Pologne, de la difficulté d’avorter…

Interdire l’avortement n’a aucune justification si ce n’est un diktat religieux sans fondement réel ou une position nataliste d’extrême droite pour qui l’individu n’est que chair à canon. Autoriser l’avortement relève d’abord de la liberté de la femme dans un système démocratique et d’une position malthusienne quand la femme (et l’homme) met en balance le choix de procréer et l’intérêt ou non de l’enfant à naître dans une société surpeuplée. Dans ce contexte il est étonnant que des pays qui se disent démocratiques interdisent l’avortement, ainsi la Pologne. L’avortement est interdit depuis une loi de 1993 laors qu’il se pratiquait gratuitement dans les hôpitaux publics au temps du régime communiste.

Hélène Bienvenu : Justyna Wydrzynska se tient droite dans le box des accusés au moment d’entendre sa condamnation le 14 mars 2022. Pilier du collectif Avortement sans frontières, Justyna avait en 2020 aidé une femme à interrompre une grossesse non désirée en lui envoyant des pilules abortives. La loi en Pologne est l’une des plus répressives de l’Union européenne. interdiction d’avorter même en cas de grave malformation fœtale. Elle n’autorise l’avortement qu’en cas de danger pour la vie de la femme enceinte, de viol ou d’inceste. Et l’accès effectif à ce droit est souvent entravé. Le gouvernement ultraconservateur en place depuis 2015 en Pologne a partiellement mis la main sur l’appareil judiciaire, affaiblissant son indépendance. A l’extérieur du tribunal, les haut-parleurs d’un camion anti-avortement assènent des cris de nourrisson.

Annick Cojean : Justyna Wydrzynska est armée d’une belle conviction : « S’il est une décision qu’une femme doit pouvoir prendre sans entraves, sans pressions religieuses, morales ou idéologiques, c’est celle de la maternité. Il n’y a rien de plus intime et rien de plus crucial. C’est sa liberté ! La plus fondamentale de toutes les libertés. » Pourtant, elle est menacée, caricaturée par les organisations pro-vie qui la dépeignent en tueuse d’enfants machiavélique et favorable à l’eugénisme. La propagande des anti-choix est terrifiante, leurs camions stationnent devant les écoles avec des affiches de fœtus broyés, leurs militants s’infiltrent sur les forums publics et insultent les intervenantes.

Justyna Wydrzynska, après trois enfants d’un mari jaloux, violent, alcoolique, décide pour la quatrième grossesse un avortement médicamenteux à domicile. La loi ne pénalise pas les personnes qui les utilisent (jusqu’à vingt-quatre semaines, la perte du fœtus est considérée comme une fausse couche)… Au moment de l’évacuation du petit sac embryonnaire dans un caillot de sang, Justyna se rappelle l’avoir saisi dans sa main gantée, regardé avec émotion et avoir prononcé ces mots : « Excuse-moi !  » Oui, elle a dit ça. Et puis elle a actionné la chasse d’eau. « Je me suis dit : “J’ai fait ça, je peux tout faire. Même divorcer.” »

Alors elle n’a plus en tête qu’une urgence : aider les autres. Les informer. Les sécuriser.

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1 réflexion sur “Pologne, de la difficulté d’avorter…”

  1. Sur ce sujet, au moins ON ne pourra me qualifier de « nataliste ». Quoique… avec certains je m’attends à tout. Et à n’importe quoi bien sûr.
    Je l’ai toujours dit, je suis POUR l’avortement, MAIS … pas POUR « l’IVG sans restriction ».
    Je ne suis pas POUR que l’avortement soit vu comme un moyen de contraception, et je suis évidemment CONTRE le droit pour toutes d’avorter jusqu’au 9ème mois. (La loi sur la bioéthique permet-elle d’avorter jusqu’à 9 mois ? – 30 juin 2021 – journalistessolidaires.com)

    Le 2 AOÛT 2022, “IVG, interruption volontaire de grossesse”, je me posais des questions
    quant au Pape de la religion du Surnombre. Et aujourd’hui je ne sais toujours pas s’il était POUR ou CONTRE, ce qu’il pensait des femmes etc. C’est dommage quand même, non ? Comment pourrais-je évoluer si personne ne m’éclaire ? Sans parler de l’intelligence collective.
    Je reste donc toujours aussi con que l’an dernier. Misère misère ! 🙂

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