démographie

Malthus, obstacle démographique privatif et destructif

Les obstacles à la population qui maintiennent le nombre des individus au niveau de leurs moyens de subsistance, peuvent être rangés sous deux chefs. Les uns agissent en prévenant l’accroissement de la population, et les autres en la détruisant. La somme des premiers compose ce qu’on peut appeler l’obstacle privatif ; celle des seconds, l’obstacle destructif. L’obstacle privatif, en tant qu’il est volontaire, est propre à l’espèce humaine et résulte d’une faculté qui le distingue des animaux ; à savoir, de la capacité de prévoir et d’apprécier des conséquences éloignées. L’homme, en regardant autour de lui, ne peut manquer d’être frappé du spectacle que lui offrent souvent les familles nombreuses ; il éprouve une juste crainte de ne pouvoir faire subsister les enfants qu’il aura à faire naître.

Dans un pays où la population ne peut pas croître indéfiniment, l’obstacle privatif et l’obstacle destructif doivent être en raison inverse l’un de l’autre : c’est-à-dire que dans les pays malsains, l’obstacle privatif aura peu d’influence. Dans ceux au contraire qui jouissent d’une grande salubrité, et où l’obstacle privatif agit avec force, l’obstacle destructif agira faiblement et la mortalité sera très petite. Mais il y a très peu de pays où l’on n’observe pas un constant effort de la population pour croître au-delà des moyens de subsistance. Cet effort tend constamment à plonger dans la détresse les classes inférieures de la société, et s’oppose à toute espèce d’amélioration dans leur état. Supposons un pays où les moyens de subsistance soient suffisant à sa population. L’effort constant qui tend à accroître celle-ci ne manque pas d’accroître le nombre des hommes plus vite que ne peuvent croître les subsistances. Aussitôt le pauvre vivra plus difficilement. Le nombre des ouvriers étant accru dans une proportion plus forte que la quantité d’ouvrage à faire, le prix du travail ne peut manquer de tomber ; et le prix des subsistances haussant en même temps, il arrivera nécessairement que, pour vivre comme il vivait auparavant, l’ouvrier sera contraint de travailler davantage. Pendant cette période de détresse, la population s’arrête et devient stationnaire. En même temps le bas prix du travail encourage les cultivateurs à employer sur la terre une quantité de travail plus grande qu’auparavant ; les agriculteurs défrichent les terres incultes, et s’emploient à fumer et améliorer avec plus de soin celles qui sont en culture ; jusqu’à ce qu’enfin les moyens de subsistance arrivent au point où ils étaient à l’époque qui nous a servi de point de départ. Les mêmes marches rétrogrades et progressives ne manqueront pas de se répéter. Une des principales raisons pour lesquelles on n’a pas beaucoup remarqué ces oscillations, c’est que les historiens ne s’occupent guère que des classes les plus élevées de la société. Nous n’avons pas beaucoup d’ouvrages où la manière de vivre des classes inférieures soient peint avec fidélité. Or, c’est chez ces classes-là que se font sentir les fluctuations dont j’ai parlé.

Les obstacles destructifs qui s’opposent à la population sont d’une nature très variée. Ils renferment toutes les causes qui tendent de quelque manière à abréger la durée naturelle de la vie humaine par le vice ou par le malheur. Ainsi on peut ranger sous ce chef toutes les occupations malsaines, les travaux rudes ou excessifs et qui exposent à l’inclémence des saisons, l’extrême pauvreté, la mauvaise nourriture des enfants, l’insalubrité des grandes villes, toutes les espèces de maladies et d’épidémies, la guerre, la peste, la famine. Pour les obstacles privatifs, l’abstinence du mariage, jointe à la chasteté, est ce que j’appelle contrainte morale.

Malthus, Essai sur le principe de population (Flammarion 1992, tome 1, page 75 à 84)

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Malthus explique le rapport population / nourriture

La nature a répandu d’une main libérale les germes de vie dans les deux règnes, mais elle a été économe de place et d’aliments. Sans cette réserve, en quelques milliers d’années, des millions de monde auraient été fécondées par la Terre seule ; mais une impérieuse nécessité réprime cette population luxuriante ; et l’homme est soumis à sa loi, comme tous les êtres vivants. Pour les plantes et les animaux, le défaut de place et de nourriture détruit ce qui naît au-delà des limites assignées à chaque espèce.

Les effets de cet obstacle sont, pour l’homme, bien plus compliqués. Il se sent arrêté par la voix de la raison, qui lui inspire la crainte d’avoir des enfants aux besoins desquels il ne pourra point pourvoir. Si au contraire l’instinct l’emporte, la population croît plus que les moyens de subsistance. Nous pouvons tenir pour certain que, lorsque la population n’est arrêtée par aucun obstacle, elle va doubler tous les vingt-cinq ans, et croît de période en période selon une progression géométrique. Il est moins aisé de déterminer la mesure de l’accroissement des productions de la terre. Mais du moins nous sommes sûrs que cette mesure est tout à fait différente de celle qui est applicable à l’accroissement de la population. Un nombre de mille millions d’hommes doit doubler en vingt ans par le seul principe de population, tout comme un nombre de mille hommes. Mais on n’obtiendra pas avec la même facilité la nourriture nécessaire pour alimenter l’accroissement du plus grand nombre. L’homme est assujetti à une place limitée. Lorsqu’un arpent a été ajouté à un autre arpent, jusqu’à ce qu’enfin toute la terre fertile soit occupée, l’accroissement de nourriture dépend de l’amélioration des terres déjà mises en valeur. Cette amélioration, par la nature de toute espèce de sol, ne peut faire des progrès toujours croissants ; mais ceux qu’elle fera seront de moins en moins considérables tandis que la population, partout où elle trouve de quoi subsister, ne connaît point de limites, et que ces accroissements deviennent une cause active d’accroissements nouveaux. Nous sommes donc en état de prononcer, en partant de l’état actuel de la terre habitée, que les moyens de subsistance, dans les circonstances les plus favorables à l’industrie, ne peuvent jamais augmenter plus rapidement que selon une progression arithmétique.

La conséquence inévitable de ces deux lois d’accroissement, comparées, est assez frappante. Substituons à la Grande Bretagne la surface entière de la Terre ; et d’abord on remarquera qu’il ne sera plus possible, pour éviter la famine, d’avoir recours à l’émigration. Portons à mille millions d’homme le nombre des habitants actuels de la Terre : la race humaine croîtrait selon les nombres, 1, 2, 4, 8, 16, 32, 64, 128, 256 ; tandis que les subsistances croîtraient comme ceux-ci : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9. Au bout de deux siècles, la population serait aux moyens de subsistance comme 256 est à 9 ; au bout de trois siècles, comme 4 096 et à 13, et après deux mille ans, la différence serait immense et comme incalculable. Le principe de population, de période en période, l’emporte tellement sur le principe productif des subsistances que, pour que la population existante trouve des aliments qui lui soient proportionnés, il faut qu’à chaque instant une loi supérieure fasse obstacle à ses progrès.

Malthus, Essai sur le principe de population (Flammarion 1992, tome 1, page 67 à 74)

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Le tabou de la contraception en France et en Afrique

« Elle veut tuer nos enfants et anéantir la population africaine ! Elle est de mèche avec les Occidentaux ! » Imperméable aux critiques, La Sénégalo-Mauritanienne Fatimata Sy poursuit son objectif : donner aux femmes le droit de choisir « combien d’enfants elles souhaitent avoir et quand ». Elle dirige depuis 2012 le Partenariat de Ouagadougou, un programme de planification familiale lancé en 2011 dans neuf pays d’Afrique francophone pour permettre aux femmes d’accéder aux méthodes modernes de contraception.* « Les maris ont-ils songé que, désormais, c’est la femme qui détiendra le pouvoir absolu d’avoir ou de ne pas avoir d’enfants en absorbant la pilule, même à leur insu ? Les hommes perdront alors la fière conscience de leur virilité féconde et les femmes ne seront plus qu’un objet de volupté stérile. » Ainsi s’exprimait en 1967 le député Jean Coumaros lors de la discussion de la loi Neuwirth autorisant la pilule contraceptive en France**. Les mentalités françaises et africaines peuvent se ressembler étrangement à quelques années près ; féminité et maternité sont trop souvent liées.

Ce n’est pas un hasard si Fatimata Sy milite pour le planning familial. « Chaque Africain connaît au moins une femme dans son entourage qui est morte en couches à cause des grossesses rapprochées. Moi, c’étaient ma tante et ma cousine. »* En 1967 en France, l’avortement clandestin était pratiqué par 300 000 femmes chaque année au prix de quelques morts non désirées. Mais Fatimata Sy ne parle pas d’IVG, seulement de contraception. Le sujet de l’avortement est encore trop brûlant en Afrique. Et l’Interruption Volontaire de Grossesse n’est autorisé légalement en France que depuis 1975. La maîtrise de la fécondité reste encore un gros tabou dans la plupart des pays et des mentalités. La décision prise par Donald Trump de couper le financement du planning familial fait trembler les malthusiens… et le reste d’un monde surpeuplé ! Et si on est partisan de la biodiversité, il en va aussi de la survie de la faune sauvage.

