démographie

BIOSPHERE-INFO : spécial démographie (et climat)

Il est étonnant que les différentes conférences sur le climat ne se soient jamais penchées sur la question démographique. Pourtant l’équation de Kaya montrait la complémentarité absolue entre évolution de la population humaine, niveau de vie par personne, intensité énergétique et choix des énergies utilisées (cf. BIOSPHERE-INFO n° 355).

Pour avoir quelques éléments de réflexion sur l’évolution de la population, voici un résumé de l’intervention de Didier Barthès, porte-parole de l’association Démographie Responsable à l’Ecole Normale Supérieure de Lyon. Pour recevoir gratuitement notre bimensuel BIOSPHERE-INFO, s’inscrire à cette adresse : biosphere@ouvaton.org

COP21 : et la question démographique ?

BIOSPHERE-INFO n° 359 (1er au 15 novembre 2015)

1/6) Un point généralement ignoré
Le rapport Planète vivante publié conjointement fin 2014 par le WWF, la Société Zoologique de Londres et d’autres partenaires signalait que depuis 1970, en 45 ans seulement, 50 % des effectifs des animaux sauvages (plus précisément des vertébrés) avaient disparus. En moins d’un demi-siècle nous avons donc éliminé la moitié de la faune. Si nous continuons ainsi, dès 2060 n’y aura-t-il plus un seul animal sauvage sur la Terre ?
Le fait est assez effrayant et a été largement repris par nombre de mouvements écologistes, mais curieusement, il a rarement été souligné que l’on pouvait rapprocher cette division par deux du nombre des animaux d’une multiplication par deux aussi, du nombre des hommes et cela exactement sur la même période. En effet, de 1970 à 2015 les effectifs de l’humanité sont passés de 3,7 à 7,3 milliards. Cela veut dire que depuis 1970, pour un homme vivant sur la Terre il y a 4 fois moins d’animaux sauvages !
Ces deux évolutions, le doublement des hommes et la division par deux du nombre d’animaux ne sont pas, hélas, sans lien de cause à effet. On peut à la fois s’interroger sur ce qui les relie. Tel est l’objet de cette conférence.

2/6) Les ordres de grandeurs de la question démographique
Comme en tout domaine, il est utile d’avoir en tête les ordres de grandeur, je vous propose 4 références
– Depuis les débuts de notre ère (il y avait environ 200 millions d’habitants sur la Terre en l’an zéro environ) les effectifs de l’humanité ont été multipliés par plus de 35 ! Notez que l’on associe cette époque à la fameuse phrase de la Genèse, « Croissez et multipliez » : elle est en fait antérieure de 500 ou 600 ans, mais il est intéressant de constater qu’elle sert encore de référence, pas seulement en démographie et pas seulement dans la sphère religieuse. C’est en fait l’ensemble de notre monde qui est un adepte forcené de la croissance. Cette phrase a été écrite par les hommes dans un monde de 150 millions d’habitants, soit 50 fois moins densément peuplé que celui d’aujourd’hui et elle constitue encore une référence. Excellente illustration des règles adaptées à un monde donné mais qui restent appliquées et vénérées dans un autre contexte, pourtant tout différent. Il serait sans doute temps de s’interroger sur leur bien-fondé et temps aussi de les revoir.
– Depuis le début du 20ème siècle (il y avait 1,6 milliard d’habitants en 1900) c’est par un peu plus de 4 qu’ont été multipliés nos effectifs. Un savant comme Claude Lévi Strauss a presque vu le nombre d’hommes quadrupler au cours de son existence. Il en était d’ailleurs effrayé et ce fut l’un de ces derniers messages. Alors qu’il a fallu des dizaines de milliers d’années à l’humanité pour atteindre 1 milliard de représentants, c’est aujourd’hui tous les 12 ou 13 ans que nous ajoutons un milliard d’habitants de plus à la planète. Cette augmentation de la population n’est pas liée à une hausse de la fécondité, celle-ci tend plutôt à baisser (5 enfants par femme en moyenne dans le monde en 1950, 2,5 aujourd’hui) mais cette baisse n’est pas assez rapide et est venue trop tard pour enrayer la hausse qu’a provoqué l’allongement de la durée de vie et notamment la baisse de la mortalité infantile qui fait que désormais (heureusement) presque tous les enfants survivent jusqu’à atteindre, à leur tour, l’âge de la reproduction.

3/6) Quelques données sur les prévisions
Les prévisions sont de plus en plus pessimistes, puisque depuis le début de notre siècle l’ONU a revu déjà 2 fois à la hausse ses projections démographiques planétaires.
En 2008, nous pensions que nous serions 9,1 milliards en 2050, en 2010 les projections se sont élevées à 9,3 milliards (toujours pour 2050 bien sûr) et en 2013 enfin, le chiffre est monté à 9,7 milliards. Les prévisions pour 2100 sont également passées de 10,1 milliards en 2010 à 11,2 milliards en 2014, tout en confirmant que sans doute en 2100 la situation ne serait pas stabilisée (en contradiction complète donc avec les propos généralement optimistes des démographes notamment en France). Je précise qu’il s’agit là des estimations moyennes il existe en réalité une fourchette de projections présentant une borne inférieure et une borne supérieure (respectivement à 6,8 et 16,6 milliards pour 2100 selon la prévision de l’ONU de 2012)
L’Afrique est un cas très préoccupant car la transition démographique (passage d’une forte mortalité et forte fécondité à une faible mortalité et à une faible fécondité, passage durant lequel naturellement la population croit fortement) tarde à s’établir. Le continent est passé de 200 millions d’habitants en 1950 à 1,2 milliard aujourd’hui (soit une multiplication par 6 en 65 ans) elle devrait atteindre, selon l’ONU, 2,4 milliards en 2050 et plus de 4 milliards en 2100. Nous aurons alors une multiplication par 20 en 150 ans !
Tous ces éléments, associés bien entendu aux changement de mode de vie, font dire au philosophe Dominique Bourg, que nous sommes en train de changer de planète et que la nouvelle planète sera beaucoup moins accueillante. Je ne puis hélas que souscrire à cette analyse.

4/6) La question du Tabou démographique
L’une des difficultés pour aborder cette question démographique est le tabou qui l’entoure.
La quasi-totalité des mouvements politiques sont natalistes. Il y a de ce point de vue une unanimité touchante de l’extrême gauche à l’extrême droite pour se réjouir des chiffres élevés de la natalité en France. Les journaux eux-mêmes, abandonnant leur nécessaire devoir de réserve, présentent toujours comme une bonne nouvelle les chiffres que présentent l’Insee et qui confortent la bonne tenue de la fécondité. C’est d’autant plus surprenant qu’aux débuts de l’écologie politique en France avec René Dumont ou le commandant Cousteau le sujet était loin d’être tabou ; le facteur démographique avait toute sa place. Aujourd’hui, même le principal parti écologiste français (EELV) est majoritairement nataliste et ne présente jamais le facteur surpopulation parmi les éléments de dégradation du biotope.
Trois éléments peuvent justifier ce tabou
– En s’attaquant à la natalité, certains ont peur de donner l’impression de s’attaquer aux enfants, au droit à l’enfantement et donc au sacré.
– Comme les taux de fécondité les plus élevés sont actuellement connus dans les pays les plus pauvres, en s’attaquant à cette question quelques-uns auraient peur d’être taxés d’anti-pauvres et préfèrent par prudence se rallier à la « bien-pensance » générale.
– Il y a une méconnaissance des chiffres, beaucoup se rassurent en se disant que la transition démographique est en marche et que bientôt la démographie mondiale sera stabilisée. Par exemple on nous rappelle qu’entre 1960 et 1970 le taux de croissance était d’environ 2 % par an alors qu’aujourd’hui il a presque baissé de moitié (il est à 1,2 %). On oublie tout simplement que s’appliquant à une population plus importante ces 1,2 % de plus tous les ans conduisent à ajouter sur la planète 80 millions de personnes chaque année (l’équivalent de la ville de Paris tous les 10 jours !) tandis que dans la décennie 1960-70 les 2 % de croissance annuelle ne conduisaient qu’à une augmentation de 70 millions. En valeur brute, la croissance a augmenté et bien sûr tous ces effectifs s’ajoutent à une population déjà doublement plus nombreuse.

