Bataille autour du nucléaire

Tout le monde navigue à vue. Le parlement ne sert plus à rien. Depuis 1977 sans débat, le gouvernement avait mis en route un énorme programme nucléaire français, mais sans savoir ce qu’on allait faire des déchets nucléaires. Il faut attendre le 30 décembre 1991 pour que la loi Bataille (du nom d’un député PS) prévoit de ne pas discuter des déchets puisqu’on en reparlerait 15 ans après ! De 1991 à 2006, on devait tester trois axes, la transmutation, l’entreposage de longue durée en sub-surface et le stockage en profondeur. A l’échéance du nouveau vote au Parlement en 2006, rien n’était scientifiquement satisfaisant. La transmutation reste du domaine des utopies technologiques, il n’existait ni sélection de site, ni plan d’entrepôt pour les déchets HAVL (haute activité et vie longue) et les recherches sur le site d’enfouissement à Bure dans la Meuse ne permettaient pas encore de conclure à la faisabilité du stockage géologique. Les tergiversations du gouvernement ont même fait capoter en 2009 la désignation d’un site pour les déchets de faible activité à vie longue. Tout le monde navigue à vue.

                Aujourd’hui Christian Bataille, dans un rapport* de l’Office parlementaire des choix scientifiques et technologiques, se fâche : « La gestion des déchets nucléaires est une chose trop sérieuse pour la confier à leurs producteurs (…) Au nom de la rentabilité à court terme, les industriels (EDF, Areva, Commissariat à l’énergie atomique) remettent en cause la conduite par l’Andra (agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs) du projet de stockage géologique. » Cette option étudiée par l’Andra dans son laboratoire souterrain de Bure, doit encore trouver sa traduction industrielle avec un choix de site définitif en 2015 et une entrée en service en 2025. En 2005, le coût de l’installation et de son exploitation pendant un siècle, avant fermeture, était évalué à 14 milliards d’euros. Mais l’Andra a depuis effectué des choix techniques qui ont porté la facture à quelque 35 milliards d’euros. Les industriels, c’est-à-dire les pollueurs, doivent payer. Ils ne sont pas contents ! Ils ont monté un dossier technique concurrent, qui ramènerait la facture aux 15 milliards initiaux. Selon le député, le gouvernement « n’a que trop tardé » à mettre en place la Commission nationale d’évaluation financière prévue par la loi de 2006. Tout le monde navigue à vue.

La Biosphère fonctionne selon des processus de recyclage, les humains ont abandonné cette réalité pour ne s’intéresser ni à la pérennité des ressources naturelles nécessaires à leur activité, ni à la gestion des déchets. Il n’y a pas d’avenir pour une telle attitude ; une seule solution, la sortie du nucléaire…

* LeMonde du 21 janvier 2011, Les producteurs de déchets nucléaires rappelé à la loi

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la France fait trop de bébés

L’éditorial du Monde*, pour une fois, n’est pas ultra-nataliste. Il montre que 61 % des Français voient dans 2011 une nouvelle année de difficultés, « ils broient du noir mais ils font des enfants ». En fait, ce n’est pas la volonté des gens qui stimule la fécondité, c’est la politique familiale française, prestations familiales, aides sociales, aides au logement… Il est vrai que droite et gauche confondue sont populationnistes, les partis font le mauvais choix du Coq gaulois qui multiplie les poussins contre le long terme où les exclus vont proliférer : destin de bétail parqué.

Le prétendu « droit » à la reproduction semble un sujet intouchable… Comme le constate Théophile de Giraud**, le discours politique ose vanter la reproduction à visée économique : il faudrait fabriquer des enfants afin de garantir le financement des pensions de retraite ou de soutenir la croissance industrielle. On demande donc à un individu de naître afin de nous aider à résoudre nos problèmes : quelle pestilence ! La fécondité comme source de prospérité est fondée sur l’instrumentalisation d’autrui, c’est-à-dire sur le principe même de l’esclavage. Lorsque l’on sait par ailleurs que les aspirations ultimes de la plupart des pays du Tiers-monde s’avèrent de s’aligner sur le niveau de vie occidental, on devine sans peine quelle catastrophe se profile dans les prochaines décennies ! Trop nombreux dans un sac de farine, les charançons s’entre-dévorent. Les spécialistes l’admettent désormais unanimement, la planète est en train de trépasser à petit feu.

                Il va de soi qu’il appartient à l’Occident de montrer l’exemple au Tiers-Monde : nous devons enclencher les premiers le processus de contraction démographique ! Comme l’exprimait René Dumont en 1974, il faut réagir contre la surpopulation. En Inde surpeuplée certes, mais surtout chez les riches : 500 fois plus d’énergie consommée par tête à new York que chez le paysan indien. Ce qui remet en cause toutes les formes d’encouragement à la natalité, chez nous en France. Les propositions du mouvement écologique : la limitation des naissances. En 1974, pas aujourd’hui… Dommage !

* LeMonde du 20 janvier 2011, En France, un baby-boom sur fond de sinistrose

** Théophile de Giraud, l’art de guillotiner les procréateurs (aux éditions La mort qui trompe)

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le parti communiste est-il écolo ?

Georges Marchais avait déclaré, à la fin des années 1970 : « Au dessus de 40 000 francs par mois, je prends tout. » Il n’a pas été écouté. Aujourd’hui Carlos Ghosn touche 9,2 millions d’euros de rémunération annuelle. Si on distribuait cette somme aux salariés du groupe Renault, calcule un lecteur du Monde*, cela ne leur apporterait que 76 euros chacun. Noël Guibert en tire la conclusion que l’égalitarisme sommaire est une impasse, prenant l’exemple de la catastrophe économique que fut l’Union soviétique. Que répondre quand on est de gauche et écologiste ?

