démographie

Les pathogènes s’attaquent à la surpopulation humaine

Le fondateur du front national, Jean-Marie Le Pen désignait « Monseigneur Ebola » comme solution à la question de la surpopulation africaine. Il est vrai que le virus Ebola provoque une mortalité de presque 60 % (672 décès pour 1 201 cas recensés depuis fin mars 2014). Après la Guinée, le Liberia, la Sierra Leone, le premier cas de décès d’un malade vient d’être enregistré au Nigeria à Lagos*, 20 millions d’habitants. La concentration humaine accentue les risques de contamination. Cette configuration a été bien analysée par Alain Gras dans le livre « Moins nombreux, plus heureux » :

«  L’épidémie de peste noire éclata en 1347, on vit disparaître les deux tiers de la population européenne. La cause était toute trouvée, ce sont les rats qui ont transporté le bacille de Yersinia pestis. Mais en y regardant de plus près on s’aperçoit que dans les deux siècles qui précédent l’épidémie, une expansion fantastique des villes avait eu lieu, sans que soient préservées les nécessités hygiéniques minimales dans un espace au peuplement dense. Le bacille de la peste trouva ainsi un terrain favorable dans une situation de saturation urbaine. L’événement « rats » fut l’effet de seuil qui déclencha la catastrophe. Or l’on se réjouit de nos jours, d’une population urbaine qui atteindra bientôt plus de 80% sur l’ensemble de la planète, avec des mégalopoles de plus de 20 millions d’habitants. Pourtant, ne peut-on penser que nous sommes, au niveau mondial, dans une situation assez proche de celle du XIVe siècle en Europe ? »

                En fait ce risque est presque mineur par rapport aux attaques des pathogènes contre nos ressources alimentaires. C’est ce que dénonce un livre d’Alan Weisman sur les risques associés à la surpopulation, « Compte à rebours (Jusqu’où pourrons-nous être trop nombreux sur terre ?) » : « Dans l’histoire de la biologie, toutes les espèces qui ont surexploité les ressources de leur environnement ont subi un effondrement de leur population, parfois fatal pour l’espèce entière. Sur cette Terre au bout du rouleau, nous ne vivons plus dans une étendue sauvage et illimitée : nous sommes dans un parc. Nous adapter à cette réalité est aujourd’hui la condition de notre survie. Sans quoi la nature fera le travail à notre place. Par exemple la nature nous privera de nourriture. Le risque qu’une épidémie de fièvre Ebola ravage nos populations est en effet bien moins élevé que celui de voir des pathogènes soufflés aux quatre coins du monde faire s’effondrer notre production alimentaire centrée sur quelques monocultures. »

                Pourtant les malthusiens, qui voudraient mettre en place une démographie responsable, sont régulièrement attaqués quand ils ne sont pas purement et simplement ignorés par les médias.

* LE MONDE du 29 juillet 2014, L’épidémie d’Ebola progresse et atteint le Nigéria

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No kid, ces femmes qui ne veulent pas avoir d’enfant

Il y a des articles assez dégueulasses sur les nullipares, ainsi cet article du Nl Obs sur les croisés de la dénatalité : « Les forcenés de la grève de l’utérus… Pas d’enfants de la vie, un rêve pour ces angoissés de l’hyperfertilité… Ces pythies de la non-reproduction… ». Et puis paradoxalement, dans le dernier Figaro-Madame*, un article perspicace sur le « No-kid par militantisme » : « Pour certains, ne pas avoir de fils ou de fille, est un service rendu à l’humanité… On est déjà beaucoup trop sur terre… Il faut réguler la démographie… Une population moins nombreuse faciliterait l’organisation sociale, le partage de l’espace et donc l’émergence possible de relations apaisées entre humains et avec la nature. »

                La journaliste aurait aussi pu citer George Minois qui s’exprime ainsi dans « Le poids du nombre » : « Face au vieillissement de la population, la pire des solutions est d’encourager la natalité. Les enfants que l’on fait naître aujourd’hui auront la charge d’entretenir les effectifs pléthoriques de leurs parents, grands-parents, et même une bonne partie de leurs arrière-grands-parents, étant donné l’allongement de la longévité. Et cela dans un monde aux ressources raréfiées et à l’environnement saccagé. C’est cela qui est suicidaire… Il existe des mouvements militants faisant campagne dans les pays développés pour une réduction des naissances, tels que l’Optimum Population Trust, le Worldwatch Intitute, l’Association for Voluntary Sterilization, ou encore le mouvement No Kids. » Une BD est même sortie en 2011 sur « celle qui ne voulait pas d’enfant ». Cette BD était intitulée « Et toi, quand est-ce que tu t’y mets ? ». La réponse sur 52 page est toujours la même, « jamais ». L’auteure, Véronique Cazot remerciait bien sûr le Dr Gregory Pincus pour l’invention de la pilule en 1956. L’autre auteure, Madeleine Martin, dédicaçait cet album à celles qui ne veulent pas  d’enfant, celles qui en veulent mais qui en ont marre qu’on leur demande tout le temps « Et toi, quand est-ce que tu t’y mets ? », celles qui ne peuvent pas en avoir, celles dont le mec hésite, celle que ça angoisse et toutes les autres. On pourrait aussi ajouter « No Kid (40 raisons de ne pas avoir d’enfants) » de Corinne Maier.

                Laissons pour conclure la parole à Corinne Maier qui s’exprime ainsi récemment dans le livre « Moins nombreux, plus heureux  (l’urgence écologique de repenser la démographie ) » : « Les childfree (le mot n’existe pas en français) sont taxés d’égoïsme, sont soupçonnés d’être de mauvais citoyens… (Pourtant) non seulement notre « boom démographique » français ne sert pas la condition des femmes, mais il n’apporte aucun sang neuf à un pays ossifié, qui ne sait que faire de ses jeunes. Il est temps de se demander si le contribuable veut payer pour une politique familiale qui n’apporte pas de bénéfice à la collectivité. Il semble évident que, dans un pays démocratique, la liberté de devenir parent doit être respectée ; mais, si les gens veulent des enfants, qu’ils en assument donc entièrement la charge. A bon enfanteur, salut !»

* Figaro-Madame du 15 juillet 2014

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Le déni démographique virulent de certains décroissants

Nous trouvons dommageable pour la cause écologique qu’une revue d’objecteurs de croissance entretienne un ostracisme permanent envers la décroissance malthusienne, c’est-à-dire la maîtrise de notre fécondité. Le mensuel « La décroissance » fait par exemple un numéro spécial juillet-août 2014 sur « Les précurseurs de la décroissance ». Pour 28 auteurs, une seule mention sur la décroissance démographique, ce jugement sans appel d’Aurélien Bernier  : « Barry Commoner s’oppose à l’écologie conservatrice et anti-pauvres des dénatalistes, dont le pire spécimen s’appelle Paul Ehrlich, un biologiste issu de la bourgeoisie. » Le débat Commoner/Ehrlich mérite mieux que ces accusations sans preuves, voici une présentation plus sereine :

Les premiers écologistes essayèrent d’attirer l’attention sur un éventail de problèmes allant des pesticides au contrôle démographique sans toujours les définir par ordre d’importance. Un des signes avant-coureurs d’une hiérarchie apparut lorsque Paul Ehrlich et Barry Commoner débattirent de l’importance relative de la maîtrise de la fécondité. Ehrlich avait publié en 1968 The Population Bomb, qui plaçait l’expansion de la population comme la menace écologique prioritaire : « Trop de voitures, trop d’usines, trop de pesticides. Pas assez d’eau, trop de dioxyde de carbone, tout peut être attribué à une cause unique : trop de personnes sur Terre. » Commoner lui répondit  en 1971 dans L’encerclement que « la dégradation écologique n’est pas la simple conséquence d’un processus unique qui va en s’amplifiant – croissance démographique, augmentation de la demande – mais également des changements importants dans les techniques de production, changements qui eux-mêmes dépendent de facteurs économiques et politiques importants. »

Ce débat entre Commoner et Ehrlich a rapidement dépassé le désaccord scientifique pour fonder deux stratégies radicalement différentes. L’écologie qu’on peut appeler profonde préconise le contrôle de la croissance globale (économique et démographique) parce qu’il ne peut pas exister véritablement d’alternative techno-industrielle écologiquement compatible avec un avenir durable. En effet notre nombre d’habitants multiplié par notre niveau de vie dépasse déjà largement la capacité d’accueil de la Terre. Commoner relève au contraire d’une écologie qui reste superficielle. Il s’appuie sur un pari très optimiste qui croit possible un saut technologique bénéfique. Commoner propose en effet de transformer la technologie moderne « pour satisfaire aux exigences indéniables de l’écosystème ». Cela ne peut que nous faire penser à la croissance verte technologisée que dénonce constamment le rédacteur en chef de la décroissance Vincent Cheynet : « Chaque observation de la Technoscience salvatrice pourrait être contredite… Le livre La reproduction artificielle de l’humain est une arme essentielle face à la barbarie technoscientiste… Le pathético-affligeo-consternant ouvrage technolâtre de Michel Serres, Petite poucette » S’il n’y a pas, comme Cheynet le pense, de solutions technoscientifiques à la crise, il nous faut agir nécessairement à la fois sur la limitation de nos besoins et de notre fécondité. Des analystes perspicaces comme Dennis Meadows l’ont bien démontré :

« La croissance de la population ou la croissance économique, c’est la même chose. Et il n’y a que deux manières de réduire la population humaine : réduction du taux de natalité ou accroissement du taux de mortalité. Laquelle préféreriez-vous ? … Faites le calcul, prenez la nourriture par personne depuis les années 90. La production de nourriture augmente, mais la population croît plus rapidement. Et derrière chaque calorie de nourriture qui arrive dans les assiettes, dix calories de carburants fossiles ou de pétrole sont utilisés pour la production, le transport, le stockage, la préparation et le traitement des déchets. Plus les réserves de pétrole et de carburants fossiles vont diminuer, plus le prix de la nourriture augmentera… Si nous partagions équitablement, personne n’aurait faim. Mais le fait est qu’il faut des carburants fossiles comme le pétrole, le gaz ou le charbon pour produire de la nourriture. Et ces ressources diminuent… »*

* sur le site Le Noeud Gordien

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Hauts et bas du planning familial… en Iran

La population iranienne comptait 13 millions en 1933 et 55 millions en 1988. La révolution islamique de 1979 avait mis fin aux essais précédents de planning familial en prônant le mariage précoce et la famille nombreuse. L’âge légal du mariage est abaissé à 9 ans pour les filles et à 12 ans pour les garçons ! L’Ayatollah Khomeiny voulait renflouer les rangs des « soldats de l’Islam » pendant la guerre avec l’Irak (1980-1988) ; il fallait une« armée de 20 millions de personnes ». La population a donc augmenté de plus de 3 % en moyenne annuelle et les estimations montraient que la population de l’Iran atteindrait 108 millions en 2006. En réalité, on ne compta cette année-là qu’environ 70 millions d’habitants.

