biosphere

carte carbone ou taxe ?

Ne nous leurrons pas, les informations qui nous parviennent  sont toujours en retrait sur ce qu’il faudrait faire. A l’heure actuelle la lutte contre le réchauffement climatique repose sur le marché des droits à polluer. Rien à cirer, c’est un soutien des politiques aux entreprises pollueuses et le pouvoir de compromission s’arrangea toujours pour que le prix du carbone soit le plus bas possible, ou qu’il y ait des exemptions, etc. Le Monde  du 9 avril aborde quand même la taxe carbone dont Sarko a un peu parlé en 2008, et les USA y réfléchissent. Mais il s’agit d’une taxe aux frontières, il s’agit d’abord de se protéger de la « concurrence déloyale », pas directement d’économiser l’énergie.

            Alors certains rêvent d’une taxe « contribution climat-énergie » sur l’ensemble des  consommations. Très bien, mais c’est  déjà insuffisant, la planète chauffe. Plutôt qu’une action par les prix (la taxe carbone agit sur les prix, donc sur les comportements), il faudrait déjà préparer activement l’action sur les quantités, la carte carbone. Ce système de carte de rationnement a été proposé fin juin 2005 en Angleterre par le ministre de l’environnement. Les points carbone de la carte seraient débités chaque fois que son détenteur achèterait des combustibles fossiles, que ce soit pour se chauffer, pour cuisiner, pour se déplacer, pour acheter des engrais… Il est en effet malheureusement évident qu’un système du type « simplicité volontaire » est illusoire collectivement, il faudra une dose de coercition. J’attends avec impatience le premier politique qui présentera le programme carte carbone / rationnement : il aurait raison, mais il est sûr d’être hué ! Déjà Europe-écologie commence à parler de social plutôt que d’écologie !!

Alors, pour terminer quand même en beauté, une petite citation : « Pour que les rapports sociaux soient placés sous le signe de l’équité, il faut qu’une société limite d’elle-même la consommation d’énergie de ses plus puissants citoyens. (Ivan Illich, énergie et équité, 1973)

carte carbone ou taxe ? Lire la suite »

autoréparation impossible

Le Monde du 8 avril fait une présentation d’un livre Pourquoi tombons-nous malades ? Pour une médecine de la personne qui parle par exemple des processus d’autorégulation naturelle. En fait je retrouve la même analyse dans le livre de Serge Mongeau, La simplicité volontaire, plus que jamais (1998:

 « Les soins aux malades devraient être essentiellement destinés à renforcer les mécanismes internes d’auto-réparation. L’approche biomécanique fractionne au contraire l’être humain, le psychisme et le corps, puis chaque fonction du corps, chaque organe et même chaque cellule. Si toute maladie ne résulte que d’un trouble biomécanique, il n’y a aucune raison que nous ne parvenions pas à réparer le trouble. Si le médicament ne fait pas effet, c’est qu’on n’a pas encore su trouver la bonne substance ! Au contraire il serait nécessaire d’apprendre :

– à faire confiance à la capacité prodigieuse d’auto-réparation de son organisme ;

– à savoir comment mobiliser ses forces pour hâter sa guérison (par l’alimentation, le repos, des contacts humains chaleureux, etc.) ;

– quand on décide de consulter un professionnel, il faudrait pouvoir le considérer comme un instrument possible qu’on n’emploiera pas forcément. »

Mais l’analyse fondamentale des dérives de la spécialisation technocratique, que ce soit en médecine ou ailleurs, est posée par Jacques ELLUL dans son livre La technique ou l’enjeu du siècle (1960) :

« Il est vain de déblatérer contre le capitalisme : ce n’est pas lui qui  crée ce monde, c’est la machine. La technique va encore plus loin, elle intègre la machine à la société, la rend sociable. Elle est efficace. Mais lorsque la technique entre dans tous les domaines et dans l’homme lui-même qui devient pour elle un objet, la technique cesse d’être elle-même l’objet pour l’homme, elle n’est plus posée en face de l’homme, mais s’intègre en lui et progressivement l’absorbe. La technique forme un monde dévorant qui obéit à ses lois propres : il n’y a plus d’activité humaine qui maintenant échappe à cet impératif technique, il y a la technique économique, la technique de l’organisation, et même la technique de l’homme (médecine, génétique, propagande, techniques pédagogiques…) ; exit les traditions humaines. »

autoréparation impossible Lire la suite »

moteurs de (dé)croissance

Le supplément économique du Monde du 7 avril s’interroge gravement : « C’est quand la reprise ? ». Le dossier intérieur titre : « Quelle forme aura la croissance ? » Pas de doute à avoir, il n’y aurait pas décroissance. Mais dans le cœur de l’article, il n’y a pas de réponse  catégorique. Les pronostics vont de la courbe en V (rebond rapide et brutal) jusqu’à une spirale du type Grande Dépression des années 1930. Les statisticiens restent donc perplexes devant des indicateurs qui peuvent atteindre des valeurs extrêmes : un monde nouveau s’ouvre à nous. Moi j’ai une certitude, la décroissance a commencé (baisse prévue du PIB mondial en 2009), elle va se perpétuer. Analysons les moteurs de la croissance.