Le rejet de la maîtrise de la fécondité n’est en effet plus de mise quand il s’agit d’abattre un dixième de la population lupine en France. A titre de dérogation au statut de protection de l’espèce, le plafond de loups pouvant être « détruits » a été fixé à 40 pour la période juillet 2017-juin 2018. Il n’y avait pourtant en mai dernier que 360 spécimens en France et une population viable de loups devrait atteindre 500***. Notons que l’espèce humaine a naturellement le même statut dans la chaîne alimentaire que le loup. Ce sont des prédateurs qui dépendent du nombre d’herbivores à leur disposition. Pour un partage équitable des troupeaux de moutons, ces deux populations devraient donc être en nombre équivalent, ce qui est très loin d’être le cas. Ce ne sont pas les éleveurs qui devraient se plaindre de la concurrence des loups, ce sont les loups qui devraient se plaindre du nombre de Français…

* LE MONDE du 21 décembre 2017, Le combat de « Mama Partenariat » pour le planning familial en Afrique

** LE MONDE du 20 décembre 2017, En 1967, la crainte d’une « flambée d’érotisme »

*** LE MONDE du 20 décembre 2017, Plan loup, un exercice d’équilibriste

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La politique de Macron face aux migrants, dur dur

Lundi 18 décembre aura lieu la Journée internationale des migrants. Faut-il « remettre au cœur des choix du gouvernement le respect des droits des migrants et des réfugiés, quel que soit leur statut » comme l´exige des associations ? L´editorial du Monde* est cinglant envers Macron : « Sur le terrain, c’est une politique migratoire très dure qui est en application… Chaque soir, de nouvelles familles se retrouvent enfermées dans des centres de rétention administrative… Quand la brutalité semble l’emporter sur l’humanité, c’est aussi l’honneur de la France qui est en jeu… » Voici quelques commentaires sur lemonde.fr :

Nardo : Je suis en total désaccord avec cet édito. l’immigration dans de telle proportions doit être maîtrisée et contrôlée. Proposer l’ouverture des frontières sans conditions est totalement irresponsable et suscitera le rejet de la majorité des français de tous bords.
CHRISTIAN SCHOLTES : Merci pour cet édito. Macron trahit une partie de ses électeurs qui ont cru en son humanisme. Le masque est tombé.
GEOFFREY BASSET @ C.Scholtes : Comme l’auteure (Maryline Baumard une immigrationniste notoire) de cet édito, vous confondez humanisme et ouverture des frontières à tous les migrants d’une part, et migrants et réfugiés d’autre part ! Macron respecte sa parole en accueillant les réfugiés et en expulsant les migrants économiques qui ne sont pas éligibles au droit d’asile ! On accueille les réfugiés dans le respect des accords de Dublin et les autres sont refoulés !
JosieLaRelou : Si l’humanisme consiste à laisser venir des gens chez nous qui croient y trouver le bonheur alors qu’ils vont en fait dormir sous des ponts ou entassés dans des taudis, en attendant un asile que beaucoup n’obtiendront pas car ils n’en respectent pas les critères, alors c’est un humanisme dont les conséquences sont dramatiques…
bravo Macron! : Depuis qu’ils sont au pouvoir, Macron et ses amis ont pu évaluer l’ampleur du problème, d’autant plus que le processus s’accélère. Déjà, il y a 2 ou 3 ans, la cour des comptes avait signalé le coût important de l’aide aux migrants. Heureusement, en incitant les jeunes africains à rester chez eux et développer leur pays, Macron a une vision plus large que les bonnes âmes qui veulent surtout se donner un image de « chic type », sans voir plus loin.
citoyen : Les bons sentiments dans un éditorial ne coutent rien. Environ 1 milliard d’humains souhaiteraient vivre en Europe ou aux USA et avoir le même niveau de vie. On peut le comprendre mais faut-il faire des ponts aériens pour réaliser ce rêve ? Notre civilisation y survivrait-elle ?. La seule option est hélas celle de Macron: limiter les réfugiés économiques en aidant les pays d’origine sur le plan du développement; contrôler la natalité et se débarrasser de la corruption de leurs dirigeants.
GERONIMO : Merci Macron d’avoir répondu à l’attente de 75% de ses électeurs qui croient en son sens des réalités et qui laisse ainsi à certains la posture, si facile, d’un ‘humanisme pas cher payé et qui ne leur coûte, à eux, finalement pas grand chose.
JOHN DOE : « L’honneur de la France », c’est de donner un toit et une activité aux Français.
Français nanti : Comme dit notre concierge (pas français lui non-plus tandis que moi, c’est depuis Vercongétirix au moins… ): « Les migrants, c’est comme les pigeons: plus on leur donne, plus y viennent. Si j’empêche la Mémée du 5° de jeter des graines, elle m’engueule ; si je balaye pas les crottes, les autres m’engueulent ; si y a des rats qui viennent, c’est la mairie qui m’engueule ; alors, je fais quoi? ». Vous pouvez répondre en portugais, le concierge s’empressera de me traduire (bientôt les étrennes…).
le sondeur toujours plus pâle : Relever la xénophobie de certains lecteurs n’est pas diffamatoire, c’est juste un constat.
* LE MONDE du 17 decembre 2017, Accueil des migrants : l’honneur de la France est en jeu

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Dix milliards de terriens, ce n’est vraiment pas humain

Gilles Boeuf sait qu’on comptait environ 5 millions d’individus sur Terre il y a 12 000 ans. Si on calcule à l’époque la somme de ces humains et de leurs animaux domestiques, cela représente à peu près 0,1 % de l’ensemble de la biomasse que constituent les 5000 espèces de mammifères. Aujourd’hui, c’est 90 % ! Hervé Le Bras  sait qu’aujourd’hui la moitié de la production actuelle de céréales est destinée à des animaux domestiques. Ils savent, selon leurs propres discours* , que la population mondiale atteindra les 10 milliards en 2050, que le changement climatique nous touchera de plein fouet, que les océans s’acidifient, que les pollutions dégradent les écosystèmes, que sans zone humide ni forêt tropicale on court à la catastrophe, que du Sénégal jusqu’au Niger la question de l’alimentation et de l’emploi va se poser très fortement, que les guerres compliquent encore les choses. Mais selon eux le malthusianisme ne s’impose pas, le taux de croissance de la population mondiale diminue et la question démographique sert à déculpabiliser les pays riches de leur pollution. Les internautes réagissent sur lemonde.fr :

ALAIN LE COMTE : On croît rêver (cauchemarder), 10 000 000 000 d’habitants bientôt, ce n’est pas trop ???!!!

Démographie Responsable : Entretien fort étonnant où les deux intervenants listent toute une série de problèmes actuels et de risques futurs liés à la démographie galopante… mais où au final ils tirent comme conclusion qu’il n’y a pas trop à s’inquiéter. Quant à cette pseudo évidence, répétée en boucle, d’une meilleure distribution des richesses, si c’est une excellente chose sur le plan moral, ça ne résoudra en rien la crise écologique bien au contraire, puisque cela fera grimper en flèche la consommation.

Desideriusminimus : Étonnant qu’en dépit de tout bon sens, on persiste à refuser de reconnaître la formule désormais à la mode « en même temps » : urgence d’un changement de mode de vie ET (en même temps) régulation démographique. Le déni fait de la résistance.

Nawak : La pollution des pays du nord est problématique, et doit se régler, mais dire que la démographie sert d’excuse au nord pour culpabiliser le Sud est une ineptie! Le Sud fait tant d’enfants qu’ils sont incapables d’éduquer, de nourrir et d’employer qu’ils les envoient au Nord…. Les enfants à naître au Sud vont vouloir consommer et polluer comme au Nord. La solution doit venir de – de pollution au nord et – d’enfants au sud.

CYNIQUE DU BON SENS ET RAISON : Malthus va émerger dans la première partie de ce XXIe siècle comme le visionnaire de notre pauvre humanité terrestre : notre hubris ayant tout accéléré, en quelques décennies, la planète a été ravagée de manière irréversible. Les sots (notre Jupiter en tête) ambitionnent toujours plus de croissance quantitative dans tous les domaines : ce sont les externalités négatives qui croissent exponentiellement… la chute sera tragique !

Malthus : Pourquoi exclure sans discussion que l’État puisse légitimement réguler la natalité ? La Chine l’a fait, d’autres approches seraient possibles. Discutons en, plutôt que de rejeter ces solutions à priori. Serait-ce un tabou religieux ?

le sceptique : Tabou religieux pour certains, mais pour d’autres dont je suis, il y a simplement la question des droits de l’homme, ce point de détail de notre modernité. Que l’on en arrive à citer en exemple l’intrusion dans la vie privée par des régimes totalitaires indique combien les questions écologiques embrument certains esprits. Après, les Etats ont d’autres outils que le contrôle de la chambre à coucher des citoyens : éduquer, diffuser la contraception, supprimer les allocations familiales.

CYNIQUE DU BON SENS ET RAISON : Les droits de l’homme ? L’égoïsme est-il un « droit de l’homme » ?

Richard Revest : Malthus! Les anciens l’avaient oublié. Les jeunes ne le connaissent pas. Mais les archivistes du petit monde ont ressorti sa fiche. Malthus le maudit, celui qui avait dit qu’il n’y en aurait pas pour tout le monde. Celui qui avait vu la réalité.

TIKATSOU : Toujours le même discours d’Hervé Le Bras, Tout va très bien Mme la marquise ! L’Afrique subsaharienne, 1 milliard aujourd’hui, 2 en 2050, 4 en 2100 ! Allez convaincre ces gens qu’il faudra adopter un avenir frugal et non le mode de vie occidental dont ils rêvent ! Remettre en cause ce mode de vie occidental ? Messieurs d’en haut, des beaux quartiers parisiens, commencez, donnez l’exemple au peuple ! Abandonnez voyages en avion, restaurants et hôtels de luxe, résidences secondaires en Corse etc.

cedric : C’est une blague cet article. La population et les animaux domestiques représentent maintenant 90% de la biomasse et ce n’est pas un problème pour ces deux messieurs ?! Bien sûr qu’il faut réduire notre natalité ! Moins on sera nombreux moins on polluera – moins notre empreinte sur la planète sera forte. Il vaut mieux vivre bien avec 4 milliards d’habitants que manger du riz et des insectes sans pouvoir acheter un steak en étant une dizaine de milliards d’habitants !!

Pourquoi de si piètres intellectuels en France : La question mérite d’être posé. Un militantisme confondant ? Une spécialisation outrancière ? On pourrait parler d’ignorance faute de mise en perspective, des réponses rigides ouvrant sur le néant et rien sur les autres spécialités (économie, anthropologie, agronomie et j’en passe et des meilleures). Ah peut-être aussi la médiatisation et le mandarinat qui ôtent toute retenue critique.

