démographie

bienfaiteur de l’humanité ?

Norman Borlaug aurait, paraît-il, sauvé un nombre incalculable de vies humaines en contribuant à vaincre des famines par ses semences à haut rendement (« révolution verte »). Mais son innovation n’a fait qu’entretenir la course sans fin  entre ressources alimentaires et population humaine. Alors que Borlaug vient de mourir (rubrique Disparitions du Monde du 18 septembre), on va consacrer mi-novembre un nouveau « Sommet mondial sur la sécurité alimentaire » dont l’objectif sera d’éradiquer la faim de la surface de la terre ! Notre mémoire collective est courte, un rapport de la FAO se terminait déjà par cette promesse en 1974 : « Dans dix ans, sur cette terre, aucun homme, aucune femme, aucun enfant n’ira au lit le ventre vide ». Nous avons aujourd’hui plus d’un milliard de personnes qui ne mangent pas à leur faim. Dans dix ans ce sera pire. Pourquoi ?

            Parce que la révolution verte nécessite beaucoup d’intrants artificiels (engrais, pesticides) dont l’approvisionnement deviendra aléatoire et coûteux avec le renchérissement du pétrole. Parce qu’elle repose sur la monoculture, méthode dangereuse de production, à la merci du développement d’un insecte résistant. Parce que, conséquence de ce qui vient d’être dit, les petits producteurs ont été écartés de cette « révolution » productiviste et capitalistique, ce qui entraîne exode rural et bidonvilles. Parce que tout accroissement de la production agricole alimente la pullulation humaine, exempte de tout prédateur.

            Soulignons que Borlaug était bien conscient de la relation perverse entre démographie et alimentation. Aux critiques, il répondait que le problème n’était pas le développement de nouvelles techniques agricoles, mais la non-maîtrise de la croissance démographique. Ce n’est pas d’un sommet alimentaire dont nous avons besoin, mais d’un sommet sur la population qui n’aurait pas peur d’affronter les tabous et de prôner méthodes contraceptives et éducation de la population aux risques de la surpopulation.

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surpopulation en 2050

7 Milliards de terriens en 2012 (LeMonde du 26 août). Moi, ça m’affole. Pas mon journal préféré qui se  réjouit du regain de natalité dans les pays industrialisés (une « embellie », est-il suggéré) ! Il est vrai que l’article nous fait croire que 2,1 enfants par femme est un seuil critique : « Cet élan nataliste ne suffira pas à empêcher l’Europe de connaître rapidement – vers 2015 ou 2020 – un nombre de décès plus important que celui des naissances ». Donc la population des riches décroîtra, est-ce néfaste ? Non, car l’empreinte écologique diminuera et le Nord ne consommera plus potentiellement que 3 planètes et neuf dixièmes au lieu de 4 planètes et des poussières. Oui, car le vieillissement sera spectaculaire : d’ici à 2050, le nombre des plus de 65 ans devrait tripler. Mais la recette est simple et connue, demandez à Sarko : « Travailler plus ». Travailler plus ? Si le chômage ne connaît pas la crise vers 2015, 2020 et 2050 !

9,4 milliards de terriens en 2050, la bombe P a vraiment explosé : trois milliards de terriens supplémentaire en cinquante ans seulement. Imagine que la France passe de 60 millions à 90 millions en cinquante ans avec la croissance en berne ! Quelle serait alors ta position sur l’immigration, sur l’incapacité du système scolaire à faire face à cet afflux et sur la tension sur le marché de l’emploi ? Dans quarante ans, l’Afrique devrait même dépasser les 2 milliards d’occupants, ce qui représente un doublement de sa population. Sans doute que l’espèce homo sapiens, qui se veut au-dessus des règles de coexistence pacifique avec le reste de la planète, préfère les guerres, les famines et les différences d’espérance de vie ?

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l’Allemagne décroît, chouette !

Avec son article « L’instauration d’un salaire parental n’a pas stimulé la natalité allemande » (LeMonde du 8 août), Marie de Vergès est vraiment à classer au nombre des repopulateurs. Ses expressions ne peuvent tromper : « Avec une moyenne de 8.2 naissances pour 1000 habitants, l’Allemagne est la lanterne rouge » (…) «  Avec un taux de fécondité de 1.36, l’Allemagne stagne par le bas » (…) « L’Allemagne observe avec inquiétude le déclin de sa démographie ». Elle prend parti, sans doute s’en sans rendre compte ; la mentalité française de l’élite qui pense à notre place est telle que le recul de la population allemande (168 000 personnes en 2008) paraît une abomination.

Je fais d’abord remarquer qu’il reste encore en Allemagne 82,1 millions d’habitants, soit autant que la population mondiale totale qui a explosé avec la révolution néolithique (80 millions de personnes il y a 8000 ans). Plus de 80 millions d’énergivoraces aujourd’hui sur un petit territoire, ce n’est pas rien, surtout avec le niveau actuel de consommation de l’Allemand moyen (il faudrait trois ou quatre planètes pour pouvoir se hisser tous à ce niveau). Ensuite les Allemands eux-mêmes ne s’inquiètent pas vraiment de la baisse de leur population au contraire de la ministre de la famille avec ses sept enfants (bien que médecin, aucune maîtrise de sa propre fécondité). Sa probable remplaçante, Manuela Schwesig, paraît plus perspicace : elle préconise de cesser d’examiner à la loupe les statistiques de la natalité pour davantage s’occuper des enfants qui « sont déjà là ». Et ce n’est pas parce qu’on multiplie le nombre de crèches pour permettre aux mères de devenir salariées qu’on fait le bonheur d’une famille.

Le message de Malthus, c’est-à-dire l’équilibre à préserver entre la population humaine et les ressources offertes par la Biosphère,  est toujours d’actualité. Je conseille à Marie de Vergès de lire « Essai sur le principe de population ».