5/6) Que faire ?
Agir dans les pays en voie de développement
Plusieurs études ont montré qu’un nombre important de femme étaient en attente insatisfaite de contraception (au moins 30 %). Il faut donc tout faire pour rendre cette contraception accessible, par des moyens matériels (développement des centres de planning familial) et par des aides financières, parfois la contraception ayant encore un coût significatif pour les populations les plus pauvres.
Ainsi l’association Démographie Responsable a lancé une campagne (encore modeste) d’envoi et de distribution de préservatifs gratuits dans plusieurs pays d’Afrique – Togo, Bénin et Côte d’Ivoire – ainsi qu’à Haïti). Elle encourage évidemment ce genre d’action. Certaines associations américaines ont aussi lancé des campagnes comparables (avec des moyens plus importants d’ailleurs).
Il faut également réorienter l’aide au développement dans ce sens, il semble qu’un euro investi dans la planification familiale soit l’euro le plus rentable pour réduire la pauvreté. Démographie Responsable a d’ailleurs lancé une pétition pour qu’une partie significative de l’aide au développement (25 %) y soit consacrée. Notons que dans les grandes instances internationales (l’AFD, agence Française de Développement) ou l’UNFPA (Fonds des Nations Unis pour la Population) nombreux sont les dirigeants qui en sont conscients. L’ancien Secrétaire des Nations Unis, Kofi Annan, s’était d’ailleurs prononcé en ce sens : « Si nous continuons dans cette voie, si nous ne faisons rien pour enrayer l’accroissement de la population, nous allons en payer le prix, nous allons nous retrouver dans un monde surpeuplé. La démographie a un impact sur le développement économique, sur l’environnement et sur les ressources de la Terre qui sont limitées.»
Une autre pétition a aussi été lancée en faveur de la gratuité de la contraception dans le monde (vous pouvez encore les signer toutes deux)
Il faut également favoriser l’éducation et en particulier l’éducation des filles. Il y a une forte corrélation – négative – entre le niveau d’instruction des femmes et leur nombre d’enfants. Bien entendu ce domaine est aussi lié au développement et dépasse les compétences et le domaine d’action possible pour une association comme Démographie Responsable.

– Agir dans les pays déjà développés
Agir dans ces pays est important aussi. Dans un pays comme la France où la fécondité est élevée on peut imaginer une réorientation de la politique familiale qui serait plus favorable aux familles moins nombreuses et moins favorable aux familles nombreuses.
Ainsi Démographie Responsable propose de revoir le système d’allocations familiales français en attribuant :
– 100 € mensuels pour le premier enfant (actuellement il n’y a quasiment aucune aide).
– 200 € mensuels pour une famille de 2 enfants (actuellement 129 €)
– Puis, quel que soit le nombre d’enfants, laisser cette aide à ce niveau de 200 € (actuellement 295 € pour 3 enfants, 460 € pour 4 puis 165 € de plus par enfant supplémentaire).
De façon à ne mettre aucune famille dans l’embarras, ces mesures seraient annoncées à l’avance et bien sûr non rétroactives envers les droits acquis. Mais bien entendu le but est de faire cesser les incitations financières à la natalité. Enfin la fiscalité et les aides diverses aux familles pourraient être revues dans un sens comparable. La politique des retraites pourraient également être revue puisque, dans certains cas, avoir eu beaucoup d’enfants constitue un avantage, ce qui fait que paradoxalement ce sont les gens qui auront de la famille pour les aider quand ils seront vieux qui bénéficient le plus des aides de l’Etat. Il y a là sans doute une injustice.

6/6) Conclusion
Beaucoup de gens n’envisagent d’améliorer notre monde qu’en modifiant nos habitudes et qu’en optimisant nos comportements, c’est une intention certes louable mais probablement insuffisante. Indépendamment de ces efforts d’optimisation nous devons prendre en compte les ordres de grandeurs.
La démographie constitue donc un facteur essentiel par la maîtrise duquel nous pouvons à la fois lutter contre la pauvreté et contre la dégradation des équilibres de notre planète notamment en sauvegardant des territoires pour le reste de ses habitants : la faune et la flore.
Le tabou est encore important et rares sont les auteurs ayant le courage de mettre ce facteur au premier rang des préoccupations, il est temps d’oser le faire.

Pour en savoir plus : « Moins Nombreux plus heureux » (L’urgence écologique de repenser la démographie) aux éditions Sang de la Terre, 2014.

 

 

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Le climat souffre d’un trop plein d’humains… chinois

Enfer et damnation, la Chine annonce la fin de la politique de l’enfant unique en vigueur depuis 1979*. Déjà que les émissions de carbone de la Chine sont les plus importantes au niveau mondial, déjà que son taux de croissance industrielle bat des records depuis des années, on en rajoute aujourd’hui en poussant à la multiplication des poussettes et landaus ! Le 29 octobre 2015, le 5e plénum du comité central du PCC a décidé de passer au laisser-faire nataliste.

Tout ça pour corriger le déséquilibre hommes-femmes (116/100 au sein d’une même génération) alors qu’il ne s’agit là que d’un choix machiste qui résulte d’une éducation sexiste. Mao avait écrit que « la femme est la moitié du ciel », mais l’idée de révolution sociale est aujourd’hui absente des délibérations chinoises. On pense seulement à enrayer le vieillissement de la population sans savoir si dans vingt ans les jeunes qui arriveront plus nombreux sur le marché du travail auront un emploi pour faire vivre leurs ascendants ! Dans un contexte prochain de crise climatique et de pénuries des ressources, c’est plutôt le taux de chômage qui va exploser. Heureusement les couples n’auront l’autorisation qu’à deux enfants. Heureusement, heureusement, beaucoup de couples chinois souhaitent encore pour des raisons financières n’avoir qu’un seul enfant.

La Chine était un des rares exemples de décroissance malthusienne sur une planète surpeuplée. Depuis 1971 la Chine appliquait une politique de contrôle des naissances, à la fois à la campagne (trois enfants maximum) et en ville (deux enfants maximum). En 1979, trois ans après la mort de Mao, on mettait en place une politique de l’enfant unique. Que serait la Chine aujourd’hui sans cette politique, avec 400 à 500 millions de personnes en plus ? Une Inde avec ses bidonvilles grouillants d’une marée humaine. Pourtant certains analystes pensent encore que « la Chine va se retrouver (avec la politique de l’enfant unique) avec une structure de population qui va commencer à devenir défavorable à son économie »**. Comme si l’économie pouvait encore se passer de réfléchir sur les contraintes biophysiques qui encadrent nécessairement nos possibilités de création de richesse ! Sans pétrole, l’économie chinoise s’effondre, et toutes les autres avec. C’est à une société post-carbone qu’il faut se préparer, et moins nous serions nombreux, plus ce serait facile.

* Le Monde.fr avec AFP | 29.10.2015, La Chine annonce la fin de la politique de l’enfant unique

** LE MONDE du 31 octobre 2015, Fin de l’enfant unique en Chine : « Il est peu probable que la fécondité remonte »

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Migrants noyés en méditerranée, la cause démographique

Il est souvent admis que les migrations économiques ont en partie pour cause la croissance démographique excessive des régions d’origine. Par contre, en ce qui concerne la crise d’aujourd’hui, la plupart des observateurs estiment que sa seule cause est d’ordre politique ou militaire : les migrants fuient la guerre, l’insécurité, des régimes dictatoriaux, voire le tout à la fois.

Or, si l’on s’intéresse par exemple aux quatre pays les plus représentés actuellement, il faut savoir que depuis 1950, la Syrie a vu sa population passer de 3,4 à 20,7 millions soit une multiplication par 6,1… que durant la même période, l’Érythrée est passée de 1,1 à 5,2 millions et la Somalie de 2,3 à 10,8 millions (soit pour ces 2 pays une multiplication de la population par 4,7)… quant à l’Afghanistan, le passage de 7,8 à 32,5 millions correspond à une multiplication par 4,2.

Attention, cela ne signifie pas que c’est directement l’explosion démographique qui a causé les guerres actuelles (comme ce fut en partie le cas au Rwanda). En effet, d’autres pays connaissent le même processus démographique et restent relativement en paix. Il est cependant probable que ce facteur a joué, ne serait-ce que parce que les autorités n’ont pas pu subvenir correctement aux besoins d’une population en croissance continue et disproportionnée par rapport aux ressources disponibles.

Ce qui est donc avancé ici, c’est que si ces pays avaient connu une progression de leur population moindre, disons un « simple » doublement sur les 65 dernières années (ce qui est déjà conséquent), on peut supposer que les migrations se seraient déroulées en proportion, ce qui aurait conduit par exemple à trois fois moins de réfugiés syriens aux portes de l’Europe… ou trois fois moins de noyés en méditerranée. On retrouve ici la même problématique que pour les catastrophes naturelles où il y a souvent trop de monde au mauvais endroit. La conclusion est presque une lapalissade : moins les Hommes sont nombreux, moins il y a de victimes en cas de catastrophe, qu’elle soit d’origine naturelle ou humaine.

