effet de serre

Alerte canicule, la Terre se transforme en étuve

Des scientifiques internationaux ont lancé une alerte lundi 6 août : « Un réchauffement de 2 degrés pourrait activer d’importants éléments de rupture, augmentant ainsi encore davantage la température, ce qui pourrait activer d’autres éléments de rupture par un effet domino qui pourrait entraîner la Terre vers des températures encore plus élevées, le tout avant la fin de ce siècle, voire plus tôt. Des endroits sur Terre deviendront inhabitables si la “Terre étuve” devient une réalité.. »* Plus de 180 commentaires captivants sur lemonde.fr dont voici quelques extraits :

Didier Schauber : Ne vous alarmez pas trop, tout est écrit au conditionnel, c’était juste pour vous faire cliquer sur le titre,… trop tentant en été.

Edgar Faible @ Schauber : D’autant plus qu’il ne se passe rien. Hausse des températures à une vitesse foudroyante, records météo sans cesse battus, multiplication des incendies spontanés, montée du niveau des océans, disparition d’espèces animales, effondrement des ressources halieutiques, fonte des banquises… ce ne sont que des contes de mère-grand pour lecteurs désoeuvrés en été. Heureusement qu’il existe des esprits positifs et forts, comme vous et moi.

LOUIS A : Au début des années 80, il y avait un article dans Actuel qui expliquait déjà cet effet d’emballement du réchauffement climatique et la transformation de notre planète en cocotte minute invivable.

Obéron : Même si les prédictions décrites ne sont pas fondamentalement neuves, elles mériteraient la une du journal. Entre nouvelles sportives et chroniques de l’été, cela donne en effet l’impression d’une certaine désinvolture, on en reparlera l’été prochain.

Iznogood : Chacun doit se mettre en mouvement, à son échelle. C’est un cheminement, pas un état binaire : je suis vertueux, je ne le suis pas. Les solutions sont sous notre nez, il suffit de s’en saisir, de progresser et de convaincre d’autres d’en faire autant. Partir en vacances moins loin, marcher plus, manger plus de production locale, manger moins de viande (pas forcément aucune), acheter moins de produits emballés et de chinoiseries

Georges Martinet @ Izonogood : Non, les solutions ne sont pas sous notre nez. Tout ce que vous énumérez est cosmétique. S’il y a vraiment réchauffement anthropique, seul un changement drastique de notre mode de vie pourrait être efficace.

Rodrigue : Le problème c’est qu’il sera tard, c’est le principe d’un point de rupture, une fois qu’on l’a dépassé on ne revient pas en arrière (pas en 50 ans en tout cas). Le solaire, l’hydrogène, la fusion thermonucléaire et toutes ces technologies ne permettront pas de refroidir la terre. Et la géo-ingénierie, on a aucune idée de comment la mettre en application sans risquer d’empirer les choses.

SARAH PY : Il faudrait raison garder : la question climatique a un précédent, certes bien modeste et bien moins complexe, la couche d’ozone. L’entente de quelques un, des solutions ont a priori résolu le problème.

Jul @ SARAH : Désolé de vous décevoir, mais il n’existe pas de solution technologique miracle (du genre « stocker le CO2 »). Je comprend votre besoin d’y croire, mais c’est mon devoir de scientifique de vous le dire. « Les solutions existent » est faux, si ce que vous entendez est « les solutions qui conservent mon niveau de confort et ma liberté de faire ce que je veux existent ».

Elsa @SARAH (1) 08/08/2018 – 11h32

Pour le trou dans la couche d’ozone, la solution était simple et existait déjà quand on identifié le problème. Il suffisait de remplacer les gaz CFC par d’autres, un peu moins efficaces comme fluides caloriporteurs, mais plus rapidement dégradés dans l’atmosphère. Rien de tel pour le CO2…

ARMAND DANCER : La Terre se défend contre l’expansion incontrôlée des parasites humains…

Looser : « J’ai des rêves d’épidémie et de vaccins en petit nombre »

Un Pavé Dans La Mort : Notre génération crache au visage de ses enfants !

UnitedBozosUnlimited : Elle n’était pas obligée de faire des enfants.