                D’abord qu’un sursalaire, au lieu d’être payé au dirigeant ou même aux salariés de l’entreprise, peut aller à une baisse des prix. C’est le consommateur d’automobiles qui fait la richesse de Renault, pas Carlos Ghosn. Ensuite l’Union soviétique n’a pas explosé à cause d’un « égalitarisme sommaire », mais au contraire à cause des inégalités de pouvoir qui existaient entre nomenklatura et citoyens de base. Enfin l’inégalité des revenus accroît la crise écologique en mettant en place un cercle vicieux diabolique : faut acheter une voiture parce que mon voisin en a une, mais j’en veux une plus grosse puisque mon voisin vient d’en acheter une. Comme dit une publicité ignoble qui passe en ce moment, j’achète pas cette voiture, elle n’est pas assez chère pour moi. Alors s’envole les émissions de gaz à effet de serre…

                De toute façon tirer ses revenus, comme Carlos Ghosn, d’un secteur d’activité qui nous incite à brûler une énergie fossile irremplaçable est un crime contre les générations futures. Georges Marchais avait raison de condamner la plus-value que s’accapare l’oligarchie dominante. Il n’en reste pas moins que le Parti communiste était à l’époque productiviste et le prolétariat à la fois amoureux de sa bagnole et aveugle devant le système « soviétique ». Le communisme français d’aujourd’hui ne semble pas avoir beaucoup réfléchi depuis les années 1970 !

LeMonde du 19 janvier 2011, courrier du jour de Noël Guibert (revenu maximum).

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Marine Le Pen est-elle écolo ?

La fille succède au père, leMonde s’interroge sur les ressorts du Front national nouveau : « En matière d’écologie, Mme Le Pen va loin, puisque la décroissance et la dénonciation de la logique consumériste ont fait leur apparition, tout comme le thème de la relocalisation, rapprochement des lieux de production et de consommation. » Sur le site FN, on en connaît un peu plus. Pour l’extrême droite, l’environnement est une préoccupation conservatrice, donc de droite. Pour Jean-Marie Le Pen, « La défense d’une harmonie entre la nature et l’activité humaine, ce que l’on nomme aujourd’hui l’écologie, fut le thème de la première publication du Front National en 1974 ». Par nature, le FN veut donc sauvegarder le patrimoine de la France qui s’incarne dans un peuple et dans une civilisation, mais aussi dans un terroir, avec ses paysages, sa faune et sa flore. Concernant les problèmes globaux de la planète, le nationaliste FN pense pourtant que des accords internationaux s’imposent dans le cas de la protection des océans et de l’atmosphère. De même « les oiseaux migrateurs, les poissons et cétacés dans les océans ne connaissent pas les frontières et une action internationale s’impose. » Car le FN aime la nature et les animaux : « La défense de l’environnement exige le respect des paysages, des animaux qu’ils soient de compagnie, de travail ou de boucherie, le respect des dons de la nature que sont l’air, l’eau, le ciel, la terre ou la mer. » Le FN va même jusqu’à affirmer que le respect de la vie est le fondement de son programme : « La manière dont un peuple traite les animaux, y compris ceux qui le nourrissent, est révélateur de son état de conscience morale. »

                Mais, parce que l’écologie est transversale, le FN refuse la création de tout nouvel impôt écologique : « la véritable approche écologique doit consister à affecter à la défense de l’environnement une part du produit fiscal provenant de toutes les taxes existantes.e Et le FN récuse toute gouvernance écologiste mondiale. Si le FN prône le retour à une agriculture « traditionnelle », il se garde bien de prendre partie sur le bio. Le FN veut réduire progressivement les consommations d’énergie fossile. Mais pas question de simplicité volontaire ou même de taxe carbone, il s’agit de parier sur les améliorations techniques (isolation, moteur sobre, nouvelles énergies…). De toute façon le FN reste nucléocrate : « La France fait déjà partie des bons élèves en matière de CO2 grâce à l’énergie nucléaire notamment (85% de notre électricité). »

                Enfin la relocalisation reste nationaliste, le FN nie toute autre communauté de base. Ainsi Louis Aliot, compagnon et tête pensante de Marine Le Pen, se dit en bisbille avec les Identitaires : « Les Bretons ils sont bien gentils mais la Bretagne sans la France, c’est plus la Bretagne quoi qu’ils puissent en dire. La Catalogne, le Pays Basque… ce sont des particularismes qui ne peuvent pas remettre en cause l’unité de la France. La France, ce n’est pas un puzzle, c’est un creuset. »

* leMonde du 18 janvier 2011, Faut-il avoir peur de Marine Le Pen ?

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de l’humanisme à l’anthropocentrisme

Nancy Huston*  s’étonne de la complaisance dont on fait preuve lorsqu’on emploie le mot « humain » comme compliment, synonyme de « gentil » ou capable d’empathie. En fait, on sait de source sûre que les humains peuvent à volonté suspendre leurs capacités d’empathie : les nazis, les gardiens de camp, les bourreaux d’enfants, les adeptes de l’insecticide, du pesticide, du biocide, etc. Souvent on en arrive même à se demander si les humains ne sont pas méchants au fond et gentils par inadvertance. Pourtant on croit qu’humain est synonyme d’humaniste. Mais c’est un autre détournement de sens. Selon l’approche encyclopédique classique, l’humaniste n’est qu’un Homme versé dans la connaissance des langues et littératures anciennes. En France, l’humanisme, ou, pour mieux dire, la Renaissance littéraire, prit corps par l’établissement du Collège de France en 1530. Certains contemporains en ont tiré l’idée que les humains doivent s’affirmer et se construire indépendamment de toute référence et de tout modèle religieux. L’humain serait alors la valeur suprême : l’humanisme devient un anthropocentrisme, gentil par nature ! David Ehrenfeld a rassemblé, dans « The arrogance of Humanism« , six actes de foi, sorte de credo par lequel s’exprime les certitudes de cet humain moderne :

1. Tous les problèmes peuvent être résolus,

2. Beaucoup de problèmes peuvent l’être par la technique,

3. Les problèmes qui ne peuvent être résolus par la technique, ou par la technique seule, ont des solutions dans le monde social (de la politique, de l’économie, etc.),

4. Quand les cartes seront sur la table, nous nous emploierons à travailler à une solution avant qu’il ne soit trop tard,

5. Certaines ressources sont infinies; toutes les ressources finies ou limitées ont des substituts,

6. La civilisation humaine survivra par l’imagination.

Ce prodigieux narcissisme de l’espèce humaine s’interdit de considérer le déclin pour les humains, pourtant destin commun des espèces du vivant. Ce narcissisme ne peut qu’accroître le déclin économique et social.