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morale minimaliste

Pour Ruwen Ogien, directeur de recherche au CNRS, l’éthique se doit d’être minimaliste : « Elle pourrait se résumer à un seul principe, ne pas nuire aux autres, rien de plus. L’idée d’un devoir moral à l’égard des autres ne pose pas de problème logique ou conceptuel, alors que celle d’un devoir envers soi-même en soulève beaucoup. De ce point de vue, les torts qu’on se cause à soi-même ou à des adultes consentants n’ont pas d’importance morale » (LeMonde des livres, 17 juillet). Il plaide donc pour la dépénalisation de l’euthanasie, le champ libre au  clonage humain reproductif, la liberté de procréer pour les homosexuels et les femmes âgées, l’autorisation de la gestation pour autrui. Constatons qu’il donne un droit à mourir dans la dignité, mais surtout la liberté de faire des enfants quand on veut, comme on veut.

Ruwen Ogien ne considère en fait qu’une biosphère peuplée uniquement d’humains, libre de faire tout ce qu’ils désirent du moment qu’ils ne nuisent pas à autrui. Mais les humains ne sont pas seuls sur notre petite planète, ils empiètent par leur nombre et leur activisme sur les autres espèces. Un autre philosophe de l’éthique, Arne Naess, estime que « la richesse et la diversité des formes de vie sont des valeurs en elles-mêmes ». Il en tire la conclusion que nous ne sommes pas libres de faire des enfants quand on veut, comme on veut : « L’épanouissement de la vie et des cultures humaines est compatible avec une diminution substantielle de la population humaine. L’épanouissement de la vie non-humaine requiert une telle diminution ». 

Arne Naess me semble moins anthropocentrique et beaucoup plus moral que Ruwen Ogien…

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pour une Russie moins peuplée

Je ne vois pas en quoi « le déclin de la population » serait un « défi majeur pour un pays qui veut retrouver son rang de grande puissance ». Selon LeMonde du 16 juillet, l’ambition russe serait minée par un désastre démographique. Le quotidien transforme en mal ce qui n’est qu’un bien : toute décroissance de la population humaine allège pour partie le poids démesuré que fait peser l’espèce humaine sur les écosystèmes. Ce n’est pas parce qu’on ressasse depuis des centaines d’année qu’ « il n’y a de richesse que d’hommes » (Jean Bodin, 16e siècle) que cela en fait une vérité Déjà la bible nous incitait à croître et multiplier : fariboles et croyances insensées !

La Russie perdrait sans doute 11 millions de personnes entre 2008 et 2025, il en restera quand même 131 millions, et plein d’ogives nucléaires. Ce n’est pas la quantité d’homme qui fait la puissance, c’est la sagesse de sa technique et la qualité de sa population. Je préfère une biosphère peuplée de quelques millions de personnes en harmonie avec la nature plutôt que saturée par des centaines de millions d’alcooliques et de jeunes sans avenir sur une planète surpeuplée.

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Obama est-il schizo ?

Obama est schizophrène. Il peut promettre une aide alimentaire de 20 milliards à l’Afrique et affirmer dans le même temps que les Africains doivent être responsables d’eux-mêmes (LeMonde du 12-13 juillet). Pourtant chacun sait que pour devenir responsable, il faut lancer son propre filet de pêche, pas importer des poissons. Qu’Obama commence d’abord à supprimer les subventions versées aux agriculteurs américains, et les Africains commenceront à pouvoir aller vers leur souveraineté alimentaire. Que l’Afrique s’occupe de son agriculture vivrière et pas de ses cultures d’exportation ; que l’Afrique consolide  ses circuits commerciaux courts et n’attende pas de rentes du tourisme ou des multinationales pétrolières ; que l’Afrique ne singe pas le mode de vie américanisé et retrouve ses solidarités coutumières ! Alors son autonomie sera plus durable. Il faudrait ajouter que toute problématique alimentaire est indissociable de l’évolution démographique.

Obama s’engage auprès du pape à « faire tout son possible pour réduire le nombre des avortements ». Il ferait mieux de déclarer à l’Afrique que le préservatif sert autant à limiter les naissances qu’à éviter les avortements. Il n’y a pas de sécurité alimentaire quand la population progresse plus vite que ses ressources alimentaires.

Obama devrait lire Malthus plutôt que fréquenter Benoît 16. Obama, c’est un peu mieux que George W.Bush, mais ce n’est pas encore l’idéal.

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école des parents

Ecole des parents ou cirque médiatique ? La téléréalité s’empare de vrais bébés en Allemagne (supplément télévisons du Monde, 25 au 31 mai). Des adolescents de 16 à 19 ans se voient confier un vrai bébé pendant quatre jours. Il est vrai que de plus en plus de couples mettent au monde des enfants sans avoir la maturité requise. Mais ce n’est pas un show télé qu’il faut mettre en place, tout au contraire une vraie école des parents, systématique et  généralisée. L’idée est ancienne.

En 1971 dans La Bombe P, Paul Ehrlich réclame une loi qui rende obligatoire l’éducation sexuelle. Quand il parle d’éducation sexuelle, il ne pense pas à des cours d’hygiène ou bien des histoires du genre « fleurs et papillons ». Il s’agit de présenter la fonction reproductrice comme une composante parmi d’autres de l’activité sexuelle, qui demande à être maîtrisée selon les besoins de l’individu et de la société. Selon lui, l’humanité devrait trouver le moyen de réduire l’importance conférée au rôle reproductif du sexe. Il s’agira en particulier de découvrir des valeurs nouvelles pour remplacer ce sentiment de plénitude que la femme retire du don de la vie, et cette satisfaction de l’ego engendrée chez le père par le spectacle d’une nombreuse progéniture. Il s’agit en fait de politique démographique destinée à décourager la natalité. Un bureau de la Population et de l’Environnement devrait être créé pour apprécier le niveau de peuplement optimal, et préconiser les mesures permettant d’y arriver. Ce BPE devrait coordonner politique démographique, protection de l’environnement et gestion des ressources.

Il ne s’agit pas de mesurer médiatiquement la  capacité des adolescents à pouponner, il s’agit de leur faire prendre conscience des enjeux globaux dans un contexte de surpopulation humaine.

