaorani vivent dans ce parc. En 2007, Rafael Correa avait proposé à l’ONU de ne pas exploiter ce pétrole en échange d’une compensation de 3,6 milliards de dollars à titre de contribution pour la lutte contre le réchauffement climatique. L’Equateur n’a obtenu qu’à peine 13,3 millions de dollars. Rafael Correa en conclut : « Avec une profonde tristesse, mais aussi avec une absolue responsabilité envers notre peuple et envers l’histoire, j’ai été obligé de prendre une des décisions les plus difficiles de tout mon gouvernement. »*

Nous allons boire le pétrole jusqu’à la dernière goutte, manger les forêts et vider les océans. Nos générations futures auront en échange le réchauffement climatique, l’absence de ressources fossiles, une terre soumise à la désertification et beaucoup trop d’armes dont ils se serviront à foison. Dans un livre prémonitoire de 1979, Vivre sans pétrole, J.A. GREGOIRE s’exclamait : « L’observateur ne peut manquer d’être angoissé par le contraste entre l’insouciance de l’homme et la gravité des épreuves qui le guette. Comme le gouvernement crie au feu d’une voix rassurante et qu’on n’aperçoit pas d’incendie, personne n’y croit. Jusqu’au jour où la baraque flambera. Comment l’automobiliste pourrait-il admettre la pénurie lorsqu’il voit l’essence couler à flot dans les pompes et lorsqu’il s’agglutine à chaque congé dans des encombrements imbéciles ? Cette situation me paraît beaucoup plus inquiétante encore que celle des Français en 1938. Ceux qui acceptaient de regarder les choses en face apercevaient au-delà des frontières la lueur des torches illuminant les manifestations wagnériennes, ils entendaient les bruits de bottes rythmant les hurlements hystériques du Führer. Tous les autres refusaient de voir et d’entendre. On se souvient de notre réveil en 1940 ! »

* Le Monde.fr avec AFP | 16.08.2013, L’Equateur se résout à exploiter le pétrole du parc Yasuni

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Troisième révolution industrielle, débat Gadrey/Rifkin

Miracles de la TRI (troisième révolution industrielle*) : énergies renouvelables quasiment gratuites, production par les particuliers d’énergie et de biens matériels, déplacement écologique dans des véhicules verts. Contre ces illusions, Jean Gadrey** n’y va pas avec le dos de la cuillère. En résumé :

« Jeremy Rifkin s’oppose clairement aux appels à la sobriété et encore plus à l’objection de croissance. La TRI est une modalité de croissance supposée verte… Sa TRI est en réalité hyper matérielle, hyperconusmérits et hyperproductviste. La quasi-gratuité de l’énergie à terme est une hypothèse intenable et il oublie les pics matériels (minerais, terres arables, forêts, eau douce…) qui ont déjà commencé à faire sentir leurs effets… Il s’agit à mes yeux d’une imposture intellectuelle, mais aussi d’un choix stratégique pour refuser le scénario de Tim Jackson « prospérité sans croissance »… Il annonce de forts gains de productivité dans l’agriculture grâce à des « technologies intelligentes » et dans tous les services grâce aux robots… Rifkin n’y connaît strictement rien aux services, comme tous les industrialistes… Rien sur les inégalités, or qui va pouvoir transformer son logement en fournisseur net d’énergie, se payer un véhicule à pile à combustible et s’équiper en super imprimante 3D… Rien sur les pays « en développement »… Rien sur l’isolation thermique des logements anciens… Tout centrer sur l’hydrogène pour stocker les énergies intermittentes est une solution refusée par presque tous les spécialistes de l’énergie… »

Par contre Jean Gadrey rejette la conversion de Jeremy Rifkin à l’économie écologique : « Les lois de l’énergie gouvernent toute activité économique » et « le processus économique reflète les processus biologiques de la nature ». La science économique devient donc une branche de la thermodynamique et de la biologie. Pour Gadrey au contraire, si les lois de l’énergie et de la matière doivent être prises en compte, les pratiques économiques sont des pratiques sociales qui ne se limitent pas à des échanges d’énergie. A croire que Gadrey n’a aucune culture sur la bioéconomie. De sons côté Rifkin ne faisait que reprendre les analyses de Nicholas Georgescu-Roegen… en oubliant que celui-ci avait démontré la nécessaire descente énergétique de nos sociétés occidentales !

