démographie

Vincent Lambert et le droit de mourir dans la dignité

La Cour européenne des Droits de l’Homme vient de rendre sa décision : la volonté de Vincent Lambert devra être respectée… Il fera l’objet d’une sédation accompagnée d’une privation d’alimentation et d’hydratation. Voici le point de vue de l’ADMD (association pour le droit de mourir dans la dignité)

Espérons que ce calvaire due à la loi Leonetti ne s’éternise pas…
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Mais que se cache-t-il derrière la pratique de la sédation profonde ? Témoignage d’une adhérente de l’ADMD : « La sédation profonde est un laisser souffrir, c’est par l’expérience qu’on le découvre… »
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pour en savoir plus, articles antérieurs sur ce blog :
Vincent Lambert, qui peut décider de sa fin de vie ?
…Cette question, toute personne au bord du suicide se la pose : ma vie vaut-elle vraiment la peine d’être vécue ? Cette question, d’autres se la posent pour vous quand vous n’êtes plus en état de conscience…
Les Pro-life se veulent encore plus fort que la loi
… Dans le cas de Vincent Lambert, en vie artificielle depuis vingt mois, le Conseil d’Etat a finalement jugé légale la décision de l’équipe médicale du CHU de Reims de mettre fin à son alimentation et son hydratation artificielles. Dans un monde sans repères comme le nôtre, les parents de Vincent vont encore faire appel de cette décision du Conseil d’Etat devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH)…
Fin de vie, encore une mesurette de François Hollande
… Deux parlementaires ont proposé que soit mise en place une sédation « profonde et continue » pour les malades en fin de vie…

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rôle de la démographie dans le réchauffement climatique

1/2) rôle de l’accroissement démographique dans les émissions de gaz à effet de serre
L’Institut international pour l’analyse des systèmes appliqués (IIASA) basé à Vienne : « Notre étude a montré qu’un ralentissement de la croissance démographique pouvait favoriser une réduction notable des émissions de gaz à effet de serre. » Si l’on venait à réaliser la plus basse projection onusienne de croissance démographique, cela seul contribuerait « à hauteur de 16 à 29 % à la réduction d’émissions requises pour juguler les graves conséquences du réchauffement mondial ». (octobre 2010)
Optimum Population Trust (OPT au Royaume-Uni) affirme que la croissance démographique ne devrait pas dépasser le milliard additionnel en 2050, comparativement aux 2,3 milliards que prévoit l’ONU : « Si les mères de la planète réduisaient le nombre d’enfants qu’elles mettent au monde, en 2050 il pourrait y avoir 1,2 milliards de responsables du changement climatique en moins par rapport aux chiffres escomptés. » Une personne inexistante n’a pas d’empreinte écologique : l’économie d’émissions est immédiate et totale. La plus efficace des stratégies individuelles contre le changement climatique consiste à limiter le nombre d’enfants que l’on a. La plus efficace des stratégies nationales et internationales consiste à limiter la taille de la population. C’est une stratégie d’autant plus pertinente dans les pays développés comme le Royaume-Uni en raison de leurs niveaux élevés de consommation.
David Satterthwaitte : Entre 1980 et 2005, l’Afrique subsaharienne a généré 18,5 % de l’accroissement démographique mondial et 2,4 % de l’augmentation des émissions de dioxyde de carbone. La Chine a généré 3,4 % de l’accroissement démographique mondial et 44,5 % de l’augmentation des émissions de dioxyde de carbone.
Frederick Myerson : « Il me semble plus facile de réduire les grossesses non désirées, un objectif que nous savons pouvoir accomplir par l’amélioration des services de santé génésique et de l’éducation, que de miser sur une réduction des émissions par habitant, un point sur lequel nos résultats demeurent médiocres (avril 2008)
Ian Angus et Simon Butler : Si la quantité de CO2 dans l’atmosphère est telle qu’un dangereux changement climatique est vraisemblable, cela démontre qu’il faut transformer l’activité humaine et non qu’il y a trop de monde.

2/2)  rôle de l’immigration dans les émissions de gaz à effet de serre
D’après le canadien William Rees, coauteur du concept d’empreinte écologique, non seulement l’immigration nuit à l’environnement du pays d’arrivée, mais l’argent que les immigrants envoient à leur famille restée au pays entraîne aussi une hausse de la consommation qui « aggrave la pollution et l’épuisement net des ressources », en plus de « court-circuiter toute rétroaction négative qui aurait pu mener autrement à l’instauration de politiques nationales visant à modérer la croissance démographique et la détérioration écologique ».
Federation for American Immigration Reform (FARM) : « Les Etats-Unis ne pourront réduire de façon substantielle leurs émissions de CO2, à moins de restreindre fortement l’immigration. »
Center for American Studies (CIS) : Si les immigrants établis aux Etats-Unis étaient restés dans leur pays d’origine, le total estimé de leurs émissions annuelles de CO2 ne serait que de 155 tonnes. C’est 482 millions de tonnes en moins que les 637 tonnes qu’ils devraient produire aux Etats-Unis. Cette hausse de 482 millions de tonnes traduit l’impact de l’immigration sur les émissions mondiales. »
Ian Angus: De tels arguments ponctuent les propos réactionnaires qui justifient par la « surpopulation » la suppression de l’aide aux pays pauvres, l’élimination de l’aide sociale et la fin de l’immigration vers les pays riches des habitants du tiers-monde. (conférence de juin 2010)

(extraits du livre Une planète trop peuplée ? (le mythe populationniste, l’immigration et la crise écologique) de Ian Angus et Simon Butler)

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La Méditerranée à l’heure des naufrages et des quotas

La France est invitée par la commission européenne à accueillir 9 127 migrants en deux ans*. Voici les réactions de quelques commentateurs du monde.fr :

Marcel Godefroy : et le 9128 ème on le fiche à la baille ??? je ne suis pas favorable hors cas spécifique d’accueil des immigrés qui viendront grossir les bataillons de chômeurs, sans ressources, sans logis ce qui est digne des maffias de passeurs. Il faut cesser de leurre ces pauvres gens : ici il n’y a rien pour eux . Ce décompte de 9127 est ridicule : l’œuvre d’un technocrate malade des chiffres !
Jean-Yves Le Roy : Voilà bien de la stupide et splendide bureaucratie. En un week-end de beau temps( en méditerranée) ce chiffre est décuplé.
Verka Serdiouchka : on a déjà suffisament de primitifs dans le 9-3 et un peu partout aileurs. Non merci.
Richard Novak : Comme pour le tgv, je suis d’accord mais pas près de chez moi!
Christophe ROSE : Je ne lis que des égoïstes qui ne sont pas en contact avec ces personnes, leurs enfants et leurs blessures. Pendant ce temps des gens souffrent et meurent.
Marion : Dans ce cas, Christophe ROSE, acceptez d’accueillir une famille d’Afrique chez vous !
Plus il y a de fromage, plus il y a de trous : Le comble de l’absurde sera atteint quand on verra dans l’avenir les procès pour racisme se multiplier, et que les avocats dénonceront la justice et la police au service des Blancs.
Louise Martin : Accueillir des réfugiés (et non simples « migrants ») pour le temps où ils sont menacés dans leur pays est normal si leur demande d’asile est acceptée après examination sérieuse. Le problème vient plutôt de l’immigration économique clandestine bien plus nombreuse qui arrive en même temps.
Félix incognito : …et peut etre aussi des membres de Daesh qui sont assurés d’etre répartis sur l’ensemble de l’UE. Très pratique.
Problème : ils sont 500.000 à vouloir traverser la mer pour venir en Europe; l’année prochaine et les autres : combien de millions ? que vont-ils devenir en France ? veut-on avoir d’immenses bidonvilles ? il faut avoir vu comme moi les camps le long du RER B, ou sous la ligne 6 du metro aerien, ou les distributions de repas à des centaines de migrants place Stalingrad pour être inquiet.
Amalgame : Réfugiés et migrants sont deux concepts totalement différents. Un(e) réfugié(e) a un droit à etre protégé car sa vie est en danger dans son pays d’origine. C’est l’un des fondements du droit humanitaire, universellement reconnu. La Commission Européenne demande à la France d’accueillir des demandeurs d’asile, qui ont du fuir leur pays, pas des migrants, ça n’a rien à voir.
Démographie Responsable : Accueillir dans l’urgence est une nécessité. Mais sans s’attaquer à la racine du mal, on ne fera que pérenniser, voire amplifier le problème. Sur le long terme, l’UE doit aider massivement les PVD à sortir de la spirale infernale de la démographie galopante.
Matamore Poil-à-gratter @Démographie Responsable : Oui, vous avez totalement raison. Heureusement que l’Afrique du Nord et même l’Iran se soient engagés dans la fameuse voie de la « transition démographique », parce que, tenez-vous bien, le Nigéria à lui tout seul fait autant d’enfants chaque année que l’UE toute entière. Vous ne rêvez pas, bienvenue dans le futur.
Mix&Remix : on voit une barque d’immigrés surchargé ras le bord au milieu de la méditerranée. Un immigré s’exclame : « J’espère arriver vivant en Italie ». Un autre de répondre « … Et trouver un boulot d’esclave en Angleterre ! » (dessin paru dans Siné mensuel n° 42 de mai 2015) + « Le Matin » en Suisse + LE MONDE du 24-25 mai 2015)
* LE MONDE du 28 mai 2015, La France invitée à accueillir 9 127 migrants en deux ans

