démographie

Ce que « malthusien » veut dire, essai de définition

Le terme « malthusien » est un mot du dictionnaire français voulant dire simplement « favorable à la limitation des naissances ». Dans le petit Larousse 2000, le terme est étendu à ceux qui sont contre l’expansion économique. Un objecteur de croissance voulant une maîtrise de la fécondité est donc malthusien par définition. Ce rappel lexical est d’autant plus nécessaire que le terme malthusien est ignoré de la population : notre société se garde bien d’apprendre aux gens ce qui peut les rendre responsables. Approfondissons l’analyse.

Le terme « malthusien » découle de l’essai sur le principe de population écrit à la fin du XVIIIe siècle par le britannique Malthus, un économiste et pasteur anglican. Il a été critiqué par les socialistes autant pour ses positions démographiques que pour sa conception opposée au maintien de « lois sur les pauvres ». Aujourd’hui encore une partie de l’intelligentsia fait mine de croire qu’il s’agit d’être « anti-pauvres » alors que Malthus voulait au contraire défendre la cause des pauvres. Mais il croit en une approche qu’on pourrait appeler libérale, reposant sur la responsabilité individuelle : « Le peuple doit s’envisager comme étant lui-même la cause principale de ses souffrances… Si nous négligeons de donner attention à nos premiers intérêts, c’est le comble de la folie et de la déraison d’attendre que le gouvernement en prendra soin… En Angleterre, les lois sur les pauvres ont été incontestablement établies dans des vues pleines de bienveillance. Mais il est évident qu’elles n’ont point atteint leur but… Les lois sur les pauvres tendent manifestement à accroître la population sans rien ajouter aux moyens de subsistance… Ainsi les lois y créent les pauvres qu’elles assistent… Ce que je propose, c’est l’abolition graduelle des lois sur les pauvres, assez graduelle pour n’affecter aucun individu qui soit actuellement vivant, ou qui doivent naître dans les deux années prochaines… La plupart des attaques contre mon essai sont moins des réfutations que des déclamations ou des injures qui ne méritent aucune réponse. Je suis donc appelé à relever des objections qui ont été faites en simple conversation… Une objection est tirée de ce que je nie que les pauvres aient droit d’être entretenus par le public. Ceux qui font cette objection sont tenus de prouver que le rapport de la population et des subsistances est faux… Tous mes raisonnements et tous les faits que j’ai recueillis prouvent que, pour améliorer le sort des pauvres, il faut que le nombre proportionnel des naissances diminue… Le droit d’être nourri ne peut appartenir à tous. Ceux qui soutiennent que ce droit existe, et qui cependant vont en voiture, vivent dans l’abondance, nourrissent même des chevaux sur un sol qui pourrait nourrir des hommes, me semblent mal d’accord avec leurs propres principes… En aucun cas, nous ne devons perdre l’occasion de faire du bien… Tout lecteur équitable doit reconnaître que l’objet pratique que l’auteur a eu en vue par-dessus tout est d’améliorer le sort et d’augmenter le bonheur des classes inférieures de la société. » Autant de phrases de Malthus qui méritent d’être étudiées sans qu’on fasse du mot malthusien un épouvantail.

D’autre part le terme « néo-malthusien » est faussement employé par les tenants du système croissanciste comme voulant dire « opposé à l’expansion économique », donc au progrès ! Ainsi néo-malthusien est considéré comme une critique en soi, sans tenir compte du fait qu’historiquement les « néo-malthusiens » représentent bien autre chose. Le néo-malthusianisme est développé à la fin du XIXe siècle par une partie de la mouvance anarchiste qui se réfère aux lois de Malthus, mais aussi au refus de fournir à la bourgeoisie chair à canon, chair à plaisir et chair à produire. Certains, comme Paul Robin (1837-1912), ont œuvré pour propager les méthodes de contraception  et le féminisme. Celui-ci est considéré comme le père du planning familial et du MLF (mouvement de libération des femmes).

Les termes « malthusien » et « néo-malthusien » nous paraissent, dans leur sens originel, dignes d’estime.

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l’avenir de nos aînés, habiter chez leurs enfants !

La Chine a adopté fin décembre 2012, une législation protégeant les droits des personnes âgées qui exige notamment que les membres de la famille fassent de « fréquentes visites » à leurs aînés. De plus la loi prévoit des obligations de soutien financier et de logement*. Rappelons que la loi française fait aussi obligation aux enfants de subvenir aux besoins de leurs parents. Le cas échéant, c’est prélevé sur vos revenus ! Que ce soit en Chine ou en France, à cause d’une population vieillissante et/ou d’un déficit de la sécurité sociale, il nous semble de toute façon normal que les enfants s’occupent de leurs parents : c’est la marque d’une solidarité familiale qui s’applique d’un bout à l’autre de la chaîne des âges. Mais l’assistance par l’Etat des gens du berceau à la tombe nous a fait oublier ces fondements d’une civilisation, la solidarité des cellules de base. Même si le sens de la solidarité est très variable d’une famille à l’autre, nous allons être obligés de s’occuper de nos anciens. Pourquoi ? Ecoutons Jean-Marc Jancovici :

« Etudiants, enseignants, employés de la Sécu, retraités sont tous des enfants de l’énergie abondante à prix décroissant : rien de tout cela ou presque n’existe dans les pays où l’énergie reste un luxe… La croissance de la quantité d’énergie consommée par personne, qui permet en termes purement physiques d’augmenter la productivité des gens qui travaillent, a pour conséquence d’assurer la nourriture, le logement, l’habillement, les loisirs, etc. des gens qui ne travaillent pas, dont les retraités et les étudiants. Retraites et études longues sont donc « assises » sur des consommations d’énergie importantes, et c’est bien ainsi que se lit la géographie actuellement : il n’y a beaucoup de retraités et d’étudiants que dans les pays qui consomment beaucoup d’énergie… Bien gérer la sortie de scène du « Père fossile » ne va pas être une mince affaire… En effet, la contrainte sur l’approvisionnement énergétique futur, qui va venir contrarier la productivité physique de manière forte, aura pour conséquence que le niveau relatif des retraites baissera, et que l’on va probablement pour partie revenir à un système de gestion des personnes âgées économe en énergie, c’est-à-dire… les garder chez leurs enfants. La question n’est pas de savoir si cette organisation est désirable ou non. Les bons sentiments sans kilowattheures risquent d’être difficiles à mettre en œuvre ! »**

L’individualisme des sociétés occidentales, qui s’est transformé en égoïsmes même par rapport à ses propres parents, était favorisé (si ce n’est causé) par l’abondance de l’énergie fossile. Cette période d’insouciance funeste touche à sa fin. Tant mieux !

* Le Monde.fr avec AFP | 29.12.2012, La Chine contraint les familles à prendre soin de leurs seniors

** Changer le monde, tout un programme de Jean-Marc Jancovici (Calmann-lévy, 2011)

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La fin des migrations, en Europe et ailleurs

Pour ceux qui ne savent pas ce que « immigration massive » veut dire, nous conseillons de lire l’article d’Elise Vincent, Catastrophe migratoire à Mayotte (LE MONDE du 27 décembre 2012). En résumé :

–          Pour rejoindre l’île, des dizaines de Comoriens risquent leur vie tous les jours

–          Interrogations sur le sens de leur travail de la gendarmerie, premiers acteurs de la lutte contre l’immigration irrégulière.

–          Coût de l’inlassable surveillance. Leurs bateaux utilisent plus de 100 litres d’essence par heure.

–          40 % des 212 000 habitants de Mayotte sont désormais d’origine comorienne. (+ 25 % depuis 2007)

–          Système de santé proche de l’effondrement.

–          L’éducation nationale ne suit plus : 25 % à 40 % des élèves sont issus de familles sans papiers.

–          Quasi-totalité des jeunes arrivant en métropole en échec scolaire ou professionnel.

–          Désarroi des associatifs et fonctionnaires qui tentent de maintenir à flot le territoire.

–          Multiplication des baraques en tôles qui mitent les collines en terre rouge de l’île.