Phil32 : Si notre espèce disparaissait, nous constituerions un excellent fossile stratigraphique continental pour les géologues du futur…

Behair : Pourquoi « Si »? A l’échelle de temps de l’univers ramené sur un an, l’homme est apparu quelques secondes avant minuit, et il est absolument évident qu’il ne passera pas la première journée de l’année nouvelle. Nous sommes des éphémères, et il faut être bouffi d’autosuffisance, comme les religions – nous l’ont d’ailleurs inculqué – pour ignorer que nous ne venons de nulle part et retournerons très vite à la poussière.

Fopa : De toutes façons, lorsqu’Eddy Mitchell nous quittera à son tour, aurons nous une seule raison de rester ?

EtEnsuite : Et l’automne vint, les températures baissèrent, et tout le monde repris sa voiture, se préparant à noyer collectivement sa progéniture sous des tonnes de jouets plastique, en signe d’amour.

* LE MONDE du 8 août 2018, La Terre risque de se transformer en « étuve » à cause du changement climatique

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Passage aux 80 km/h, une limitation de notre démesure

Aucun écologiste ne peut être contre la limitation à 80 km/h sur la plus grande partie de notre réseau routier. Mais que ce soit pour la bonne raison, pas pour la diminution du nombre de morts alors que la population française est excédentaire, mais pour des raisons de fond. C’est ce que fait Julien Dubuis, professeur de sciences économiques et sociales, dans une tribune du MONDE* : « Une baisse de 10 km/h réduit la consommation d’essence aux 100 km d’environ 0,8 litre. Pour un couple d’automobilistes moyens, cela représenterait 240 euros d’économie par an pour le ménage, selon la Sécurité routière. A cela s’ajoutent des bienfaits écologiques. Une baisse de la consommation totale de carburant signifiera une moindre pollution atmosphérique (ndlr, y compris pour l’effet de serre). Enfin, brûler moins de carburant réduit les importations de pétrole brut. Au-delà du cas français, le pétrole est une ressource précieuse car non renouvelable, qui se raréfie. Toutes les mesures permettant de l’économiser, comme conduire moins vite, vont dans le bon sens. Tous ces bénéfices pourraient être doublés, ou triplés, si la vitesse légale diminuait aussi sur les autoroutes et en ville… »

Passer aux 80 km/h va donc dans le bon sens, mais les automobilistes conscients des limites de la biosphère devraient se rendre compte que ce n’est qu’une étape vers le dévoiturage, c’est-à-dire l’abandon à moyen terme de la voiture individuelle comme moyen de déplacement. Car quand il n’y aura presque plus de pétrole, essence ou gas-oil seront à des tarifs dissuasifs. Nous devons nous préparer à cet événement géo-physique inéluctable. Des évolutions favorables qui limitent notre usage de la voiture sont déjà en cours, le covoiturage, les ralentisseurs qui se multiplient, le recours aux transports collectif. Mais le gouvernement devrait prendre bien d’autres mesures comme le bridage des moteurs. Notre ministre de l’écologie Nicolas Hulot devrait revendiquer ce qu’il écrivait avant d’être ministre : « Moteur du dynamisme économique et de la mobilité individuelle, le trafic routier se présente en même temps comme une des causes principales du fameux effet de double ciseau : raréfaction de la ressource pétrolière d’une part et aggravation de l’effet de serre d’autre part… En matière automobile, les réglementations nécessaires sont faciles à mettre en œuvre et à être comprises de l’opinion (réduction des vitesses ou seuil d’émission de 80 g de CO2 par kilomètre, par exemple)… On nous construit des voitures qui provoquent des tentations alors que les choses seraient plus claires si leur vitesse était limitée. Il faut être cohérent, car l’être humain a aussi ses propres faiblesses. Il m’arrive de dépasser les limites sans m’en rendre compte. On ne peut pas demander aux individus d’avoir une vigilance permanente. Si le moteur de la voiture était bridé, on n’en parle plus. Il faudrait que l’Europe dise à l’unisson : Ne rentrent dans nos frontières que les véhicules bridés…  »

Bien sûr on devrait aller encore plus loin si l’avenir nous intéresse. Chaque unité familiale ne devrait être autorisé à posséder qu’une seule voiture, une voiture en circulation devrait avoir au moins deux (ou trois) personnes à bord, les péages urbains devraient être monnaie courante, etc., etc.