Il n’est pas ici question de contester un accueil mesuré et en urgence des migrants, mais il ne faut pas s’en contenter. Nous n’aurions en effet absolument rien résolu sur le long terme et l’on pourrait même s’attendre à ce que des générations futures d’européens subissent en grand ce que nous vivons aujourd’hui en petit, lorsque l’on sait par exemple que (selon les dernières projections onusiennes) l’Afrique est appelée à voir sa population multipliée par quatre d’ici à 2100 !… Si l’on veut minimiser, autant que faire se peut, les inéluctables crises humanitaires futures, il convient donc de s’investir résolument et massivement dans la baisse des taux de fécondité de tous les pays encore en proie à l’explosion démographique.
Denis Garnier, président de Démographie responsable
Texte d’origine : http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1415370-.html

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LE MONDE ignore Malthus, médiatiquement incorrect

Même page, deux articles dont on ne fait pas le lien. D’un côté LE MONDE s’interroge sur la pauvreté en Inde*. De l’autre on nous dit que la population indienne va dépasser en nombre la population chinoise**. Mais l’article sur la pauvreté indienne ne voit qu’une seule cause à la pauvreté, l’illettrisme : « Près de la moitié des foyers ruraux ne savent pas lire ni écrire… Avec plus des deux tiers des Indiens qui ont raté “l’ascenseur de l’éducation”, il serait intéressant de voir comment une Inde émergente peut émerger. » Notons que la scolarisation de masse ne crée pas d’emplois, elle fait seulement en sorte que les chômeurs sachent lire et écrire ou soient diplômés ! L’ascenseur social est en panne, que ce soit en France ou à plus forte raison en Inde. Pourquoi ? La cause première de tous nos problèmes est tellement évidentes qu’on ne veut pas la voir. Elle s’appelle surpopulation.

Selon l’autre article, les dernières projections onusiennes, l’Inde comptera 1,7 milliards d’habitants en 2050. A lui seul, ce pays aura alors autant d’habitant que la planète dans son ensemble… au début du XXème siècle ! Dans ce contexte démographique, quel autre avenir pour le peuple indien qu’une paupérisation croissante ? Ce sont les pays qui ont le mieux maîtrisé leur démographie qui ont connu le plus fort développement, tels que la Chine, la Corée du Sud ou Singapour. La Chine et l’Inde aujourd’hui au coude à coude avec respectivement 1,38 milliard et 1,31 milliard d’habitants devraient l’une et l’autre compter avant 2022 1,4 milliard d’individus. Mais grâce à une planification familiale judicieuse, la population chinoise devrait se stabiliser avant de se mettre doucement à décliner après 2030, pour retomber à 1 milliard à la fin du siècle. La population indienne continuera de croître.

Selon le dernier rapport des Nations unies publié fin juillet 2015, « Perspectives de la population mondiale », à la fin de ce siècle, la population planétaire franchira les 11 milliards, soit 300 millions de plus que les projections de 2012. Les démographes de l’ONU ont été une nouvelle fois contraints de revoir à la hausse leurs prévisions. Si on compare avec les prévisions catastrophiques sur l’agriculture, chute des rendements avec le réchauffement climatique, la désertification et la stérilisation des sols, épuisement des ressources fossiles, la planète deviendra indienne. Malthus est de retour, mais LE MONDE ne le sait pas encore !

* LE MONDE du 31 juillet 2015, Malgré sa croissance, l’Inde reste rurale et pauvre
** LE MONDE du 31 juillet 2015, Avant 2022, les Indiens seront 1,4 milliard, plus nombreux que les Chinois

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Le Sénat contre le droit de mourir dans la dignité

Le Sénat avait vidé de son contenu la loi « fin de vie ». Voici quelques éléments de réflexion exprimés par l’ADMD (association pour le droit de mourir dans la dignité)

Le parcours législatif de la proposition de loi Leonetti/Claeys sur la fin de vie tourne au fiasco…
Depuis son élaboration, en passant par la trahison de l’engagement 21 et maintenant son naufrage au Sénat : le parcours de la proposition de loi sur la fin de vie frôle le désastre.
Pourquoi le Sénat a rejeté la proposition de loi ? Que devons-nous en penser ?
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«Aide au suicide» et justice française : la grande hypocrisie…
Le suicide n’est ni un crime ni un délit et l’«aide au suicide» n’existe pas en droit pénal. Alors comment la justice en arrive-t-elle à poursuivre Jean Mercier, 87 ans, qui a aidé sa femme en fin de vie à mourir ?
Françoise Rollin, juriste de l’ADMD, nous apporte des éléments de réponse.
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Quatre livres indispensables sur le droit de mourir dans la dignité !
Ces derniers mois, de nombreux livres sont parus sur le sujet de la fin de vie. L’ADMD en a séléctionné quatre qui vous permettront de poursuivre votre réflexion pendant la période estivale.
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ADMD 50, rue de Chabrol 75010 Paris
Services administratifs : 01.48.00.04.16
ADMD-Ecoute : 01.48.00.04.92
Fichier national des directives anticipées : 01.48.00.09.89

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Le pape François, l’encyclique et la démographie

Nombreux sont ceux, même parmi les non croyants, qui se réjouissent de la prise de position du pape en faveur de protection la nature à l’occasion de la publication de l’encyclique Laudato si. Il était temps en effet qu’une autorité morale du plus haut niveau rappelle aux hommes la gravité des menaces qui pèsent sur notre monde et la responsabilité qui est la leur. Quelques mois avant la tenue des négociations sur le climat (COP 21) cela ne pouvait mieux tomber.

Ce n’est bien sûr pas la première fois qu’un pape s’exprime sur le temporel et un tel message est bienvenu tant ce temporel-là renvoie à une question morale. Comment nous comportons-nous avec la nature, avec le monde, avec la « maison commune »  pour reprendre les mots mêmes du pape (1) ? On ne peut donc qu’applaudir une telle initiative, même si parfois il ressort des propos de François un certain anthropocentrisme qui appuierait la nécessaire protection  de  la nature sur les besoins des hommes et non sur un respect intrinsèque dû à l’ensemble du vivant, démarche plus utilitariste que morale, hélas partagée par nombre d’écologistes.

Toutefois, si le courage et le modernisme du pape sont incontestables, sa position sur la démographie reste absolument conventionnelle et fait bon marché des contraintes écologiques au profit de la défense séculaire d’un natalisme militant. Alors qu’au cours du dernier siècle le monde a multiplié ses effectifs par quatre, alors qu’au cours des 45 dernières années ce sont 50 % des vertébrés qui ont disparu (2) du fait de notre envahissement de tous les territoires, alors que les océans se vident à grande vitesse, alors qu’un continent, l’Afrique, voit nombre de ses efforts de développement obérés par une croissance démographique encore non maîtrisée (au cours du 20ème siècle l’Afrique devrait passer de 1 à 4 milliards d’habitants), voici ce que dit le pape François de la question (chapitre 50 de son encyclique Laudato si)

« Au lieu de résoudre les problèmes des pauvres et de penser à un monde différent, certains se contentent seulement de proposer une réduction de la natalité. Les pressions internationales sur les pays en développement ne manquent pas, conditionnant des aides économiques à certaines politiques de “ santé reproductive ”. Mais « s’il est vrai que la répartition inégale de la population et des ressources disponibles crée des obstacles au développement et à l’utilisation durable de l’environnement, il faut reconnaître que la croissance démographique est pleinement compatible avec un développement intégral et solidaire ». Accuser l’augmentation de la population et non le consumérisme extrême et sélectif de certains est une façon de ne pas affronter les problèmes ».

Le pape offre là une douche froide à tous ceux chez qui était né l’espoir que l’Eglise Catholique s’oriente vers une position plus raisonnable en matière de contrôle de la fécondité. Espoir né en janvier dernier suite à ses déclarations lors d’un voyage aux Philippines. A cette occasion François avait en effet affirmé qu’il n’était pas nécessaire de se reproduire comme des lapins pour être de bons catholiques. Il avait également  réprimandé une femme enceinte déjà mère de nombreux enfants. Las, de toute évidence cette remarque visait à éviter les situations personnelles difficiles mais elle n’indiquait en aucun cas une prise de conscience des limites écologiques à l’explosion démographiques.

François signe là aussi une assez grande méconnaissance du problème. Une méconnaissance du problème écologique proprement dit (mais où le pape mettra-t-il toutes les autres créatures de Dieu si l’Homme augmente encore ses effectifs ? Jésus n’a pas multiplié les mètres carrés, même dans les écritures). Mais aussi méconnaissance des propos des antinatalistes. Dans leur grande majorité, ceux-ci sont profondément écologistes. Ils ne se contentent pas « seulement de proposer une réduction de la natalité », ils affirment que c’est une condition nécessaire bien que non suffisante. Ils regrettent qu’elle soit si souvent passée sous silence mais ils savent aussi qu’elle s’insère dans un ensemble de problèmes encore plus vaste qui est celui de notre rapport à la nature. Caricaturer ainsi leur propos n’est pas très juste et ne fait pas avancer la prise de conscience.

Rien au contraire  « n’indique que la croissance démographique soit pleinement compatible avec un développement intégral et solidaire » Et surtout elle est clairement incompatible avec la protection de la nature qui est pourtant l’objet de cette encyclique.