En effet le gouvernement iranien changea radicalement son orientation démographique en décembre 1989. Face à l’explosion démographique, les écoles étaient obligées d’instaurer des roulements, une partie des élèves venaient à l’école le matin et l’autre l’après-midi. Le planning familial fut institué ; l’Iran était devenu le seul pays du monde où l’on exigeait que les hommes et les femmes suivent un enseignement sur la contraception avant de pouvoir obtenir un certificat de mariage. Le taux de croissance de la population est donc passé de 3,2 % en 1986 à 1,2 % en 2001, rejoignant la moyenne mondiale.

Les concepteurs du mensuel La Décroissance n’auraient rien à dire sur la politique de Khomeiny ; ils se trouvent sur une position nataliste, jugeant que s’il y a trop d’automobiles, le nombre de personnes n’a aucun intérêt. Le livre malthusien « Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie) », n’avait reçu que ce méchant commentaire : « Misanthropie ». C’est pourquoi, dans leur numéro de juillet-août 2014, cette observation sur l’Iran apparaît extraordinaire : « Le gouvernemnt iranien est-il devenu le dernier avatar d’un occident judéo-chrétien dont la croisssance démographique viendrait d’un verset de la Bible (croissez et multipliez) ? C’est ce que véhicule une campagne visant rien moins que de doubler la population du pays pour atteindre 150 millions d’habitants d’ici 2050. Les aides et centres de planning familial ainsi que les subventions aux moyens de contraception sont supprimés ! Cette campagne cherche à faire oublier un des slogans précédents du régime, – moins d’enfants, meilleure vie – »

recoupement des données : Le guide suprême de la révolution iranienne, l’ayatollah Ali Khamenei, a signé un décret incitant les Iraniennes à avoir des enfants afin de « renforcer l’identité nationale » et de combattre « les aspects néfastes du style de vie occidental ». « Compte tenu de l’importance de la population pour la souveraineté et le progrès économique d’un pays (…), il faut prendre rapidement des mesures fortes et efficaces pour contrer la forte chute du taux de natalité constatée ces dernières années« , précise le décret diffusé sur le site internet du guide suprême. La relance de la natalité était prônée depuis plusieurs années par les milieux conservateurs, notamment par l’ancien président Mahmoud Ahmadinejad qui rêvait d’un Iran de 120 millions d’habitants, contre 76 millions aujourd’hui.

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51 millions d’errants, des frontières qui se ferment

Les chiffres du MONDE* : 51,2 millions de personnes déplacées contre leur gré fin 2013. En Syrie par exemple, sur 22 millions d’habitants 9 millions ont été déracinés par la guerre civile. François Hollande s’est engagé à ce que la France accueille 500 réfugiés syriens envoyés par le HCR (haut-commissaire aux réfugiés). 500 seulement ? L’Union européenne considère que l’accueil des réfugiés est le problème du pays d’entrée, pas de celui de l’Union. Avec 2,8 milliards d’euros alloués fin 2013, l’Europe est le plus gros donateur pour la Syrie… à condition que les errants restent en dehors de l’UE. Il n’est guère de pays exemplaire pour l’accueil des personnes déplacées ! Et les puissances (USA ou Russie) cherchent plus à accroître les conflits armés qu’à les neutraliser, en Syrie ou ailleurs.

A ces déplacés pour faits de guerre s’ajoutent les réfugiés environnementaux : entre 17 et 42 millions de personnes entre 2008 et 2012 pour ce qui est des migrations suite à des catastrophes naturelles, une cinquantaine de millions de migrants environnementaux (du fait de dégradations lentes de l’environnement) en 2010, et entre 150 et 300 millions attendus pour 2050. Un livre vient d’en parler, « Les migrations environnementales » (Christel Cournil et Benoît Mayer). Il s’attache à la responsabilité des pays industriels dans les bouleversements climatiques déclencheurs de migrations. Mais une rhétorique de défense-sécurité face à une « invasion » pourrait déboucher sur un repli défensif encore plus marqué des États par rapport aux migrations. La protection des migrants environnementaux a du mal à s’inscrire dans les textes internationaux.

Puisque nous ne nous attaquons pas aux causes des migrations, il n’y aura comme résultante que rejets et massacres. En résumé les migrations, puisque source de problèmes insolubles, poussent à la volonté d’immobilité territoriale, contrainte et forcée. Il n’y a pas de morale à mettre là-dedans : on ne peut vivre durablement que sur un territoire restreint dont on maîtrise collectivement les paramètres : potentiel alimentaire et énergétique, rapports humains de proximité et culture particulière. Les Inuits ne pensaient pas à émigrer, leur terre recouverte de son manteau neigeux huit mois sur douze leur paraissait trop précieuse. Maintenant les Inuits boivent et se suicident pour oublier la mondialisation… et les glaciers fondent. Une population humaine est semblable aux autres espèces, elle ne peut croître au-delà des possibilités que lui offre son écosystème**.

* LE MONDE du 24 juin 2014, 51 millions d’errants

** cf. le livre Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie)

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Le Japon devient nataliste, il est pourtant surpeuplé

Interpellation d’une élue à l’assemblée métropolitaine de Tokyo : « Est-ce que tu est au moins capable de faire des enfants ? » Un député du parti majoritaire : « Le sujet le plus difficile pour nous est la décroissance de la population. C’est un problème crucial qui conduit au rétrécissement du marché du travail. »* La première interjection n’est pas simplement sexiste, elle est aussi nataliste ; en effet au Japon on n’a pas d’enfant hors mariage. La position politique officielle veut l’égalité homme/femme dans le monde du travail, mais reste aussi nataliste. Or le Japon montrait la voie à suivre mondialement, la décroissance malthusienne sur une planète close et saturée d’humains. Le Japon va passer de 126 millions de personnes aujourd’hui à 100 millions avant 2048 et 86 millions en 2060, Biosphère est soulagée. Comme l’immigration reste un sujet tabou dans le pays, il n’y aura pas d’accroissement de ce côté là ; chacun dans son écosystème, c’est mieux pour tous. Mais le vieillissement fait peur, il ne devrait pas. Yves Cochet dans la préface du livre « Moins nombreux, plus heureux », fait le tour de la question :

« La solution à un vieillissement de la population ne peut pas être l’augmentation de la proportion de jeunes, car ces derniers seraient vieux à leur tour un jour et réclameraient donc encore plus de jeunes : c’est la fuite en avant, la situation ne ferait que s’aggraver. Nous croyons, au contraire, que la peur occidentale du vieillissement de la population doit être affrontée aujourd’hui, et que, d’ailleurs, nous ne devons craindre une population âgée. Une société âgée possède des qualités économiques, sociales et écologiques comparables, voire meilleures, qu’une société plus jeune. Même à la retraite, les personnes âgées contribuent de façon appréciable à la prospérité de la société, par tout le travail bénévole qu’elles assument, auquel il faut ajouter les contributions intellectuelles de la sagesse de l’âge. Les grands-parents européens assurent les deux-tiers des services de garde informels des enfants. La grande majorité des personnes âgées sont auto-suffisantes, elles ne sont pas un fardeau financier pour leurs enfants. C’est plutôt elles qui, bien souvent, soutiennent les jeunes générations, notamment les chômeurs. Tout compte fait, les jeunes sont plus coûteux pour l’économie, en temps et en argent pour leur entretien et leur éducation, que les vieux pour leurs pensions. Plus de retraites à payer est compensé par moins d’investissements scolaires. De même, dans le secteur de l’habitat et des infrastructures en général, une population stagnante ou déclinante est évidemment moins coûteuse qu’une population croissante. »

* LE MONDE du 1er juillet 2014, Au Japon, la remarque sexiste de trop

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Sanctions pour non respect du permis de procréer ?

Théophile de Giraud s’insurge : « Comment se fait-il qu’il n’existe à ce jour aucun permis de procréer ? Et pourtant, quel foisonnement, dans nos sociétés, de permis en tout genre : permis de conduire, de chasse, de pêche, de construire, de travail, de séjour, d’inhumer, etc. Sans oublier les permis de pratiquer une profession : les omniprésents diplômes. Tout le monde jugera indispensable qu’un médecin, ou un ingénieur ou un soudeur ou une puéricultrice n’obtienne guère licence d’exercer sans avoir démontré au préalable ses compétences, mais tout le monde juge naturel que le premier nabot venu puisse s’autoproclamer spécialiste en éducation en mettant simplement un enfant au monde ! » Alors, permis de conduire à égalité avec le permis de procréer ? Un commentateur de ce blog pointe la difficulté : « Instituer un permis de procréer sans prévoir de sanction pour les contrevenants serait pure démagogie, bref, du vent. Quelles sanctions pour les mauvais citoyens-parents ? Et que faire des rejetons? Retirer ces enfants à leurs parents indignes ? » Essayons de répondre.