            Le commerce extérieur va se contracter, les tensions protectionnistes augmentent avec la crise et l’idée d’une relocalisation nécessaire des activités fait son chemin. D’ailleurs les Chinois se mordent les doigts d’avoir basé l’essentiel de leur développement sur la promotion des exportations. De plus, dans un contexte de surconsommation de la classe moyenne mondiale, nous ne pouvons plus compter sur la demande des consommateurs pour relancer la demande. Si Barack Obama veut rompre avec « la dépense frénétique des Américains », une double page pub du Monde du 7 avril vante encore le système chauffe-nuque Airwave « pour créer une véritable écharpe d’air chaud autour du cou et de la tête » dans une bagnole. Face à de telles contradictions, il est déjà possible de détecter un certain degré d’ambivalence de la part des consommateurs. En effet il existe un large sentiment de désenchantement par rapport aux bienfaits supposés de la consommation (le chauffe-nuque) qui sont annulés par le stress, la pollution, les problèmes de circulation, l’obésité, etc. Quant aux investissements, ils ne sont effectivement réalisés que si la demande globale (exportation et consommation) est prévue en expansion, ce dont on vient de démontrer l’impossibilité durable.

En fait, les moteurs de la croissance du système thermo-industriel commencent par devenir des moteurs de décroissance. La Biosphère s’en réjouit : moins d’activité économique veut dire moins de perturbations pour les écosystèmes…

moteurs de (dé)croissance Lire la suite »

semaine du DD

En cette semaine du développement durable qui se termine, interroger le concept de « développement » est crucial. C’est ce que fait Hervé Kempf dans sa chronique du Monde (5-6 avril 2009). Il nous indique que nous n’avons pas besoin de développement durable, « cette camomille mielleuse destinée à nous faire ingérer nos excès ». Précisons :

1) Les sociétés « d’avant le développement » obéissent principalement à des logiques de « reproduction » et non de « production ». Leur but premier est de permettre la reproduction d’une communauté, à la fois démographiquement et culturellement. On n’adopte une innovation que si l’équilibre général n’est pas compromis. Elles visent avant tout à reproduire du lien social, ce qui suppose de garder le sens des limites.

2) Les sociétés en développement se placent dans une logique avant tout économique de maximisation de la production de biens et services marchands, quitte à sacrifier le social. On ne prête pas attention au concept d’équilibre et on considère que la technique permettra toujours de dépasser les limites.

3) Le rapport Brundtland de 1987, Notre avenir à tous, introduit le concept de développement durable et brouille les cartes. Il mélange des considérations qui peuvent rallier des militants écologistes et d’autres qui rassurent les milieux industriels : « La notion de développement durable implique celle de limites. Il ne s’agit pourtant pas de limites absolues, mais de celles qu’impose l’état actuel des techniques et de l’organisation sociale ainsi que de la capacité de la biosphère de supporter les effets de l’activité humaine. Mais nous sommes capables d’améliorer nos techniques et notre organisation sociale de manière à ouvrir la voie à une nouvelle ère de croissance économique. »

4) conclusion : Penser en terme de développement  durable s’avère nuisible car la situation climatique et l’épuisement des ressources risquent de devenir irréversibles avec toutes les conséquences socio-économiques que cela entraînera. Aucune croissance n’est infinie dans un monde fini. Le Titanic coule, mais dans le cas de la planète Terre, on ne peut guère espérer de navire de rechange. Pourtant nos dirigeants continuent de se réclamer de la seule logique du « sur-développement » pour répondre aux demandes de mieux-être des populations !

=> Pour approfondir ta réflexion, lis de toute urgence La décroissance, Rejets ou projets ? (croissance et développement durable en questions) de Frédéric Durand

semaine du DD Lire la suite »

infaillibilité pontificale

« Pour la gloire de Dieu notre Sauveur, nous enseignons comme un dogme révélé de Dieu : le Pontife romain, lorsqu’il parle ex cathedra, jouit de cette infaillibilité dont le divin Rédempteur a voulu que fût pourvue son Église, lorsqu’elle définit la doctrine sur la foi et les mœurs. Si quelqu’un, ce qu’à Dieu ne plaise, avait la présomption de contredire notre définition, qu’il soit anathème » (1er concile du Vatican — 18 juillet 1870). C’est avec cet état d’esprit que les nouveaux hussards du pape appellent à manifester pour soutenir Benoît 16 puisqu’un pape ne peut se révéler irresponsable quand il maudit le préservatif  : « Le rôle des catholiques consiste à comprendre ce que veut le pape, pas à crier avec les loups » (LeMonde du 4 avril). Pourtant aucun dieu de la compassion n’aurait voulu qu’une personne puisse s’exprimer de façon dogmatique sur le port du préservatif et la contraception.