* LE MONDE idées du 8 décembre 2017, 10 milliards d’humains, et alors ?

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Décroissance, ne pas nier la différence des sexes

Lu, dans le mensuel la Décroissance*, ces trois points de vue sur la sexualité. En résumé :

Nathalie Heinich : La différence n’est pas la discrimination. Vouloir traiter toute différence entre les sexes est l’équivalent de ne pas vouloir faire de différence entre des pommes de terre et des carottes au motif que reconnaître ces différences aboutirait à faire une hiérarchie entre elles. Cela fait partie d’une certaine dérive du féminisme. Dans cette volonté de vouloir modifier les réalités biologiques, par exemple les conditions physiologiques de la procréation, se niche une forme de volonté de toute-puissance. Les enfants-rois devenus des adultes réclament la même toute-puissance au niveau de la procréation que celle qu’ils ont pu obtenir dans leur enfance au niveau de la satisfaction de leurs plaisirs immédiats. Le problème est que l’État tend à leur donner satisfaction, et notamment de toute-puissance d’un parent unique sur un enfant potentiel. Si vous faites un enfant à deux, votre puissance sur l’enfant est nécessairement limitée par l’autre parent. Le fait que notre monde biologique, imaginaire et symbolique repose sur une catégorisation en deux sexes est constitutif de notre rapport au monde, et c’est aussi la garantie d’une certaine limitation du fantasme de toute-puissance. C’est pourquoi la différence des sexes est, à mes yeux, une valeur qu’il faut défendre, en tout cas en matière de filiation.

Jean-Pierre Winter : Ce qui est irréductible, c’est que l’homme c’est génétiquement XY, la femme XX, et que ça a des conséquences, c’est-à-dire qu’il y a un réel qu’on ne peut pas nier. Dans la différence des sexes est la loi réelle, c’est-à-dire biologique, mais aussi fantasmée. Le mouvement constant à nier les sexes aboutit aujourd’hui à ceci : tout se passe comme si l’inconscient passait dans la loi, comme si le fantasme faisait la loi. Nous sommes tous pris dans les fantasmes des personnes qui nous ont élevés, mais est-ce que le fantasme de l’autre doit s’instaurer comme loi au détriment de la réalité à la fois symbolique et biologique ?

Tülay Umay : Un sexe peut-il exister sans l’autre ? Les différentes réformes installant « le mariage pour tous », la légalisation de la PMA (procréation médicalement assistée) et, dans d’autres pays, celle de la GPA (gestation pour autrui), répondent par l’affirmative. Pour ces différentes législations, le Réel de la différence des sexes est dénié. La volonté individuelle suffit pour assurer la reproduction. Le désir laisse la place à une pure volonté qui se passe du corps. La procréation est séparée de la relation sexuelle. La femme, ainsi « libérée », s’aliène dans la machine médicale qui lui garantit son « autonomie », c’est-à-dire la négation de l’autre sexe. La place du désir, du manque de l’autre, est renversée par la volonté de jouissance. La conséquence en est l’impossibilité de construire un « nous ».

* La Décroissance n° 145, décembre 2017 – janvier 2018

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Malthus, un membre de l’Académie pontificale pour la vie

Le pape François a transformé la mission de l’Académie pontificale « pour la vie »*, mais s’arrête en chemin. Traditionnellement chargée d’étudier les répercussions des progrès des techniques médicales et des nouvelles législations « concernant la promotion et la défense de la vie », cet organisme n’aura plus comme principale fonction de donner des leçons de morale reproductive. Pour le pape François, « La vie » ne se résume pas à « quelques sujets liés au début de la vie ». Les questions de la peine de mort, des migrations, des ventes d’armes vont trouver leur place au programme de cette Académie pour la vie. Il faudra s’interroger sérieusement sur ce que veut dire “pro-life” !

Mais il faudra toujours partager les « fondamentaux » de la conception de la vie faite par le catholicisme. Cela ferme la porte à toute orientation malthusienne (basée sur le choix volontaire pour réduire sa propre fécondité), et encore plus néo-malthusienne (autorisation collective de la contraception et de l’avortement). Le pape François, dans son encyclique Laudato’ Si de 2015, reste profondément nataliste : « Il faut reconnaître que la croissance démographique est pleinement compatible avec un développement intégral et solidaire. Accuser l’augmentation de la population et non le consumérisme extrême et sélectif de certains est une façon de ne pas affronter les problèmes…  » Lors de son retour des Philippines le 19 janvier 2015, le pape François dénonçait le « néo-malthusianisme en cours », redisait son opposition au contrôle « artificiel » des naissances et maintenait son opposition au préservatif et à l’avortement…

Voyons comment le clergyman Malthus (1766-1834) aurait interrogé « les Écritures » s’il devenait membre de cette Académie « pour la vie » : « La première grande objection est que mes principes (maîtriser la fécondité humaine) contredisent le commandement du Créateur, ordre de croître, de multiplier et de peupler la terre. Je suis pleinement persuadé que c’est le devoir de l’homme d’obéir à son Créateur, mais ce commandement est subordonné aux lois de la nature dont il est l’auteur. Si, par une opération miraculeuse, l’homme pouvait vivre sans nourriture, nul doute que la terre ne fût très rapidement peuplée. Mais comme nous n’avons aucune raison de compter sur un tel miracle, nous devons, en qualité de  créatures raisonnables, examiner quelles sont les lois que notre Créateur a établies relativement à la multiplication de l’espèce. Si nous prétendons obéir au Créateur en augmentant la population sans aucun moyen de la nourrir, nous agissons comme un cultivateur qui répandrait son grain dans les haies et dans tous les lieux où il sait qu’il ne peut pas croître. Il n’y a aucun chiffre absolu : garnir une ferme de bestiaux, c’est agir selon la grandeur de la ferme et selon la richesse du sol qui comportent chacune un certain nombre de bêtes. Le fermier doit désirer que ce nombre absolu croisse. C’est vers ce but qu’il doit diriger tous ses efforts. Mais c’est une entreprise vaine de prétendre augmenter le nombre de leurs bestiaux, avant d’avoir mis les terres en état de les nourrir. Je crois que l’intention du Créateur est que la terre se peuple ; mais qu’il veut qu’elle se peuple d’une race saine, vertueuse et heureuse ; non d’une race souffrante, vicieuse et misérable. » Le pape François serait horrifié par ce discours du pasteur Malthus.

* LE MONDE du 2 décembre 2017, Le Vatican élargit le sens de la vie

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Paludisme, peut-on contrôler durablement la nature ?

Publié le 29 novembre, le rapport 2017 de l’OMS* sur le paludisme (également appelé malaria), indique qu’avec 216 millions de cas de paludisme en 2016, ce sont 5 millions de cas supplémentaires qui ont été recensés par rapport à 2015. Le nombre des décès reste stable avec 445 000 morts en 2016. Des résistances partielles aux traitements de référence (combinaisons à base d’artémisinine) affectent tant les traitements que les insecticides utilisés pour les moustiquaires et les pulvérisations intradomiciliaires. Dans 81 % des pays du Grand Mékong, les autorités ont signalé des résistances à la seule classe d’insecticide utilisée pour imprégner les moustiquaires, celles des pyréthrinoïdes.

Le paludisme affecte les êtres humains depuis plus de 50 000 ans et aurait été un pathogène depuis le début de l’histoire de notre espèce. Dans certains endroits d’Angleterre, la mortalité due à la malaria était comparable à celle de l’Afrique subsaharienne d’aujourd’hui. La parasitose concerne majoritairement les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes. Toutes les deux minutes, le paludisme tue encore au niveau mondial un enfant de moins de 5 ans et neuf fois sur dix, il s’agit d’un enfant africain. Le principal intérêt du moustique, c’est quand même d’être mortel pour l’homme. Il joue un rôle dans la régulation des populations. Et d’après ce qu’on nous dit, l’explosion démographique en Afrique aurait bien besoin d’être maîtrisée. Comme l’écrivait Malthus en 1798, si nous n’agissons pas sur notre fécondité, la surpopulation humaine accroît les risques de famine, de guerres… et d’épidémies. Il était d’avis de n’agir que dans la perspective d’une solution durable. Il serait certainement d’accord pour l’utilisation de moustiquaires, même imprégnés de DDT. Mais s’il avait su aussi que les insecticides provoquent la mutation des agresseurs de l’espèce humaine, le doute l’aurait envahi.

Comme l’écrivait déjà Rachel Carson en 1962, « L’histoire de la vie sur Terre est l’histoire d’une interaction entre les êtres vivants et ce qui les entoure. C’est seulement dans la séquence temporelle du XXe siècle qu’une espèce – l’homme – a acquis la puissance considérable d’altérer la nature du monde. Depuis que le DDT a été homologué pour l’usage civil, les insectes, dans une splendide confirmation de la théorie darwinienne de la « survie du plus adapté », ont évolué vers des super-races immunisées. Nous avons à résoudre un problème de coexistence avec les autres créatures peuplant notre planète. Nous avons affaire à la vie, à des populations de créatures animées, qui possèdent leur individualité, leurs réactions, leur expansion et leur déclin. Le tir de barrage chimique, arme aussi primitive que le gourdin de l’homme des cavernes, s’abat sur la trame de la vie, sur ce tissu si fragile et si délicat en un sens, mais aussi d’une élasticité et d’une résistance si admirables, capables même de renvoyer la balle de la manière la plus inattendue. Ces extraordinaires possibilités de la substance vivante sont ignorées par les partisans de l’offensive chimique, qui abordent leur travail sans aucune largeur de vues, sans le respect dû aux forces puissantes avec lesquelles ils prétendent jouer. Vouloir « contrôler la nature » est une arrogante prétention, née des insuffisances d’une biologie et d’une philosophie qui en sont encore à l’âge de Neandertal… »

Le paludisme en Afrique aurait bien besoin d’être maîtrisée. Certes ! Mais comment ? Faut-il distribuer gratuitement des moustiquaires ? Faut-il espérer des financement internationaux conséquents qui permettraient de découvrir un insecticide miracle valable ad vitam aeternam ? Faut-il éradiquer les moustiques en répandant un gêne de stérilité ? Faut-il laisser la nature se charger de la sélection des humains résistants au paludisme ? La richesse pétrolière de la société actuelle permet de faire  tout cela à la fois. Pour demain, on ne promets rien…

* LE MONDE du 30 novembre 2017, Les progrès contre le paludisme sont menacés

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EELV célèbre le Sida, mais se fiche de la surpopulation

« Toutes et tous solidaires pour mettre fin à l’épidémie du SIDA ». Ainsi se positionnait EELV à l’occasion de la journée mondiale du sida hier 1er décembre. Certes en 2016 cette maladie a tué 1 million de personnes dans le monde, mais 815 millions de personnes sont sous-alimentées dans le monde. La malnutrition provoque même la mort de plus 3 millions d’enfants de moins de 5 ans chaque année. Faisons le lien qu’EELV ne fait jamais entre famine et sida.

