L’après 7 juillet, la nécessaire radicalisation

En cette année 2024, 50 ans après la candidature de l’écologiste René Dumont à une présidentielle, nous sommes à un moment clé de l’histoire, en France comme partout ailleurs. Ne raisonnons pas à l’échelle des législatives ou des pays dominés par l’extrême droite. Voyons le long terme au-delà des péripéties temporaires. Étant donné l’accélération de la dégradation environnementale, nous pouvons prévoir l’échec de notre société thermo-industrielle. La crise environnementale, sociale, économique, démocratique… va se durcir rapidement. Notre civilisation occidentalisée va vers un effondrement, à moyen ou long terme. Cette période sera probablement accompagné d’une montée des totalitarismes, c’est déjà le cas. La connaissance du passé montre que l’élite qui nous gouverne n’hésite pas à s’associer à l’extrême droite pour gagner quelques années supplémentaires de « tranquillité ». Il n’est matériellement pas possible qu’il y ait un retour de la croissance, donc poursuivre comme d’habitude ne pourra se faire qu’en détruisant davantage les plus fragiles d’entre nous ainsi que ce qui reste de la nature.

Mais il reste une possibilité d’éviter le krach ou tout au moins d’en réduire les conséquences mortifères. Cela implique que le plus grand nombre d’entre nous soit capable de changer individuellement, collectivement, localement, rapidement et radicalement… de mode de vie. Il n’y aura pas de sauveur suprême, pas de lois miracles en provenance du gouvernement quel qu’il soit. Nous ne devrons compter que sur nous. Individuellement, tout en assumant ses contradictions, chacun devra incarner le changement qu’il veut voir dans le monde. Il y aura une rupture écologique qui sera plus ou moins rapide selon la radicalité ou non de nos comportements.

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Écologie radicale ou écologie réformiste ?

extraits : Des saumons qui meurent brûlés par la température trop élevée d’un fleuve aux USA. L’Ukraine devenue l’épicentre d’un conflit global de l’énergie et d’une crise alimentaire mondiale… l’écologie est assurément l’affaire du siècle, mais faut-il une écologie superficielle ou une écologie de rupture ? Notre modèle de développement est un modèle de destruction et la véritable guerre mondiale, c’est celle qui oppose notre espèce à son environnement global. Face à ce constat, deux types de réponse, deux écologies. Une écologie « superficielle » et une écologie « profonde », que le philosophe norvégien Arne Næss (1912-2009) s’est attaché à distinguer dès 1973. « Superficielle », en raison de son inclination à proposer des solutions techniques sans s’attaquer aux racines d’un productivisme axé sur une conception anthropocentrée du monde. « Profonde », parce qu’elle associe l’humanité à toutes les formes du vivant. La fracture s’amplifie entre une écologie « conciliatrice » avec le productivisme et une écologie « radicale » qui cherche à rompre avec lui.

Effondrement en vue, radicalité militante

extraits : Nous voici déjà profondément entrés dans l’effondrement de la société thermo-industrielle, mais nous ne savons pas exactement quelle échappatoire pourrait fonctionner. La seule chose dont nous pouvons être sûrs est la suivante : nous sommes dans une spirale de mort, le temps de la protestation polie est peut-être définitivement révolu. Andreas Malm, auteur de « Comment saboter un pipeline », est fataliste :« Le mouvement pour le climat va inévitablement produire des ailes radicalisées dans un futur proche… à moins qu’il ne se dissolve dans le désespoir général puisque les choses ne vont faire qu’empirer ».

L’activisme écolo radical, une nécessité

extraits : Les gouvernements de nombreux pays occidentaux font face à des actions ciblées visant à alerter les populations sur le dérèglement climatique. « La désobéissance civile a été nécessaire dans de nombreuses périodes de l’histoire, affirme Aurélie Trouvé, députée La France insoumise (LFI) . Comment lutter sur une planète qui brûle ? Comment lutter contre un système techno-industriel qui soutient le capital fossile ? Comment faire réfléchir une population cernée par des moteurs thermiques ? Les manifestations pour le climat se sont essoufflées aussi vite que commencées. Je me demande maintenant si une action contre les biens qui causent notre perte ne serait pas une obligation pour qui le sort des générations futures importe. Il est beaucoup trop rare de rencontrer des personnes qui prônent une action radicale contre la violence anti-écologique des biens consommés et des infrastructures actuelles, une contre-violence qui irait au-delà d’une non-violence jugée trop paisible. Ce genre d’analyse est restée ultra-minoritaires chez les activistes écologistes.Il faut donc se rappeler les propos de Françoise d’Eaubonne au début des années 1970, le jour où elle fut scandalisée d’entendre un ami lui dire : « Le problème de la révolution passe au second plan devant l’urgence écologique. Le prochain acte réellement révolutionnaire sera l’attentat contre une centrale nucléaire en construction. Le Capital en est au stade du suicide, mais il tuera tout le monde avec lui ».