Vanitas vanitatum, et omnia vanitas. Vanité des vanités, tout n’est que vanité, particulièrement personnifiée en la personne du pape Benoît 16. Le mouvement « pro-vie » signifie en fait « pro-vie humaine ». Chez beaucoup d’esprits embrouillés, un zygote monocellulaire humain, dépourvu de nerfs et donc incapable de souffrir, est infiniment sacré pour la simple raison qu’il est « humain ». Aucune autre cellule ne jouit d’un statut aussi élevé. En fait le pape et ses groupies sont exemplaires d’une tradition religieuse anthropocentrique : l’interdiction de la contraception ne repose sur aucune parole divine, et elle n’a aucun fondement rationnel. Les humains, même infaillibles, peuvent vraiment raconter n’importe quoi…

infaillibilité pontificale Lire la suite »

éoliennes et paysage

L’article 9 de la constitution italienne décrète : « La République protège le paysage et le patrimoine historique et artistique de la Nation ». Les adversaires de l’éolien exultent dans la péninsule, ils ont un argument juridique pour contester ces « forêts tournantes » qui détruisent le paysage Lors du colloque intitulé « Le paysage attaqué », Giscard accourt aussitôt dans la botte italienne(LeMonde du 3 avril).  Comme d’habitude il ne cache pas sa préférence nucléaire contre l’énergie éolienne. Mais il se garde bien de définir ce que serait un paysage à protéger.

Car qu’est-ce qu’un paysage à conserver tel qu’il est quand il a été partout dans la vieille Europe retravaillé par l’activité humaine ? Où est la nature naturelle, la nature sauvage que nous nous nous sommes acharnés à massacrer depuis la révolution industrielle  ? Qu’est qu’un panorama non défiguré quand des autoroutes, des pylônes électriques et des villes tentaculaires infectent tel ou tel terroir d’origine, tel ou tel lieu de rêve ? L’anthropocentrisme dominant ne reconnaît aucune valeur intrinsèque à la nature spontanée et non aménagée. Rien de ce qui donne un sens à la vie, temps libre, espace libre, nature libre, ne peut être préservé dans une société libérale. La liberté de concurrence dévore toutes les autres. Partout l’homme ne rencontre que lui-même. Alors une éolienne de plus ou de moins !

Giscard et autres nucléocrates n’ont pas choisi le bon combat. Il ne s’agit pas de défendre des paysages fait de main d’homme, il s’agit de défendre une autre image de la nature, à savoir ce qui échappe à la volonté humaine, ce qui est indépendant des usages humains. La seule restauration des paysages à la hauteur de nos enjeux écologiques d’aujourd’hui passe par la destruction de routes, de bâtiments et de pylônes de transmission pour redonner de l’espace à la nature. Je te conseille de lire La nature malade de la gestion de Jean-Claude Génot.

éoliennes et paysage Lire la suite »

greenwashing au Monde

Le greenwashing est un phénomène mondial dont le numéro du Monde du 2 avril est un exemple parfait. Mon quotidien préféré fait le miracle de proposer le même jour deux suppléments, l’un consacré à la consommation durable (« comment acheter proche, peu ») et l’autre au bling bling des vêtements, des montres et des parfums. Comment échapper à la schizophrénie ambiante, on nous offre en même temps d’acheter moins et d’acheter plus. Je ne reviendrai pas sur ce mensuel du luxe en 48 pages où quelques digressions sur le greenwashing de l’écotourisme ne peut nous faire oublier toutes ces pub en pleine et pleine pages. La critique a été déjà faite par l’intermédiaire de la médiatrice du Monde.

Je m’attarde sur le supplément « consommation durable » qui a le culot d’insérer au milieu d’articles intéressants (il faudrait consommer moins et mieux) une pleine page de greenwashing publicitaire de la part de SFR. Il paraît que les « mobiles usagés » vont être recyclés dans ton espace SFR. Mais on ne dit rien sur l’obsolescence programmée qui fait qu’on achète un nouveau portable tous les quatre matins, on ne dit rien sur la difficulté de recycler les métaux rares contenus dans le portable, on ne dit rien sur le marketing éhonté qui fait qu’un gamin de 12 ans sans portable ne se sent pas un homme, on ne dit rien sur les méfaits potentiels des ondes électromagnétiques sur les jeunes cerveaux, et surtout on ne dit rien sur l’inutilité profonde du portable. Faites comme moi, je n’ai pas de mobile, il ne risque pas de s’user. Si tu ne possèdes pas de mobile, il n’y a pas de greenwashing possible.

A l’heure où l’Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité devient paritaire en acceptant en son sein des associations environnementalistes et se dote d’un jury de la déontologie publicitaire, tout devrait changer…quand tu n’auras plus de portable !

greenwashing au Monde Lire la suite »

tourisme lent

Les vacances pour tous, le tourisme au long cours, tout cela s’éloigne définitivement de nos projets d’avenir. La crise financière a entraîné un changement de perception des ménages, le prochain blocage énergétique fera le reste. Bien sûr ceux qui partent déjà  en voyage à l’étranger ne pensent pas encore aux limites de la planète : 65 % des touristes qui ont été client d’une agence de voyage en 2008 veulent encore s’évader à l’étranger (sondage TNS Sofres). Mais plus d’un Français sur deux interrogés par Ipsos (Le Monde du 1er avril) déclare qu’il ne partira pas en vacances cet été. Pour ceux qui partiront, l’heure sera aux économies, basées sur des déplacements en France qui se recentrent sur le noyau familial, très loin donc d’un tourisme transfrontières.