Jean Gadrey pose une question essentielle : « À qui se fier ? » Nous avons une réponse : ce blog Biosphere…

*Jeremy Rifkin, La troisième révolution industrielle. Comment le pouvoir latéral va transformer l’énergie, l’économie et le monde, Éditions Les Liens qui libèrent, 2012

** http://alternatives-economiques.fr/blogs/gadrey/2013/05/13/jeremy-rifkin-le-gourou-du-gotha-europeen-3/

PS : SOBRIÉTÉ à la TRAPPE, BIENVENUE au CONSUMÉRISME et AU PRODUCTIVISME… et dégagez a dit le premier ministre Ayrault aux ministres socialos de l’écologie Nicole Bricq, puis maintenant Delphine Batho

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« elle suce son stylo » ne vaut pas « zéro déchet »

A l’heure où les reality show et les affiches publicitaires dévoilent un érotisme constant, à l’heure où la nudité devient une arme de protestation massive, le stylo « érotisé » de Najat Vallaud-Belkacem, c’est beaucoup de bruit pour rien. Ce tweet dont on disserte à l’infini dans les médias, « elle suce son stylo très érotiquement», nous cache l’essentiel : que faisons-nous de nos déchets ? La quantité totale des déchets résultant de l’activité humaine atteint aujourd’hui des ordres de grandeur comparables aux éléments recyclés par l’écosystème. Sauf que la liaison naturelle entre producteurs, consommateurs, prédateurs et décomposeurs n’est pas assurée pour les déchets urbains ou même ruraux. Presque plus rien ne revient à la terre. Nos efforts en la matière paraissent vains. Nous attendons toujours le tweet « elle suce si bien sa poubelle que bientôt il n’en restera plus rien ».

Capannori est la première ville d’Europe à s’être fixée un objectif de production de « zéro déchet » (Rifiuti Zero) d’ici à 2020*. Les habitants n’ont plus besoin d’apporter eux-mêmes leurs sacs d’ordures jusqu’à des points de ramassage : désormais, des bennes viennent les chercher devant leur domicile. Les 46 000 habitants trient leurs déchets à la source selon cinq flux : papiers et cartons ; plastiques et métaux ; verre ; déchets organiques et ordures résiduelles. Les déchets sont envoyés vers des installations de recyclage ou de compostage. Les ordures résiduelles prennent la direction d’une décharge. Encore faudrait-il que ce ballet motorisé trouve une énergie durable pour continuer à rouler. On ne peut décemment recycler en brûlant les ressources fossiles, ce qui perturbe le climat. La municipalité de Capannori fournit aussi gratuitement aux jeunes parents pendant une année des couches lavables. Mais peu de familles ont abandonné les couches jetables. Encore faudrait-il que les individus trient sérieusement leurs déchets et adoptent les produits durables.

Une véritable stratégie « zéro déchet » privilégie la réduction à la source : écoconception, réemploi et recyclage. Cela réduirait le contenu des sacs d’ordures résiduelles. Encore faudrait-il que les entreprises veuillent faire des produits durables. L’Italie consomme un milliard de capsules de café chaque année. Pourquoi des capsules alors qu’autrefois les gens pouvaient  moudre eux-mêmes leur gains de café avec des moulins actionnés à la main. Pourquoi d’ailleurs boire du café, produit d’importation qui appauvrit les pays producteurs. Pourquoi ne pas voir que la réduction des déchets découle d’abord d’un changement de mode de vie vers plus de simplicité et de sobriété !

* LE MONDE du 20 juin 2013, Capannori, la cité italienne qui montre la voie des villes « zéro déchet » en Europe

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Le dernier poisson français, le dernier baril de pétrole

La France est à court de poissons à partir du samedi 19 mai : c’est ce qui se produirait si ce pays n’avait recours aux importations*. En 1990, cette date fatidique tombait le 6 septembre ; en 2011, c’était le 13 juin. Dans l’Union, seuls trois pays, l’Estonie, l’Irlande et les Pays-Bas, sont à peu près autosuffisants en produits de la mer. Les Vingt-sept commencent donc à épuiser les stocks halieutiques des pays du Sud. Cette « dépendance » en termes de pêche aux apports extérieurs de la France et de l’Europe n’est rien ou presque si on la compare à la dépendance aux importations de pétrole. Cette enclave de pays riches n’a pas encore pris conscience que son niveau de vie est conditionné par l’exploitation des pays du tiers-monde et l’état des réserves mondiales.

C’est pourquoi, à la mesure de notre degré de dépendance, il faudrait ajouter la connaissance des pics. Le temps est cyclique, tout ce qui est né mourra, tout ce qui monte doit redescendre. N’écoutez jamais ceux qui vous parlent de croissance sans parler de pic. Comme le pic pétrolier, de nombreux phénomènes évoluent selon une courbe en cloche. Par analogie au peak oil, le peak fish** ou pic de production des pêcheries, est dépassé. En 1995, la capture de poissons a atteint son tonnage maximum avec 95 millions de tonnes. Depuis, la pêche mondiale plafonne autour de 90 millions de tonnes. Les ressources halieutiques sont  renouvelables, mais la surpêche a détérioré les chaînes trophiques grâce au pétrole à bas prix. Pétrole et pêche ont partie liée, on consomme en moyenne 1 litre de gazole pour pêcher un kilo de poisson.