* LeMonde du 16-17 janvier 2011, Empathie

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fauchage d’OGM, illégal ou légitime ?

La cour d’appel de Colmar vient sérieusement d’alourdir la peine prononcée contre Pierre Azelvandre, un militant anti-OGM qui avait coupé 70 plants de vigne transgénique à l’INRA : un mois de prison avec sursis, 2 000 euros d’amende, et 50 015,77 euros de dommages-intérêts. Beaucoup d’opposants virulents à son action sur lemonde.fr, mais une parole de Stéphane Hessel qui porte à réfléchir :

          Les militants verts et violents …Ras le bol…

          Ah oui quand même, il est temps de sévir contre les illuminés !

          Quand un monomaniaque ou une secte millénariste détruit des années de travail, la perte est considérable pour les chercheurs.

          Excellente nouvelle. Espérons que ça fera réfléchir les autres barbares volontaires dont le seul argument consiste à saccager et détruire ce qu’ils n’aiment pas

          Détruire des plantations à seul but de recherche scientifique, déclarées, cloisonnées, c’est de la bêtise crasse, de l’homme-des-cavernisme rétrograde. Le militantisme écologique dans ce qu’il a de pire.

          La condamnation semble fort légère pour ce tenant de l’obscurantisme médiévale. En une décennie, Les écolos-marxistes ont ruiné les travaux des scientifiques français dans le domaine de l’agronomie

          Stéphane Hessel (93 ans) : « Il était légitime de vouloir faucher les OGM. Lorsque quelque chose de légal apparaît comme illégitime, on a toujours le droit de s’y opposer avec véhémence et efficacité. Mais il ne faut pas que ce soit un sentiment personnel, quelque chose qui déplaît. Il faut que cela réponde à des valeurs » (interview dans le Monde du 15 janvier à propos de son livre « Indignez-vous ! »)

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Montdidier, commune en transition

Montdidier, commune de la Somme, développe le premier parc éolien communal*. Cela créé 9 emplois sur place et le profit de l’activité revient à la commune. Le parc éolien produira 19 000 MWh par an, pour une consommation actuelle de Montdidier de 39 000 MWh. Les artisans locaux sont formés au solaire et à l’isolation thermique. Mais la France ne compte plus que 160 régies locales d’énergie. Cette commune agit, mais elle ne va pas jusqu’au bout du raisonnement.

                En fait Montdidier est une des communautés qui tend actuellement à l’autonomie énergétique. Elle participe donc sans le savoir à ce qu’on appelle les « villes en transition » ou Transition Towns. Mais produire n’est qu’un aspect du problème, il faut économiser l’énergie. Dans le guide d’aide à la formation d’un groupe local de transition, The Transition Handbook, le rationnement est présenté comme incontournable : « Le rationnement doit sa mauvaise réputation à son association à l’idée de pénurie… alors qu’il est une réponse à la pénurie, et non sa cause. (Rob Hopkins, The Transition Handbook. From oil dependency to local resilience, 2008). Montdidier devrait diviser par deux sa consommation d’électricité, comme d’ailleurs tous les pays développés.

Le mouvement des villes en transition est peut-être la forme de construction par le bas qui se rapproche le plus d’une société de décroissance**. Ces villes visent d’abord à l’autosuffisance énergétique en prévision de la fin des énergies fossiles, et plus généralement  à la résilience. Ce concept peut se définir comme la permanence qualitative du réseau d’interactions d’un écosystème, ou plus généralement comme la capacité d’un système à absorber les perturbations et à se réorganiser. La spécialisation permet d’accroître les performances mais fragilise la robustesse de l’ensemble. Au contraire, la diversité renforce la résistance aux chocs et les capacités d’adaptation. Réintroduire les jardins potagers, la polyculture, l’agriculture de proximité, des petites unités artisanales, la multiplication des sources d’énergie renouvelable, renforcent la résilience. Pour cette raison, Nicholas Georgescu-Roegen préconisait pour l’avenir de l’humanité de petites communautés rurales.

* LeMonde du 15 janvier 2011, L’objectif est de pouvoir maîtriser la politique énergétique de la collectivité

** Le pari de la décroissance de Serge Latouche (préface de juin 2010)

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Est-ce que LeMonde nous empapaoute ?

Bonne contre-enquête du Monde sur les terres rares*. Mais il manque l’essentiel, un point de vue durable. L’ensemble de ces deux pages veut nous faire croire que la riposte s’organise, pas besoin de s’inquiéter : « Certains imaginent même la Chine abandonner tous ses quotas d’exportation, provoquant une chute des prix. » La journaliste croit encore à l’industrie industrialisante qui va reposer sur les 17 métaux aux propriétés extraordinaires qui vont booster les technologies de pointe et la croissance propre. Patrice Christmann, responsable des ressources minérales à la direction de la stratégie du Bureau de recherches géologiques et minières est un vrai croyant : « En science, le mot jamais n’a pas de sens. Les industriels cherchent à obtenir les aimants permanents qui ont le champ magnétique le plus puisant et qui sont en même temps de petite taille… la science trouvera. » Le PDG de Rhodia, leader mondial des formulations à base de terres rares, reste optimiste : « Nous allons développer une filière de récupération de terres rares, nous allons diversifier nos approvisionnements… La crise approche de son terme. » Tout ira donc pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles !

Voici pour l’utopie marchande, passons aux réalités. Philippe Bihouix** constate que le développement exponentiel des nouvelles technologies a fait exploser la demande en métaux high tech, les fameuses terres rares. Or les ressources métalliques constituent un stock très limité au milieu d’une quantité énorme de roches indifférenciées. Extraire des métaux toujours moins concentrés dans les roches géologiques requiert de plus en plus d’énergie. Mais inversement la production d’énergie, toujours moins accessible, requiert de plus en plus de métaux.  Une éolienne d’1 MW de puissance consomme dix fois plus d’acier et de béton au kWh qu’une centrale thermique. De plus la complexité des alliages nous empêche de récupérer facilement les métaux lors du recyclage. Il y a 30 métaux différents dans un ordinateur portable. Avec 3000 sortes d’alliages au nickel, on comprend que l’organisation de filières de récupération sera douloureuse ! Enfin une partie des métaux n’est pas récupérable car nous en faisons un usage dispersif, pigments, additifs, couches minces…

Allons à l’essentiel. On constate qu’au niveau mondial, 75 % des métaux extraits le sont pour 20 % de la population. Or déjà la pénurie commence avec les terres rares. Il ne faut donc pas promouvoir plus de technologie pour réduire les gaspillages, mais réduire notre consommation de riches pour moins de technologies. C’est sur le terrain de la morale et du juste besoin que  se situe le progrès véritable. LeMonde devrait cesser de se faire uniquement le porte-parole myope de notre appareil industriel.

* LeMonde du 14 janvier 2011, Les terres rares seront-elles une nouvelle source de conflit ?

**  Philippe Bihouix, ingénieur, coordonne avec Benoît de Guillebon l’ouvrage Quel futur pour les matériaux, résultat du travail associatif des ingénieurs de Centrale-Paris. Résumé de son point de vue dans l’Ecologiste n° 33, hiver 2010.

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massacre de bidoche

Nous mangeons de la viande à la chaîne, nous élevons des animaux à la chaîne, nous massacrons des animaux à la chaîne. Et quand il y a épidémie de fièvre aphteuse, c’est le génocide : 1,41 millions de porcs et bovins avaient déjà été abattues au 11 janvier en Corée du Sud*. Faute de produits létaux, des animaux ont été enterrés vivants. Des officiants au massacre souffrent de stress post-traumatiques, bouleversés par la souffrance des animaux. S’y ajoute une réapparition des cas de grippes aviaires de la souche H5N1, la plus violente. Tout cela dans l’indifférence générale. Les commentateurs du monde.fr n’ont rien à dire sur ce genre d’événements, ils préfèrent se concentrer sur des cas insignifiants comme les démêlés de Zemmour avec la justice.

Ainsi va l’humanité, qui élève ses volailles en batterie puisqu’elle exige une consommation de masse de type carné. Ainsi vit l’humanité, en batterie, enfermée dans les cages exiguës de ses HLM ou de ses bidonvilles. Les virus aiment les entassements de bidoche**…

* LeMonde du 13 janvier 2011, La fièvre aphteuse ravage la Corée du Sud.

** à lire : Bidoche, l’industrie de la viande menace le monde de Fabrice Nicolino

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the peak oil à Paris

– Les réserves pétrolières restant dans les gisements actuellement connus sont probablement comprises entre 140 et 180 milliards de tonnes (Gt). La valeur moyenne représente à peu près quarante ans de la consommation actuelle. Si la consommation mondiale continue d’augmenter au rythme moyen de 1,2 % par an, cela ramène cette durée à trente ans environ.

– Bien avant ces trente ou quarante ans, la production va passer par un pic correspondant à peu près au moment où la moitié des réserves initiales actualisées aura été consommées, puis elle déclinera tout au long de  ce siècle.

– La grande majorité des prévisionnistes situent le peak oil entre 2010 et 2030. Les hyper-optimistes sont plutôt des économistes, qui s’imaginent que l’augmentation du prix du pétrole se traduit par une augmentation plus ou moins proportionnelle des réserves. C’est inexact pour le pétrole : ont-ils seulement réalisé que les augmentations de prix seront incapables de créer le moindre gisement de pétrole dans le sous-sol ? Les pessimistes sont plutôt des géologues pétroliers, beaucoup plus au fait de la réalité des gisements.

– La moitié des réserves initiales réactualisées des gisements actuellement en productions ayant été consommée en 2008, la production commencerait déjà à décliner si un petit répit n’était apporté par les réserves de gisements découverts ces dernières années ce qui permet de repousser le pic de production à 2010. Le progrès technologique ne permet pas d’augmenter sensiblement les réserves, mais seulement pendant quelque temps les vitesses de production.

Pour écouter et questionner en direct Bernard Durand, auteur de ces données dans La crise pétrolière (analyse des mesures d’urgence), tu peux venir au colloque sur le pic pétrolier organisé à Paris le 25 janvier 2011…

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le portable, technique douce ou dure ?

Les techniques que nous utilisons devraient être douces à la nature, douce aux communautés humaines. Prenons l’exemple de la communication orale. Rien de plus simple, nous pouvons échanger directement, facilement. Mais notre société a tout compliqué. Le tout petit enfant mâchouille quelque chose au moment de la poussée des dents. Alors les usines mettent sur le marché des morceaux de caoutchouc reproduisant un portable, avec touches et tout. L’intoxication commence. Puis est venue pour l’enfant l’accumulation de jouets, à Noël et autres anniversaires : une montagne de jouets nécessitant presque tous des piles électriques. Pas étonnant qu’à 7-8 ans, l’enfant réclame déjà son téléphone personnel ! Mais ce n’est plus à l’autonomie que l’enfant accède, c’est à la soumission à une société thermo-industrielle. Car qui dit électricité dit prise électrique, énorme réseau de poteaux et de transformateurs, et tout au bout la centrale nucléaire. L’enfant dès le plus jeune âge apprend à devenir complice de ce système de production. Au lieu de jouer avec un simple ballon et d’aller dans la nature faire son propre apprentissage, on enferme les jeunes devant la télé et ses émissions pour tout-petits, on lui laissera bientôt prendre le téléphone à la place de ses parents, puis le portable sera l’aboutissement d’une rupture avec la nature, avec les adultes, et avec la relation directe à l’autre : les « facilités » du tout électrique l’emportent.

