Notre société est toujours une royauté, avec ses privilégiés qui n’ont pas un carrosse mais un avion personnel, par de palais mais des demeures luxueuses disséminées dans le monde entier, et un amour immodéré pour les paradis fiscaux. L’inégalité permet à certains d’avoir une empreinte écologique démesurée alors que d’autres personnes vivent en dessous du minimum vital. La différence de richesses entre personnes est non seulement injustifié d’un point de vue socio-économique, mais insupportable d’un point de vue écologique. Notre critère est simple. Dans une société du gaspillage généralisé sur une planète dévastée, nous devons mettre en place un système de sobriété partagée. Les inégalités doivent disparaître et la consommation se réduire de façon drastique. Il faut repenser revenu du travail et revenu du capital, impôt sur le revenu et impôt sur le patrimoine. Voici quelques propositions avant d’aborder le traitement actuel des riches aux USA et en France.
Propriété : La propriété, c’est le vol. L’homme ne travaille pas socialement pour lui-même mais pour le bien commun. Il n’a aucun droit absolu sur « son » entreprise », « son » capital, « sa » maison, « son » salaire, etc. C’est un locataire perpétuel temporairement embarqué dans des structures collectives qu’on appelle entreprise, capital financier ou technique, maison pavillonnaire ou HLM, participation à la valeur ajoutée de l’entreprise (pour le paiement des salaires ou le bénéfice).
Répartition de la valeur ajoutée : Aucun dirigeant d’entreprise n’a à lui seul le pouvoir de faire de l’argent. En fait il bénéficie du groupe de travail que constitue l’ensemble des travailleurs de l’entreprise ; ce sont eux qui font la valeur ajoutée. Sans personne à sa disposition, un patron n’est qu’une personne indépendante qui ne peut compter pour gagner de l’argent que sur ses propres forces ; artisans et commerçants travaillent beaucoup et ne gagnent pas grand chose. L’autre aspect est le chiffre d’affaires de l’entreprise, c’est-à-dire l’apport d’argent par les consommateurs. Plutôt que de rémunérer le seul patron sur les bénéfices, ou distribuer aux actionnaires, on peut aussi bien réparitir l’argent à l’ensemble du personnel ou, mieux, redonner l’argent en trop aux consommateurs en diminuant les prix de vente. D’ailleurs les montants versés aux dirigeants dépendent moins de leur « performance » individuelle que de la taille de l’entreprise. Plus l’entreprise est grande, plus sa valeur ajoutée permet les fortes rémunérations d’une seule personne… avec la bienveillance d’un conseil d’administration inféodé à ce patron.
Salaire : Il est possible de fixer un salaire minimum, il est donc possible de plafonner le salaire des dirigeants. Un patron ne possède que deux bras et une seule tête, des besoins similaires à tous, il ne vaut pas beaucoup plus que n’importe lequel d’entre nous et sans doute beaucoup moins dans des tas de domaines (la sagesse, le respect des autres, l’amour de la nature, etc.). Donc à travail égal, salaire égal. Il n’y a pas d’inégalité de valeur entre le travail d’un éboueur et celui d’un PDG. Ils sont aussi utiles à la société l’un que l’autre, ils dépendent autant l’un de l’autre, ils ont les mêmes besoins matériels. Alors pourquoi à travail égal un revenu différencié ? L’unité monétaire devrait être définie par l’heure de travail, seul le nombre d’heures travaillées ferait la différence de revenu entre dirigeant et dirigés. Admettons qu’un patron travaille 15 heures par jour sept jours sur sept en pensant certaines nuits à son entreprise. Même dans ce cas il ne devrait être payé que trois fois la somme donné au travailleur de base de son entreprise, il ne turbine pas du chapeau plus de 100 heures par semaine ! Pratiquons la simplicité volontaire, exigeons des cadres et des patrons de faire de même.
Héritage : quand le patrimoine est transmis d’une génération à l’autre par famille interposée, les inégalités se reproduisent dans le temps. Toute égalisation consisterait à donner à chaque personne le même capital de départ, ce qui est difficile quand on considère qu’il y a à la fois un capital économique et financier (entreprise, patrimoine de rapport), mais aussi un capital culturel ( pouvoir de se faire entendre, qualité acquise par une socialisation spécifique), ou même un capital relationnel (le carnet d’adresses des parents et/ou de la grande école dont on sort). La disparition de l’héritage des biens mobiliers et immobiliers serait un premier pas vers une société abandonnant la reproduction des privilèges. En définitive la polarisation des raisonnements sur la reproduction sociale oublie un paramètre essentiel, le niveau de capital naturel qui est transmise non pas à l’intérieur d’une famille, mais d’une génération humaine à l’autre. C’est pourtant là l’essentiel, préserver l’avenir des générations futures en transmettant un capital naturel intact.
Interaction spéculaire : dans l’état actuel de la planète, affaiblie et épuisée, aucune personne ne devrait revendiquer un niveau de vie supérieur à celui de la moyenne mondiale. Tant que les gros continueraient à se goberger dans leurs 4×4 climatisés et leurs villas avec piscine, sommes-nous incités à changer notre mode de vie et à limiter nos gaspillages? Non. La seule façon que vous et moi acceptions de consommer moins de matière et d’énergie, c’est que la consommation matérielle, donc le revenu, de la classe globale soit sévèrement réduite. En soi, pour des raisons d’équité, et plus encore, en suivant la leçon de Thorstein Veblen pour changer les standards culturels de la consommation ostentatoire. Puisque la classe de loisir établit le modèle de consommation de la société, si son niveau est abaissé, le niveau général de consommation diminuera. Nous consommerons moins, la planète ira mieux, et nous serons moins frustrés par le manque de ce que nous n’avons pas.