La solution ? Des chalutiers plus petits, sortant moins souvent, laissant aux stocks de poissons le temps de se régénérer. Vivement le retour à la marine à voile… et au régime tendance végétarienne !

* Le Monde.fr | 18.05.2013, Le dernier poisson français de l’année

** Le pic du poisson est lié au pic du pétrole

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LE MONDE, « et toc dans les dents des décroissants »

Un article du MONDE* se termine par cet acte de foi : « Avant de pouvoir parler bonheur, il faut d’abord parler croissance. » Mais une croyance ne fait pas une réalité objective. Normalement le sentiment de bonheur n’a rien à voir avec le niveau du PIB.

C’est la société de consommation qui fait croire au plus grand nombre que le bonheur va avec les gadgets qu’on nous incite à acheter (donc avec la croissance du PIB). Mais notre réalité sociale montre que le consumérisme s’accompagne aussi d’insatisfaction permanente ; c’est un bonheur factice. Le sentiment d’abondance ne tient pas spécifiquement à l’accumulation de marchandises et de services, mais au niveau de nos besoins ressentis. Il faut que la journaliste Marie de Vergès se procure le livre de Marshall Sahlins « âge de pierre, âge d’abondance ». L’âge de pierre (les sociétés archaïques) était aussi l’âge d’abondance puisqu’on limitait les besoins… et donc le travail… pour avoir plus de loisirs… et être heureux. Sir Richard Layard, dans son livre « Le prix du bonheur »  cite Epicure : « De tous les biens que la sagesse procure  pour le bonheur de notre vie, celui de l’amitié est de beaucoup le plus grand ». Sir Richard estime aussi que si nous voulons être heureux, il nous faut pouvoir disposer d’un concept de bien commun auquel chacun puisse contribuer. Cet idéal requiert de chacun qu’il se soucie des autres autant que de lui-même.

L’article de Marie de Vergès veut nous faire croire que le bonheur croit avec le niveau de vie (et donc le PIB). Or il s’appuie sur Ruut Veenhoven qui reconnaissait que la compréhension du bonheur demeurait spéculative et incertaine. Il préférait parler de « qualité de vie », ce qui est tout autre chose. On croit invalider le paradoxe d’Easterlin avec la corrélation entre revenu et bonheur trouvée par Wolfers et Stevenson. Mais d’autres variables, omises par cette étude, seraient tout aussi positivement reliées à leur indice de bonheur. Plus fondamentalement, il faut s’interroger sur la validité d’indices de bonheur construits à partir de sondages, qui ne font que refléter la psychologie ambiante.

Enfin l’article de Marie de Vergès est explicitement construit contre les objecteurs de croissance : « Et toc dans les dents des décroissants ». Mais là aussi c’est tout faux. Les avocats de la décroissance ne sont pas « confortés » par la crise actuelle, ils sont inquiets. En effet, il s’agit actuellement d’une politique de désendettement subie et non d’une société de décroissance voulue. Or, comme la journaliste le remarque elle-même, « le taux de production ne peut être indéfiniment accru ». Notre rythme de croissance va en effet se heurter à des blocages énergétiques et autres épuisements des capacités de la biosphère à soutenir notre activité productive. La politique de rigueur des gouvernements risque fort de se transformer en récession, si ce n’est en dépression. Que va devenir alors notre niveau de bonheur ressenti ? Si, comme Marie de Vergès et les médias en diffusent l’idée, le bonheur ne peut qu’augmenter avec le PIB, à l’inverse, en cas de crise prolongée, il y aura effondrement de notre niveau de satisfaction, avec tous les désagréments d’ordre socio-politiques qui vont s’ensuivre. Ce n’est pas la psychologie du bonheur par le revenu qu’il faut propager. En effet, une telle attitude ne nous prépare pas au courage et au sens de la responsabilité. LE MONDE ne nous prépare pas au monde qui vient.

* LE MONDE du 26 février 2013, parlons bonheur, parlons croissance (Marie de Vergès)

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crise des engrais, crise de l’agriculture industrielle

L’azote et le phosphore, les deux engrais les plus utilisés dans le monde, sont à la fois trop consommés par endroits et faisant cruellement défaut dans les régions les plus pauvres. Depuis les années 1960, l’usage des engrais azotés a ainsi été multiplié par 9, tandis que ceux au phosphore ont triplé. Le PNUE* estime que ces engrais aident la moitié des 7 milliards d’êtres humains à manger et vont contribuer à assurer la sécurité alimentaire au cours du XXIe siècle. Mais « Il est de plus en plus évident que l’altération des cycles de l’azote et du phosphore représente pour la planète un défi majeur qui n’a pas encore reçu assez d’attention », écrit l’équipe d’une cinquantaine de scientifiques issus de 14 pays.