                Le paradoxe, c’est que cela peut même être dangereux pour la santé physique des enfants*. La ministre de l’écologie Chantal Jouanno prônait en novembre 2010 une interdiction du portable jusqu’à l’âge de douze ans et il est d’ailleurs banni des écoles. Les normes d’exposition aux ondes électromagnétiques avaient été fixées pour des adultes… on va seulement en février 2012 mettre en place la première étude épidémiologique mondiale concernant l’usage du mobile pour les enfants, Mobi-kids. Les enfants ont un crâne moins épais que les adultes, moins protecteur. Peut-être qu’on va découvrir que le portable provoque des tumeurs malignes, sachant que le délai de latence entre l’exposition et l’apparition d’un cancer est de 20 à 30 ans.

                En définitive, la technologie d’aujourd’hui est douce pour les marchands et dure pour enfants et adultes, même si on a développé l’illusion que le bonheur vient avec l’électricité.

* LeMonde du 11 janvier 2011, Ces ondes qui planent sur la tête de nos enfants.

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faire sauter les centrales thermiques ?

« Le pouvoir est au bout du fusil », croyait Mao. La populiste républicaine Sarah Palin, pour les législatives américaines de novembre 2010, avait ciblé sur sa page Facebook 20 candidats démocrates au bout d’un fusil à lunette. On vient de tirer sur la démocrate Gabrielle Giffords* et son entourage. Mais Mao est mort, le communisme chinois enterré et Sarah comme le Tea Party le sera nécessairement un jour. Qui a vraiment le pouvoir ?

Le philosophe Arne Naess (1912-2009) pense que le pouvoir profond est dans l’action non-violente : « La condition du succès est dépendante de notre capacité à confirmer l’hypothèse suivante : si seulement l’opinion publique savait ce que les écologistes défendent, alors la majorité des gens serait de leur côté. L’expérience accumulée ces dernières années indique que le point de vue écologique avance grâce à une communication politique non-violente qui mobilise à la racine. » Mark Kennedy, un agent de la police britannique, en est la parfaite illustration. Il a passé sept ans comme taupe dans des groupes de protestation, des ONG vertes… L’infiltré et des militants écologistes tentent en 2009 de stopper la centrale à charbon de Ratcliffe-on-Soar pour empêcher l’émission de milliers de tonnes de carbone. Six manifestants devaient être jugés pour complot par la Haute cour de justice anglaise. Mark Kennedy décide alors de témoigner en leur faveur. Les documents saisis par la justice prouvent que la tentative d’arrêt de la centrale a été pour l’essentiel imaginée, organisée et réalisée par l’ex-flic. Les poursuites ont été abandonnées…

Mao croyait que « est juste ce qui réussit, faux ce qui échoue ». Là aussi, il a tort. Même si les centrales au charbon continuent de diffuser leurs polluants, elles ont tort ainsi que tous ces républicains qui croient défendre des millions d’emplois et s’opposent à la baisse des émissions de gaz à effet de serre**. Ceux qui tiennent des fusils n’ont jamais eu le pouvoir d’avoir raison. La biosphère n’a jamais été transformée dans le bon sens sous la protection des fusils, elle a été massacrée. Le pouvoir n’est pas au bout du fusil, ni la police ni l’armée ne peuvent défendre durablement un ordre injuste. Le pouvoir repose sur la force de la vérité. Tout le monde devrait savoir que les centrales à charbon doivent être arrêtés***. Nous devrions tous nous appeler Mark Kennedy, alias Mark Stone.

* leMonde du 11 janvier 2011, La cible de trop des Tea Parties.

** leMonde du 11 janvier 2011, Climat, l’objectif américain de réduction contesté au Congrès.

*** leMonde du 11 janvier 2011, Aux Etats-Unis, les centrales électriques au charbon n’ont plus la côte.

NB : l’info sur Mark Kennedy a été aussi présentée par le blog d’Audrey Garric, http://ecologie.blog.lemonde.fr/

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Je suis candidat aux primaires socialistes

J’ai eu des idées et des rêves. Maintenant il me faut agir. Certains camarades veulent s’engager dans les primaires, ils ne valent pas tripette, nous le savons tous. La feuille de route de Martine Aubry, « Elections cantonales, préparation du projet, accord avec la gauche, primaire » est d’une banalité à pleurer. Les velléités de Valls pour se démarquer nous amuse. Le passéisme de Ségolène Royal qui a « envie de succéder à François Mitterrand » est à mourir de rire. L’attentisme de DSK nous fait frémir : un FMIste socialiste ! Alors le socialisme a besoin de moi. François Mitterrand avait mis dix ans, entre le congrès d’Epinay et sa victoire en 1981, pour bâtir la victoire. Nous n’avons pas le temps. Car la planète n’attend pas, et avec elle, pas question de négocier. Les chocs écologiques se préparent, ils sont scientifiquement mesurés : perte de biodiversité, pic pétrolier, réchauffement climatique, désertification des sols, etc. Devant cette urgence écologique, le PS n’a toujours pas de leader, pas d’alliés et pas de programme. Mais pas de panique, je suis là. Nos militants se déchirent depuis 2002 pour savoir qui va les représenter à la présidentielle, le PS est en déroute, pas de panique, je serai le Jaurès de l’écologie.