Contre-violence et rupture radicale

extraits : L’idée-clé de l’écologie politique, c’est la conscience aiguë que nous avons déjà dépassé les limites de la biosphère. Il faudrait donc opter pour une écologie de rupture. A ceux qui lui demandaient comment sortir de la crise, l’écologiste Teddy Goldsmith répondait en souriant : « Faire l’exact contraire de ce que nous faisons aujourd’hui, et ce en tous les domaines. » Vu l’aliénation des masses, un tel programme ne peut résulter que par l’action d’une infime minorité d’activistes. Sortir de la soumission volontaire à son groupe d’appartenance commence toujours de façon marginale… Plutôt que de révolution, nous préférons parler de contre-violence par rapport à un système qui a anesthésié la population, qu’elle vive en France ou sous une dictature.

René Dumont, radicalement malthusien

extraits : René Dumont, le premier des présidentiables écolo en 1974, avait exposé ses idées en 1973 dans un livre « L’utopie ou la mort ».De son expérience des limites de la planète, il en avait déduit un projet de « disciplines matérielles », incluant une disciple de consommation qui permettra l’aisance chez les plus démunis, mais aussi une discipline démographique (s’appliquant d’abord dans les pays riches). Dumont ne manque pas de propositions concrètes pour donner corps à son projet de civilisation : interdiction des automobiles privées en centre ville, rationnement des voyages en avion, égalisation des revenus et fiscalité plus lourde sur les riches en vue de réduire leur consommation, taxation des familles nombreuses par l’impôt, réduction du temps de travail, armement zéro, compostage pour l’agriculture des excréments, taxation des produits pétroliers, rationnement mondial des ressources rares….

Solutions radicales pour surpopulation avérée

extraits : On avait tout essayé, généralisation du planning familial dans tous les pays, émancipation des femmes et scolarisation des filles, distribution de préservatifs dans les lycées, gratuité de la pilule, cours pour enfants et adultes sur la capacité de charge d’un territoire, connaissance généralisé de l’empreinte écologique, etc. Pourtant l’espèce humaine rajoutait encore et toujours 80 à 90 millions de personnes chaque année aux milliards déjà préexistants. Le monde était donc à feu et à sang depuis des décennies. Alors ce qu’il restait de l’ordre international organisa une rencontre de la dernière chance pour juguler la surpopulation. Il fallait taper vite et fort pour se faire entendre, d’où les décisions suivantes prises à l’unanimité

15 réflexions sur “L’après 7 juillet, la nécessaire radicalisation”

  1. Le doigt sur la couture du pantalon , je jubile en lisant le Major Daubuisson : il y avait longtemps que BIOSPHERE ne m’avait pas autant fait rigoler .
    Allez , dommage que ça ait déjà presqu’un mois d’âge : ça doit drôlement puer , à c’theure !

  2. Esprit critique

    En matière de radicalisation, ce petit blog reste un excellent cas d’école.
    Et bien sûr, politiquement oblige, j’imagine qu’ON n’osera pas soutenir qu’il est nécessaire d’exprimer et généraliser ce genre d’idées pourries. Je repose donc la question : Faut-il alors les laisser s’exprimer, et/ou faire comme si elles n’avaient aucune importance ?
    Là encore j’imagine qu’ON ne se bousculera pas au portillon pour m’expliquer ce que nous devons entendre par « radicalisation ». Pour me dire qu’elle est la bonne, la nécessaire… et au contraire la mauvaise, la puante etc.