–          Prostitution sauvage, sous la coupe des propriétaires et des voisins.

–          Expulsions « abattage »  : environ 20 000 par an, soit autant que toutes celles de métropole.

Que fait donc Dominique Baudis, défenseur des droits ? Après un grand flou dans ses déclarations (« il faudrait »*), il conclut ainsi : « Je veux essayer de nouer un dialogue avec la Commission des droits de l’homme des Comores (le pays d’immigration vers Mayotte), crée il y a un an. J’espère, même dans un cadre non gouvernemental, convaincre les autorités comoriennes de l’intérêt de ne pas laisser leurs citoyens mettre leur vie en danger ainsi que celle de leurs enfants en prenant la mer dans des embarcations de fortunes. » En clair, comme il ne s’agit certainement pas de fournir aux migrants des bateaux français sécurisés, Dominique Baudis indique qu’il vaut mieux que les Comores gardent leurs ressortissants chez eux : halte à l’immigration sauvage !

Cette étude de cas montre que les frontières aujourd’hui se ferment inexorablement aux migrants, que ce soit a Mayotte, aux frontières européenne, entre le Mexique et les Etats-Unis, pour tous les territoires du monde. Devant les difficultés, il y a un repli sur son propre territoire, et les grandes envolées sur les « droits de l’homme » et la libre circulation des hommes disparaissent comme par enchantement… Peut-il y avoir un autre peuplement en phase avec son écosystème qu’au prix d’une « (re)localisation » des humains ?

* LE MONDE du 28 décembre 2012, On a créé un département, il faut assumer

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Vœux qui se réalisent en 2013 : soyons bêtes et heureux

Nous ne pouvons que relayer les vœux d’un de nos correspondants :

Soyons contents, de 2000 à 2010
l’Espagne est passée de  40  à 46 millions d’habitants,
la France de 59 à 64 millions,
l’ Italie de 57 à 60 millions,
l’ explosion démographique continue…
Soyons contents,
tout ira bien de pire en pire  pour la  croissance de l’argent !
Soyons contents, contents,
la croissance de  nos destructions  protège bien nos emplois et  la croissance économique !
Soyons contents, contents, contents,
nous n’y pouvons rien,  si nos médias nous mentent, c’est la faute des autres,
nous n’avons pas le choix, pas le choix, pas le choix !
Soyons contents, contents, contents, contents,
puisque  nos médias sont soumis aux financiers, puisqu’ils nous  désinforment,  désorientent,  désensibilisent,
puisqu’ils affirment  que toute  satisfaction durable de  nos besoins ferait disparaître nos activités,  marchés, emplois et argent !
Restons en 2013 dans les illusions du pouvoir médiatique… Soyons heureux !

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Dénatalité en Corée du Sud, un Bien et non un Mal

LE MONDE sous-titre « Les Coréens sont confrontés aux maux des pays avancés : injustices, précarité, dénatalité » *. La dénatalité serait-elle donc un mal ? Que dit en vérité l’article de Philippe Pons :

« Des ombres se profilent derrière l’optimisme officiel… L’expansion coréenne est aussi impressionnante que déséquilibrée… Taux de faillites élevé des PME…  La grogne des petits entrepreneurs se conjugue à des inégalités en hausse et à une précarité croissante… Près d’un quart des jeunes diplômés peinent à trouver un emploi et le travail temporaire est le lot de 40 % des salariés… L’expansion a fait voler en éclats les solidarités traditionnelles sans mettre en place de filet social : quatre Coréens sur dix âgés de plus de 65 ans n’ont pas de retraite… La corruption endémique des milieux politiques, liée à l’affairisme ambiant et à une compétition exacerbée, dès l’école primaire, dans une société qui ne ménage guère de seconde chance pour ceux qui ont échoué une fois, contribue à démoraliser grand nombre de Coréens… La cohésion sociale, qui fut une force dans le redressement du pays, s’est effritée… La Corée du Sud a le taux de suicide le plus élevé des pays de l’OCDE… Surendettement des ménages emportés par un consumérisme effréné ou saignés par les frais exorbitants d’inscription scolaire de leurs enfants… Selon l’OCDE la Corée du Sud arrive à l’avant-dernière position en termes de satisfaction des conditions de vie… »

Dans un tel contexte négatif, il nous semble que la dénatalité est une réponse normale de la population, et non un mal en soi. L’anti-malthusianisme primaire rode dans la tête de ceux qui font l’accroche d’un article.

* LE MONDE du 16-17 décembre 2011, Corée du Sud, à la recherche d’un nouveau modèle

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Pour ou contre une Chine de 3 milliards d’habitants ?

« Entrée en vigueur en 1979, la politique de l’enfant unique visait à limiter le nombre de naissances… La Chine… 1,34 milliard d’habitants… envisage d’assouplir sa politique de l’enfant unique… Des chercheurs mettent en garde contre les futurs problèmes économiques et sociaux auxquels la Chine risque de se trouver confrontée en raison du vieillissement de sa population… Cette nouvelle politique pourrait entrer en vigueur dans des régions « productives économiquement ».» L’information du MONDE se résume à cela*.

Résoudre les problèmes du vieillissement de la population par plus de natalité, donc par plus de vieux et de retraités demain, ne résout fondamentalement rien du tout. Cet article ne définit même pas de quels problèmes il s’agit. A notre connaissance La Chine n’a pas généralisé le système de retraite par répartition, le rapport actif/retraité n’a donc aucune importance. Et les régions « économiquement productives » le seront-elles pour les générations futures ?

Halte au racisme anti-vieux, les personnes âgées peuvent apporter beaucoup à leur famille.

L’article se poursuit de façon superficielle : « Le débat sur la politique de l’enfant unique a été relancé en juin dernier lorsqu’une femme enceinte de sept mois et déjà mère d’un enfant a été contrainte par les autorités d’avorter, suscitant une vague d’indignation sur Internet. » La politique d’un pays de 1 340 000 000 habitants ne peut résulter d’un simple faits-divers et des réactions sur Internet. Combien de femmes meurent en couches à la suite de grossesses multiples ? Qui réagit à cela sur Internet ?

Halte à l’anti-malthusianisme primaire… qu’on retrouve même sur LE MONDE !

* Le Monde.fr avec Reuters | La Chine pourrait revoir sa politique de l’enfant unique

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UNFPA, rapport 2012 sur l’état de la population mondiale

Enfin un organisme international  qui s’attaque à la question démographique. Le rapport de l’UNFPA* a pour sous-titre : « Oui au choix, non au hasard : planification familiale, droits de la personne et développement. » Extraits :

« La capacité de décider du nombre de ses enfants et de l’espacement de leurs naissances est tenue pour acquise par un grand nombre de gens du monde développé et de membres des élites des pays en développement. Néanmoins, pour la majorité de la population des pays en développement, et notamment des pays les plus pauvres, les capacités et les moyens de déterminer la taille de sa famille sont rares ou insuffisants. […] De nos jours, la planification familiale est reconnue quasi universellement comme un droit intrinsèque confirmé et conforté par de nombreux autres droits de la personne. Il n’est donc pas justifiable qu’en tant que droit, seuls y aient accès les membres des classes aisées ou privilégiées. […] L’État de la population mondiale 2012, s’appuyant sur les recherches les plus récentes, lance un appel aux pays en développement et développés, aux organisations internationales et aux entités de la société civile, auxquels il demande :
– D’accroître radicalement leur appui financier et leur engagement politique […]
– De promouvoir la planification familiale en tant que droit […]
– D’intégrer la planification familiale volontaire […]
– D’éliminer les obstacles économiques, sociaux, logistiques et financiers […]
– De mettre les programmes de planification familiale à la disposition de toute la gamme des usagères et usagers […]
– D’inclure la contraception d’urgence […]
– D’associer les hommes et les garçons à la planification familiale, à leur propre profit et pour appuyer la réalisation du droit des femmes et des adolescentes d’utiliser la contraception. »

Source : http://www.ceped.org/?UNFPA-le-rapport-2012-sur-l-etat**

* UNFPA : Fonds des Nations unies pour la population

** Ceped : Centre population & développement

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ECOPOP, limiter l’immigration pour protéger la nature ?