 Quand l’enfant est en danger, la société peut soustraire l’enfant à son milieu familial. Le Code civil français déclare (article 378-1) : « Peuvent se voir retirer totalement l’autorité parentale, en dehors de toute condamnation pénale, les père et mère qui, soit par de mauvais traitements, soit par une consommation habituelle et excessive de boissons alcooliques ou un usage de stupéfiants, soit par une inconduite notoire ou des comportement délictueux, soit par un défaut de soins ou un manque de direction, mettent manifestement en danger la sécurité, la santé ou la moralité de l’enfant. » Si des parents n’ont pas obtenus leur « permis de procréer », il y avait de fortes chances qu’ils appartiennent à l’une ou l’autre de ces catégories. Quant aux parents indignes qui ont quand même fait un enfant alors qu’il n’étaient manifestement pas capables de l’élever, une société démocratique peut mettre en place un système de stérilisation. Cela a existé dans le passé. De 1935 à 1975, au moins 60 000 personnes ont été stérilisées de force en Suède au nom d’une législation visant à préserver la « pureté de la race ». Une première loi portait sur les personnes souffrant de maladies héréditaires, la loi de 1941 a élargi les cas de stérilisation sous contrainte aux personnes menant un mode de vie asocial : on pensait qu’il fallait en passer par là pour réduire le nombre de personnes passives, entretenues par le système de bien-être social.  Pour édifier une société meilleure, il convenait de réduire les dépenses sociales en faveur de ceux dont on pensait qu’ils ne pourraient subvenir seuls aux besoins de leurs enfants. Il y a eu des stérilisations de femmes qui avaient des problèmes de santé, des difficultés à l’école ou des mœurs « dissolues ». Alors que la loi de 1976 exigeait l’assentiment des intéressés, 166 000 suédois ont encore été opérés jusqu’en 2001.

Le nouveau-né n’est que potentialité à la naissance, il ne devient véritablement humain que grâce aux adultes qui accompagnent son épanouissement socioculturel dans un contexte d’équilibre écologique durable. Aucune personne n’a de droit absolu à procréer quand on sait que cet enfant va souffrir socialement et/ou que la collectivité sera mis en demeure de le prendre en charge. Dire cela, est-ce glisser sur une très mauvaise pente qui conduirait directement vers un éco-fascisme ? Nous pensons au contraire que la montée du totalitarisme dans nos sociétés résulte du fait de ne pas aborder de front nos problèmes, à commencer par ceux de nos enfants en perdition.

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Acceptons la fin de vie, par nature notre lot commun

Le temps de l’agonie est-il nécessaire à la mort sociale d’un individu et au respect des lois naturelles ? Au procès Bonnemaison, cet urgentiste qui a provoqué la mort, les agonisants sont entrés dans le prétoire pour porter témoignage : « Combien de temps mon agonie va-t-elle durer ? A quoi donc sert mon agonie ? …Ce n’est pas la fin de vie que j’attendais ! …L’oxygène quittait mon corps, mon râle devenait spectaculaire, terrible, ….plus aucun médicaments ne faisait effet… » L’auteur de la loi de 2005 qui porte son nom, Jean Leonetti, intervient à la barre : «  Ce dont il est débattu ici n’est pas si simple. Et moi, au bout de dix ans, plus ça va, moins je sais. » Il est vrai qu’on en restait à l’euthanasie passive, l’arrêt des traitements pour attendre la mort, parfois au prix d’une terrible agonie ! Un gastro-entérologue résume le dilemme : « Si l’agonie ne dure pas vingt-quatre heures ; on va dire que c’est de l’euthanasie. Si elle dure plusieurs jours, on va dire que c’est de l’accompagnement de fin de vie. »*

Sur la fin de vie, l’Elysée botte en touche, encore une fois**. Une mission devrait être confié aux deux députés Jean Leonetti (UMP) et Alain Claeys (PS). Après une première mission confiée au professeur Didier Sicard, puis un avis demandé aux CCNE (Comité consultatif d’éthique) et une conférence de citoyens, cela commence à faire beaucoup… d’indécisions ! Il est vrai qu’entre respect de la vie, obstination déraisonnable et suicide assisté, le débat se poursuit… depuis des années. Le rapport Sicard (décembre 2012) dressait une critique sévère envers les défenseurs des soins palliatifs. Le rapport s’en prenait également fortement au « laisser mourir » de la loi Leonetti. Il proposait une sédation terminale et ouvrait la voie au suicide assisté. Par contre l’avis n°221 du CCNE (juin 2013), s’il repose sur le respect des directives anticipées émises par la personne et le droit de la personne qui en fait la demande à une sédation profonde jusqu’au décès, recommande de ne pas modifier la loi actuelle, estimant qu’elle opère une distinction entre « laisser mourir » et « faire mourir » (en ajoutant que la frontière entre les deux est « floue »). Notons quand même une nette évolution, cette commission désapprouvait en 1991 qu’un texte législatif puisse légitimer l’acte de donner la mort à un malade.

Pourquoi tant d’inquiétude pour aider à mourir dans la dignité alors que l’espèce humaine est championne dans l’art de trucider son prochain et experte dans l’art de décimer les autres espèces ? Ecoutons plutôt les citoyens pour qui l’aide aux suicide constitue un droit légitime. En décembre 2013, une conférence citoyenne de 18 personnes tirées au sort pour représenter la diversité de la société ont fait émerger une réflexion collective sur la fin de vie après avoir auditionné des experts. Leurs recommandations finales marquaient une rupture. Le panel a jugé la notion de sédation complexe car « elle constitue un aspect relevant essentiellement de la technique médicale et par là semble échapper à la maîtrise et à la responsabilité du patient »… La possibilité de se suicider par assistance médicale, reposant avant tout sur son consentement éclairé, constituerait un droit légitime du patient en fin de vie (ou souffrant d’une pathologie irréversible). » Quand le consentement direct n’est pas possible, la conférence citoyenne préconisait une « exception d’euthanasie ». Bravo ! D’un point de vue écologiste, il faut savoir reconnaître la mort qui vient car elle est par nature notre lot commun. Mais François Hollande est connu pour faire preuve d’indécision… sauf quand il s’agit d’envoyer des soldats se faire tuer à l’étranger.

* LE MONDE du 21 juin, Au procès Bonnemaison, le temps de l’agonie

** LE MONDE du 22-23 juin 2014, En nommant une mission parlementaire, l’Elysée gagne du temps

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Questions et réponses sur l’urgence démographique (4/4)

Paulette : Est-ce qu’on peut imaginer que la croissance démographique va se stabiliser d’elle-même, sans l’utilisation de politiques anti-natalistes ?

Réponse : C’est la baisse de fécondité de la transition démographique qui fait tenir par les démographes de l’INED ce genre de discours mystificateur. L’analyse précédente de Pablo Servigne montre pourquoi ce ne sera pas le cas. On peut aussi lire dans la biographie d’un agronome de renom et candidat écolo aux présidentielles de 1974 (René Dumont, une vie saisie par l’écologie de Jean-Paul Besset) l’analyse suivante :  « Le développement est la meilleure des pilules, s’accorde-t-on à dire à la conférence mondiale de Bucarest sur la population (1974). René Dumont estime que les conditions actuelles de dénuement économique et de crises écologiques posent le problème démographique dans des termes différents de ceux qu’a connus l’Europe : « C’est quand la population s’emballe que s’amplifient les dégâts du productivisme, compromettant les moyens mêmes de production ». On n’a plus les capacités d’assurer les conditions du décollage économique. La vérité oblige aujourd’hui à reconnaître que la natalité n’appelle pas la richesse et le développement n’est pas au rendez-vous pour contenir la natalité. Dans un contexte de baisse de la mortalité et de pénurie économique, la croissance de la population resserre les mailles du sous-développement et aggrave la destruction de l’environnement. Depuis 1975, l’agronome estime qu’après examen de nos potentialités agricole, il ne faudrait jamais dépasser 7 ou 8 milliards d’habitants au total. »

Gaëtan R : Peut-on estimer un nombre d’individus pour lequel notre pression sur l’environnement serait soutenable ? Si oui, combien ?

Réponse : Tout au cours du livre « Moins nombreux, plus heureux », la question du maximum de population soutenable est abordée … avec des réponses multiples. Voici trois évaluations dans ce livre :

Alain Gras : Paul Chefurka met en évidence la corrélation très forte entre énergie et population : « Une des deux options de son modèle mathématique prend non seulement en compte la raréfaction des ressources, mais aussi l’hypothèse Lotka-Volterra qu’il nomme « excès de capacité de charge » dans l’écosystème. Entre autres : déficits alimentaires régionaux massifs, maladies non soignées en raison du démantèlement des services médicaux et sanitaires dans les villes, mortalité accrue due aux aléas climatiques, affaissement de la durée de vie, etc. Dans ce cas, les chiffres de la population mondiale sont de 4 milliards en 2050 et 1 milliard en 2100. »

Pablo Servigne : « En l’espace de quelques décennies, l’humanité a de fortes chances de faire face à un pic de la population, un pic énergétique, un pic de l’eau disponible, un pic des terres arables, et très probablement un pic des rendements agricoles. Ainsi, il est désormais réaliste de penser que nous redescendions au cours des prochaines décennies à des niveaux de population proches de l’ère pré-industrielle : un à deux milliards d’êtres humains sur terre. »

Michel Tarrier : « Il semblerait que pour s’inscrire dans un réel équilibre naturel et pérenne, l’effectif humain ne devrait pas dépasser tout au plus un milliard, voire seulement 300 millions selon d’autres points de vue. Nous sommes bien loin du chiffre des 2 ou 3 milliards que l’on avance souvent prudemment, sans doute inconsciemment pour ne pas provoquer la pénible levée des boucliers pro-natalistes. Comme nous n’étions que 250 millions en l’an 1, ce qui est proposé n’est qu’un retour « à la normale »! Qu’en serait-il ? Notre espèce vivrait naturellement, écologiquement, ne serait plus mise en danger. La biodiversité serait respectée. Les pollutions biologiques seraient absorbées et neutralisées… »

Pauline C : Quel serait selon vous le niveau de population acceptable pour la planète ?