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Deux visions opposées de la question démographique

Ci-dessous de la part de deux correspondants différents. Nous attendons vos commentaires 🙂

1/2) Une vision optimiste de la politique démographique
Ne baissons pas les bras sur ce sujet. Les causes de l’accroissement démographique sont assez bien documentées. Les possibilités d’évolution positives ont aussi été bien étudiées.
Certains pays ont réussi à maîtriser leur démographie par la coercition comme la Chine. La stabilisation démographique chinoise explique en partie le boom économique de ce pays qui a investi dans la production des sommes d’argent importantes qui auraient du être consacrées à l’éducation de plusieurs centaines de millions d’enfants qui ne sont pas nés par cette politique. Le gouvernement chinois le revendique comme un succès de planification économique.
Dans d’autres pays, c’est l’éducation qui a permis une baisse de la natalité. Dans le détail, il y a dans un premier temps l’éducation des garçons qui ne produit pas de réduction de la natalité mais qui permet l’acceptation dans un deuxième temps de l’éducation des filles qui elle engendre la réduction de la natalité. La mise en place de systèmes de sécurité sociale est aussi un facteur positif pour obtenir une dénatalité car les enfants sont souvent perçus comme une assurance maladie, invalidité, vieillesse intra-familiale. Cette voie « douce » est plus longue : au moins deux générations.

2/2) Une vision pessimiste de la question démographique
Le problème c’est qu’on n’a pas le temps d’attendre deux générations pour stabiliser la population à 50 % au dessus du niveau actuel alors qu’on « consomme » déjà l’équivalent de 1,9 planètes. Or il est démontré que l’amélioration globale de la consommation d’énergie physique par $ du PIB depuis 50 ans est minime (environ 1% par an) et absolument insuffisante pour compenser la hausse des besoins par personne et encore moins la hausse du nombre de personnes. Nous voulions un « facteur 4 » entre consommation globale de 1990 et celle de 2050 pour revenir à un peu moins d’une planète consommée, on en sera probablement très loin.
Les destructions cumulées (car en gros on bouffe le capital planétaire au lieu de vivre sur le revenu qu’il génère) et notamment l’aggravation du pillage des océans, leur acidification et réchauffement croissant, la destruction de la couche de sols fertiles, la hausse de la pollution des eaux, la diminution de la surface de forêts humides, la fonte du pergélisol qui risque de relâcher du méthane qui y actuellement piégé, le même phénomène avec les chlatrates (méthane piégé dans des sols gelés sur les talus océaniques que le Japon rêve d’exploiter!), la diminution de la biodiversité végétale et animale, la baisse de l’EROEI de toutes les énergies et surtout des plus denses et des plus faciles à exploiter, tout cela rend notre milieu naturel progressivement de plus en plus hostile à l’homme et aux autres espèces.
Comme on constate que les tenants d’une décroissance maîtrisée car voulue sont en nombre beaucoup trop faible pour peser sur les décisions politiques, nous aurons une décroissance subie sous forme de décrochages suivi d’un effondrement général. On pourra alors chanter « c’est la chute finale » ! Il y aura comme d’habitude des guerres civiles et inter-étatiques, des épidémies, du sang, de la sueur et des larmes mais pas d’avenir radieux au bout… sauf pour quelques centaines de milliers de personnes qui sauront se protéger pendant les décennies suivantes en accaparant les stocks de matériels conservés d’avant l’Effondrement.

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Make in India, un rêve qui ne crée pas assez d’emploi

Elu en mai 2014 sur un projet d’industrialisation*, le premier ministre Narendra Modi tourne le dos aux enseignements de Gandhi et de Malthus. En Inde, 750 millions d’Indiens sur 1,25 milliard ont moins de 25 ans. D’ici à 2025, 10 à 12 millions d’actifs supplémentaires vont se présenter chaque année sur le marché du travail. Parallèlement, une quinzaine de millions d’emplois disparaîtront dans le secteur agricole. Si l’on veut éviter que le dividende démographique ne se transforme en génération perdue, ce sont 100 à 130 millions d’emplois qu’il faudrait créer, hors agriculture, dans les dix prochaines années. La pauvreté frappe 30 % des Indiens mais le choix industriel ne pourra pas créer suffisamment d’emploi, sans parler de l’exploitation programmée de la main d’œuvre. De plus il détériorera l’environnement, épuisement des ressources fossiles, émissions de gaz à effet de serre, pollutions diverses. L’Inde deviendrait avant 2025 le troisième importateur net de brut, derrière les Etats-Unis et la Chine, et le troisième émetteur de CO2.

L’Inde n’aurait jamais du abandonner la voie choisie par le mahatma Gandhi. Le premier mouvement de résistance non violente conduit par Gandhi, de 1919 à 1922, avait pour thème la charkha (petit instrument ancestral de filage) et le khadi (toile artisanale), base d’une prospérité écrasée par la « machinerie de Manchester ». Gandhi voyait un grand danger dans toute innovation propre à élargir le fossé entre possédants et pauvres en induisant des besoins asservissants et impossibles à satisfaire. Ce modèle, la philosophie du rouet, refusait techniques dures et intrusion des pays riches. Gandhi s’il était toujours en vie aurait certainement dit face à Modi : « Le renoncement à la voiture, même à la Tata Nano , sera un jour la loi pour tous. »

L’Inde aurait du suivre l’enseignement de Malthus. « Si nous laissons la population s’accroître trop rapidement, nous mourons misérablement, en proie à la pauvreté et aux maladies contagieuses. Le peuple doit s’envisager comme étant lui-même la cause principale de ses souffrances. Je suis persuadé qu’une connaissance pleine de la principale cause de la pauvreté est le moyen le plus sûr d’établir sur de solides fondements une liberté sage et raisonnable. La multitude qui fait les émeutes est le produit d’une population excédante. Le nombre des ouvriers étant accru dans une proportion plus forte que la quantité d’ouvrage à faire, le prix du travail ne peut manquer de tomber ; et le prix des subsistances haussera en même temps. Tous mes raisonnements et tous les faits que j’ai recueillis prouvent que, pour améliorer le sort des pauvres, il faut que le nombre proportionnel des naissances diminue. Il suffit d’améliorer les principes de l’administration civile et de répandre sur tous les individus les bienfaits de l’éducation. A la suite de ces opérations, on peut se tenir pour assuré qu’on verra une diminution des naissances. »**

* LE MONDE éco&entreprise du 17-18 mai 2015, Le pari industriel de Narendra Modi
** Essai sur le principe de population de Robert Malthus (1798)

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Le casse-tête infernal posé à l’UE par l’immigration

« Non aux quotas de demandeurs d’asile », dit Hollande, oui à une répartition « équitable » des rescapés de la Méditerranée entre les différents pays de l’UE. Le chef de l’Etat français se veut restrictif : « Il n’est pas question qu’il y ait des quotas d’immigrés, parce que nous avons des règles sur les politiques de maîtrise de l’immigration. »* La Commission européenne propose qu’« en cas d’afflux massifs », les personnes éligibles au statut de réfugiés soient réparties entre les pays de l’Union en fonction de leur richesse, de leur population, de leur taux de chômage et du nombre de personnes déjà accueillies. C’est une idée intéressante qui essaye de définir les capacités d’accueil de chaque pays vis-à-vis des immigrants, ou en d’autres termes, la capacité de charge. Notons qu’il y a eu 620 000 demandes d’asile déposées en Europe l’an dernier ( dont 62 735 en France) et que les migrants économiques ne sont pas concernés par cette gestion européenne.