Plusieurs personnalités ont répondu à cette prise de position du pape François (…) Pour connaître la suite, aller à la source de ce texte :

http://economiedurable.over-blog.com/2018/06/le-pape-l-encyclique-et-la-demographie.html

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GES, l’interdépendance entre économie et démographie

L’équation de KAYA présente les causes du réchauffement climatique Elle met en relation l’influence et le poids de l’activité humaine en termes d’émission direct de gaz à effet de serre :
CO2 = (CO2 : TEP) x (TEP : PIB) x (PIB : POP) x POP => CO2
(CO2 : TEP) : contenu carbone d’une unité d’énergie (qui peut s’exprimer en TEP, tonnes d’équivalent pétrole)
Cela correspond à un choix de ressources naturelles, charbon ou gaz, électricité, énergie renouvelable ou non, nucléaire
(TEP : PIB) : quantité d’énergie requise à la création d’une unité monétaire (qui peut correspondre au PIB)
C’est l’intensité énergétique de l’économie ou inverse de l’efficacité énergétique (qui serait PIB : TEP)
(PIB : POP) : production par personne ou niveau de vie moyen
POP : nombre d’habitants.

Tout est interdépendant, on ne peut agir sur un des termes sans considérer ce qui se passe ailleurs.
–  si on divise par 3 les émissions de gaz à effet de serre, il faut aussi que l’ensemble des autres éléments soit divisés par trois. Peu importe mathématiquement ce qui est réduit.
Cette division par 3 au niveau mondial est une approximation liée à un seuil (politiquement décidé) de 2°C de réchauffement. Les dernières indications scientifiques montrent qu’il ne faudrait pas dépasser le seuil de 1,5°C d’ici 2050, soit une division par 4 (c’est-à-dire – 75%). Ce facteur 4 était envisagé par la premier ministre Raffarin dès 2003 (voir annexe)

– Jean-Marc Jancovici : « Quand Bush a annoncé qu’il allait diminuer l’intensité énergétique de l’économie américaine de 18% en 10 ans, il est facile de voir que cela ne porte que sur l’un des termes de cette égalité (TEP/PIB). Et le reste ? Si la production économique par personne (PIB/POP) augmente de 25% dans le même temps (ce qui représente une croissance de 2,5% par an, soit un objectif conservateur pour n’importe quel gouvernement), avec une population (POP) qui augmente de quelques % dans le même temps (simple prolongation des tendances aux USA), et un contenu en carbone qui reste constant (assertion raisonnable compte tenu des tendances actuelles aux USA), le résultat sera une hausse des émissions de CO2, pas une diminution ! » »

– la tendance moyenne d’augmentation démographique est de 30 % d’ici 2050, soit un peu plus de 9 milliards d’habitants. Il faudrait donc diviser les autres indicateurs par 4, ce qui veut dire par beaucoup plus que 4 pour les pays les plus émetteurs. On mesure les efforts à demander à la population, gigantesque, sachant qu’on ne peut agir dans le court terme sur l’évolution démographique étant donné son inertie.

– Hypothèse d’une croissance annuelle moyenne du PIB de 2 % (2,3 % est atteint en 2012 et 2013) sur 40 ans, soir une multiplication de 2,2. La population serait multipliée par 1,33. Il faudrait donc diviser les autres indicateurs par 9. Or le « contenu en gaz carbonique de l’énergie » a juste diminué de 10 % sur les 40 dernières années. D’autre part le découplage entre TEP et PIB se heurte à l’effet rebond.

étant donné ce qui précède, on est voué à une décroissance économique (récession, voir dépression) et démographique (épidémies, guerres et famine) forcée qu’il s’agit politiquement de maîtriser le mieux possible.

conclusion
Il est donc politiquement absurde d’ignorer la variable démographique et le concept de décroissance économique lors de la COP21. La solution au réchauffement climatique passe obligatoirement par ces deux axes.

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L’arrêt des migrations sur une planète close et saturée

Les politiques de droite ou de gauche prennent deux attitudes opposées sur l’immigration de masse. L’écologie politique devrait présenter la sienne, vraiment écolo. D’un côté il y a la pensée « de droite », pour la régulation des flux migratoires. Au nom du FN, ce serait plutôt au nom de la défense de la patrie et/ou du racisme. Nicolas Sarkozy, représentant de la droite dure, y va de son discours imagé sur les canalisations qui explosent*. La droite peut avoir un discours plus complexe, envisageant les difficultés socio-économiques de la France, les problèmes de co-existence de cultures différentes, etc. De l’autre il y a Cécile Duflot, députée EELV et représentante d’une ligne d’extrême gauche apparemment contre toute restriction à l’accueil des migrants. L’ex-secrétaire nationale d’Europe Ecologie Les Verts est d’ailleurs plus connue pour son positionnement contre Valls à propos des Roms ou contre les méthodes policières employées vis-à-vis de campements illégaux que pour ses propos sur le réchauffement climatique. Il faut dire aussi que la commission « immigration » d’EELV est une annexe des associations de défense des sans-papiers. C’est une option qui se veut humaniste et chaleureuse, mais dont on ne connaît pas les motivations écologiques. La gauche classique genre PS hésite entre la ligne Sarkozy et les propos de Duflot.

Le point de vue des écologistes véritables n’est ni de droite, ni de gauche. Il s’appuie sur des données scientifiques qui montrent que quand une espèce dépasse la capacité de charge de son milieu, elle régresse obligatoirement en nombre. Mais l’équilibre de l’espèce humaine avec son biotope est extrêmement difficile à définir. Les humains sont une espèce opportuniste qui sait utiliser un grand nombre de stratagèmes pour survivre même dans des milieux très dégradés. Historiquement le procédé le plus utilisé a été la migration quand le nombre d’humains sur un territoire donné arrivait à saturation. Or la situation présente est absolument nouvelle, elle n ‘a jamais été rencontrée dans le passé. Les humains sont partout sur cette planète, en grand nombre, même dans les milieux les plus inhospitaliers. On commence à s’apercevoir que pour l’espèce humaine, c’est la biosphère elle-même qui est devenue close et saturée. C’est ce que montrait un chapitre du livre « Moins nombreux, plus heureux »**.

Dans cette situation, un flux migratoire important dans un pays déséquilibre nécessairement les rapports sociaux, les possibilités économiques, et parfois même l’accès à la nourriture. Malheureusement les humains ne s’attachent pas encore aux possibilités de leur biotope, mais aux frontières artificiellement tracéee. Des conflits plus ou moins sanglants se déroulent dans beaucoup de pays qui accentuent la pression migratoire. Accueillir tous les migrants sans aucune restriction accentue les difficultés du milieu d’accueil sans résoudre structurellement les causes des migrations. Les « écologistes » d’EELV devraient apprendre à connaître l’exemple du mouvement Ecopop qui essaye de réfléchir en Suisse sur l’idée d’une migration acceptable…

*lemonde.fr avec AFP du 19.06.2015, vives réactions après les propos de Sarkozy : « Il n’y a plus d’argent, plus d’emplois, plus de logements, mais ils ont trouvé un truc (…), ils ont considéré que la solution au problème d’immigration c’était pas de réduire, c’était de répartir (..) Dans une maison (…), il y a une canalisation qui explose, elle se déverse dans la cuisine. Le réparateur arrive et dit j’ai une solution : on va garder la moitié pour la cuisine, mettre un quart dans le salon, un quart dans la chambre des parents et si ça ne suffit pas il reste la chambre des enfants. »

** Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie) aux éditions Sang de la Terre (2014)

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Le pape François va-t-en-guerre pour le climat

L’encyclique papale sur l’environnement, Laudato Si (loué sois-tu), va bientôt être officialisée. Cette encyclique est importante, même pour les non-croyants : « Aujourd’hui, croyants et non-croyants sont d’accord sur le fait que la Terre est essentiellement un héritage commun, dont les fruits doivent bénéficier à tous. ». C’est d’ailleurs le premier texte de ce type exclusivement consacré par un pape à la crise écologique. Cette analyse du pape François a vocation à devenir un élément du magistère officiel de l’Eglise et aider à la prise en compte du réchauffement climatique. Selon le pape, réduire les émissions de gaz à effet de serre demande « de l’honnêteté et du courage, notamment de la part des pays les plus puissants et les plus polluants »… « Les négociations internationales ne peuvent pas progresser de manière significative à cause de la position de pays qui privilégient leurs intérêts nationaux plutôt que le bien commun »… « Ceux qui pâtiront des conséquences de ce que nous essayons de cacher se souviendront de ce manque de conscience et de responsabilité. »*

Le pape François en appelle à « toute la famille humaine », croyants ou non, catholiques ou autres, à joindre leurs efforts pour surmonter la crise et engager un changement radical « de style de vie, de production et de consommation »**. Il réfute l’idée que « l’économie actuelle et la technologie résoudront tous les problèmes environnementaux », tout comme celle qui voudrait que « les problèmes de la faim et de la misère dans le monde se résolvent simplement par la croissance du marché ». Mais, fidèle à la doctrine de l’Eglise, il assure que la croissance de la population mondiale n’est pas une cause des problèmes écologiques. Rappelons à tous les chrétiens et à bien d’autres que le nombre d’habitants sur notre petite planète est un multiplicateur de nuisances. On ne peut contredire l’équation de Kaya qui présente les causes du réchauffement climatique

CO2 = (CO2 : TEP) x (TEP : PIB) x (PIB : POP) x POP => CO2
(CO2 : TEP) : contenu carbone d’une unité d’énergie (qui peut s’exprimer en TEP, tonnes d’équivalent pétrole)
(TEP : PIB) : quantité d’énergie requise à la création d’une unité monétaire (qui peut correspondre au PIB)
(PIB : POP) : production par personne ou niveau de vie moyen
POP : nombre d’habitants.