Réponse : Mon point de vue personnel est qu’il faudrait revenir dans un avenir très lointain à un niveau de population compatible avec une vie de cueilleurs-chasseurs, laissant à l’exubérance des différentes formes du vivant le droit de s’exprimer pleinement. La paléontologie nous apprend que l’humanité a failli s’éteindre il y a 70 000 ans en Afrique de l’Est, à cause de sécheresses récurrentes qui auraient réduit la population humaine à environ deux mille individus, probablement scindés en petits groupes. Est-ce la population minimum viable ? Des chercheurs ont défini ce concept et estimé à 50 femelles l’assurance de ne pas voir l’espèce s’éteindre  à moyen terme, à 500 femelles la garantie que l’espèce soit protégée à long terme. Donc quelques milliers de représentants de l’espèce homo sapiens devraient suffire à peupler la terre… sans penser à croître et multiplier !

Carine : Comment peut-on gérer l’augmentation de la proportion des personnes âgées ?

Réponse : Cette question pose la problématique du vieillissement de la population. Dans la préface du livre « Moins nombreux, plus heureux », le député Yves Cochet répond ainsi :

« La solution à un vieillissement de la population ne peut pas être l’augmentation de la proportion de jeunes, car ces derniers seraient vieux à leur tour un jour et réclameraient donc encore plus de jeunes : c’est la fuite en avant, la situation ne ferait que s’aggraver. Nous croyons, au contraire, que la peur occidentale du vieillissement de la population doit être affrontée aujourd’hui. Une société âgée possède des qualités économiques, sociales et écologiques comparables, voire meilleures, qu’une société plus jeune. Même à la retraite, les personnes âgées contribuent de façon appréciable à la prospérité de la société, par tout le travail bénévole qu’elles assument, auquel il faut ajouter les contributions intellectuelles de la sagesse de l’âge. Les grands-parents européens assurent les deux-tiers des services de garde informels des enfants. La grande majorité des personnes âgées sont auto-suffisantes, elles ne sont pas un fardeau financier pour leurs enfants. C’est plutôt elles qui, bien souvent, soutiennent les jeunes générations, notamment les chômeurs. Tout compte fait, les jeunes sont plus coûteux pour l’économie, en temps et en argent pour leur entretien et leur éducation, que les vieux pour leurs pensions… »

Simon : Comment concilier les attentes sociales de procréation pour tous (PMA, GPA…) et l’incitation à une réduction du taux des naissances ?

Réponse : Nous abordons ainsi le débat contemporain autour du « mariage pour tous ». Notons que l’évolution législative n’a pas été jusqu’à permettre PMA et GPA aux couples homosexuels. D’un point de vue d’écologiste, prenant à la fois en compte les données physiologiques des personnes (ici la stérilité) et la nécessité de réduire la population humaine (en montrant particulièrement l’exemple dans les pays développés), il y a bien contradiction entre le fait de ne pas pouvoir faire d’enfant et celui d’en vouloir un à n’importe quel prix. Il arrive un moment ou le désir personnel doit s’effacer devant le bien commun, la stérilité doit être acceptée pour ce qu’elle est, le signe d’une limitation de notre capacité reproductive. Le besoin d’enfant créé de façon non conventionnelle peut être amplement remplacé par l’adoption d’un enfant qui existe déjà et qui n’espère que cela, trouver une famille.

Elsa C : Comment,  dans un contexte de consommation toujours plus importante, peut-on faire accepter l’idée qu’il faut consommer de manière plus durable pour répondre aux besoins de tous ?

Réponse : Après la décroissance malthusienne, nous abordons avec cette question l’idée (juste) de décroissance économique. Je réponds au travers de la personne à bien connaître si on veut être écolo, René Dumont. A propos du programme commun de gouvernement en 1972, il écrivait : « Quand je pense aux affamés du Sahel, je trouve certaines revendications grotesques… Cet objectif de croissance de 8 %, croissance pour qui, croissance pour quoi faire ? Proposer une hausse générale du niveau de vie, c’est oublier que ce niveau de vie résulte en partie du pillage du tiers-monde, du sous-paiement de ses ressources rares. Pour ma part, je crois qu’il faut viser une hausse du niveau de vie limité aux tranches les plus basses de revenus. Et poser comme objectif la diminution de la consommation du tiers le plus riche de la population française. »

Sa conception générale tenait en une phrase que j’ai fait mienne : « L’espèce humaine doit savoir se limiter. » Sans doute que la pression du confort empêche les gens d’accéder au sens des limites, mais ils agissent ainsi par pur égoïsme, sans penser aux générations futures ni aux autres espèces vivantes. Ils ont tort, et il faut leur expliquer cela inlassablement…

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Questions et réponses sur l’urgence démographique (3/4)

Coline : Certaines personnes assènent que l’agriculture telle qu’on la pratique aujourd’hui pourrait nourrir le monde, d’autres pensent que non. Quel est votre point de vue ?

Réponse : Il y a actuellement deux sortes d’agriculture, productiviste avec les agriculteurs rattachés au complexe agroalimentaire, et traditionnelle (« biologique ») avec les paysans qui forment encore la grande majorité des cultivateurs. Jacques Caplat a écrit « Changeons d’agriculture (réussir la transition) ». Selon lui, il serait possible de « nourrir bio » 12 milliards d’êtres humains, et ce avec peu d’énergies fossiles (puisqu’elles vont en partie s’épuiser au cours de ce siècle) et uniquement avec les terres agricoles actuelles (sans déforestation). On peut avec Démographie responsable émettre quelques doutes sur cette « profession de foi ». En effet, les terres agricoles actuelles vont être amputées pour diverses raisons (désertification, salinisation des sols, épuisement de certaines nappes phréatiques qui permettent de les arroser, urbanisation galopante). Remarquons aussi que pour nourrir ces 12 milliards de personnes, simplement à terres arables constantes il faudrait multiplier les rendements actuels par deux puisque nous ne nourrissons actuellement que 6 milliards de personnes (7 milliards moins 1 milliard de malnutris). Par ailleurs, cette affirmation, qui est un pari sur l’avenir, n’est pas sans danger, car elle a tendance à exonérer nos contemporains de toute démarche de modération de la natalité.

De son côté l’agriculture productiviste n’a aucun avenir. Non seulement elle a épuisé les sols mais elle dépérira dès que le pétrole (dont ce système a tant besoin, énergie engrais, irrigation…) verra son prix devenir inabordable : le pic pétrolier du pétrole conventionnel a été dépassé en 2006.

Romain : Quels sont les systèmes agricoles à développer pour nourrir la population dans le futur ?

Réponse : ni le système productiviste, ni l’agriculture biologique ne pourront nourrir 12 milliards de personnes en 2100, nous venons précédemment de répondre à cette question. Séparer la question alimentaire de la problématique démographique est d’ailleurs un non-sens. L’écologie, c’est toujours une analyse systémique qui envisage les interactions entre tous les éléments d’un ensemble. Puisque nous ne pourrons pas accroître suffisamment les rendements de l’agriculture, il nous faudra envisager la diminution de la population humaine.

Pauline D : peut-on envisager la transition vers une gestion plus responsable des ressources et des terrains agricoles dans l’état actuel de la démographie ?

Réponse : Il suffit de voir l’inertie politique au niveau national et international pour limiter nos émissions de gaz à effet de serre alors que nous savons scientifiquement (cf. GIEC) que nous allons vers des bouleversements climatiques catastrophiques pour comprendre que le système politique de gestion des écosystèmes est complètement défaillant. Le débat législatif sur la transition énergétique en France vient d’être repoussé à 2015 et de toute façon il n’y a pas grand chose à attendre de cela. Notre gestion publique ne devient effective que quand il est trop tard pour faire de la bonne gestion. Il ne faut donc pas compter sur des politiques venant d’en haut, il faut d’abord compter sur ses propres forces. J’espère qu’en tant que future biologiste vous pourrez essayer de remédier à quelques petits morceaux du désastre en cours. Que chacun fasse sa part même si les résultats sont incertains ou négligeables.

Alexandre : Beaucoup de pays ont connu leur transition démographique et leur fécondité est maintenant plus réduite ? Est-ce un phénomène inévitable ou y a-t-il des exemples d’inversion ?

Réponse : Bonne question, (im)pertinente ! Dans mon livre « Moins nombreux, plus heureux », Pablo Servigne confirme que cette inversion est plus que probable : « Si l’on considère que l’abondance énergétique entraîne une baisse de la natalité (transition démographique), alors on pourrait imaginer qu’une pénurie énergétique… augmente à nouveau la natalité ! Il est alors possible que les transitions démographiques s’inversent suite à une pénurie énergétique et matérielle globale, et que la croissance de la population reparte à la hausse. Dans un monde cornucopien (expression qui vient de « corne d’abondance ».), il est possible que se produise une inversion de la transition démographique suite à un appauvrissement en ressources : redevenir pauvre, c’est se remettre à faire des enfants ! Mais une telle possibilité ne ferait qu’accélérer un effondrement de la civilisation thermo-industrielle (et donc de la population) aux alentours de 2030. »

Lucile : Est-il utopique de penser que la démographie diminuera ou se stabilisera une fois que les pays en développement auront passé la phase de développement (comme actuellement l’Allemagne) ?