La question du leader est donc tranchée, reste les alliés et le programme. Lors du prochain congrès de notre Parti, nous ne serons plus socio-démocrates et productivistes, nous deviendrons le nouveau parti socialiste, le PSE, parti social-écologiste. Nous avons déjà voté une déclaration de principes en juin 2008, elle était claire : « Les finalités du socialisme démocratique portent pleinement la volonté de préserver notre planète aujourd’hui menacée particulièrement par les risques de changement climatique et la perte de la biodiversité, de protéger et de renouveler les ressources naturelles, de promouvoir la qualité de l’environnement. Conscients de l’étroite interaction des activités humaines et des écosystèmes, les socialistes inscrivent la prise en compte de la planète au même rang de leurs finalités fondamentales que la promotion du progrès et la satisfaction équitable des besoins (article 3). » Plus question de sous-traiter l’écologie, si les écolos de la mouvance EELV veulent des postes de députés, ils doivent promettre l’alliance pour les élections de 2012 et la fusion avec nous peu après. Quant au communiste Mélenchon, qu’il arrête de pérorer pour revenir dans son giron naturel, nous, la social-écologie. Les quelques radicaux de gauche qui subsistent comprendront aussi qu’ils ont intérêt à prendre fissa leur carte au PSE pour continuer à exister. Voici pour les alliés, tous unis pour la victoire finale.

Pour le programme, rien de plus simple. Face aux menaces écologiques qui auront des répercussions dramatiques sur le pouvoir d’achat et la cohésion sociale, je ne dirai que la vérité, toute la vérité rien que la vérité. Je ne promets donc que la sueur et les larmes, avec le moins de sang possible. Mais nous nous en sortirons ensemble, je le veux, nous le pouvons.

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match Morin/Delhommais, 10 à zéro

Sibylle de Pazoult adore le texte de Morin*, « Quel beau texte ! Merci, du fond de la nuit ». Jacques Cosquer abhorre, « Ouah! Quelle compilation de lieux communs ». Ainsi va la réaction des abonnés du monde.fr, disant tout et son contraire. Quelques éléments de réflexion pour s’y retrouver un peu :

Faulle : « Fabuleux! Bientôt cent ans, et toutes ses dents, et sa pensée fossilisée par 70 ans de fonctionnariat. CNRS, ah quand tu nous tiens… Il a pas dû souvent se poser la question de comment faire bouillir la marmite, le vieux chercheur. Pépère, avec sa pension tombant tous les 27 du mois, toute une vie !

Biosphere : Ce qui est remarquable dans ce commentaire, c’est qu’il n’y a pas un mot sur le point de vue d’Edgar Morin. Avec « Faulle », l’intelligence collective ne progresse pas, elle régresse ! Avec des gens comme Faulle, la marche vers les désastres va s’accentuer dans la décennie qui vient.

Naïf : « Où est l’analyse ? On en reste à des constats qui sont bien souvent des poncifs. Il manque le « pourquoi » et le « comment ». Comment sortir de la crise ? »

Biosphere : un article ne peut tout dire. Si tu veux une approche plus globale, tu peux consulter en ligne notre UTOPIE 2050,

Henry Fay : C’est toujours le même discours des nantis idéalistes qui critiquent la croissance sans voir que c’est la croissance et rien d’autre et surtout pas les bons sentiments qui a sorti de la misère des centaines de millions de personnes en Chine, notamment. Je ne sais où il a vu que la pauvreté se convertissait en misères reléguées en énormes bidonvilles. »

Biosphere : Nous savons où la croissance nous a mené, le déracinement et le chômage, la montée des inégalités, l’extension de banlieues ingérables, le krach (pic pétrolier, réchauffement climatique…) contre les limites des ressources de la planète, etc. Par exemple en Chine, l’allocation de surfaces excessives de terres à la construction ou au pâturage ainsi que la surconsommation des réserves d’eau rendent très difficile la lutte contre l’avancée du désert.

Carouge : Article de Morin à mettre en regard de la chronique du jour de M. Delhommais**, pour bien comprendre que cette dernière est totalement inepte.

Quelques commentaires lus sur lemonde.fr à propos de l’article de Delhommais : En lisant le papier de Morin, des lecteurs ns renvoyaient vers celui de Delhommais: quelle désastreuse comparaison, le premier étant un témoin de qualité l’autre ns servant une pensée assujettie aux Neo conservateurs types… Trois plaisanteries à deux balles sur le goût des Chinois pour le Champagne et un petit bout de logiquette sur la compétitivité, c’est indigne, c’est odieux, c’est stupide… INDIGNE chronique, et totalement à côté de la question… Vous mêlez tout, juste dans le dessein de nous réduire à d’horribles consommateurs ! Question bilan 2010 et saines réflexions taisez-vous et lisez Edgar Morin ici, ce jour !… Dire que les Français sont collectivement des nantis par rapport au reste du monde est purement gratuit si l’on oublie d’en conclure qu’il nous faudra donc apprendre la décroissance et le partage, et que nous pourrions en être bien plus heureux

* LeMonde du 9-10 janvier 2011, Les nuits sont enceintes d’Edgar Morin

** LeMonde du 9-10 janvier 2011, Les Chinois eux ont le champagne gai

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pétrole apocalypse* à Paris

La hausse du cours des hydrocarbures ne sera pas un simple choc pétrolier, ce sera la fin du monde tel que nous le  connaissons. Ce choc proviendra de la coïncidence de trois situations inédites : une situation géologique, avec le déclin définitif de la production de pétrole ; une situation économique, avec un excès structurel de la demande mondiale de pétrole par rapport à l’offre ; une situation géopolitique, avec une intensification du terrorisme et des guerres pour l’accès au pétrole.

Depuis plus de trente ans, les écologistes n’ont cessé de proposer la diminution des consommations d’énergie fossiles et la mise en œuvre de politiques de sobriété énergétique et de promotion des énergies renouvelables, l’abandon de l’agriculture productiviste au profit de l’agrobiologie, le désengagement de notre dépendance à l’égard des entreprises transnationales et la réhabilitation des circuits économiques courts. En vain. Il est déjà trop tard pour espérer transmettre à nos enfants un monde en meilleure santé que celui que nous connaissons aujourd’hui. Plus nous attendrons, plus leurs souffrances seront grandes et dévastatrices.

