un enfant par famille (suite)
La politique chinoise de l’enfant unique est une monstruosité relative. Mais l’hyperconsommation des riches est une monstruosité absolue. En toute chose, il faut savoir raison garder, et ne comparer que ce qui est comparable.
« Ce n’est pas un hasard si la plupart de ceux qui sont obsédés par la croissance de la population mondiale sont de riches hommes blancs, trop âgés pour se reproduire : il s’agit de la seule question environnementale dont ils ne peuvent être tenus responsables. En mai, le Sunday Times publiait un article titré : « Un club de milliardaires annonce qu’il veut réduire la surpopulation. » Il révélait que « plusieurs éminents milliardaires américains se sont rencontrés secrètement » afin de décider quelle bonne cause ils devraient défendre. « Un consensus a émergé, consistant à soutenir une stratégie s’attaquant à la croissance démographique, dénoncée en tant que menace environnementale, sociale et industrielle potentiellement désastreuse. » En d’autres termes, les ultra-riches ont décidé que ce sont les très pauvres qui polluent la planète. James Lovelock, comme Sir David Attenborough et Jonathan Porritt, est l’un des soutiens du Optimum Population Trust. Ce n’est qu’une des campagnes et des organisations caritatives parmi des douzaines dont le seul but est de décourager les gens d’avoir des enfants au nom du sauvetage de la biosphère. Mais je n’ai pas réussi à trouver une seule fondation dont le seul objectif soit de s’occuper des impacts sur l’environnement des très riches.
Le sixième de la population mondiale est si pauvre que ses émissions de gaz à effet de serre ne sont absolument pas significatives. Ceux qui dorment dans la rue ne consomment presque rien. Ceux qui vivent en fouillant les ordures (une part importante des citadins déshérités) ont le plus souvent un solde négatif d’émission de GES. Alors qu’il n’y a qu’une très faible corrélation entre réchauffement global et croissance démographique, il y a par contre une forte corrélation entre réchauffement global et richesse. Le véritable problème n’est pas celui de la démographie mais de la consommation excessive des pays riches, dont les hyper-fortunés donnent une image caricaturale. Cent mille personnes vivant comme des banquiers de la lower Thames valley épuiseraient les écosystèmes indispensables à la vie plus rapidement que 10 milliards de personnes vivant comme les paysans africains. Comme le montre le mode de vie des super-riches, il n’y a pas de limite à la recherche du luxe chez l’homme. Les gens ont moins d’enfants à mesure qu’ils s’enrichissent, mais ils ne consomment pas moins – ils consomment plus. On peut s’attendre à ce que la consommation se développe parallèlement à la croissance économique jusqu’à ce que les compteurs de la biosphère atteignent la butée. Mais personne ne cherche à prévoir une évolution de la surconsommation.
Où sont donc les mouvements manifestant contre ceux qui sont pourris de fric et détruisent nos écosystèmes ? Où sont les actions menées contre les super-yachts et les jets privés ? Où donc est la Lutte de Classes quand on en a besoin ? C’est le moment d’avoir des tripes et d’appeler un chat un chat. Ce n’est pas le sexe le problème, c’est l’argent. Ce ne sont pas les pauvres le problème, ce sont les riches. »
(George Monbiot, The Guardian, le 28 septembre 2009)
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