Si on veut diviser par 3 les émissions de gaz à effet de serre, ce qui est un minimum au niveau mondial, il faudrait aussi que l’ensemble des autres éléments soit divisé par trois. Peu importe mathématiquement ce qui est réduit. Or la tendance moyenne d’augmentation démographique est de 30 % d’ici 2050. Il faudrait donc diviser les autres indicateurs par 4, ce qui veut dire par beaucoup plus que 4 pour les pays les plus émetteurs. On mesure les efforts d’économies d’énergie à demander à la population ou à la technique, gigantesque, sachant qu’on ne peut agir dans le court terme sur l’évolution démographique étant donné son inertie. Nous allons payer en termes climatiques le fait que l’Eglise catholique ait toujours œuvré contre le planning familial, la contraception « non naturelle » et l’avortement. Le pape François a encore du chemin à faire pour arriver à la vérité…écologique !

* Le Monde.fr | 16.06.2015, Environnement : le pape en appelle au « courage » et à l’action urgente
** LE MONDE du 17 juin 2015, Climat : le blâme du pape aux pays riches

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Immigration, débat entre malthusiens et écosocialistes

En janvier 1972 le manifeste* « un programme de survie » fut le premier écrit médiatique valorisant l’idée de « communauté protégée ». Les gouvernements doivent faire cesser la croissance démographique ; cet engagement devrait inclure un arrêt de l’immigration. Dans son article de 1974, « Lifeboat Ethics : The Case against Helping the Poor », Garrett Hardin comparait les Etats-Unis à un canot de sauvetage où l’espace vient à manquer : « Une immigration sans restriction revient à faire venir les populations là où est la nourriture, cela accélérant la destruction de l’environnement des pays riches. » Paul et Anne Ehrlich publièrent en 1979 un ouvrage sur la question frontalière américano-mexicaine, The Golden Door : « Le nombre accru d’Américains résultant de l’immigration accroîtra l’impact total des Etats-Unis sur les ressources du globe et sur l’environnement, tout comme un accroissement naturel le ferait. » Ils reprenaient l’argument en 1990 dans The Population Explosion : « Dans la mesure où la migration sert de soupape pour empêcher les pays pauvres de faire face à leurs propres problèmes démographiques, tout en gonflant le nombre de consommateurs à revenu élevé, elle grève nos chances d’instaurer la durabilité mondiale. »

Le livre** qui reprend ces textes historiques en tire la conclusion que c’est une « écologisation de la haine », rejetant la responsabilité de la dégradation environnementale sur le dos des populations démunies et de couleur. L’argument anti-immigration se fonde selon Ian Angus et Simon Butler sur l’idée que la transformation des modes de vie du Nord est un objectif moins facile à atteindre que d’empêcher les autres d’adopter ces mêmes modes de vie. Les programmes anti-immigration mineraient les efforts visant à ériger des mouvements démocratiques de masse pour affronter et neutraliser les véritables causes de la destruction environnementale.

Cette argumentation des écosocialistes est simplificatrice à l’extrême. Il faut nettement distinguer le racisme qui rejette la différence avec une maîtrise des flux migratoires pour raison écologique : un territoire ne peut raisonnablement dépasser sa capacité de charge. L’impact écologique d’une population résulte à la fois du nombre de consommateurs et du niveau de consommation : il faut agir sur les deux causes à la fois sans vouloir protéger le niveau de vie des riches. Notons d’ailleurs qu’il est aussi difficile d’agir sur la démographie que d’agir sur le consumérisme. De toute façon ce n’est pas parce qu’on agit dans un domaine que cela empêche le volontarisme dans d’autres domaines. Il est enfin illusoire de compter sur « des mouvements démocratiques de masse » pour faire la révolution ; cela ressemble fort à l’idéologie du Grand Soir prôné par les mouvements marxistes. Nous savons historiquement que les pseudo mouvements de masse débouchent quasi-inéluctablement sur une dictature « socialiste » allergique à l’urgence écologique.

* A blueprint for Survival », manifeste inséré dans The Ecologist de janvier 1972
** Une planète trop peuplée ? (le mythe populationniste, l’immigration et la crise écologique) de Ian Angus et Simon Butler

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Duflot : lutte meurtrière pour la défense du territoire ?

« Face aux migrants, un trouble monte au sein de la population ». Mais ce n’est pas sous la forme du « respect dû aux êtres humains » comme le voudrait Cécile Duflot dans sa tribune*, c’est plutôt du côté Front national. La députée « verte » demande au président de la république de « dire la vérité sur l’insuffisance de nos capacités d’hébergement ». Encore faudrait-il creuser la question et s’interroger sur la capacité de charge de la France. Les migrants sont certes « les fruits des soubresauts de notre planète ». Mais quel nombre de migrants la France peut-elle accueillir au final ? 10 000, 100 000, un million, plus ? Que ferons-nous demain des réfugiés climatiques ? Cécile Duflot ne répond pas aux questions de fond.

On ne peut bâtir une politique écologiste sur les bons sentiments, « fidélité à notre humanisme » contre « inhumanité de l’accueil des migrants ». On ne résiste pas au « vent mauvais de la xénophobie » en se drapant derrière « nos valeurs » sans rien proposer de concret. Quelles seraient « les jalons d’une nouvelle politique de l’immigration » ? Cécile Duflot n’a rien à dire, ni sur la politique migratoire, ni sur les contraintes écologiques. Laissons maintenant la parole aux commentateurs sur lemonde.fr :

– Duflot a raison sur les valeurs. Duflot a raison en partie sur les motivations des migrants. Duflot évalue mal le vécu de la population quant à l’arrivée massive des migrants. Des intentions louables font-elles une politique réaliste dans une France comptant 5 millions de personne à la recherche d’un emploi, vivant dans la précarité et l’angoisse du lendemain.
– Le problème n’est pas la xénophobie, le problème c’est la situation économique, le droit au travail et 5 millions de personnes au chômage. Quelle immigration peut-on se payer ? Peut-on accueillir les millions de personnes éligibles au droit d’asile ? L’humanisme serait qu’ils puissent vivre chez eux. Il faut clairement stopper cette immigration incontrôlée, sinon le FN vous allez l’avoir en grand.
– L’humanisme, le vrai, celui qui n’est pas verbal, est de recommander à ces migrants de retourner dans leur pays pour y oeuvrer à leur développement. On ne construit pas l’avenir en fuyant.
– Il y a conflit entre éthique de conviction (on proclame que tous les immigrés sont nos frères) et principe de responsabilité (nous n’avons même pas réussi à intégrer des enfants français nés d’immigrés)
– 230 millions d’Africains en 1950, 1 milliard en 2010, prévu 2 milliards en 2050 et 4 milliards en 2100, les ressources ne suivent pas d’où conflits. On en accueillerait 1à 2 milliard que ça ne résoudrait pas le problème, mais ça ferait plaisir à Mme Duflot. Le règlement du problème est plus important que les douleurs morales de Mme Duflot, désolé.
– Son discours n’est pas d’ordre politique mais religieux : « nous sommes tous frères en Christ ». C’est sympa mais l’essence du politique, depuis chasseur-cueilleur c’est le contrôle du territoire et de la population. Tant que cette gauche se contentera d’une description métonymique de la réalité et refuse d’aborder la question du nombre et de la « nationalité », elle perdra face au FN. Développez une stratégie sur 20 ans en incluant les pays d’origine, voilà ce que l’on attend d’une élue verte !
– C’est curieux que cette « spécialiste de la nature » oublie la lutte sauvage et meurtrière de la conquête et de la défense du territoire.

* LE MONDE du 11 juin 2015, Cécile Duflot : « Au nom d’une certaine idée de la France, protégeons les migrants »

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Affaire Vincent Lambert : la loi européenne tranche

Vincent Lambert est un homme de 38 ans qui vit dans un état végétatif depuis 2008 avec une sonde dans l’estomac ; les médecins n’escomptent plus la moindre amélioration.