Avec une densité moyenne de 193 habitants par kilomètre carré de la surface productive, la Suisse est un pays très densément peuplé. Le groupe d’écologistes Ecopop a déposé vendredi 2 novembre devant les autorités une initiative en vue d’une « votation » pour limiter l’immigration*. Le but : protéger la nature et limiter le besoin de constructions nouvelles. Le texte « Halte à la surpopulation » propose donc de « limiter l’immigration nette en Suisse », à un taux de 0,2 % par an. La Confédération helvétique comptait fin août quelque 1,8 million d’étrangers, pour 8 millions d’habitants au total dans le pays, soit 3 % de plus qu’en août 2011.

Les arguments sont scientifiques, ils reposent sur la formule mathématique, I = PAT, qui semble irréfutable :  l’Impact de l’espèce humaine est déterminée, à Technique donnée, par sa Population et par ses Affluences (Activités, niveau de vie). Pour réduire les impacts I, il est donc nécessaire d’agir sur l’efficacité technique T, l’Affluence (réduire le nombre d’unités de production ou de consommation par personne) et la population P (réduire le taux de natalité). Sauf à trouver immédiatement des solutions techniques extraordinaires, la décroissance matérielle devrait, sur un territoire dont on a dépassé la capacité de charge, s’accompagner d’une politique démographique qui agit tant sur la fécondité que sur les flux migratoires.

L’immigré est aussi un émigré. Au niveau d´un pays, l´émigration peut constituer pour l´individu un espoir de survie, remédier temporairement au problème du chômage et permettre au politique d´amoindrir l´effet « cocotte minute » qui peut se produire lorsque le mécontentement citoyen atteint son paroxysme. Alors l´émigration constitue une tactique pour exporter le mécontentement vers l´extérieur tout en attendant les retombées financières des migrants. Mais la démographie du pays peut continuer à galoper, les problèmes ne sont pas résolus. Libéraliser l´immigration (l’émigration) n´est pas une stratégie durable… baisser la fécondité oui.

* Monde.fr avec AFP et Reuters | 02.11.2012, Suisse : des écolos veulent freiner l’immigration pour protéger la nature

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Homosexualité sans limites = dérive libérale extrêmiste

La technique se veut toute puissante, franchissant la barrière des espèces et la différence sexuée. Les homosexuels en profitent. Ils réclament non seulement le mariage, mais le droit à avoir un enfant, la procréation médicalement assistée et pourquoi pas demain l’utilisation des souches IPS grâce auxquelles ils pourront produire à la fois des ovules et des spermatozoïdes ; la seule limite des IPS, pour l’instant, étant que l’enfant d’un couple de lesbiennes ne pourrait être qu’une fille.  Les couples d’hommes pourront en outre bénéficier de l’utérus artificiel, simple amélioration de la couveuse pour prématurés*. Le passage du défendu au toléré, puis au légalisé, suit le rythme des innovations techniques et l’emporte sur l’éthique.

Un philosophe et théologien catholique, Xavier Lacroix, s’insurge contre cette politique du « sans limites » : « Les partisans de l’homoparentalité disent que la différence sexuelle n’a pas d’importance, ils occultent l’union entre un homme et une femme en vue de la procréation. C’est grave, car cela revient à dire que tout vient de la volonté et de la culture… Or on est homme ou femme, on peut engendrer ou pas. Il y a des limites… L’opposition de l’Eglise au mariage entre personnes du même sexe est donc une résistance à la volonté de toute puissance…. La future loi dirait que l’enfant à deux pères ou deux mères, elle affirmerait une fiction… Le slogan du « mariage pour tous » supposerait que le mariage est un bien de consommation auquel tout le monde devrait avoir accès. Or structurellement les couples homos ne peuvent pas procréer… Je vois effectivement dans la création du mariage pour tous l’amorce d’une dérégulation et d’un déni des limites… Ce n’est pas être homophobe que de dire que dans les relations homosexuelles, il y a une limitation spécifique. »*

Sur ce blog, nous n’avons aucune référence religieuse, notre seule raison d’écrire découle d’un constat : la biosphère a des limites et l’espèce humaine croit pourtant être en mesure de les transcender. La volonté des gays et lesbiennes d’avoir un enfant n’est qu’un symptôme de cette dérive de la pensée qui découle à la fois du libéralisme moral (tout découle de la volonté humaine) et de la technique extrême (tout est possible). Le problème, c’est qu’en franchissant les limites, il n’y a plus aucun équilibre durable possible, que ce soit au niveau des relations sociales (sexualité, mariage, etc.) ou des relations avec le milieu qui nous fait vivre (les écosystèmes).

* LE MONDE science&techno du 27 octobre 2012, Biologie et homoparentalité

* LE MONDE du 27 octobre 2012, Les homosexuels veulent entrer dans la norme en la subvertissant

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Pour une population à moins de 9 milliards en 2050 !

Robert Engelman est le président du Worldwatch Institute. Cela n’en donne que plus de poids à sa pensée : « Une population future moins nombreuse signifie que les générations futures exerceront une moindre pression sur le climat, l’environnement et les ressources naturelles. Les sociétés peuvent agir  pour faire en sorte que le pic démographique mondial se situe à un niveau inférieur aux 9 milliards d’habitants attendus, même s’il est rare que les décideurs et les médias abordent cette éventualité. Il s’agit pourtant d’un scénario de bien-être mondial sans inconvénient majeur. » Voici les 9 stratégies qu’il préconise :

1. Garantir l’accès de tous à une large gamme d’options contraceptives pour les deux sexes

On estime que 40 % de toutes les naissances sont non désirées. Si toutes les  femmes pouvaient décider du moment de leur grossesse, le taux de fécondité à l’échelle du globe passerait sous l’indice de renouvellement des générations. Alors que le monde dépense quelque 42 milliards de dollars par an en nourriture pour animaux domestiques, il suffirait de 24,6 milliards pour financer les services de planning familial.

2. Garantir l’éducation pour tous avec une attention particulière pour les filles

Les femmes n’ayant pas été scolarisées ont en moyenne 4,5 enfants, 3 après quelques années à l’école primaire, 1,9 avec une ou deux années de cycle secondaire. L’éducation permet aux filles d’explorer d’autres aspects de la vie que celui de la maternité.

3. Eradiquer le sexisme dans tous les aspects de l’existence

Les femmes qui sont en mesure de gérer leurs biens, de divorcer et de participer à la vie sociale à égalité avec les hommes sont davantage susceptibles de retarder leur maternité. Cette égalité est d’autant plus nécessaire que les hommes, dans la plupart des pays, tendent à souhaiter plus d’enfants que leur partenaire.

4. Proposer à tous les étudiants une éducation sexuelle

L’ignorance des jeunes est un obstacle à la prévention des grossesses. Ils ne savent pas comment fonctionne leur corps, comment refuser la relation sexuelle non souhaitée, comment éviter la grossesse.

5. Mettre un terme à toutes les politiques qui récompensent financièrement les parents en fonction du nombre d’enfants

Des politiques subventionnent la fécondité de « sur-remplacement » (des taux au-delà de deux enfants par femme), contribuant à engendrer des populations plus nombreuses qu’elles ne le seraient autrement. Les gouvernements peuvent maintenir les avantages financiers sans les lier au nombre d’enfants, en les associant à la parentalité elle-même.

6. Enseigner les relations entre population et environnement

Peu de systèmes scolaires dans le monde comportent un enseignement qui explique aux jeunes les interactions entre la taille de la population, l’environnement naturel et le développement humain. Une formation sur l’influence du nombre d’hommes pourrait constituer une bonne incitation à une transformation culturelle hâtant la fin de la croissance démographique.

7. Chiffrer les impacts sur l’environnement

Une taxe carbone permettrait aux parents de mesurer l’impact de chaque être humain, chaque naissance donc, sur l’environnement. Une tarification environnementale pousse à réduire les taux de fécondité puisque les couples comprennent que le coût d’un enfant supplémentaire s’avère important.

