une démocratie élargie aux acteurs-absents

La plupart de nos contemporains vivent au jour le jour, les politiciens, même réunis à Copenhague, ne raisonnent pas beaucoup plus loin que les intérêts immédiats de leurs électeurs, les utopies sont derrière nous et les futurologues ne décrivent l’avenir que sous forme de  catastrophes irréversibles. Comment  donc échapper au court-termisme ?

P.Rosanvallon nous décrit quatre types de mesures ou d’institutions dans LeMonde du 8 décembre. Constitutionaliser, mais c’est déjà fait avec la Charte française de l’environnement (promulguée le 1er mars 2005,  Art. 2. – Toute personne a le devoir de prendre part à la préservation et à l’amélioration de l’environnement) ; renforcer l’Etat, mais si c’est pour suivre les conseils d’Hans Jonas, on a déjà donné (« La tyrannie communiste paraît mieux capable de réaliser nos buts inconfortables que le complexe capitaliste-démocratique-libéral ») ; mettre en place une « Académie du futur », mais c’est déjà le rôle du CESE (la réforme constitutionnelle de juillet 2008 a ajouté l’environnement aux compétences du Conseil économique et social) ; instituer des forums publics, mais il y a déjà plein de débats publics auxquels personne ne s’intéresse. La démocratie ne  progresse pas en se complexifiant, elle devient au contraire ingérable.           

Rosanvallon décrit pourtant la condition nécessaire pour préparer le long terme : « Il n’y aura pas de sortie de la myopie démocratique si les citoyens ne sont pas eux-mêmes les défenseurs d’une conscience élargie du monde. C’est lorsque les citoyens auront modifié leurs propres réflexes en termes d’anticipation que leur vision s’accordera au sentiment d’une existence à l’échelle de l’humanité. » Il faut donc que chaque citoyen en position de décision délibérative se fasse l’avocat des acteurs-absents, c’est-à-dire ceux qui ne peuvent prendre la parole lors d’une négociation, ou qui n’est pas invité à la table des négociations : milieu naturel, être vivants non humains, générations futures. Il faut d’ailleurs remarquer que la génération actuelle peut se permettre d’utiliser autant de ressources non reproductibles ( et perturber le climat) uniquement parce que les générations à venir sont exclues du marché actuel pour la simple raison qu’elles ne peuvent y être présentes ; sinon le prix s’élèverait déjà à l’infini. Il y a une dictature du présent sur l’avenir. Cela ne pourra changer que quand chacun d’entre nous pourra se projeter dans le temps long et l’espace infini.

une démocratie élargie aux acteurs-absents

La plupart de nos contemporains vivent au jour le jour, les politiciens, même réunis à Copenhague, ne raisonnent pas beaucoup plus loin que les intérêts immédiats de leurs électeurs, les utopies sont derrière nous et les futurologues ne décrivent l’avenir que sous forme de  catastrophes irréversibles. Comment  donc échapper au court-termisme ?

P.Rosanvallon nous décrit quatre types de mesures ou d’institutions dans LeMonde du 8 décembre. Constitutionaliser, mais c’est déjà fait avec la Charte française de l’environnement (promulguée le 1er mars 2005,  Art. 2. – Toute personne a le devoir de prendre part à la préservation et à l’amélioration de l’environnement) ; renforcer l’Etat, mais si c’est pour suivre les conseils d’Hans Jonas, on a déjà donné (« La tyrannie communiste paraît mieux capable de réaliser nos buts inconfortables que le complexe capitaliste-démocratique-libéral ») ; mettre en place une « Académie du futur », mais c’est déjà le rôle du CESE (la réforme constitutionnelle de juillet 2008 a ajouté l’environnement aux compétences du Conseil économique et social) ; instituer des forums publics, mais il y a déjà plein de débats publics auxquels personne ne s’intéresse. La démocratie ne  progresse pas en se complexifiant, elle devient au contraire ingérable.           

Rosanvallon décrit pourtant la condition nécessaire pour préparer le long terme : « Il n’y aura pas de sortie de la myopie démocratique si les citoyens ne sont pas eux-mêmes les défenseurs d’une conscience élargie du monde. C’est lorsque les citoyens auront modifié leurs propres réflexes en termes d’anticipation que leur vision s’accordera au sentiment d’une existence à l’échelle de l’humanité. » Il faut donc que chaque citoyen en position de décision délibérative se fasse l’avocat des acteurs-absents, c’est-à-dire ceux qui ne peuvent prendre la parole lors d’une négociation, ou qui n’est pas invité à la table des négociations : milieu naturel, être vivants non humains, générations futures. Il faut d’ailleurs remarquer que la génération actuelle peut se permettre d’utiliser autant de ressources non reproductibles ( et perturber le climat) uniquement parce que les générations à venir sont exclues du marché actuel pour la simple raison qu’elles ne peuvent y être présentes ; sinon le prix s’élèverait déjà à l’infini. Il y a une dictature du présent sur l’avenir. Cela ne pourra changer que quand chacun d’entre nous pourra se projeter dans le temps long et l’espace infini.

le mécréant Claude Allègre

Claude Allègre est un mécréant climatique, un scientifique qui n’a pas toutes les réponses mais qui fait croire dans les médias qu’il les a toutes. Claude Allègre nourrit ainsi de faux débats, ce qui est dangereux pour le libre débat démocratique. Démonstration :

Claude Allègre : « Dès lors qu’on est incapable de prédire le temps de façon sérieuse au-delà de quatre jours, anticiper le climat à un siècle de distance est une fumisterie. » (Le Figaro magazine, 28 novembre 2009).