Le code de santé publique indique que le médecin « n’a pas le droit de provoquer délibérément la mort ». Pour le rapporteur public du Conseil d’Etat, « en interrompant un traitement, le médecin ne tue pas, il se résout à se retirer lorsqu’il n’y a plus rien à faire ». La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a validé l’analyse du Conseil d’Etat*. Les juges de la Grande Chambre, la formation solennelle de la Cour, se sont dits « pleinement conscients de l’importance des problèmes soulevés par l’affaire, qui touche à des questions médicales, juridiques et éthiques d’une grande complexité ». Il leur a fallu arbitrer entre l’article 2 de la Convention, qui consacre « le droit de toute personne à la vie », et l’article 8, qui impose « le droit au respect de la vie privée et familiale », c’est-à-dire le droit de chacun à diriger sa vie.

La Cour a, dès 2002, reconnu qu’une personne pouvait « revendiquer le droit d’exercer son choix de mourir en refusant de consentir à un traitement ». A condition qu’une loi nationale le permette – c’est le cas en France avec la loi Leonetti de 2005 –, que soit prise en compte la volonté du patient ou de ses proches et qu’il soit possible de faire appel à un tribunal. La procédure médicale, « à tous les stades », indique la Cour, a même été ici « au-delà des conditions posées par la loi ».Restait la condition centrale du consentement du patient. Vincent Lambert, infirmier comme sa femme, lui a souvent dit qu’il n’accepterait jamais de vivre comme un légume, et un de ses frères en témoigne. Les juges, comme le Conseil d’Etat, ont estimé que « les témoignages étaient suffisamment précis ». La CEDH a ainsi jugé, par douze voix contre cinq, que l’article 2, le droit à la vie, n’avait pas été violé par la France.

L’arrêt de la Cour n’a rien de révolutionnaire, même si cinq des dix-sept juges ont dénoncé sa « conclusion effrayante ». Elle laisse aux Etats membres, sur ces questions délicates, un libre choix, et pose un seul verrou, mais d’importance : on ne peut aller contre la volonté du patient. Parce que « la dignité et la liberté de l’homme sont l’essence même de la Convention européenne des droits de l’homme ».
* LE MONDE du 7-8 juin 2015, Affaire Lambert : la CEDH valide l’arrêt des soins

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Vincent Lambert et le droit de mourir dans la dignité

La Cour européenne des Droits de l’Homme vient de rendre sa décision : la volonté de Vincent Lambert devra être respectée… Il fera l’objet d’une sédation accompagnée d’une privation d’alimentation et d’hydratation. Voici le point de vue de l’ADMD (association pour le droit de mourir dans la dignité)

Espérons que ce calvaire due à la loi Leonetti ne s’éternise pas…
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Mais que se cache-t-il derrière la pratique de la sédation profonde ? Témoignage d’une adhérente de l’ADMD : « La sédation profonde est un laisser souffrir, c’est par l’expérience qu’on le découvre… »
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pour en savoir plus, articles antérieurs sur ce blog :
Vincent Lambert, qui peut décider de sa fin de vie ?
…Cette question, toute personne au bord du suicide se la pose : ma vie vaut-elle vraiment la peine d’être vécue ? Cette question, d’autres se la posent pour vous quand vous n’êtes plus en état de conscience…
Les Pro-life se veulent encore plus fort que la loi
… Dans le cas de Vincent Lambert, en vie artificielle depuis vingt mois, le Conseil d’Etat a finalement jugé légale la décision de l’équipe médicale du CHU de Reims de mettre fin à son alimentation et son hydratation artificielles. Dans un monde sans repères comme le nôtre, les parents de Vincent vont encore faire appel de cette décision du Conseil d’Etat devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH)…
Fin de vie, encore une mesurette de François Hollande
… Deux parlementaires ont proposé que soit mise en place une sédation « profonde et continue » pour les malades en fin de vie…

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rôle de la démographie dans le réchauffement climatique

1/2) rôle de l’accroissement démographique dans les émissions de gaz à effet de serre
L’Institut international pour l’analyse des systèmes appliqués (IIASA) basé à Vienne : « Notre étude a montré qu’un ralentissement de la croissance démographique pouvait favoriser une réduction notable des émissions de gaz à effet de serre. » Si l’on venait à réaliser la plus basse projection onusienne de croissance démographique, cela seul contribuerait « à hauteur de 16 à 29 % à la réduction d’émissions requises pour juguler les graves conséquences du réchauffement mondial ». (octobre 2010)
Optimum Population Trust (OPT au Royaume-Uni) affirme que la croissance démographique ne devrait pas dépasser le milliard additionnel en 2050, comparativement aux 2,3 milliards que prévoit l’ONU : « Si les mères de la planète réduisaient le nombre d’enfants qu’elles mettent au monde, en 2050 il pourrait y avoir 1,2 milliards de responsables du changement climatique en moins par rapport aux chiffres escomptés. » Une personne inexistante n’a pas d’empreinte écologique : l’économie d’émissions est immédiate et totale. La plus efficace des stratégies individuelles contre le changement climatique consiste à limiter le nombre d’enfants que l’on a. La plus efficace des stratégies nationales et internationales consiste à limiter la taille de la population. C’est une stratégie d’autant plus pertinente dans les pays développés comme le Royaume-Uni en raison de leurs niveaux élevés de consommation.
David Satterthwaitte : Entre 1980 et 2005, l’Afrique subsaharienne a généré 18,5 % de l’accroissement démographique mondial et 2,4 % de l’augmentation des émissions de dioxyde de carbone. La Chine a généré 3,4 % de l’accroissement démographique mondial et 44,5 % de l’augmentation des émissions de dioxyde de carbone.
Frederick Myerson : « Il me semble plus facile de réduire les grossesses non désirées, un objectif que nous savons pouvoir accomplir par l’amélioration des services de santé génésique et de l’éducation, que de miser sur une réduction des émissions par habitant, un point sur lequel nos résultats demeurent médiocres (avril 2008)
Ian Angus et Simon Butler : Si la quantité de CO2 dans l’atmosphère est telle qu’un dangereux changement climatique est vraisemblable, cela démontre qu’il faut transformer l’activité humaine et non qu’il y a trop de monde.

2/2)  rôle de l’immigration dans les émissions de gaz à effet de serre
D’après le canadien William Rees, coauteur du concept d’empreinte écologique, non seulement l’immigration nuit à l’environnement du pays d’arrivée, mais l’argent que les immigrants envoient à leur famille restée au pays entraîne aussi une hausse de la consommation qui « aggrave la pollution et l’épuisement net des ressources », en plus de « court-circuiter toute rétroaction négative qui aurait pu mener autrement à l’instauration de politiques nationales visant à modérer la croissance démographique et la détérioration écologique ».
Federation for American Immigration Reform (FARM) : « Les Etats-Unis ne pourront réduire de façon substantielle leurs émissions de CO2, à moins de restreindre fortement l’immigration. »
Center for American Studies (CIS) : Si les immigrants établis aux Etats-Unis étaient restés dans leur pays d’origine, le total estimé de leurs émissions annuelles de CO2 ne serait que de 155 tonnes. C’est 482 millions de tonnes en moins que les 637 tonnes qu’ils devraient produire aux Etats-Unis. Cette hausse de 482 millions de tonnes traduit l’impact de l’immigration sur les émissions mondiales. »
Ian Angus: De tels arguments ponctuent les propos réactionnaires qui justifient par la « surpopulation » la suppression de l’aide aux pays pauvres, l’élimination de l’aide sociale et la fin de l’immigration vers les pays riches des habitants du tiers-monde. (conférence de juin 2010)

(extraits du livre Une planète trop peuplée ? (le mythe populationniste, l’immigration et la crise écologique) de Ian Angus et Simon Butler)

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La Méditerranée à l’heure des naufrages et des quotas

La France est invitée par la commission européenne à accueillir 9 127 migrants en deux ans*. Voici les réactions de quelques commentateurs du monde.fr :