L’éditorial du MONDE est cinglant vis-à-vis d’Hollande : « La France devrait accueillir, dans les deux ans à venir, 2 375 réfugiés supplémentaires éligibles au droit d’asile, c’est-à-dire victimes de persécutions politiques ou de guerres. Or le président de la République a récusé cette répartition, plaidant que l’asile est un droit dont l’application est du ressort de chaque Etat. Il n’est pourtant question que d’améliorer l’accueil de réfugiés demandeurs d’asile. »

La question est beaucoup plus complexe que le discours du MONDE. Il ne s’agit pas de savoir si « la France est ou non une terre d’asile ». Le temps n’est plus où le surplus de population européenne pouvait librement émigrer en Amérique du nord, du sud et dans tous les autres pays. Nous nous apercevons que l’expansion effrénée de la population et de la consommation mondiale depuis la révolution industrielle a entraîné des contraintes écologiques quasi insurmontables presque partout. Alors que la planète est close et saturée d’humains, les problèmes socio-économiques touchent l’ensemble des pays, riches ou pauvres, exacerbant les désirs de migrations. Il deviendra de plus en plus difficile de différencier réfugiés politiques, réfugiés du climat et migrants économiques. C’est pourquoi il est essentiel que chaque pays établisse ses capacités d’accueil en fonction de sa richesse, de sa population, de son taux de chômage et du nombre de personnes déjà accueillies. En clair, question que nous posons à nos lecteurs, la France est-elle ou non déjà surpeuplée ? Vos réponses nous intéressent…

* LE MONDE du 21 mai 2015, Contre Merkel, Hollande refuse les quotas
** LE MONDE éditorial du 22 mai 2015, Réfugiés : les arguties déplorables du gouvernement

un livre de référence : « Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie)« 

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Immigration : Europe passoire ou Europe forteresse ?

L’idée d’une répartition forcée des immigrés par quotas* nationaux semble au centre du projet de la Commission européenne. Plus que des questions de quotas, il faut approfondir du point de vue écologique la réflexion politique. Voici un texte proposé par Daniel, un de nos correspondants.

« Je ne reviendrai pas sur les difficultés pour accueillir « décemment  » en période de crise une immigration importante. L’Europe présente une des plus fortes densités de population, des surfaces urbanisées en croissance. Doit-on étendre toujours plus les villes, construire plus haut ? Bref, l’accueil reste possible dans certains limites que je me garderai bien de donner.
Mais que faire?
Plutôt que de réfléchir toujours globalement, voyons un exemple concret. Aujourd’hui on assiste à une immigration massive de population érythréenne. Ce petit pays a vu sa population pratiquement doubler en 20 ans, le climat aride ne permet pas de garder une forte densité en milieu rural et les villes n’offrent pas de perspectives de vie décente, le tout sous le régime despotique de Issaias Afeworke. Ceci entraîne une émigration massive de 4 à 5 000 personnes par mois.
Que faire face à une telle situation ?
Toutes ces candidats à l’émigration méritent le statut de réfugié politique vu les conditions effroyables imposées par le régime en place. Si l’Europe décide de les accueillir, c’est l’équivalent d’une petite ville de 5000 habitants qu’il faut construire par mois. Ce n’est sans doute pas insurmontable mais les Erythréens ne sont pas les seuls candidats.
Que faire pour limiter ce flux ?
Agir en Erythrée, mais comment ? Il conviendrait d’instaurer un autre régime politique, mais comment sans être taxé de néo-colonialiste ? Plus de 40% de la population a moins de 15 ans, il faudrait agir sur la démographie, mais comment sans être taxé de néo-malthusien? Favoriser le développement local en soutenant les agricultures vivrières et la souveraineté alimentaire est très certainement un objectif, mais comment aider à sa mise en œuvre ? comment inciter la jeunesse de ce pays à s’investir dans la production locale et à ne pas succomber au mirage de la société de consommation de type occidental ?
C’est très certainement tout un faisceau de propositions qu’il faut mettre en avant. Mais ce qui me semble clair est qu’il faut sortir de l’optimisme béat appelant à abolir les frontières et mettant en place la libre circulation et installation des hommes à l’échelle mondiale (ou européenne). Notre discours est cohérent concernant la circulation des marchandises, la nécessité de protéger les marchés locaux, les circuits courts. L’homme n’est pas une marchandise, mais les flux de population servent un marché de l’emploi qui met en concurrence tous les habitants de la planète. Sur ce marché de l’emploi, comme sur les autres il est nécessaire de mettre en place des régulations et surtout chercher des solutions aux problèmes plutôt que de traiter uniquement le symptôme. »

* quotas : Le principe consiste à répartir les réfugiés selon des quotas contraignants pour chaque État membre de l’Union européenne. Ces quotas tiendraient compte pour chaque pays de sa richesse nationale, de sa population, de son taux de chômage et du nombre de réfugiés déjà accueillis. En la matière, ce sont les pays d’Europe centrale et orientale qui en accueillent le moins, d’une part car ils sont eux-mêmes en partie des pays de départ d’une émigration économique vers l’Europe occidentale, et d’autre part parce que les réfugiés ne désirent pas s’y rendre.

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Nourrir la planète en situation de changement climatique

Comment nourrir la planète ? L’Exposition universelle qui débute le 1er mai 2015 à Milan confronte deux visions de l’agriculture. Le maintien d’un modèle familial avec polyculture et rotation des cultures, utilisant au maximum les processus écologiques pour lutter contre les espèces invasives et fertiliser les sols. D’une part le modèle actuel de l’agriculture concentrée avec intensification de la monoculture et utilisation de plantes génétiquement modifiées.

Le concept d’« agriculture climato-intelligente », promu par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture en 2009, est devenu un critère de choix. Bruno Dorin, du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), tranche : « L’agro-écologie à petite échelle peut être particulièrement performante. Il s’agit en effet de trouver les combinaisons d’espèces végétales et animales qui tirent au mieux parti des écosystèmes locaux, maximisent la photosynthèse, améliorent la qualité des sols et des eaux. Ce mode de culture écologique, qui peut être au moins aussi productive que l’agriculture industrielle, est beaucoup plus résilient aux chocs climatiques mais aussi économiques, car il dépend à un bien moindre degré de ressources non renouvelables et coûteuses comme les engrais de synthèse fabriqués à base d’énergie fossile. »*

Comme d’habitude l’article du MONDE ne considère à aucun moment la maîtrise de la fécondité comme moyen de préserver à long terme l’équilibre entre les ressources alimentaires, le niveau de population et l’évolution climatique. Or tout raisonnement devrait montrer les interdépendances entre différents phénomènes, comme le fait l’équation de Kaya pour les émissions de gaz à effet de serre:

CO2 = (CO2 : KWh) x (KWh : dollars) x (dollars : Population) x Population = CO2

Le contenu carbone d’une unité d’énergie est lié à la quantité d’énergie requise à la création d’une unité monétaire, puis à la richesse par personne et finalement à la taille de la population. Comme l’agriculture utilise de l’énergie solaire et de l’énergie fossile pour produire de l’énergie et des gaz à effet de serre, elle devrait être intégrée dans cette équation. Mais il faut considérer que dans tous les cas le nombre de personnes est un multiplicateur des pénuries et des nuisances.

* LE MONDE du 1er mai 2015, Nourrir la planète, le défi de l’Exposition universelle

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Neuf milliards d’êtres humains en 2050 ? Pas si sûr !

Le livre de Pablo Servigne « Comment tout peut s’effondrer* » (avec Raphaël Stevens) avait été précédé de la réalisation d’un chapitre du livre « Moins nombreux, plus heureux** ». Voici quelques extraits de son texte « 9 milliards en 2050 ? Pas si sûr »

Si aucune politique de contrôle de la natalité n’est mise en place rapidement, combien serons-nous en 2050 ? Vous connaissez sûrement la réponse, elle est sur toutes les lèvres et s’invite à tous les débats : 9 milliards selon l’ONU. Pour les agronomes, ce chiffre est la justification ultime qu’il faut continuer à intensifier l’agriculture. Pour les politiciens et les urbanistes, c’est l’argument-massue pour commander la construction d’aménagements et d’infrastructures gigantesques. Pour les économistes, c’est l’espoir d’une croissance sans cesse renouvelée. Mais, aussi surprenant que cela puisse paraître, ce chiffre de 9 milliards est issu d’un modèle de prévision démographique basé sur des hypothèses déconnectées du réel, pour ne pas dire farfelues. Nous verrons que les prévisions changent radicalement si l’on revient sur terre…

Comment se créé la richesse ? Comment fonctionne l’économie ? Grâce à l’énergie qu’on y injecte. Des chercheurs étasuniens ont montré qu’il y a une corrélation étroite entre le taux de croissance d’une population humaine et sa consommation énergétique : plus on consomme d’énergie, plus la population ne cesse de croître. Les chercheurs se sont amusés à calculer la puissance qu’il faudrait consommer (par personne) pour que la population se stabilise selon les prévisions de l’ONU. L’extrapolation donne, à condition d’une égale répartition, 13 kW par personne ! Soit une puissance qui n’est disponible qu’à de très hauts niveaux d’exploitation industrielle. Or, la terre ne dispose pas d’une telle quantité d’énergie. La terre ne pourrait pas offrir à l’humanité un confort matériel qui lui permette de stabiliser sa population. Autrement dit, il n’y aurait pas assez d’énergie pour amorcer une transition démographique dans tous les pays. L’ONU se base sur l’hypothèse d’une disponibilité infinie en énergie et en matières premières. Mais, dans le vrai monde, la terre est finie et ses ressources limitées. Au moindre choc l’équilibre instable est rompu et toutes les prévisions de l’ONU deviennent instantanément fausses.