Stéphane Foucart sur la question Peut-on prédire le climat quand on en sait pas prévoir la météo au-delà de quelques jours ? :

« La météorologie s’intéresse à des phénomènes chaotiques, dont l’évolution au-delà de quelques jours est par essence imprévisible. Elle tente de décrire l’évolution du temps à partir d’une connaissance fine des conditions atmosphériques en cours, que les modèles numériques prolongent. La climatologie est une science statistique. Elle s’appuie sur les bases de données de la météorologie et se nourrit des moyennes des mesures physiques, dans l’espace et dans le temps. Mais elle se nourrit d’autres disciplines, comme la glaciologie, l’océanographie, l’astronomie, pour reconstituer les climats du passé et tester ses modèles numériques. Ceux-ci peuvent ensuite simuler l’avenir, en fonction de la variation de la concentration des gaz à effet de serre. Pour prendre une image, la trajectoire de chacun des jets d’un pommeau de douche est difficile à prévoir (météo), mais on peut prédire quand la baignoire débordera (climatologie). » (LeMonde du 6-7 décembre 2009)

le mécréant Claude Allègre

Claude Allègre est un mécréant climatique, un scientifique qui n’a pas toutes les réponses mais qui fait croire dans les médias qu’il les a toutes. Claude Allègre nourrit ainsi de faux débats, ce qui est dangereux pour le libre débat démocratique. Démonstration :

Claude Allègre : « Dès lors qu’on est incapable de prédire le temps de façon sérieuse au-delà de quatre jours, anticiper le climat à un siècle de distance est une fumisterie. » (Le Figaro magazine, 28 novembre 2009).

Stéphane Foucart sur la question Peut-on prédire le climat quand on en sait pas prévoir la météo au-delà de quelques jours ? :

« La météorologie s’intéresse à des phénomènes chaotiques, dont l’évolution au-delà de quelques jours est par essence imprévisible. Elle tente de décrire l’évolution du temps à partir d’une connaissance fine des conditions atmosphériques en cours, que les modèles numériques prolongent. La climatologie est une science statistique. Elle s’appuie sur les bases de données de la météorologie et se nourrit des moyennes des mesures physiques, dans l’espace et dans le temps. Mais elle se nourrit d’autres disciplines, comme la glaciologie, l’océanographie, l’astronomie, pour reconstituer les climats du passé et tester ses modèles numériques. Ceux-ci peuvent ensuite simuler l’avenir, en fonction de la variation de la concentration des gaz à effet de serre. Pour prendre une image, la trajectoire de chacun des jets d’un pommeau de douche est difficile à prévoir (météo), mais on peut prédire quand la baignoire débordera (climatologie). » (LeMonde du 6-7 décembre 2009)

seule une récession économique…

Une page entière pour constater que sur le marché du don, la répartition de la générosité n’est pas juste : certaines causes suscitent peu de compassion. Quant à la page en face, il s’agit d’un encart payé par le gouvernement sur Copenhague (LeMonde du 5 décembre). La société n’est pas juste, on ne s’intéresse pas aux générations futures qui subiront les perturbations de la biosphère, il n’y a pas de marché pour cela ! Le MEEDDM (ministère de l’écologie, de l’énergie, du développement durable et de la mer) nous rappelle donc que l’urgence climatique appelle à la mobilisation de tous « pour que rien ne soit plus comme avant ». Il suffirait d’investir (éco-prêt à taux zéro et crédit d’impôt), d’acheter des voitures (bonus écologique, prime à la casse), de choisir de nouveaux modes de transport (lesquels ?), et bien sûr de construire des éoliennes. Pour répondre à l’urgence climatique, le gouvernement se contente de « développer la croissance verte ». Il nous dit qu’il ne faut pas s’inquiéter, tout sera comme avant, un peu de greenwashing en plus. Le gouvernement manie comme d’habitude la langue de bois alors qu’il faudrait se mobiliser comme si une guerre mondiale venait d’être déclarée.

Si les politiques étaient responsables et courageux, ils nous préviendraient que les pays riches doivent sacrifier leur niveau de vie pour combattre le changement climatique. Seule une récession économique planifiée sera capable de limiter la hausse des températures moyennes à + 4°C. En effet, pour contenir le réchauffement à +2°C, les émissions mondiales de gaz à effet de serre auraient du commencer à décroître en l’an 2000 ; depuis 1990, elles ont grimpé de 38 %. Comme les émissions de CO2 des pays riches de l’OCDE ont même augmenté de plus de 17 % entre 1990 et 2005, il faudrait maintenant que ces émissions aient totalement cessé dès 2025 pour que la température ne dépasse pas + 4°C. Seule une récession…

seule une récession économique…

Une page entière pour constater que sur le marché du don, la répartition de la générosité n’est pas juste : certaines causes suscitent peu de compassion. Quant à la page en face, il s’agit d’un encart payé par le gouvernement sur Copenhague (LeMonde du 5 décembre). La société n’est pas juste, on ne s’intéresse pas aux générations futures qui subiront les perturbations de la biosphère, il n’y a pas de marché pour cela ! Le MEEDDM (ministère de l’écologie, de l’énergie, du développement durable et de la mer) nous rappelle donc que l’urgence climatique appelle à la mobilisation de tous « pour que rien ne soit plus comme avant ». Il suffirait d’investir (éco-prêt à taux zéro et crédit d’impôt), d’acheter des voitures (bonus écologique, prime à la casse), de choisir de nouveaux modes de transport (lesquels ?), et bien sûr de construire des éoliennes. Pour répondre à l’urgence climatique, le gouvernement se contente de « développer la croissance verte ». Il nous dit qu’il ne faut pas s’inquiéter, tout sera comme avant, un peu de greenwashing en plus. Le gouvernement manie comme d’habitude la langue de bois alors qu’il faudrait se mobiliser comme si une guerre mondiale venait d’être déclarée.