Nous allons rapidement vers un tourisme lent, de proximité, qui rejettera l’avion et les fantasmes de vacances paradisiaques. Tout le système publicitaire nous  dit encore le contraire et cultive la psychologie du « plus vite, plus loin, plus souvent et toujours moins cher ».

Mais nos concitoyens sont inquiets de l’état de la planète et savent déjà qu’il faudra aller moins vite, moins loin, moins souvent (et que ça coûtera beaucoup plus cher).

tourisme lent Lire la suite »

balayons devant notre porte

A Hildesheim, les élèves deviennent « agents de nettoyage » (LeMonde du 31 mars). Le porte-parole de la mairie prie les écoliers de bien vouloir désormais nettoyer eux-mêmes leur classe. Quel est l’enjeu ?

L’enjeu économique est une donnée qui va s’amplifer un peu partout dans le monde. Il s’agit d’économiser, permettre à une municipalité dont les finances sont catastrophiques de débourser 174 000 euros de moins. Si l’Etat français faisait de même au niveau de l’éducation nationale, tu peux déjà imaginer la réduction du déficit public…

L’enjeu pédagogique est encore plus fort à l’heure où les enfants se prennent pour de petits rois. Les écoles ne sont pas simplement un lieu d’acquisition des savoirs, mais aussi d’apprentissage de la vie. Balayer n’est pas une corvée, c’est une nécessité que trop de diplômés ont oublié.

L’enjeu écologique n’est pas le moins important à l’heure où il faut raisonner en terme de cycle de vie d’un processus de production. Devoir balayer, c’est apprendre à gérer ses propres déchets. Devoir balayer, c’est ne pas se déconnecter de la réalité alors que la spécialisation à outrance a fait perdre à la plupart de nos concitoyens le sens de la responsabilité de l’individu face à la pollution globale de notre planète.

balayons devant notre porte Lire la suite »

juste prix du baril

Les spécialistes n’ont pas vu venir l’envolée des prix du baril (147,5 dollars à la mi-juillet 2008) ni son effondrement (35 dollars mi-décembre). Pourtant le spécialiste du Monde (rubrique matières premières, 29-30 mars) s’interroge doctement sur le juste prix ou optimum économique. A-t-il la réponse ? Oui, il a la réponse : « Le prix équitable se situe autour de 70 dollars ». Pour l’affirmer, il suffit à Jean-Michel Bezat de recopier ce que réclame les pétromonarchies du Golfe. Mais c’est un prix surestimé, s’exclament les spécialistes de la consommation  par la voix du Centre for Global Energy Studies.

En fait Bezat ne considère que deux paramètres, un baril bon marché pour soutenir la demande ou un brut plus cher afin de poursuivre les investissements. Ni le journaliste, ni les pétromonarchies, ni le CGES ne s’interrogent sur la raréfaction croissance du pétrole, le pic pétrolier imminent et le réchauffement climatique provoqué par la combustion de pétrole. Le long terme n’existe pas pour ces « spécialistes », rien ne vaut le bon temps du court et moyen terme. Les générations futures se passeront de pétrole, ils n’avaient qu’à naître au moment des Trente Glorieuses, période qu’on surnommera plus tard les années toxiques.

juste prix du baril Lire la suite »

la fin de la F1

Je suis soulagé, il n’y  aura pas de Grand Prix de France de F1 en 2009 ; Magny-Cours a été abandonné, on hésite encore sur le lieu de remplacement. Avec un peu de chance, le circuit dans l’hexagone reprendra en 2012, quand le pétrole sera redevenu hors de prix.

Pour faire face à la crise financière, la F a adopté de nouvelles règles. Ainsi on limite à 8 moteurs par pilote et par saison, exigence qui porte la distance d’utilisation des moteurs de 1100 km à 2100 km (LeMonde du 28 mars). C’est à de tels détails qu’on mesure le niveau de gaspillage que s’octroie la formule 1, un bon moteur devrait être capable de faire au moins 350 000 kilomètres.

Magnifier la F1, c’est valoriser le culte de la vitesse alors qu’on devrait faire l’éloge de la lenteur. Magnifier la F1, c’est choyer le spectacle télévisuel au lieu de marcher sur ses propres jambes. Magnifier la F1, c’est aller à l’encontre de l’urgente nécessité de laisser les dernières gouttes de pétrole sous la terre. LeMonde consacre trop d’articles aux bagnoles.

la fin de la F1 Lire la suite »

banalisation du chômage

« Nouvelle hausse violente du chômage (…) La France s’apprête à vivre une période de banalisation du chômage. Les transports, la sidérurgie, l’automobile, la chimie s’enfoncent dans la crise… ». LeMonde du 27 mars commence à paniquer, mais croit encore au Père Noël en listant les secteurs qui vont traverser la crise sans difficulté :

– l’agroalimentaire : Il s’agit d’une méthode de fabrication qui repose sur l’allongement du déplacement des denrées alimentaires. La production dans les sociétés industrielles est proportionnelle à l’utilisation de l’énergie. Avec la crise de l’énergie qui se profile, toute production alimentaire qui ne sera pas de proximité sera vouée à disparaître. Un hypermarché sans minerais et sans hydrocarbures, ça ne fonctionne pas.