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échapper au marché

La gestation pour autrui est en débat, LeMonde du 23 mai y consacre plus de deux pages. Comme d’habitude, il y a le pour et le contre, le Conseil d’Etat donne son avis, experts et associations s’étripent, rien n’est résolu. Reconnaissons que c’est là la caractéristique de notre démocratie, un lieu a priori vide dans lequel le dernier consensus social va faire force de loi…temporairement. La légitimité, toujours en mouvement, devient légalité, puis une nouvelle légitimité apparaît qui transforme les textes de loi et ainsi de suite. Normal. Mais il y a certains principes qui ne devraient pas bouger, des catégories servant de fondement aux décisions judiciaires, des référents universels, des valeurs qui nous permettent en soi de classer le bien et le mal.

Pour les partisans de la GPA (des multiples formes de procréations médicalement assistées), il s’agit de combler le désir d’enfant d’un couple stérile. Dans ce cas, les valeurs sur lesquelles reposent sur la primauté du choix individuel et l’importance de l’enfant. Mais le sens ultime du droit devrait être le primat de la responsabilité collective sur la liberté des personnes ; nos choix individuels ne peuvent oublier les nécessités sociales. Il n’y a pas de solidarité sociale à avoir en matière de couples stériles. En effet, puisque notre planète est surpeuplée, le toujours plus en matière de nombre d’enfants n’est pas une sage décision. Si une femme  comprend que son destin de femme n’est pas de faire des enfants, elle accepte sa stérilité en se consacrant aux enfants des autres ou à toutes les autres activités qui s’offrent à elle. Si une femme est suffisamment intoxiquée par la « nécessité » d’être mère, elle peut toujours adopter un enfant. Notre solidarité doit s’exercer pour supporter au mieux la détérioration de nos écosystèmes et les pressions socio-économiques que la société thermo-industrielle multiplient contre nous. Pas pour satisfaire des egocentrismes.  

Notre société libérale actuelle raisonne comme si tout devait se comporter comme un marché. Il y a une demande d’enfant, il suffit donc de fabriquer une offre. Peu importe le prix financier, socio-psychologique et écologique à payer. Accepter sa stérilité, c’est tout au contraire échapper au marché, c’est valoriser le sens de sa responsabilité collective dans ses choix individuels. Construire un avenir durable, telle est la valeur fondamentale qui devrait guider notre appareillage législatif.

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l’affreux Malthus

Critique d’un vieux livre, dix ans déjà, de Jean Ziegler, la faim dans le monde expliqué à mon fils. Il est vraiment  dommage que notre société ne se rende pas compte à quel point les thèses malthusiennes ont aujourd’hui toute leur validité. 

Le dialogue commence fort mal :

« – Je n’arrive pas à comprendre comment, à l’approche de l’an 2000 et sur une planète si riche, tant de gens continuent à mourir de faim.

« – Tu as raison, Karim. » 

Jean Ziegler suppose que son fils Karim sait de source sûre que notre planète est riche. Mais la richesse est-elle d’argent ? On peut déjà douter : notre planète regorge de monnaie, mais cela ne veut pas dire grand chose quand on a connu le tsunami financier de 2008. La richesse est-elle celle de la productivité des sols ? Notre biosphère connaît un déséquilibre croissant des écosystèmes, la détérioration de la biomasse, l’épuisement des ressources fossiles qui comptent tant dans le rendement agricole actuel, la pénurie croissante d’eau dont l’agriculture a pourtant tant besoin. Notre planète n’est pas riche, elle est percluse de dettes monétaires et écologiques : les pauvres survivent dans l’économie informelle, les riches vivent à crédit, l’empreinte écologique de l’humanité dépasse déjà les possibilités de la planète. D’ailleurs Ziegler termine son ouvrage sur les réfugiés écologiques suite à la désertification, la déforestation et le déséquilibre climatique.  

Jean Ziegler se situe a priori du côté de Marx contre Malthus : « Les capacités de production – y compris agricoles – de l’humanité sont développées d’une façon extraordinaire. Il n’y plus aujourd’hui un manque objectif de biens, comme le disait Marx, il y a surabondance ». Son attaque contre Malthus est proche de la diffamation : – Ziegler : Une théorie fait des ravages en Occident : celle de la sélection naturelle. C’est une théorie perverse ! Le nombre des hommes sur Terre augmentant sans cesse, les famines assureraient une sorte de fonction régulatrice. 

– son fils : Qui a inventé une théorie aussi affreuse ?

– Ziegler : C’est un pasteur anglican du nom de Thomas Malthus qui a vécu en Angleterre à la fin du XVIIIe siècle.

– Comment a-t-on pu croire à la théorie de ce Malthus ?

– La réponse est simple, Karim. Cette théorie est archi-fausse, mais pour calmer leur mauvaise conscience, certains se raccrochent à la pseudo-science de Malthus qui permet de refouler l’horreur. »

Avec cette présentation, Jean Ziegler montre une méconnaissance totale de Malthus. Il suffit d’ouvrir le petit Larousse illustré de 2000 pour s’apercevoir que le terme malthusianisme veut dire simplement « Toute doctrine préconisant une restriction de la procréation ». Malthus veut éviter les « obstacles destructifs » ou mode naturel de régulation comme la famine, les guerres et les épidémies. En termes modernes, Malthus préfère la prévention et serait un chaud partisan du planning familial ! De plus la sélection naturelle dont parle Ziegler n’est pas de Malthus, c’est l’idée centrale de Darwin*. Paradoxalement, Ziegler lui-même trouve qu’une sélection est parfois inévitable, par exemple en Ethiopie pour faire le tri entre ceux qui avaient une chance de survivre et ceux qui allaient mourir à brève échéance :

– Comment ose-ton refuser de la nourriture à un enfant qui meurt de faim ?

– La sélection, Karim ! Ce petit ruban de plastique qui se referme autour du maigre poignet du petit squelette. Et l’infirmière qui doit dire à une mère : « Ton enfant est trop atteint, nos rations sont en nombre limité, et je ne peux lui donner le bracelet ». Ce que j’ai vu, il y a quinze ans, en Ethiopie, se reproduit actuellement tous les jours, du Tchad au Soudan, de la Sierra Leone à la Somalie. 