8. S’adapter au vieillissement de la population plutôt que de le retarder

Les impacts du vieillissement sont moins importants et durables que ceux de la poursuite de la croissance démographique. Car autrement ce sont les décideurs de demain qui se verraient contraints de prendre en charge le vieillissement différé à un moment où la densité de population et les problèmes qui lui sont associés rendront encore moins attrayante et réalisable une incitation à la poursuite de la croissance démographique.

9. Convaincre les dirigeants à mettre un terme à la croissance démographique

La population est devenue un sujet tabou en politique, dans les affaires internationales, et même dans les médias et l’opinion publique. Or un ensemble de politiques visant à améliorer la vie des femmes, des hommes et des enfants aurait pour retombée le ralentissement démographique.

Plus les gouvernements retardent les politiques préconisées, plus le monde devra gérer des populations plus denses et des augmentations du taux de mortalité.

Source : Vers une prospérité durable, RIO + 20, sous le titre original de Moring Toward Sustainable Prosperity, la dernière édition du Worldwatch Institute (éditions de la Martinière, 2012)

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Démographie et environnement, le débat (24 oct. 2012)

Conférence-débat organisée par l’association Démographie responsable. Après un PowerPoint présenté par Hugues Stoeckel, auteur de La faim du monde, Michel Sourrouille a énoncé les termes du débat.

INTRODUCTION

Un sondage préalable auprès de l’assistance montre que personne ne voudrait d’une population de plus de 9 milliards d’habitants après 2050. A peine 10 % souhaiterait une stabilisation à ce chiffre, les autres désirant une baisse de la population mondiale. L’état d’esprit malthusien, en faveur d’une limitation des naissances, est donc un état d’esprit fréquent que ne reflète pas le comportement nataliste des politiques et des intellectuels. Alors qu’au cours des années 1970 la surpopulation mondiale était un thème qui se retrouvait dans des livres comme la Bombe P de Paul Ehrlich, avec la problématique Malthus/ Marx dans les cours de Sciences économiques et sociales et lors des conférences mondiales sur la population (1974 au Caire, 1984 à Mexico), le « politiquement correct » est sorti vainqueur de la conférence du Caire en 1994 sur la population. Le résultat principal a été l’exclusion systématique de toute considération numérique dans les discours autorisés. L’attention à la  taille de la population était devenue à tort associée à une approche coercitive, souvenir des politiques de stérilisations forcées en Inde et de la politique de l’enfant unique en Chine.

Démographie et environnement ? Il y a ceux qui gardent une option anthropocentrée : l’environnement est ce qui est tout autour de l’homme, la nature est donc au service de l’homme, peu importe l’évolution de sa population. Significatif était ce sous-titre du MONDE (14-15 octobre 2012) : « Face à l’explosion démographique, seule une réorientation de l’agriculture permettra de lutter contre la faim. » Soyons plus productif et la faim disparaîtra ! Mais il y a aussi ceux qui préfèrent parler de nature ou de biosphère plutôt que d’environnement : l’homme n’est pas au centre, il dépend des écosystèmes. On peut parler à cet égard d’écocentrisme. La fécondité humaine redevient alors une variable sur laquelle il faut agir. Car en fait la question de fond est bien celle-là : l’espèce humaine est-elle compatible avec le milieu naturel ? D’où les deux parties de l’exposé de Michel Sourrouille.

1/2) OUI, l’espèce humaine peut se multiplier

Notons d’abord que le terme « démographie » empêche toute vision idéologique. Il s’agit d’une simple description de la population, les statistiques sont reines : taux de fécondité, taux d’accroissement, niveau de population dans chaque pays, dans chaque secteur d’activité, etc. Le jugement de valeur est exclu. Depuis cinquante ans la population mondiale augmente  en moyenne d’un milliard tous les douze ans : rien à craindre pour les démographes, c’est une évolution normale, attendons la transition démographique (passage à la baisse conjointe de la natalité et de la mortalité grâce au développement économique).

On considère que la notion d’optimum démographique est inopérante. Personne ne peut définir le niveau de population qui serait le meilleur en soi. Pour un débat, on peut avoir un certain nombre de personnes assises dans une salle, un plus grand nombre en les laissant debout, un nombre plus grand encore en diffusant sur écran la séance. Culturellement, l’être humain est malléable, il peut aussi bien s’épanouir dans les grands espaces naturels que s’entasser dans des tours à plusieurs étage et des villes tentaculaires. Techniquement il croit qu’il peut pourvoir à tout problème. Actuellement Barry Commoner a gagné contre  Paul Ehrlich. Il s’appuie sur la possibilité d’une transformation technique radicale « pour satisfaire aux exigences indéniables de l’écosystème ». Les techniques agricoles ont en effet dopé la production alimentaire depuis plus d’un siècle.

Puisque tout est possible, l’intelligentsia est devenue anti-malthusienne. Les religions du « croissez et multipliez votre nombre pour dominer la planète » luttent contre l’avortement et même le préservatif. La droite, conservatrice en matière de mœurs, a combattu ardemment Simone Veil en 1974 lors du débat sur l’interruption volontaire de grossesse. Comme cette droite est aussi nationaliste, productiviste et expansionniste, fi de la maîtrise de la fécondité ! La gauche, dans le droit fil du marxisme pour lequel il faut changer les structures productives sans se soucier du nombre d’hommes, tient le même langage que la droite en soutenant les incitations publiques à la procréation. Paradoxalement le mensuel La décroissance garde une optique anti-malthusienne : « Il y a trop de voitures, le nombre d’hommes ne compte pas. » Ils rejoignent le courant humaniste qui sacralise la personne humaine et le libre choix des gens en matière de procréation.

Tout cela est une alliance au sens propre « contre nature », de ceux qui gardent une optique anthropocentrique en ignorant les contraintes naturelles.

2/2) NON, l’espèce humaine a dépassé la capacité durable de la Terre

Contrairement aux approches subjectives de la culture humaine, une démographie responsable se penche sur les réalités objectives. Les lois de la nature conditionnent les activités humaines, que ce soit le circuit économique ou le cycle reproductif. L’économie devrait être encastrée dans le social, lui-même conscient de la détermination ultime que constitue l’écologie : l’homme n’est qu’un animal au milieu des autres animaux.

Tout n’est pas possible, il y a une population limite ou capacité de charge ainsi définie par l’ONU : «  nombre d’hommes qui peuvent être entretenus sans réduire irréversiblement la capacité à les entretenir dans le futur. » Sans rentrer dans les détails, il suffit de rappeler que l’empreinte écologique de l’homme dépasse de 30 % les capacités de régénération de la planète, ce qui veut dire que nous détruisons une partie du capital naturel au détriment des générations futures. Cette année, le jour du dépassement a eu lieu le 22 août.

Robert Malthus a été le premier, à la fin du XVIIIe siècle, à porter un regard d’écologiste sur la condition humaine. Il a mis en relation l’évolution de la population et des ressources alimentaires pour en tirer une loi : alors que la population augmente très vite (de façon exponentielle dite géométrique), la production agricole, à cause des rendements décroissants, n’augmente que de façon linéaire, arithmétique. Si la révolution de Liebig a permis artificiellement une hausse des rendements agricoles au XXe siècle, cette parenthèse enchantée se termine pour en revenir à des rendements en souffrance sur des terres épuisées.

C’est l’énergie fossile qui a permis les engrais, l’irrigation et la mécanisation : nous mangeons du pétrole, même si c’est indirectement. Or le passage actuel du pic pétrolier nous annonce une descente énergétique inéluctable. Il nous faudra un jour revenir à une population compatible avec l’agriculture biologique d’avant la « révolution » agricole, soit un milliard de personnes… comme en 1804. Comme l’homme a entre-temps fortement dégradé les terres arables de multiples façons, on ne peut même pas dire que le milliard pourra être nourri convenablement.