Si les politiques étaient responsables et courageux, ils nous préviendraient que les pays riches doivent sacrifier leur niveau de vie pour combattre le changement climatique. Seule une récession économique planifiée sera capable de limiter la hausse des températures moyennes à + 4°C. En effet, pour contenir le réchauffement à +2°C, les émissions mondiales de gaz à effet de serre auraient du commencer à décroître en l’an 2000 ; depuis 1990, elles ont grimpé de 38 %. Comme les émissions de CO2 des pays riches de l’OCDE ont même augmenté de plus de 17 % entre 1990 et 2005, il faudrait maintenant que ces émissions aient totalement cessé dès 2025 pour que la température ne dépasse pas + 4°C. Seule une récession…

discrimination médiatique

La multiplication des réseaux d’information transforme notre réalité en un magma informel en perpétuelle expansion. Il est donc difficile d’aller à l’essentiel : comment s’y retrouver dans une cyber-poubelle aux dimensions de Google ? Bruno Frappat, aux Assises du journalisme en mai 2008, nous rassurait : « N’ayez pas peur ! Tant qu’il y aura des nouvelles, il faudra des gens pour faire le tri, hiérarchiser les événements, en jeter. » Mais la biosphère n’est pas satisfaite de la manière dont les journalistes font leur boulot de tri et de hiérarchisation. Ainsi LeMonde du 4 décembre insiste dès la première page sur « La richissime héritière du groupe l’Oréal, bientôt sous tutelle judiciaire ? » C’est une affaire privée qui ne regarde que les personnes concernées et la justice. Par contre LeMonde ne consacre qu’une simple brève pour « l’irruption de Greenpeace à l’Assemblée nationale ».

Pourtant cette action  d’éclat se comprend à l’occasion du débat parlementaire sur le sommet de Copenhague. Aucune violence aux biens et aux personnes, juste une manifestation de sensibilisation au réchauffement climatique. Des députés UMP crient pourtant au « viol de la démocratie » et réclament même des sanctions contre les députés Mamère et Cochet qui avaient applaudi à la descente en rappel  dans l’hémicycle d’une militante. A gauche aussi, l’action est dénoncée comme inadmissible. Seul Cohn-Bendit reste admiratif devant l’imagination et le sens de l’agenda de Greenpeace. Le billet de Robert Solé sur le « cirque en hémicycle » ne rajoute rien. On ne connaîtra pas la position de fond de Greenpeace.

Finalement, LeMonde est plus intéressé par la lettre manuscrite de Françoise Meyers-Bettencourt adressée à sa « chère maman » que par les crises écologiques et la difficulté pour les écologistes de faire entendre leur voix dans une société de riches. Encore une fois, le quatrième pouvoir a failli à sa tâche de hiérarchisation de l’information.

L’immigration fera l’identité nationale

La droite s’inquiète des risques de dérapage du débat sur l’identité nationale (LeMonde du 3 décembre) qui devrait se clore le 4 février 2010. En effet le racisme envahit déjà le site Internet dédié à ce débat, les participants parlent peu d’identité et beaucoup d’immigration. En Suisse, la démocratie référendaire est devenue un canal d’expression des peurs : halte aux minarets ! Ces événements ne sont que l’esquisse d’un mouvement qui va s’amplifer. Quand l’immigration peut être résorbée par une économie en expansion comme pendant les Trente Glorieuses, le racisme est contenu. Si, comme il est trop probable, la crise financière va se doubler de crises écologiques, les départs se feront plus important dans les pays du Sud touchés en premier par les perturbations de leur environnement et les pays du Nord  connaîtront un chômage croissant, donc le refus de l’immigration. Le cocktail est explosif !!

Ce choc a été bien analysé par Harald Welzer dans Les guerres du climat. C’est un livre angoissant car il montre de façon argumentée la violence potentielle contenue dans l’être humain, acculé à des solutions extrêmes quand il se retrouve en situation de péril extrême. Comme les ressources vitales s’épuisent, il y aura de plus en plus d’hommes qui disposeront de moins en moins de bases pour assurer leur survie. Il est évident que cela entraînera des conflits violents entre ceux qui prétendent boire à la même source en train de se tarir. Des processus sociaux comme l’holocauste ne doivent pas être compris comme une « rupture de civilisation » ou une « rechute dans la barbarie », mais comme la conséquence logique de tentatives modernes pour établir l’ordre et résoudre les problèmes majeurs ressentis par des sociétés. L’ère des Lumières pourrait s’achever (temporairement ?) avec les guerres du climat au XXIe siècle.

Il se pourrait qu’un jour le modèle tout entier de la société occidentale, avec toutes ses conquêtes en matière de démocratie, de libertés, de tolérance, de créations artistiques, apparaisse aux yeux d’un historien du XXIIe siècle comme un vestige incongru. Si du moins il y a encore des historiens au XXIIe siècle.

Aubry-Biosphère, même combat ?

