démographie

Questions et réponses sur l’urgence démographique (2/4)

Aurore : Le titre de votre livre, « Moins nombreux, plus heureux », signifie-t-il que vous songez à instaurer un système de contrôle des naissances ? Si oui, croyez-vous que ce soit éthiquement accepté, pensez-vous que les couples ne vont pas croire que c’est une atteinte à leurs libertés ?

Réponse : les réponses précédentes donnent déjà des éléments de réponse. Je précise simplement que la morale admise par une société (l’éthique) varie dans le temps et dans l’espace, ce n’est donc pas un indicateur fiable. De même la notion de liberté n’a pas de sens précis, c’est un mot valise dans lequel nous ne trouvons que ce que nous y cherchons. La « liberté » dans un monde occidental superorganisé et soumis à la mégamachine technique et administrative, n’existe pas ; nous n’avons que la liberté d’être un tout petit rouage de l’ensemble. La liberté de prendre sa voiture dépend de l’exploitation éhontée des gisements d’hydrocarbures, de la stérilisation des sols par routes et autoroutes, des pompes automatiques, des spécialistes du dépannage, etc.

La véritable liberté consiste à savoir faire le tri entre les contraintes inutiles ou dangereuses et les contraintes qui facilitent le bonheur et la convivialité : faire moins d’enfants devient alors une contrainte tout à fait acceptable !

Timothée : Arrive-t-il un point où il faut réguler la population ?

Réponse : La population mondiale connaît une évolution exponentielle. Dans les années 1970, la population mondiale doublait tous les 35 ans. Avec un taux de 1 % de croissance dans les années prochaines, le temps de doublement est encore de 70 ans. N’oublions pas qu’un doublement signifie une évolution très rapide du type 1-2-4-8-16… C’est absolument impossible de continuer ainsi puisque notre planète est limitée. L’expansion quantitative de l’espèce humaine se fait donc au détriment de tout le reste, la biodiversité, l’état des stocks naturels, la stabilité du climat, etc.

Par contre déterminer le seuil (le point) à partir duquel il faut agir est un exercice difficile car le poids de l’humanité sur la planète dépend à la fois du nombre d’individus et de leur niveau de production/consommation : 100 millions d’Américains n’ont pas la même empreinte écologique que 100 millions d’Indiens. En termes de moyenne mondiale, le « Global Overshoot Day » ou « jour du dépassement (Empreinte écologique – Biocapacité) » calculé par le Global Footprint Network a eu lieu le 24 septembre 2008, puis le 22 août 2012  : autrement dit, nous puisons de plus en plus vite dans le capital naturel. L’empreinte écologique mondiale a dépassé la capacité biologique de la Terre à produire nos ressources et absorber nos déchets depuis le milieu des années 1980. Pour Mathis Wackernagel, le défaut de régénération de la Terre sera le facteur limitant de notre économie : « La tendance finira par se renverser, que ce soit à dessein ou par désastre. »

Alice F : L’homme, incapable de décider par lui-même, serait-il le seul animal ayant besoin de lois pour réguler sa population ?

Réponse : Le loup limite sa reproduction au seul couple dominant de la meute pour ajuster ses effectifs aux ressources disponibles. Quand les proies se font rares, la meute reste parfois deux ou trois ans sans mises bas (in La faim du monde d’Hugues Stoeckel). Ce comportement est d’autant plus admirable que le loup, bien qu’intelligent, ne dispose pas de cet outil prospectif unique au monde qu’est le néocortex humain. Un outil en l’occurrence totalement déficient : l’espèce humaine s’avère incapable d’accepter, ni même de discerner une limite à sa propre prolifération. Dans ce domaine, les humains sont donc moins intelligents que les loups. Ils attendent la sanction de la nature à leur surpopulation : guerres, famines et épidémies.

Thibault : Quelles sont les conséquences d’une régulation démographique sur le plan éthique et social ?

Réponse : Les conséquences sont jugée négatives par un nataliste et positives par un malthusien !

Serena C : Avoir une politique de restriction du nombre d’enfant par foyer (comme en Chine) permettrait-elle réellement de contrôler la démographie sur le long terme ?

Réponse : La politique de l’enfant unique en Chine a « économisé » 400 millions de personnes, c’est donc un contrôle effectif qui s’est déroulé sur plusieurs dizaines d’années. Malheureusement le niveau de population n’est pas tout. La Chine est devenu l’atelier du monde, les travailleurs sont exploités, la pollution se généralise, et ce pays est devenu le premier émetteur mondial de gaz à effet de serre. Il ne suffit pas de parler de démographie, il faut toujours penser aux interrelations entre variables, par exemple la formule Ipat.

I = PAT :  l’Impact écologique de l’espèce humaine sur un territoire est déterminé, à Technique donnée, par sa Population et par ses Affluences (Activités, niveau de vie). Pour réduire les impacts I, il est donc nécessaire d’agir sur l’efficacité technique T, l’Affluence (réduire le nombre d’unités de production ou de consommation par personne) et la population P (réduire le taux de natalité).

Marie C : L’expansion démographique est-elle nécessairement un frein à l’écologie ?

Réponse : La multiplication d’une espèce dans un milieu donné connaît une régulation naturelle formalisée par exemple avec le modèle mathématique de Lotka-Volterra (cf. Alain Gras, un des co-auteurs de mon livre) sur les équilibres de population proies-prédateurs. L’espèce humaine, pas ses facultés d’adaptation et de modification d’un milieu, par exemple l’invention de l’agriculture il y a 12 000 ans, échappe pour partie aux régulations naturelles mais au prix d’une détérioration parfois irréversibles de certains écosystèmes. Oui, notre expansion démographique est donc un handicap certain pour la stabilité dynamique qui résulte des mécanismes écologiques.

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Questions et réponses sur l’urgence démographique (1/4)

Voici quelques réponses faites aux questions écrites des étudiants lors d’une conférence-débat intitulée « urgence écologique et problématique démographique ».

Camille R : Ne serait-il pas égoïste de perpétuer l’hypercroissance démographique que nous vivons en ayant un (ou des) enfants(s) ?

Réponse : Exact ! Faire des enfants dans un monde déjà surpeuplé ne fait que satisfaire un ego. Ce n’est pas véritablement aimer un enfant que de le mettre au monde s’il n’a pas d’avenir durable. En pays démocratique, c’est à chacun de réfléchir à cela et de faire son choix personnel.

Cécile : Ne vaudrait-il pas mieux éduquer les gens quant à leur empreinte écologique avant de chercher à limiter le nombre d’enfants qu’ils auront ? Des politiques comme celle de l’enfant unique ne risquent-elles pas de « braquer » les populations contre tout effort à fournir de leur part ?

Réponse : Faire un choix personnel demande toute une éducation préalable des élèves (potentiellement futurs parents) : connaître la capacité de charge d’une planète, les perspectives d’emploi, le coût environnemental d’un bébé supplémentaire (son empreinte écologique comme vous dites), savoir comment éduquer un enfant, etc. Ce devrait être la tâche principale d’un système scolaire responsable dans un pays, c’est sans doute plus important que de savoir lire et écrire ! En effet les pays qui ne limitent pas le nombre de leurs enfants accroissent les difficultés socio-économiques et au bout du compte préparent une société répressive comme en Chine ou, encore plus grave, règlent leurs problèmes de surpopulation à coups de machette comme au Rwanda (800 000 morts). Signalons au passage que dans une société répressive, on ne demande plus l’avis des gens : d’accord ou pas, ils sont obligés de subir.

Julien C : Est-il possible de limiter sans contraintes fortes la croissance de notre population ?

Réponse : Il s’agit donc là de parler de la France dont l’expansion démographique au XIXe siècle avait été limitée par la simple volonté des gens. Mais nos gouvernements, ivres de revanches militaires, ont mené une lutte anti-malthusienne qui s’est traduit par la loi de 1920 qui assimile la contraception à l’avortement. Toute propagande anticonceptionnelle était interdite. Le crime d’avortement était passible de la cour d’Assises. La contrainte n’est donc pas du côté des malthusiens, mais des natalistes. Pour un malthusien, la liberté de contraception (loi de 1967) et d’avortement (loi Veil de 1975) sont des avancées sociales qui permettent le libre choix des gens entre faire l’amour par plaisir ou faire l’amour pour procréer.

Ludivine : Comment faire accepter aux individus, étant donné la liberté individuelle et de religion, des « lois » pour réguler la croissance démographique au profit du « bien commun » qu’est la Terre mère ?

Réponse : Formidable question qui nous parle de biens communs et de Terre mère. Si tout le monde intégrait vraiment ce vocabulaire, nous serions déjà sur le chemin de la responsabilité démographique sans avoir besoin de lois étatiques ! Malheureusement nous constatons que la liberté individuelle (d’avoir une famille nombreuse) ou le précepte biblique de « croître et de se multiplier » peut aller à l’encontre de la santé des écosystèmes. C’est pourquoi la loi (qui est une méthode d’éducation) devrait expliquer à tous ce que signifie protéger nos biens communs et la Terre mère…

Je pense que l’article 25 de la Constitution chinoise devrait être repris par tous les pays : « L’État encourage la planification familiale pour assurer l’harmonie entre la croissance démographique et les plans de développement économique et social. » Bien entendu, pour l’objecteur de croissance que je suis, la formulation « plan de développement » devra être repensée !

Ratael P : Les gouvernements ont-ils le droit légitime d’établir des lois qui limitent le nombre d’enfants par famille ?