Réponse : Pablo Servigne a aussi analysé cet aspect de la transition énergétique. Il s’exprime ainsi : « Des chercheurs ont calculé la puissance qu’il faudrait consommer (par personne) pour que la population se stabilise selon les prévisions de l’ONU. L’extrapolation donne, à condition d’une égale répartition, 13 kW par personne! Soit une puissance qui n’est disponible qu’à des très hauts niveaux d’exploitation industrielle. Or, la terre ne dispose pas d’une telle quantité d’énergie. Autrement dit, il n’y aurait pas assez d’énergie pour amorcer une transition démographique dans tous les pays… »

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Questions et réponses sur l’urgence démographique (2/4)

Aurore : Le titre de votre livre, « Moins nombreux, plus heureux », signifie-t-il que vous songez à instaurer un système de contrôle des naissances ? Si oui, croyez-vous que ce soit éthiquement accepté, pensez-vous que les couples ne vont pas croire que c’est une atteinte à leurs libertés ?

Réponse : les réponses précédentes donnent déjà des éléments de réponse. Je précise simplement que la morale admise par une société (l’éthique) varie dans le temps et dans l’espace, ce n’est donc pas un indicateur fiable. De même la notion de liberté n’a pas de sens précis, c’est un mot valise dans lequel nous ne trouvons que ce que nous y cherchons. La « liberté » dans un monde occidental superorganisé et soumis à la mégamachine technique et administrative, n’existe pas ; nous n’avons que la liberté d’être un tout petit rouage de l’ensemble. La liberté de prendre sa voiture dépend de l’exploitation éhontée des gisements d’hydrocarbures, de la stérilisation des sols par routes et autoroutes, des pompes automatiques, des spécialistes du dépannage, etc.

La véritable liberté consiste à savoir faire le tri entre les contraintes inutiles ou dangereuses et les contraintes qui facilitent le bonheur et la convivialité : faire moins d’enfants devient alors une contrainte tout à fait acceptable !

Timothée : Arrive-t-il un point où il faut réguler la population ?

Réponse : La population mondiale connaît une évolution exponentielle. Dans les années 1970, la population mondiale doublait tous les 35 ans. Avec un taux de 1 % de croissance dans les années prochaines, le temps de doublement est encore de 70 ans. N’oublions pas qu’un doublement signifie une évolution très rapide du type 1-2-4-8-16… C’est absolument impossible de continuer ainsi puisque notre planète est limitée. L’expansion quantitative de l’espèce humaine se fait donc au détriment de tout le reste, la biodiversité, l’état des stocks naturels, la stabilité du climat, etc.

Par contre déterminer le seuil (le point) à partir duquel il faut agir est un exercice difficile car le poids de l’humanité sur la planète dépend à la fois du nombre d’individus et de leur niveau de production/consommation : 100 millions d’Américains n’ont pas la même empreinte écologique que 100 millions d’Indiens. En termes de moyenne mondiale, le « Global Overshoot Day » ou « jour du dépassement (Empreinte écologique – Biocapacité) » calculé par le Global Footprint Network a eu lieu le 24 septembre 2008, puis le 22 août 2012  : autrement dit, nous puisons de plus en plus vite dans le capital naturel. L’empreinte écologique mondiale a dépassé la capacité biologique de la Terre à produire nos ressources et absorber nos déchets depuis le milieu des années 1980. Pour Mathis Wackernagel, le défaut de régénération de la Terre sera le facteur limitant de notre économie : « La tendance finira par se renverser, que ce soit à dessein ou par désastre. »

Alice F : L’homme, incapable de décider par lui-même, serait-il le seul animal ayant besoin de lois pour réguler sa population ?

Réponse : Le loup limite sa reproduction au seul couple dominant de la meute pour ajuster ses effectifs aux ressources disponibles. Quand les proies se font rares, la meute reste parfois deux ou trois ans sans mises bas (in La faim du monde d’Hugues Stoeckel). Ce comportement est d’autant plus admirable que le loup, bien qu’intelligent, ne dispose pas de cet outil prospectif unique au monde qu’est le néocortex humain. Un outil en l’occurrence totalement déficient : l’espèce humaine s’avère incapable d’accepter, ni même de discerner une limite à sa propre prolifération. Dans ce domaine, les humains sont donc moins intelligents que les loups. Ils attendent la sanction de la nature à leur surpopulation : guerres, famines et épidémies.

Thibault : Quelles sont les conséquences d’une régulation démographique sur le plan éthique et social ?

Réponse : Les conséquences sont jugée négatives par un nataliste et positives par un malthusien !

Serena C : Avoir une politique de restriction du nombre d’enfant par foyer (comme en Chine) permettrait-elle réellement de contrôler la démographie sur le long terme ?

Réponse : La politique de l’enfant unique en Chine a « économisé » 400 millions de personnes, c’est donc un contrôle effectif qui s’est déroulé sur plusieurs dizaines d’années. Malheureusement le niveau de population n’est pas tout. La Chine est devenu l’atelier du monde, les travailleurs sont exploités, la pollution se généralise, et ce pays est devenu le premier émetteur mondial de gaz à effet de serre. Il ne suffit pas de parler de démographie, il faut toujours penser aux interrelations entre variables, par exemple la formule Ipat.

I = PAT :  l’Impact écologique de l’espèce humaine sur un territoire est déterminé, à Technique donnée, par sa Population et par ses Affluences (Activités, niveau de vie). Pour réduire les impacts I, il est donc nécessaire d’agir sur l’efficacité technique T, l’Affluence (réduire le nombre d’unités de production ou de consommation par personne) et la population P (réduire le taux de natalité).

Marie C : L’expansion démographique est-elle nécessairement un frein à l’écologie ?

Réponse : La multiplication d’une espèce dans un milieu donné connaît une régulation naturelle formalisée par exemple avec le modèle mathématique de Lotka-Volterra (cf. Alain Gras, un des co-auteurs de mon livre) sur les équilibres de population proies-prédateurs. L’espèce humaine, pas ses facultés d’adaptation et de modification d’un milieu, par exemple l’invention de l’agriculture il y a 12 000 ans, échappe pour partie aux régulations naturelles mais au prix d’une détérioration parfois irréversibles de certains écosystèmes. Oui, notre expansion démographique est donc un handicap certain pour la stabilité dynamique qui résulte des mécanismes écologiques.

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Questions et réponses sur l’urgence démographique (1/4)

Voici quelques réponses faites aux questions écrites des étudiants lors d’une conférence-débat intitulée « urgence écologique et problématique démographique ».

Camille R : Ne serait-il pas égoïste de perpétuer l’hypercroissance démographique que nous vivons en ayant un (ou des) enfants(s) ?

Réponse : Exact ! Faire des enfants dans un monde déjà surpeuplé ne fait que satisfaire un ego. Ce n’est pas véritablement aimer un enfant que de le mettre au monde s’il n’a pas d’avenir durable. En pays démocratique, c’est à chacun de réfléchir à cela et de faire son choix personnel.

Cécile : Ne vaudrait-il pas mieux éduquer les gens quant à leur empreinte écologique avant de chercher à limiter le nombre d’enfants qu’ils auront ? Des politiques comme celle de l’enfant unique ne risquent-elles pas de « braquer » les populations contre tout effort à fournir de leur part ?

Réponse : Faire un choix personnel demande toute une éducation préalable des élèves (potentiellement futurs parents) : connaître la capacité de charge d’une planète, les perspectives d’emploi, le coût environnemental d’un bébé supplémentaire (son empreinte écologique comme vous dites), savoir comment éduquer un enfant, etc. Ce devrait être la tâche principale d’un système scolaire responsable dans un pays, c’est sans doute plus important que de savoir lire et écrire ! En effet les pays qui ne limitent pas le nombre de leurs enfants accroissent les difficultés socio-économiques et au bout du compte préparent une société répressive comme en Chine ou, encore plus grave, règlent leurs problèmes de surpopulation à coups de machette comme au Rwanda (800 000 morts). Signalons au passage que dans une société répressive, on ne demande plus l’avis des gens : d’accord ou pas, ils sont obligés de subir.

Julien C : Est-il possible de limiter sans contraintes fortes la croissance de notre population ?

Réponse : Il s’agit donc là de parler de la France dont l’expansion démographique au XIXe siècle avait été limitée par la simple volonté des gens. Mais nos gouvernements, ivres de revanches militaires, ont mené une lutte anti-malthusienne qui s’est traduit par la loi de 1920 qui assimile la contraception à l’avortement. Toute propagande anticonceptionnelle était interdite. Le crime d’avortement était passible de la cour d’Assises. La contrainte n’est donc pas du côté des malthusiens, mais des natalistes. Pour un malthusien, la liberté de contraception (loi de 1967) et d’avortement (loi Veil de 1975) sont des avancées sociales qui permettent le libre choix des gens entre faire l’amour par plaisir ou faire l’amour pour procréer.

Ludivine : Comment faire accepter aux individus, étant donné la liberté individuelle et de religion, des « lois » pour réguler la croissance démographique au profit du « bien commun » qu’est la Terre mère ?

Réponse : Formidable question qui nous parle de biens communs et de Terre mère. Si tout le monde intégrait vraiment ce vocabulaire, nous serions déjà sur le chemin de la responsabilité démographique sans avoir besoin de lois étatiques ! Malheureusement nous constatons que la liberté individuelle (d’avoir une famille nombreuse) ou le précepte biblique de « croître et de se multiplier » peut aller à l’encontre de la santé des écosystèmes. C’est pourquoi la loi (qui est une méthode d’éducation) devrait expliquer à tous ce que signifie protéger nos biens communs et la Terre mère…

Je pense que l’article 25 de la Constitution chinoise devrait être repris par tous les pays : « L’État encourage la planification familiale pour assurer l’harmonie entre la croissance démographique et les plans de développement économique et social. » Bien entendu, pour l’objecteur de croissance que je suis, la formulation « plan de développement » devra être repensée !

Ratael P : Les gouvernements ont-ils le droit légitime d’établir des lois qui limitent le nombre d’enfants par famille ?