Pour écouter et questionner directement Yves Cochet, tu peux venir au colloque sur le pic pétrolier organisé à Paris le 25 janvier 2011…

* le livre d’Yves COCHET, Pétrole apocalypse (2005)

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lundi végétarien, mardi…?

La confusion des esprits découle du manque d’analyse des médias et des politiques. D’un coté LeMonde* vient au secours de la distribution grande et moyenne alors que le prix aux éleveurs est de 1,70 euros le kilos pour devenir 15 euros à la vente au consommateur. La journaliste du Monde, Laetitia Van Eeckhou, ne s’interroge nullement sur la longueur anormales des circuits de distribution. Le ministre de l’agriculture le Maire renchérit en voulant aider les éleveurs à « se développer à l’exportation », ce qui va encore accroître la distance du producteur à l’assiette. Notre société marche sur la tête, pourtant journalistes et gouvernants applaudissent. L’élevage acceptable est un élevage bio. Et un élevage de proximité. Et un petit élevage.

LeMonde est divers ! La confusion des esprits découle aussi du manque d’analyse des consommateurs. Selon le supplément du monde**, on devrait s’interroger sur notre droit à manger de la viande. Il y a des chiffres effarants : « Le secteur de l’élevage industriel participe au réchauffement climatique pour 40 % de plus que l’ensemble des transports dans le monde ». De quoi déjà se mettre au lundi sans viande. Et puis il y a la manière industrielle de traiter les animaux comme des marchandises, empilés dans des espaces ridicules, empêchés de voir la lumière du jour, rabaissés à de la chair torturée. De quoi se mettre au lundi végétarien. Le prix de la viande n’est donc pas l’élément essentiel. Manger trop de viande, c’est accroître l’effet de serre et la souffrance animale, sans compter les effet sur la santé humaine. Il ne faut plus effectuer de coupure entre le système de production de viande et le choix des consommateurs.  Il ne suffit pas de s’alimenter « un peu différemment », il s’agit de bousculer nos habitudes. Tu peux adhérer à la campagne « Nous sommes d’accord avec les lundis végétariens » :

http://www.unjoursansviande.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=6

* LeMonde du 7 janvier, prix de la viande : industriels et distributeurs ne profitent pas indûment des hausses

** LeMonde Des Livres du 7 janvier,  On achève bien les animaux (commentaire du livre de Jonathan Safran Foer, Faut-il manger les animaux ?)

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le jour où Gandhi a pleuré

Le Mahatma Gandhi était en visite à Allahabad avec M.Nehru, qui devint plus tard le chef du premier gouvernement indépendant de l’Inde. Il n’y avait pas d’eau courante à l’époque. Au réveil, Nehru se chargea d’apporter à Gandhi la cruche d’eau dont il avait besoin pour ses ablutions matinales. Tandis que Nehru vidait la  cruche, ils se lancèrent dans une grande discussion sur la situation politique du pays. Tout en parlant, Gandhi se lavait les mains et le visage, mais il était si absorbé dans leur conversation que l’eau vint à manquer avant qu’il n’ait terminé sa toilette. « Ne bouge pas, dit Nehru. Je vais chercher une autre cruche. »

                Gandhi se figea, stupéfait. « Quoi, s’exclama-t-il. J’ai déjà vidé une cruche entière et je n’ai pas fini de me laver ? Quel gâchis ! D’habitude, une seule cruche me suffit ! » Nehru le regardait sans comprendre : pourquoi Gandhi faisait-il  une telle histoire pour un peu d’eau ? Il s’apprêtait à l’interroger quand il vit des larmes perler à ses paupières.

« Pourquoi pleures-tu ? s’écria-t-il.

– Je m’en veux d’avoir été si distrait. Quelle honte d’avoir utilisé tant d’eau !

– Tu sais bien que l’eau abonde ici, à Allahabad. La ville est traversée par le Gange et la Yamunâ. Ce n’est pas comme chez toi, dans le Gujarat, où tout est sec et désert !

– C’est vrai. C’est une grande chance pour cette ville d’être baignée par ces deux grands fleuves. Mais cela ne change rien à la quantité que je m’autorise à utiliser chaque matin ! »

                Cet extrait du livre de Satih Kumar, Je suis donc tu es, montre que le gaspillage est une forme de violence qui a mené à la surexploitation des ressources naturelles et à l’échec de monde moderne. Mais Nehru n’a pas compris la leçon… l’Inde a voulu imiter le modèle occidental.

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faim du monde, fin du libre-échange

Au XXIe siècle il y aura la guerre des terres*, comme il y aura les guerres du pétrole, les guerres de l’eau, les guerres du climat, les guerres civiles, les guerres aux frontières… La flambée des prix alimentaires mondiaux avaient provoqué en 2008 des émeutes de la faim dans plusieurs pays. Aujourd’hui les prix alimentaires enregistrent leur sixième mois consécutif de hausse. Ce n’est pas seulement la faute des catastrophes naturelles et des spéculateurs, c’est la conséquence de la surpopulation mondiale. La pénurie n’est plus conjoncturelle. Nous sommes six milliards d’humains et on en dénombrera 3 milliards de plus en 2050. Quels sols mettront-nous en culture pour soutirer à la terre leur pitance ?

Pour protéger leur souveraineté alimentaire, l’Inde vient d’interdire l’exportation de l’oignon national, la Russie suspend ses exportations de céréales, Canberra prévoit de réduire de 25 % ses exportations de sucre en 2011. S’il est bien un domaine dans lequel la démondialisation est en marche, c’est bien  celui de l’agriculture et de l’alimentation. Le philosophe Fichte publia en 1800 L’Etat commercial fermé, ouvrage de l’anti-libre-échange. La thèse dépasse très largement le protectionnisme transitoire de Friedrich List. Fichte s’engage au contraire dans une perspective d’interdiction totale des échanges commerciaux avec d’autres nations.