Réponse : Un gouvernement dans un pays démocratique a tout pouvoir que lui donne le peuple. Il peut donc faire des lois en matière de procréation. Mais cette question de « limitation du nombre » exprime un parti pris. En France le pouvoir, qu’il soit de droite ou de gauche, ne se gêne pas pour faire des lois ouvertement natalistes : allocations familiales qui augmentent avec le nombre d’enfants, quotient familial qui allége les impôts pour les familles nombreuses, etc. Une législation nataliste est-elle pour autant légitime ?

La légalité ne fait pas toujours la légitimité. En l’occurrence le natalisme va contre la protection des biens communs et de la Terre mère, ce n’est pas acceptable. De mon point de vue, l’Etat se doit d’être absolument neutre dans le choix des familles, il ne doit être ni nataliste, ni malthusien. C’est à chaque famille de supporter seule le coût financier et éducatif des enfants qu’elle a librement voulu. Car l’Etat n’est plus légitime en soi quand les individu prennent eux-mêmes leurs responsabilités !

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En Suisse, le peuple devra trancher sur l’immigration

Le peuple pourra bientôt se prononcer sur l’initiative d’Ecopop (Ecologie et population) visant à freiner l’immigration*. La votation pourrait avoir lieu le 30 novembre prochain. Cette initiative «Halte à la surpopulation – Oui à la préservation durable des ressources naturelles» veut limiter la croissance annuelle de la population due à l’immigration à 0,2% sur une moyenne de trois ans. Seuls quelque 17 000 étrangers, réfugiés compris, pourraient s’établir de manière permanente en Suisse chaque année. Les initiants exigent en outre que 10% des fonds de l’aide au développement, soit environ 200 millions de francs par an, aillent au contrôle des naissances dans les pays pauvres.

A l’instar du Conseil des Etats et du Conseil fédéral, le Parlement national a appelé les Suisses à dire «non». Mais les aspects anti-immigration et écologiste de l’initiative pourraient séduire.

Cette initiative présenterait pour certains de fausses solutions pour la préservation des ressources naturelles, poserait un cadre trop rigide à l’immigration, nuirait aux besoins de l’économie et serait incompatible avec de nombreux accords internationaux. Mais l’invalidation de l’initiative, réclamée par le PDC, a été rejetée par 120 voix contre 45. La majorité a préféré s’en tenir à la pratique très tolérante du Parlement en la matière. Il s’agira désormais de convaincre le peuple et de contrer les arguments avancés entre autres personnalités par l’ancien directeur de l’Office fédéral de l’environnement, le Genevois Philippe Roch. Aussi bien l’UDC, qui veut désormais miser sur l’application de son initiative adoptée le 9 février 2014, que les Verts et les Vert’libéraux ont tenus à se distancier du texte d’Ecopop.

Il est vrai que les Suisses ont en effet déjà voté le 9 février** sur la question de l’immigration. Une proposition de l’Union démocratique du centre (UDC, majoritaire au Parlement suisse) visait à instaurer des quotas à l’immigration et à renégocier la libre circulation avec l’Union européenne. Les Suisses ont voté oui à la limitation de « l’immigration de masse » à une très courte majorité (50,3 %). Mais le taux de participation a été particulièrement élevé, atteignant 56,5 %, soit beaucoup plus que la moyenne de 44 % habituellement enregistrée en Suisse.

sources d’information :

* http://www.tdg.ch/suisse/Le-National-balaie-Ecopop-le-peuple-devra-trancher/story/28756536

** http://biosphere.blog.lemonde.fr/2014/02/10/les-suisses-ont-vote-halte-a-limmigration-de-masse/

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Permis de procréer, à égalité avec permis de conduire ?

On trouve normal d’exiger un permis de conduire pour rouler sur les routes et absurde de mettre en place un permis de procréer. Quel serait votre position sur la question d’un « diplôme » de futur parent, nous attendons vos commentaires. Pour esquisser quelques pistes de réflexion, voici les analyses de Paul Watson et Théophile de Giraud :

Paul Watson : « Je crois que les quatre cavaliers de l’Apocalypse seront les moyens qui vont servir à réduire notre population – famines, épidémies, guerres et troubles civils. La solution que je préconise est que personne ne devrait avoir d’enfants à moins de suivre une formation de six mois au cours de laquelle on apprendrait ce que cela veut dire d’être un parent responsable et au terme de laquelle on obtiendrait un diplôme certifiant que l’on est suffisamment responsable pour avoir un enfant. C’est une situation bien étrange quand on y pense. On a besoin d’un permis pour conduire une voiture, il faut un diplôme pour accéder à certains métiers. Pas pour avoir un enfant ! »

In Capitaine Watson, entretien avec un pirate de Lamya Essemlali (2012)

Théophile de Giraud : « Alors que tous les pédiatres et psychopédagogues admettent qu’il n’est pas de tâche plus difficile, plus complexe, que celle d’élever un enfant, le dernier des crétins peut s’essayer à fonder une tribu. Comment se fait-il qu’il n’existe à ce jour aucun permis de procréer ? Et pourtant, quel foisonnement, dans nos sociétés, de permis en tout genre : permis de conduire, de chasse, de pêche, de construire, de travail, de séjour, d’inhumer, etc. Sans oublier les permis de pratiquer une profession : les omniprésents diplômes. Tout le monde jugera indispensable qu’un médecin, ou un ingénieur ou un soudeur ou une puéricultrice n’obtienne guère licence d’exercer sans avoir démontré au préalable ses compétences, mais tout le monde juge naturel que le premier nabot venu puisse s’autoproclamer spécialiste en éducation en mettant simplement un enfant au monde ! Si nous souhaitons réellement faire aboutir l’indispensable projet de restriction des naissances, le geste le plus important serait de se lancer dans une politique d’éducation et de conscientisation systématique des jeunes générations : le goût de la nulliparité peut s’enseigner au même titre que celui de la non-violence et du respect d’autrui. Il va de soi qu’il appartient à l’Occident de montrer l’exemple au Tiers-Monde : nous devons enclencher les premiers le processus de contraction démographique ! »

In L’art de guillotiner les procréateurs (2006)

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Questions (im)pertinentes sur « démographie et écologie »

Lors de la conférence-débat sur « Démographie et écologie, le sujet tabou » qui a eu lieu à Paris le 15 mai 2014, des questions ont été posées par écrit dans la salle. Comme les questions sont souvent significatives des réponses à donner, en voici la transcription pour réflexion.

– L’animal sauvage s’autorégule. Est-il donc plus « intelligent » que l’homme.

– Est-il juste que parmi les 5000 espèces de mammifères une seule espèce, homo sapiens pèse (avec ses animaux d’élevage) 90 % du total de la biomasse de l’ensemble des  mammifères ? Quelle équité si une seule espèce occupe toute la place ?

– Que veut dire « biocapacité » ?

– Quels sont les rapports entre multiplication humaine et extinction animale ?

– Quels moyens proposez-vous pour convaincre les démographes, les écologistes, les politiques… de faire décroître la population tout de suite ?

– Quels sont les moyens réalistes pour ralentir les naissances humaines ?

– Comment influer sur des politiques pro-natalistes en Afrique ?

– Comment réformer les systèmes d’allocation familiales en France de manière à mieux maîtriser la démographie ?

– Comment imaginer la situation de l’Inde dans la seconde partie du siècle quand ce pays aura plusieurs centaines de millions de personnes âgées ?

– A monsieur Pison, démographe et membre de l’INED : Certains dénatalistes (dont moi) rêvent d’un monde peu peuplé. Si vous aviez une baguette magique, à quel nombre d’humains seriez-vous attaché ?

– Que signifie vraiment le mot « transition démographique » qui nous fait croire à une baisse de la population alors que même en passant d’un taux d’accroissement annuel mondial de 2,1 % dans les années 1960-70 à 1,2 % maintenant, en réalité il y avait 70 millions d’habitants en plus chaque année dans les années 1960-70 et maintenant (chiffres de 2012) 84 millions de plus par an ?

– Les projections faites par les démographes intègrent-elles des hypothèses du type hiver nucléaire, résistance aux antibiotiques, baisse de fécondité à cause des perturbateurs endocriniens ?

– Les projections de l’ONU prennent-elles en compte les probables guerres et génocides à venir à cause de l’épuisement des ressources ? Et la folie des hommes augmentée par le stress ?

– Que pensez-vous des thèses de Chefurka sur le lien entre PIB, énergie et population ?

– René Guénon a écrit dans les années 1930 « le règne de la quantité ». Il a tout dit : la qualité est devenue secondaire depuis déjà des siècles. Il faudra aller dans le mur pour comprendre…

– Ne peut-on considérer que ce monde qui va à l’envers amènera l’homme à en tirer les leçons ?

– Ne faut-il pas revenir à des visions du monde biocentriques, ces visions portées par 95 % des 6 900 langues du monde parlées dans des sociétés non anthropocentriques ?

– Comment répondez-vous aux gens qui disent : Vous n’avez qu’à vous suicider pour commencer ?