Réponse : Un gouvernement dans un pays démocratique a tout pouvoir que lui donne le peuple. Il peut donc faire des lois en matière de procréation. Mais cette question de « limitation du nombre » exprime un parti pris. En France le pouvoir, qu’il soit de droite ou de gauche, ne se gêne pas pour faire des lois ouvertement natalistes : allocations familiales qui augmentent avec le nombre d’enfants, quotient familial qui allége les impôts pour les familles nombreuses, etc. Une législation nataliste est-elle pour autant légitime ?

La légalité ne fait pas toujours la légitimité. En l’occurrence le natalisme va contre la protection des biens communs et de la Terre mère, ce n’est pas acceptable. De mon point de vue, l’Etat se doit d’être absolument neutre dans le choix des familles, il ne doit être ni nataliste, ni malthusien. C’est à chaque famille de supporter seule le coût financier et éducatif des enfants qu’elle a librement voulu. Car l’Etat n’est plus légitime en soi quand les individu prennent eux-mêmes leurs responsabilités !

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En Suisse, le peuple devra trancher sur l’immigration

Le peuple pourra bientôt se prononcer sur l’initiative d’Ecopop (Ecologie et population) visant à freiner l’immigration*. La votation pourrait avoir lieu le 30 novembre prochain. Cette initiative «Halte à la surpopulation – Oui à la préservation durable des ressources naturelles» veut limiter la croissance annuelle de la population due à l’immigration à 0,2% sur une moyenne de trois ans. Seuls quelque 17 000 étrangers, réfugiés compris, pourraient s’établir de manière permanente en Suisse chaque année. Les initiants exigent en outre que 10% des fonds de l’aide au développement, soit environ 200 millions de francs par an, aillent au contrôle des naissances dans les pays pauvres.

A l’instar du Conseil des Etats et du Conseil fédéral, le Parlement national a appelé les Suisses à dire «non». Mais les aspects anti-immigration et écologiste de l’initiative pourraient séduire.

Cette initiative présenterait pour certains de fausses solutions pour la préservation des ressources naturelles, poserait un cadre trop rigide à l’immigration, nuirait aux besoins de l’économie et serait incompatible avec de nombreux accords internationaux. Mais l’invalidation de l’initiative, réclamée par le PDC, a été rejetée par 120 voix contre 45. La majorité a préféré s’en tenir à la pratique très tolérante du Parlement en la matière. Il s’agira désormais de convaincre le peuple et de contrer les arguments avancés entre autres personnalités par l’ancien directeur de l’Office fédéral de l’environnement, le Genevois Philippe Roch. Aussi bien l’UDC, qui veut désormais miser sur l’application de son initiative adoptée le 9 février 2014, que les Verts et les Vert’libéraux ont tenus à se distancier du texte d’Ecopop.

Il est vrai que les Suisses ont en effet déjà voté le 9 février** sur la question de l’immigration. Une proposition de l’Union démocratique du centre (UDC, majoritaire au Parlement suisse) visait à instaurer des quotas à l’immigration et à renégocier la libre circulation avec l’Union européenne. Les Suisses ont voté oui à la limitation de « l’immigration de masse » à une très courte majorité (50,3 %). Mais le taux de participation a été particulièrement élevé, atteignant 56,5 %, soit beaucoup plus que la moyenne de 44 % habituellement enregistrée en Suisse.

sources d’information :

* http://www.tdg.ch/suisse/Le-National-balaie-Ecopop-le-peuple-devra-trancher/story/28756536

** http://biosphere.blog.lemonde.fr/2014/02/10/les-suisses-ont-vote-halte-a-limmigration-de-masse/

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Permis de procréer, à égalité avec permis de conduire ?

On trouve normal d’exiger un permis de conduire pour rouler sur les routes et absurde de mettre en place un permis de procréer. Quel serait votre position sur la question d’un « diplôme » de futur parent, nous attendons vos commentaires. Pour esquisser quelques pistes de réflexion, voici les analyses de Paul Watson et Théophile de Giraud :

Paul Watson : « Je crois que les quatre cavaliers de l’Apocalypse seront les moyens qui vont servir à réduire notre population – famines, épidémies, guerres et troubles civils. La solution que je préconise est que personne ne devrait avoir d’enfants à moins de suivre une formation de six mois au cours de laquelle on apprendrait ce que cela veut dire d’être un parent responsable et au terme de laquelle on obtiendrait un diplôme certifiant que l’on est suffisamment responsable pour avoir un enfant. C’est une situation bien étrange quand on y pense. On a besoin d’un permis pour conduire une voiture, il faut un diplôme pour accéder à certains métiers. Pas pour avoir un enfant ! »

In Capitaine Watson, entretien avec un pirate de Lamya Essemlali (2012)

Théophile de Giraud : « Alors que tous les pédiatres et psychopédagogues admettent qu’il n’est pas de tâche plus difficile, plus complexe, que celle d’élever un enfant, le dernier des crétins peut s’essayer à fonder une tribu. Comment se fait-il qu’il n’existe à ce jour aucun permis de procréer ? Et pourtant, quel foisonnement, dans nos sociétés, de permis en tout genre : permis de conduire, de chasse, de pêche, de construire, de travail, de séjour, d’inhumer, etc. Sans oublier les permis de pratiquer une profession : les omniprésents diplômes. Tout le monde jugera indispensable qu’un médecin, ou un ingénieur ou un soudeur ou une puéricultrice n’obtienne guère licence d’exercer sans avoir démontré au préalable ses compétences, mais tout le monde juge naturel que le premier nabot venu puisse s’autoproclamer spécialiste en éducation en mettant simplement un enfant au monde ! Si nous souhaitons réellement faire aboutir l’indispensable projet de restriction des naissances, le geste le plus important serait de se lancer dans une politique d’éducation et de conscientisation systématique des jeunes générations : le goût de la nulliparité peut s’enseigner au même titre que celui de la non-violence et du respect d’autrui. Il va de soi qu’il appartient à l’Occident de montrer l’exemple au Tiers-Monde : nous devons enclencher les premiers le processus de contraction démographique ! »

In L’art de guillotiner les procréateurs (2006)

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Questions (im)pertinentes sur « démographie et écologie »

Lors de la conférence-débat sur « Démographie et écologie, le sujet tabou » qui a eu lieu à Paris le 15 mai 2014, des questions ont été posées par écrit dans la salle. Comme les questions sont souvent significatives des réponses à donner, en voici la transcription pour réflexion.

– L’animal sauvage s’autorégule. Est-il donc plus « intelligent » que l’homme.

– Est-il juste que parmi les 5000 espèces de mammifères une seule espèce, homo sapiens pèse (avec ses animaux d’élevage) 90 % du total de la biomasse de l’ensemble des  mammifères ? Quelle équité si une seule espèce occupe toute la place ?

– Que veut dire « biocapacité » ?

– Quels sont les rapports entre multiplication humaine et extinction animale ?

– Quels moyens proposez-vous pour convaincre les démographes, les écologistes, les politiques… de faire décroître la population tout de suite ?

– Quels sont les moyens réalistes pour ralentir les naissances humaines ?

– Comment influer sur des politiques pro-natalistes en Afrique ?

– Comment réformer les systèmes d’allocation familiales en France de manière à mieux maîtriser la démographie ?

– Comment imaginer la situation de l’Inde dans la seconde partie du siècle quand ce pays aura plusieurs centaines de millions de personnes âgées ?

– A monsieur Pison, démographe et membre de l’INED : Certains dénatalistes (dont moi) rêvent d’un monde peu peuplé. Si vous aviez une baguette magique, à quel nombre d’humains seriez-vous attaché ?

– Que signifie vraiment le mot « transition démographique » qui nous fait croire à une baisse de la population alors que même en passant d’un taux d’accroissement annuel mondial de 2,1 % dans les années 1960-70 à 1,2 % maintenant, en réalité il y avait 70 millions d’habitants en plus chaque année dans les années 1960-70 et maintenant (chiffres de 2012) 84 millions de plus par an ?

– Les projections faites par les démographes intègrent-elles des hypothèses du type hiver nucléaire, résistance aux antibiotiques, baisse de fécondité à cause des perturbateurs endocriniens ?

– Les projections de l’ONU prennent-elles en compte les probables guerres et génocides à venir à cause de l’épuisement des ressources ? Et la folie des hommes augmentée par le stress ?

– Que pensez-vous des thèses de Chefurka sur le lien entre PIB, énergie et population ?

– René Guénon a écrit dans les années 1930 « le règne de la quantité ». Il a tout dit : la qualité est devenue secondaire depuis déjà des siècles. Il faudra aller dans le mur pour comprendre…

– Ne peut-on considérer que ce monde qui va à l’envers amènera l’homme à en tirer les leçons ?

– Ne faut-il pas revenir à des visions du monde biocentriques, ces visions portées par 95 % des 6 900 langues du monde parlées dans des sociétés non anthropocentriques ?

– Comment répondez-vous aux gens qui disent : Vous n’avez qu’à vous suicider pour commencer ?