Enfin nous avons oublié que nous sommes au bout de la chaîne trophique, ce qui permet notre survie par l’alimentation.. Beaucoup de végétaux font vivre moins d’herbivores qui nourrissent beaucoup moins de carnivores. L’espèce humaine devrait donc être peu nombreuse, sauf que pour son avantage est bientôt son malheur, elle est omnivore. Il y a des végétaliens, des végétariens et une fraction croissante de la population qui mange de plus en plus de viande. Selon le régime alimentaire, on peut nourrir plus ou moins de personnes.

Notre analyse devrait aller encore plus en profondeur. Contrairement à ce que pensent beaucoup de personnes, l’homme est un animal parmi d’autres, ce qui veut dire que la Terre héberge à la fois les humains et les non-humains. L’expansion humaine empiète sur l’habitat et la nourriture des autres espèces, ce qui entraîne une perte de biodiversité rapide et généralisée : on peut parler d’une 6ème extinction des espèces. La conférence de Nagoya sur la biodiversité en 2010 comme celle qui vient de se terminer en Inde ne peuvent résoudre le problème tant que la croissance démographique de l’espèce humaine n’est pas maîtrisée. Arne Naess nous invite à adopter la position philosophique de l’écologie profonde : « L’épanouissement de la vie non-humaine requiert une diminution de la population humaine. »

CONCLUSION

Il ne faut pas avoir peur de le dire, l’homme est le cancer de la terre. Cette expression est utilisée aussi bien par Cioran, par Yves Paccalet ou par Paul Ehrlich. Notre expansion démographique est semblable à une cellule du corps (terrestre) qui se développe anarchiquement  au détriment de la santé de l’ensemble. En conséquence, quoi qu’en pensent certains, la décroissance est forcément malthusienne : on a à la fois trop de voitures et trop d’êtres humains. Nous devons agir à la fois sur la quantité de biens et sur la quantité de personnes.

Si nous avions à exprimer un idéal de population, ce serait 6 à 8 millions de terriens, un chiffre qui nous ramène aux débuts du néolithique, où il fallait vivre de chasse et de cueillette sans empiéter sur son écosystème… condition qui n’a d’ailleurs pas toujours été respectée, même à l’époque ! A titre de comparaison, les grands carnivores comme les lions et les tigres, ne sont plus au total que 20 000 à 40 000 seulement sur la planète. Contre plus de 7 milliards pour la seule espèce humaine, le super-prédateur.

Il faut retrouver le sens des limites alors que notre système croissanciste a complètement occulté cette réalité, la finitude de la biosphère : le temps du monde fini commence, l’enjeu du XXIe siècle sera l’écologie (la science de l’environnement) aux prises avec plusieurs milliards d’habitants. Comme l’écrivait Yves Cochet dans sa préface au livre de Stoeckel, « l’ère industrielle va se contracter et disparaître bientôt… Faute de pouvoir éviter cela, nous avons désormais la responsabilité politique de minimiser le nombre de morts ». Une des actions possibles est d’adhérer à Démographie responsable

(texte communiqué par Michel Sourrouille)

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débat Commoner/Ehrlich, le débat démographique

Les premiers écologistes essayèrent d’attirer l’attention sur un éventail de problèmes allant des pesticides au contrôle démographique sans toujours les définir par ordre d’importance. Un des signes avant-coureurs d’une hiérarchie apparut lorsque Paul Ehrlich et Barry Commoner débattirent de l’importance relative de la maîtrise de la fécondité. Ehrlich avait publié en 1968 The Population Bomb, qui plaçait l’expansion de la population comme la menace écologique prioritaire : « Trop de voitures, trop d’usines, trop de pesticides. Pas assez d’eau, trop de dioxyde de carbone, tout peut être attribué à une cause unique : trop de personnes sur Terre. » Commoner lui répondit  en 1971 dans L’encerclement que « la dégradation écologique n’est pas la simple conséquence d’un processus unique qui va en s’amplifiant – croissance démographique, augmentation de la demande – mais également des changements importants dans les techniques de production, changements qui eux-mêmes dépendent de facteurs économiques et politiques importants. »

Le débat entre Commoner et Ehrlich a rapidement dépassé le désaccord scientifique pour fonder deux stratégies radicalement différentes. Le mouvement écologiste fondamentaliste préconise le contrôle de la croissance globale parce qu’il ne peut se concevoir de changement dans l’ordre industriel qui la rendrait écologiquement compatible. Ehrlich définit ainsi « la surpopulation » comme le nombre d’habitants dépassant « la capacité d’accueil » de la Terre. Commoner s’appuie au contraire sur une philosophie non déterministe de la technologie qui admet la possibilité d’une transformation technique radicale. Commoner propose de transformer la technologie moderne « pour satisfaire aux exigences indéniables de l’écosystème » Il constate aussi que le taux européen de croissance démographique diminuait à mesure que la prospérité augmentait. Puisque les facteurs socio-économiques influencent le comportement reproducteur, nous devrions créer les conditions où ces facteurs favorisent une croissance démographique plus lente dans les pays pauvres.

Une synthèse est-elle impossible ? Ehrlich a essayé de la formuler dans son livre de 1971, How To Be a Survivor. Il y élargit ses perspectives pour inclure non seulement le contrôle démographique, mais une réforme générale égalitariste, une technologie douce, et la réduction par le « dé-développement » du niveau de vie excessivement élevé des pays « sur-développés ». Cela nous semble évident. Pourtant certains objecteurs de croissance s’obstinent encore à affirmer que nous n’avons pas trop de personnes, mais trop d’automobiles !

Source : http://www.sfu.ca/~andrewf/books/FINAL_EcologieSocialisme.pdf

 

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pas de sécurité alimentaire sans planning familial

Examinons ce sous-titre du MONDE* : « Face à l’explosion démographique, seule une réorientation de l’agriculture permettra de lutter contre la faim. » Apparemment tout baigne, le journaliste Gilles van Kote valide l’abandon des politiques de soutien aux agrocarburants pour miser sur l’agriculture paysanne et remet aussi en question la place de la viande dans notre alimentation. Mais le journaliste, à la suite des instances officielles, oublie deux choses : la place de la démographie dans l’analyse de la famine et l’importance de la souveraineté alimentaire.

Personne ne peut s’exprimer décemment sur la faim dans le monde en oubliant l’évolution exponentielle de la démographie humaine. Il ne faut pas « seulement » s’interroger sur la manière de produire des aliments, mais aussi sur notre manière de faire des enfants. Jamais la sécurité alimentaire ne sera atteinte si on s’occupe seulement de nourrir les ventres affamés. En agissant ainsi, la population continuera d’augmenter plus vite que les ressources agricoles car cela constitue un permis de procréer. L’origine du mal n’est pas simplement, comme l’écrit van Kote, l’incapacité à produire assez et/ou à acquérir une demande solvable, elle réside dans cette course millénaire entre expansion démographique et amélioration des modes de production. Cette méconnaissance d’une réalité complexe est d’autant plus grave qu’il y a épuisement des sols, des ressources hydriques et accroissement des surfaces cultivables sur les sols les moins favorables. Les « experts » semblent avoir oublié la loi des rendements décroissants en agriculture. La solution première à la sous-alimentation chronique dans le monde réside donc structurellement dans la maîtrise de la fécondité. Cela veut dire qu’on met l’accent sur le planning familial, l’éducation des femmes, la prise de conscience des limites de notre biosphère et la sauvegarde des non-humains.

Le deuxième défaut dans cet article est le parti pris en faveur d’une agriculture commerciale. On souligne « l’impossibilité pour les plus pauvres d’accéder aux marchés ». Comme si le « marché », donc le libéralisme économique, était une réponse à la faim dans le monde ! Van Kote met en avant « semences améliorées, engrais, irrigation, infrastructures de transport… ». On dirait que la révolution verte en Inde, avec les mêmes ingrédients, n’avait pas déjà montré que l’échec était au rendez-vous ! Enfin, on ne peut à la fois soutenir la petite agriculture et faire confiance aux investisseurs étrangers. Une agriculture commerciale liée aux échanges internationaux  est incompatible avec une agriculture paysanne qui œuvre pour le marché local. La sécurité alimentaire passe par la souveraineté alimentaire.