Marcel Godefroy : et le 9128 ème on le fiche à la baille ??? je ne suis pas favorable hors cas spécifique d’accueil des immigrés qui viendront grossir les bataillons de chômeurs, sans ressources, sans logis ce qui est digne des maffias de passeurs. Il faut cesser de leurre ces pauvres gens : ici il n’y a rien pour eux . Ce décompte de 9127 est ridicule : l’œuvre d’un technocrate malade des chiffres !
Jean-Yves Le Roy : Voilà bien de la stupide et splendide bureaucratie. En un week-end de beau temps( en méditerranée) ce chiffre est décuplé.
Verka Serdiouchka : on a déjà suffisament de primitifs dans le 9-3 et un peu partout aileurs. Non merci.
Richard Novak : Comme pour le tgv, je suis d’accord mais pas près de chez moi!
Christophe ROSE : Je ne lis que des égoïstes qui ne sont pas en contact avec ces personnes, leurs enfants et leurs blessures. Pendant ce temps des gens souffrent et meurent.
Marion : Dans ce cas, Christophe ROSE, acceptez d’accueillir une famille d’Afrique chez vous !
Plus il y a de fromage, plus il y a de trous : Le comble de l’absurde sera atteint quand on verra dans l’avenir les procès pour racisme se multiplier, et que les avocats dénonceront la justice et la police au service des Blancs.
Louise Martin : Accueillir des réfugiés (et non simples « migrants ») pour le temps où ils sont menacés dans leur pays est normal si leur demande d’asile est acceptée après examination sérieuse. Le problème vient plutôt de l’immigration économique clandestine bien plus nombreuse qui arrive en même temps.
Félix incognito : …et peut etre aussi des membres de Daesh qui sont assurés d’etre répartis sur l’ensemble de l’UE. Très pratique.
Problème : ils sont 500.000 à vouloir traverser la mer pour venir en Europe; l’année prochaine et les autres : combien de millions ? que vont-ils devenir en France ? veut-on avoir d’immenses bidonvilles ? il faut avoir vu comme moi les camps le long du RER B, ou sous la ligne 6 du metro aerien, ou les distributions de repas à des centaines de migrants place Stalingrad pour être inquiet.
Amalgame : Réfugiés et migrants sont deux concepts totalement différents. Un(e) réfugié(e) a un droit à etre protégé car sa vie est en danger dans son pays d’origine. C’est l’un des fondements du droit humanitaire, universellement reconnu. La Commission Européenne demande à la France d’accueillir des demandeurs d’asile, qui ont du fuir leur pays, pas des migrants, ça n’a rien à voir.
Démographie Responsable : Accueillir dans l’urgence est une nécessité. Mais sans s’attaquer à la racine du mal, on ne fera que pérenniser, voire amplifier le problème. Sur le long terme, l’UE doit aider massivement les PVD à sortir de la spirale infernale de la démographie galopante.
Matamore Poil-à-gratter @Démographie Responsable : Oui, vous avez totalement raison. Heureusement que l’Afrique du Nord et même l’Iran se soient engagés dans la fameuse voie de la « transition démographique », parce que, tenez-vous bien, le Nigéria à lui tout seul fait autant d’enfants chaque année que l’UE toute entière. Vous ne rêvez pas, bienvenue dans le futur.
Mix&Remix : on voit une barque d’immigrés surchargé ras le bord au milieu de la méditerranée. Un immigré s’exclame : « J’espère arriver vivant en Italie ». Un autre de répondre « … Et trouver un boulot d’esclave en Angleterre ! » (dessin paru dans Siné mensuel n° 42 de mai 2015) + « Le Matin » en Suisse + LE MONDE du 24-25 mai 2015)
* LE MONDE du 28 mai 2015, La France invitée à accueillir 9 127 migrants en deux ans

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Deux visions opposées de la question démographique

Ci-dessous de la part de deux correspondants différents. Nous attendons vos commentaires 🙂

1/2) Une vision optimiste de la politique démographique
Ne baissons pas les bras sur ce sujet. Les causes de l’accroissement démographique sont assez bien documentées. Les possibilités d’évolution positives ont aussi été bien étudiées.
Certains pays ont réussi à maîtriser leur démographie par la coercition comme la Chine. La stabilisation démographique chinoise explique en partie le boom économique de ce pays qui a investi dans la production des sommes d’argent importantes qui auraient du être consacrées à l’éducation de plusieurs centaines de millions d’enfants qui ne sont pas nés par cette politique. Le gouvernement chinois le revendique comme un succès de planification économique.
Dans d’autres pays, c’est l’éducation qui a permis une baisse de la natalité. Dans le détail, il y a dans un premier temps l’éducation des garçons qui ne produit pas de réduction de la natalité mais qui permet l’acceptation dans un deuxième temps de l’éducation des filles qui elle engendre la réduction de la natalité. La mise en place de systèmes de sécurité sociale est aussi un facteur positif pour obtenir une dénatalité car les enfants sont souvent perçus comme une assurance maladie, invalidité, vieillesse intra-familiale. Cette voie « douce » est plus longue : au moins deux générations.

2/2) Une vision pessimiste de la question démographique
Le problème c’est qu’on n’a pas le temps d’attendre deux générations pour stabiliser la population à 50 % au dessus du niveau actuel alors qu’on « consomme » déjà l’équivalent de 1,9 planètes. Or il est démontré que l’amélioration globale de la consommation d’énergie physique par $ du PIB depuis 50 ans est minime (environ 1% par an) et absolument insuffisante pour compenser la hausse des besoins par personne et encore moins la hausse du nombre de personnes. Nous voulions un « facteur 4 » entre consommation globale de 1990 et celle de 2050 pour revenir à un peu moins d’une planète consommée, on en sera probablement très loin.
Les destructions cumulées (car en gros on bouffe le capital planétaire au lieu de vivre sur le revenu qu’il génère) et notamment l’aggravation du pillage des océans, leur acidification et réchauffement croissant, la destruction de la couche de sols fertiles, la hausse de la pollution des eaux, la diminution de la surface de forêts humides, la fonte du pergélisol qui risque de relâcher du méthane qui y actuellement piégé, le même phénomène avec les chlatrates (méthane piégé dans des sols gelés sur les talus océaniques que le Japon rêve d’exploiter!), la diminution de la biodiversité végétale et animale, la baisse de l’EROEI de toutes les énergies et surtout des plus denses et des plus faciles à exploiter, tout cela rend notre milieu naturel progressivement de plus en plus hostile à l’homme et aux autres espèces.
Comme on constate que les tenants d’une décroissance maîtrisée car voulue sont en nombre beaucoup trop faible pour peser sur les décisions politiques, nous aurons une décroissance subie sous forme de décrochages suivi d’un effondrement général. On pourra alors chanter « c’est la chute finale » ! Il y aura comme d’habitude des guerres civiles et inter-étatiques, des épidémies, du sang, de la sueur et des larmes mais pas d’avenir radieux au bout… sauf pour quelques centaines de milliers de personnes qui sauront se protéger pendant les décennies suivantes en accaparant les stocks de matériels conservés d’avant l’Effondrement.

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Make in India, un rêve qui ne crée pas assez d’emploi

Elu en mai 2014 sur un projet d’industrialisation*, le premier ministre Narendra Modi tourne le dos aux enseignements de Gandhi et de Malthus. En Inde, 750 millions d’Indiens sur 1,25 milliard ont moins de 25 ans. D’ici à 2025, 10 à 12 millions d’actifs supplémentaires vont se présenter chaque année sur le marché du travail. Parallèlement, une quinzaine de millions d’emplois disparaîtront dans le secteur agricole. Si l’on veut éviter que le dividende démographique ne se transforme en génération perdue, ce sont 100 à 130 millions d’emplois qu’il faudrait créer, hors agriculture, dans les dix prochaines années. La pauvreté frappe 30 % des Indiens mais le choix industriel ne pourra pas créer suffisamment d’emploi, sans parler de l’exploitation programmée de la main d’œuvre. De plus il détériorera l’environnement, épuisement des ressources fossiles, émissions de gaz à effet de serre, pollutions diverses. L’Inde deviendrait avant 2025 le troisième importateur net de brut, derrière les Etats-Unis et la Chine, et le troisième émetteur de CO2.

L’Inde n’aurait jamais du abandonner la voie choisie par le mahatma Gandhi. Le premier mouvement de résistance non violente conduit par Gandhi, de 1919 à 1922, avait pour thème la charkha (petit instrument ancestral de filage) et le khadi (toile artisanale), base d’une prospérité écrasée par la « machinerie de Manchester ». Gandhi voyait un grand danger dans toute innovation propre à élargir le fossé entre possédants et pauvres en induisant des besoins asservissants et impossibles à satisfaire. Ce modèle, la philosophie du rouet, refusait techniques dures et intrusion des pays riches. Gandhi s’il était toujours en vie aurait certainement dit face à Modi : « Le renoncement à la voiture, même à la Tata Nano , sera un jour la loi pour tous. »

L’Inde aurait du suivre l’enseignement de Malthus. « Si nous laissons la population s’accroître trop rapidement, nous mourons misérablement, en proie à la pauvreté et aux maladies contagieuses. Le peuple doit s’envisager comme étant lui-même la cause principale de ses souffrances. Je suis persuadé qu’une connaissance pleine de la principale cause de la pauvreté est le moyen le plus sûr d’établir sur de solides fondements une liberté sage et raisonnable. La multitude qui fait les émeutes est le produit d’une population excédante. Le nombre des ouvriers étant accru dans une proportion plus forte que la quantité d’ouvrage à faire, le prix du travail ne peut manquer de tomber ; et le prix des subsistances haussera en même temps. Tous mes raisonnements et tous les faits que j’ai recueillis prouvent que, pour améliorer le sort des pauvres, il faut que le nombre proportionnel des naissances diminue. Il suffit d’améliorer les principes de l’administration civile et de répandre sur tous les individus les bienfaits de l’éducation. A la suite de ces opérations, on peut se tenir pour assuré qu’on verra une diminution des naissances. »**