La réponse de Michel Sourrouille* à cette dernière question : Pas besoin de faire un acte volontaire, notre espèce humaine en ce moment est vraiment en train de se suicider : épuisement à court terme des énergies fossiles et fin de la civilisation thermo-industrielle, perturbations climatiques extrêmes pour des centaines d’années, généralisation des bidonvilles et de leur situation explosive, mortalité par guerres, famines et épidémies (évènements dont parlent déjà tous les jours les médias), etc. Le genre humain mérite-t-il d’être sauvé de sa tentative suicidaire ? Ceux qui portent comme nous l’idéal d’un monde meilleur n’ont pas envie de se suicider, ils ont tant d’efforts à accomplir pour essayer de sauver l’humanité du suicide…

* Michel Sourrouille, coordinateur du livre Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie) » aux éditions Sang de la Terre, à acheter chez votre libraire ou à commander en ligne :Amazon ; Decitre ; FNAC

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Démographie et Ecologie, un sujet extrêmement tabou

Une conférence-débat sur « Démographie et écologie, le sujet tabou » a eu lieu à Paris le 15 mai 2014. Nous nous faisons l’écho de l’intervention de Michel Sourrouille, coordinateur du livre « Moins nombreux, plus heureux * ». Cette conférence à la mairie écolo du 2ème arrondissement n’a attiré qu’une cinquantaine de personnes, dommage. Déjà un signe que la question démographique reste un tabou !  L’association  JNE (Journalistes-écrivains pour la nature et l’écologie) était l’organisatrice de cette rencontre. Résumé :

Le sous-titre du livre « l’urgence écologique de repenser la démographie » explique vraiment l’idée générale partagée par les 13 contributeurs ; le livre condense la plupart des points de vue sous l’angle commun de la maîtrise de la fécondité. Il nous faut à la fois envisager la question alimentaire comme le fait dans le livre Jacques Maret, la question religieuse (Jean-Claude Noyé) ou la question migratoire comme le chapitre « la problématique des migrations sur une planète close et saturée ». Le dépassement des capacités de charge de la planète exige une réduction volontaire de la population humaine. Sinon il y aura (et il y a déjà) guerres, épidémies et famine comme l’avait prévu Malthus. Michel Sourrouille ne comprend pas les réticences à aborder ce sujet. Le malthusianisme devrait être un élément essentiel de notre réflexion individuelle et collective, c’est au contraire le grand absent. La démographie est un véritable tabou, particulièrement en France. Pourquoi ?

Avoir une intervenante femme pour cette tribune aujourd’hui a été tâche impossible, les femmes spécialistes de la problématique démographie/écologie sont extrêmement rares. Dans le livre que Michel Sourrouille a coordonné il y a une seule femme pour douze hommes, Corinne Maier. Il est vrai que le désir de maternité est encore privilégié par notre société. Pourtant les femmes devraient être les premières à revendiquer le droit de choisir un avenir durable pour leurs enfants. Les hommes pour leur part ne se sentent généralement pas concernés. Soit ils considèrent que la maternité est le domaine privilégié des femmes, soit (dans certaines cultures) leur conception machiste fait que le nombre d’enfant n’a pas à être limité puisque c’est l’expression de leur virilité. Difficile de faire admettre à toutes et à tous que le statut de la femme ne dépend pas de son statut de mère !

Même l’association organisatrice de cette conférence, a été pusillanime. Ses membres n’ont pas d’avis déterminé sur la question démographique, seulement un intérêt… distant. Il y a eu exigence de « neutralité » pour ce débat, confrontant ceux qui pensent que la démographie ne pose pas problème et les autres. Pourtant des spécialistes de la nature devraient savoir que l’expansion illimitée d’une espèce dans un milieu limité aboutit à sa réduction inéluctable. Les humains ne peuvent pas faire exception à cette règle. Pour conforter le pluralisme des débats, nous avions invité Vincent Cheynet, le rédacteur en chef du mensuel « la Décroissance ». Sa recension sur le livre « Moins nombreux, plus heureux » titrait « Misanthropie ». Pourtant vouloir la décroissance démographique repose au contraire sur un amour des humains car le surnombre se conjugue avec l’instabilité sociale. Etonnant que quelqu’un qui défend la décroissance ne veuille pas envisager la décroissance malthusienne, ni même s’exprimer publiquement : Cheynet n’a pas voulu participer au « piège » que constituerait selon lui le débat d’aujourd’hui.

                Nous avons un démographe à la tribune, Philippe Pison. Michel Sourrouille constate qu’il a utilisé tout son temps de parole pour parler transition démographique et évolution probable de la population sans jamais penser aux contraintes écologiques. Il est comme beaucoup d’experts, enfermé dans sa propre discipline ; il ne peut pas avoir d’analyse holiste, globale. Pourtant la démographie est de fait en interrelation avec tous les autres éléments, socio-économiques ou écosystèmiques. Notons que l’Ined dont Pison est membre a été ouvertement nataliste. L’Ined avait pour mission en 1945 d’examiner « les moyens matériels et moraux susceptibles de contribuer à l’accroissement quantitatif et à l’amélioration qualitative de la population ». Maintenant ses membres se contente de dire qu’il n’y a pas de problème, la démographie va se stabiliser un jour ou l’autre grâce à une baisse providentielle de la natalité. Alain Hervé les juge ainsi dans « Moins nombreux, plus heureux »: « Jamais je n’ai entendu un démographe dire que les humains se multipliaient excessivement… Ils observent un tassement  des courbes de croissance… Ils annoncent avec un grand sourire, toujours le sourire, que la transition démographique est en vue. » Tout nous indique que l’avenir ne va pas se passer aussi bien sur une planète dont on a déjà dépassé les limites : il n’y aura plus de développement économique sans perturbations écologiques nouvelles.

                Nous n’avons pas d’agronomes à cette tribune, mais le constat serait le même que pour les démographes : chacun sa spécialité, c’est ahurissant. Jacques Caplat estime dans son dernier livre « Changeons d’agriculture » que la démographie n’est pas un problème puisque l’agriculture pourra nourrir 12 milliards d’êtres humains… Il suffit de se convertir à l’agriculture biologique ! Pierre Feillet de l’Inra, dans « Quel futur pour notre alimentation ? », penche de son côté pour l’agriculture « de précision » (OGM, GPS sur le tracteur, drones, etc.). La démographie n’est pas pour lui un problème puisque le progrès technique résoudra tous les problèmes. Tous ces experts ne considèrent jamais la loi des rendements décroissants dans l’agriculture et le poids écologique d’une démographie croissante.

                Du côté des écologistes, c’est  carrément renversant. Il n’y a pas une seule motion sur la démographie pour un parti, Europe Ecologie – Les Verts, qui les émet pourtant en rafales. Celle de 2009 a été refusée faute de signataires en nombre suffisant. Leur prise de position en 2013 sur les allocations familiales se veut « une politique familiale résolument écologiste », ce qui veut dire pour eux une politique « résolument engagée dans l’aide à la parentalité ». Quant à leur commission immigration, elle s’occupe des sans papiers, pas de démographie ni d’écologie.                Les autres courants politiques, droite et gauche confondus, sont ouvertement natalistes. Dans sa préface de « Moins nombreux, plus heureux », Yves Cochet montre bien que le malthusianisme reste un tabou, autant au niveau national qu’international. Il n’y a rien à dire des cathos, vous connaissez tous leur position sur la contraception et l’avortement.

Conclusion : cet ostracisme généralisé envers la question démographique est absolument incompréhensible. Le planning familial devrait être une bonne nouvelle pour les femmes… pour les écologistes… pour les générations futures… et même pour les autres espèces étouffées par la pullulation humaine ! Le droit de choisir du nombre de ses enfants est une très bonne chose, encore faudrait-il procréer en toute connaissance de cause, avec une nette perception des contraintes écologiques.

Pour Michel Sourrouille, une conférence-débat sans ouverture sur la vie serait inutile. C’est pourquoi il conseille à tous d’adopter un comportement malthusien dans sa vie familiale, de s’informer, d’acheter bien sûr le livre « Moins nombreux ». Au niveau associatif, vous pouvez adhérer à Démographie responsable, le seul collectif en France qui milite pour la bonne cause. Au niveau politique enfin, il se contente de poser cette question qui demande réflexion : Y a-t-il une différence fondamentale entre délivrer un permis de conduire et obtenir un permis de procréer ?

* Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie) »

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Bonus : Intervention de Denis Garnier, président de démographie responsable à la conférence-débat du 15 juin 2014,

aller sur http://jne-asso.org/blogjne/?tag=jne-ecologie-demographie

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migration irrégulière en France, tout n’est pas possible

Que vont penser les écolos d’EELV de ce fait divers : Les forces de l’ordre ont démantelé deux campements de migrants situés en plein centre-ville de Calais. Ce démantèlement illustre l’absence de solutions pour régler le sort des étrangers irréguliers qui tentent chaque jour de rejoindre clandestinement le Royaume-Uni. Les migrants qui veulent demander l’asile devaient être orientés vers des centres d’hébergement. Pour les autres, aucune alternative n’était envisagée. Le centre de Sangatte, fermé en 2002, avait une capacité d’accueil de 800 personnes. Mais il s’était retrouvé à héberger jusqu’à 1800 personnes. *

EELV a un laboratoire des idées, constitué par ses commissions thématiques. Mais, loin de réfléchir à une solution pérenne, la commission immigration d’EELV se contente d’être la courroie de transmission des associations d’aide aux immigrés. Dans ses échanges internes, jamais il n’est question d’écologie et du sens des limites sur une planète close et saturée d’humains. Pourtant Marine Tondelier, membre du BE en charge des commissions, était clair sur le statut de ces commissions : « Il existe au sein du parti des lieux de réflexions et de débats que l’on appelle les commissions thématiques. Elles participent à l’élaboration des orientations du parti… ». Analysons la Charte des Verts mondiaux adoptée à Canberra en 2001 qui sert de texte fondateur pour l’ensemble des mouvements se réclamant de l’écologie politique. En vertu de ce texte, il est demandé à l’ensemble des adhérent/es d’EELV d’adhérer  au principe suivant  (le 26ème)  : « Le devoir d’accueil et la solidarité active aux réfugiés politiques, économiques et environnementaux. » Il ne s’agit donc pas de libre entrée en France pour les immigrés, il s’agit de prendre en charge les réfugiés dont le statut est reconnu comme tel par les lois en vigueur du pays. Il ne s’agit pas de protéger une Europe forteresse contre des hordes barbares. Il s’agit simplement de reconnaître que tout n’est pas possible, tous les pays filtrent les entrées sur leur territoire.