    – « Une autre difficulté dans l’approche de la radicalisation est de saisir de quoi l’on parle.
    La radicalisation peut être cognitive, comportementale, ou les deux à la fois. »
    ( Penser la radicalisation – Xavier Crettiez – 2016 – cairn.info )

    – La radicalité, de l’analyse des racines à l’intransigeance de la pensée
    ( Nicolas Truong – Le MONDE 09 février 2022 )

  3. Même s’il est trop tard, et qu’il n’y a donc plus aucune possibilité d’éviter le Krach… il reste heureusement une possibilité d’en réduire les conséquences mortifères. Cela implique que le plus grand nombre d’entre nous… soit capable de changer (individuellement, collectivement, localement, rapidement et radicalement), de mode de… pensée.
    Ce sont les idées qui déterminent les actes (notre mode de vie, nos comportements).
    Et quand c’est l’inverse qui se produit, quand les actes changent les idées… c’est que nous sommes dans ce phénomène désormais bien connu, la dissonance cognitive.
    – « Puisque j’ai agi ainsi, c’est donc que je suis en accord avec ce que j’ai fait. »

    Ce ne sont pas des stages de survie, avec apprentissage du maniement d’armes, dont nous avons absolument besoin… mais d’une décolonisation massive des imaginaires. ( à suivre )

    1. ( suite ) Seulement le problème, là encore, c’est que quand ON se laisse guider et influencer par des émotions, qui brouillent l’esprit (peur, haine etc.), quand ON persiste à résonner (comme les corps creux) sur des postulats foireux (plus = mieux ; le bonheur c’est d’avoir des avoirs plein nos armoires ; la Dette c’est la Catastrophe et patati et patata), quand ON refuse d’essayer de comprendre ne serait-ce que le sens de l’expression «décoloniser les imaginaires», et pour ça d’écouter Serge Latouche, au prétexte qu’il n’est qu’une «gauchiasse» et j’en passe… là bien sûr il ne faut pas s’attendre à des miracles.
      Il faut laisser le temps aux idées, notamment pour que s’installent, solidement, durablement etc. de véritables convictions. Qu’ON ne doit pas con fondre avec ces vulgaires opinions (qui font l’Opinion), qui elles se font et se défont au gré du vent.
      ( à suivre )

    2. ( 3ème commentaire – suite et fin ) Bien sûr, nous devons toujours essayer de remonter, autant que possible, aux racines (à la source) des problèmes que nous cherchons à résoudre. Toutefois le mot «radical» me gène. Et je me méfie de ceux qui en appellent à cette façon de faire et de penser. Le radicalisme, la radicalité, la radicalisation etc.
      Déjà parce que ces mots sont trop liés aux religions. Et qu’ON peut leur faire dire ce qu’ON veut. Et que je n’oublie pas que l’enfer est pavé de bonnes intentions.

      – Déconstruire la radicalisation : implications et limites de la notion
      ( Marie Dumoulin – cairn.info – 2018 )

    3. Changer individuellement ce n’est pas possible, hormis pour quelques rares cas isolés, et généralement les cas isolés sont déjà en bas de l’échelle. En effet, dès qu’on gagne plus d’argent, augmenter son train de vie est très facile, mais gagner moins et devoir son train de vie est vraiment très difficile, les individus le vivent comme une disgrâce, une honte et une humiliation !! Des milliers d’exemples existent et je ne pourrais pas tous les citer, mais en 1929 nombreux actionnaires et traders se sont jetés par les fenêtres, les japonais qui ne parviennent plus à ruiner leurs crédits et/ou finissent ruiner se suicident, des milliers d’agriculteurs français se suicident aussi chaque année. Et même des milliardaires qui ont fini millionnaires se sont suicidés, pour eux ce fut une faillite.

      1. Didier BARTHES

        Oui Bga80, vos remarques sont justes, c’est moins le niveau de revenus ou de capital (deux choses d’ailleurs très différentes que l’on mélange souvent) qui est important, c’est l’évolution de ceux-ci et il n’y a pas symétrie entre montée et descente, la descente est plus douloureuse que la montée n’est heureuse, d’autant qu’un ancien haut niveau conduit souvent à des charges qui perdurent après la chute, d’où l’impossibilité de faire face et les suicides en cascades

        1. Des charges qui perdurent après la chute ?
          À quelles charges pensez-vous ? Aux charges insupportables pour le château… la résidence secondaire, l’entretien du gros SUV, qu’il faut absolument changer tous les 2 ans, les « indispensables » vacances aux Seychelles et tutti quanti ?
          Si ce n’est que ça… je ne risque pas de me suicider. 🙂