Dans son communiqué de presse, le parti qui se dit écolo veut « faire cesser les discriminations envers les personnes séropositives ». Comment dire d’un côté que l’homosexualité c’est bien, il faut faire ce que vous voulez… et penser en même temps que cela va amoindrir les cas de sida ? Il faudrait aussi « améliorer le diagnostic et mettre tout le monde sous antiviraux ». Les Verts présupposent que le service de santé des pays développés peut être généralisé dans tous les pays pauvres. Comment y parvenir ? Les Verts demande aussi au gouvernement de « faire de la prévention chez les jeunes une priorité en assurant, comme le demande la loi, trois séances annuelles d’information sur la vie sexuelle pour chaque élève ». Informons les membres d’EELV que l’information sur la sexualité n’a pas pour première fonction de parler du sida, mais de donner aux jeunes les moyens de mieux maîtriser leur relation à autrui et d’éviter de faire des enfants non désirés. Ils ajoutent une observation bizarre : « le maintien d’une stratégie tout-répressif en matière d’usage des drogues constitue un obstacle à la prévention sur la transmission ». Cela veut-il dire que l’état fournit des seringues neuves pour les drogués ? EELV n’élève jamais le débat pour aborder la problématique démographique, il se contente de son positionnement libertaire traditionnel, pro-homosexuel, pro-drogue, pro-liberté individuelle tout azimut.

EELV conclut : « Quand les solutions existent, il est temps de les appliquer avant que l’inaction ne devienne complice de ces morts qui pourraient être évitées. » Oui, on peut éviter beaucoup de morts, mais c’est en faisant du planning familial à grande échelle, pas en restant polarisé sur le sida. Le préservatif est toujours conçu comme un moyen d’éviter le sida, jamais dans sa destination première qui est d’éviter de faire des enfants. D’un côté 1 million de mort par sida qui résulte trop souvent d’une conduite à risque des individus. De l’autre le problème collectif des millions de morts de faim qu’EELV laisse à leur triste sort. Un vrai parti écolo lutterait contre la surpopulation qui entraîne la famine. Mais EELV a complètement oublié ses origines, le message de l’écolo René Dumont lors de la présidentielle 1974 : « Il faut réagir contre la surpopulation. En Inde surpeuplée certes, mais surtout chez les riches : 500 fois plus d’énergie consommée par tête à new York que chez le paysan indien. Ce qui remet en cause toutes les formes d’encouragement à la natalité, chez nous en France. » EELV veut ignorer la surpopulation mondiale, c’est un aveuglement qui n’est pas digne d’un écolo.

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Dissocier natalité et niveau de vie est vraiment débile

Dissocier natalité et niveau de vie pour combattre le réchauffement climatique est complètement débile. C’est pourtant ce que fait Gaël Giraud, de l’Agence française de développement. Voici un débat reconstitué à partir des commentateurs du monde.fr*

Gaël Giraud : A juste titre, les signataires de l’appel des 15 000 scientifiques évoquent la nécessité d’étudier avec sérieux les bornes que la capacité de charge limitée de la planète impose à la croissance démographique. Il est tentant d’en déduire que la limitation de la démographie humaine devrait être un facteur essentiel, sinon prioritaire, de la lutte contre les effets du dérèglement climatique. La réalité, c’est que la moitié des émissions de gaz à effet de serre liées à l’activité humaine n’est le fait que de 10 % de la population mondiale, les plus fortunés. La réduction du train de vie des plus riches, voilà la véritable priorité !
SIAP : La priorité est de faire les deux, et sans approche idéologique.

et en même temps : « La priorité est de réduire le train de vie des plus riches, pas la natalité des plus pauvres » : NON la priorité est de réduire le train de vie des plus riches ET EN MÊME TEMPS la natalité des plus pauvres.

Gaël Giraud : Rien ne doit pas servir d’alibi pour dissimuler une partie des responsabilités des ménages les plus riches de la planète.

Fouilla : Il faudrait donc « découpler le niveau d’émissions et le revenu des ménages », super ! Mais a-t-on le début d’une idée sur le « comment » ? à part bien sûr demander au ménage d’enterrer son pognon dans son jardin…

Gaël Giraud : L’Afrique compte aujourd’hui 1,2 milliard d’habitants et en abritera peut-être comptera-t-elle 4,2 milliards d’habitants d’ici à la fin du siècle. Lutter contre le réchauffement passe-t-il d’abord par l’infléchissement de la courbe démographique africaine ?

PATRICK VOLUT : Bravo Monsieur le directeur de recherches ! Vivement que les petits Africains soient aussi nombreux que les etoiles du ciel,.. et ce sera comme au Paradis, Bien vu !

Gaël Giraud : Les coupables tout désignés sont les mères qui vivent aujourd’hui dans la bande sahélienne, dont les taux de fécondité n’ont baissé que très faiblement depuis trente ans.

JEAN CLAUDE MEYER : Certes ce ne sont pas les plus pauvres qui carbonise notre planète, mais ce sont eux qui menacent les équilibres régionaux par une production d’enfants qu’ils ne peuvent éduquer et même nourrir. La croissance exponentielle de la race humaine est et va continuer d’être la plus grave menace pour nos sociétés. Alors faisons TOUT pour la freiner ou au moins confiner cette prolifération là où elle existe.

Gaël Giraud : Le centile le plus riche de la planète émet en moyenne 71 tonnes de CO2 et bénéficie d’un revenu annuel moyen de 135 000 dollars (en parité de pouvoir d’achat 2014). En revanche, les 50 % des humains les plus pauvres du globe n’émettent qu’un dixième des gaz responsables du réchauffement d’origine anthropique.

JD :Vision simpliste d’un chercheur bien-pensant. Supposons que ces riches acceptent enfin de consommer moins d’énergie. Les 4 milliards d’africains qui seront fiers de leurs nouvelles voitures se chargeront de produire tout le CO2 nécessaire pour continuer à réchauffer la planète.

Gaël Giraud : Où se situe la priorité ? Dans la réforme des habitudes de consommation des plus privilégiés, ou dans le contrôle des naissances de 3,5 milliards de personnes. La réduction du train de vie des plus riches, voilà la véritable priorité !

MICHEL LORGEOU : Curieux comme raisonnement ! vous croyez que les pauvres, une fois riches ne voudront pas le même niveau de vie que nous ? Le plus bel exemple est la Chine .

Gaël Giraud : Quant aux politiques antinatalistes auxquelles pensent certains pour limiter la pression démographique subsaharienne, il faut rappeler que l’Inde a tenté de mettre en œuvre une politique de contrôle des naissances extrêmement brutale. Résultat : le taux de fécondité a continué d’augmenter.

MICHEL SOURROUILLE : Citer la politique brutale de stérilisation faite en Inde dans les années 1950 pour essayer de déconsidérer les politiques antinatalistes est immonde. On ne peut prêter à autrui des intentions non exprimées. Les adhérents de « Démographie responsable » veulent seulement un planning familial plus généralisé et une aide au développement qui finance largement cette politique, ce qui n’est pas le cas à l’heure actuelle.

Gaël Giraud : En Chine, les analyses les plus récentes suggèrent que la contribution de la politique de l’enfant unique à la chute de la fécondité des femmes chinoises serait faible.

Marabbeh : Allez dire aux chinois que la politique de l’enfant unique n’a eu aucun effet sur la démographie !

Gaël Giraud : Infléchir la courbe démographique sahélienne est un objectif de développement légitime. Mais au fond, c’est le développement durable qui garantira la reprise ou l’accélération de la transition démographique en Afrique.

observateur : En Afrique, la baisse de la croissance démographique était une condition du « développement économique, social et culturel » de l’Afrique (terminologie des années 60). Il semble que ce « développement » ne s’est pas produit, et la démographie reprend de plus belle ! Que faire ?

Gaël Giraud : L’alternative à notre portée consiste donc bien à réduire les émissions des plus riches d’entre nous.

Hmmmm :C’est une erreur assez grossière de considérer le CO2 comme le seul problème « écologique » de l’humanité ! Les particules fines, la production alimentaire, entre autres, sont aussi des problèmes im portants. Quand bien même on se limite au réchauffement, le méthane réchauffe aussi… Il faudra dans tous les cas limiter la population mondiale, que ce soit à 8, 10, 20 ou 50 milliards. Pourquoi ne pas commencer tout de suite ?

Gaël Giraud : Il serait ridicule de croire que nos écosystèmes sont capables de supporter la pression anthropique d’une quantité infinie d’humains. Ne fût-ce que parce que le corps humain a besoin d’une surface minimale pour se déployer dans l’espace !