 L’écologie politique, ce n’est pas déclamer de grands principes, c’est essayer de faire concrètement face à des problèmes complexes qui sont à la fois socio-économiques et écologiques. Une liberté totale de circulation est incompatible avec le fait de viser l’harmonie avec l’ensemble du monde vivant. C’est parce que le principe marchand de « libre circulation » des marchandises a été imposé au monde par les puissances dirigeantes que les sociétés humaines sont complètement déstabilisées. C’est parce que le principe de « libre circulation » des hommes a envahi les écosystèmes de la presque totalité des non-humains qu’il n’y a plus d’harmonie de notre espèce avec le reste du monde vivant. Comme l’écrivait René Monet : « Les écologistes devraient dire que l’immigration maintient ou accroît la pression humaine sur le milieu naturel dans des pays où, de par le recul de la natalité, cette pression pourrait s’y stabiliser sinon régresser. Sinon il n’y aura pas de répit. L’homme va continuer à saturer l’espace planétaire à la fois par la croissance démographique et par les transferts de population. » Pour en savoir plus lire le livre « Moins nombreux, plus heureux »**.

* LE MONDE du 29 mai 2014, A Calais, une évacuation sans issue pour les migrants

 ** le livre « Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie) » aux éditions Sang de la Terre est à acheter chez votre libraire ou à commander en ligne :Amazon ; Decitre ; FNAC

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Trois milliards de terriens contre une poignée d’obèses

Trois milliards de terriens contre une poignée d’obèses : le numéro 18 (avril 1974) de la Gueule ouverte se centrait sur la surpopulation : « Nous préférons une approche écologique de la question démographique. De plus en plus, nous serons obligés de penser globalement, au niveau planétaire, en termes de détérioration du milieu naturel et de ressources globales disponibles. Mais la quasi-totalité des philosophies, des religions, ou des idéologies politiques ont été natalistes. La régulation des naissances s’est heurtée à une formidable coalition du passé : catholicisme, communisme, islam, nationalisme, tabous sexuels, etc. Voyez ces politiciens illuminés qui préconisent en France les 100 millions d’habitants comme si le nombre était garantie de bonheur accru. Contemplez ces dirigeants des pays en voie de développement qui magnifient leur vertigineuse ascension démographique. Admirez comment ceux qui prodiguent les conseils de modération à ces pays sont souvent ceux-là mêmes qui prônent la natalité chez eux. En France les natalistes les plus indécrottables, on les connaît, Michel Debré, Alfred Sauvy et autres irresponsables de « Laissez-les vivre ».

 La croissance démographique est peut-être moins un problème matériel immédiat qu’une question de valeurs : quel est le sens de la vie humaine dans un monde surpeuplé, encombré ? Cette vie a déjà commencé, on quitte la ville où l’on vit en troupeau, pour se retrouver en troupeau sur les lieux de vacances. Il finit par naître une pensée de troupeau, et nous savons tous que le troupeau postule le berger. L’homme qui pense librement n’aura plus sa place dans la société de demain, il n’aura même plus la possibilité d’aller vivre ailleurs parce qu’il n’y aura plus d’ailleurs. En définitive le dilemme est clair : soit nous complaire dans notre délire actuel et « après nous le déluge », soit prendre délibérément, lucidement les mesures qui s’imposent :

 – contraception libre et gratuite, autorisation légale de la vasectomie ;

 – suppression de tous les textes répressifs relatifs à l’avortement ;

 – suppression des encouragements à la natalité (allocations familiales), suppression de la prime à la naissance ;

 – Dire aux couples qu’au-delà de deux enfants, ils contribuent directement aux catastrophes futures ;

 – Recours à une éducation en vue de la stabilisation démographique. »

La Biosphère ne peut qu’approuver ! Mais en quarante ans la population mondiale a plus que doublé (quatre milliards de trop), et le nombre d’obèses a décuplé… ce n’est pas rien  ! La récente parution du livre « Moins nombreux, plus heureux » est une des rares tentatives françaises de poser la question démographique par rapport à l’urgence écologique… A acheter chez votre libraire préféré ou à commander en ligne :Amazon ; Decitre ; FNAC

 

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Trop d’humains sur notre planète, un vrai sujet (tabou)

Il y a profusion de livres sur les moyens de se nourrir et paradoxalement une absence extraordinaire d’analyse des risques liés à une évolution démo­graphique incontrôlée. L’Ecologiste est une revue qui paraît depuis l’hiver 2000. Depuis quatorze ans, la problématique démographique n’y a jamais été abordée dans un dossier, si ce n’est sous son aspect agricole : « Comment nourrir l’humanité » (en 2002) ou « l’agroécologie peut-elle nourrir le monde » (en 2013). Seul un article ponctuel de David Nicholson-Lord* portait sur la question malthusienne : « Sommes-nous trop nombreux ? » Il date de 2006, mais il mérite qu’on s’en souvienne. En voici quelques extraits :

 « Tenter de débattre de la croissance de la population humaine est aujourd’hui un exercice périlleux. La droite vous accusera d’autoritarisme et la gauche de racisme, de fascisme ou de néo-malthusianisme. La récente accélération des migrations comme un facteur clé de l’augmentation de la population des pays développés ajoute un ingrédient explosif au débat. Les associations écologistes, à leur éternel discrédit, effrayées par un tel mélange explosif, ont  déserté ce champ de bataille. Le politiquement correct a gagné en importance après la conférence du Caire en 1994 sur la population car l’un des résultats a été l’exclusion systématique de toute considération numérique dans les discours autorisés. L’attention à la  taille de la population était devenue à tort associée à une approche coercitive, comme les politiques de stérilisations forcées de Gandhi en Inde et la politique de l’enfant unique en Chine. Les écologistes ont alors intégré que le mode de vie compte également : Un rapide calcul montre que la population des Etats-Unis par rapport à l’empreinte écologique équivaut à 3,6 milliards d’Indiens ! En d’autres termes, les Etats-Unis causent trois fois plus de dégâts écologiques que l’Inde. Si l’on prend en compte les émissions de gaz à effet de serre par habitant, les résultats sont encore plus parlants : un Américain émet vingt fois plus de dioxyde de carbone qu’un Indien. La solution serait alors l’écologisation de nos modes de vie. Mais les futurs historiens de l’écologie conclurons certainement qu’il s’agit là d’une trahison envers les générations futures. Comment un groupe comme les Amis de la Terre (Grande Bretagne) peut-il lutter pour protéger les espaces naturels de tout projet de développement sans reconnaître l’importance cruciale du nombre de ceux qui veulent une maison, des écoles, des bureaux, des magasins et des équipements de loisir ? La vérité est qu’une vie à zéro impact est une chimère et que le nombre absolu d’habitants compte énormément. Si les 6 milliards d’habitants vivaient avec un mode de vie occidental modeste entièrement basé sur des énergies renouvelables, on aurait encore besoin de 1,8 planètes ! Quel que soit notre impact écologique, il y a tout simplement trop d’habitants aujourd’hui sur la planète. »

La récente parution du livre « Moins nombreux, plus heureux » est une des rares tentatives françaises de poser la question démographique par rapport à l’urgence écologique…

* David Nicholson-Lord est un chercheur de l’Optimum Population Trust, devenu en 2011 population matters (« la démographie, cela a de l’importance »), une des rares associations mondiales qui se préoccupe de l’explosion démographique. Le seul équivalent en France est l’association Démographie responsable.

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Nous mangerons bientôt du krill, des insectes, nos déchets

Le krill, nourriture des baleines, est le nom générique de 85 espèces de petits crustacés qui grouillent dans l’océan austral. Le krill antarctique représente 500 millions de tonnes de matière vivante, c’est-à-dire environ 5 fois le volume total des poissons péchés et élevés chaque année dans le monde. L’article de l’Ecologiste* pose la question du krill comme réponse aux besoins alimentaires de la population mondiale en forte augmentation. Malheureusement les progrès technologiques permettent à l’industrie de la pêche d’armer des bateaux capables de capturer des proies aussi petites. Et bien sûr nous visons au gigantisme. Un chalutier norvégien de 135 mètres de long peut déjà prélever et transformer jusqu’à 250 tonnes de krill par jour. L’objectif global était de 400 000 tonnes d’Euphausia superba pour la campagne de pêche 2011-2012. Il en sera du krill comme de nos autres conquêtes alimentaires, à commencer par les baleines, surexploitées, amenées au bord de l’extinction. L’article le dit, « aucune ressource n’étant inépuisable, s’annonce le risque d’un pillage incontrôlé, comme l’ont connu certains gros poissons aujourd’hui menacés de disparition ».

Si l’article pose la question d’une pêche respectueuse  des capacités de reproduction naturelle de l’espèce krill (un vœu pieux), il ne pose pas la question de la démographie humaine. Anne Noury et Pierre Mollo ne soulèvent pas le cercle vicieux qui fait qu’en nourrissant plus de monde, le krill semble nous donne autorisation de procréer encore plus. C’est le même genre d’article que ceux qui nous disent qu’il va bientôt falloir manger des insectes pour survivre. Mais quand nous aurons gratté les ressources ultimes de la planète, quand notre biosphère sera transformée en poubelle géante dans laquelle nous mangerons nos déchets, il ne sera plus question d’une vie véritablement humaine.