Quant à l’idée de Ziegler de « calmer la mauvaise conscience », elle est extraite quasi-directement d’un commentaire de Karl Marx en 1848 : « La théorie malthusienne, appelée volontiers loi naturelle, à savoir que la population croit plus vite que les moyens de subsistance, a été accueillie par le bourgeois avec d’autant plus de faveur qu’elle tranquillise sa conscience, qu’elle fait de la dureté de son cœur un devoir moral, transforme des conséquences sociales en conséquences naturelles, et qu’elle lui fournit enfin l’occasion de regarder sans remuer le petit doigt la ruine du prolétariat du fait de la famine avec la même tranquillité que d’autres événements naturels. Elle lui permet de considérer la misère du prolétariat comme étant de sa propre faute ; le prolétariat n’a qu’à mettre un frein, n’est-ce pas, par sa raison, à l’instinct de nature et empêcher par son contrôle moral la loi naturelle de prendre un développement pernicieux. »

Marx croyait qu’il suffisait de faire la révolution en supprimant le capitalisme pour que chacun puisse obtenir selon ses besoins. Nul besoin de se préoccuper de savoir si les rendements agricoles seront durablement suffisants pour nourrir une population croissante. Nul besoin pour Ziegler de mesurer le potentiel agricole de la planète. Or nous ne pouvons parler de la faim dans le monde que si nous analysons en même temps l’évolution des ressources alimentaires et l’évolution de la démographie humaine. Et je ne dirai rien de plus sur le fait que l’anthropisation des sols nécessaire à l’activité humaine réduit dangereusement la biodiversité. L’ouvrage de Ziegler est seulement centré sur le constat de famine ici et là dans le monde pour affirmer que la faim n’est pas une fatalité « si la distribution des aliments sur la Terre était juste ».

Selon Ziegler, s’il n’y avait plus de seigneurs de la guerre, s’il y avait des gouvernements dignes de ce nom, s’il n’y avait pas une oligarchie avide… les forces de production agricole pourraient nourrir sans problème plus de 12 milliards d’êtres humains. Il n’y a aucun démonstration d’une telle générosité de la Nature car pour Ziegler, ex-rapporteur de l’ONU pour le droit à l’alimentation, le Programme alimentaire mondial de la FAO pourrait assurer une distribution équitable de la nourriture sur terre. Mais il ajoute qu’en 1998, le PAM a dû interrompre son aide dans certains lieux faute de moyens. Il précise qu’un quart de la récolte céréalière mondiale est chaque année utilisé pour nourrir les bœufs des pays riches et que les spéculateurs de la Bourse de Chicago manipulent les prix des céréales à leur guise. Mais Ziegler ne fait aucun publicité pour les végétariens et se garde bien de condamner le système capitaliste libéral.

Il pense même que les combattants de la faim prolongent les guerres et nourrissent les assassins. La nourriture n’arrive pas toujours aux plus démunis, elle est détournée. Mais « la vie d’un enfant n’a pas de prix. Et tant pis si les assassins prélèvent leur part sur le chargement d’un  cargo ». Le problème avec ce type de raisonnement, c’est qu’on panse quelques plaies à court terme, mais qu’on laisse les causes de la famine amplifier leurs effets. Notons aussi avec Ziegler que l’arme alimentaire est utilisée autant dans les pays pauvres que par les pays riches ou des sociétés multinationales. C’est tout l’ensemble des rapports géopolitiques qu’il faudrait revoir. Distribuer quelques sacs de farine ne sert à rien ou presque. 

L’ouvrage de Ziegler est incantatoire, comme le fut le rapport de la FAO en 1974 qui se terminait par cette promesse : « Dans dix ans, sur cette terre, aucun homme, aucune femme, aucun enfant n’ira au lit le ventre vide ». La famine est devenue structurelle, les solutions ne peuvent que passer par la mise en œuvre de tous les moyens d’y remédier. L’héritage de Malthus et de Marx n’est pas contradictoire, il est complémentaire : lutte contre les inégalités, lutte contre les gouvernements corrompus, lutte contre l’appropriation privée des biens communs, mise en place du planning familial, de la liberté de contraception et de l’interruption volontaire de grossesse, éducation des citoyens qui doivent connaître l’état désastreux de la planète que la surconsommation des pays riches arrive si bien  à cacher. Et le message essentiel à défendre doit être fortement exprimé :

Il ne sert à rien de donner aux affamés du poisson quand on fait en sorte de leur interdire de pêcher. 

* Pour être plus précis,  Darwin écrit dans Life and letters que l’idée de la sélection naturelle lui est venue en lisant L’Essai sur le principe de population de Malthus. En effet, on peut retrouver dans les thèses malthusiennes les prémices du concept de « struggle for life ». Le révérend Malthus applique l’idée de lutte pour la vie à la lutte des populations pour l’espace : c’est un penseur de la rareté et la rareté fait pression, elle sélectionne. De son côté, Darwin fait de la lutte pour la vie, la lutte des populations pour l’espèce : la lutte pour l’existence chez les animaux et plantes amène une sélection naturelle ou encore la survivance des espèces les plus adaptées. En fait, Malthus avait mis l’accent sur l’aspect quantitatif de la population.

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ils préfèrent le H1N1

En 2006, le directeur de l’OMS pour l’Europe Marc Danzon, en était sûr : « Aucun expert n’a laissé espéré que la pandémie aviaire n’arrivera pas un jour. L’incertitude porte sur le degré de sévérité qu’elle revêtira. Dans les dix ans à venir, il y aura une pandémie due à un virus qui se sera échappé du règne animal. » Mais qui est responsable ? Les oiseaux sauvages ont été accusés d’être la source du H5N1 aviaire. En fait le responsable était l’élevage des volailles en batterie. Maintenant surgit un H1N1 porcin. Le risque pandémique lié au H1N1 actuel est lié comme celui du virus aviaire de la trop grande concentration des cochons en batterie. La source de l’épidémie actuelle serait en en effet les élevages de porcs aux conditions d’hygiène scandaleuses, charognes pourrissant à l’air libre, excréments polluants directement les environs (dixit LeMonde du 29 avril).

