Jeff Bezos rêve d’envoyer l’humanité dans l’espace. LE MONDE fait un très long article sur une idée qui ne mérite même pas une brève. Avant de laisser la parole au fondateur d’Amazon et aux commentateurs, voici notre dénonciation de la rêverie extra-terrestre :
9 février 2018, Branson ou Musk, l’idiotie de la conquête spatiale
22 juillet 2019, Conquête spatiale, rêveries extraterrestres
21 août 2019, Notre frontière est terrestre, pas martienne
18 février 2021, Tout savoir sur la conquête spatiale
31 mars 2021, La conquête de Mars, une utopie dévastatrice
Jeff Bezos : « Nous avons une demande toujours croissante d’énergie. Faire des progrès d’efficacité énergétique ne permettra pas de résoudre ce problème… Nous avons le choix. Voulons-nous la stagnation et le rationnement ? Ou voulons-nous le dynamisme et la croissance ? C’est un choix facile si on ne veut pas que nos petits-enfants puissent être les premiers à vivre des vies pires que la nôtre… Si nous nous déplaçons dans le Système solaire, pour toutes nos activités courantes, nous avons des ressources illimitées… Dans des colonies spatiales vivraient un trillion un milliard de milliard) d’humains et aussi mille Mozart, mille Einstein, mille de Vinci… Ce serait une civilisation incroyable … Des cylindres habitables de plusieurs kilomètres de long pourraient accueillir, chacune, un million d’habitants ou plus… La Terre a des limites, et si l’économie et la population veulent continuer à croître, l’espace est la seule voie à suivre… Les grandes choses commencent petit. »
Sur la colonisation de l’espace, Jeff Bezos raille le projet d’Elon Musk d’habiter sur Mars, planète à côté de laquelle « le mont Everest serait un paradis ». Le patron de SpaceX se gausse en retour des cylindres d’O’Neill, qui reviendraient à « essayer de construire les Etats-Unis au milieu de l’océan Atlantique ». Commentaires :
Yonatan : JB a entièrement raison lorsqu’il rappelle que tout ce qui est grand a débuté petit, peut-être lui reste-t-il à comprendre que ce qui est grand redevient petit…
Sybill : Avec un tel ego aux dimensions stratosphériques, une empathie et un souci pour le collectif proche de l’infiniment petit, une analyse binaire qui ne voit guère plus loin que le bout de son orbite et avec de tels pouvoirs, l’individu Bezos a de quoi faire frémir. On ne peut qu’essayer de lui couper quelques brins d’herbe sous le pied en n’achetant pas sur Amazon, sans en attendre la Lune, hélas…
Marcus manlius : Quand les scientistes n’ont pas compris que l’hypertechnologie qui nous a amené dans la situation où nous sommes n’est pas en mesure de nous en sortir. Le problème n’est pas la solution, et plus j’écoute Jeff plus je comprend Greta. Qui rêverait de vivre dans son monde artificiel ?
Bob : Plan machiavélique, Amazon de Jeff Bezos va pourrir la terre pour nous obliger à aller vivre dans une colonie spatiale Blue Origin de Jeff Bezos… Plaisanterie mais à peine… Ces plans de « fuite spatiale » sont parfaitement vaporeux mais ils jouent un rôle important dans la psyché de l’époque actuelle : d’abord ancrer l’idée que la planète est foutue donc les efforts sont vains, ensuite ajouter l’idée que ce n’est pas grave car l’humanité va s’échapper dans l’espace. En résumé c’est une attaque contre toutes les mesures écologiques : elles ne servent à rien et elles ne sont pas nécessaires car la chimère spatiale va nous sauver, alors consommez sans remords.
Fpepp : On a déjà vécu quelques mois confinés dans un rayon de 1 ou 10km, Bezos nous propose de vivre toute la vie confiné dans un suppositoire spatial, après avoir probablement fait allégeance au baron de la colonie. Que ces gens payent leurs impôts et consacrent leurs profits à rendre la terre plus durable.
Jeanmariedupont : Jeff Bezos, ce quincailler en gros qui a trouvé un moyen de vendre de la camelote à des millions de gogos trop flemmards pour faire leurs courses aux magasins du coin, se rêve en maître de l’univers
Yankee go home : L’espace est un milieu hostile pour l’homme. Comme le dit très bien Anna Chavepayre, seul des personnes dont le lieu d’habitation s’est considérablement dégradé peuvent rêver d’y vivre. le Béarn est vide. Pas besoin d’aller sur Mars.
Camtaoij : Consommez, mes agneaux, multipliez-vous, achetez toujours plus, et soyez sans crainte, vos petits-enfants seront très heureux dans l’espace ! La mode est aux fous dangereux, c’est comme ça.
M.M.P. : Voilà un résultat concret de l’explosion des inégalités : un effort colossal est mis dans les délires mégalomanes d’un homme (très) riche. En quoi est-ce que le succès économique d’un entrepreneur le rend légitime à truster d’aussi larges sommes d’argent ? Quand on voit le délire dangereux « la planète est foutue donc on va dans l’espace », je crois que la réponse est claire…
« Quand on mettra les cons sur orbite, t’as pas fini de tourner » (Michel Audiard)
Voilà con y est. Le mois prochain Jeff Bezos doit, devrait, décoller pour l’espace. Avec sa propre fusée à lui, c’est y pas beau ça ? Il en rêvait depuis tout gosse, il sera le premier milliardaire dans l’espace, il pourra dire «je l’ai fait, je suis le plus fort, je suis le premier, ouai ouai !»
Toutefois son «exploit», s’il le réussit bien sûr, restera très en dessous de ses délires. Le petit Jeff ne sera jamais à la hauteur, monter tout juste à 100 km et n’y rester que quelques minutes, petit joueur va !
Dans quelques mois c’est Richard Branson qui devrait lui aussi s’envoler. Seulement ça fait au moins deux ans qu’il devrait déjà être parti, est-ce que ce monde est sérieux ? Et en décembre prochain ce sera le tour de Jared Isaacman. Quant à Elon Musk, il est de plus en plus à la ramasse.
Souhaitons leur bon vol. Et puis de tourner longtemps, longtemps…
Dans son titre Biosphère évoque l’explosion des inégalités. Alors nous pensons de suite aux inégalités en matières de revenus, d’accès aux ressources, aux soins, à la culture etc.
Mais là il s’agit d’un autre type d’inégalités. Et c’est vrai que dans le domaine du rêve, de l’imagination et du délire, nous ne sommes pas tous sur un même pied d’égalité. Et ça, c’est pas juste !
Mais comme on dit, il faut de tout pour faire un monde. Et nous ne sommes pas tous faits du même bois. Mais finalement, c’est très bien comme ça. Ben oui, imaginons si nous étions tous des clones. Des clones de Jeff Bezos, par exemple. Misère Misère.
Plus sérieusement, quoique, imaginons maintenant ces millions de suppositoires de plusieurs kilomètres de long, dérivant dans le vide sidéral…
Un milliard de milliards d’humains ! Mille Mozart, mille Einstein, mille de Vinci… et mille Bezos bien sûr. Et aussi de millions de Michel, des millions de Didier, des million de Marcel et autant de Jean Passe. Des millions de génies et des milliards de fadas. Ce serait une civilisation incroyable, non ? Misère misère ! 🙂
Tout à fait Michel C et voilà pourquoi je propose de diviser tous ces nombres par un facteur conséquent.