MICHEL SOURROUILLE : Reconnaître que « nos écosystèmes sont incapables de supporter la pression anthropique d’une quantité infinie d’humains » devrait nécessairement entraîner comme conclusion qu’il faut agir sur notre nombre, qui tend vers l’infini, ce que ne fait pas Gaël Giraud ! De plus envisager que « le corps humain a besoin de se déployer dans l’espace », c’est oublier que toutes les autres espèces ont aussi besoin d’espace pour exister, ce qui devrait aussi nous inciter à être moins nombreux…

* LE MONDE du 25 novembre 2017, Climat : « La priorité est de réduire le train de vie des plus riches, pas la natalité des plus pauvres »

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Pourquoi les Verts allemands ne sont pas crédibles

Les Verts allemands, comme leurs homologues français, sont restés un repaire de pseudo-révolutionnaires qui recyclent les thèmes de l’ultra-gauche, le revenu pour tous sans travailler, la GPA (gestation pour autrui) pour tous et la PMA (procréation médicalement assisté) pour toutes, un féminisme outrancier et un amour immodéré des immigrés. Leur tâche principale qui devrait être de porter haut et fort l’urgence écologique disparaît alors complètement aux yeux de l’électeur. Des fondamentaux comme le réchauffement climatique, ils le laissent à Merkel et Macron qui n’en font pas grand-chose non plus.

Dans leurs négociations actuelles pour former un gouvernement, les Verts allemands exigent de renoncer au plafonnement à 200 000 par an du nombre de réfugiés susceptibles d’être accueillis en Allemagne, ainsi qu’à l’interdiction du regroupement familial pour ceux bénéficiant de la « protection subsidiaire ». Une loi de 2016 empêche en effet les réfugiés qui n’ont obtenu qu’un titre de séjour d’un an renouvelable de faire venir leur famille. Ils souhaitent cependant un allongement de la liste des « pays d’origine sûrs » et la multiplication des centres d’accueil pour demandeurs d’asile afin de mieux contrôler leur présence sur le territoire*. Sans vouloir remonter plus loin, on en est resté à l’époque des camps de Harkis en France, l’isolement par incapacité d’intégrer les nouveaux arrivants. Sans rentrer plus loin dans ce débat, notons que l’immigration est d’abord un problème écologique, lié à la capacité de charge des différents territoires. Vouloir un libre accès total dans un pays est un non-sens écologique, la libre circulation des personnes un mythe.

Nous rappelons aux Verts franco-allemands la campagne « Halte à la surpopulation – Oui à la préservation durable des ressources naturelles ». L’association Ecologie et population (Ecopop) avait le 30 novembre 2014 soumis à référendum en Suisse une initiative voulant limiter la croissance annuelle de la population due à l’immigration à 0,2 % sur une moyenne de trois ans. Il pourrait donc immigrer  environ 16 000 personnes/an de plus que celle qui émigrent. Actuellement, chaque année 95 000 personnes quittent la Suisse. Par conséquent, il pourrait encore immigrer 110 000 personnes. Ecopop demandait aussi que 10% des fonds de l’aide au développement de la Confédération soient consacrés à la planification familiale VOLONTAIRE dans les pays bénéficiaires. L’accès à la planification familiale volontaire est considéré depuis 1968 comme faisant partie des droits de l’homme des Nations Unies. Chaque année, il y a dans les pays en développement env. 80 millions de grossesses non désirées à l’origine d’un tiers de la croissance de la population mondiale. La pression démographique (pas seulement migratoire), en Suisse ou ailleurs, fragilise le tissu social : logements trop chers, allongement des distances entre domicile et travail, engorgement des infrastructures, déséquilibres divers entre les humains et leur milieu naturel. Pourtant il faut noter qu’aucun parti, y compris à l’extrême droite, ne fait un lien entre démographie et dégradation de l’environnement. Démographie et écologie reste un sujet extrêmement tabou, même pour les écologistes institutionnels.

* LE MONDE du 21 novembre 2017, Ce qui a fait obstacle à la formation d’une coalition en Allemagne

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Rémi Barroux, un journaliste vendu au natalisme

Le journaliste Rémi Barroux est un pervers qui multiplie les phrases assassines pour occulter le risque démographique. Discutons ses propos*.

Rémi Barroux : « Le constat n’est pas discutable, l’humanité a augmenté de 2 milliards d’individus entre 1992 et 2017. Pour autant, le constat ne vaut pas prévision. »

Biosphere : L’humanité a augmenté constamment ces dernières décennies de 1 milliard en moyenne tous les douze ans. Le passé ne dit pas grand-chose sur l’avenir sans doute, mais comme nous avons déjà pillé la planète, souvent de façon irréversible, nous nous doutons que nos générations futures vont grandement souffrir. Pour limiter les dégâts, cela implique la nécessité d’une baisse drastique de la population en valeur absolue. Comme il y a de fortes probabilités que les dirigeants ne prendront par la fécondité à bras-le-corps, il y aura une accentuation des guerres, famines et épidémies comme le prévoyait déjà en 1798 Malthus.

Rémi Barroux : « Depuis une cinquantaine d’années, la croissance diminue. Des + 2 % annuels de croissance démographique mondiale dans les années 1960, on est passé à + 1 %. Et on devrait arriver prochainement en dessous du seuil de 1 %. »

Biosphere : Le taux de croissance démographique mondiale a certes diminué, mais cela ne veut nullement dire qu’il y a décroissance de la population mondiale. Au dessus de 0 %, il s’agit toujours d’une évolution exponentielle de type 1-2-4-8-16…. Albert Jacquard faisait remarquer que, avec un taux d’accroissement de 0,5 % par an, la population humaine, qui était d’environ 250 millions il y a  deux mille ans, serait de 5000 milliards aujourd’hui.

Rémi Barroux : « La planète supporte bien 2 milliards d’habitants supplémentaires. »

Biosphere : Rémi Barroux commente un avertissement de 15 000 scientifiques constatant le fait que l’humanité pousse « les écosystèmes au-delà de leurs capacités à entretenir le tissu de la vie ». Il a le culot d’écrire l’inverse.

Rémi Barroux : « Par ailleurs, un taux de fécondité autour de 2,5 enfants par femme au niveau mondial ne signifie pas grand-chose. Plus de la moitié des pays de la planète connaissent un taux inférieur au taux de renouvellement. »

Biosphere : Gladstone tenait les statistiques pour la forme la plus élaborée du mensonge. On ne fait dire aux chiffres que ce qu’on veut leur faire dire. Ce n’est pas parce que certains pays ont un taux de reproduction faible que cela invalide une moyenne mondiale. Cela veut même dire que les autres pays sont très au-delà de 2,5 enfants par femme !

Rémi Barroux : « Et en Chine, la politique de l’enfant unique par famille a été abandonnée, pour contrer les effets du vieillissement de la population qui, rappelons-le, représente près de 20 % de l’humanité. »

Biosphere : Barroux reprend la tarte à la crème du danger du vieillissement. Rappelons que cet argument n’est valable que pour les pays où les pensions de retraite sont financées par la collectivité, par les actifs. Faire plus d’enfants pour payer la retraite des vieux veut dire beaucoup plus de vieux dans l’avenir, c’est un cycle sans fin et autodestructeur. D’autant plus que les nouveaux arrivant sur le marché du travail risquent fort de se retrouver au chômage et donc population à charge comme les retraités ! Si la Chine fait n’importe quoi aujourd’hui, cela ne veut pas dire qu’il faut suivre leur exemple.

Rémi Barroux : « Le démographe Hervé Le Bras rappelle que« tout change très vite… La Tunisie est en dessous du seuil de reproduction alors qu’elle était encore à près de 7 enfants par femme il y a cinquante ans »

Biosphere : Le cas de la Tunisie est mal venu, car ce pays a une faible population (12 millions d’hab.) comparé aux 2 géants voisins que sont l’Algérie (42) et l’Egypte (98) où « tout change très vite » mais dans l’autre sens puisque les taux de fécondité y sont en hausse…

Rémi Barroux : « Dans leur avertissement à la planète, les scientifiques avancent qu’il serait « idéal » de s’en tenir au maximum au niveau de renouvellement de la population. C’est déjà quasiment le cas, répondent les démographes. « Et si vous extrapolez la baisse de la croissance de la population observée depuis les années 1950, on pourrait passer de 1 % aujourd’hui à une croissance nulle dans quarante à cinquante ans », avance Hervé Le Bras. »

Biosphere : C’est le problème des démographes, ils disent d’un côté que l’avenir est imprévisible et de l’autre ils aiment faire des extrapolations par rapport au passé. Leur formule fétiche, c’est la transition démographique, le fait de passer d’un taux de fécondé et de mortalité élevés à l’inverse après une période d’explosion démographique. Le problème, c’est que ce schéma validé dans le passé pour les pays déjà développés a besoin d’un développement socio-économique pour voir baisser la fécondité. Or le dépassement des capacité de la planète (cf. l’empreinte écologique) invalide toute perspective d’un développement pour les pays prétendument « en voie de développement ». D’autant plus qu’une croissance démographique rapide fait entrer le pays dans le cercle vicieux « on est pauvre, donc on fait beaucoup d’enfants, donc on est encore plus pauvre… »

Rémi Barroux : « Si on réservait la nourriture, blé, maïs, soja destinée aux animaux pour la consommation humaine, on pourrait nourrir 11 milliards d’humains, affirme Hervé Le Bras. C’est avant tout une question de régime alimentaire : si l’ensemble de l’humanité mangeait comme les Français, les ressources de la planète permettraient de nourrir seulement 4 milliards d’humains. A contrario, avec le régime du Bangladesh, ce serait 12 milliards. »

Biosphere : Le problème est qu’aucun occidental ne voudrait vivre comme un Bangladais et que très peu de Bangladais aspirent à rester à ce niveau de consommation. La sous-nutrition a un impact très négatif sur le fonctionnement cognitif, alors devenir une planète sur-peuplée d’individus très limités, non merci.

Rémi Barroux : « Le problème n’est pas tant la croissance démographique que la gestion des ressources et le changement des modes de vie. »

Biosphere : Je ne rejoins pas la conclusion de l’article, selon laquelle le changement des modes de vie serait plus important que le contrôle de la démographie africaine. Les deux mécanismes sont interdépendants, la croissance démographique est dans tous les cas un multiplicateur des menaces (cf. l’ équation IPAT). Les deux objectifs doivent être conduits en parallèle et avec volontarisme et fermeté. Les effets bénéfiques seront alors cumulatifs.