Ce rapport est bien en dessous de la vérité. Il ne s’intéresse qu’au gaspillage d’engrais, à la pollution aux nitrates ou aux gaz à effet de serre. Or qui dit cycle dit renouvellement. Ce n’est pas le cas de l’agriculture intensive, utilisant des engrais de façon non durable. Le pic mondial du phosphore, ce qui veut dire baisse de la production, devrait avoir lieu au milieu des années 2030. Le pic de l’azote est relié à celui du gaz naturel : les engrais minéraux azotés sont pour la plupart produits à partir de l’Ammoniac obtenu par synthèse de l’azote de l’air et de l’hydrogène (H) du gaz naturel. Ce processus utilise 1 % de l’énergie consommée par les humains. Ce processus  va s’enrayer par manque d’énergie fossile. Ne nous leurrons pas, l’agriculture du passé sera notre avenir. Place aux phosphates des os, à l’azote des fumures animales et humaines, au potassium des cendres de bois. Place aux légumineuses qui enrichissent naturellement le sol en azote. Place au fumier qui rend durable l’humus du sol.

* Programme pour l’environnement des Nations unies (PNUE) dans son dernier rapport Our Nutrient World

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Sagesse des aborigènes, folie de la française Areva

Présents depuis l’origine (selon l’étymologie du mot) en Australie, les Aborigènes vivaient tranquilles depuis des millénaires sur un mode ancestral ; ils avaient trouvé un équilibre durable avec la biosphère. Mais face aux 14 000 tonnes d’uranium logées dans les terres septentrionales d’Australie, le géant du nucléaire français Areva nourrissait de grandes ambitions. Cette zone d’une douzaine de km2 avait donc été exclue du parc national de Kakadu, se retrouvant de ce fait privée de protection légale. La bataille des Aborigènes a permis de la classer l’année dernière au patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco, puis de la réintégrer pleinement, en février, au parc national.

Le propriétaire traditionnel de cette terre, Jeffrey Lee, aurait pu devenir l’homme le plus riche d’Australie s’il avait cédé à Areva. Mais il ne l’a pas fait : « Le fait que les Blancs m’offrent ceci ou cela ne m’intéresse pas. J’ai un travail. Je peux acheter de la nourriture, je peux aller pêcher et chasser. J’ai dit non aux mines d’uranium, car je crois que la terre et les croyances propres à ma culture sont plus importantes que l’exploitation minière et l’argent. L’argent va et vient, mais la terre est toujours là, subsiste toujours si nous nous en occupons, et s’occupera toujours de nous.* »

Les aborigènes pensaient qu’au Commencement était le mythe : « Avant il n’y avait pas de séparation entre la femme et l’homme, ni entre l’eau et la terre. Puis il y eut le temps fondateur qui définit les choses et les êtres, et donna aux aborigènes leur place dans le cosmos ». En s’imprégnant de l’esprit de ce mythe, les Aborigènes ont mobilisé toute leur énergie mentale et organisé leurs activités pour laisser le monde dans l’état où il était. Par contre les Blancs changent sans arrêt le monde pour l’adapter à la vision fluctuante qu’ils ont de leur présent. Biosphère nous dit : « Il y a un avenir pour le mode de pensée des Aborigènes, pas pour le niveau de vie des Blancs. »

* http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2013/02/19/atomique-en-australie-un-aborigene-dejoue-les-projets-de-mines-duranium-dareva/

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La Grèce, démonstration de ce qui nous attend demain

C’est épouvantable, il n’y a pas de solution à la descente énergétique. Aujourd’hui en Grèce la pénurie résulte des contraintes financières, demain elle découlera internationalement de la hausse du prix du baril, inéluctable. A lire pour se préparer au pire, voici un résumé de deux articles :

1) En Grèce, on vole du bois pour se chauffer (LE MONDE du 20 Novembre 2012)

Dans les campagnes et les bois grecs, les coupes illégales font ravage. Ici, une grosse douzaine d’arbres – des pins, des cyprès, des acacias – ont été coupés et emportés. Un immigré albanais, plisse les yeux : « Cela me rappelle Tirana après la chute du régime communiste, quand les gens avaient coupé tous les arbres pour se chauffer et survivre… »

En 2011, dans une énième tentative d’accroître ses rentrées fiscales, le gouvernement a remonté à 80 % la taxe sur le fioul domestique, largement utilisé en Grèce, pour l’aligner sur celle appliquée au carburant pour voiture. Le prix du litre a doublé à 1,40 euro ; trop pour une population paupérisée. Les écoles d’une dizaine de municipalités du nord du pays ont prévenu qu’elles fermeraient leurs portes lors des grands froids. Les vendeurs de bois n’avouent une seule crainte : le risque de pénurie. Car si les températures venaient à passer sous les 0°C, comme ce fut le cas l’hiver dernier, le bois pourrait bien manquer.