Le modèle World3 de l’équipe Meadows (aussi appelé Rapport au Club de Rome) avait modélisé en 1972 qu’un « effondrement incontrôlé » de la population mondiale surviendrait très probablement au cours du 21ième siècle. Selon le scénario « standard », celui où rien n’est fait pour modifier la trajectoire de la société, l’effondrement de la population s’amorcerait aux alentours de 2030, quelques années après un effondrement de l’économie. Or, les données réelles montrent que c’est précisément ce dernier scénario que nous avons suivi depuis 40 ans. L’effondrement n’est pas encore arrivé, mais il ne peut être évité simplement en découvrant une nouvelle source d’énergie miraculeuse ou en développant des technologies vertes. Tout est étroitement lié : population, production, énergie, pollution, rendements agricoles. On ne peut changer la trajectoire du monde qu’en agissant sur tous les paramètres en même temps !

Moins d’énergie, moins d’humains. Voilà le principe de base des futurs calculs démographiques post-effondrement. La question d’un contrôle de la natalité est toujours urgente. Si elle n’est pas traitée, alors se posera très rapidement la question de la mortalité « incontrôlée ».

* Comment tout peut s’effondrer (Petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes)
** Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie)

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Le durcissement australien en matière d’immigration

Les guerres du climat avec ses innombrables réfugiés n’a pas encore véritablement commencées que les immigrés arrivent déjà en masse. Harald Welzer dans son livre* a bien décrit le phénomène : « Comme les ressources vitales s’épuisent, il y aura de plus en plus d’hommes qui disposeront de moins en moins de bases pour assurer leur survie. Il est évident que cela entraînera des conflits violents entre ceux qui prétendent boire à la même source en train de se tarir, et il est non moins évident que, dans un proche avenir, on ne pourra plus faire de distinction pertinente entre les réfugiés fuyant la guerre et ceux qui fuient leur environnement. Le XXIe siècle verra non seulement des migrations massives, mais des solutions violentes aux problèmes de réfugiés. La violence a toujours été une option de l’action humaine. Les hommes changent dans leurs perceptions et leurs valeurs, en même temps que leur environnement et sans s’en rendre compte : c’est le phénomène des shifting baselines. »

En tant que membre d’une société dont les normes changent, on ne remarque pas que ses propres normes sont soumises à ce changement, parce qu’on se maintient constamment en accord avec ceux qui vous entourent. On peut parler à ce propos de shifting baselines ou de lignes de références fluctuantes. L’Australie est un bon exemple de ce durcissement en matière d’immigration. Le gouvernement conservateur de Tony Abbott se vante qu’aucun migrant n’ait péri en mer en 2014 et en 2015 : « Pas question, vous ne serez pas chez vous en Australie ». Les migrants arrêtés en mer ont le choix entre retourner dans leur pays d’origine ou être transférés en centre de détention offshore, c’est-à-dire hors du territoire dans des pays partenaires. Là, ils sont retenus indéfiniment le temps que leur dossier de demande d’asile soit étudié. Mais même en cas d’autorisation, ils ne fouleront pas le sol australien. Ils seront au mieux autorisés à s’installer dans ce pays « partenaire ». Canberra met en avant sa volonté de mettre fin au trafic des passeurs. L’opposition travailliste en revanche se fait plus silencieuse : alors qu’elle était encore au pouvoir en 2012, elle s’était elle-même résignée à rouvrir ces camps de détention utilisés entre 2001 et 2007 par le précédent gouvernement conservateur**.

Les commentaires des Internautes montre que l’action des gouvernants est à l’image de la perception « shifting baselines » des citoyens :
Pragmatique : Finalement c’est décidé dans cet article : la Méthode Australienne est mauvaise, elle coûte très cher et ne satisfait même pas Amnesty Internationale. La Méthode européenne repose sur la noyade économiquement avantageuse qui n’entrave pas les Libertés individuelles et de ce fait est parfaitement Amnesty-compatible. Bref tout le monde est content et on ne change surtout rien.
Gros Pierre : Sans doute conviendrait-il d’accueillir les réfugiés dont la vie est menacée – notamment les chrétiens d’orient et les gens qualifiés -… Pour les autres ? Hélas, comme le disait un socialiste en son temps, la France ne peut pas accueillir toutes les misères du monde. Et nous n’avons surtout pas besoin de gens qui jettent les autres à la mer pour des motifs religieux. Oublions donc les arguties juridiques. C’est l’avenir des prochaines générations qui est en jeu. Prenons exemple sur l’Australie.
Un détail : vous tronquez la phrase de M. Rocard: « La France ne peut accueillir toute la misère du monde, mais elle doit en prendre sa part. » ce qui change un tout petit peu le sens. Donc en gros vous voulez vous asseoir sur les droits de l’homme pour protéger votre petit monde de chrétien bien propre? charmant.
@ : L’Australie serait donc « en guerre » contre ses migrants… Imagine-t-on une déclaration semblable en Europe ? Qui oserait la formuler, alors qu’à l’évidence tout le monde l’a en tête ? Nous pensons en termes d’asile et de refuge, mais s’il s’agissait d’invasion ? Ne fait-on pas en effet la guerre aux invasions ? L’arme de l’ennemi n’est-elle pas ici la compassion, subtile et perverse ? Les nations européennes ne seront-elles pas bientôt elles-mêmes des boat-people à la dérive?
+ 1 : Les résultats sont là et incontestables. L’Australie protège mieux ses ressortissants que L’Europe naïve et indécise.
si nos gouvernements ne mettent pas en place ces méthodes, les gens finiront par mettre au pouvoir le FN… l’Europe a le droit de conserver son identité!
Paul : Si nos gouvernements ne mettent pas en place ces méthodes, les gens finiront par mettre au pouvoir le FN… l’Europe a le droit de conserver son identité !
Rougefluo : La solution australienne est une solution, la moins mauvaise, sans mort. Nous faisons les fins de mois de la Tunisie, devenir un territoire d’accueil est à négocier lors du prochain prêt. Quand à l’accueil des migrants en Europe, comme tous les démocrates, j’attends que l’on me fasse voter sur la question.
Parisette : La Libye de Kadhafi nous servait de chien de garde. Il faut favoriser l’émergence d’un pouvoir à Tripoli qui jouera le rôle de la Papouasie. En attendant un contrôle des cotes libyennes ne serait pas d’un coût exorbitant.
Didier Debeque : Mais pourquoi ne pas aller protéger militairement les réfugiés sur place, avant qu’ils ne quittent leurs pays ? Voire intervenir contre les assaillants reconnus comme tels ? Les hommes valent-ils moins que les puits de pétrole ? C’est simpliste mais ce serait s’attaquer au véritable problème plutôt que de culpabiliser sur notre incapacité, réelle ou non, à les accueillir.
Poti : A l’exception des Aborigènes, d’où viennent les « Australiens »? comment sont-ils arrivés sur le sol australien? Et qu’ont fait les « Australiens » en arrivant en Australie de la population qui occupait le continent ?
Frédéric Lagarce : Les australiens étaient des migrants quand ils sont arrivés sur cette terre, ils ont chassé et tué les aborigènes pour s’installer. Ils fuyaient leur pays d’origine pour tenter l’aventure, tout comme ces autres hommes qu’ils repoussent aujourd’hui.

* Harald Welzer, Les guerres du climat (Gallimard, 2009)
** Le Monde.fr, L’Australie évite les naufrages de migrants, mais à quel prix ?
http://lemonde.fr/les-decodeurs/reactions/2015/04/21/l-australie-evite-les-naufrages-de-migrants-a-coup-de-millions-et-de-camps-offshore_4620026_4355770.html

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Collapsologie : l’effondrement démographique prévisible

Quelques extraits d’un livre* qui mérite d’être acheté, lu et soutenu par tous les écologistes…
« On ne saurait discuter l’effondrement sans aborder la question démographique. Le problème, c’est qu’il n’est pas possible de discuter sereinement de démographie. C’est un sujet absolument tabou et rares sont ceux qui osent aborder la question publiquement** sans craindre de voir immédiatement arriver un point Godwin (un moment où toute discussion devient impossible parce que l’une des personnes traite l’autre de nazi). En démographie, ce seuil est d’une autre nature, mais il est toujours le même : « Vous voulez faire comme en Chine, c’est ça ? » …

Pour l’équipe Meadows, qui a développé au MIT un modèle ancré au système Terre, l’instabilité de notre civilisation industrielle mène à un déclin « irréversible et incontrôlé » de la population humaine à partir de 2030… Pour les malthusiens, la puissance technique et l’inventivité humaine ont des limites, et nous arrivons à un moment où il devient difficile, pour ne pas dire impossible, de continuer la trajectoire de croissance continue que nous avons empruntée depuis le début de la modernité… A chaque poussée démographique, l’étau des limites du milieu se resserre, ce qui stimule l’innovation et permet de repousser artificiellement les premières limites physiques. Mais il arrive un moment où la civilisation se heurte à tant de limites (le climat, les ressources, la complexité et la politique) qu’elle bascule brutalement dans un monde malthusien…