*LE MONDE géo&politique du 14-15 octobre 2012

NB : pour ceux qui ne connaissent pas la thèse malthusienne, lire son « essai sur le principe de population ».

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limitation des naissances et habitat social à Bruxelles

Dans un débat jeudi 4 octobre en Flandres, le maire de Bruxelles Freddy Thielemans a réclamé que « Le thème de la limitation des naissances devait pouvoir être abordé dans le cadre de la lutte contre la surpopulation ». Et de justifier ainsi sa déclaration : « Nous avons à Bruxelles, beaucoup de familles nombreuses comptant sept ou huit enfants. Elles demandent un appartement social, mais ces appartements n’existent habituellement pas ». Les regards se portent évidemment sur les Bruxellois d’origines étrangères à l’Europe. Le maire s’en défend, mais par une réponse quelque peu sibylline : « Ce problème, vous le retrouverez aussi bien dans les familles musulmanes que dans les familles juives, et même parmi les chrétiens… ».

A Bruxelles, Philippe Moureaux avait objecté : « Avoir un enfant est un droit qui ne se négocie pas. » Thielemans avait répondu qu’il était attaché lui aussi aux valeurs individuelles. Nous pouvons faire un parallèle avec Malthus qui exhortait fin XVIIIe siècle les pauvres à faire moins d’enfants pour sortir de la misère. C’est un point de vue libéral qui fait porter la responsabilité de son sort à l’individu.  Le site des penseurs libéraux, Contre-points Belgique*, rebondit : « Pourquoi dès lors aborder ce sujet au niveau socio-politique ? » Simplement parce qu’avoir un enfant génère des conséquences sociales : les parents doivent pouvoir lui assurer des moyens d’existence et un avenir décent. Toujours la responsabilité personnelle alors que le socialisme met l’accent sur la responsabilité collective. Contre-points précise son point de vue: « Comment limiter la gabegie sans toucher aux libertés individuelles ? La réponse est simple : limiter les services offerts par l’État…Pourquoi ne pas envisager un système d’allocations dégressives : « vous êtes très aidés pour un certain nombre d’enfants. Au-delà, ce sera à vous et non à la société d’assumer, de manière, les implications et conséquences de vos choix… ». Est-ce un paradoxe qu’une telle politique familiale ait été soutenu antérieurement par un écologiste sincère, Yves Cochet ? A vous de réfléchir.

Un néo-malthusien actif, Michel Tarrier**, s’interroge d’une façon plus globale sur la déclaration du maire de Bruxelles : « À partir de combien de progénitures une famille est-elle « trop » nombreuse ? Nous sommes déjà surnuméraires, en inéquation avec les ressources, en surcharge sur Terre et il faut envisager une vraie décroissance démographique…Il nous faudrait (conditionnel !) revenir au seuil de ces 3 milliards des années 1960 et non pas tendre aux 9 ou10 milliards de 2050…Un seul Terrien occidental pollue comme plusieurs dizaines d’habitants des pays pauvres. Il est donc aussi urgent de réduire (un peu) les naissances chez nous que de les réduire (beaucoup) dans la plupart des pays émergents (qui n’émergeront jamais !)…Les démographes officiels pratiquent une démographie hors-sol, faisant abstraction des conditions écologiques et des interdépendances…Il faut reconnaître que l’homme moderne est devenu une espèce invasive… Vivre moins nombreux pour que tout le monde puisse vivre heureux et ne pas occuper les niches écologiques des autres espèces… Soyons plus nombreux à l’être moins ! »

                Nous attendons vos commentaires…

* http://www.contrepoints.org/2012/10/03/99185-freddy-thielemans-maire-de-bruxelles-sent-pousser-son-mao-interieur

** http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/les-velleites-denatalistes-du-123714

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Agir avec l’association « Démographie responsable »

Après René Dumont, Yves Cousteau, Claude Lévi-Strauss et quelques autres, l’association « Démographie Responsable » reprend le flambeau contre la vanité de notre espèce qui s’estime au dessus des lois … de la nature. Près de sept milliards d’humains sur une planète qui dispose de ressources pour en accueillir durablement quatre à cinq.

1/2) Présentation de Démographie Responsable

L’association Démographie Responsable fondée en 2008 a pour objet d’œuvrer à la stabilisation, voire à la diminution, de la population humaine. Excluant tout ce qui ne respecterait pas les droits humains ou qui remettrait en cause la liberté de procréer, sa démarche passe par une bonne information de chacun(e) sur les conséquences de la pression démographique pour les générations futures, les autres espèces et l’environnement. En parallèle à cette bonne information, elle se donne entre autre pour mission de soutenir toutes les initiatives en faveur de l’instruction, condition nécessaire à la compréhension par tout être humain des dangers écologiques liés à la surpopulation. Cette association milite également pour que la question démographique ait toute sa place au sein des débats liés à la protection de l’environnement

Ses membres sont de fervents défenseurs de l’espèce humaine ainsi que des autres espèces vivantes présentes à ses côtés, désireux de sauvegarder La Vie sur la planète et ce, dans les conditions les moins mauvaises possibles. Issus de différents milieux (écologie, décroissance économique, défense des animaux) ils souhaitent rassembler des personnes originaires de tous les courants de pensée et convaincre les citoyens des pays francophones de la nécessité d’agir.

2/2) les sept mesures de la sagesse par Denis Garnier, Président de Démographie Responsable

Le 31 octobre 2011 est la date choisie officiellement par l’ONU pour le passage aux 7 milliards d’habitants. Selon les projections moyennes, on attend 9,3 milliards en 2050 et 10,1 milliards en 2100. Insoutenable au regard des ressources de notre planète, qu’elles soient énergétiques, alimentaires ou hydriques, sans même parler de la survie des autres espèces vivantes.

Il semble donc nécessaire de porter à la connaissance du public francophone les propositions de l’association Démographie Responsable.

— en direction des populations du Nord, dans le cadre d’un débat démocratique sur le couple démographie/écologie : mettre en œuvre une réelle réduction de la consommation et cesser, de façon non rétroactive bien évidemment, toute aide à la procréation au-delà de deux enfants.

— en faveur des populations les plus démunies : aider à un développement économique durable, généraliser l’instruction des filles, car elle est très en retard sur celle des garçons, promouvoir la planification familiale y compris la gratuité totale de la contraception (30 % des grossesses sont actuellement non désirées), mener des campagnes de sensibilisation culturellement adaptées et enfin, mettre en place des systèmes de solidarité locale en faveur des personnes âgées.

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redonnons à la mort son statut ordinaire

Tom Regan, alors qu’il défend la thèse de la valeur inhérente de tout animal sensible, reconnaît qu’en dernière instance cette valeur est inférieure à celle de la vie d’un être humain. Il prend en exemple le dilemme du canot de sauvetage : quatre hommes et un chien sont sur un canot qu’il faut alléger sous peine de le voir couler ; selon Regan, c’est le chien qui doit être sacrifié. Regan établit donc une hiérarchie entre les êtres sensibles, en posant qu’en perdant la vie, le chien subit un moindre dommage que l’être humain, dont l’expérience est plus riche. Il serait intéressant de mesurer entre les quatre hommes lequel possèderait « l’expérience la moins riche » s’il n’y avait pas eu de chien à bord du canot ! De toute façon dans la réalité, la hiérarchie ne s’opère pas au nom d’un humanisme éthéré ou de raisonnement abscons, elle découle d’un rapport de force.

Prenons l’exemple d’un bateau réellement en train de couler. Il y a le capitaine et ses hommes d’équipage, des passagers hommes, femmes et enfants. Qui va s’en sortir dans les proportions les meilleures ? Vous pourriez trouver la réponse par vous-même ! Une étude sur 18 naufrages impliquant 15 000 passagers est parue dans la très sérieuse revue américaine Proceedings of the National Academy of Sciences*. Le résultat est clair : plus de 60 % des marins et 45 % des commandants ont pu sauver leur vie, les passagers hommes s’en sont sortis à 35 %, les femmes à 18 % et les enfants à 15 % seulement. Ce ne sont pas les règles de l’éthique qui se sont appliquées, mais le chacun pour soi et les plus forts devant.