Une information complémentaire sur la capacité humaine à la pullulation extrême : « Quelle est la durée de l’intervalle de temps séparant deux grossesses consécutives ? Chez l’humain, le retour de couches peut se produire de trois à quatre mois après la naissance d’un enfant si la mère l’allaite, et au bout de seulement six à huit semaines dans le cas contraire. Ce délai est bien supérieur chez les grands singes, où il peut atteindre 5 à 6 ans chez les chimpanzés, de 2 à 6 ans chez les gorilles et au moins 2 à 3 ans chez les gibbons. » **

* L’Ecologiste n ° 42, avril-mai-juin 2014, Krill : la dernière ressource naturelle encore intacte

** L’Ecologiste n ° 42, avril-mai-juin 2014, Peut-on comparer l’homme et l’animal ?

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Un stérilet pour toutes les femmes en âge de procréer

La maîtrise de la fécondité passe par le bon usage des moyens de contraception. Plutôt que passer par les laboratoires et la pilule, mieux vaut une technique douce et simple, le stérilet. Il n’est pas besoin d’être gynécologue pour poser un stérilet. Quand on est généraliste, ou même médecin aux pieds nus, une courte formation suffit. La phobie du stérilet pour nullipare (suscitée par les médicaux et les médias) n’est qu’une affaire de gros sous. Le stérilet est bien moins rentable pour les laboratoires et le corps médical.

D’ailleurs la pilule ne connaît plus aujourd’hui le même succès, le stérilet est la méthode de contraception qui monte*. Pourtant les médecins sont réticents à proposer le stérilet alors que les recommandations des autorités sanitaires ne craignent aucune contre-indication… même pour les nullipares. Dans la France de 2013, 36.5 % des femmes utilisent la pilule, 22.6 % le stérilet et 15.3 % laissent le soin aux homme de bien placer leur préservatif. Voici quelques extraits de témoignages de femmes sur lemonde.fr** :

Clémence : La motivation principale de mes copines utilisant le stérilet était principalement d’arrêter de « prendre des hormones ».

Marion : La pilule est devenue pour moi plus une contrainte qu’une liberté. Non seulement j’imposais un traitement hormonal à mon corps, mais la prise journalière et le besoin de faire renouveler son ordonnance régulièrement étaient des contraintes. J’ai donc choisi le stérilet : solution de long terme (cinq ans puisque je n’ai pas encore eu d’enfant), peu cher, non hormonal. Malgré les douleurs de la pose et des premiers cycles, je ne regrette pas mon choix.

Camille : Ma meilleure amie a eu une endométriose à cause de sa pilule, et a failli en devenir stérile ! Je me suis alors tournée vers le stérilet au cuivre. Depuis j’en suis ravie, j’ai maigri, mon appétit est régulé, mon humeur aussi et il ne me procure aucune gêne. Finalement ce sont mes amies qui me traitent de folle (par ignorance) : le stérilet fait encore peur… Il y a le mot « stérile » dedans et inconsciemment cela rebute toujours énormément de jeunes comme moi, sans oublier la légende du « interdit au nullipares ». Foutaises, jamais je ne me suis sentie aussi bien.

Ava : J’ai souhaité arrêter la pilule pour plusieurs raisons : la prise d’un médicament chaque jour devient pesante, car c’est un médicament. La seconde raison est la prise d’hormones, je souhaitais retrouver une contraception sans hormones et mon cycle est désormais naturel. Je pense qu’une communication autour du stérilet pour les jeunes femmes n’ayant pas eu d’enfant serait un plus.

Elise : En avril 2013, j’ai demandé à ma gynéco si elle était « pour » le stérilet pour les femmes n’ayant jamais eu d’enfant (c’est mon cas, j’avais alors 24 ans). Elle m’a dit que oui. Quelques semaines plus tard, elle m’a donc posé un stérilet au cuivre.

* LE MONDE du 14 mai 2014, La désaffection pour la pilule transforme le paysage contraceptif

** Le Monde.fr | 13.05.2014, « Je ne comprends pas pourquoi le stérilet n’est pas plus proposé »

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Interrelations démographie – écologie, un sujet tabou

Les JNE organisent une conférence-débat le jeudi 15 mai sur un thème largement ignoré par les médias, la démographie confrontée aux contraintes écologiques. Voici une présentation des différents intervenants à ce débat :

                L’association Démographie responsable, fondée en 2009, considère que la plupart des efforts réalisés en matière de protection de la nature risquent d’être réduits à néant du fait même de l’expansion continue du nombre des humains, expansion qui conduit inéluctablement à l’occupation de la quasi-totalité les territoires et à la consommation de toutes les ressources naturelles. Son objectif principal est d’essayer de convaincre de la nécessité d’orienter nos sociétés vers une démographie plus modeste aussi bien dans les pays les plus riches que dans les nations en voie de développement. Dans les pays développés parce que le niveau de consommation individuelle comme la densité de peuplement y sont souvent déjà très élevés et dans les pays en voie de développement parce que ce sont eux qui concentrent l’essentiel du potentiel de croissance démographique de demain. Elle tente d’alerter aussi bien sur les contraintes alimentaires qui pèseront demain sur un monde surpeuplé que sur la nécessité de préserver des espaces pour les autres espèces peuplant la Terre.

L’INED, institut d’études démographique, a été créée à la Libération. A l’époque, l’expansion démographique était ouvertement prônée ; de nombreuses mesures à caractère nataliste ont été prises (quotient familial, primes pour le troisième enfant…). L’avortement et les méthodes de contraception étaient interdites. L’institut de recherche était même chargé d’examiner « les moyens matériels et moraux susceptibles de contribuer à l’accroissement quantitatif et à l’amélioration qualitative de la population ». Les principaux directeurs de l’Ined, Alfred Sauvy et Gérard Calot, ont d’ailleurs affirmé publiquement leur natalisme. Cette option idéologique n’a pas complètement disparu mais elle s’exprime sous des formes plus subtiles parmi les membres de l’Ined. Ainsi Jacques Vallin refusait récemment dans le journal La Croix toute idée d’une « surpopulation » de la planète, qui va « contre son humanisme ». Il croit en la capacité de l’homme à s’adapter à l’évolution des ressources, à condition que les progrès soient accessibles au plus grand nombre et que le risque environnemental soit pris au sérieux.

Le MOC, le mouvement politique des objecteurs de croissance, défend l’idée de décroissance au sens de réduction du PIB et de l’empreinte écologique pour les pays du Nord. Il s’agit de ne plus collaborer à la fabrication du capitalisme et d’explorer les alternatives concrètes qui couvrent tous les besoins humains : alimentation, logement, santé, transport, éducation, culture… La composante démographique est quasiment absente de leurs revendications. On se contente de formules vagues du type « pour nous la liberté ne consiste pas à franchir sans cesse les limites mais à vivre en commun dans les limites de l’équilibre des écosystèmes ». Pour d’autres décroissants, la critique des malthusiens est même virulente. Ainsi Vincent Cheynet, rédacteur en chef du mensuel « La Décroissance », a pu écrire : « « En fréquentant les milieux écologistes, nous croisons inévitablement des militants pour la réduction de la population humaine […] il est particulièrement aisé de percevoir le caractère pathologique de leur démarche. » Pour le PPLD (Parti pour la décroissance), « un tel débat ouvre la porte à des politiques eugénistes inquiétantes ».

Un livre collectif a été écrit avec la participation de trois membres de JNE : « Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie) » aux éditions Sang de la Terre.Les treize auteurs de ce livre ont fait le constat qu’une population moins nombreuse facilite l’organisation sociale, le partage de l’espace, et donc l’émergence possible de relations apaisées entre humains et avec la nature. Ils ont aussi considéré que nous n’avons pas le choix : l’urgence écologique nous impose de maîtriser notre fécondité. On montre que le droit au nombre s’oppose à une société plus agréable et plus juste ; on y discute de la politique nataliste française, du phénomène migratoire, de l’effondrement probable de la population, des conceptions religieuses de la fécondité, et même du droit à vivre de la faune et de la flore, menacé par notre expansion. Nous devons, de fait, apprendre à partager l’espace avec autrui et les autres espèces. Chaque lecteur pourra butiner à son gré dans ces pages, en ne perdant pas de vue que la dénatalité est un exercice tellement complexe que toutes les portes d’entrée sont possibles.

L’association des JNE (Journalistes-écrivains pour la nature et l’écologie) veut agir par tous moyens appropriés pour que les médias s’accordent à délivrer une information rigoureuse en matière de maintien des équilibres naturels, diversité des espèces ou atteinte aux ressources de la planète. Association créée en 1969, JNE a contribué à l’émergence des nouvelles rubriques des médias consacrés aux questions d’environnement à une époque où tout le monde se méfiait de ce type d’informations. Il paraît normal aujourd’hui que JNE s’intéresse à la question démographique alors que la tendance politique et médiatique, quasi unanime, prône le maintien des mesures natalistes en France et veut ignorer ce que veut dire capacité de charge d’un écosystème. Nous espérons que cette conférence-débat sur les liens étroits ente démographie et écologie permettra une meilleure compréhension de la problématique malthusienne.

(message transmis par JNE)

Le thème de la conférence-débat : « Démographie et écologie, le sujet tabou »

jeudi 15 mai 2014

Le lieu : de 19 h à 21 h au 8 rue de la banque – 75002 PARIS

salle des expositions (1er étage de la Mairie du 2e arrondissement) – métro Bourse

Animateur des débats : unE membre de l’association organisatrice JNE

Intervenants :

– Denis Garnier, représentant de l’association « démographie responsable »

– Gilles Pison, démographe, membre de l’INED

– Michel Sourrouille, coordinateur du livre « l’urgence écologique de repenser la démographie »

– Christian Sunt, représentant du Mouvement des objecteurs de croissance

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Choc très sanglant entre démographes et écologistes

Il était facile pour Jacques Vallin, démographe à l’Institut national d’études démographiques, de s’exprimer sans contradicteur dans le journal La Croix ! C’est comme cela que les idées fausses se diffusent. C’est pourquoi nous lui avons opposé par cet article Michel Sourrouille, coordinateur du livre « Moins nombreux, plus heureux » (l’urgence écologique de repenser la démographie).