La droite porte sans complexe le message de l’écologie « populaire ». La gauche socialiste cherche encore ce qu’écologie veut dire. La motion social-écologiste au Congrès de Reims n’a obtenu que 1,6 % des voix. Laurent Fabius, qui disait il y a déjà longtemps que le PS deviendrait le premier parti écologiste de France, s’est contenté quand il était au pouvoir de supprimer la vignette sur les automobiles. La virago de l’écologie Ségolène Royal a jeté médiatiquement le trouble sur la position PS par rapport à la taxe carbone. Il existe même au PS une secrétaire nationale à l’environnement dont personne n’a entendu parler. LeMonde du 2 décembre ne peut que constater : « Les socialistes admettent aujourd’hui que leur conversion à l’écologie était superficielle. »

Le député socialiste Philippe Martin vient d’être nommé à un poste subalterne pour donner un nouvel élan à la social-écologie. Mais comme sa vision des choses, c’est que « toute mesure environnementale doit être socialement acceptable », autant dire qu’il ne va rien faire de plus. En effet, « socialement acceptable » veut dire qu’il faut s’abstenir d’agir pour ne pas mécontenter. Les politiques ont peur que les routiers et les marins-pêcheurs  refusent toute augmentation de l’or noir, que les consommateurs refusent de changer leur consumérisme effréné et que les riches refusent de voir leurs émoluments écornés. Les socialistes ont donc le même discours que la droite, oui à la croissance verte et non à la décroissance, oui aux revendications sociales et non à la recherche de la sobriété, oui à Copenhague, mais ne faisons rien pour que la consommation de ressources fossiles par nos concitoyens puisse diminuer.

Alors que nous savons tous qu’il faudra bientôt se serrer la ceinture, aucun politique actuellement n’est assez courageux pour nous expliquer comment partager équitablement la pénurie à venir.

Sarko-Biosphère, même combat ?

L’écologie, ce n’est pas une lubie, un truc, un positionnement, c’est une conviction. Nous sommes la dernière génération à pouvoir agir avant qu’il ne soit trop tard. A Copenhague la semaine prochaine, c’est l’avenir de la planète  qui se joue. L’écologie populaire s’oppose bien sûr à l’invraisemblable stratégie de la décroissance. Les Verts savent-ils qu’il y a du chômage et de la misère, savent-ils que plusieurs centaines de millions de personnes en Inde vivent dans la pauvreté ? En conséquence, nous devons construire une croissance durable. Tout l’intérêt de Copenhague, c’est qu’on ne  demande pas aux pays de choisir entre la croissance et la protection de l’environnement. Ainsi s’exprimait Sarkozy devant le Conseil national de L’UMP (LeMonde du 1er décembre). La biosphère ne peut qu’approuver les prémices du raisonnement de la droite réaliste, certainement pas la conclusion croissanciste.

Les décideurs continuent de promouvoir une croissance maximale de l’économie. Et vilipendent les bien modestes appels à la décroissance qui parviennent à percer la muraille des médias capitalistes. Il faudra déconstruire cette illusion qui ne vise qu’à perpétuer le système de domination en vigueur. En réalité… nous sommes en décroissance ! L’expansion économique est si polluante que la dégradation du capital naturel se poursuit à un rythme accéléré.

Un seuil a été dépassé, un seuil de liaison entre le capitalisme fondé sur le crédit et les ressources naturelles qui sont la base de toute richesse réelle. L’espoir d’une nouvelle phase A du Kondratieff (dans un cycle économique, moment de la reprise économique), cet espoir est vain. Les productivistes proclament que la croissance est un moyen d’améliorer le niveau de vie de l’humanité. Cependant on peut soutenir que le sort du quart le plus pauvre de l’humanité aujourd’hui n’est pas meilleur que celui du même quart il y a cent ans. La recherche incessante de la croissance, serinée à longueur d’années par la majorité des politiques et des médias, n’est donc pas la solution à la catastrophe écologique, elle est au contraire une aspiration au pire. La catastrophe écologique implique une conclusion fatale : la décroissance est notre destin.

le fiasco de Copenhague

L’action d’un film de 90 minutes, The Age of Stupid (l’âge de la stupidité) se déroule en 2055, dans un monde dévasté par le réchauffement climatique. Cette fiction médite sur l’inconscient d’une espèce animale, la nôtre, capable de profiter de la planète mais incapable de nous protéger durablement de nos errements. Pourtant en ce début de XXIe siècle, l’impact du réchauffement climatique est déjà évident. Mais Copenhague ne va rien changer à notre inertie actuelle. Pourquoi ?

L’Inde serait prête aujourd’hui à assumer une réduction de ses  émissions de CO2, mais en termes relatifs et non absolus. Le Brésil et la Chine ont annoncé des objectifs chiffrés sur la réduction de l’intensité en carbone de leur croissance économique, mais pas une baisse en termes absolus (LeMonde du 29-30 novembre). Les vieux pays industrialisés, qui auraient du s’engager depuis longtemps dans une réduction absolue de leurs GES, ne le font pas.  Pourquoi ?

Le philosophe Hans-Dieter Klein avait avancé l’idée en 1989 que la politique mondiale contemporaine possède une structure profondément « nationale-socialiste ». Ce qu’il y a de terrifiant dans cette association, c’est évidemment le spectre du national-socialisme allemand ainsi que la suggestion pleinement assumée indiquant qu’il ne s’agit pas d’un égarement anormal de ce siècle infâme, mais bien de la manifestation parfaitement logique de son épouvantable essence. Une politique extérieure musclée émane le plus souvent des Etats qui préconisent l’égalité sociale intérieure. Afin de satisfaire les besoins économiques de ses propres citoyens et, par conséquent, de maintenir la paix sociale, l’Etat moderne est contraint de mener une politique d’exploitation expansive unique dans l’Histoire universelle.

Lorsque les besoins de sa population s’accroissent de façon anarchique comme à l’heure actuelle, l’Etat « national-socialiste » doit effectivement tenter de prélever les éléments nécessaires à l’assouvissement de ces besoins là où la résistance est la plus faible. Dans cette optique, deux options majeures sont à la disposition de ces Etats : d’une part la nature, d’autre part les nations encore régies par des rapports de type féodal (les peuples du tiers-monde). Parallèlement, on affirme que, puisqu’elles n’existent pas encore, les générations à venir ne peuvent prétendre à aucun droit. La contradiction fondamentale repose sur le fait que ces pilleurs bafouent à l’échelon international des principes moraux qu’ils appliquent à l’échelon national (l’égalité). Il ne fait aucun doute que la structure « nationale-socialiste » de l’économie mondiale actuelle se traduise ainsi par une aggravation de la crise écologique.