La réponse de Michel Sourrouille* à cette dernière question : Pas besoin de faire un acte volontaire, notre espèce humaine en ce moment est vraiment en train de se suicider : épuisement à court terme des énergies fossiles et fin de la civilisation thermo-industrielle, perturbations climatiques extrêmes pour des centaines d’années, généralisation des bidonvilles et de leur situation explosive, mortalité par guerres, famines et épidémies (évènements dont parlent déjà tous les jours les médias), etc. Le genre humain mérite-t-il d’être sauvé de sa tentative suicidaire ? Ceux qui portent comme nous l’idéal d’un monde meilleur n’ont pas envie de se suicider, ils ont tant d’efforts à accomplir pour essayer de sauver l’humanité du suicide…

* Michel Sourrouille, coordinateur du livre Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie) » aux éditions Sang de la Terre, à acheter chez votre libraire ou à commander en ligne :Amazon ; Decitre ; FNAC

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Démographie et Ecologie, un sujet extrêmement tabou

Une conférence-débat sur « Démographie et écologie, le sujet tabou » a eu lieu à Paris le 15 mai 2014. Nous nous faisons l’écho de l’intervention de Michel Sourrouille, coordinateur du livre « Moins nombreux, plus heureux * ». Cette conférence à la mairie écolo du 2ème arrondissement n’a attiré qu’une cinquantaine de personnes, dommage. Déjà un signe que la question démographique reste un tabou !  L’association  JNE (Journalistes-écrivains pour la nature et l’écologie) était l’organisatrice de cette rencontre. Résumé :

Le sous-titre du livre « l’urgence écologique de repenser la démographie » explique vraiment l’idée générale partagée par les 13 contributeurs ; le livre condense la plupart des points de vue sous l’angle commun de la maîtrise de la fécondité. Il nous faut à la fois envisager la question alimentaire comme le fait dans le livre Jacques Maret, la question religieuse (Jean-Claude Noyé) ou la question migratoire comme le chapitre « la problématique des migrations sur une planète close et saturée ». Le dépassement des capacités de charge de la planète exige une réduction volontaire de la population humaine. Sinon il y aura (et il y a déjà) guerres, épidémies et famine comme l’avait prévu Malthus. Michel Sourrouille ne comprend pas les réticences à aborder ce sujet. Le malthusianisme devrait être un élément essentiel de notre réflexion individuelle et collective, c’est au contraire le grand absent. La démographie est un véritable tabou, particulièrement en France. Pourquoi ?

Avoir une intervenante femme pour cette tribune aujourd’hui a été tâche impossible, les femmes spécialistes de la problématique démographie/écologie sont extrêmement rares. Dans le livre que Michel Sourrouille a coordonné il y a une seule femme pour douze hommes, Corinne Maier. Il est vrai que le désir de maternité est encore privilégié par notre société. Pourtant les femmes devraient être les premières à revendiquer le droit de choisir un avenir durable pour leurs enfants. Les hommes pour leur part ne se sentent généralement pas concernés. Soit ils considèrent que la maternité est le domaine privilégié des femmes, soit (dans certaines cultures) leur conception machiste fait que le nombre d’enfant n’a pas à être limité puisque c’est l’expression de leur virilité. Difficile de faire admettre à toutes et à tous que le statut de la femme ne dépend pas de son statut de mère !

Même l’association organisatrice de cette conférence, a été pusillanime. Ses membres n’ont pas d’avis déterminé sur la question démographique, seulement un intérêt… distant. Il y a eu exigence de « neutralité » pour ce débat, confrontant ceux qui pensent que la démographie ne pose pas problème et les autres. Pourtant des spécialistes de la nature devraient savoir que l’expansion illimitée d’une espèce dans un milieu limité aboutit à sa réduction inéluctable. Les humains ne peuvent pas faire exception à cette règle. Pour conforter le pluralisme des débats, nous avions invité Vincent Cheynet, le rédacteur en chef du mensuel « la Décroissance ». Sa recension sur le livre « Moins nombreux, plus heureux » titrait « Misanthropie ». Pourtant vouloir la décroissance démographique repose au contraire sur un amour des humains car le surnombre se conjugue avec l’instabilité sociale. Etonnant que quelqu’un qui défend la décroissance ne veuille pas envisager la décroissance malthusienne, ni même s’exprimer publiquement : Cheynet n’a pas voulu participer au « piège » que constituerait selon lui le débat d’aujourd’hui.

                Nous avons un démographe à la tribune, Philippe Pison. Michel Sourrouille constate qu’il a utilisé tout son temps de parole pour parler transition démographique et évolution probable de la population sans jamais penser aux contraintes écologiques. Il est comme beaucoup d’experts, enfermé dans sa propre discipline ; il ne peut pas avoir d’analyse holiste, globale. Pourtant la démographie est de fait en interrelation avec tous les autres éléments, socio-économiques ou écosystèmiques. Notons que l’Ined dont Pison est membre a été ouvertement nataliste. L’Ined avait pour mission en 1945 d’examiner « les moyens matériels et moraux susceptibles de contribuer à l’accroissement quantitatif et à l’amélioration qualitative de la population ». Maintenant ses membres se contente de dire qu’il n’y a pas de problème, la démographie va se stabiliser un jour ou l’autre grâce à une baisse providentielle de la natalité. Alain Hervé les juge ainsi dans « Moins nombreux, plus heureux »: « Jamais je n’ai entendu un démographe dire que les humains se multipliaient excessivement… Ils observent un tassement  des courbes de croissance… Ils annoncent avec un grand sourire, toujours le sourire, que la transition démographique est en vue. » Tout nous indique que l’avenir ne va pas se passer aussi bien sur une planète dont on a déjà dépassé les limites : il n’y aura plus de développement économique sans perturbations écologiques nouvelles.

                Nous n’avons pas d’agronomes à cette tribune, mais le constat serait le même que pour les démographes : chacun sa spécialité, c’est ahurissant. Jacques Caplat estime dans son dernier livre « Changeons d’agriculture » que la démographie n’est pas un problème puisque l’agriculture pourra nourrir 12 milliards d’êtres humains… Il suffit de se convertir à l’agriculture biologique ! Pierre Feillet de l’Inra, dans « Quel futur pour notre alimentation ? », penche de son côté pour l’agriculture « de précision » (OGM, GPS sur le tracteur, drones, etc.). La démographie n’est pas pour lui un problème puisque le progrès technique résoudra tous les problèmes. Tous ces experts ne considèrent jamais la loi des rendements décroissants dans l’agriculture et le poids écologique d’une démographie croissante.

                Du côté des écologistes, c’est  carrément renversant. Il n’y a pas une seule motion sur la démographie pour un parti, Europe Ecologie – Les Verts, qui les émet pourtant en rafales. Celle de 2009 a été refusée faute de signataires en nombre suffisant. Leur prise de position en 2013 sur les allocations familiales se veut « une politique familiale résolument écologiste », ce qui veut dire pour eux une politique « résolument engagée dans l’aide à la parentalité ». Quant à leur commission immigration, elle s’occupe des sans papiers, pas de démographie ni d’écologie.                Les autres courants politiques, droite et gauche confondus, sont ouvertement natalistes. Dans sa préface de « Moins nombreux, plus heureux », Yves Cochet montre bien que le malthusianisme reste un tabou, autant au niveau national qu’international. Il n’y a rien à dire des cathos, vous connaissez tous leur position sur la contraception et l’avortement.

Conclusion : cet ostracisme généralisé envers la question démographique est absolument incompréhensible. Le planning familial devrait être une bonne nouvelle pour les femmes… pour les écologistes… pour les générations futures… et même pour les autres espèces étouffées par la pullulation humaine ! Le droit de choisir du nombre de ses enfants est une très bonne chose, encore faudrait-il procréer en toute connaissance de cause, avec une nette perception des contraintes écologiques.

Pour Michel Sourrouille, une conférence-débat sans ouverture sur la vie serait inutile. C’est pourquoi il conseille à tous d’adopter un comportement malthusien dans sa vie familiale, de s’informer, d’acheter bien sûr le livre « Moins nombreux ». Au niveau associatif, vous pouvez adhérer à Démographie responsable, le seul collectif en France qui milite pour la bonne cause. Au niveau politique enfin, il se contente de poser cette question qui demande réflexion : Y a-t-il une différence fondamentale entre délivrer un permis de conduire et obtenir un permis de procréer ?

* Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie) »

Livre à acheter chez votre libraire ou à commander en ligne :Amazon ; Decitre ; FNAC

Bonus : Intervention de Denis Garnier, président de démographie responsable à la conférence-débat du 15 juin 2014,

aller sur http://jne-asso.org/blogjne/?tag=jne-ecologie-demographie

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migration irrégulière en France, tout n’est pas possible

Que vont penser les écolos d’EELV de ce fait divers : Les forces de l’ordre ont démantelé deux campements de migrants situés en plein centre-ville de Calais. Ce démantèlement illustre l’absence de solutions pour régler le sort des étrangers irréguliers qui tentent chaque jour de rejoindre clandestinement le Royaume-Uni. Les migrants qui veulent demander l’asile devaient être orientés vers des centres d’hébergement. Pour les autres, aucune alternative n’était envisagée. Le centre de Sangatte, fermé en 2002, avait une capacité d’accueil de 800 personnes. Mais il s’était retrouvé à héberger jusqu’à 1800 personnes. *

EELV a un laboratoire des idées, constitué par ses commissions thématiques. Mais, loin de réfléchir à une solution pérenne, la commission immigration d’EELV se contente d’être la courroie de transmission des associations d’aide aux immigrés. Dans ses échanges internes, jamais il n’est question d’écologie et du sens des limites sur une planète close et saturée d’humains. Pourtant Marine Tondelier, membre du BE en charge des commissions, était clair sur le statut de ces commissions : « Il existe au sein du parti des lieux de réflexions et de débats que l’on appelle les commissions thématiques. Elles participent à l’élaboration des orientations du parti… ». Analysons la Charte des Verts mondiaux adoptée à Canberra en 2001 qui sert de texte fondateur pour l’ensemble des mouvements se réclamant de l’écologie politique. En vertu de ce texte, il est demandé à l’ensemble des adhérent/es d’EELV d’adhérer  au principe suivant  (le 26ème)  : « Le devoir d’accueil et la solidarité active aux réfugiés politiques, économiques et environnementaux. » Il ne s’agit donc pas de libre entrée en France pour les immigrés, il s’agit de prendre en charge les réfugiés dont le statut est reconnu comme tel par les lois en vigueur du pays. Il ne s’agit pas de protéger une Europe forteresse contre des hordes barbares. Il s’agit simplement de reconnaître que tout n’est pas possible, tous les pays filtrent les entrées sur leur territoire.