Selon le philosophe allemand, l’Etat doit garantir à chaque citoyen des conditions d’existence décentes lui permettant de subvenir à ses besoins fondamentaux, et lui assurer le droit de travailler. Pour y parvenir, l’Etat doit organiser et contrôler la production de richesses, contrôle impliquant la fermeture des frontières économiques puisque tout flux en provenance de l’extérieur échappe par définition au gouvernement. La fermeture des échanges commerciaux se répercute sur la politique monétaire du pays car cela induit nécessairement de ne plus participer à des flux monétaires par la voie des taux de change. Cela évite les antagonismes en matière économique qui sont à l’origine de guerres armées.

* La guerre des terres de Thierry Pouch (Choiseul, 2010)

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allons-nous faire le plein ?

Quelques extraits du livre* de Jean-Marc JANCOVICI et  Alain GRANDJEAN ;

– Un passage du baril de 40 à 300 dollars ferait passer la facture pétrolière de la France de 30 à 250 milliards de dollars à consommation constante, soit environ 20 % du PIB actuel. Le gaz, dont le prix est indexé sur celui du pétrole, nous coûterait 5 à 10 % du PIB en supplément.

– S’il suffisait de pendre le dernier gros rentier avec les tripes de la dernière star multimilliardaire pour supprimer le gaspillage, le problème serait finalement assez simple à résoudre. Malheureusement, c’est aussi la consommation de ce que nous avons l’habitude d’appeler « ménages modestes » qui pose problème car elle représente un gaspillage au regard des possibilités de la planète.

– Une répartition équitable d’une ressource globalement insuffisante conduirait à ce que chacun ait moins que le minimum vital, c’est-à-dire à la mort pour tous. L’aboutissement logique de la pénurie, c’est donc la mort de quelques-uns pour éviter la mort de tous, c’est donc la barbarie.

– Demandez à un cadre dirigeant du monde pétrolier dans combien de temps les 2 milliards d’Indiens et de Chinois vivront comme un Français actuel. Avant toute réponse, vous obtiendrez un grand éclat de rire.

– L’Homme utilise gratuitement les services que lui rend la nature, et la nature subit des préjudices sans demander réparation ni physique ni monétaire. C’est toujours le propriétaire que nous payons, pas la nature, qui ne passe pas à la caisse.

– Les énergies fossiles ne sont pas renouvelables à l’échelle des temps historiques : il faut 300 millions d’années pour faire du charbon, et quelques millions au moins pour faire du pétrole et du gaz.

– A qui la faute si le lecteur ne dispose pas d’une vue synthétique ? Au journaliste qui a repris un communiqué sans prendre de hauteur de vue, au directeur qui interdit de parler des sujets qui pourraient fâcher les annonceurs, ou au lecteur qui finalement n’a aucune envie de lire des mauvaises nouvelles ?

* Le plein s’il vous plaît (Seuil, 2006)

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descente énergétique, quel programme ?

en Bolivie aujourd’hui : La Bolivie voulait radicaliser les négociations climatiques à Cancun. Mais radicaliser, cela ne veut pas dire simplement discourir sur la Terre-mère, c’est augmenter le prix de l’essence pour émettre le moins possible de gaz à effet de serre ! Le président bolivien Evo Morales l’a fait… mais pour d’autres raisons. La Bolivie ne produit que 4 500 barils de pétrole par jour pour une consommation de 35 000. Elle achète donc son pétrole au Venezuela et à l’Argentine pour le revendre à la population à un prix subventionné. Le coût des subventions aux carburants est évalué à 750 millions de dollars. La décision de supprimer ces subventions était donc une réponse aux difficultés budgétaires que connaît actuellement l’État bolivien. Le syndicat bolivien des chauffeurs de transports en commun a commencé fin décembre une grève illimitée pour protester contre la hausse du prix des carburants. Des grèves et des manifestations violentes ont lieu… Evo Morales fait marche arrière le 31 décembre et annule le décret 748. Mais son vice-président, Alvaro Garcia, reparle d’une prochaine hausse des carburants dans le cadre d’un « dialogue avec le peuple ». Retournement de situation : le gouvernement annonce de nouveau le 2 janvier 2011 la hausse de l’essence.

hier aux Etats-Unis : Cet exemple bolivien est significatif de la difficulté des gouvernements à mettre en place ce qui est nécessaire, augmenter le prix du carburant. En avril 1977, trois mois après son investiture, le président Carter apparu à la télévision en cardigan, assis auprès d’un feu de cheminée. Il a expliqué aux Américains que la poursuite de leur hyperdépendance envers le pétrole était un piège mortel et qu’il leur faudrait changer de mode de vie : « Ce que je vous demande est l’équivalent d’une guerre. Il s’agit bel et bien de préparer un monde différent pour nos enfants et nos petits-enfants. » Puis il énumérait les mesures d’économie. La revue Newsweek chiffre le gaspillage moyen d’énergie qu’il veut supprimer à plus de la moitié de la consommation totale. C’est une douche froide pour ce peuple si sûr de sa richesse et de ses immenses ressources.  Le royaume automobile de Détroit, dont les experts comprennent pourtant la nécessité du projet, déclare la guerre au président Carter. Les syndicats de l’automobile suivent, le peuple suit, bien entendu. Carter ne perd pas quinze points de popularité, mais trente-cinq ; sa cote passe de 70 à 35 au début de 1978. Le projet est abandonné.

demain en France : Dialoguer avec le peuple ? Aucun gouvernement n’imposera les cruels sacrifices de la pénurie pétrolière sans le consentement du peuple. Mais plus on attend, plus l’augmentation du carburant sera brutale. Gouverner, c’est préparer l’avenir et avoir le courage de dire la vérité : le prix de l’essence doit augmenter, inexorablement, à la fois pour lutter contre le réchauffement climatique et pour faire face à la déplétion pétrolière. En France, le premier débat politique sur cette question aura lieu le 25 janvier à Paris. Cliquez ICI pour en connaître les modalités. Les citoyens ne pourront plus dire qu’ils ne savaient pas…

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