Les pronostics démographiques de certains collapsologues, basés essentiellement sur des calculs à la grosse louche, vont bon train. On croise des chiffres allant de quelques millions à 1 ou 2 milliards d’habitants sur Terre en 2100… Pour Vaclav Smil, chercheur spécialiste des liens entre énergie, environnement et population, sans les engrais qui ont permis à l’agriculture industrielle de produire beaucoup, deux personnes sur cinq ne seraient pas en vie aujourd’hui dans le monde… L’impact d’une population sur son milieu dépend de trois facteurs : sa population P, son niveau de vie A et son niveau technique T. D’où I = PAT. Mais ne compter que sur une diminution des deux derniers termes (réduction du niveau de consommation et amélioration de l’efficacité technique) est loin d’être suffisant pour infléchir sérieusement notre trajectoire exponentielle. Non seulement nous n’y sommes jamais arrivés (entre autres raisons à cause de l’effet rebond et du phénomène de consommation ostentatoire), mais tous ces efforts seraient vains si le premier terme P continue d’augmenter…

Or, si nous ne pouvons aujourd’hui envisager de décider collectivement qui va naître (et combien), pourrons-nous dans quelques années envisager sereinement de décider qui va mourir (et comment) ? »

* Comment tout peut s’effondrer de Pablo Servigne & Raphaël Stevens
Petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes
Edition du Seuil, collection Anthropocène, 304 pages, 19 euros
** Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie). M.Sourrouille (coord.). Sang de la Terre, 2014

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l’enfermement planétaire, tout l’espace est déjà occupé

Aucune terre n’est libre d’hommes depuis très longtemps. Cependant Thomas More, en 1516, croyait pouvoir encore écrire dans son livre: « Quand il y a dans une ville plus de monde qu’elle ne peut et qu’elle ne doit en contenir, l’excédent comble les vides des cités moins peuplées. Enfin, si l’Ile entière se trouvait surchargée d’habitants, une émigration générale serait décrétée. Les émigrants iraient fonder une colonie dans le plus proche continent, ou les indigènes ont plus de terrain qu’ils n’en cultivent » Sur ce point, Malthus était à la fin du XVIIIe siècle bien plus perspicace : « On ne peut lire le récit de la conquête du Mexique et du Pérou sans être frappé de cette triste pensée, que la race des peuples détruits était supérieure, en vertu aussi bien qu’en nombre, à celle du peuple destructeur. » (…) « Si l’Amérique continue à croître en population, les indigènes seront toujours plus repoussés dans l’intérieur des terres, jusqu’à ce qu’enfin leur race vienne à s’éteindre. »

L’immigré est aussi un émigré. Malthus avait une approche judicieuse de la mobilité géographique : « L’émigration, en supposant qu’on en pût faire un libre usage, est une ressource qui ne peut être de longue durée. » Au niveau d´un pays, l´émigration peut constituer pour l´individu un espoir de survie, remédier temporairement au problème du chômage. Cela permet aussi politiquement d´amoindrir l´effet « cocotte minute » qui peut se produire lorsque le mécontentement citoyen atteint son paroxysme : l’émigration peut servir de soupape de sécurité. L´émigration constitue une tactique politique pour exporter le mécontentement vers l´extérieur tout en attendant les retombées financières des migrants. Mais la démographie du pays peut continuer à galoper, les problèmes ne sont pas résolus. Libéraliser l´immigration (l’émigration) n´est pas une stratégie durable… Par contre, si la population sur un territoire délimité commence à excéder les possibilités du milieu sans qu’on puisse émigrer, c’est là une forte incitation à décider collectivement de la régulation des naissances. C’est une mise sous pression des politiques, qui pousse les autorités à prendre des mesures conséquentes – à être démographiquement responsable -. Empêcher les mouvements migratoires semble une approche adaptée politiquement si on veut agir pour un avenir durable.

Comme l’exprime André Lebeau, « Le découpage de l’espace terrestre en territoires nationaux est achevé. A l’enfermement planétaire qui pèse sur l’humanité s’ajoute un confinement territorial qui fait de la notion d’expansion un synonyme de guerre de conquête. » D’autre part l’ouverture des frontières ne réglerait pas le financement des retraites par répartition, rappelait Jean-Christophe Dumont, chargé de la division des migrations à l’OCDE. Car ce qui compte, c’est moins le nombre de migrants que « le ratio entre cotisants et pensionnés ». Pousser à de nouveaux arrivants sur le marché du travail ne dit pas s’il y aura ou non dans le futur suffisamment d’emplois, si l’actif ne sera pas chômeur, donc classé lui aussi dans la population à charge. Et puis c’est un cercle vicieux : accroître la population (par la natalité ou par l’immigration), c’est accroître le nombre futur de retraités, donc vouloir encore plus d’expansion démographique dans l’avenir ! Il y a bien d’autres solutions au problème des retraites que la pullulation humaine et l’immigration. Enfin le problème de l’immigration, c’est qu’elle a aussi des coûts sociaux, une montée des sentiments anti-immigrés.
(Extraits du livre coordonné par Michel Sourrouille)
Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie)
livre à acheter chez votre libraire local ou (à la rigueur) dans une librairie en ligne : Amazon ; Decitre ; FNAC

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La mobilité géographique, un mythe contemporain

Contrairement à la conception commune selon laquelle la mobilité est une constante de la société humaine, nous constatons historiquement qu’il n’y a jamais eu libre circulation des personnes. Partout dans le monde ancien, les peuples donnaient un caractère sacré aux portes de leur territoire, village ou ville : aller au-delà impliquait toutes sortes de précaution. Même le roi de Sparte s’arrêtait à la frontière de la Cité pour y effectuer des sacrifices ; à l’extérieur était le domaine de l’étranger et du combat. Jusqu’au XVIIIe siècle, seule une minorité de personnes se déplaçait : les soldats, les marchands, les aventuriers et les brigands. La masse de la population était peu mobile et le vagabondage proscrit ; on naissait, vivait et mourait dans le même village. Les frontières nationales érigées au XIXe siècle n’ont fait qu’actualiser cette constante humaine, la délimitation d’une appartenance territoriale. Mais le niveau de surpopulation de certains territoires est en lien étroit avec les migrations qui servent d’exutoire. Depuis la colonisation, la mobilité géographique devient une nécessité. Aujourd’hui, ce n’est plus quelques conquistadors qui s’aventurent au-delà de mers, ce sont des peuples tout entier. Le dernier rapport de l’OIM (Organisation internationale pour les migrations) indique que la mobilité humaine est sans précédent. Nous cumulons 214 millions de migrants internationaux et près de 1 milliard en comptant les migrations internes (ONU, 2012). Cela s’accompagne de perception anxiogène et d’image négative des migrants, de manifestation de xénophobie et d’attitudes discriminatoires, d’une percée électorale de l’extrême droite et des partis nationalistes. Nous sommes dans une sorte de spirale infernale avec des manifestations de peur, de rejet et de violences un peu partout dans le monde.

Fin septembre 2006, le sénat américain a fini par approuver l’installation d’une clôture de 1123 km le long de la frontière du Mexique. En 2005 a été créée par l’Europe une « Agence pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des Etats membres de l’Union européenne ». L’agence s’appelle désormais Frontex. Son budget, doté à sa naissance 6,3 millions d’euros, a été multiplié par quinze en cinq ans. Un règlement du 26 avril 2007 a prévu la mise sur pied d’équipes d’intervention rapide aux frontières, Rapid Border Intervention Teams, RABITs. Les Européens s’efforcent aussi d’arrêter les immigrants avant même qu’ils n’arrivent aux frontières de leur territoire. La puissance politique et économique de l’Union Européenne est employée pour faire de pays comme le Maroc ou la Libye des partenaires coopérant à la délocalisation de la violence, une sorte de déculpabilisation technique en somme.