* LE MONDE du 14 novembre 2017, En vingt-cinq ans, la population mondiale a crû de 35 %

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La Terre ne peut porter que 1 à 2 millions d’humains

Nous pensions crier dans le désert et aujourd’hui 15 000 scientifiques de 184 pays disent la même chose que notre blog biosphere : « Il sera bientôt trop tard ». LE MONDE publie l’intégralité de cet « Avertissement à l’humanité »*, en a fait son titre en UNE, et un éditorial le lendemain**. Cet éditorial passe complètement sous silence la taille démesurée de la population humaine. L’appel des 15000 demandait pourtant aux politiques de « déterminer à long terme une taille de population humaine soutenable et scientifiquement défendable tout en s’assurant le soutien des pays et des responsables mondiaux pour soutenir cet objectif vital. »

La détermination d’une population durablement soutenable a déjà été faite par plusieurs auteurs. La meilleure réponse à notre connaissance est celle de Lierre Keith : « Toute discussion sur la population mondiale doit absolument prendre en compte la notion de capacité limite ou nombre d’humains qu’un environnement donné peut supporter indéfiniment. Aujourd’hui, des milliards d’entre nous ne sont là qu’à cause des combustibles fossiles. William Catton pense que nous avons atteint la population maximale en 1800, année qui marque le début de l’ère des ressources fossiles.Si vous utilisez l’année 1800 comme référence, il y avait environ un milliard de personnes au début de l’ère des combustibles fossiles. Mais je ferais reculer le début d’environ 10 000 ans, au début de l’agriculture. Ce que je propose est le concept de sol fossile. Le sol est une réserve biologique ancienne que nous n’avons cessé de détruire depuis que nous dépendons des céréales annuelles. L’érosion des sols est irréversible car leur formation est si lente qu’on se doit de considérer la couche arable comme non renouvelable. Une population qui dépend d’une réduction des éléments de base de la vie ne peut durer. Si vous utilisez 8000 av.J.-C., il y avait huit millions d’humains sur cette terre. »

Or les terres d’avant le néolithique étaient composées de beaucoup de forêts giboyeuses, d‘espaces humides riches en biodiversité, de rivières poissonneuses, toutes choses qui ont été détruites par la surpopulation humaine. C’est pourquoi 8 millions d’êtres humains sur la Terre, c’est encore trop. Nous ne devrions pas dépasser 1 à 2 millions d’humains équitablement répartis dans la biosphère. Alors le problème politique qui se pose, c’est comment arriver à réduire la population humaine en de telles proportions. Le problème est d’autant plus insoluble qu’il y a une inertie de la croissance démographique. Si toutes les femmes en âge de procréer avaient ne serait-ce que 1,5 enfants (soit en dessous du taux de remplacement qui est d’environ 2,2 enfants par femelle), la population continuerait d’augmenter pendant plusieurs décennies. Comme nous n’avons quasiment rien fait jusqu’à présent pour réguler la fécondité humaine, ce sont les mécanismes mis en évidence par Malthus qui vont se mettre en œuvre de façon encore plus brutale qu’aujourd’hui : guerres, famines et épidémies.

L’éditorial du MONDE rappelait la conclusion de l’« appel des 15 000 » : agir plus tard, ce sera agir trop tard. Pour nous, il est déjà trop tard. Mais il n’est pas exclu que pour limiter les dégâts, il se passe l’événement politique suivant : Le président des États-Unis, le Secrétaire général du parti communiste chinois, le Président russe… ont annoncé ce jour la création d’une Organisation mondiale qui aura vocation à réguler tout phénomène économique, social ou environnemental qui, de par ses causes ou ses conséquences, dépasse le cadre des frontières étatiques et ne peut qu’être abordé au niveau mondial dans l’intérêt général de l’Humanité. Ses principaux objectifs seront la maîtrise démographique et la réduction des inégalités, la construction d’une économie mondiale saine, l’entretien de systèmes soutenables en termes de ressources naturelles, de terres, d’énergie, de biodiversité, et enfin la régulation du climat. Face à l’urgence , des mesures s’imposent à tous dès le 1er septembre de cette année, notamment la limitation stricte des naissances à une par femme dans le monde entier, une taxation mondiale sur les gaz à effet de serre, tant pour les entreprises que pour les particuliers, une interdiction de la production et de la consommation de viande rouge, une interdiction de l’abattage des arbres sauf dans les zones strictement délimitées, un couvre-feu mondial à 22h30 pour économiser l’énergie dans les zones non équipées en énergies renouvelables. Ces mesures peuvent sembler autoritaires et brutales. Elles nous sont imposées par notre laisser-aller collectif depuis des décennies. Toues ont en commun la recherche de l’intérêt général du genre humain. Leur application sera assurée par une force de police, reconnaissables par leurs casques verts, et qui auront tout pouvoir pour signaler et réprimer les manquements constatés. La Déclaration universelle des droits de l’Homme sera refondée pour y inclure des devoirs. »***

* LE MONDE du 14 novembre 2017, « Il sera bientôt trop tard pour dévier de notre trajectoire vouée à l’échec, et le temps presse »

** LE MONDE du 15 novembre 2017, Changement climatique : le cri d’alarme face à l’inertie des Etats

*** Un monde pour Stella de Gilles Boyer, ex-directeur de campagne d’Alain Juppé

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L’immigré pour un sociologue n’est qu’un faire-valoir

En sociologie, il y aurait d’un côté les « analytiques » et de l’autre les « combatifs »*. En d’autres termes de vrais scientifiques à comparer aux militants engagés. En fait c’est un faux débat. La socio«logie» qui se contente de faire des constats n’est pas un logos, mais une simple description (comme le font les démo«graphes»). Le sociologue qui prend parti dans un débat de société en ne présentant qu’un aspect de la complexité sociale n’est plus sociologue. Quand Boudon privilégie le facteur individuel (vive le libéralisme) alors que Bourdieu met en évidence la contrainte sociale (à mort le conditionnement), il y a un biais. La réalité sociale est faite de l’interaction constante entre l’individu et le collectif, c’est le mécanisme de l’interaction spéculaire. En fait la sociologie, c’est ce sur quoi Boudon et Bourdieu sont nécessairement d’accord. On ne peut plus raisonner comme le faisaient les marxistes : ceux qui sont d’accord avec moi sont des scientifiques, ceux qui sont contre moi sont des idéologues. Toutes les « sciences » humaines comme la sociologie, l’économie ou la politique s’intéressent à une réalité mouvante dont les constructions un jour peuvent être déconstruites un autre jour. A une époque d’ailleurs, on ne disait pas « sciences » économiques, mais économie politique. Mais la spécialisation en différentes disciplines a rigidifié les statuts ; économistes et sociologues ont voulu faire croire à la prééminence de leur discipline particulière. La sociologie (comme l’économie) n’est pas une science mais une subjectivité construite qui veut prendre sa part du pouvoir.

Après ces généralités, considérons le cœur de l’article de Michel Guerrin, rédacteur en chef au « Monde », en ce qui concerne l’immigration. Dans un texte d’Olivier Galland « La sociologie du déni », l’auteur affirme que la grande majorité des enquêtes des sociologues qui travaillent sur les immigrés sont construites « autour d’une conception victimaire ». Ces études disent beaucoup sur ce que les immigrés, leurs enfants et petits-enfants subissent, très peu sur ce qu’ils pensent de la France, du mode de vie occidental, du statut de la femme, de la religion, de l’homosexualité, etc. – comme si les immigrés formaient une entité déresponsabilisée par la discrimination. Nathalie Heinich dans un livre de 2009, Le Bêtisier du sociologue, moquait déjà les idéologues de l’observation sociale. Elle qui a fait sa thèse avec Pierre Bourdieu s’en prend aux enfants du maître : « Ils font du Bourdieu mal digéré. Ils sont si orientés, si habités par la culpabilité colonialiste, qu’ils ne découvrent rien, ne voient rien, ne veulent pas le voir, sont juste au chevet du parc des opprimés qu’il ne faut jamais heurter. » Ainsi, nous aurions peu d’études sur la montée de l’antisémitisme chez les musulmans, l’échec du multiculturalisme, les zones de non-droit dans les banlieues, la façon dont la religion a fait disparaître la mixité de l’espace public, etc. Nathalie Heinich l’a constaté à ses dépens : « Poser des questions, c’est être qualifié d’islamophobe ou être mis dans les filets de l’extrême droite. » Dialoguer devient impossible, « Nous vivons une époque de sommations. Si on n’est pas d’un côté, on est de l’autre. »

Notre société qui théoriquement favorise les pensées universalistes se fragmente au contraire en groupes inconciliables. D’un point de vue écologiste, la question des migrations pose le problème de la capacité de charge des différents territoires, des niveaux différenciés de surpopulation et d’activité économique et recouvre en outre bien d’autres contraintes géopolitiques. Mais la commission « immigration » d’EELV (Europe Écologie Les Verts) se contente d’être un relais des associations de sans papiers. Quand on leur demande de se poser la question de la venue d’une masse de personnes chassées de leurs terres et des effets de seuil pour un accueil décent, ils vous traitent de raciste et xénophobe. Ils devraient lire Malthus qui se plaçait déjà dans une perspective holistique au début du XIXe siècle : « L’émigration est absolument insuffisante pour faire place à une population qui croît sans limite… L’émigration, en supposant qu’on en pût faire un libre usage, est une ressource qui ne peut être de longue durée. »

* LE MONDE du 11 novembre 2017, La guéguerre des sociologues

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Euthanasie et eugénisme, même combat

Euthanasie : Quand il est revenu dans la chambre. Nicole dormait encore. Le polochon dépassait du lit. « Et là, je ne sais pas ce qui m’a pris. J’ai pris le polochon, je l’ai mis sur ma femme et je me suis couché dessus. Elle a bougé un peu les bras et les jambes. Quand j’ai enlevé le polochon, j’ai vu qu’elle était morte. » Après 54 ans de mariage, Hubert O. a tué en l’étouffant son épouse atteinte de la maladie d’Alzheimer, avant de tenter de se suicider. La cour d’assises de l’Isère l’a condamné, vendredi, à cinq ans de prison avec sursis.*

Eugénisme : La mort devient parfois une valeur préférable à la vie car certaines existences ne méritent pas d’être vécues. En 1978, j’attendais un enfant. La mère travaillait dans un institut médico-pédagogique, entourée de mongoliens et autres anomalies. Elle était terrorisée à la possibilité de mettre un enfant anormal au monde. J’ai alors pensé sincèrement que si mon enfant à naître ne pouvait être autonome, je l’aurais avec amour doucement étouffé sous un oreiller. Je n’ai pas eu à le faire… Sinon, aurais-je bénéficié du sursis en assises ?