Comme les deux Bush, Obama suit cette logique « nationale-socialiste » car ce qui importe, c’est la protection du niveau de vie des Américains, comme ce qui importe pour les  Suisses (non aux minarets) ou les Français (la France aux Français), c’est la protection de leur identité nationale (et de leur pouvoir d’achat). C’est pourquoi Copenhague ne peut que connaître l’échec…

le fiasco de Copenhague

L’action d’un film de 90 minutes, The Age of Stupid (l’âge de la stupidité) se déroule en 2055, dans un monde dévasté par le réchauffement climatique. Cette fiction médite sur l’inconscient d’une espèce animale, la nôtre, capable de profiter de la planète mais incapable de nous protéger durablement de nos errements. Pourtant en ce début de XXIe siècle, l’impact du réchauffement climatique est déjà évident. Mais Copenhague ne va rien changer à notre inertie actuelle. Pourquoi ?

L’Inde serait prête aujourd’hui à assumer une réduction de ses  émissions de CO2, mais en termes relatifs et non absolus. Le Brésil et la Chine ont annoncé des objectifs chiffrés sur la réduction de l’intensité en carbone de leur croissance économique, mais pas une baisse en termes absolus (LeMonde du 29-30 novembre). Les vieux pays industrialisés, qui auraient du s’engager depuis longtemps dans une réduction absolue de leurs GES, ne le font pas.  Pourquoi ?

Le philosophe Hans-Dieter Klein avait avancé l’idée en 1989 que la politique mondiale contemporaine possède une structure profondément « nationale-socialiste ». Ce qu’il y a de terrifiant dans cette association, c’est évidemment le spectre du national-socialisme allemand ainsi que la suggestion pleinement assumée indiquant qu’il ne s’agit pas d’un égarement anormal de ce siècle infâme, mais bien de la manifestation parfaitement logique de son épouvantable essence. Une politique extérieure musclée émane le plus souvent des Etats qui préconisent l’égalité sociale intérieure. Afin de satisfaire les besoins économiques de ses propres citoyens et, par conséquent, de maintenir la paix sociale, l’Etat moderne est contraint de mener une politique d’exploitation expansive unique dans l’Histoire universelle.

Lorsque les besoins de sa population s’accroissent de façon anarchique comme à l’heure actuelle, l’Etat « national-socialiste » doit effectivement tenter de prélever les éléments nécessaires à l’assouvissement de ces besoins là où la résistance est la plus faible. Dans cette optique, deux options majeures sont à la disposition de ces Etats : d’une part la nature, d’autre part les nations encore régies par des rapports de type féodal (les peuples du tiers-monde). Parallèlement, on affirme que, puisqu’elles n’existent pas encore, les générations à venir ne peuvent prétendre à aucun droit. La contradiction fondamentale repose sur le fait que ces pilleurs bafouent à l’échelon international des principes moraux qu’ils appliquent à l’échelon national (l’égalité). Il ne fait aucun doute que la structure « nationale-socialiste » de l’économie mondiale actuelle se traduise ainsi par une aggravation de la crise écologique.

Comme les deux Bush, Obama suit cette logique « nationale-socialiste » car ce qui importe, c’est la protection du niveau de vie des Américains, comme ce qui importe pour les  Suisses (non aux minarets) ou les Français (la France aux Français), c’est la protection de leur identité nationale (et de leur pouvoir d’achat). C’est pourquoi Copenhague ne peut que connaître l’échec…

l’art de conclure

Pour les passionnés de  ce blog, que retenir de cette semaine ?

1) la question technologique

– Laurent Berthod : « L’erreur fondamentale des partisans de l’empreinte écologique est de penser que les ressources sont finies. Elles ne le sont pas, car les ressources disponibles évoluent avec l’évolution des besoins de l’homme et, encore plus, avec l’évolution des techniques. »

– YMB : « Il n’y a pas assez de métal pour fabriquer suffisamment de voiture pour 6,7 milliards de personnes, alors pour 15 milliards… »

– Biosphere : « Le capitalisme cherche à détourner l’attention du public de plus en plus conscient du désastre imminent en lui faisant croire que la technologie, instance en quelque sorte extérieure à la société des hommes, pourrait surmonter l’obstacle. »

2) la question idéologique

– Jean-Gabriel Mahéo : « Les affirmations sur la destruction de la planète, sur le saccage, la destruction, sur la fin des ressources, sur l’équation surpopulation = pauvreté, tout cela, c’est de l’idéologie. »

– Sébastien : « Je ne chercherai pas à convaincre les détracteurs de ce blog car ils partent d’un postulat totalement différent pour argumenter leurs idées : l’homme en tant qu’être supérieur est légitimement en droit d’exploiter la biosphère. »

– Biosphere : « L’humanité, jusqu’à présent espèce parmi d’autres espèces, est devenue un agent géologique, c’est-à-dire apte à transformer la structure de la biosphère. Le niveau de gaz  carbonique dans l’atmosphère est plus élevé qu’il n’a jamais été depuis près d’un million d’années, la disparition des espèces qu’il provoque est comparable en ampleur avec celui qui a emporté les dinosaures, etc. Le faisceau de preuves stratigraphiques est suffisant pour que la reconnaissance de l’anthropocène comme nouvelle ère géologique soit proposée à la discussion internationale (communiqué de la Société géologique de Londres, début 2008).