2) Dopé par la crise, le chauffage au bois couvre Athènes de particules (LE MONDE du 10 janvier 2013)

Le ministre des finances a refusé d’accroître l’aide pour permettre aux familles les plus pauvres de se chauffer. « Je souhaiterais que nous ayons la possibilité budgétaire de le faire », a commenté le ministre, en expliquant que cela n’était pas possible. » La crise crée un nouveau type de pollution dans les grandes villes grecques : celle liée aux feux de cheminée. Le prix du fioul domestique est en forte hausse en raison de l’augmentation de 40 % de la taxe sur le mazout, qui a été mise au même niveau que celle sur l’essence. Cette augmentation est destinée à empêcher la contrebande de fioul. Moins cher, celui-ci était utilisé par des stations-service qui le convertissaient en carburant.

Frappées par les baisses de salaires et de retraites et des augmentations d’impôts, les familles, souvent touchées par le chômage, se tournent de plus en plus vers le bois, meilleur marché, avec des conséquences écologiques dévastatrices : les coupes sauvages déciment les forêts et la concentration des particules dépasse le niveau d’urgence fixé à 50 microgrammes par mètre cube (µg/m3). Il est monté jusqu’à 150 µg/m3 fin décembre 2012 à Athènes.

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fin de l’Etat-providence, retour au minimum vital

Les élèves de sciences économiques et sociales en lycée apprennent les bienfait de l’Etat-providence… et aussi le déficit structurel du budget social. Comment concilier avantages et inconvénients ?

Historiquement la solidarité est le fait du groupe familial ou du groupe d’appartenance. La montée des Etats-nations au XIXe siècle n’aboutira à une prise en charge collective généralisée qu’à partir de la fin  de la seconde guerre mondiale. En décembre 1942, William Beveridge produisit un rapport : la Sécurité sociale et ses services. Il est considéré comme l’ouvrage fondateur de l’Etat-providence, même si l’expression « Welfare State » n’y est pas mentionnée une seule fois. Beveridge identifie « les cinq géants » à terrasser : « Pauvreté, Maladie, Ignorance, Insalubrité, Chômage ». Il propose de financer la protection sociale par des cotisations sur salaire. Plusieurs pays européens, dont la France, s’en inspireront pour mettre en place leur Sécurité sociale.

Ce que les enseignants de SES ne disent pas à leurs élèves, c’est que Lord Beveridge est plus proche de l’idée de simplicité volontaire que des familles assistées avec écran plat dans la chambre des enfants (comme l’exprime le journaliste du MONDE*) : la vision de l’austère économiste, qui prenait un bain glacé tous les matins, était assimilée au minimum vital. L’assistance offerte par l’Etat, préconisait Beveridge, ne devait pas être « généreuse » mais « permettre de survivre », afin de ne pas supprimer l’incitation à la recherche de travail. Or la croissance des Trente Glorieuses et différents plans de relance à la keynésienne ont entraîné une démesure des besoins et la création d’un gouffre financier. La part des dépenses publiques de protection sociale dans les PIB européens a atteint 27,2 % en moyenne dans l’UE en 2005, et 33,8 % en 2010 pour la France. Ce modèle n’est ni généralisable, ni durable. La croissance est derrière nous, il va falloir apprendre ce qu’austérité et rigueur veulent dire en période de descente énergétique.

Après avoir détruit les mécanismes de solidarité de proximité, les politiques vont avoir une lourde tâche devant eux : les reconstruire ! Cela ne pourra se faire sans violences que si les citoyens comprennent pourquoi les contraintes écologiques et financières de notre temps obligent à la simplicité volontaire et à l’entraide locale. Obligation et volontarisme ne sont pas en soi des opposés, il n’y a liberté véritable que dans la mesure où on sait discerner personnellement le meilleur chemin pour arriver à la plénitude. Revenir à une conception du minimum vital chère à Beveridge et à Gandhi est une piste à approfondir.

* LE MONDE du 11 décembre 2012, Ces pays émergents qui jouent l’Etat-providence

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Michel Rocard souffre de dissonance cognitive, toi aussi !

Michel Rocard a 82 ans, cela n’excuse pas tout. Michel Rocard confond la fracturation hydraulique pour extraire le gaz de schiste (non conventionnel) et le gaz naturel de Lacq qui sortait tout seul ou presque. Michel Rocard est pour le nucléaire, pour le gaz de schiste, pour la compétitivité internationale, pour la relance budgétaire de type keynésien (« la dépense publique est l’un des moteurs de l’activité »), pour la fuite en avant. Michel Rocard n’est pas écolo.