Conclusion : Ce sont là deux exemples d’exercice de la responsabilité par un individu dans une société qui valorise actuellement le droit de vivre à n’importe quel prix. La loi peut changer, c’est ce que s’efforce de faire l’association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) en demandant la possibilité du suicide assisté. Quant à l’eugénisme, il est déjà possible d’avorter quand l’enfant est atteint de mongolisme. L’amniocentèse permet de vérifier la constitution des chromosomes, elle est systématiquement proposée en France aux femmes de plus de 38 ans, le taux de trisomie 21 augmentant avec l’âge de la mère. Si la décision d‘avorter passe en France par le libre choix de la femme, on sait que 90 % décident l’élimination s’il y a trisomie. Il s’agit donc d’un eugénisme « démocratique ». De toute façon une cour d’assises, constituée de citoyens mis en demeure de réfléchir profondément sur des cas particuliers, garde la possibilité de punir si l’individu outrepasse la loi et de pardonner en donnant une peine avec sursis…

* LE MONDE du 5-6 novembre 2017, Hubert, 80 ans : « J’ai tué maman, j’en peux plus »

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815 millions d’affamés et cela ne peut qu’augmenter

Aujourd’hui, 815 millions de personnes se couchent le ventre vide, un chiffre en augmentation par rapport aux 777 millions de personnes recensées en 2015. L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture dans son rapport de septembre préconise de lutter contre toutes les causes de malnutrition de manière intégrée. Malheureusement, la FAO oublie dans son listing l’essentiel, l’explosion démographique. Reprenons les modes d’action envisagés :

– « assurer une production alimentaire durable » : cet objectif sera toujours confronté à la loi malthusienne selon laquelle la population a tendance à suivre une évolution exponentielle (1-2-4-8…) alors que la production nourricière suit des rendements de type linéaire (1-2-3-4…). On a combattu depuis le XIXe siècle la loi des rendements décroissants en agriculture par plus d’engrais et d’énergie, les sols ont été dopés artificiellement, ils sont en bout de course aujourd’hui, et les ressources fossiles sont bientôt inaccessibles. Il ne reste donc principalement que l’action sur la fécondité humaine.

– « améliorer les infrastructures qui acheminent les aliments du champ à l’assiette pour réduire le gaspillage alimentaire ». Se nourrir avec des aliments venus du bout du monde, envoyer les poulets surgelés du Brésil en France ou en Afrique, remplir son frigidaire pour en jeter la moitié, cela n’a pas de sens. Il faut revenir aux circuits courts, ce qui n’est possible que s’il y a désurbanisation et retour à la terre d’une majorité de la population. Cela devient impossible sur une terre surpeuplée où les villes grandissent sous forme de bidonvilles alors que les campagnes se dépeuplent à cause de la concentration des terres aux mains de quelques-uns. Un jour la fécondité humaine sera sévèrement encadrée, sauf à conserver un système inégalitaire où les riches ne meurent jamais de faim.

– « mauvais assainissement » : autant il est facile dans de petites communautés de recycler les déjections humaines, autant cela devient impossible quand une population s’accumule sur un territoire restreint. La chasse d’eau est une invention du diable qui n’est pas généralisable. Il n’y a pas de problème dont la solution ne soit facilitée par la maîtrise de la fécondité humaine.

– « s’appuyer sur des systèmes de santé plus efficaces » : Les moyens qui sont donnés pour l’armement dans des sociétés agressives car trop peuplées ne peuvent aller au système de santé. Pour le dire autrement, on ne peut pas sur une terre aux moyens limités tout faire en même temps. On sait cependant que mettre une bonne partie de nos ressources dans le planning familial ne peut qu’améliorer le sort des générations futures.

– « favoriser l’équité, lutter contre la pauvreté et réduire les risques de conflits ou de catastrophes. » Malthus avait bien montré dès 1798 que si la fécondité humaine n’était pas maîtrisée nous allions vers un monde où guerres, famines et épidémies se multiplieraient. Nous sommes en 2017 et son pronostic est visible tous les jours à la lecture de nos journaux.

* LE MONDE du 5-6 novembre 2017, La malnutrition n’épargne plus aucun pays dans le monde

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Dernier avertissement à l’humanité avant le naufrage

Il y a vingt-cinq ans, l’Union of Concerned Scientists (UCS), et plus de 1 500 scientifiques indépendants − y compris la majorité des lauréats de prix Nobel dans les sciences − ont publié, le 18 novembre 1992, l’« Avertissement des scientifiques du monde à l’humanité » (« World Scientists’ Warning to Humanity »).Ces chercheurs « préoccupés » ont enjoint l’humanité d’en finir avec la destruction de l’environnement, en insistant sur le fait qu’« un changement radical dans notre relation à la Terre et à la vie sur Terre s’avère nécessaire pour éviter la misère humaine à grande échelle. » Les scientifiques co-signataires de l’appel avaient notamment plaidé pour la stabilisation de la population humaine, en décrivant comment la pression démographique sur la Terre − accrue par une augmentation de la population mondiale de 35 % depuis 1992, soit deux milliards de personnes supplémentaires − est si forte qu’elle peut entraver les efforts entrepris dans le sens d’un avenir soutenable. Nous reproduisons ce qui concerne la démographie dans ce deuxième avertissement en 2017 .

Depuis 1992, l’humanité n’a pas réussi à faire les progrès nécessaires pour résoudre les défis environnementaux qui s’imposent à elle. Et, de façon alarmante, la plupart d’entre eux deviennent chaque jour plus incontournables. Nous nous condamnons nous-mêmes en faisant le choix d’une consommation matérielle intense − quoique géographiquement et démographiquement inégale − et en ne prenant pas conscience que la croissance rapide et continue de la population est le principal moteur de nombreuses menaces écologiques et même sociales. A défaut de limiter, de façon adéquate, la croissance de la population, de réévaluer les impacts d’une économie enracinée dans la croissance, de réduire les gaz à effet de serre, de développer les énergies renouvelables, de protéger les habitats naturels, de restaurer les écosystèmes, de mettre fin à la défaunation et de lutter contre les espèces exotiques envahissantes, l’humanité ne prend pas les mesures urgentes nécessaires pour préserver la biosphère. Il est temps de remettre en question et de modifier nos comportements individuels, y compris en limitant notre propre reproduction − idéalement, pour assurer le remplacement de la population tout au plus − et en diminuant drastiquement notre consommation de combustibles fossiles, de viande et de bien d’autres ressources.

Des actions et des étapes urgentes peuvent être mises en œuvre pour que l’humanité prenne le chemin de la soutenabilité, comme :Réduire davantage les taux de fécondité en veillant à ce que les femmes et les hommes aient accès à l’éducation et aux services volontaires de planification familiale, en particulier là où ces ressources manquent encore ; Renforcer l’éducation en plein air pour les enfants et la connaissance générale des milieux naturels ; et enfin, estimer une taille de population humaine scientifiquement défendable et soutenable à long terme, tout en rassemblant les nations et les dirigeants pour soutenir cet objectif vital. Nous devons reconnaître, dans nos vies quotidiennes comme au sein de nos institutions gouvernementales, que la Terre est notre seul et unique habitat.

pour le texte intégral, https://sciences-critiques.fr/nouvel-avertissement-a-lhumanite/

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Pour une politique familiale sans allocations natalistes

Quand on a un faible niveau de revenu, on n’a pas forcément besoin de faire des enfants. Ainsi parlerait un malthusien. Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, inverse les clés du problème : « Quand on a un niveau de revenu élevé, on n’a pas forcément besoin des allocations familiales »*. Il y a vingt ans, Lionel Jospin, à peine nommé à Matignon, avait déjà proposé de soumettre les allocations familiales à des conditions de ressources. En clair, d’en priver les foyers aisés. Le débat ressurgit aujourd’hui avec la proposition d’un député de La République en marche, Olivier Véran, qui suggère de retirer les allocations familiales aux foyers ayant un revenu mensuel supérieur à 6 000 euros. Une telle décision signerait la fin d’un processus engagé par François Hollande, qui les avait rendues dégressives à partir de 5 600 euros mensuels. Sur ce blog, nous penchons vers la neutralité de l’État en matière démographique, c’est-à-dire Une politique familiale sans allocations familiales. Voici avec les commentateurs sur lemonde.fr quelques réflexions actuelles :

Fouilla : Pourquoi tout débat sur la natalité est-il impossible? (ou plutôt contre la natalité) alors que 1) La pollution (au sens global) de notre planète est grosso modo proportionnelle à sa population, 2) Il n’y a pas de boulot pour tout le monde, ainsi si nous avions depuis 20 ans la natalité de l’Allemagne, nous n’aurions pas plus de chômeurs qu’eux !

Politiquement incorrect : Verser des allocations sans contrepartie éducative est vain. La société a-t-elle vocation à permettre à des gens qui n’en ont pas les moyens financiers d’avoir 4, 5 (et plus…) enfants ?

Mauvais sang : Suppression des allocations familiales. Et de toutes subventions, quelques soient leurs objets. Pourquoi? Les choix et décisions individuels doivent être assumés individuellement.