Cette vie de cochons est à l’image de la vie des poules qui est à l’image de la vie des humains comme l’exprimait si bien  Armand Farrachi dans son livre Les poules préfèrent les cages : « L’objectif à peine dissimulé de l’économie mondialisée est de soumettre le vivant aux conditions de l’industrie. En ce sens le sort des poules en cage, qui ne vivent plus nulle part à l’état sauvage, qui n’ont plus aucun milieu naturel pour les accueillir, augure ainsi du nôtre. Il est possible dans notre monde actuel de prouver que les poules préfèrent les cages, que les otaries préfèrent  les cirques, les poissons les bocaux, les Indiens les réserves, les humains les cités. Si les poules préfèrent les cages, on ne voit donc pas pourquoi les humains ne préfèreraient pas les conditions qui leur sont faites, aussi pénibles, aussi outrageantes soient-elles, à une liberté dont ils ne sauraient faire bon usage et qu’ils retourneraient contre eux-mêmes. Les instituts de sondage, les enquêtes d’opinion et les études de marché prouvent statistiquement qu’un citoyen normal préfère l’anesthésie des jeux télévisés et des parcs de loisirs pour se sentir en sécurité, ne pas éprouver de douleur, ne pas présenter de symptômes d’ennui et de frustration. Il importe peu de savoir comment la volaille humaine s’épanouirait au grand air, mais à quel prix elle préférerait une cage.  »

Concentration des poules, concentration des porcs, concentration des hommes, camps de concentration. Pourquoi avoir refusé de voir cette continuité ? Pourquoi la génération actuelle admet-elle l’inadmissible ? Les humains mettent en place tous les ingrédients d’apparition d’un virus mortel. Les humains préfèrent le H1N1 !

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mettez un préservatif

Pour qui réfléchit, il est absolument anodin que le pape ait dit ceci ou cela. Benoît 16 n’est qu’un humain ordinaire qui dit comme tout un chacun des conneries : « On ne peut résoudre le problème du sida en distribuant des préservatifs : au contraire, cela augmente le problème » (LeMonde du 21 mars). Il dit même des conneries sur une question dont il savait à l’avance qu’elle lui serait posée. Josef Ratzinger est vraiment un humain ordinaire.

Moi, ce qui m’horripile vraiment, c’est que tout le monde semble oublier que le préservatif n’a pas été inventé pour lutter contre le sida ! Le préservatif est d’abord un moyen de contraception. Mais la propagande antinataliste est interdite, que ce soit par l’Eglise catholique, le culte musulman ou la plupart des pays dont la France. Je rappelle l’article 5 de la loi n° 67-1176 du 28 décembre 1967 relative à la régulation des naissances : « Toute propagande antinataliste est interdite. Toute propagande et toute publicité commerciale directe ou indirecte concernant les médicaments produits ou objets de nature à prévenir la grossesse ou les méthodes contraceptives sont interdites, sauf dans les publications réservées aux médecins et aux pharmaciens ».

Je rappelle que le premier fléau qui pèse sur la biosphère, c’est la pullulation humaine. Frères humains de tous les pays, mettez un préservatif à défaut d’autres moyens de contraception. Frères humains, limitez le nombre des naissances et la planète en sera soulagée…

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Alzheimer et DMD

En ce jour où Le Monde ne paraît pas pour cause de grève, je m’interroge sur le DMD, droit de mourir dans la dignité. Qu’en est-il de ce problème philosophique que pose la maladie d’Alzheimer ? Les patients  restent-ils des « êtres sociaux » comme le postule le livre de Fabrice Gzil (LeMonde du 18 mars) ?

Le témoignage d’un ami : « En ce qui concerne ma femme, elle a commencé à « débloquer » à qq occasions (hallucinations devant la télé, perte d’objets qu’elle accusait tel ou tel de le lui avoir volé, avant de le retrouver sans en informer ou s’excuser, expulsion d’amis sans motif) dès 1996. Dès 97 j’avais fini par m’inquiéter de ses clashs, et après une émission TV sur le sujet je n’avais plus de doute et en janvier 98, tous les examens (scanner et autres) ne permettaient plus de doute. Même après le diagnostic, Annie n’a jamais fait allusion à sa maladie, attribuant ses absences de mémoire à « sa tête de linotte », et sa non-activité extérieure et intérieure à de la « fatigue ».

A partir de 98, Annie a progressivement et en douceur, sans qu’on s’en aperçoive et qu’elle le signale, arrêtez toutes ses activités habituelles : religieuses (catéchismes, prières, messes quotidiennes, etc.) qui l’occupaient pq entièrement, courrier, téléphone, utilisation de la voiture, cuisine, pour finir par le repassage. Par contre, demande de promenades à pied quotidiennes et premières fugues en France et à l’étranger… En 2000, elle devient incontinente de nuit jq au jour où elle devient incontinente de jour dans des endroits (église, voiture) où cela pose pb. On finit par rester à la maison. Et en avril 2004 j’ai dû me résoudre, la mort dans l’âme, à la placer en maison de retraite. Au début, et pt 2 ans nous faisions le tour du parc en échangeant qq paroles : je l’informais de tt ce que faisait la famille. Puis les promenades se sont progressivement raccourcies car elle montrait de la fatigue, puis se sont arrêtées…

Dernière étape : avril 2007 crise d’épilepsie, phlébite et embolie cérébrale, hôpital où on « la sauve », alors que je n’avais cessé de demander, à notre médecin traitant, à la maison de retraite , à l’hôpital, « pas d’acharnement thérapeutique ni pour elle ni pour moi ». J’avais mm écrit un texte confirmant ma demande, mais personne n’a voulu accepter ce manuscrit (les médecins ayant même refusé de me donner le formulaire officiel pour une telle demande). Depuis on dit qu’« elle a oublié de marcher », elle est en fauteuil roulant, ne parle plus sinon en chantonnement monotone et refuse les bises. Je ne sais pas si elle me reconnaît, on me dit que si, et aussi qu’on ne peut savoir ce qui se passe pas dans sa tête, elle ne souffre pas, est souriante en général avec des passages au noir, où elle semble totalement absente. Depuis qu’elle est en maison de retraite ma psy que je vois une fois par trimestre m’encourage à ne plus aller la voir : « elle n’est plus là », me dit-elle. Mais elle ne m’a pas encore convaincu, d’autant plus qu’il y a tj des pb à régler, administratifs, paiements, vêtements etc.