Pourtant Michel Rocard se dit très écolo. Il connaît le syndrome du Titanic, nous allons au désastre. Il trouve dangereux que le PS ait fait une campagne présidentielle en tenant pour acquis qu’on aurait chaque année une croissance de 2,5 % : « C’ est évidemment impossible. » Il aurait été un président de la République bien plus convaincant que Mitterrand II en 1988. Michel Rocard a signé Global Zero, un mouvement international qui travaille sur l’élimination des armes nucléaires à l’échelle mondiale. Bien. Michel Rocard a cosigné un rapport sur la taxe carbone qui aurait amélioré bien des choses s’il avait été suivi. Très bien. Il sait que « Nous sommes partis pour des années de croissance faible et même de récession. Il faut le dire clairement… ». Il sait que « le pic pétrolier sonne le glas de notre modèle de prospérité. » Il sait que « Le monde de demain sera une société moins marchande, moins soumise à la compétition, moins cupide. »** Nous aimons bien Michel Rocard.

Michel Rocard est un cas emblématique de dissonance cognitive. Le psychosociologue Leon Festinger a appelé « dissonance cognitive » la situation de notre psyché lorsque se mettent à l’habiter deux croyances contradictoires. De ce sentiment d’inconfort, nous tendons inconsciemment vers un état de stabilité, d’apaisement, vers un état dans lequel cette tension puisse être résolue. Nous choisissons alors la voie de la facilité, même si c’est pour nous leurrer. L’individu actuel se caractérise par la maximisation du rapport entre l’internalisation des commodités (vive le confort) et l’externalisation des nuisances (oublions ce qui fâche). Nous croyons à la croissance, nous n’en voyons pas les conséquences négatives : dissonance. La plupart des économistes et des politiques ne reconnaissent aucune limite à la croissance économique dans un monde fini. Les gens croient absolument impossible de pouvoir se passer de bagnole un jour puisqu’ils veulent ignorer le pic pétrolier. Dissonance. On peut aussi qualifier ce processus mental de « problème hors contexte » : la réalité à venir est si éloignée de l’expérience des gens qu’ils ne peuvent comprendre les informations disponibles. Michel Rocard est donc un homme ordinaire, mais les journalistes aiment bien l’interroger. Ils feraient mieux de me demander mon avis !

* LE MONDE du 11-12 novembre 2012, Michel Rocard : « Avec le gaz de schiste, la France est bénie des dieux »

** LE MONDE du 26-27 février 2012, La société de demain sera moins marchande et moins cupide

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LE MONDE, ami des pêcheurs, organe de désinformation ?

Le problème des médias, même ceux qui se veulent « de référence » comme LE MONDE, c’est que la recherche du lectorat entraîne des dérives. Ainsi ce titre, « Les scientifiques notent un rétablissement inattendu des populations de thon rouge ». Bravo, un miracle sans rien faire, divine surprise…

Pourtant dès la première phrase de l’article de Martine Valo le doute s’instaure : « Les populations de thon rouge semblent amorcer un redressement. » Tout le reste est  à l’avenant : « incertitudes quant à l’état réel des stocks… scientifiques démunis pour évaluer la vitesse de la hausse… trop d’imprécisions dans les statiques… trop de déclarations de pêche sous-évaluées… trop d’incertitude sur l’animal lui-même…. Confusion d’origine des thons qui fausse à la hausse les comparaisons… absence de la prise en compte de la pêche illégale… » Comme disait Coluche, quand on en sait si peu, on ferme sa gueule ! Hasard ou coïncidence, nous notons que Martine Valo est une journaliste du MONDE amie des pêcheurs. Est-ce la politique du journal LE MONDE que d’être du côté des producteurs et pas des amis des poissons ? Est-ce un coup de pouce donné à la renégociation par les Etats des quotas de pêche en novembre prochain ?

L’article se termine par la mise en place d’un dispositif électronique apposé sur les poissons. Non seulement on nous ment dans la présentation des données pour cacher les turpitudes de tous ceux qui exploitent les richesses naturelles, mais on nous fait croire que plus de technique va nous permettre de résoudre les problèmes causés par la technique. Car tous les moyens sont bons pour traquer les poissons, y compris l’utilisation de satellites !

* LE MONDE du 13 octobre 2012, Les scientifiques notent un rétablissement inattendu des populations de thon rouge

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Hugo Chavez, la merde noire a gagné au Venezuela

Hugo Chavez a été réélu ce dimanche à la tête du Venezuela avec 54 % des voix. Corruptions et violences n’ont pas fini de s’y donner la main… d’autant plus que son adversaire électoral, Henrique Capriles, n’avait pour but que de « faire de PDVSA (Petroleos de Venezuela SA) une entreprise efficace et bien gérée ». Comme Chavez, le candidat de l’opposition voulait doubler la production de brut d’ici à 2019. Comme Chavez, Capriles promettait de « Semer le pétrole » et industrialiser ainsi le pays*. Neuvième producteur de brut mondial et cinquième exportateur, le Venezuela vit de la rente pétrolière. Or les ressources du sous-sol sont devenues de véritables malédictions, dégâts écologiques, émissions de gaz à effet de serre, déstructuration des populations, etc. En réalité il faudrait surnommer le pétrole « la merde du diable ».