    4. De toute façons les psychologues le savent très bien que c’est très difficile pour les humains que de devoir réduire son train de vie et son confort, que cela fait souvent entrer en dépression et se termine souvent en suicide. Alors non, ne conseiller surtout pas de changer individuellement, mais plutôt de recommander de changer en groupe de personne pour se soutenir comme l’a si bien dit Jean Marc Jancovici…

      D’autant que les gens ne savent plus comment vivre sans machines et sans robot, beaucoup ne savent plus jardiner et encore moins bricoler… Toutes les machines ont été intégrées dans nos modes de vie depuis longtemps, longtemps à l’échelle d’une vie humaine et non pas de siècles, voir intégrées à notre naissance pour la plupart d’entre nous. Autrement dit il va falloir encadrer et former les gens pour vivre autrement, notamment les former à des boulots et activités manuels…

      1. Mais si c’est possible, de changer individuellement. Et heureusement !
        Et ceci quel que soit le niveau, sur l’échelle sociale, quel que soit l’âge, la couleur de peau etc. Moi aussi je pourrais te citer des milliers d’exemples.
        Toutefois j’aurais préféré que tu attendes la suite À 09:55 … mes 2 commentaires coincés encore une fois dans les tuyaux, pour je ne sais quelle raison.

        1. Individuellement comme je t’ai dit ce sont des cas isolés et donc très peu nombreux. Tu oublies que les humains agissent par mimétisme ! La semaine dernière (jeudi) j’ai encore regardé un reportage sur les camping cars, et ben dans les campings les gens visitent les camping-cars des autres, sont donc impressionnés par la grandeur, le confort, et les gadgets des autres, et donc en rentrant ils finissent à leur tour par acheter un camping-car plus grand, plus équipé, etc … On est même arrivé un stade où les gens transforment des poids-lourds en camping-car vraiment très grand, même les grandes caravanes des forains sont petites en comparaison !! Puis les élections le prouvent, les électeurs votent pour des partis qui proposent de donner plus de fric sans travailler, bref la gauche… réduire le train de vie de la France n’intéresse que peu d’électeurs !

    5. Didier BARTHES

      Cela implique surtout que le plus grand nombre… soit un petit nombre, sinon vous entasserez les gens où vous les mettrez à la place de la nature, ou même les deux d’ailleurs ce qui est aujoud’hui bien ce qui se passe.

      1. Et allez, et ON remet ça ! Dans ces postulats foireux (dont je parle À 10:00) il y a notamment pour vous ce fumeux I=PAT (capacité de charge et patati et patata).
        J’en ai rempli des pages et des pages sur le sujet !
        Seulement vous êtes borné, Monsieur Barthès.
        Comme moi, quoi. 🙂

    6. major Daubuisson le réaliste

      Nous avons au contraire besoin de groupes habitués au maniement des armes pour lutter férocement contre les zombies des villes, une fois les vivres épuisés ou pillés, qui ne manqueront pas de foncer vers les campagnes .
      Quand cela partira en vrille, vos idées d’ intelligence collective, de changement de comportement individuel / collectif . ne pseront pas lourd face à des gens bien décidés à se battre pour survivre et ne pas mourir de faim .
      Avec vos idées , l’ adage romain « vae victis  » vous reviendra en mémoire avant de succomber

  4. major Daubuisson

    « Ne raisonnons pas à l’échelle des législatives ou des pays dominés par l’extrême droite. »

    Vous connaissez beaucoup de pays dans le monde avec un pouvoir militaire ?
    Moi pas et c’est dommage, car cela éviterait le bordel gauchiste/fauxdroitiste dans lequel de nombreux pays sont tombés pour leur plus grand malheur (France / Belgique / RFA/ GB/Espagne/ Portugal (fausse droite – droite libérale / libertaire mondialiste – gauche sont des synonymes de régimes démocrassiques)
    Point d’ écologie sans une maîtrise et une robuste décroissance démographique à l’ échelle mondiale : M. Dumont l’ a bien compris au contraire des mongolitos de gauche avides d’ immigration et de destructions de pays jadis prospères aant leur catastrophique venue .
    Tout pays cancerisé par les métastases socialomondialiste se voit envahi par des masses afromuzz pondeuses à l’ excès, arriérées et fortement criminogènes, et crasseuses : en bref , le biotope des gauchos.

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