 L’écologie politique, ce n’est pas déclamer de grands principes, c’est essayer de faire concrètement face à des problèmes complexes qui sont à la fois socio-économiques et écologiques. Une liberté totale de circulation est incompatible avec le fait de viser l’harmonie avec l’ensemble du monde vivant. C’est parce que le principe marchand de « libre circulation » des marchandises a été imposé au monde par les puissances dirigeantes que les sociétés humaines sont complètement déstabilisées. C’est parce que le principe de « libre circulation » des hommes a envahi les écosystèmes de la presque totalité des non-humains qu’il n’y a plus d’harmonie de notre espèce avec le reste du monde vivant. Comme l’écrivait René Monet : « Les écologistes devraient dire que l’immigration maintient ou accroît la pression humaine sur le milieu naturel dans des pays où, de par le recul de la natalité, cette pression pourrait s’y stabiliser sinon régresser. Sinon il n’y aura pas de répit. L’homme va continuer à saturer l’espace planétaire à la fois par la croissance démographique et par les transferts de population. » Pour en savoir plus lire le livre « Moins nombreux, plus heureux »**.

* LE MONDE du 29 mai 2014, A Calais, une évacuation sans issue pour les migrants

 ** le livre « Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie) » aux éditions Sang de la Terre est à acheter chez votre libraire ou à commander en ligne :Amazon ; Decitre ; FNAC

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Trois milliards de terriens contre une poignée d’obèses

Trois milliards de terriens contre une poignée d’obèses : le numéro 18 (avril 1974) de la Gueule ouverte se centrait sur la surpopulation : « Nous préférons une approche écologique de la question démographique. De plus en plus, nous serons obligés de penser globalement, au niveau planétaire, en termes de détérioration du milieu naturel et de ressources globales disponibles. Mais la quasi-totalité des philosophies, des religions, ou des idéologies politiques ont été natalistes. La régulation des naissances s’est heurtée à une formidable coalition du passé : catholicisme, communisme, islam, nationalisme, tabous sexuels, etc. Voyez ces politiciens illuminés qui préconisent en France les 100 millions d’habitants comme si le nombre était garantie de bonheur accru. Contemplez ces dirigeants des pays en voie de développement qui magnifient leur vertigineuse ascension démographique. Admirez comment ceux qui prodiguent les conseils de modération à ces pays sont souvent ceux-là mêmes qui prônent la natalité chez eux. En France les natalistes les plus indécrottables, on les connaît, Michel Debré, Alfred Sauvy et autres irresponsables de « Laissez-les vivre ».

 La croissance démographique est peut-être moins un problème matériel immédiat qu’une question de valeurs : quel est le sens de la vie humaine dans un monde surpeuplé, encombré ? Cette vie a déjà commencé, on quitte la ville où l’on vit en troupeau, pour se retrouver en troupeau sur les lieux de vacances. Il finit par naître une pensée de troupeau, et nous savons tous que le troupeau postule le berger. L’homme qui pense librement n’aura plus sa place dans la société de demain, il n’aura même plus la possibilité d’aller vivre ailleurs parce qu’il n’y aura plus d’ailleurs. En définitive le dilemme est clair : soit nous complaire dans notre délire actuel et « après nous le déluge », soit prendre délibérément, lucidement les mesures qui s’imposent :

 – contraception libre et gratuite, autorisation légale de la vasectomie ;

 – suppression de tous les textes répressifs relatifs à l’avortement ;

 – suppression des encouragements à la natalité (allocations familiales), suppression de la prime à la naissance ;

 – Dire aux couples qu’au-delà de deux enfants, ils contribuent directement aux catastrophes futures ;

 – Recours à une éducation en vue de la stabilisation démographique. »

La Biosphère ne peut qu’approuver ! Mais en quarante ans la population mondiale a plus que doublé (quatre milliards de trop), et le nombre d’obèses a décuplé… ce n’est pas rien  ! La récente parution du livre « Moins nombreux, plus heureux » est une des rares tentatives françaises de poser la question démographique par rapport à l’urgence écologique… A acheter chez votre libraire préféré ou à commander en ligne :Amazon ; Decitre ; FNAC

 

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Trop d’humains sur notre planète, un vrai sujet (tabou)

Il y a profusion de livres sur les moyens de se nourrir et paradoxalement une absence extraordinaire d’analyse des risques liés à une évolution démo­graphique incontrôlée. L’Ecologiste est une revue qui paraît depuis l’hiver 2000. Depuis quatorze ans, la problématique démographique n’y a jamais été abordée dans un dossier, si ce n’est sous son aspect agricole : « Comment nourrir l’humanité » (en 2002) ou « l’agroécologie peut-elle nourrir le monde » (en 2013). Seul un article ponctuel de David Nicholson-Lord* portait sur la question malthusienne : « Sommes-nous trop nombreux ? » Il date de 2006, mais il mérite qu’on s’en souvienne. En voici quelques extraits :

 « Tenter de débattre de la croissance de la population humaine est aujourd’hui un exercice périlleux. La droite vous accusera d’autoritarisme et la gauche de racisme, de fascisme ou de néo-malthusianisme. La récente accélération des migrations comme un facteur clé de l’augmentation de la population des pays développés ajoute un ingrédient explosif au débat. Les associations écologistes, à leur éternel discrédit, effrayées par un tel mélange explosif, ont  déserté ce champ de bataille. Le politiquement correct a gagné en importance après la conférence du Caire en 1994 sur la population car l’un des résultats a été l’exclusion systématique de toute considération numérique dans les discours autorisés. L’attention à la  taille de la population était devenue à tort associée à une approche coercitive, comme les politiques de stérilisations forcées de Gandhi en Inde et la politique de l’enfant unique en Chine. Les écologistes ont alors intégré que le mode de vie compte également : Un rapide calcul montre que la population des Etats-Unis par rapport à l’empreinte écologique équivaut à 3,6 milliards d’Indiens ! En d’autres termes, les Etats-Unis causent trois fois plus de dégâts écologiques que l’Inde. Si l’on prend en compte les émissions de gaz à effet de serre par habitant, les résultats sont encore plus parlants : un Américain émet vingt fois plus de dioxyde de carbone qu’un Indien. La solution serait alors l’écologisation de nos modes de vie. Mais les futurs historiens de l’écologie conclurons certainement qu’il s’agit là d’une trahison envers les générations futures. Comment un groupe comme les Amis de la Terre (Grande Bretagne) peut-il lutter pour protéger les espaces naturels de tout projet de développement sans reconnaître l’importance cruciale du nombre de ceux qui veulent une maison, des écoles, des bureaux, des magasins et des équipements de loisir ? La vérité est qu’une vie à zéro impact est une chimère et que le nombre absolu d’habitants compte énormément. Si les 6 milliards d’habitants vivaient avec un mode de vie occidental modeste entièrement basé sur des énergies renouvelables, on aurait encore besoin de 1,8 planètes ! Quel que soit notre impact écologique, il y a tout simplement trop d’habitants aujourd’hui sur la planète. »

La récente parution du livre « Moins nombreux, plus heureux » est une des rares tentatives françaises de poser la question démographique par rapport à l’urgence écologique…

* David Nicholson-Lord est un chercheur de l’Optimum Population Trust, devenu en 2011 population matters (« la démographie, cela a de l’importance »), une des rares associations mondiales qui se préoccupe de l’explosion démographique. Le seul équivalent en France est l’association Démographie responsable.

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Nous mangerons bientôt du krill, des insectes, nos déchets

Le krill, nourriture des baleines, est le nom générique de 85 espèces de petits crustacés qui grouillent dans l’océan austral. Le krill antarctique représente 500 millions de tonnes de matière vivante, c’est-à-dire environ 5 fois le volume total des poissons péchés et élevés chaque année dans le monde. L’article de l’Ecologiste* pose la question du krill comme réponse aux besoins alimentaires de la population mondiale en forte augmentation. Malheureusement les progrès technologiques permettent à l’industrie de la pêche d’armer des bateaux capables de capturer des proies aussi petites. Et bien sûr nous visons au gigantisme. Un chalutier norvégien de 135 mètres de long peut déjà prélever et transformer jusqu’à 250 tonnes de krill par jour. L’objectif global était de 400 000 tonnes d’Euphausia superba pour la campagne de pêche 2011-2012. Il en sera du krill comme de nos autres conquêtes alimentaires, à commencer par les baleines, surexploitées, amenées au bord de l’extinction. L’article le dit, « aucune ressource n’étant inépuisable, s’annonce le risque d’un pillage incontrôlé, comme l’ont connu certains gros poissons aujourd’hui menacés de disparition ».

Si l’article pose la question d’une pêche respectueuse  des capacités de reproduction naturelle de l’espèce krill (un vœu pieux), il ne pose pas la question de la démographie humaine. Anne Noury et Pierre Mollo ne soulèvent pas le cercle vicieux qui fait qu’en nourrissant plus de monde, le krill semble nous donne autorisation de procréer encore plus. C’est le même genre d’article que ceux qui nous disent qu’il va bientôt falloir manger des insectes pour survivre. Mais quand nous aurons gratté les ressources ultimes de la planète, quand notre biosphère sera transformée en poubelle géante dans laquelle nous mangerons nos déchets, il ne sera plus question d’une vie véritablement humaine.

Une information complémentaire sur la capacité humaine à la pullulation extrême : « Quelle est la durée de l’intervalle de temps séparant deux grossesses consécutives ? Chez l’humain, le retour de couches peut se produire de trois à quatre mois après la naissance d’un enfant si la mère l’allaite, et au bout de seulement six à huit semaines dans le cas contraire. Ce délai est bien supérieur chez les grands singes, où il peut atteindre 5 à 6 ans chez les chimpanzés, de 2 à 6 ans chez les gorilles et au moins 2 à 3 ans chez les gibbons. » **

* L’Ecologiste n ° 42, avril-mai-juin 2014, Krill : la dernière ressource naturelle encore intacte

** L’Ecologiste n ° 42, avril-mai-juin 2014, Peut-on comparer l’homme et l’animal ?

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