Hugo Chavez devrait connaître l’histoire de Nauru, l’île dévastée alors qu’elle avait d’immenses ressources en phosphate. A partir de l’indépendance en 1968, l’argent du phosphate se mit à couler à flot dans le micro-État. Une entrée d’argent massive joue un rôle incroyablement déstabilisateur : un peu comme ces gagnants du loto qui finissent par perdre la tête. Les Nauruans cessèrent de travailler et se comportèrent en rentiers. Un bref instant historique, Naurutopia a pu se définir comme une sorte de socialisme parfait où chaque citoyen récolte les fruits du sous-sol, tel le rêve d’Hugo Chavez. Mais évidemment, les choses se gâtent avec les premiers signes d’épuisement des mines de phosphate au début des années 1990 ; l’économie de Nauru s’est alors tout simplement effondrée. Le sort de Nauru préfigure non seulement l’avenir du Venezuela, mais celui de toute la civilisation thermo-industrielle, bâtie sur l’exploitation des ressources en hydrocarbures du sous-sol.

Le pétrole au Venezuela fournit 95 % des recettes à l’exportation et la moitié du budget de l’Etat. L’entreprise publique finance directement les programmes sociaux. Paradoxalement l’exploitation du pétrole au Venezuela n’est pas néfaste parce qu’exproprié par les puissances d’argent, mais parce que ses recettes sont distribuées pour l’éducation, la santé, l’alimentation, le logement…comme à Nauru. Au pouvoir depuis 1999, Hugo Chavez a mis PDVSA au service de la « révolution bolivarienne ». C’est se moquer effrontément de la révolution bolivienne qui dit le contraire. La Bolivie a emprunté son nom à Simon Bolivar, général et homme politique vénézuélien. Ce pays est indissociablement lié à l’exploitation minière. Les immenses mines d’argent de Potosi, pillées à partir du XVIe siècle, ont servi de berceau au capitalisme en Europe. Les Boliviens se souviennent. Les mouvements sociaux boliviens manifestent aujourd’hui : « Laissez le pétrole sous le sol et le charbon dans les mines. » Maristella Svampa nous invite aujourd’hui à déconstruire l’imaginaire extractiviste. Car le bien-vivre d’un peuple ne peut être issu durablement de ressources non renouvelables.

* LE MONDE | 05.10.2012, La manne du pétrole, enjeu de la présidentielle au Venezuela

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Aujourd’hui 22 août 2012, le jour du dépassement

Mauvaise nouvelle pour la planète, ce mercredi 22 août l’humanité a déjà épuisé son crédit annuel de ressources naturelles. Nous avons déjà atteint le « Global Overshoot Day » ou « jour du dépassement ». En d’autres termes, nous vivrons à crédit jusqu’à la fin de l’année. Autrement dit, nous puisons dans le capital naturel : le réchauffement climatique s’accentue parce que le poids de l’humanité a dépassé les capacités de recyclage du CO2 par les écosystèmes, les stocks de poissons dans les mers sont en diminution, les nappes phréatiques baissent, etc. Notre dette écologique s’accentue.

Le processus d’épuisement des ressources naturelles, calculé par le Global Footprint Network s’accélère : en 2001, la limite fut atteinte le 27 septembre, en 2000 le 1er novembre, en 2005 le 20 octobre. Cette année, leur système de calcul a été affiné et a permis de publier de nouveaux chiffres, plus précis, pour les cinquante dernières années. Une seule planète ne suffit plus pour subvenir à nos besoins et absorber nos déchets. Principaux responsables du déficit, les rejets de dioxyde de carbone constituent 55 % de l’empreinte écologique mondiale. Le reste revient à l’exploitation des milieux naturels. Désormais les besoins de l’humanité dépassent de 50 % les ressources disponibles, lesquelles ont quasiment diminué de moitié depuis 1961.

Rappelant que les risques de pollution (chimique, radioactive, etc.) ne sont pas comptabilisés dans cette étude, le président de GFN Mathis Wackernagel prévient : « La dégradation des milieux naturels se traduit inévitablement par une baisse des surfaces productives et notre dette, qui s’alourdit, condamne aux dépens les générations futures. » Pour M. Wackernagel, ni l’austérité ni la croissance n’éviteront la faillite du système, le défaut de régénération de la Terre sera le facteur limitant de notre économie. « Car la tendance finira par se renverser, que ce soit à dessein ou par désastre. »

Source : Le Monde.fr | 22.08.2012 + les écrits antérieurs de BIOSPHERE

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les socialistes, amis des pêcheurs, pas des poissons

Droite ou gauche, les amis des pêcheurs ont le pouvoir. La commissaire européenne à la pêche voudrait « suspendre » le chalutage profond dans l’Atlantique du nord-est. Michel Barnier, commissaire au marché intérieur et aux services, a d’abord bloqué le texte, « compte tenu des répercussions économiques, sociales et humaines, que pourrait avoir une telle mesure ». C’est la lutte inégale des amis des poissons contre les lobbies des pêcheurs. Les ONG accusaient Michel Barnier d’être le « VRP » d’Intermarché, qui détient la principale flotte française de pêche profonde. Le Comité national des pêches maritimes français accuser la commissaire chargée de la pêche d’être « inféodée aux ONG ».