– La croissance de la population mondiale va-t-elle rencontrer des limites ?

Jacques Vallin : Il est impossible de savoir comment va évoluer la population mondiale à très long terme. À un horizon plus proche, l’heure est à la stabilisation. L’hypothèse moyenne des Nations unies, très plausible, est de 9 milliards d’habitants en 2050, 10 ou 11 milliards en 2100. Mais il faut reconnaître que la prévision démographique est de plus en plus difficile.

Michel Sourrouille : Rappelons que l’Ined a été créé en 1945 en même temps que le système d’allocations familiales. L’Ined avait pour mission d’examiner « les moyens matériels et moraux susceptibles de contribuer à l’accroissement quantitatif et à l’amélioration qualitative de la population ». Les principaux directeurs de l’Ined, Alfred Sauvy et Gérard Calot, ont d’ailleurs affirmé leur natalisme. Cette option idéologique, antimalthusienne, n’a pas complètement disparu mais s’exprime sous des formes plus subtiles. Ainsi Jacques Vallin veut ignorer complètement la question posée : les limites à la croissance démographique. Or une croissance exponentielle de 1 % actuellement, population qui double tous les 70 ans environ, trouve rapidement ses limites dans un monde fini comme le nôtre.

– Quelle est l’incertitude majeure ?

Jacques Vallin : Dans les pays développés, la fécondité a atteint des niveaux inférieurs à ce que tous les modèles prévoyaient. Les démographes pensaient qu’elle se maintiendrait au seuil de 2 enfants par femme, nécessaire pour le renouvellement des générations. Mais c’était une erreur. Par exemple, en Europe, presque tous les pays se situent aujourd’hui à 1,5 enfant par femme, à l’exception de la France et de l’Irlande. Cette baisse en dessous du seuil de remplacement est aussi à l’œuvre dans les pays en développement les plus avancés. Mais on ne peut pas savoir jusqu’à quel niveau elle va se poursuivre.

Michel Sourrouille : Nous trouvons deux mythes dans cette phrase. Le renouvellement des générations avec 2,1 enfants par femme. Comme si la stabilisation d’une population à un niveau donné était une norme en soi. Ensuite la transition démographique avec une baisse de fécondité qui arrive en dessous du seuil de remplacement. Cette évolution nécessite le développement économique qui incite à faire moins d’enfants, mais on sait qu’il n’est plus possible de penser une croissance économique à l’occidentale : nous n’avons qu’une seule planète, pas trois ou quatre comme il le faudrait si le niveau de vies des pays riches se généralisait. Les démographes ne parlent jamais des contraintes économique ou écologiques. Ils constatent seulement des chiffres, ils font comme si l’expansion d’un population se faisait hors sol.

– La croissance de la population va donc ralentir ?

Jacques Vallin : La décélération a commencé, au niveau mondial, dès le milieu des années 1970. Aujourd’hui, le rythme est de l’ordre de 1 %, au lieu de 2,5 %, dans les années 1970.

Michel Sourrouille : Diminuer un taux de croissance ne veut pas dire décroître. Avec un taux de 1 %, l’évolution est encore exponentielle comme nous l’avons déjà indiqué, doublant de périodes en périodes. Faudrait-il expliquer à un démographe la parabole du nénuphar ? En nombre absolu, la population humaine augmente de un milliards à peu près tous les douze ans. C’est ingérable, la réalité nous montre tous les jours la multiplicité croissante des problèmes que l’humanité doit résoudre.

–  Existe-t-il un seuil de la population mondiale qu’il serait dangereux de ­dépasser ?

Jacques Vallin : Votre question renvoie à la peur de la « surpopulation », une expression tout à fait désagréable. C’est une peur très lointaine. Jadis, elle portait sur la population européenne. À la fin du XVIIIe  siècle, l’Anglais Thomas Malthus était effrayé par la croissance de la population qui, selon lui, augmentait d’une façon géométrique alors que les subsistances n’augmentaient que de façon arithmétique. Malthus n’a pas vu le caractère exceptionnel de cette phase. En effet, de grands progrès, notamment dans l’agriculture, ont permis de mieux nourrir la population. Les couples, voyant leurs enfants survivre, ont décidé d’en faire moins.

Cette même peur se réveille quand les pays du tiers-monde entament à leur tour leur transition démographique et connaissent à partir des années 1950 ce paroxysme de croissance. D’autant que ce qui s’est déroulé en deux siècles en Europe se produit très rapidement dans les pays du Sud.

Michel Sourrouille : c’est une constante des tenants du système actuel de ne pas se poser les vraies questions tout en accusant les malthusiens et les écologistes de propager la « peur ». Notons d’abord que Jacques Vallin reconnaît que les pays pauvres ne sont pas encore parvenus à baisser leur fécondité. Il y a une terrible inertie démographique. Des pays comme le Mali connaissent encore une croissance démographique de plus de 3 % par an.

Ensuite l’amélioration des rendements agricoles, dopés par l’utilisation d’énergie fossile, n’est qu’une illusion : si on compare le nombre de calories produites par rapport au nombre de calories dépensées pour les produire, les rendements baissent. Les démographes ne se rendent pas comptent que la révolution agricole n’aura été qu’une phase historiquement très courte. Malthus avait raison pour le long terme car il basait ses raisonnements sur la loi des rendements décroissants en agriculture.

– La notion de « maximum démographique » est donc relative ?

Jacques Vallin : Oui, car la peur de la surpopulation est liée à d’autres peurs, en partie infondées. La première est celle d’être à l’étroit, voire étouffé. Or la question de la place physique sur la planète est très relative. Si j’avais vécu au XVIIIe  siècle, j’aurais sans doute détesté l’idée du cadre de vie urbain et dense qui est aujourd’hui le mien !

L’autre peur est celle de ne pas avoir de quoi nourrir tant de monde. Elle fut justifiée autrefois. Un excédent de population entraînait souvent une famine, suivie d’une épidémie. C’était le principal mécanisme régulateur. Aujourd’hui, la famine est impossible si elle n’est pas organisée. Les ressources sont suffisantes pour nourrir tout un chacun. S’il y a des crises alimentaires, elles résultent d’une mauvaise répartition, soit de la production, soit des moyens de production.

La troisième peur est celle de voir la planète se détériorer, la peur écologique. Elle est aujourd’hui beaucoup plus fondée que les deux autres. Mais on peut la gérer si l’on a la volonté de s’organiser. Il est absolument nécessaire de réduire la pollution émise par chaque habitant de la planète. Une bonne moitié de l’humanité – en Afrique, en Amérique latine et dans une partie de l’Asie – a encore un besoin vital de développement économique, ce qui représente un fort potentiel d’accroissement de la pollution au niveau planétaire. Tout doit donc être fait pour encourager et surtout aider ces pays à adopter un mode de développement plus durable que le nôtre. Mais je ne suis pas sûr que nous soyons les mieux placés pour leur donner des leçons.

Michel Sourrouille : je préfère la notion d’optimum à la question du maximum. Cette question est complexe, mais beaucoup de signes montrent que nous avons déjà dépassé la capacité de charge de la planète ; nous commençons à dilapider le capital naturel de façon sans doute irréversible. Le changement climatique en est un exemple, les nuages toxiques au dessus des pays pauvres un autre. Mais il y a aussi la sixième extinction des espèces, etc.

Vallin en reste au simplisme, toujours la « peur », agitée comme un chiffon rouge. Pourtant éviter toute peur et cultiver le risque amène à faire des bêtises. Aujourd’hui plus de la moitié de la population mondiale habite des villes et le taux d’urbanisation s’accroît encore. Cela veut dire qu’une grande proportion de la population humaine s’éloigne des sources de nourriture, vivant de l’exploitation organisée des paysans grâce à des prix alimentaire fixés à la baisse par l’Etat ou vivant parfois de l’aide alimentaire mondiale. Cela n’est pas durable. Le problème des humains, c’est qu’ils n’ont pas conscience d’être à l’étroit dans des villes tentaculaires et des immeubles à la conquête du ciel. Cela empêche de réagir, on vit dans la tranquillité sur une poudrière.

Le deuxième argument (toxique) de Vallin porte sur les ressources alimentaires elle-même. Il passe sous silence que un milliard de personnes actuellement ne mangent pas à leur faim. Il suffirait d’une « meilleure répartition », dit-il. C’est vrai qu’avec de « si », tout devient plus facile. Mais on sait qu’à toutes les époques, les riches ne meurent pas de faim… ce sont les autres. De plus les dernières études du GIEC montrent que la production agricole va diminuer à cause du changement climatique. On pourrait aussi parler de la descente énergétique qui a commencé, de la salinisation et de la désertification des sols, du manque croissant d’eau pour l’irrigation et de la baisse des nappes phréatique, etc. On dirait que le démographe Vallin ne lit ni livres ni journaux. Son absence de connaissances fait peur !

Quant à la « peur écologique », Vallin y répond encore par de « si » et des « il faut ». Souhaiter que les pays « adoptent un mode de développement plus durable que le nôtre » relève de l’incantation et de la magie. Nous ne savons pas faire cela, même au plus haut de la richesse mondiale. Vallin n’envisage jamais le plus simple, le planning familial comme solution pour améliorer la vie des femmes et des familles !