– télécommunications : Lorsque le baril sera à 300 dollars et le super à 5 euros le litre, quelles seront les conséquences sur la construction et la maintenance des satellites de communication, des relais de téléphonie mobile, des câbles sous-marins et des fibres optiques terrestres qui constituent l’infrastructure de notre Internet ? Fini. Terminé. Imaginez le monde sans mail et sans Web.

– nucléaire civil : Ceux qui rêvent d’une nouvelle source d’énergie abondante et à bon marché commettent une erreur d’appréciation sur l’espèce humaine. Les exemples de ce que nous avons fait avec les énergies fossiles et le nucléaire devraient nous inciter à plus de prudence. Nous avons épuisé le sous-sol, pollué les terres, les mers et l’atmosphère, fait fondre les glaciers, déréglé le climat et exterminé des milliers d’espèces. Et l’on voudrait que toujours plus d’énergie change ce comportement !

– services à la personne : Nous avons créé une civilisation du tertiaire (70 % des actifs en France) qui a perdu le contact avec la réalité physique sous-jacente. La dernière étape sur le chemin de l’énergie nous mène aux services en tout genre, y compris l’aide aux personnes. Les gens n’ont pas encore réalisé que si la production manufacturière (et les transports) qui les financent par le jeu de la redistribution s’écroule, alors leur emploi s’écroule aussi.

Il n’y a qu’un seul secteur qui est voué à s’étendre au fur et à mesure de la crise dans tous les autres secteurs, celui de la surveillance renforcée de la population : En effet, « approfondissement de la crise = encore plus de violences = toujours plus de répression.

banalisation du chômage Lire la suite »

le retour des paysans

Jean-Yves Carfantan me paraît optimiste. Pour éviter le Choc alimentaire mondial qui nous attend demain, il suffirait de relancer l’agriculture au Sud en développant les réseaux de transport, le crédit aussi, et y lever en plus les obstacles à l’essor des OGM (cf. le livre du jour, LeMonde du 25 mars). Carfantan est donc un optimiste libéral qui propose les mêmes remèdes que ceux qui ont créé la maladie.

L’ouverture des réseaux de transport a, pour reprendre l’expression de Karl Polanyi, désenchâsser l’économique du social en lui permettant de s’autonomiser. De dominantes, les sociétés agraires vont se trouver dominées. Détacher l’homme de la terre a été un moyen de faire « circuler » les hommes et la terre. C’est la « victoire du libre-échange » : ce qu’on appelle à tort « exode rural » est en fait le résultat d’une véritable déportation économique et sociale. La terre devient à la fois marchandise et moyen de production. La monétarisation, souvent forcée, des activités a fait perdre aux sociétés agraires une partie de leur autonomie. Le crédit a entraîné le surendettement et le suicide par ingestion de pesticides. La porte est ouverte de la transformation du paysan en exploitant agricole. Avec l’introduction des semences à haut rendement l’appauvrissement génétique, donc la fragilité des cultures, s’est accru au Nord comme au Sud. L’étape suivante est le développement d’OGM par les biotechnologies. Pour les agriculteurs, la dépendance s’accroît puisqu’ils doivent acheter très cher des semences et les produits qui les accompagnent. De plus ils doivent subir régulièrement les contrôles des entreprises qui tiennent à s’assurer qu’ils ne disposent pas des semences à leur guise.

Pourtant, quel que soit l’avenir de nos sociétés la terre travaillée à l’ancienne reste le fondement de leur alimentation. Face aux crises écologiques qui s’annoncent, on aura recours à l’agriculture biologique, seule activité durable indispensable à la survie de l’homme. Jean-Yves Carfantan devrait lire le livre de Silvia Pérez-Vitoria, Les paysans sont de retour

le retour des paysans Lire la suite »

le malus du bonus

Bonus, stock-options et autres parachutes dorés, les cadres dirigeants s’en mettent plein les poches quelle que soit la conjoncture. Ainsi président et directeur de la Société générale s’accordent plusieurs centaines de milliers d’euros potentiels alors que leur banque venait de recevoir 1,7 milliards d’euros d’aide publique (LeMonde du 24 mars). Les stock-options sont paraît-il un instrument de motivation des cadres. Mais c’est un simple « comité des rémunérations » propre à l’entreprise (donc inféodé) qui s’arroge le droit de délivrer des sommes pharamineuses aux patrons.

Que ce soit  clair, les dirigeants d’entreprise n’ont aucune performance particulière à faire valoir dans le résultat financier de leur entreprise. Les grands groupes sont des collectifs de travail où toutes les personnes ont leur importance, autant le balayeur que l’expert en analyse des marchés. Un dirigeant n’a pour statut qu’une fonction parmi d’autres, qui est celle de coordonner ses cadres proches qui à leur tour coordonnent les travailleurs, mais c’est la base qui à la lourde tâche de réaliser au mieux le rapport à la production ou à la clientèle. A mon avis, il n’y a qu’une morale dans la rémunération des salariés : une heure de balayeur vaut en soi la même chose qu’une heure de PDG.