Pour un gouvernement socialiste, le « social » l’emporte toujours sur le raisonnement écologiste. Le ministre socialiste français chargé de la pêche, Frédéric Cuvillier, a fait valoir qu’une « éventuelle interdiction de certains engins de pêche » ne serait « pas acceptable ». L’adoption de la proposition d’interdiction par le collège des commissaires, en dépit de l’opposition française, entraîne une réponse collective : la délégation socialiste française au Parlement européen dénonce dans un communiqué « le caractère idéologique et irrationnel de la position de la Commission sur ce sujet », position « dévastatrice pour l’emploi et dénuée de tout fondement scientifique ».

Pourtant le chalutage profond, qui ne fait vivre qu’un nombre limité de pêcheurs, notamment en France, bénéficie d’importantes subventions pour subsister. Pourtant, pour l’écologie scientifique, c’est la pêche la plus destructrice des écosystèmes marins : elle se traduit par le bouleversement des fonds marins et des écosystèmes qu’ils abritent, raclés par les chaluts. Pêchés entre 500 et 1500 mètres de profondeur, la lingue bleue, le grenadier de roche et le sabre noir, aux cycles de reproduction très lents, sont désormais menacés. Cette pêche s’est développée pour compenser la diminution des stocks de poissons en surface ; « Selon les dernières statistiques disponibles, près de 30 % de ces stocks sont surexploités (…), 57 % sont pleinement exploités (c’est-à-dire que les prises atteignent ou avoisinent le rendement constant maximal) « , précisait récemment la FAO. Les principales menaces « dérivent essentiellement de la gestion inefficace et d’une mauvaise conservation des habitats », concluait la FAO, appelant la communauté internationale « à miser sur une utilisation réellement durable et responsable des ressources aquatiques afin de satisfaire aux besoins présents tout en garantissant ceux des générations futures ».

Le chalutage profond est symptomatique d’une société minière, qui dilapide les stocks naturels, ce n’est pas une pêche durable. Tant que le socio-politique étouffera les réalités écologiques, nos générations futures seront sacrifiées. Le fait que les socialistes soient au pouvoir n’implique pas une amélioration pour la gestion du long terme, ce serait plutôt le signe d’une dégradation… La lecture des contributions pour le prochain Congrès socialiste ne font que confirmer nos craintes.

Sources : LE MONDE du 20.07.2012, Pêche profonde : Bruxelles tient tête à la France

LE MONDE du 14.07.2012, La pêche en eaux profondes divise l’Europe

Le Monde.fr avec AFP du 09.07.2012, Pêche : 30 % des stocks halieutiques sont surexploités

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La décroissance au programme de terminale SES

Que vont apprendre en 2012-2013 les élèves de Terminales économiques et sociales (ES) avec le nouveau programme ? Des mots horribles comme fluctuations économiques, crise, dépression, déflation, soutenabilité faible, etc. C’est la marque d’une rupture avec des programmes centrés jusqu’à présent sur la croissance économique.

C’est en 1999 que la notion de crise disparaissait avec un nouveau programme restructuré autour de ce questionnement économique : travail et emploi… investissement, capital et progrès technique… Ouverture internationale et mondialisation. On s’interrogeait seulement sur les relations entre croissance, développement et changement social, exit l’existence possible d’une crise.

C’est pourquoi le programme en application pour 2012-2013 constitue un véritable bouleversement. La partie sciences économiques s’intitule « Croissance, fluctuations et crise ». Après « les sources de la croissance », on s’interroge « Comment expliquer l’instabilité de la croissance ».Les notions de dépression et déflation sont explicitement au programme. Dans Economie et développement durable, les deux sous-titres abordent la question écologique : La croissance économique est-elle compatible avec la préservation de l’environnement ? Quels instruments économiques pour la politique climatique ? Un manuel va encore plus loin avec la présentation du courant décroissant…

Un autre manuel donne pour exemple de sujet de dissertation : La recherche d’un développement durable implique-t-elle l’arrêt de la croissance ? L’enseignement donné aux lycéens nous paraît bien en avance par rapport à la politique gouvernementale actuelle, arc-boutée sur le croissancisme.

Extraits du monde.fr, « Idées », 18 juillet 2012, Le nouveau programme de SES et la croissance économique (par Michel Sourrouille)

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