Pour en revenir à la question posée par l’Alz. souvent je souhaiterais son absence plutôt que sa maladie. Et durant les 1ères années de sa maladie, durant les nuits, mon cerveau élucubrait toutes sortes de scénarios pour qu’on puisse partir ensemble sans souffrir et pt que l’amour nous faisait encore vivre. Mais je n’ai jamais réussi à trouver le bon, et malgré moi j’ai continué à tt faire sans réfléchir ni décider, pour profiter jq au bout des dernières étincelles de sa vie humaine, en espérant partir avant elle. Donc, quand aurait-il été judicieux d’abréger les souffrances qu’elles nous imposent par son état infra-humain ? Avant la mise en maison de retraite ?

Je me suis posé la question cruciale de savoir si les personnes atteintes d’Alzheimer se rendaient compte de leur atteinte et donc pouvaient préparer leur avenir, voire leur fin. La réponse est claire, et je l’ai déjà entendue qq part : la prise de conscience de la maladie est directement liée au niveau d’intelligence du sujet, à ses activités mentales, etc. Id est, plus on est « intelligent » et actif intellectuellement et plus on a de chances de découvrir son mal dès qu’il apparaît. Bruno Bettelheim, la grande référence en pédo-psychiatrie des années 60-70 s’étant aperçu qu’il était atteint d’Alzheimer, préféra se donner la mort. En résumé, soit on a, grâce à ses capacités et activités intellectuelles, les avertissements des premières atteintes et on peut à ce moment-là, si on le décide, mettre un terme à une vie qui, de toute façon va vers sa fin en perdant de jour en jour sa richesse d’humanité ; mais comment ? Cela reste pour moi le très grand problème, le problème n°1 en ce début du XXI° s, qu’aucune des sociétés précédentes n’a été capable d’affronter. Pour moi je revendique et le ferai jq au bout le droit à ma mort. En attendant que l’hypocrisie sociale, politique, médicale et religieuse prenne fin, en souhaitant à nos gouvernants actuels qui font barrage aujourd’hui, de crever de la pire des façons quand leur tour sera venu, et qu’alors ils ne trouvent pas plus de compassion qu’ils n’en montrent aujourd’hui.

Histoire complémentaire : Le romancier flamand Hugo Claus a choisi de mourir par euthanasie alors qu’il n’était qu’au premier stade de la maladie d’Alzheimer (LeMonde du 21 mars 2008). Il a déterminé le moment de sa mort, la Belgique ayant légalisé le droit à mourir. Mais il ne souffrait pas, il était loin du terme ultime de sa maladie, il était encore en pleine possession de ses moyens.

Encore une fois des questions fondamentales se posent : à partir de quel moment un individu peut-il disposer librement de sa vie ? Avec quelle aide de l’Etat de droit ? Et comment, avec une potion létale qu’on pourrait trouver en pharmacie ?

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la voix de Leridon

Enfer et abomination. Le titre qui barre la page du Monde du 7 mars ne fait pas dans la dentelle : « Les programmes de contrôle des naissances ne sont plus d’actualité ». C’est ainsi que s’exprime la voix ainsi officialisée du démographe Henri Leridon, premier titulaire de la chaire développement durable du Collège de France. Mais dans l’interview, nulle trace d’une quelconque préoccupation environnementale, pourtant au cœur de la problématique du développement durable. Comment gérer durablement une population qui a quasiment triplé en un demi-siècle, passant de 2,535 milliards en 1950 à 6,828 milliards en 2009 ? Comment la Biosphère va-t-elle pouvoir nourrir et faire consommer 9,191 milliards d’humains en 2050 ? La question demeure sans réponse ! Les démographes sont avant tout des spécialistes du dénombrement, pas des généralistes du développement durable. Mais ils restent, surtout en France idéologiquement anti-malthusiens. Henri Leridon ne fait pas exception :

– « La question du nombre optimum n’est pas d’une grande utilité pratique ».

Pourquoi donc s’interdire de réfléchir à ce qui serait la meilleure façon de concilier le nombre d’hommes et les possibilités de la Biosphère ? 

– « Le solde nécessaire pour un renouvellement des générations s’établit autour de 2,15 enfants par femme ».

Ah il y aurait donc un optimum, la stabilité de la population mondiale à 9 milliards après 2050 ! Combien de chômeurs et d’affamés ?

– « Les programmes de contrôle des naissances ne me semblent plus d’actualité ».

La Chine pourrait donc abandonner sa politique de l’enfant unique ? Les douze pays africains qui connaissent un taux de croissance de 3 % (doublement de la population en 23 ans) devraient-ils se croiser les bras ?

Richard Heinberg (Pétrole, la fête est finie !), est bien plus sérieux que Leridon : « Combien d’êtres humains l’agriculture post-industrielle sera-t-elle capable de nourrir ? Une estimation précautionneuse serait : autant qu’elle pouvait en faire vivre avant que l’agriculture s’intensifie, c’est-à-dire la population du début du XXe siècle, soit un peu moins de 2 milliards d’êtres humains. »

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euthanasie, le droit ultime

Le Monde du 6 mars, sous la rubrique le livre du jour, résume Pitié pour les hommes. L’Euthanasie : le droit ultime de Denis Labayle, écrivain et médecin engagé. Toute l’argumentation repose sur l’affirmation de la liberté de choisir sa mort, un droit consubstantiel à l’individu contemporain. La journaliste Cécile Prieur ajoute : «  Cette liberté de disposer de soi est récusée par les opposants de l’euthanasie. Au nom d’une certaine idée de la solidarité, et du fait qu’on ne saurait anticiper son rendez-vous avec la mort, ce moment ontologique ». Cela n’engage que cette journaliste.

