La plupart des anti-malthusiens refusent le dialogue avec les écologistes malthusiens. Leur tactique préférée, attaquer le malthusien pour ne pas avoir à donner leur propre point de vue sur l’expansion démographique. Pourtant si tu es anti-malthusien, contre une maîtrise de la fécondité humaine, tu es forcément nataliste. Et ne pas vouloir freiner une population humaine qui va atteindre bientôt 8 milliards de personnes, c’est vouloir sciemment guerres, famines et épidémies, ce que Malthus il y a plus de 200 ans voulait éviter. Voici quelques éléments de réponses à donner aux anti-malthusiens :
– Certains croyants en Dieu dénoncent Malthus et la régulation des naissances puisqu’ils respectent la sentence biblique « croître et se multiplier ». Être anti-malthusien ne peut que renforcer les pratiques qui font du corps des femmes simplement une machine à enfanter.
– Certains démocrates redoutent la « régulation autoritaire » des naissances. C’est nier l’histoire du malthusianisme qui a vu émerger à la fin du XIXe siècle un mouvement de libération de la femme qui s’est appelé néo-malthusianisme. Nous ne pouvons que soutenir le planning familial qui a découlé dans la deuxième partie du XXe siècle de ce mouvement au départ anarchiste.– Certains écosocialistes s’insurgent quand on rapproche « surconsommation et surpopulation ». Il est vrai que 500 millions de nantis consomment les 3/4 des ressources… mais une trop forte fécondité est aussi une cause importante de raréfaction des ressources dans un pays pauvre en voie d’urbanisation trop rapide.
– Certains démographes espèrent au contraire la « transition démographique » (baisse simultanée de la mortalité et de la fécondité en Europe) qui découlerait automatiquement du développement économique. L’agronome et écologiste René Dumont estimait au contraire que les conditions actuelles de dénuement économique posent le problème démographique dans des termes différents de ceux qu’a connus l’Europe : « C’est quand la population s’emballe que s’amplifient les dégâts du productivisme, compromettant les moyens mêmes de production ». On n’a plus les capacités d’assurer les conditions du décollage économique. La vérité oblige aujourd’hui à reconnaître que la natalité n’appelle pas la richesse et le développement n’est pas au rendez-vous pour contenir la natalité.
– Certains pessimistes voient déjà une « planète sans enfants ». Ce n’est qu’un fantasme, une espèce animale comme la nôtre aime faire l’amour et procréer. Mais il est vrai que les écologistes ont à se pencher sur la notion d’optimum démographique dans un espace terrestre déjà saturé d’humains.
– Certains privilégiés pensent que la surpopulation n’est pas un problème des pays riches comme la France. C’est oublier que le chômage dans ce pays est structurel et ne peut que s’amplifier (choc énergétique à venir). C’est aussi passer sous silence que le niveau de vie découle du pillage des autres territoires, importation de pétrole, de tourteaux de soja, etc. Un pays fortement urbanisé comme la France, avec un secteur tertiaire exorbitant, est un pays très fragile pour résister à une crise qui se révèle à la fois économique (financière), sociale et écologique.
– Certains gérontologues souhaitent « l’instauration à grande échelle du droit à pension » de retraite. Ainsi on n’aurait pas besoin de faire beaucoup d’enfant pour assurer ses vieux jours. Encore faut-il pouvoir trouver un financement durable. Le système de capitalisation du type anglo-saxon n’est viable que suivant la bonne marche des valeurs boursières, c’est donc un leurre. Le système de redistribution en France est en péril, nous ne comptons plus les plans de refinancement. Généraliser la retraite à tous les pays et pour toutes les générations est une tâche impossible.
– Certains illusionnistes croient que « le désir d’enfant ne se commande pas ». C’est nier le fait que nous sommes socialisés d’une certaine façon y compris dans nos pratiques sexuelles, que certains font des enfants « sans y penser » alors que d’autres ne veulent pas d’enfants pour un monde qui n’est pas en mesure de les accueillir dignement.
– Certains politiciens, pour ne pas dire la plupart, font pour diverses raisons une politique nataliste. On est donc en droit de faire l’inverse, diminuer les naissances pour réduire le poids de notre nombre sur la biodiversité tout en essayant de penser au sort des générations futures.
Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :
21 janvier 2021, Des médias natalistes, même LE MONDE
27 décembre 2020, Les anti-malthusiens contre l’évidence
23 octobre 2020, Le droit à l’avortement remis en question
27 août 2020, MALTHUS, décroissant nié par les décroissants
26 août 2020, Libérons MALTHUS de la critique marxiste
3 juin 2019, Les anti-malthusiens face à la saturation de l’espace
8 octobre 2017, L’écologie est-elle fondamentalement anti-malthusienne ?
12 mai 2017, politique de santé reproductive, crime contre l’humanité
11 novembre 2015, Limite, revue d’écologie intégrale… antimalthusienne
7 décembre 2014, Ali Khamenei et Cécile Duflot, tous deux natalistes !
13 novembre 2013, petit commentaire de commentaires anti-malthusiens
5 juin 2013, consensus nataliste chez les dirigeants occidentaux
2 février 2013, Pierre Rabhi, un anti-malthusien en parole et en acte
16 août 2012, croisés de la dénatalité ou salauds de malthusiens ?
10 août 2007, Croissez et multipliez !
– « Pourtant si tu es anti-malthusien, contre une maîtrise de la fécondité humaine, tu es forcément nataliste. »
On en crève de ces visions binaires ! D’un côté les PRO de l’autre les ANTi, d’un côté ceux qui ont un fusil chargé, de l’autre ceux qui creusent, etc. etc.
Pourquoi ne pourrions-nous pas être ni l’un ni l’autre ? Ni malthusien, ni anti-malthusien.
Ni croyant, ni athée, juste agnostique.