* LE MONDE éco&entreprise du 17-18 mai 2015, Le pari industriel de Narendra Modi
** Essai sur le principe de population de Robert Malthus (1798)

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Le casse-tête infernal posé à l’UE par l’immigration

« Non aux quotas de demandeurs d’asile », dit Hollande, oui à une répartition « équitable » des rescapés de la Méditerranée entre les différents pays de l’UE. Le chef de l’Etat français se veut restrictif : « Il n’est pas question qu’il y ait des quotas d’immigrés, parce que nous avons des règles sur les politiques de maîtrise de l’immigration. »* La Commission européenne propose qu’« en cas d’afflux massifs », les personnes éligibles au statut de réfugiés soient réparties entre les pays de l’Union en fonction de leur richesse, de leur population, de leur taux de chômage et du nombre de personnes déjà accueillies. C’est une idée intéressante qui essaye de définir les capacités d’accueil de chaque pays vis-à-vis des immigrants, ou en d’autres termes, la capacité de charge. Notons qu’il y a eu 620 000 demandes d’asile déposées en Europe l’an dernier ( dont 62 735 en France) et que les migrants économiques ne sont pas concernés par cette gestion européenne.

L’éditorial du MONDE est cinglant vis-à-vis d’Hollande : « La France devrait accueillir, dans les deux ans à venir, 2 375 réfugiés supplémentaires éligibles au droit d’asile, c’est-à-dire victimes de persécutions politiques ou de guerres. Or le président de la République a récusé cette répartition, plaidant que l’asile est un droit dont l’application est du ressort de chaque Etat. Il n’est pourtant question que d’améliorer l’accueil de réfugiés demandeurs d’asile. »

La question est beaucoup plus complexe que le discours du MONDE. Il ne s’agit pas de savoir si « la France est ou non une terre d’asile ». Le temps n’est plus où le surplus de population européenne pouvait librement émigrer en Amérique du nord, du sud et dans tous les autres pays. Nous nous apercevons que l’expansion effrénée de la population et de la consommation mondiale depuis la révolution industrielle a entraîné des contraintes écologiques quasi insurmontables presque partout. Alors que la planète est close et saturée d’humains, les problèmes socio-économiques touchent l’ensemble des pays, riches ou pauvres, exacerbant les désirs de migrations. Il deviendra de plus en plus difficile de différencier réfugiés politiques, réfugiés du climat et migrants économiques. C’est pourquoi il est essentiel que chaque pays établisse ses capacités d’accueil en fonction de sa richesse, de sa population, de son taux de chômage et du nombre de personnes déjà accueillies. En clair, question que nous posons à nos lecteurs, la France est-elle ou non déjà surpeuplée ? Vos réponses nous intéressent…

* LE MONDE du 21 mai 2015, Contre Merkel, Hollande refuse les quotas
** LE MONDE éditorial du 22 mai 2015, Réfugiés : les arguties déplorables du gouvernement

un livre de référence : « Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie)« 

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Immigration : Europe passoire ou Europe forteresse ?

L’idée d’une répartition forcée des immigrés par quotas* nationaux semble au centre du projet de la Commission européenne. Plus que des questions de quotas, il faut approfondir du point de vue écologique la réflexion politique. Voici un texte proposé par Daniel, un de nos correspondants.

« Je ne reviendrai pas sur les difficultés pour accueillir « décemment  » en période de crise une immigration importante. L’Europe présente une des plus fortes densités de population, des surfaces urbanisées en croissance. Doit-on étendre toujours plus les villes, construire plus haut ? Bref, l’accueil reste possible dans certains limites que je me garderai bien de donner.
Mais que faire?
Plutôt que de réfléchir toujours globalement, voyons un exemple concret. Aujourd’hui on assiste à une immigration massive de population érythréenne. Ce petit pays a vu sa population pratiquement doubler en 20 ans, le climat aride ne permet pas de garder une forte densité en milieu rural et les villes n’offrent pas de perspectives de vie décente, le tout sous le régime despotique de Issaias Afeworke. Ceci entraîne une émigration massive de 4 à 5 000 personnes par mois.
Que faire face à une telle situation ?
Toutes ces candidats à l’émigration méritent le statut de réfugié politique vu les conditions effroyables imposées par le régime en place. Si l’Europe décide de les accueillir, c’est l’équivalent d’une petite ville de 5000 habitants qu’il faut construire par mois. Ce n’est sans doute pas insurmontable mais les Erythréens ne sont pas les seuls candidats.
Que faire pour limiter ce flux ?
Agir en Erythrée, mais comment ? Il conviendrait d’instaurer un autre régime politique, mais comment sans être taxé de néo-colonialiste ? Plus de 40% de la population a moins de 15 ans, il faudrait agir sur la démographie, mais comment sans être taxé de néo-malthusien? Favoriser le développement local en soutenant les agricultures vivrières et la souveraineté alimentaire est très certainement un objectif, mais comment aider à sa mise en œuvre ? comment inciter la jeunesse de ce pays à s’investir dans la production locale et à ne pas succomber au mirage de la société de consommation de type occidental ?
C’est très certainement tout un faisceau de propositions qu’il faut mettre en avant. Mais ce qui me semble clair est qu’il faut sortir de l’optimisme béat appelant à abolir les frontières et mettant en place la libre circulation et installation des hommes à l’échelle mondiale (ou européenne). Notre discours est cohérent concernant la circulation des marchandises, la nécessité de protéger les marchés locaux, les circuits courts. L’homme n’est pas une marchandise, mais les flux de population servent un marché de l’emploi qui met en concurrence tous les habitants de la planète. Sur ce marché de l’emploi, comme sur les autres il est nécessaire de mettre en place des régulations et surtout chercher des solutions aux problèmes plutôt que de traiter uniquement le symptôme. »

* quotas : Le principe consiste à répartir les réfugiés selon des quotas contraignants pour chaque État membre de l’Union européenne. Ces quotas tiendraient compte pour chaque pays de sa richesse nationale, de sa population, de son taux de chômage et du nombre de réfugiés déjà accueillis. En la matière, ce sont les pays d’Europe centrale et orientale qui en accueillent le moins, d’une part car ils sont eux-mêmes en partie des pays de départ d’une émigration économique vers l’Europe occidentale, et d’autre part parce que les réfugiés ne désirent pas s’y rendre.

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Nourrir la planète en situation de changement climatique

Comment nourrir la planète ? L’Exposition universelle qui débute le 1er mai 2015 à Milan confronte deux visions de l’agriculture. Le maintien d’un modèle familial avec polyculture et rotation des cultures, utilisant au maximum les processus écologiques pour lutter contre les espèces invasives et fertiliser les sols. D’une part le modèle actuel de l’agriculture concentrée avec intensification de la monoculture et utilisation de plantes génétiquement modifiées.

Le concept d’« agriculture climato-intelligente », promu par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture en 2009, est devenu un critère de choix. Bruno Dorin, du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), tranche : « L’agro-écologie à petite échelle peut être particulièrement performante. Il s’agit en effet de trouver les combinaisons d’espèces végétales et animales qui tirent au mieux parti des écosystèmes locaux, maximisent la photosynthèse, améliorent la qualité des sols et des eaux. Ce mode de culture écologique, qui peut être au moins aussi productive que l’agriculture industrielle, est beaucoup plus résilient aux chocs climatiques mais aussi économiques, car il dépend à un bien moindre degré de ressources non renouvelables et coûteuses comme les engrais de synthèse fabriqués à base d’énergie fossile. »*

Comme d’habitude l’article du MONDE ne considère à aucun moment la maîtrise de la fécondité comme moyen de préserver à long terme l’équilibre entre les ressources alimentaires, le niveau de population et l’évolution climatique. Or tout raisonnement devrait montrer les interdépendances entre différents phénomènes, comme le fait l’équation de Kaya pour les émissions de gaz à effet de serre:

CO2 = (CO2 : KWh) x (KWh : dollars) x (dollars : Population) x Population = CO2

Le contenu carbone d’une unité d’énergie est lié à la quantité d’énergie requise à la création d’une unité monétaire, puis à la richesse par personne et finalement à la taille de la population. Comme l’agriculture utilise de l’énergie solaire et de l’énergie fossile pour produire de l’énergie et des gaz à effet de serre, elle devrait être intégrée dans cette équation. Mais il faut considérer que dans tous les cas le nombre de personnes est un multiplicateur des pénuries et des nuisances.

* LE MONDE du 1er mai 2015, Nourrir la planète, le défi de l’Exposition universelle

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