3) la question de la liberté

– libertéchérie : « Le fait même d’évoquer l’éventualité d’un contrôle des naissances est une absurdité très profonde. Il n’est bien évidemment de richesses que d’hommes. D’hommes libres. »

– Nicolas : Oui, évidemment, la terre peut nourrir 30 milliards d’humains. Tout comme on peut tenir à 20 dans une cabine téléphonique. Mais est-ce que c’est vraiment mieux ?

– Biosphere : « Bien sûr, nous sommes d’autant plus sûrement aliénés que nous croyons n’avoir jamais été plus libres. »

l’art de conclure

Pour les passionnés de  ce blog, que retenir de cette semaine ?

1) la question technologique

– Laurent Berthod : « L’erreur fondamentale des partisans de l’empreinte écologique est de penser que les ressources sont finies. Elles ne le sont pas, car les ressources disponibles évoluent avec l’évolution des besoins de l’homme et, encore plus, avec l’évolution des techniques. »

– YMB : « Il n’y a pas assez de métal pour fabriquer suffisamment de voiture pour 6,7 milliards de personnes, alors pour 15 milliards… »

– Biosphere : « Le capitalisme cherche à détourner l’attention du public de plus en plus conscient du désastre imminent en lui faisant croire que la technologie, instance en quelque sorte extérieure à la société des hommes, pourrait surmonter l’obstacle. »

2) la question idéologique

– Jean-Gabriel Mahéo : « Les affirmations sur la destruction de la planète, sur le saccage, la destruction, sur la fin des ressources, sur l’équation surpopulation = pauvreté, tout cela, c’est de l’idéologie. »

– Sébastien : « Je ne chercherai pas à convaincre les détracteurs de ce blog car ils partent d’un postulat totalement différent pour argumenter leurs idées : l’homme en tant qu’être supérieur est légitimement en droit d’exploiter la biosphère. »

– Biosphere : « L’humanité, jusqu’à présent espèce parmi d’autres espèces, est devenue un agent géologique, c’est-à-dire apte à transformer la structure de la biosphère. Le niveau de gaz  carbonique dans l’atmosphère est plus élevé qu’il n’a jamais été depuis près d’un million d’années, la disparition des espèces qu’il provoque est comparable en ampleur avec celui qui a emporté les dinosaures, etc. Le faisceau de preuves stratigraphiques est suffisant pour que la reconnaissance de l’anthropocène comme nouvelle ère géologique soit proposée à la discussion internationale (communiqué de la Société géologique de Londres, début 2008).

3) la question de la liberté

– libertéchérie : « Le fait même d’évoquer l’éventualité d’un contrôle des naissances est une absurdité très profonde. Il n’est bien évidemment de richesses que d’hommes. D’hommes libres. »

– Nicolas : Oui, évidemment, la terre peut nourrir 30 milliards d’humains. Tout comme on peut tenir à 20 dans une cabine téléphonique. Mais est-ce que c’est vraiment mieux ?

– Biosphere : « Bien sûr, nous sommes d’autant plus sûrement aliénés que nous croyons n’avoir jamais été plus libres. »

la main de Thierry Henry

La main de Thierry Henry lors du match de foot France-Irlande n’a qu’une importance secondaire. D’autant plus que le foot lui-même n’a qu’une importance très secondaire. Pourtant LeMonde du 28 novembre fait semblant de s’intéresser  à l’éthique du sport sur deux pages uniquement au travers du cas particulier de cette main coupable. Au-delà de l’affaire Henry, c’est la place du foot en particulier et du sport-spectacle en général qui doit être questionné. Le seul article qui s’interroge vraiment sur nos valeurs fondamentales est celui qui se demande s’il ne faudrait pas interdire le foot étant donné sa transformation en fanatisme, chauvinisme et haine de l’adversaire. L’enjeu n’est pas de savoir quelle place doit avoir l’arbitre ou qui doit l’emporter dans un match. L’enjeu est de voir que le fait de courir bêtement derrière un ballon quand on est entre adultes est devenu un phénomène planétaire et une aliénation collective.

Le foot-spectacle est devenu une activité dont l’objectif principal est la sidération des masses, l’encadrement d’un troupeau. Le Mondial n’est pas une épopée fraternelle et glorieuse, ce n’est qu’un business de plus. Le foot est devenu le plus puissant des opiums du peuple, la collectivisation de toutes les illusions individuelles. La société du spectacle n’est rien d’autre que l’ensemble des compensations mensongères offertes à ceux qui ne sont plus rien. C’est ainsi qu’on peut résumer le livre de JM Brohms et M.Perelman, Le football, une peste émotionnelle, sous-titré la barbarie des stades. Ils constatent que lors du Mondial 1998, toutes les forces politiques et tous les intellectuels s’étaient rués sur le devant de la scène pour célébrer sans la moindre retenue l’ivresse, la transe, l’euphorie, la liesse de l’événement… alors que le foot n’est qu’une politique d’encadrement des foules, un moyen de contrôle social, l’application de la formule de la Rome antique « panem et circenses » (du pain et des jeux). Je suis donc attristé de constater que même Cohn-Bendit puisse accepter de répondre à des questions à propos de la main de Thierry Henry. L’écologie se fout complètement de Thierry Henry et de son jeu de main.