– Avec 9 milliards d’habitants, la planète restera-t-elle vivable ?

Jacques Vallin : La parole de certains écologistes a perdu en crédibilité car ils ont exagéré les périls. À 9 milliards, nous sommes tout juste un peu plus nombreux qu’à 6 ! Le plus grand saut démographique fut de passer de 2,5 à 5 milliards entre 1950 et 1980. En trente ans, la population a doublé. Et nous avons fait face.

Michel Sourrouille : Trois milliards de personnes pour Vallin, c’est donc quantité négligeable. Il dit que nous avons fait face dans le passé récent à l’expansion démographique. Oui, grâce aux Trente Glorieuses qui ne sont plus qu’un lointain souvenir. Et à quel prix ! Tous les indicateurs physiques et biologiques de la planète sont au rouge à cause de la double croissance, économique et démographique. Ce ne sont pas les écologues qui ne sont pas crédibles, ce sont les démographes. Il faut être malthusien, maîtriser la croissance de la population mondiale et le nombre de ses propres enfants. Il faut adhérer à Démographie responsable et acheter « Moins nombreux, plus heureux » en librairie.

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Quelles limites à la procréation médicalement assistée ?

Notre système démocratique montre que tout et son contraire est possible quand se dégage un consensus. Mais où sont les limites, la référence ultime ? Selon un groupe de travail, sous l’égide de  la sociologue Irène Théry, le droit doit prendre en compte « la grande métamorphose de la filiation, et plus généralement de la famille et de la parenté, dans les sociétés occidentales contemporaines »*. A savoir l’explosion de l’union libre et des naissances hors-mariage, la banalisation des séparations, l’émergence des familles recomposées, le développement de l’homoparentalité, le recours croissant à la PMA (Procréation médicalement assistée)… Les diverses façons de « faire famille » (procréation, adoption, engendrement avec tiers donneur) « devraient coexister à égale dignité » au sein d’un « droit commun de la filiation », estiment-ils. Le rapport préconise deux changements : l’ouverture de la procréation médicalement assistée aux couples de femmes. Le groupe ne se prononce par sur la gestation pour autrui, ou sur l’ouverture de la PMA aux femmes seules, qui l ‘ont divisé. D’autres points de vue s’expriment :

Le père du premier bébé éprouvette, Jacques Testard, se confie dans un mensuel** : « Les dérives actuelles de l’AMP (aide médicale à la procréation) pour raisons sociétales ont davantage à voir avec des  comportements individuels qu’avec des inventions scientifiques ; depuis toujours un complice pouvait se substituer au mari pour féconder… je suis consterné par les positions d’EELV sur l’AMP, comme si les écologistes d’appareil reniaient les fondements mêmes de l’écologie, avec les principes de frugalité, d’autonomie et de convivialité. Qu’en est-il de l’autonomie des personnes quand l’enfant est fabriqué par des spécialistes alors qu’une démarche responsable permettrait d’en assumer la technicité rudimentaire ? Car c’est bien de l’insémination artificielle (d’une lesbienne ou d’une mère porteuse) que dépend la satisfaction recherchée. Est-ce pour avoir l’air révolutionnaire de revendiquer l’esclavage des mères porteuses ou l’instrumentation de l’enfant privé de racines par un don de sperme ? Quels principes soutiennent l’indifférenciation des sexes, l’exigence d’engendrement sans limite d’âge ou le droit à l’enfant ? Une société basée sur des principes n’est pas la négation de la nature. Il nous faut plutôt construire une civilisation inscrite dans la nature, car nous sommes de la nature, et ses atteintes deviennent vite les nôtres. Contre l’autonomie de la technique, il faut opposer l’autolimitation de la puissance. Et cela passe logiquement par l’objection de croissance.« 

Pour compléter cette analyse, sur notre blog : Non à la fécondation in vitro et  Non à la procréation médicalement assistée !

* LE MONDE du 9 avril 2014, Famille, filiation, parentalité : ce rapport que l’exécutif a préféré cacher

** La Décroissance, avril 2014, Vers l’eugénisme ?

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Les causes démographiques du génocide au Rwanda

En cent jours, entre le 7 avril et le 4 juillet 1994, 800 000 hommes, femmes et enfants ont été exterminés au Rwanda*. Mais les causes premières de ce génocide ne sont pas analysées. Les Cahiers du MONDE* envisagent une première explication, la confrontation ethnique, Hutu contre Tutsi. Il faut pouvoir désigner explicitement ce qui est « nous » et ce qui est « les autres ». Il y a aussi la responsabilité de La radio des Mille collines : « Que demain aucun cafard ne passe les barrières. Si vous en attrapez un, massacrez-le après avoir tiré sur vos joints. » Quand les autres deviennent des cafards et que la drogue obscurcit les cerveaux, il est vrai que le déchaînement collectif n’a plus de frein. Il y a aussi la complicité de l’armée, des milices, et même de l’Eglise, des institutions au service d’une machine à tuer. Encore faut-il compter sur la passivité du plus grand nombre. L’attitude des puissances colonisatrices, en particulier la France, n’est pas non plus au-dessus de tout soupçon. Ni l’atmosphère de guerre civile. Mais il est extraordinaire que LE MONDE ne présente jamais la cause première, la surpopulation. Il y a des tableaux sur le taux de croissance (frelaté), ou les investissements directs étrangers… mais rien sur la démographie !

                Jean Dorst  regrettait déjà en 1965 que le Rwanda ait une densité de 126. LE MONDE aurait du nous dire que la densité au Rwanda était de 760 personnes au km2 en 1990, à la veille des massacres. Jared Diamond explicitait ainsi les causes profondes du massacre rwandais en 1994 : « La population rwandaise a augmenté à un taux moyen de plus de 3 % l’an (doublement en moins de 24 ans). Le développement économique du Rwanda fut stoppé par la sécheresse et l’accumulation de problèmes environnementaux. Le pourcentage de la population consommant moins de 1600 calories par jour (niveau en dessous de celui de la famine) était de 9 % en 1982, 40 % en 1990. D’où le génocide en 1994. Il n’est pas rare, depuis, d’entendre des Rwandais soutenir qu’une guerre était nécessaire pour diminuer une population en excès et pour la ramener au niveau des ressources en terre disponibles. »

Il est prévu en 2050 au Rwanda une densité autour des 1 000 hab/km², ce pays ne peut sortir de ses problèmes sans un planning familial performant. Sinon, comme l’écrivait Malthus, guerres, famine et épidémies feront l’ajustement entre les possibilités du territoire rwandais et la population qui s’y trouve. Les humains préfèrent s’entretuer plutôt que réfléchir, cela va plus vite… Les médias ont leur part de responsabilité.

Pour en savoir plus sur les relations entre fécondité et ressources, « Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie) » à acheter chez votre libraire ou à commander en ligne :Amazon ; Decitre ; FNAC

* LE MONDE du 8 avril 2014, Le Rwanda vingt ans après

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Radicalisme démographique : pourquoi tant de haine ?

Un article fait une critique sulfureuse du livre « Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie) »… sans l’avoir lu. Voici un florilège des propos de Thierry Levent dont nous n’éprouvons même pas le besoin de faire une contre-critique :

« Un collectif d’humanistes pur jus, vient de publier un ouvrage inoubliable préfacé par Yves Cochet, qui est une ode à un malthusianisme débridé et pour tout dire terrifiant. Le Saint commandant Cousteau, icône des poissons et des crevettes, préconisait de réduire la population de 300.000 personnes par jour sans nous préciser les moyens. Un allumé sévère tendance radicale affirmait que le véritable écologiste est celui qui ne laisse aucune trace de son passage sur Terre. Jacques Julliard s’inquiète de « La réintroduction en contrebande d’une philosophie irrationaliste, anti-industrialiste, réactionnaire, à relent fasciste ». Il existe en outre au sein du mouvement écologiste, des courants ouvertement antisémites. Sauvons la Terre et punissons les hommes, beau programme. Merci Monsieur Cochet… La Terre est largement suffisante pour nourrir la population mondiale, le réchauffement climatique qui se fait attendre permettrait en outre d’augmenter les surfaces cultivables. »

Notre conclusion : pour rétablir le vrai contenu du livre critiqué, achetez-le chez votre libraire ou en ligne :Amazon ; Decitre ; FNAC

 

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Fabrice Flipo nous parle d’une écologie malthusienne

Le malthusianisme désigne surtout la limitation des naissances par la continence, et par extension les pratiques anticonceptionnelles (Petit Robert, 2007). Dans ce cas, les écologistes sont souvent malthusiens. La décroissance est malthusienne car il s’agit de ne pas augmenter la population à l’infini. Mais à rebours d’une solution malthusienne, les écologistes tendent plutôt à réclamer le partage. Naess explique que les pauvres ont raison de se faire du souci car si tout le monde vivait comme les Américains, la planète ne pourrait supporter que 500 millions d’habitants. Or les riches sauront, mieux que les autres défendre leur mode de vie. Les pauvres sont donc directement menacés par eux. D’où cette conclusion chez Naess, bien peu malthusienne, selon laquelle il y a d’abord trop de riches. De même Paul Ehrlich (la bombe P) permet de se convaincre de son souci des inégalités ; il estime en effet que les Etats-Unis devraient commencer par donner l’exemple en réduisant leur natalité et leur consommation, pour permettre le partage. Même la transition démographique, saluée comme étant une marque de modernité (le développement économique entraînerait une baisse de la fécondité), consiste bel et bien à réduire le nombre des naissances.  Personne n’y voit une forme de génocide !

