Bataille autour du nucléaire
Tout le monde navigue à vue. Le parlement ne sert plus à rien. Depuis 1977 sans débat, le gouvernement avait mis en route un énorme programme nucléaire français, mais sans savoir ce qu’on allait faire des déchets nucléaires. Il faut attendre le 30 décembre 1991 pour que la loi Bataille (du nom d’un député PS) prévoit de ne pas discuter des déchets puisqu’on en reparlerait 15 ans après ! De 1991 à 2006, on devait tester trois axes, la transmutation, l’entreposage de longue durée en sub-surface et le stockage en profondeur. A l’échéance du nouveau vote au Parlement en 2006, rien n’était scientifiquement satisfaisant. La transmutation reste du domaine des utopies technologiques, il n’existait ni sélection de site, ni plan d’entrepôt pour les déchets HAVL (haute activité et vie longue) et les recherches sur le site d’enfouissement à Bure dans la Meuse ne permettaient pas encore de conclure à la faisabilité du stockage géologique. Les tergiversations du gouvernement ont même fait capoter en 2009 la désignation d’un site pour les déchets de faible activité à vie longue. Tout le monde navigue à vue.
Aujourd’hui Christian Bataille, dans un rapport* de l’Office parlementaire des choix scientifiques et technologiques, se fâche : « La gestion des déchets nucléaires est une chose trop sérieuse pour la confier à leurs producteurs (…) Au nom de la rentabilité à court terme, les industriels (EDF, Areva, Commissariat à l’énergie atomique) remettent en cause la conduite par l’Andra (agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs) du projet de stockage géologique. » Cette option étudiée par l’Andra dans son laboratoire souterrain de Bure, doit encore trouver sa traduction industrielle avec un choix de site définitif en 2015 et une entrée en service en 2025. En 2005, le coût de l’installation et de son exploitation pendant un siècle, avant fermeture, était évalué à 14 milliards d’euros. Mais l’Andra a depuis effectué des choix techniques qui ont porté la facture à quelque 35 milliards d’euros. Les industriels, c’est-à-dire les pollueurs, doivent payer. Ils ne sont pas contents ! Ils ont monté un dossier technique concurrent, qui ramènerait la facture aux 15 milliards initiaux. Selon le député, le gouvernement « n’a que trop tardé » à mettre en place la Commission nationale d’évaluation financière prévue par la loi de 2006. Tout le monde navigue à vue.
La Biosphère fonctionne selon des processus de recyclage, les humains ont abandonné cette réalité pour ne s’intéresser ni à la pérennité des ressources naturelles nécessaires à leur activité, ni à la gestion des déchets. Il n’y a pas d’avenir pour une telle attitude ; une seule solution, la sortie du nucléaire…
* LeMonde du 21 janvier 2011, Les producteurs de déchets nucléaires rappelé à la loi
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