La solidarité n’est certainement pas l’acharnement thérapeutique, il réside dans l’acceptation de quitter une communauté quand nous pensons ne plus pouvoir y trouver notre place. De plus, je ne vois pas pourquoi le suicide assisté ne serait pas prendre rendez-vous avec la mort de façon anticipée.  Enfin, parler d’ontologie ou « étude de l’être en tant qu’être » ne fait certainement pas avancer le débat. Les opposants de l’euthanasie ne sont pas très clairs dans leurs raisonnements ! Qu’ils acceptent de confesser que c’est seulement au nom de croyances religieuses qu’ils nous empêchent de naître et mourir volontairement. Denis Labayle remarque à juste titre que les opposants à l’euthanasie sont « les mêmes défenseurs de la vie à tout prix » que ceux qui s’opposent à l’avortement. Que les croyants se réservent à eux-mêmes leurs propres choix sans vouloir l’imposer aux autres !

Pour les défenseurs d’une vie paisible en harmonie avec les possibilités de la Biosphère, il paraît évident que le surpoids de l’espèce humaine dans les écosystèmes doit être combattue de façon délibérée, que ce soit par l’euthanasie librement choisie ou par l’interruption volontaire de grossesse.

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homoparentalité interdite

A propos de l’article du Monde du 5 mars, voici la participation de la Biosphère au débat sur l’homoparentalité :

Le 4 août 1982, l’homosexualité était dépénalisée, et le 17 mai 1990 l’OMS retirait l’homosexualité de la liste des maladies mentales. Il faut saluer ces décisions, la préférence sexuelle de chacun relève de la vie privée quand elle est librement consentie. Mais jusque dans les années 1990, les gays et les lesbiennes faisaient de leur sexualité, stérile par définition, un élément censurant leur désir d’enfant. Au fil des ans, cette autocensure s’est affaiblie. De plus en plus fréquemment, les homosexuels ne sont plus avant tout des militants de la liberté, ils ne tiennent pas de discours politique global, ils ont tout simplement envie, comme beaucoup d’hétérosexuels, de fonder une famille. L’homoparentalité ne concerne encore que 24 000 à 40 000 enfants en France selon l’INED, bien que l’Association des parents et futurs parents gays et lesbiens revendique le chiffre de 300 000 enfants  aujourd’hui, 1 million demain !

Mais lorsque le désir d’enfant est là, encore faut-il pouvoir répondre à la question du comment ! Il faut bien plus de deux personnes quand l’homoparentalité reste adepte de la coparentalité, ou alors on utilise l’insémination artificielle avec donneur pour les femmes, ou un mère porteuse pour les hommes (pratique interdite en France). Pour ces adeptes de l’homoparentalité, ce n’est pas la nature qui fonde la filiation, c’est un choix libre et indéterminé de l’individu !

Pourtant quand on forme un couple homosexuel, il y a déni de l’autre sexe, donc impossibilité morale et matérielle de faire des enfants. Devant les circonvolutions socio-juridiques des humains, la Biosphère demande qu’il y ait un peu plus de respect pour les mécanismes naturels, en particulier celui de la procréation. Homosexuels de tous les pays, acceptez votre stérilité choisie, agissez pour la nécessaire décroissance démographique…

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retour au passé

Nous revenons au tramway et autres transports collectifs qui se substituent à la voiture individuelle. Retour au passé ! Nous savons qu’il faut des produits durables et simples à réparer qui se substituent au jetable. Retour au passé ! Même LeMonde (26 février) consacre un article aux techniques du passé pour que l’agriculture devienne plus verte : « Le constat de l’impasse de l’agriculture productiviste est dressé, faire pousser dans un champ deux cultures, aujourd’hui gagner en autonomie comme les fermes avant la mécanisation et la chimie de synthèse, limiter les achats d’alimentation animale en faisant au maximum pâturer les bêtes, il y a des choses que nous avons eu tort d’oublier. »

Nous avons eu tort d’oublier l’agriculture biologique d’autrefois. Comme l’exprime Richard Heinberg (Pétrole, la fête est finie !), la production agricole grimpante, basée sur des ressources énergétiques abordables, a rendu possible l’alimentation d’une population passant de 1,7 milliard à plus de 6 milliards en l’espace d’un seul siècle. L’énergie bon marché ne sera bientôt plus que de l’histoire ancienne. Combien d’êtres humains l’agriculture post-industrielle sera-t-elle capable de nourrir ? Une estimation précautionneuse serait : autant qu’elle pouvait en faire vivre avant que l’agriculture s’intensifie, c’est-à-dire la population du début du XXe siècle, soit un peu moins de 2 milliards d’êtres humains. » Retour au passé !

N’oublions pas que l’action sur l’alimentation est inséparable de l’action sur une démographie qui a trop librement galopée ; regards vers l’avenir…

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amourabi a dit

Amourabi a dit : Comme je l’ai déjà indiqué en réponse à un article récent du journal LeMonde dans lequel un démographe sur une pleine page disait que la planète pouvait supporter 25 milliards d’habitants, il faut s’entendre sur la définition du mot  » être humain « . Si l’on entend par là, des humanoïdes bipèdes que l’on peut entasser dans des villes tentaculaires, utiliser dans des usines comme des outils et les jeter après usage, les coller le soir devant des spectacles virtuels et favoriser leur reproduction avec des allocations familiales, nourrir avec des aliments inodores, sans goût, bourrés de pesticides, alors, oui on peut même aller jusqu’à 50 milliards. Mais il ne s’agit plus d’êtres humains mais d’animaux humains.