Pour ce blog BIOSPHERE qui défend la valeur intrinsèque de toute forme de vie, le constat est rude. La hiérarchie entre hommes et femmes, entre patrons et ouvriers, entre blancs et noirs, entre animal humain et animal non-humain, entre animaux et végétaux… a encore de beaux jours en perspective. Or nous sommes sur ce blog antiraciste, antisexiste, antispéciste, et certainement pas antihumaniste, mais notre planète ressemble à un gigantesque Titanic qui contient toute l’arche de Noé et qui est en train de sombrer. Qui faut-il sauver ? Les uns vont dire qu’il faut sauver la biodiversité, c’est-à-dire, s’ils sont logiques, qu’il faut limiter le nombre des humains et leurs besoins. D’autres, tendance extrême droite, vont dire que protéger leur fille est plus important que protéger leur nièce et la vie de leur nièce l’emporte largement sur celle des étrangères. C’est la tendance survivaliste ! D’autres, ou les mêmes, proclameront leur haine envers l’avortement au nom de la « vie » ; bien peu seront objecteurs de conscience pour « respecter la vie ». Alors les bandes armées continuent de massacrer un peu partout dans le monde. Ainsi va le vacarme humain sur notre bateau Terre, pas étonnant qu’en cas de naufrage quelque part, ce soit le chacun pour soi.

Pourtant il nous faut choisir, la crise systémique est là, le syndrome du Titanic est scientifiquement argumenté, il nous faut limiter le nombre de morts à venir. Dans le monde sauvage, la norme est celle de la non-intervention, comme en Syrie. Ainsi à Yellowstone, l’éthique du parc naturel interdit de venir à la rescousse du bison en train de se noyer dans la rivière gelée. Son cadavre, dévoré par les charognards, maintiendra le cycle de vie. Mais sur une planète anthropisée, les humains devraient se sentir responsables de ce qui arrive. Il faut limiter notre nombre. Nous devons redonner à la mort son statut ordinaire de passage obligé dans un monde surpeuplé en train de couler. A nous de choisir le plus démocratiquement possible qui doit mourir, du fœtus non désiré au vieillard grabataire, en passant par tous les autres cas. De toute façon la mort est notre destin, autant qu’elle soit utile.

LE MONDE du 21 août 2012, « Les femmes et les enfants d’abord », c’est de la blague

 

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l’animal dominant, évolution démographique et environnement

Résumé du livre « The Dominant Animal : Human Evolution and the Environment » de Paul et Anne Ehrlich (2008) :

Quarante ans après la publication de son livre The population Bomb, le scientifique Paul Ehrlich persiste et signe : la surpopulation – associée aujourd’hui à la surconsommation – est au centre de la crise environnementale à laquelle la planète est confrontée. Et il insiste : ce ne sont pas les solutions technologiques qui changeront quoi que ce soit.

En quelque 60 millions d’années, Homo sapiens est devenu l’animal dominant de la planète, acquérant un cerveau développé et, par-dessus tout, un langage structuré par une syntaxe et cette accumulation complexe d’informations qu’on appelle la culture. Malheureusement, au cours des siècles derniers, nous avons de plus en plus utilisé ce pouvoir pour épuiser le capital naturel de la planète, notamment ses terres agricoles profondes et riches, ses nappes phréatiques constituées durant les périodes glaciaires et sa biodiversité. Cette tendance est en grande partie due à la concomitance entre croissance démographique et augmentation de la consommation par habitant, une combinaison qui ne peut se poursuivre encore longtemps sans que risque de s’effondrer notre civilisation désormais mondiale.

L’impact négatif de notre espèce sur nos propres mécanismes régulateurs de la biosphère peut être plus ou moins rendu par l’équation I = P.A.T. Dans cette équation, la taille de la population (P) est multipliée par la consommation moyenne de ressources par individu (A pour « affluence »), elle-même multipliée par une unité de mesure de la technologie (T) qui actionne et entretient la consommation. Le produit de P, A et T est l’impact (I), une estimation du niveau de dégradation, par les hommes, des services écosystémiques dont ils dépendent.

A en croire les médias ainsi que les déclarations de nos hommes politiques, les problèmes environnementaux, tels qu’ils sont reconnus aujourd’hui, peuvent être résolus par des changements mineurs en matière de technologie et de recyclage (T). Des véhicules ultralégers et économes en carburant présenteront de toute évidence des avantages à court terme, mais au fur et à mesure que la population et la consommation augmenteront, ils rejetteront toujours plus de dioxyde de carbone (et de caoutchouc vaporisé) dans l’atmosphère. Aucune avancée technologique ne permettra que la population ou l’abondance matérielle continuent à augmenter. Et face à cet état de fait, il est pour le moins étonnant de traiter par le mépris les deux problèmes, pourtant si liés, de la population et de la consommation.

Chaque habitant qui vient aujourd’hui s’ajouter à la population provoque en moyenne plus de dégâts que la personne précédente sur les fragiles mécanismes de régulation de la biosphère, toutes choses égales par ailleurs. Et la raison est simple : Homo sapiens est devenu l’animal dominant grâce à son intelligence. Les paysans n’ont pas commencé par s’installer sur des sols pauvres où l’eau était rare, mais dans de riches vallées fluviales. C’est là que la plupart des villes se sont développées, là, donc, que les sols riches sont à présent recouverts pour construire des routes et des banlieues et que les sources d’approvisionnement en eau sont polluées ou surexploitées. Résultat : pour pouvoir supporter davantage d’habitants, il faut se déplacer vers des terres toujours plus pauvres, creuser des puits toujours plus profonds ou exploiter des sources toujours plus lointaines pour obtenir de l’eau. Il faut ensuite dépenser plus d’énergie pour transporter cette eau sur des distances toujours plus grandes afin d’approvisionner champs, habitations et usines.

Nos lointains ancêtres n’avaient qu’à se baisser pour ramasser du cuivre quasiment pur lorsqu’ils ont commencé à se servir des métaux ; aujourd’hui, il faut dépenser une énergie colossale pour exploiter les mines et faire fondre des quantités astronomiques d’un minerai de qualité toujours plus médiocre, la concentration en cuivre n’atteignant parfois pas un pour cent. Et il en va de même pour d’autres métaux importants. Quant au pétrole, on ne le trouve plus aussi facilement en surface ni même à proximité ; il faut désormais aller le puiser à plus d’un kilomètre de profondeur, souvent dans des endroits inaccessibles : sous des plate-formes continentales maritimes, par exemple. Et toutes ces activités de pavage, forage, production d’engrais, pompage, fusion et transport qui sont nécessaires pour que puisse consommer une population en pleine expansion produisent des gaz à effet de serre, renforçant le lien de cause à effet entre démographie et dérèglement du climat.

Alors pourquoi n’accordons-nous pas d’importance à la question de la surpopulation ? A droite, les tentatives gouvernementales de contrôle des naissances relèvent de l’anathème puisqu’on considère que le rôle de l’Etat dans les chambres à coucher doit se limiter à forcer les femmes à mener à terme les grossesses non désirées. A gauche, on craint, non sans raison, que le contrôle des naissances puisse avoir des relents racistes ou discriminatoires s’il est destiné, par exemple, à réduire le nombre de populations minoritaires ou pauvres. En outre, certains leaders religieux continuent à vanter la sur-reproduction auprès de leurs ouailles. Mais la responsabilité revient principalement à l’ignorance qui conduit les principaux médias, y compris des journaux comme le New York Times, à camper sur leurs positions natalistes. Ainsi, on pouvait lire dans un article du Times du 29 juin qu’on assiste actuellement à une chute des naissances dans les pays industrialisés, les Etats-Unis, dont la population continue à augmenter, constituant une « heureuse exception« .