Actualisation. Jeff Bezos n’a pas payé d’impôt sur le revenu en 2007 et en 2011, Elon Musk n’a pas versé un cent en 2018, George Soros n’a rien payé trois ans de suite. Selon les calculs du site ProPublica,, sur la période 2014-2018 les vingt-cinq premiers milliardaires américains ont payé 13,6 milliards de dollars d’impôt fédéral sur le revenu alors que leur fortune progressait de 401 milliards de dollars : il n’existe pas d’impôt sur la fortune aux Etats-Unis. Quant aux plus-values, elles ne sont pas taxées tant qu’elles restent latentes, depuis une jurisprudence de la Cour suprême en 1920. Si Joe Biden prévoit d’augmenter le taux marginal de l’impôt sur le revenu de 37 % à 39,6 %, de taxer les plus-values comme les revenus pour les millionnaires, et de taxer plus fortement les héritages, il ne prévoit pas d’impôt sur la fortune. En France l’IFI (impôt sur la fortune immobilière) a remplacé l’ISF (impôt de solidarité sur la fortune) sur décision de Macron ; les actionnaires ne payent plus rien, mais le patrimoine immobilier est taxable même si vous n’avez pas l’intention de vendre.
Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :
6 avril 2011, supprimons les inégalités de salaires
7 avril 2011, supprimons les inégalités de salaires (suite)
7 mars 2014, L’héritage, instrument oublié de la décroissance
12 mai 2015, Salaire élevé d’un patron, n’acceptons pas l’injustifiable
28 janvier 2020, La fin des inégalités, c’est pour demain !
– « Salaire : Il est possible de fixer un salaire minimum, il est donc possible de plafonner le salaire des dirigeants.» (Biosphère)
Bien sûr ! Seulement certains diront que ça risquerait de les démotiver. Tout le monde pense que c’est la carotte qui fait avancer les ânes, que plus la carotte est grosse et plus ils avancent vite. Avec les coups de bâtons c’est pareil.
– « Salaire : L’unité monétaire devrait être définie par l’heure de travail »
Tout à fait ! C’est d’ailleurs sur ce principe que fonctionnent les SEL (systèmes d’échanges locaux). Une heure n’est finalement qu’une fraction d’une vie humaine. Accepter l’idée qu’Untel puisse gagner dix fois plus qu’Ontel en une heure, c’est accepter l’idée que la vie d’Untel vaut dix fois plus que celle d’Ontel.
– « Valeur ajoutée : Arrêtez de calculer la valeur ajoutée. Mesurez la valeur des choses que vous avez personnellement produites.» (Biosphère)
Tout ça fait ! Si la valeur des choses se résume à leur utilité, mesurons la réelle utilité de ce que nous produisons ou faisons. Mesurons aussi les risques et les dégâts. Mieux vaut encore être payé à ne rien faire qu’à produire ou faire des choses inutiles. Pire encore, néfastes.
Discours auquel, bien sûr, j’adhère à 100%. Il s’agit là du discours de ces écologistes couramment moqués et attaqués de toutes parts, à savoir les Décroissants.
Et qui plus est, il s’agit là d’un discours de gauche. Alors on va dire que la Décroissance n’est pas la chasse gardée de la gauche, que l’Anti-Capitalisme et l’Anti-Libéralisme non plus, etc. Évitons toutefois de mettre Alain de Benoist et Serge Latouche dans le même sac.
Commençons par combattre la Confusion et le grand n’importe quoi. Pour ça commençons par bien nettoyer nos lunettes, et le cadran de la boussole, appelons un chat un chat etc. Ce n’est qu’à partir de là que nous pourrons nous attaquer à la Décolonisation de nos imaginaires, afin de mettre en place ce système de sobriété partagée, faire disparaître les inégalités, etc.
Avant de croire que nous vivons dans une royauté, de dire comme Zemour que Macron est le Roi, essayons déjà de voir qui sont ceux qui dirigent le monde.
Combien sont-ils ? Pas nombreux. On parlera donc d’oligarchie (du grec oligos, petit nombre et arkhê, commandement.) Qui sont-ils, qu’est-ce qui les caractérise ? Leur richesse. On parlera donc de ploutocracie (du grec ploutos, richesse et kratos, pouvoir, autorité.) Rien à voir donc avec une quelconque aristocratie (gouvernement des meilleurs), ni démocratie, qui de toute façon n‘a jamais été le «gouvernement du peuple par le peuple», sauf à considérer que les femmes, les esclaves etc. ne font pas partie du peuple.
Essayons maintenant d’aller plus loin.
Liberté, Égalité, Fraternité. La guerre c’est la paix, la liberté c’est l’esclavage, l’ignorance c’est la force. Cherchez l’erreur.
La réussite c’est la Rolex à 50 balais. La propriété c’est le vol. Le mérite c’est d’être né sous la bonne étoile, d’avoir tiré les bons numéros au Loto. etc. etc.
Osons enfin imaginer un autre monde, plus juste, plus propre, moins violent etc. Un monde dans lequel les héritages seraient tirés au sort. Un malien pourrait ainsi hériter de la fortune de Bezos, le petit-bourgeois français de l’âne ou du vélo du malien …