En France, le nouveau projet de loi sur l’immigration débattu à l’Assemblée nationale à partir du 28 septembre 2011 renforçait les facilités d’expulsion des étrangers en situation irrégulière. FN et Droite populaire mettent en avant une politique de codéveloppement pour inciter les populations candidates à l’immigration à rester dans leur pays d’origine. Côté UMP, on parle d’un « plan Marshall du codéveloppement en jumelant chaque nation européenne à tous les pays de bonne gouvernance ». Côté FN, on veut « prendre l’initiative d’organiser régulièrement une conférence euro-africaine réunissant les pays concernés afin de déterminer les besoins et de mettre en œuvre les moyens destinés à fixer les populations dans leurs pays d’origine » Restez chez vous est le mot d’ordre de la droite plus ou moins extrême. Ce raidissement nationaliste contamine la gauche et les socialistes français commencent à se remettre en question. Le flou doctrinal succède à l’indignation contre toute mesure anti-immigrée, le pragmatisme l’emporte sur l’humanisme. C’est en 1981, sous François Mitterrand, qu’avait été légalisée et organisée la rétention administrative. C’est Paul Quilès, en tant que ministre de l’intérieur, qui avait fait passer dans la loi en 1992 le système des zones d’attente. Le rapport sur l’immigration préparé en 2004 par Malek Boutih, alors secrétaire national aux questions de société, n’a jamais été rendu public ; il proposait une politique de l’immigration rigoureuse, avec quotas, suppression de la bi-nationalité, nouvelle législation sur le titre de séjour : « Il faut sortir d’un simple rapport humanitaire et charitable avec l’immigration. » Reniement de la part d’un ancien président de Sos-Racisme ? En fait Malek Boutih mettait en évidence le fait que, sans organisation de l’immigration, les phénomènes de discrimination s’enracinent dans la population. A la question « Faut-il régulariser massivement les sans-papiers ? », tous les candidats à la primaire socialiste du 9 octobre 2011 étaient « contre » et défendaient le « cas par cas » avec seulement quelques nuances : normes de « vie de famille », de travail et d’années de présence ou preuves d’« intégration », comme la maîtrise du français jusqu’aux « reconduites à la frontière ».
(Extraits du chapitre rédigé par Michel Sourrouille)
Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie)

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Mourir dans la dignité, un débat qui n’en finit pas

Editorial du « Monde »* : « Mourir dans la dignité… C’est ce difficile débat que les députés vont engager à l’Assemblée nationale, mardi 10 mars… Des médecins, mais aussi les responsables des trois grandes religions redoutent que le droit à la sédation en phase terminale constitue un pas de plus sur la voie, inacceptable à leurs yeux, de l’euthanasie… Le texte qui vient en discussion fait preuve d’une salutaire sagesse… Résultant d’un processus de concertation minutieux – mission confiée au professeur Didier Sicard, réflexion demandée au Comité consultatif national d’éthique, consultation d’un panel de citoyens –, il renforce le droit des patients… »

Sur le monde.fr, les commentateurs sont cinglants par rapport à cet éditorial bâclé :
Dominique Durin : Cet éditorial est un naufrage moral pour un journal dont on attendrait plus de courage. La France gâche ses chances de permettre à ses citoyens de conserver dignité et intégrité morale dans les circonstances les plus douloureuses. Les éditorialistes ont choisi d’écouter les représentants des trois « grandes religions » plutôt que les paroles lumineuses de Fabienne Bidaux, plutôt que la leçon qui elle était vraiment pleine de sagesse de « Quelques heures de printemps ».
Claude DOUCET : Je ne sais pas ce que signifie une « sagesse salutaire » sinon une volonté de ne pas décider. On risque une fois de plus de laisser les soignants, les familles et surtout les souffrants sans solution. On va mettre tout le monde devant un écran pour que chacun puisse voir par technologie interposée toutes les formes d’agonie. Certaines familles vont y voir la loi de Dieu et y assisteront par conviction. Mais le futur mort aura des raisons solides de tous les détester ici et maintenant.
Jean-François Profizi : Editorial hypocrite au nom d’une prétendue sagesse. Tous les sondages donnent 95 % de gens favorables au droit de mourir pour ceux qui le souhaitent (pas pour les autres, ils ont le droit de s’accrocher à ce qu’ils appellent la vie !) : aucun sujet ne suscite un tel consensus. On choisit de donner à une petite minorité un insupportable droit de veto. On aurait pu, au moins, supprimer du Code pénal la punition de l’aide (même sous forme de conseil ) apportée à une personne qui veut se suicider.
J.J. De Rette : Cet édito est une calamité malhonnête, il fait par exemple croire que la loi reprend les préconisations du professeur Didier Sicard ou des consultations citoyennes toutes adeptes d’une exception d’euthanasie totalement absente de la loi.
philippe SOPENA : Mieux vaut lire les textes avant d’éditorialiser. Contrairement à ce qu’écrit Le Monde la « sédation profonde » se limite aux seuls cas où le pronostic vital est engagé à court terme. Ce n’est donc pas le droit du malade de choisir, s’il le souhaite, une « fin de vie digne » mais simplement une «agonie » moins inconfortable et moins longue. Les Députés devront dire si « court terme » cela signifie 1 jour? 2 jours? 1 semaine? ou plus? On est loin de l’engagement de F.HOLLANDE (proposition 21).
Anna : Lamentable éditorial célébrant la lâcheté du gouvernement. C’est bien sur cette promesse 21 que les électeurs attendaient Hollande. Au lieu de célébrer cette reculade, l’éditorialiste devrait plutôt blâmer que la mort désirée par l’individu, seul à même de juger s’il veut, étant malade, continuer ou non sa vie (on n’oblige pas les autres!) sera permise aux plus riches qui iront en Belgique ou en Suisse, et que les sans-dents attendront comme d’habitude, exactement comme pour l’avortement jadis!
Françoise : Cet éditorial me semble consternant ! Où est la sagesse ??? Je pense plutôt qu’il s’agit ici de ne pas heurter les sensibilités religieuses et les autorités des différentes religions qui se sont toutes retrouvées, unies, pour faire barrage à toute avancée dans le domaine de la fin de vie.
PE SANTAMARIA : En quoi les représentants des trois grands religions sont ils concernés ?? Les religions inventées il y a 5 000 ou 2 000 ou il y a 1 400 ans sont le reflet de civilisations anciennes !! On est aujourd’hui et maintenant !!
Patrick RABAIN : Un sujet difficile, des décisions à prendre irréversibles, et donc il faut calmement des évolutions minuscules tous les dix ans. Ceux qui veulent faire la révolution attendront.
J.J. De Rette : Ils auraient dû faire pareil pour l’avortement, on aurait commencé par autoriser la suppression des pieds et on serait remonté petit à petit. À cette heure nous en serions au nombril, mais serein hein, serein.
Hannibal : Je crains que beaucoup de cette réflexion sur la mort ne soit horriblement faussée par le fait que la plupart des vivants qui s’y livrent ont peur justement de mourir. Comment rester relax avec pareil handicap? La mort c’est surtout la vie de ceux qui restent qui est considérée comme principal critère. Un tel débat devient la lutte des égoïsmes survivants. C’est scandaleux. Et comment qu’il s’en moque, de la mort, le mort.
Claude STENGER : Ainsi, même sur cet engagement que nul environnement international défavorable, nulle conjoncture économique ne rendaient difficile à mettre en oeuvre, en faveur duquel l’opinion publique s’est régulièrement prononcée, le PS aura fait plus de déçus que de satisfaits. Et on sait que sur cette question, ce n’est ni de l’UMP ni du FN qu’il faudra attendre mieux. Merci à nos voisins belges et suisses d’être plus civilisés que nous !
Roland Douhard : Vu de Belgique, la législation française n’est pas à la hauteur d’un Etat laïque. Ma soeur, Andrée, livrée à une souffrance sans nom, due à un cancer qui la condamnait à une mort certaine, a choisi, le 10 juin 2011, au CHU de Liège, d’être euthanasiée. Nous étions là, à ses côtés, et nous l’avons entourée de notre amour jusqu’au bout. Grâce à la loi belge, face à la maladie, elle est partie dignement, comme elle le voulait, et a pu triompher d’elle en exerçant son libre arbitre.

* LE MONDE du 11 mars 2015, Loi sur la fin de vie : une sagesse salutaire
http://lemonde.fr/idees/reactions/2015/03/10/loi-sur-la-fin-de-vie-une-sagesse-salutaire_4590614_3232.html

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Une mort digne d’être vécue n’est pas chose impossible

Mourir en paix, les avis sont contradictoires. Emmanuel Hirsch, professeur d’éthique « médicale », appelle à « protéger les plus faibles plutôt que de faciliter leur disparition ». Véronique Fournier, qui dirige le Centre d’éthique « clinique », se demande comment on peut aider une personne à mourir quand il apparaît que c’est le moment qu’elle meure. La situation créée par la médecine en général et pas la médecine palliative en particulier n’est pas simple. Avec la loi Leonetti, il y a moins d’acharnement thérapeutique, le malade est sédaté, il ne semble pas souffrir… mais il ne meurt pas. Ou du moins il n’en finit pas de mourir. Grâce à ses progrès, la médecine a brouillé les frontières entre la vie et la mort. Elle est devenue si efficace que, bien souvent, on meurt trop tard. Plus notre technoscience médicale progresse et nous permet de devenir plus vieux, plus on fabrique aussi de la dépendance. Dans les Ehpad (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) la mort, dans un environnement très protégé, peut mettre des années et des années avant de survenir. Véronique Fournier pose les questions de fond : « Faut-il continuer de soigner intensément les personnes âgées pour la moindre surinfection bronchique ? A quel moment déclenche-t-on la toute fin de vie pour ces personnes ? Et qui en décide ? »*

Véronique Fournier a écrit un livre dont le titre est révélateur, Puisqu’il faut bien mourir (à paraître en mai prochain). Son diagnostic est clair, nous sommes obligés de décider du moment où nous laissons la mort survenir. « Il est grand temps que la médecine assume l’intention de mort », dit-elle lors de son entretien avec la journaliste Catherine Vincent. « On peut mettre en place une perfusion qui va engendrer la mort en quelques jours ou plus, selon les souhaits du malade ou de ses proches. C’est cela que j’appelle l’euthanasie palliative. » Ce genre d’évolution vers le suicide assisté paraît inéluctable pour des raisons économiques. La fin de vie coûte très cher : prise en charge des personnes malades et handicapées, formation des soignants à l’accompagnement, soutien aux aidants familiaux, équité d’accès aux soins palliatifs sur le territoire national, développement du soin de fin de vie à domicile, etc. Dans un contexte d’inégalité des ressources des personnes en fin de vie et de difficultés financières de l’Etat, il faudra choisir : qui doit vivre et qui doit mourir ?