Le silence qui entoure le facteur surconsommation (A) dans l’équation I=PAT est plus facile à expliquer. En effet, la consommation continue à être perçue comme un bienfait par de nombreux économistes, hommes d’affaires importants et hommes politiques, pour qui l’augmentation de la consommation est la panacée à tous les maux économiques. Trop de chômage ? Poussons donc les gens à acheter un 4×4 ou un nouveau réfrigérateur. La croissance perpétuelle est la raison d’être de la cellule cancéreuse, mais les économistes de bas étage n’ont pas d’autre idée. Certaines économistes de renom commencent pourtant à aborder la question de la surconsommation, mais le problème et ses solutions restent difficiles à analyser. Il faudrait donc que des chercheurs mettent au point des préservatifs anticonsommation ou encore une pilule du lendemain post-frénésie de soldes. Et, bien sûr, il y a la fâcheuse question de la consommation dans les pays pauvres. Une minorité non négligeable des pays émergents possède la richesse suffisante pour acquérir les habitudes de consommation des pays développés (par exemple : manger beaucoup de viande et acheter des voitures). La régulation de la consommation est bien plus complexe que celle de la démographie et il est nettement plus difficile de trouver des solutions humaines et équitables à ce problème.

Notre animal dominant est en train de gaspiller son intelligence et ses formidables accomplissements. En effet, le sort de notre civilisation est actuellement entre les mains de décideurs qui regardent délibérément du côté du confort et du profit immédiats. Il faut débattre et décider si nos congénères veulent un maximum de personnes sur terre vivre avec un niveau de vie minimum ou bien une population beaucoup plus restreinte qui permette aux individus d’avoir le choix entre plusieurs styles de vie. Comment parvenir à un changement qui concerne tout, depuis les politiques démographiques et la transformation des systèmes énergétiques, industriels et agricoles à travers le globe jusqu’aux relations Nord-Sud et interreligions en passant par les positions militaires ? Voilà bien un défi titanesque pour tout un chacun. Hommes politiques, industriels, écologistes, sociologues, simples citoyens et médias doivent participer aux débats. Est-ce possible ? Cela reste à prouver. Mais certaines sociétés ont accompli des transitions majeures dans un passé récent, comme le prouvent la révolution des droits civiques aux États-Unis ou l’effondrement du communisme en Union soviétique.

http://www.goodplanet.info/Contenu/Points-de-vues/La-bombe-humaine/%28theme%29/287 (09/04/2009)

NB : Paul et Anne Ehrlich font partie du Département de biologie et du Center for Conservation Biology de l’université de Stanford. Paul Ehrlich y est Professeur d’études démographiques et de sciences biologiques et Anne Ehrlich est Chargée de recherches.

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croisés de la dénatalité ou salauds de malthusiens ?

Il est si rare de vanter les mérites de la dénatalité que nous signalons l’article de Cécile Deffontaines, Les croisés de la dénatalité*. Voici quelques morceaux choisis :

« Alarmés par la croissance de la population mondiale, ces militants n’ont trouvé qu’une parade : arrêter de faire des enfants… On est sur le Titanic, on ne va pas faire monter plus de monde alors que le bateau est sur le point de couler… Un enfant européen a un coût écologique comparable à 620 trajets Paris-New York… Les militants de Démographie responsable défendent « la modestie démographique »… La loi française autorise la stérilisation depuis 2001… La beauté sauvage est en train de disparaître et ça me fait mal… L’homme, ce grand prédateur, accapare l’espace de ses frères quadrupèdes… Faire moins d’enfants autorisera ces derniers à en faire à leur tour. Sinon, il y a toutes les chances que le droit à l’enfant s’écroule… Nous sommes déjà trop nombreux et je ne veux pas mettre au monde une personne qui ne serait qu’un outil permettant à une petite élite de garder ses privilèges… Avoir des rapports sexuels protégés, c’est comme trier ses déchets : c’est faire un geste pour la planète… Pourquoi dans mille générations, ma millième descendante n’aurait-elle pas le droit de vivre dans les mêmes conditions que moi ? »

Malheureusement quelques expressions de l’article de Cécile Deffontaines démontrent que le processus anti-malthusien est toujours à l’œuvre dans les médias : « La pilule pollue, le préservatif n’est pas biodégradable, voici donc la solution : la stérilisation… Les forcenés de la grève de l’utérus… Pas d’enfants de la vie, un rêve pour ces angoissés de l’hyperfertilité… Ces pythies de la non-reproduction… Thomas Malthus proposait un contrôle des naissances, mais aussi l’arrêt de toute aide aux pauvres… Prôner la grève du ventre, c’est donc, au mieux, passer pour un pessimiste. Au pis, pour un eugéniste… Les militants « No Kids » suscitent souvent l’hostilité et s’attirent des insultes… Salauds de malthusiens. »

* Les croisés de la dénatalité (« le Nouvel Observateur » du 9 août 2012)

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la décroissance est-elle malthusienne ?

Au paléolithique supérieur, il y a 40 000 ans environ, l’Europe n’était peuplée que de 5 000 habitants environ. Après  une stabilité démographique pendant 30 000 ans, il faut attendre le début du réchauffement climatique (entre – 17 000 et – 11 000) pour que la population atteigne en moyenne 28 000 personnes. Aujourd’hui l’Union européenne compte plus de 500 millions d’habitants. Cette explosion démographique était-elle souhaitable ? Au sommet de sa puissance économique, l’humanité continue de fomenter des guerres et fabriquer des affamés. Est-ce que nous voulons  de ces pertes humaines ? Comment débattre ?

Constatons d’abord que Malthus est un personnage déconsidéré en France. La reprise de la natalité y est considérée comme une victoire. Paradoxe, certains tenants de la décroissance estiment même qu’il y a trop d’automobiles mais certainement pas trop de personnes. Constatons aussi que la population mondiale augmente ces dernières décennies d’un milliard à peu près tous les douze ans. Il y a de fortes chances de dépasser les 9 milliards en 2050. Constatons enfin les impasses de la production alimentaire : les terres cultivables le sont maintenant dans leur presque totalité, les modes de production deviennent insoutenables, l’eau commence à manquer, les pesticides s’accumulent… Les innovations techniques peuvent-elles être considérées comme des progrès réels, ou comme la tentative désespérée d’adapter les ressources à une population qui se veut libre de toute détermination naturelle ?

La question démographique est vaste, elle englobe aussi bien les problèmes de fécondité que la question agricole  et techno-scientifique, tant la nourriture matérielle que les nourritures spirituelles, elle oscille entre revanche des berceaux et nulliparité, entre droits des femmes et devoirs des immigrés… Finalement, est-il possible de causer sereinement des conditions de vie de nos générations futures ?

Entropia, revue théorique de la décroissance, a déprogrammé son numéro qui devait s’intituler « La décroissance est-elle malthusienne ? ». Il y a des débats qui fâchent, même parmi les théoriciens de la décroissance !

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Deux milliards d’êtres humains, pas plus

Nous trouvons regrettable l’article d’Harold Thibaut*. On ne peut pas bâtir un raisonnement sur « deux femmes victimes d’avortements forcés en Chine ». Mettre en évidence la photo de l’une d’elles, épuisée aux côtés du fœtus, est juste digne du mouvement anti-avortement pro-life. Il n’existe pas de « droit universel à se reproduire », seulement le réalisme de l’article 25 de la Constitution chinoise : « L’État encourage la planification familiale pour assurer l’harmonie entre la croissance démographique et les plans de développement économique et social. »

La politique de l’enfant unique était une nécessité en Chine, même si ses dérives sont condamnables.  Rappelons-nous la problématique de Richard Heinberg (Pétrole, la fête est finie !) : « Combien d’êtres humains l’agriculture post-industrielle sera-t-elle capable de nourrir ? Une estimation précautionneuse serait : autant qu’elle pouvait en faire vivre avant que l’agriculture s’intensifie, c’est-à-dire la population du début du XXe siècle, soit un peu moins de 2 milliards d’êtres humains. »

*LE MONDE du 14 juillet 2012, En Chine, l’achat du silence pour des avortements forcés

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