pour une société de décroissance, des témoignages
Il ne faut pas confondre décroissance subie ou récession économique que nous préparent les gouvernements actuels et la décroissance organisée, voulue par les objecteurs de croissance. L’idée d’une société de décroissance commence à faire son chemin parmi nos intellectuels, exemple :
Jean-Pierre Dupuy, ingénieur et épistémologue :
« Aujourd’hui, l’Etoile (la croissance) s’est éteinte. L’étymologie nous aide à décrire l’état qui en résulte : c’est un « dés-astre ». Les avocats de la décroissance, pour qui j’ai de l’affection, ne prennent pas assez la mesure du dilemme où nous sommes. On ne prive pas un drogué de sa drogue du jour au lendemain. On ne renonce pas à sa foi sans souffrance. »
(La « Croissance » sans fin », Le Monde, 8 septembre 2013)
Hervé Kempf, journaliste
« Les gens qui possèdent les journaux sont des capitalistes. (…) J’attends que l’on qualifie tous les éditorialistes, rédacteurs en chef et chroniqueurs de “journalistes engagés” parce que jour après jour, ils répandent une vision du monde dans laquelle la croissance est absolument indispensable. (…) La question écologique oblige, si on la prend au sérieux, à remettre en cause le système en place. »
Libération, 5 septembre 2013.
Françoise Martres, présidente du Syndicat de la magistrature
« Je parle beaucoup à mes enfants de la sobriété et de la décroissance. C’est nécessaire en tout point. »
(Libération, 4 septembre 2013)
Dominique Bourg, philosophe
« – Pourquoi ai-je cru au développement durable ? Parce que j’avais envie d’y croire (…) j’ai fini, et bien d’autres avec moi, par changer d’avis.
Revue Moins: Faut-il éviter d’employer publiquement le mot “décroissance” (…) ?
– Je n’ai pas de doute sur le fait qu’il faille l’employer… »
(in Revue Moins! n°6, juillet 2013 – Suisse)
Dominique Barbier, psychiatre, psychanalyste et psychothérapeute spécialisé dans l’aide aux victimes
« Vivre dans le mythe de la croissance va, bien entendu, détruire la planète. Ce mythe de l’exponentielle croissance qui va tout résoudre est une résurgence de croyance du XIXe siècle dans le progrès économique qui devait fonder, en parallèle, le progrès de l’humanité. Ne faudrait-il pas plutôt travailler moins pour vivre mieux, consommer moins et réfléchir plus ? Cette décroissance aurait au moins le mérite de sauvegarder notre écosystème. »
(in La Fabrique de l’homme pervers – éditions Odile Jacob, 2013)
Yves Cochet, eurodéputé Europe Ecologie
« Il nous faut penser une société, une économie, en décroissance, en récession. François Hollande et Jean-Marc Ayrault sont des gens de bonne volonté. Je les connais, je les ai côtoyés pendant des années à l’Assemblée, mais ils ont des toiles d’araignée dans la tête… »
(les Verts, Marianne, 15 juin 2013)
Chems Eddine Chitour, professeur de thermodynamique à l’Ecole Polytechnique d’Alger
« Le mode de vie actuel dans les pays développés n’est pas soutenable. On ne peut pas continuer à 8 tep/hab/an pendant que des Somaliens sont à 200 kg! Toutes les guerres du monde ne pourront pas faire augmenter les réserves de pétrole qui sont un invariant. Les accaparer en ruinant des pays, en apportant le malheur à des peuples, en rayant de la carte des civilisations, ne peut amener qu’un sursis. L’alternative est dans la sobriété, le changement de rythme, la décroissance qui suggère un changement de valeur : ne pas stigmatiser la lenteur, ne pas s’éblouir de la nouveauté, ne pas faire dans le mimétisme ravageur de l’Occident… »
(L’Expression – Algérie), 18 avril 2013)
François Paul-Pont, économiste, professeur à l’Institut Supérieur de l’Enseignement Privé de Polynésie
« J’essaye de dire aux politiques : on est en récession optez pour la décroissance, si vous décidez de la piloter cela se passera mieux. »
(Les Nouvelles de Tahiti, 22 mars 2013)
Harald Welzer, sociologue auteur de Les Guerres du climat
« Je pense qu’il existe des moyens très efficaces d’inverser les choses : extraire moins de ressources, consommer moins d’énergie, consommer moins tout court. (…) Si nous voulons éviter un stress ingérable à l’avenir, en tant que consommateurs, nous devons changer nos modes de vie, renoncer aux idéaux du rêve américain et convaincre les hommes politiques que nous aspirons à autre chose que ce que le modèle consumériste du XXe siècle a forgé dans l’inconscient collectif de la plupart des sociétés. Des modes de vie soutenables, la décroissance… sont des pistes très enthousiasmantes. A nous de les explorer. »
(Libération, 21 mars 2013)
Jean-Claude Michéa
« La “décroissance” doit devenir la vérité de tout socialisme moderne. Ce concept invite, en effet, à remettre radicalement en question la logique d’un monde fondé, disait Marx, sur la seule nécessité de “produire pour produire” et donc de transgresser sans cesse “toutes les limites morales et naturelles”. »
(L’Humanité, 15 mars 2013)
Jean-Claude Guillebaud
« Dominique Bourg […] enseigne à l’université de Lausanne. Dans le numéro de février du mensuel (…) “La Décroissance”, il sonne le tocsin. Il n’hésite pas à parler d’effondrement. “Aujourd’hui, souligne-t-il, nous faisons face à une dégradation continue de la biosphère, un appauvrissement continu des ressources. L’ensemble des écosystèmes s’affaiblit. […] Nous n’avons jamais connu une période aussi difficile dans l’Histoire. Un peu plus loin, il ajoute : “Tous nos modes de vie, toute la société reposent sur des flux de matières et d’énergie sans cesse croissants. Or ces ressources sont en voie d’épuisement, et notre consommation d’énergie perturbe le système biosphère. Sans décroissance de ces flux de matières et d’énergie, on ne s’en sortira pas.” »
(Sud Ouest, 10 mars 2013)
Florian Gulli
« On peut évidemment contester la pertinence du mot “décroissance” (…). Mais la querelle de mots ne doit pas faire oublier l’idée centrale : il faut sortir de l’imaginaire de la production illimitée. (…) On peut souligner aussi – second axe critique – les conséquences psychologiques et culturelles de l’augmentation illimitée de la production. Le capitalisme contemporain n’est plus un système strictement économique. Du fait de sa logique expansionniste, il s’est emparé de presque toutes les dimensions de l’existence humaine. »
(La Revue du projet n° 23, janvier 2013)
Jean-Marc Ayrault, Premier ministre
« On ne va tout de même pas tomber dans la décroissance ! »
(Le Point, 29 novembre 2012)
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