Ce questionnement va être de plus en plus crucial au fil des années pour des raisons écologiques. Dominique Bourg affirme que nous sommes en train de changer de planète. Il précise avec raison que la nouvelle planète sera beaucoup plus hostile. Les ressources vont manquer pour s’occuper dignement des vivants, à plus forte raison des mourants. De toute façon guerres, famines et épidémies ne font pas de distinction entre la vie digne d’être vécue et les morts prématurées. Pour réfléchir de façon collective à toutes les questions sur la fin de vie, vous pouvez adhérer à l’association pour le droit de mourir dans la dignité, ADMD .

* LE MONDE culture&idées du 7 mars 2015, « Il est temps que la médecine assume l’intention de mort »

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Un bébé de plus en France, une charge insupportable

Au 1er janvier 2011, la population française avec les départements d’outre-mer dépassait pour la première fois selon l’INSEE les 65 millions d’habitants. C’est dix millions d’habitants de plus qu’en 1981, et vingt millions de plus qu’en 1958. La France est-elle submergée par un afflux de population ? Raisonnons en termes annuels. En 2010, le solde naturel est estimé à 283 000 personnes et le solde migratoire à + 75 000 personnes, soit 358 000 personnes au total. C’est assez abstrait, mais cela fait déjà beaucoup. Comment en prendre conscience ?

Prenons l’empreinte écologique, c’est-à-dire la superficie biologiquement productive nécessaire pour pourvoir aux besoins d’une population. En France, il fallait déjà 5,6 hectares par personne  (hectares globaux, hg) en 2006. Pour bientôt 400 000 personnes supplémentaires chaque année, la France a donc besoin de 2 240 000 hectares de plus, soit 22 400 kilomètres carrés, soit à peu près quatre départements. Où trouver 4 départements supplémentaires chaque année si on voulait vivre en autarcie ? De plus il faut prévoir de construire et aménager pour accueillir cet afflux démographique des maisons et immeubles, des routes, des bâtiments publics, cinémas, terrains de foot, grandes surfaces, magasins en tous genres, parkings, traitement des déchets… L’espace se ferme, les villages et petites villes ont vu leur surface multipliée par un facteur 2 à 10 durant les trente dernières années. Sans compter les 400 000 emplois supplémentaires à trouver pour accueil les adultes migrants aujourd’hui et le résultat du flux naturel dans vingt ans, quand le bébé nouveau cherchera un emploi. Notons que le chômage en France est structurel et touche déjà 3 500 000 chômeurs, sans compter les faux emplois. Il faudra aussi trouver beaucoup de kW électriques, des barils de pétrole, du gaz, des métaux, etc., sur une planète qui les fournira en quantité de plus en plus limitée. Notons que la biocapacité de la France n’est que de 3 hg. Il y a donc déjà déficit significatif (5,6 comparé à 3). Pourra-t-on encore longtemps dépendre du pillage du reste du monde pour sauvegarder notre niveau de vie ? Que se passera-t-il lorsqu’on ne pourra plus drainer des ressources d’autres régions de la planète ?

Il y a beaucoup d’intellectuels et de journalistes en France qui poussent des exclamations de joie devant les performances françaises en terme de fécondité. Que peuvent répondre ces personnes à l’analyse ci-dessus ? Ne soyons pas comme le Front national et les autres formations politiques, nataliste. Nous ne pouvons pas être de plus en plus nombreux en France si nous souhaitons mettre en place une société écologique et conviviale.

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La fécondité des Françaises est sur le mauvais chemin

LE MONDE est nataliste. Ainsi le contenu de cet article* que nous résumons : « Hantés par le spectre de la dépopulation, des experts venus de Corée et du Japon sont à la recherche de la recette magique qui fait de la France la championne d’Europe de la fécondité en affichant un indicateur conjoncturel de fécondité de 2,01. En effet le taux de natalité des Vingt-Huit s’est effondré, il est tombé à 1,58 enfant par femme. Les gouvernements français se comportent en « bons pères de famille », selon l’expression de Laurent Toulemon, démographe à l’INED. Dans les pays qui sont en pleine santé démographique comme la France, les femmes participent pleinement au marché du travail. Dans l’Hexagone, les politiques familiales sont généreuses : elles représentent plus de 3,5 % du produit intérieur brut. Aux avantages financiers (allocations familiales, réductions fiscales pour les parents) se sont ajoutées des structures d’accueil pour la petite enfance et des écoles maternelles. Lorsque les services d’accueil des tout-petits sont nombreux et accueillants, la natalité se porte bien. Aujourd’hui en France, un enfant sur deux de moins de 3 ans bénéficie d’une place dans un système d’accueil. »
Mais quand peut-on dire vraiment que « la natalité se porte bien ». La journaliste Anne Chemin ne se pose jamais cette question, pour elle la France est « en pleine santé démographique ». Pourquoi privilégier encore les familles nombreuses au détriment des familles nullipares ou avec enfant unique ? La France est passé de 39 millions d’habitants en 1944 à 65 millions aujourd’hui. Il faudrait s’interroger sur la capacité de charge du territoire français. Sans exploitation de l’ensemble des ressources de la planète, la France est-elle encore capable de fournir suffisamment d’énergie, de métaux et de nourriture pour 65 millions de personnes ? Les autres indices de surpeuplement sont nombreux : taux de chômage officiel, chômage caché, empilement dans des immeubles, embouteillages monstres, consommation d’anxiolytiques, accaparement des terres agricoles pour les commodités humaines, une densité par superficie agricole utile qui explose, perte de biodiversité, etc. Notre niveau de vie moyen, s’il était généralisé au monde entier, nécessiterait l’usage de plusieurs planètes… que nous n’avons pas !
La population française s’accroît encore au rythme annuel d’environ 0,5 %. Une baisse de la fécondité en France nous semble préférable, ce sont les autres pays d’Europe qui nous montrent la bonne voie, malthusienne. Albert Jacquard faisait remarquer qu’avec ce taux d’accroissement de 0,5 %, la population humaine, qui était d’environ 250 millions il y a deux mille ans, serait de 5000 milliards aujourd’hui. Si vous ne voulez pas de cette perspective, vous pouvez adhérer à l’association « Démographie responsable ».
* LE MONDE CULTURE ET IDEES du 24 janvier 2015, La fécondité « made in France »

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Le pape François est-il pour la régulation des naissance ?

« Certains croient, excusez-moi du terme, que pour être de bons catholiques, ils doivent être comme des lapins. » Ainsi s’exprimait le pape François devant des journalistes lors de son retour des Philippines le 19 janvier. Il ajoutait : « Il y a quelques mois en paroisse, j’ai reproché à une femme enceinte de son 8ème  après sept césariennes : ‘Vous voulez laisser orphelin sept enfants ? Cela est une irresponsabilité ». « (Cette femme) dit : ‘oui moi j’ai confiance en Dieu’. Mais Dieu te donne les moyens pour être responsable. » Mais le pape François ménage aussi la chèvre et le chou. Il s’est en effet inquiété de la dénatalité : « Je crois que le nombre de trois par famille est ce que disent les experts pour maintenir la population. (..) En Italie, j’ai entendu qu’en 2024 il n’y aura plus personne pour payer les retraités. On arrive dans l’autre extrême. » En définitive la doctrine de l’Eglise reste toujours omniprésente chez ce pape.

Le pape François dénonce le « néo-malthusianisme en cours », redit son opposition au contrôle « artificiel » des naissances (il maintient son opposition au préservatif et à l’avortement), recommande les méthodes naturelles de contrôle des naissances et la « parentalité responsable ». Nous ne reviendrons pas sur cet aspect des choses, nous l’avons déjà traité sur ce blog, le pape François a le même discours que Jean Paul II. Le livre de Marybeth Lorbiecki, « Dans les pas de Saint François d’Assise (l’appel de Jean-Paul II en faveur de l’écologie) » est explicite sur cette question de la parentalité responsable.