Le revenu maximal autorisé devrait être une exigence syndicale et politique de premier ordre. Dans l’état actuel de la planète, affaiblie et épuisée, aucune personne ne devrait avoir plusieurs résidences, aucune personne ne devrait pouvoir se payer l’avion pour faire du tourisme, aucune personne ne devrait revendiquer un niveau de vie supérieur à celui de la moyenne mondiale.

le malus du bonus Lire la suite »

manifs et écologie

«  Au faits, ils ont parlé de la crise écologique, à la manif ? ». C’est par ces mots qu’Hervé Kempf conclut sa chronique (LeMonde du 22-23 mars). Le syndicalisme en France est faible numériquement, et pourtant c’est le seul pays de l’Union européenne où on se mobilise autant dans la rue.  C’est dire que les revendications pour le pouvoir d’achat ou contre le bouclier fiscal vont être oubliées aussitôt qu’annoncées. Vu la multiplicité effroyable des organisations syndicales, de toute façon il ne pourrait pas y avoir de mot d’ordre unitaire dans les manifestations françaises.

Hervé Kempf est donc perspicace en proposant aux syndicats un slogan social qui considèrerait aussi la composante  écologique de notre niveau de vie : imposer le RMA (revenu maximal autorisé) pour lutter contre le délire consommatoire des riches qui se diffuse dans toute la société et épuise la Biosphère. Rappelons-nous ce qu’écrivait déjà Hervé dans son livre de 2007, Comment les riches détruisent la planète :           

« Qui aujourd’hui, consomme le plus de produits matériels ? Les hyper riches ? Pas seulement. L’oligarchie ? Oui, cela commence à faire nombre mais ne suffit pas encore. Il y a aussi la classe moyenne mondiale, disons 500 millions de gens (il y a de fortes chances que vous en fassiez partie) qui réduiraient utilement leur consommation matérielle, leurs dépenses d’énergie, leurs déplacements automobiles et aériens. Mais nous limiterions notre gaspillage, nous chercherions à changer notre mode de vie, tandis que les gros, là-haut, continueraient à se goberger dans leurs 4×4 climatisés et leurs villas avec piscine ? Non. La seule façon que vous et moi acceptions de consommer moins de matière et d’énergie, c’est que la consommation matérielle, donc le revenu, de l’oligarchie soit sévèrement réduite. En soi pour des raisons d’équité, et plus encore, en suivant la leçon de Veblen, pour changer les standards culturels de la consommation ostentatoire. Puisque la classe de loisir établit le modèle de consommation de la société, si son niveau est abaissé, le niveau général de consommation diminuera. Nous consommerons moins, la planète ira mieux, et nous serons moins frustrés par le manque de ce que nous n’avons pas. » (p.90-91)

manifs et écologie Lire la suite »

mettez un préservatif

Pour qui réfléchit, il est absolument anodin que le pape ait dit ceci ou cela. Benoît 16 n’est qu’un humain ordinaire qui dit comme tout un chacun des conneries : « On ne peut résoudre le problème du sida en distribuant des préservatifs : au contraire, cela augmente le problème » (LeMonde du 21 mars). Il dit même des conneries sur une question dont il savait à l’avance qu’elle lui serait posée. Josef Ratzinger est vraiment un humain ordinaire.

Moi, ce qui m’horripile vraiment, c’est que tout le monde semble oublier que le préservatif n’a pas été inventé pour lutter contre le sida ! Le préservatif est d’abord un moyen de contraception. Mais la propagande antinataliste est interdite, que ce soit par l’Eglise catholique, le culte musulman ou la plupart des pays dont la France. Je rappelle l’article 5 de la loi n° 67-1176 du 28 décembre 1967 relative à la régulation des naissances : « Toute propagande antinataliste est interdite. Toute propagande et toute publicité commerciale directe ou indirecte concernant les médicaments produits ou objets de nature à prévenir la grossesse ou les méthodes contraceptives sont interdites, sauf dans les publications réservées aux médecins et aux pharmaciens ».

Je rappelle que le premier fléau qui pèse sur la biosphère, c’est la pullulation humaine. Frères humains de tous les pays, mettez un préservatif à défaut d’autres moyens de contraception. Frères humains, limitez le nombre des naissances et la planète en sera soulagée…

mettez un préservatif Lire la suite »

Alzheimer et DMD

En ce jour où Le Monde ne paraît pas pour cause de grève, je m’interroge sur le DMD, droit de mourir dans la dignité. Qu’en est-il de ce problème philosophique que pose la maladie d’Alzheimer ? Les patients  restent-ils des « êtres sociaux » comme le postule le livre de Fabrice Gzil (LeMonde du 18 mars) ?