La Biosphère constate qu’il y a une sorte de symbiose entre les amateurs de sport en chambre et les médias qui leur servent la soupe. Les humains croient qu’ils sont libres alors qu’ils sont programmés par l’industrie du spectacle à oublier qu’ils ont un cerveau. Comment redonner le goût de la Nature à des individus qui lisent l’Equipe (premier quotidien par la diffusion) et préfèrent passer leurs soirées et leur WE devant leur écran télé plutôt que de s’activer physiquement à l’extérieur de leurs linceuls ?

la main de Thierry Henry

La main de Thierry Henry lors du match de foot France-Irlande n’a qu’une importance secondaire. D’autant plus que le foot lui-même n’a qu’une importance très secondaire. Pourtant LeMonde du 28 novembre fait semblant de s’intéresser  à l’éthique du sport sur deux pages uniquement au travers du cas particulier de cette main coupable. Au-delà de l’affaire Henry, c’est la place du foot en particulier et du sport-spectacle en général qui doit être questionné. Le seul article qui s’interroge vraiment sur nos valeurs fondamentales est celui qui se demande s’il ne faudrait pas interdire le foot étant donné sa transformation en fanatisme, chauvinisme et haine de l’adversaire. L’enjeu n’est pas de savoir quelle place doit avoir l’arbitre ou qui doit l’emporter dans un match. L’enjeu est de voir que le fait de courir bêtement derrière un ballon quand on est entre adultes est devenu un phénomène planétaire et une aliénation collective.

Le foot-spectacle est devenu une activité dont l’objectif principal est la sidération des masses, l’encadrement d’un troupeau. Le Mondial n’est pas une épopée fraternelle et glorieuse, ce n’est qu’un business de plus. Le foot est devenu le plus puissant des opiums du peuple, la collectivisation de toutes les illusions individuelles. La société du spectacle n’est rien d’autre que l’ensemble des compensations mensongères offertes à ceux qui ne sont plus rien. C’est ainsi qu’on peut résumer le livre de JM Brohms et M.Perelman, Le football, une peste émotionnelle, sous-titré la barbarie des stades. Ils constatent que lors du Mondial 1998, toutes les forces politiques et tous les intellectuels s’étaient rués sur le devant de la scène pour célébrer sans la moindre retenue l’ivresse, la transe, l’euphorie, la liesse de l’événement… alors que le foot n’est qu’une politique d’encadrement des foules, un moyen de contrôle social, l’application de la formule de la Rome antique « panem et circenses » (du pain et des jeux). Je suis donc attristé de constater que même Cohn-Bendit puisse accepter de répondre à des questions à propos de la main de Thierry Henry. L’écologie se fout complètement de Thierry Henry et de son jeu de main.

La Biosphère constate qu’il y a une sorte de symbiose entre les amateurs de sport en chambre et les médias qui leur servent la soupe. Les humains croient qu’ils sont libres alors qu’ils sont programmés par l’industrie du spectacle à oublier qu’ils ont un cerveau. Comment redonner le goût de la Nature à des individus qui lisent l’Equipe (premier quotidien par la diffusion) et préfèrent passer leurs soirées et leur WE devant leur écran télé plutôt que de s’activer physiquement à l’extérieur de leurs linceuls ?

un enfant par famille (suite)

La politique chinoise de l’enfant unique est une monstruosité relative. Mais l’hyperconsommation des riches est une monstruosité absolue. En toute  chose, il faut savoir raison garder, et ne comparer que ce qui est comparable.

« Ce n’est pas un hasard si la plupart de ceux qui sont obsédés par la croissance de la population mondiale sont de riches hommes blancs, trop âgés pour se reproduire : il s’agit de la seule question environnementale dont ils ne peuvent être tenus responsables. En mai, le Sunday Times publiait un article titré : « Un club de milliardaires annonce qu’il veut réduire la surpopulation. » Il révélait que « plusieurs éminents milliardaires américains se sont rencontrés secrètement » afin de décider quelle bonne cause ils devraient défendre. « Un consensus a émergé, consistant à soutenir une stratégie s’attaquant à la croissance démographique, dénoncée en tant que menace environnementale, sociale et industrielle potentiellement désastreuse. » En d’autres termes, les ultra-riches ont décidé que ce sont les très pauvres qui polluent la planète. James Lovelock, comme Sir David Attenborough et Jonathan Porritt, est l’un des soutiens du Optimum Population Trust. Ce n’est qu’une des campagnes et des organisations caritatives parmi des douzaines dont le seul but est de décourager les gens d’avoir des enfants au nom du sauvetage de la biosphère. Mais je n’ai pas réussi à trouver une seule fondation dont le seul objectif soit de s’occuper des impacts sur l’environnement des très riches.

Le sixième de la population mondiale est si pauvre que ses émissions de gaz à effet de serre ne sont absolument pas significatives. Ceux qui dorment dans la rue ne consomment presque rien. Ceux qui vivent en fouillant les ordures (une part importante des citadins déshérités) ont le plus souvent un solde négatif d’émission de GES. Alors qu’il n’y a qu’une très faible corrélation entre réchauffement global et croissance démographique, il y a par contre une forte corrélation entre réchauffement global et richesse. Le véritable problème n’est pas celui de la démographie mais de la consommation excessive des pays riches, dont les hyper-fortunés donnent une image caricaturale. Cent mille personnes vivant comme des banquiers de la lower Thames valley épuiseraient les écosystèmes indispensables à la vie plus rapidement que 10 milliards de personnes vivant comme les paysans africains. Comme le montre le mode de vie des super-riches, il n’y a pas de limite à la recherche du luxe chez l’homme. Les gens ont moins d’enfants à mesure qu’ils s’enrichissent, mais ils ne consomment pas moins – ils consomment plus. On peut s’attendre à ce que la consommation se développe parallèlement à la croissance économique jusqu’à ce que les compteurs de la biosphère atteignent la butée. Mais personne ne cherche à prévoir une évolution de la surconsommation.