                Nous pensons que les discours du pape François témoignent globalement d’une orientation positive en faveur de l’écologie et de l’égalisation des conditions. Mais ce pape n’a aucune formation en matière de planning familial. Reprenons ces phrases dites au retour de Manille. Dieu ne donne pas les moyens d’être responsable en matière de fécondité, il n’y a rien dans la Bible et les Evangiles sur la question si ce n’est l’injonction de « croître et se multiplier ». Il ne faut pas trois enfants par famille pour maintenir la population, mais 2,1 enfants par femme dans les pays où la mortalité à la naissance n’est pas très importante. Son discours sur le paiement des retraites en 2024 sous-entend qu’il s’appuie sur le système de répartition (les actifs occupés payent pour les retraités). Mais faire des enfants pour payer les retraites plus tard constitue une fuite en avant qui ne dit rien du taux de chômage dans l’avenir, les chômeurs constituant aussi une population à charge. En fait toute régulation des naissances est artificielle, que ce soit le coïtus interruptus, le retard de l’âge au mariage, la chasteté prénuptiale, le stérilet, la pilule ou l’avortement. La débat sur l’artificialité est beaucoup plus complexe que ce qu’en dit le pape. Voir en annexe ci-dessous…

Sources d’information :

http://www.la-croix.com/Religion/Actualite/Le-pape-Francois-La-liberte-d-expression-doit-tenir-compte-de-la-realite-humaine-elle-doit-etre-prudente-eduquee-2015-01-19-1270061

– Le Monde.fr avec Reuters | 20 janvier 2015

annexe, pour en savoir plus sur ce blog :

8 octobre 2014, contradictions de la politique démographique de l’Eglise

30 septembre 2041, les méthodes dites naturelle de contraception

16 mai 2014, un stérilet pour toutes les femmes en âge de procréer

16 mai 2010, Liberté contraceptive ou planification

Le pape François est-il pour la régulation des naissance ? Lire la suite »

Marie-Monique Robin, une malthusienne qui s’ignore

Marie-Monique Robin est une femme formidable dont les films comme Sacrée croissance ou bien Les moissons du futur et les livres comme Le Monde selon Monsanto ou encore Notre poison quotidien éveillent les consciences. Mais elle ne veut rien faire contre l’explosion démographique, elle croit que les problèmes de surpopulation se résoudront par enchantement. Voici ce qu’elle a déclaré à ce sujet lors d’une interview à 20 minutes*.

Romano: Pour parvenir à une transition écologique, énergétique, il faudra inévitablement se saisir de la question démographique un jour ou l’autre. Pourquoi pas un documentaire sur ce sujet très épineux?

« Dans mon livre j’aborde la question démographique qui est effectivement l’un des facteurs de la croissance. Mais je pense que l’explosion démographique que l’on connaît dans certains pays en Afrique ou en Asie est liée à la pauvreté. Si on donnait les moyens à ces pays de véritablement se développer dans l’intérêt de leur population, la question démographique se résoudrait d’elle-même, comme elle s’est résolue dans nos pays industrialisés grâce à l’éducation et un certain niveau de développement. »

Commentaire de Biosphere : En voulant ignorer en matière démographique que le monde est fini et déjà surexploité, Marie-Monique nous déçoit.Elle envisage sans le dire une « transition démographique » qui a certes abouti  à la baisse de fécondité dans les pays riches. Mais les conditions du développement sont aujourd’hui inaccessibles à la majorité des gens et favorisent pour le reste la surconsommation et le pillage de la planète.

Marie-Monique Robin croit encore au schéma dépassé de la baisse de fécondité qui résulte « automatiquement » du développement du pays. Elle devrait lire le diagnostic de l’agronome René Dumont, un spécialiste reconnu des pays pauvres. Il écrivait déjà en 1962 dans L’Afrique noire est mal partie : « Le nombre de gosses qui, étant resté plus de trois ou quatre ans sur les bancs de l’école, consentent à retourner à la terre est généralement infime. On remplit de jeunes désœuvrés les rues des villages, puis des bourgs ; bientôt ils atteignent les bidonvilles des capitales. Ce sont eux qui fournissent ces parasites sociaux, passant leur temps à écrire des demandes d’emploi dans toutes les administrations. D’autres préfèrent rejoindre le maquis… »

En 1949 dans Mes combats, il enfonce encore le clou : « Mal aiguillés par un système économique inadapté à leur situation, pillés par le libéralisme à l’échelle internationale, exploités par nombre de leurs dirigeants, la majorité des pays du tiers-monde se trouvent face à une explosion démographique catastrophique qui, si elle se prolongeait, leur enlèverait tout espoir. Au-delà d’une croissance démographique de 2 % par an, le progrès économique devient très difficile ; au-delà de 3 % – et c’est le cas de l’Afrique – le progrès devient improbable, pour ne pas dire impossible. Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, voici un continent tout entier, l’Afrique, dont le niveau de vie diminue depuis bientôt vingt ans en temps de paix. Il est sans espoir d’en sortir tant qu’il ne se dégagera pas du piège démographique. Redire cela n’est pas sous-estimer les autres freins au développement – que je n’ai cessé de combattre – mais c’est souligner l’essentiel : les risques de famine généralisée dans le tiers-monde, nous le verrons augmenter chaque jour. »

Le continent africain va passer de 1 à 4 milliards d’habitants au cours du siècle… Parmi les multiples causes, on peut citer les problèmes culturels, l’islamisme nataliste, l’inertie des puissances occidentales pour soutenir le planning familial, la préférence pour le présent des populations, l’instabilité politique, les situations de guerre et de sous-alimentation… Toutes choses qui entretiennent l’explosion démographique. On ne naît pas malthusien, cela découle d’un apprentissage. Nous espérons que Marie-Monique Robin, au cours des ses pérégrinations internationales, accédera un jour à cette découverte : la transition écologique devrait être aussi malthusienne.

* ci-dessous l’intégrale de l’interview

Débat sur la croissance: «Il va falloir apprendre à partager les équipements comme les voitures, les machines à laver»

Marie-Monique Robin, une malthusienne qui s’ignore Lire la suite »

7 260 000 000 habitants sur Terre, combien en trop ?

La population mondiale compte 7260000000 au 1er janvier 2015 quant à la seule espèce humaine (voir tableau*). Comme au 1er janvier 2014, les estimations donnaient 7,162 milliards, il s’agit donc d’une augmentation annuelle de près de 100 millions de personnes (1,37 % en taux de croissance annuelle) alors que la planète compte un milliard de mal nourris, des terres agricoles dégradées, des océans dévastés, des problèmes croissants d’approvisionnement en eau, en pétrole, en métaux, etc. Notons en plus qu’il ne s’agit là que d’une approche strictement anthropocentrée. Il faudrait aussi comptabiliser les territoires des autres espèces qui sont envahis par les humains, bétonnés, déforestés, aux populations autochtones éradiquées ou émasculées, enfermées dans des zoos. La biodiversité disparaît, et il est biologiquement impossible que l’espèce humaine puisse proliférer durablement au détriment de l’ensemble des autres formes du vivant. Il en va de la survie dans des conditions décentes.

La pullulation démographique humaine est, avec la surconsommation, un facteur de détérioration non seulement du tissu social mais aussi du tissu que forme la trame du vivant. Or toute évolution exponentielle non maîtrisée conduit inéluctablement à l’effondrement comme l’avait prévu dès 1972 le rapport au Club de Rome sur les limites de la croissance. Il y a plus grave, la comparaison avec les effondrements de civilisation du passé (comme celui de l’empire romain) néglige une différence essentielle : jamais par le passé la Terre n’avait porté plus de 7000000000 d’humains (9 milliards dans les tuyaux, qui ne peuvent plus être déprogrammés autrement que via des catastrophes planétaires).

Moralité : alors que jadis l’effondrement d’un empire se traduisait par une dispersion des « effondrés » sur d’autres territoires de vie, celui qui se profile n’aura plus de terres d’exil en réserve, intactes et riches en ressources. Dans ce contexte, nous ne pouvons vous offrir nos vœux de bonne année 2015…

* Tableau de référence : population mondiale en millions d’habitants au 1er janvier 2015

  Sources

      Effectifs au 1.1.2015

INED

                    7.285        

 

US Census Bureau   

                    7.215

Population Reference Bureau

                    7.282

Poodwaddle

                    7.183

Population Matters

                    7.322

Population Mondiale.com

                    7.269

Ria Novosti

                       7.337

Terriens.com

                        7.212

Visio Météo / Géopopulation

                      7.207

Worldometers

                       7.285

Moyenne

                    7 260

Source : http://economiedurable.over-blog.com/article-la-population-mondiale-au-premier-janvier-2015-125282595.html

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