Le témoignage d’un ami : « En ce qui concerne ma femme, elle a commencé à « débloquer » à qq occasions (hallucinations devant la télé, perte d’objets qu’elle accusait tel ou tel de le lui avoir volé, avant de le retrouver sans en informer ou s’excuser, expulsion d’amis sans motif) dès 1996. Dès 97 j’avais fini par m’inquiéter de ses clashs, et après une émission TV sur le sujet je n’avais plus de doute et en janvier 98, tous les examens (scanner et autres) ne permettaient plus de doute. Même après le diagnostic, Annie n’a jamais fait allusion à sa maladie, attribuant ses absences de mémoire à « sa tête de linotte », et sa non-activité extérieure et intérieure à de la « fatigue ».

A partir de 98, Annie a progressivement et en douceur, sans qu’on s’en aperçoive et qu’elle le signale, arrêtez toutes ses activités habituelles : religieuses (catéchismes, prières, messes quotidiennes, etc.) qui l’occupaient pq entièrement, courrier, téléphone, utilisation de la voiture, cuisine, pour finir par le repassage. Par contre, demande de promenades à pied quotidiennes et premières fugues en France et à l’étranger… En 2000, elle devient incontinente de nuit jq au jour où elle devient incontinente de jour dans des endroits (église, voiture) où cela pose pb. On finit par rester à la maison. Et en avril 2004 j’ai dû me résoudre, la mort dans l’âme, à la placer en maison de retraite. Au début, et pt 2 ans nous faisions le tour du parc en échangeant qq paroles : je l’informais de tt ce que faisait la famille. Puis les promenades se sont progressivement raccourcies car elle montrait de la fatigue, puis se sont arrêtées…

Dernière étape : avril 2007 crise d’épilepsie, phlébite et embolie cérébrale, hôpital où on « la sauve », alors que je n’avais cessé de demander, à notre médecin traitant, à la maison de retraite , à l’hôpital, « pas d’acharnement thérapeutique ni pour elle ni pour moi ». J’avais mm écrit un texte confirmant ma demande, mais personne n’a voulu accepter ce manuscrit (les médecins ayant même refusé de me donner le formulaire officiel pour une telle demande). Depuis on dit qu’« elle a oublié de marcher », elle est en fauteuil roulant, ne parle plus sinon en chantonnement monotone et refuse les bises. Je ne sais pas si elle me reconnaît, on me dit que si, et aussi qu’on ne peut savoir ce qui se passe pas dans sa tête, elle ne souffre pas, est souriante en général avec des passages au noir, où elle semble totalement absente. Depuis qu’elle est en maison de retraite ma psy que je vois une fois par trimestre m’encourage à ne plus aller la voir : « elle n’est plus là », me dit-elle. Mais elle ne m’a pas encore convaincu, d’autant plus qu’il y a tj des pb à régler, administratifs, paiements, vêtements etc.

Pour en revenir à la question posée par l’Alz. souvent je souhaiterais son absence plutôt que sa maladie. Et durant les 1ères années de sa maladie, durant les nuits, mon cerveau élucubrait toutes sortes de scénarios pour qu’on puisse partir ensemble sans souffrir et pt que l’amour nous faisait encore vivre. Mais je n’ai jamais réussi à trouver le bon, et malgré moi j’ai continué à tt faire sans réfléchir ni décider, pour profiter jq au bout des dernières étincelles de sa vie humaine, en espérant partir avant elle. Donc, quand aurait-il été judicieux d’abréger les souffrances qu’elles nous imposent par son état infra-humain ? Avant la mise en maison de retraite ?

Je me suis posé la question cruciale de savoir si les personnes atteintes d’Alzheimer se rendaient compte de leur atteinte et donc pouvaient préparer leur avenir, voire leur fin. La réponse est claire, et je l’ai déjà entendue qq part : la prise de conscience de la maladie est directement liée au niveau d’intelligence du sujet, à ses activités mentales, etc. Id est, plus on est « intelligent » et actif intellectuellement et plus on a de chances de découvrir son mal dès qu’il apparaît. Bruno Bettelheim, la grande référence en pédo-psychiatrie des années 60-70 s’étant aperçu qu’il était atteint d’Alzheimer, préféra se donner la mort. En résumé, soit on a, grâce à ses capacités et activités intellectuelles, les avertissements des premières atteintes et on peut à ce moment-là, si on le décide, mettre un terme à une vie qui, de toute façon va vers sa fin en perdant de jour en jour sa richesse d’humanité ; mais comment ? Cela reste pour moi le très grand problème, le problème n°1 en ce début du XXI° s, qu’aucune des sociétés précédentes n’a été capable d’affronter. Pour moi je revendique et le ferai jq au bout le droit à ma mort. En attendant que l’hypocrisie sociale, politique, médicale et religieuse prenne fin, en souhaitant à nos gouvernants actuels qui font barrage aujourd’hui, de crever de la pire des façons quand leur tour sera venu, et qu’alors ils ne trouvent pas plus de compassion qu’ils n’en montrent aujourd’hui.

Histoire complémentaire : Le romancier flamand Hugo Claus a choisi de mourir par euthanasie alors qu’il n’était qu’au premier stade de la maladie d’Alzheimer (LeMonde du 21 mars 2008). Il a déterminé le moment de sa mort, la Belgique ayant légalisé le droit à mourir. Mais il ne souffrait pas, il était loin du terme ultime de sa maladie, il était encore en pleine possession de ses moyens.