Où sont donc les mouvements manifestant contre ceux qui sont pourris de fric et détruisent nos écosystèmes ? Où sont les actions menées contre les super-yachts et les jets privés ? Où donc est la Lutte de Classes quand on en a besoin ? C’est le moment d’avoir des tripes et d’appeler un chat un chat. Ce n’est pas le sexe le problème, c’est l’argent. Ce ne sont pas les pauvres le problème, ce sont les riches. »

(George Monbiot, The Guardian, le 28 septembre 2009)

un enfant par famille

Même les objecteurs de croissance (médiatisés) sont anti-malthusiens. Leur organisme de théorisation, l’IEEDS (institut d’études économiques et sociales pour la décroissance soutenable) répond ainsi à la question, La décroissance est-elle malthusienne ? : « La décroissance pense qu’il n’y a pas trop d’êtres humains sur terre, mais trop d’automobilistes. » (décembre 2006, supplément inséré dans La décroissance n° 35). Frédéric Lemaître (rubrique analyse du Monde, 26 novembre) trouve cette réponse un peu courte. La biosphère aussi ! LeMonde  perçoit  la  tentation du retour au malthusianisme, cette question longtemps tabou revient dans les débats, confronté que nous sommes à l’insécurité alimentaire ou au réchauffement  climatique. En 2007, le GIEC confirmait que « le PIB par habitant et la croissance démographique ont été les principaux facteurs de l’augmentation des émissions mondiales de gaz à effet de serre durant les trois dernières décennies du XXe siècle ». Je sais déjà que les éternels contempteurs de ce blog vont dire que le réchauffement climatique, c’est pas grave, le GIEC n’a rien compris (et trafique ses données), et quant à la production agricole, le progrès technique nous sauvera, et la géo-ingénierie aussi.

 Frédéric Lemaître parie de son côté sur la croissance verte (l’imposture de notre décennie) et sur une diminution de notre consommation de viande. (une solution nécessaire). Pour la démographie, il pense avec Hervé Le Bras qu’il n’existe aucun institution  capable d’imposer une législation destinée à limiter la croissance démographique. Notre illustre démographe oublie simplement la Chine dont Frédéric Lemaître rappelle d’ailleurs que s’ils n’avaient pas limité les naissances, l’état de la planète serait bien pire. En conclusion, aucun consensus sur la question démographique, comme d’habitude.

Souvenons-nous alors du message essentiel de Malthus : «  Si les humains ne sont pas raisonnables, famine, guerres et épidémies deviendront leur quotidien ».

2,7 Terres pour les Français

En ce temps de pensée unique, on ne parle que du réchauffement climatique, mais il ne faudrait pas oublier que la crise écologique est multiple. La concentration moyenne en CO2 atmosphérique s’est établie en 2008 à 385 ppm alors que ce taux n’était que de 280 ppm environ avant l’ère industrielle. C’est un mauvais signe (sauf pour Poutine qui pense qu’on n’aura plus besoin de se couvrir chaudement en Russie). Mais nous avons aussi les problèmes de l’épuisement des ressources fossiles, les problèmes de l’eau, les problèmes de la productivité des sols, les problèmes de baisse des ressources halieutiques, la 6e extinction des espèces, etc. Mathis Wackernagel a essayé de mesurer l’empreinte écologique globale de l’humanité (LeMonde du 25 novembre) et montre que nous sommes dorénavant au-dessus des  capacités de régénération de la planète. Il faudrait une planète et demie ou presque pour que la Terre puisse produire les ressources que nous consommons pour manger, se vêtir, se déplacer,  se chauffer et absorber nos déchets. En terme simple, cela n’est possible que parce que nous puisons dans le capital naturel, nos enfants auront à disposition une planète complètement dégradée.

            Bien entendu on peut toujours reprocher des imprécisions ou des oublis au Global Foot Print Network qui fait ce calcul. Il n’empêche, nous devrions tous savoir que notre civilisation thermo-industrielle vit globalement au-dessus des moyens de la biosphère. Pour ceux qui veulent approfondir la notion d’empreinte écologique :

1) Notre empreinte écologique de Mathis WACKERNAGEL et William REES (écosociété, 1996)

2) L’empreinte écologique d’Aurélien Boutaud et Natacha Gondran (La Découverte, 2009)

Bien entendu j’aurais beaucoup de plaisir d’échanger sur ce blog avec celui ou celle qui a lu au moins un de ces livres…

non aux négateurs du réchauffement

La faiblesse des arguments des climato-sceptiques (les négationnistes du réchauffement) n’a d’égal que la virulence de leurs propos. Il suffit pour s’en rendre compte de lire les quelques commentateurs récurrents de ce blog. Des pirates informatiques ont essayé récemment de discréditer les climatologues en déformant leurs propos :  sur 1073 échanges piratés de courriels dans l’unité de recherche climatique (CRU) de l’université d’East Anglia, ils n’ont retenu qu’une expression sortie de son contexte, « trick » ou astuce. En fait ce n’était pas pour masquer « frauduleusement » quelques données, mais simplement pour faire quelque chose d’intelligent (« astucieux »). LeMonde du 24 novembre, qui donne cette information, titre : « Climat, les négateurs du réchauffement climatique ignorent les faits  établis ». Thomas Stocker, coprésident du GIEC, dénonce une propagande similaire à celle de l’industrie du tabac. Selon son point de vue, ces négationnistes ne sont pas des sceptiques, parce que le scepticisme est une démarche nécessaire au progrès de la science. Ils sont des « négateurs » car ils veulent ignorer les faits mis au jour par les sciences du climat depuis 40 ans.

Sur mon blog, la lecture de ces négateurs m’a montré que ce sont des personnes avec lesquelles on ne peut pas discuter vraiment. Dorénavant sur ce blog, tout message à propos du climat qui ne présentera pas une expertise véritable sera supprimé. La liberté d’expression a aussi ses limites.