Hélas : Malheureusement, dès in utero à cause des conditions de vie de la mère, les enfants de familles défavorisées ont de moindres perspectives. Mais n’est-ce pas d’abord et avant tout aux parents d' »investir » pour leurs enfants, et donc de n’avoir que les enfants qu’ils peuvent élever décemment ? Cet ajustement est déjà largement fait par les classes moyennes, au détriment parfois de leur envie de 3e enfant par exemple… Pourquoi est-ce encore et toujours à « la société » de payer ?

le sceptique : Il faut s’interroger sur les finalités : en quoi avons-nous besoin d’encourager la natalité alors qu’il existe une forte pression sur les ressources, un travail de plus en plus complexe appelant la qualité et non pas la quantité, un coût important d’éducation par enfant, un besoin de laisser de l’espace pas trop modifié au vivant, une évolution des conflits rendant caduque la « guerre de masse » moderne? Le natalisme est quand même une biopolitique datée et douteuse, non?

Tom : le problème est qu’il y a trop de retraités pour chaque actif. Il faut plus de jeunes !!

@ Tom : Et inciter les plus fragiles à faire 3 enfants ou plus vous paraît de nature à avoir, 20 ans après, des gens employables ? Faites un tour dans les services sociaux ou auprès des juges pour enfants, et on en reparle !

* LE MONDE du 17 octobre 2017, Familles, je vous…

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L’écologie est-elle fondamentalement anti-malthusienne ?

Voici sur une liste de diffusion EELV dédiée au groupe de travail « démographie » un dialogue intéressant à plusieurs titres  :

Sarah : « ce n’est pas la démographie qui fait les migrations »

Michel : la démographie inclut l’accroissement naturel et le solde migratoire, il y a constat et pas lien de causalité. Qu’une commission EELV s’intitule seulement « immigration » montre que le parti se fait plutôt le relais d’une France ouverte à tous vents plutôt qu’à réfléchir sur les limites des flux migratoires. La commission « Immigration » aurait du se transformer en commission « démographie », mais j’ai vu de l’intérieur (j’ai participé à cette commission) que ce groupe était allergique à toute réflexion, ce qui l’empêche d’éclairer véritablement le parti sur les raisonnements à tenir.

Sarah : « les guerres et les dérèglements climatiques font les migrations »

Michel : la causalité des migrations est multifactorielle. Les migrants économiques sont beaucoup plus nombreux que les migrants pour raisons politiques, mais la distinction entre les deux catégories est devenu problématique. Dans l’avenir, le réchauffement climatique et la montée des eaux va jeter sur les routes des centaines de millions de personnes alors que la planète en général et la France en particulier est déjà un espace clos et saturé d’humains. Je n’ai jamais rencontré à EELV une personne qui réfléchisse aux perspectives de migrations de masse.

Sarah : « écologiquement, les pays de l’UE sont plus au point que les pays africains, par exemple sur la gestion des déchets, les normes des véhicules… Donc autant habiter en Europe »

Michel : Écologiquement la France n’est pas au top. Notre pays est saturée de déchets, on ne sait plus quoi en faire, et encore je ne parle même pas des déchets nucléaires. Les normes des véhicules, transgressées comme nous le savons, ne dit rien de la pertinence de l’automobile comme mode durable de déplacement. Écologiquement l’Afrique a encore des animaux sauvages, en France on essaye d’introduire quelques ours ou lynx et cela pose problème.

Sarah : « c’est combien le nombre de réfugiés qui viennent déjà taper à nos portes ? Parce que non, il n’y en a pas tant que ça, au vu des différents chiffres de migration mondiale, y compris ce que nous avons connus par le passé. »

Michel : Les migrations passées se sont déroulées sur des dizaines d’année, et principalement lors des Trente Glorieuses où la France connaissait une croissance économique exigeantes en main d’œuvre. L’afflux actuel est sans comparaison possible, venue d’une Afrique où l’état de surpopulation et de misère socio-économique ne peut que rendre explosif le nombre de migrants. Aujourd’hui le chômage en France approche les 3,5 millions et tout dit que ce chômage ne peut qu’augmenter. Quel emploi offrir à des arrivants supplémentaires ?

Sarah : « Les remarques de ce genre (sur le nombre d’immigrés) puent la xénophobie, et sont complètement à l’encontre des valeurs et des idées écologistes. »

Michel : L’écologie dans le monde actuel est d’abord une pensée des limites. Il s’agit de s’interroger sur le niveau de vie en France qui dépasse largement les possibilités de la planète, sur l’utilisation de technologies disproportionnée par rapport aux possibilités du milieu, etc. Quant aux migrants, l’écologie s’interroge sur la capacité de charge des territoires. L’écologie a une approche réaliste, biophysiques des phénomènes, elle ne porte pas de jugements de valeur de type « humanisme » ou « xénophobie ». Le sentimentalisme ne peut fonder l’écologie politique, car il s’agit de prendre des décisions concrètes, il est vrai parfois difficile à prendre, mais qu’il faut prendre si on veut préserver des territoires durables et viables.

Précision : le groupe de travail « démographie » avait été créé le 28 octobre 2014 par le BE (bureau exécutif d’EELV). Le membre du BE qui théoriquement relayait ses activités est mort sans avoir donné signe de vie auparavant. Autant dire que depuis trois ans, le parti n’a tenu aucun compte des réflexions de ce groupe. On a pu même vérifier auprès de l’ex-présidentiable Yannick Jadot que la pensée officielle était circonscrite à « qui on commence par supprimer ?». Comme si la complexité de la problématique écologique se résumait à cette seule phrase dont l’absence de pensée reste flagrante.

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Mon meilleur conseil, faites-vous vasectomiser

« Le Mythe végétarien »* n’y va pas par quatre chemins : «  La quête d’une économie juste, durable et locale finira par nous mener à la triste conclusion que nous sommes tout simplement trop nombreux. Notre espèce souffre de surpopulation, et c’est le cas depuis 10 000 ans. Aujourd’hui, des milliards d’entre nous ne sont là qu’à cause des combustibles fossiles. La population mondiale est censée atteindre les 9 milliards en 2050. En parallèle, les réserves piscicoles seront épuisés, les nappes phréatiques trop profondes pour être exploitées et les dernières parcelles de couche arable seront devenues poussière. Toute discussion sur la population mondiale doit absolument prendre en compte la notion de capacité limite ou nombre d’humains qu’un environnement donné peut supporter indéfiniment. Au lieu d’occuper une niche à l’intérieur d’un écosystème, les humains se sont mis à occuper des écosystèmes entiers, transformant des communautés biotiques en monocultures. Chaque extension de la capacité limite a consisté à détourner une certaine fraction des ressources vitales terrestres depuis d’autres espèces de vie vers notre propre espèce. Il y a environ 10 000 ans, nos ancêtres horticulteurs ont commencé à prendre possession de terres pour y faire pousser des cultures à destination de la consommation humaine. Sans cela, ces terres auraient continué à accueillir des arbres, des terres humides et tous les animaux qui en dépendent, mais moins d’êtres humains.

Il y a manifestement plus d’habitants au Japon ou en Grande-Bretagne que ce que la terre peut nourrir. Ils vivent sur la superficie fantôme. Les exploitations agricoles d’un pays, ses pâturages et ses forêts constituent la superficie visible. La superficie fantôme représente les sources de nourriture au-delà de ses frontières. En Grande Bretagne, plus de la moitié de la nourriture du pays provient de l’extérieur. Si les Japonais ne s’appuyaient pas sur la pêche aux quatre coins de la planète et des produits agricoles venant de pays exportateurs, les deux tiers des habitants mourraient de faim. Une fois la capacité limite du pays atteinte, les individus supplémentaires ne peuvent être alimentés qu’à l’aide d’importations en provenance des superficies fantômes. Comme il n’y a pas de famine au Japon ou en Grande-Bretagne et que les magasins sont remplis d’aliments de base, les gens ne se rendent pas compte qu’ils ont collectivement dépassé la capacité de leur localité, de leur région biogéographique et de leur pays. De plus notre dépendance au pétrole, au gaz et au charbon produit une capacité limite fantôme. L’environnement ne peut supporter notre niveau de population indéfiniment, mais uniquement jusqu’à épuisement des combustibles fossiles. Nous avons découvert comment transformer les réserves d’énergie en énergie comestible. Nous exploitons des hectares fossiles, nous récoltons la lumière du soleil stockée depuis des millions d’années. Mais le pétrole ne sera plus jamais aussi accessible ou bon marché. Chaque seuil technologique que nous avons atteint n’a fait qu’accroître le problème en augmentant à la fois notre population et notre consommation. Nous épuisons les réserves, le capital naturel de la Terre, et lorsque le pétrole, les terres, le poisson et l’eau auront disparu, nous mourrons de faim. William Catton pense que nous avons atteint la population maximale en 1800, année qui marque le début de l’ère des ressources fossiles. Mais je ferais reculer le début d’environ 10 000 ans, au début de l’agriculture. Ce que je propose est le concept de sol fossile. Le sol est une réserve biologique ancienne que nous n’avons cessé de détruire depuis que nous dépendons des céréales annuelles. L’érosion des sols est irréversible car leur formation est si lente qu’on se doit de considérer la couche arable comme non renouvelable. Une population qui dépend d’une réduction des éléments de base de la vie ne peut durer. Si vous utilisez l’année 1800 comme référence, il y avait environ un milliard de personnes au début de l’ère des combustibles fossiles. Si vous utilisez 8000 av.J.-C., il y avait huit millions d’humains sur cette terre.

Nous ne sommes pas différents des bactéries dans un tonneau de vin. Rien n’étant là pour les arrêter, elles se reproduisent à un rythme exponentiel jusqu’à avoir épuisé toutes les ressource alimentaires. Puis elles meurent, empoisonnées par leurs propres déchets. Place au processus naturel appelé succession. En rendant leur habitat non adapté à leurs propres besoins, les organismes les rendent plus approprié à d’autres espèces, leurs successeurs. »

* Le Mythe végétarien de Lierre Keith, aux éditions pilule Rouge (2013)

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