Encore une fois des questions fondamentales se posent : à partir de quel moment un individu peut-il disposer librement de sa vie ? Avec quelle aide de l’Etat de droit ? Et comment, avec une potion létale qu’on pourrait trouver en pharmacie ?

Alzheimer et DMD Lire la suite »

Chine 2022

Alors qu’à la fin du siècle dernier la population chinoise était rurale à 70 %, elle est maintenant urbaine à 60 %. Difficile d’imaginer l’impact des migrations internes de centaines de millions de personnes ! Les illusions d’une vie urbaine plus facile et de meilleurs revenus se sont vite dissipés au contact des bidonville surpeuplés. Le gouvernement chinois, pris de panique par de tels mouvements, organisa « l’excursion sibérienne ». Il s’agit d’un programme d’incitation à l’émigration massive de Chinois vers certaines zones de Sibérie dont les terres se réchauffent sous l’effet du changement climatique et deviennent ainsi plus cultivables. Le gouvernement russe s’inquiète maintenant des trafics de minerais et de pétrole qui s’écoulent au nord de la péninsule de Vladivostok. Les mouvements nationalistes russes, qui hurlent à « la Sibérie perdue », ont contraint le gouvernement à dépêcher l’armée en Sibérie. De son côté, le gouvernement chinois bloque le trafic ferroviaire russe vers Vladivostok. Ca sent la guerre.

C’est ainsi qu’Yves Cochet voit la Chine en 2022 à la fin de son dernier livre antimanuel d’écologie. Le Monde du 19 mars 2009 se contente d’une brève : 6,5 %. C’est le taux de croissance que la Banque mondiale prédit en Chine en 2009. Le premier ministre chinois Wen Jiabao a déclaré qu’il serait difficile d’empêcher ce taux à descendre sous 8 %, trop faible pour éviter les troubles sociaux…

Chine 2022 Lire la suite »

l’école sans ordinateur

L’établissement sera tout numérique. Le collège George-Charpak de Goussainville ne veut connaître que tableau interactif et stylet électronique (Lemonde du 18 mars). Il  paraît que cela motive les élèves, il est vrai que la génération de l’écran (télé + portable + ordinateur + jeux vidéo)  est allergique à la craie et au tableau noir ! De toute façon cela n’est pas durable si on en croit Yves Cochet :

« Certains observateurs du changement de paradigme ont cru déceler une transition en cours entre l’ancienne civilisation productiviste et une nouvelle civilisation rendue possible par les avancées de l’électronique. Ces nouvelles technologies sont les symptômes de la pensée et de l’action technoscientifique les plus conformes au modèle productiviste. Elles ne représentent aucune alternative matérielle, spirituelle, économique ou sociale, philosophique ou politique, au productivisme. Elles sont une simple évolution moderne de celui-ci. (…) L’ère des technologies informatiques à l’avenir bien fragile. Lorsque le baril sera à 300 dollars et le super à 5 euros le litre, quelles seront les conséquences sur la construction et la maintenance des satellites de communication, des relais de téléphonie mobile, des câbles sous-marins et des fibres optiques terrestres qui constituent l’infrastructure de notre Internet ? Fini. Terminé. Imaginez le monde sans mail et sans Web. » (In Antimanuel d’écologie d’Yves Cochet, Bréal 2009)

Imaginons une société sans école, le rêve d’Ivan Illich…

l’école sans ordinateur Lire la suite »

modularité urbaine

Le mouvement global d’exode rural fait entrer la faim dans les villes (LeMonde du 17 mars). Nous avons vécu jusqu’à présent avec l’idée que l’urbanisation était un phénomène bienfaisant, nous commençons à constater l’inverse : « Les urbains ont peu accès direct aux biens agricoles, leur capacité à se nourrir dépend de l’argent qu’ils gagnent (…) Le plus petit choc économique et la moindre augmentation des prix est fatal (…) Les logiques de spécialisation économique ont fait disparaître des filières de production et d’approvisionnement de proximité (…) Le modèle de développement, qui s’appuie sur une échelle macroéconomique, ne fonctionne pas ». Il faudrait donc adopter un autre modèle. C’est ce que propose Yves Cochet dans son Antimanuel d’écologie récemment paru :

« La modularité désigne la façon selon laquelle les éléments du système sont reliés. Une Région telle que l’Ile de France, par exemple, ne présente pas une diversité globale suffisante : son poids démographique et ses activités économique, administrative et  culturelle, sont disproportionnés par rapport à ses capacités en énergie, en alimentation et en eau. Plus de 80 % de la nourriture des 500 millions d’habitants de l’Union européenne provient des grandes chaînes agroalimentaires. Il n’existe aucune modularité dans ce système, très sensible aux aléas du transport mondial. Comment initialiser la transition vers la descente énergétique ? Il est possible de trouver des issues, ensemble, au moins à l’échelon local. Une ferme moyenne de 50 hectares peut fournir l’essentiel de la nourriture pour 300 personnes… »

Pour nourrir l’Ile de France et tous les autres urbanisés, on sait dorénavant ce qu’il nous reste à faire

modularité urbaine Lire la suite »