 Source : http://www.notre-planete.info/forums/read.php?29,56360

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octomom

Aux USA, Nalya Suleman, mère célibataire de six enfants, avait décidé de se faire implanter huit embryons congelés d’un coup ; elle constitue dorénavant une famille mononucléaire avec 14 enfants. Il a fallu 46 personnes pour l’assister dans soin accouchement, les nouveau-nés ont déjà coûté 300 000 dollars. La mère vivait déjà en partie de l’aide sociale, recevant bons alimentaires et pension d’invalidité pour ses deux enfants précédents handicapés. Comme conclut LeMonde du 19 février, Nalya Suleman « faisait des enfants au-dessus de ses moyens ».

Nous savons déjà que les USA vivent  globalement au-dessus des moyens de la planète. Si chaque habitant de la planète avait une empreinte écologique similaire à celle des Nord-américains en 2003, il nous faudrait l’équivalent de 5,2 planètes pour répondre de manière pérenne à nos besoins ! Avec un tel mode de vie américanisé, la population maximale que la planète pourrait durablement supporter serait de 1,5 milliard d’habitants (in L’empreinte écologique d’Aurélien Boutaud et Natacha Gondran). Si en plus les jeunes américaines s’amusent à faire autant d’enfants qu’elles le désirent, la fin du monde est proche.

L’octomom Nalya Suleman, quatorze bébés pour elle toute seule, n’est pas l’expression de la liberté individuelle, c’est le signe de l’irresponsabilité totale. En France la procréation assistée est réservée aux couples. En Chine la famille suit le modèle de l’enfant unique. Les Américains sont fautifs, ils doivent donc être punis. Nalya Suleman est fautive, elle ne devrait plus jamais recevoir d’argent de la collectivité. C’est là le véritable prix de la liberté individuelle. 

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relance à la con

Dans le plan de relance américain, les républicains s’esclaffent sur les fonds qui devraient permettre à Medicaid (l’assurance maladie des bas revenus) de rembourser les contraceptifs : « En quoi les préservatifs stimulent l’économie ? » Obama, en bon politique politicien, a immédiatement demandé aux démocrates de renoncer à cette disposition. Ce plan inclut aussi des mesures sociales, comme le refinancement public des associations du planning familial aboli sous W.Bush (LeMonde du 29 janvier 2009). Espérons que cette fois Obama va résister à la pression des conservateurs républicains qu’on peut à juste titre traiter de natalistes.

Ce n’est pas d’un plan de relance dont à besoin les Etats-Unis et les autres pays développés, mais d’un plan de refroidissement : le niveau de vie occidentalisé nous fait vivre au dessus des limites de notre planète, ce n’est pas durable. Obama entend refaçonner l’économie américaine, bâtir une croissance moins fondée sur l’endettement. Mais il ne peut pas tout faire, accroître la dette pour une relance préservant l’emploi et la consommation, et en même temps sortir les Américains de la mystique de l’endettement généralisé. C’est contradictoire. Il y a fort à parier qu’Obama va être victime des lobbies et des intérêts particuliers, comme son prédécesseur. Pourtant il y a quelques points positifs, Obama souhaite doubler en trois ans la production d’énergies renouvelables, faire baisser la consommation en carburant, soutenir par des crédits d’impôt les constructions respectant les normes environnementales. Cela va dans le bons sens, promouvoir une société qui s’engage dans un autre mode de vie.

La politique aujourd’hui consiste dans l’impérative nécessité de prendre conscience de la crise environnementale globale, elle ne saurait se borner à la recherche de compromis entre groupes humains ayant des intérêts contradictoires. Une véritable politique du long terme imposerait au pays un véritable état de guerre : lutter contre la croissance démographique nationale et internationale, sortir de la civilisation de la voiture individuelle, taxer le carbone de plus en plus fortement, viser à l’autonomie alimentaire de chaque région du monde, supprimer les centrales thermiques à charbon et sortir du nucléaire, etc. etc. 

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Casse-toi, pov con

Nicolas (Sarko) n’y était pas allé avec le dos de la cuillère en lâchant au salon de l’agriculture « Casse-toi, pauvre con ! ». Le procureur a requis 1000 euros d’amende à cause de cette agression verbale qui « n’exprime ni une opinion, ni une conviction, mais qui injurie ». Sauf que le prévenu n’est pas Sarko, mais un malheureux quidam qui l’avait recopié sur une pancarte pour le passage de Sarko  en voiture (LeMonde du 25 octobre). Dans notre beau pays, nous n’avons pas le  droit d’offenser le président de la République, bien que celui-ci ait le droit de nous offenser. Mais tel n’est pas mon propos, il concerne une autre page de mon quotidien préféré sur le thème « casse-toi, pauvre con » adressé par de plus en plus d’Italiens à l’encontre des immigrés : « Sale nègre », « Chinois de merde », sans parler des incendies, tabassage ou même meurtre. L’Italie, terre d’émigration, est devenue pays d’immigration et ne le supporte pas (comme d’ailleurs bien d’autres pays). Le temps des migrations se termine.

Si un pays interdit tout départ de sa population, ce que fait la Chine communiste, alors il est obligé de parvenir à la maîtrise de sa démographie. Il apparaît en effet un phénomène de cocotte-minute, de mise sous pression,  qui pousse les autorités à prendre des mesures conséquentes – à être responsable démographiquement -, d’où la politique de l’enfant unique. En revanche dans le cadre de liberté des flux migratoires, une permissivité totale est laissée au taux de fécondité du pays puisque le surplus, l’excédent d’êtres humains ne trouvant pas de travail sur le pays de départ, partira pour en trouver dans les pays d’accueil. Le phénomène de cocotte-minute ne peut jouer, ce qui libère l’autorité de la tâche de contrôler la démographie du pays, et accélère l’expansion démographique mondiale.

 Le droit de se déplacer selon son désir individuel empiète sur les capacités de la Biosphère, les humains ne peuvent continuer à cohabiter humainement avec des migrations de masse. Alors que les humains ont atteint les limites de toutes les frontières, y compris celles de la planète, ils doivent dorénavant se contenter du territoire où peuvent s’exprimer leurs solidarités de proximité. Les Inuits n’émigrent pas, leur terre recouverte de son manteau neigeux huit mois sur douze leur paraît trop précieuse.

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