A brandir le malthusianisme hors de tout contexte on veut faire oublier que les avocats de la natalité ne se retrouvent pas toujours du côté des humanistes. Le natalisme est une doctrine qui accompagne tous les régimes qui ont besoin de chair à canon.  Yves Cochet a d’ailleurs rappelé que la « grève du troisième ventre » était un mouvement libertaire ayant pour objectif de s’opposer aux politiques natalistes belliqueuses du gouvernement en place. Difficile de faire des écologistes malthusiens des fascistes en puissance. Au contraire !

En matière d’analyse économique, le nom de Malthus est aussi une référence pour les écologistes. En effet Malthus, dans l’histoire standard des idées économiques, tout en étant le premier économiste professionnel, est considéré comme appartenant à la génération des physiocrates. Comme eux, il pensait que la terre agricole était la seule source de richesse, à l’exclusion du commerce et de l’industrie.

In Nature et politique, Contribution à une anthropologie de la modernité et de la globalisation

(Editions Amsterdam, 442 pages, 21 euros)

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Stérilisation de masse des chats… Et celle des humains ?

On croyait voir sur l’image des chats torturés, ce n’était qu’une vaste opération de stérilisation de chats abandonnés que des étudiants vétérinaires de l’université de Floride avaient organisé en 2011 dans l’intention de les faire adopter… Mais ce billet* de Catherine Vincent n’ose pas aborder le problème de front : la stérilisation de masse sur une espèce animale est-elle justifiable ? C’est ce que font quelques commentateurs sur lemonde.fr :

Jojo2 : Il reste tout de même la question de fond le droit que s’arrogent les humains de réguler la population des chats. Je ne suis pas un militant écologiste ou activement engagé dans la défense des animaux, mais j’aimerais savoir les raisons de telles pratiques de stérilisation.

Truelle : Pour moi, la nécessité est toute trouvée : Le chat est un super-prédateur, avec des molaires spécialisées appelées « carnassières ». Bien des îles et endroits isolés ont vu leur population d’oiseaux ou de petits mammifères disparaître à cause de l’introduction d’un couple de chat par les colons. Ils sont mignons, ils sont voraces et ils se multiplient à une vitesse impressionnante. Le cocktail détonnant pour en faire un péril environnemental. L’euthanasie de ceux qu’on ne peut nourrir décemment me paraît vraiment acceptable, de ce point de vue. Et, si ça peut aider, tout parallèle avec la population humaine est possible…

Deshaches : Il serait délicat de s’interroger sur la limitation de la prolifération des humains qui pullulent et tuent les petits oiseaux ! Faire des amalgames avec tout et n’importe quoi amène à des erreurs criminelles…

Alphonse : Leurs propriétaires, ne gardant pas leurs chats sous contrôle, sont les premiers à pleurer quand il faut noyer ou piquer la quatrième portée de l’année de leur chatte chérie… Espèce animale intéressante par son comportement de compagnon à faible responsabilité, mais qui reste un nuisible.

X&tera : « Espèce animale intéressante par son comportement de compagnon à faible responsabilité, mais qui reste un nuisible. » Une bien belle description de l’être humain.

                Ces commentaires ne font pas le lien avec les campagnes de stérilisation forcée qui ont eu lieu en Inde ou la politique contraignante de l’enfant unique en Chine. La question de la surpopulation humaine reste un tabou alors que la stérilisation d’un chat ne pose de problème à personne. Pourtant ils ne sont en France que 11 millions de petit gabarit et d’appétit modeste pour 66 millions d’humains de taille respectable et de besoins incommensurables. Il reste donc matière à amples discussions sur le thème de la régulation quantitative d’une espèce !

* http://animaux.blog.lemonde.fr/2014/03/19/chats-tortures-la-realite-derriere-limage/

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Serions-nous plus heureux si nous étions moins nombreux

Telle était la problématique posée lors de l’émission de RFI « autour de la question » à l’occasion du livre* paru récemment en librairie « Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie) ». Malheureusement c’est l’inversion de la phrase, « Plus nombreux, moins heureux », qui a de grande chance d’être vérifiée au niveau de la planète. La raréfaction de tous nos approvisionnements (énergie, eau, nourriture, espace, biodiversité,…) ne fera pas de cadeaux, et le désastre frappera en priorité un certain nombre de pays pauvres déjà surpeuplés. En 2050, les Egyptiens par exemple vont être 126 millions (au lieu de 84 millions en 2013). Leur territoire étant de 1 million de km², cela correspondrait à une densité de 126 hab/km², densité comparable à la France à la même date (130 hab/km²). Mais l’Egypte étant composée de 95 % de déserts, la densité sur surface viable sera en réalité de 2 300 hab/km². On peut aussi citer le Bangladesh et sa densité prévue de 1 400 hab/km², ou le Burundi un peu au-dessus des 1 000 hab/km². (les suivants sur la liste étant le Rwanda, Haïti, les Philippines, l’Ouganda et le Malawi…).

L’assertion « Moins nombreux, plus heureux » peut alors être comprise comme suit : si les habitants de ces pays sont « Moins nombreux QUE PRÉVU », ils augmenteront leur chance d’être un peu plus heureux. On peut rappeler cette phrase de Sir David Attenborough qui dit en substance : « Il n’y a pas un seul problème écologique qui ne serait pas plus facile à résoudre si nous étions moins nombreux. » D’où la priorité à donner au planning familial. Pour éviter guerres, épidémies et famines, Malthus préconisait la contrainte morale, c’est-à-dire l’abstinence et la chasteté. Ce message de maîtrise de la fécondité a été développé de façon plus moderne à la fin du XIXe siècle par les néo-malthusiens. L’action de Paul ROBIN (1837-1912) mériterait d’être enseignée dans toutes les écoles. En 1896 le Dr Jacques Bertillon fondait l’Alliance nationale pour l’accroissement de la population française. La même année Paul Robin fonde son contraire, la Ligue de la régénération humaine, dont la devise sera « bonne naissance-éducation intégrale ». Cette association se propose de « répandre les notions exactes de science physiologique et sociale permettant aux parents d’apprécier les cas où ils devront se montrer prudents quant au nombre de leurs enfants, et assurant, sous ce rapport, leur liberté et surtout celle de la femme ». Un centre de consultation et de vente de produits anticonceptionnels est ouvert à Paris par Paul Robin en 1899. Le Planning familial, le Mouvement de libération des femmes  (MLF) et le Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception (MLAC) des années 1968 doivent beaucoup à Paul Robin. Mais depuis l’anti-malthusianisme primaire triomphe.

Le processus d’émancipation des femmes égyptiennes, commencé sous la présidence de Nasser, a été interrompu à partir des années 1970 avec un retour en force des religions, islam et christianisme. Le planning familial n’a pas été intégré aux programmes de scolarisation des filles comme ce fut le cas en Tunisie. De plus, après des années de soutien logistique et financier au planning familial égyptien, l’administration américaine de Bush avait fait marche arrière : le gouvernement conservateur américain est devenu opposé à l’avortement, à la contraception et à l’éducation sexuelle. Pourtant il y a fort longtemps un Pharaon avait pratiqué le planning familial (sur le peuple juif), un contrôle malthusien auquel Moïse avait échappé de justesse** !

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** Pharaon donna l’ordre d’éliminer les nouveau-nés mâles de la deuxième génération des Hébreux qui naissent en Égypte

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L’espèce humaine est championne dans l’art de trucider

L’espèce humaine est championne dans l’art de trucider. Ainsi ces quelques titres ce jour sur lemonde.fr : « Peine de mort pour les cygnes new-yorkais ; Quand tuer le renard devient une « fête » ; Une deuxième girafe menacée d’euthanasie au Danemark ; Quel avenir pour les icônes de la savane africaine ? ; Le déclin des grands carnivores bouleverse les écosystèmes ; Les Japonais accusés de chasser la baleine dans un sanctuaire austral… » Il est vrai aussi que les autres espèces ne sont pas les cibles principales, les humains adorent s’entretuer. Il existe sans doute peu de verbes qui aient autant d’occurrences et synonymes que le fait de faire passer son prochain de vie à trépas : Abattre, achever (un blessé), asphyxier, assassiner, bousiller, brûler la cervelle, buter, crever la peau, décapiter, décimer, descendre, écarteler, électrocuter, égorger, empaler, empoisonner, envoyer ad patres, étouffer, étrangler, étriper, euthanasier, éventrer, éviscérer, exécuter, exterminer, faire mourir, ôter la vie, fusiller, garrotter, guillotiner, immoler, lapider, lyncher, massacrer, mettre à mort, noyer, occire, passer par les armes, pendre, poignarder, refroidir, sacrifier, saigner à mort, supplicier, supprimer, tordre le cou,  trucider, tuer, zigouiller, etc.

Pourtant « Ne pas tuer » est une règle bien établie depuis la bible, et si bien contournée dans la pratique. Pourtant, sauf rarissime exception,  les autres animaux ne se tuent pas à l’intérieur d’une même espèce. Mais l’humain est cet animal étrange dont le cerveau surdéveloppé permet toutes les atteintes aux lois de la bienséance. Il pourrait en être autrement. Non seulement les humains devraient s’interdire toutes les armées et l’usage collectif des armes, non seulement nos sociétés devraient apprendre les règles de la non-violence dans les rapports humains, mais elle devrait aussi apprendre l’autolimitation des naissances pour ne pas empiéter sur l’espace vital des autres espèces, les cygnes, les renards, les grands carnivores, les baleines et beaucoup trop encore d’espèces dites invasives ou si faciles à massacrer.

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