* LE MONDE économie du 7 juillet 2018, « Le passage aux 80 km/h apporte aux automobilistes des bienfaits financiers et écologiques »

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Les climatiseurs réchauffent la planète, que faire ?

A l’heure actuelle, 1,6 milliard de climatiseurs sont utilisés dans le monde, dont la moitié aux Etats-Unis et en Chine. Ils nécessitent plus de 2 000 térawattheures d’électricité par an, soit, à titre de comparaison, quatre fois la consommation annuelle d’électricité en France. Depuis 1990, les émissions de dioxyde de carbone (CO2) liées à cette consommation ont plus que triplé et représentent autant que les émissions du Japon. Dans un rapport intitulé « Le Futur du refroidissement », l’AIE (Agence internationale de l’énergie) met en garde contre les conséquences d’une telle trajectoire : la hausse exponentielle de la consommation d’électricité liée aux besoins en air conditionné pourrait conduire à plus de production électrique à partir de charbon ou de gaz et rendre plus difficile – voire impossible – d’atteindre les objectifs fixés par l’accord de Paris sur le climat. Rien de nouveau sous le soleil. En novembre 2017 sur ce blog, « Quand la clim.réchauffe le monde entier ». Que faire ? L’accès à la clim. est un sujet majeur pour les populations vivant dans les parties les plus chaudes du monde. Seuls 8 % des 2,8 milliards d’êtres humains habitant dans ces régions ont accès à des systèmes modernes de refroidissement, contre 90 % des Américains et des Japonais. « Il n’y a aucun doute que cette demande va continuer à croître au cours des prochaines décennies », prévient l’AIE. Le nombre d’unités installées pourrait atteindre 5 milliards en 2050. « Il faut que les Etats développent des politiques de soutien aux appareils les plus économes, suggère le directeur de l’AIE Fatih Birol, et mettre des malus sur les climatiseurs les plus inefficaces. »* Erreur fatale, miser sur l’efficacité énergétique n’empêche pas l’émission de gaz à effet de serre si on n’agit pas simultanément sur la réduction drastique des besoins. Voici quelques commentaires tirés de notre blog ou du monde.fr :

Bill Bryson : La journée était superbe. Pourtant toutes les voitures roulaient vitres fermées. Dans leur habitacle hermétiquement clos, tous les automobilistes avaient réglé la température pour reproduire un microclimat identique à celui du monde extérieur… Promenez-vous dans n’importe quelle banlieue américaine en été, et vous aurez peu de chances d’y voir des enfants jouer au ballon ou faire du vélo : ils sont tous à l’intérieur. Et le seul bruit qu’on entend, c’est le bourdonnement des climatiseurs à l’unisson. (American rigolosPayot, 2003)

Nicolas Hulot : Nous ne pouvons qu’être effarés de notre propre aveuglement. Les hommes peuvent exprimer leurs inquiétudes sur la dégradation du climat d’un ton fort grave pour aussitôt les oublier, acheter une nouvelle voiture, mettre la climatisation ou prendre l’avion pour partir en vacances. (Le syndrome du Titanic – 2, 2009)

J-BAY : Quand on se rappelle que la coupe du Monde de football a été attribuée au Qatar pour 2022 (ce qui implique donc la construction de stades climatisés), on est malheureusement bien loin de ce genre de considérations.

Personne n’y avait pensé ! La rapide dissémination des climatiseurs va augmenter la consommation d’électricité : Un risque que tout le monde connaît depuis des lustres. Rien de nouveau. Si on commence à faire la liste des modes de vie dans tous les pays qui vont augmenter la consommation électrique, on n’a pas fini. C’est aussi épais que le code du travail.

Gab : La vraie question est de savoir si nous décidons de continuer à coller des rustines ou bien de changer nos valeurs ? On ne peut pas en vouloir aux indiens d’acheter des clim et de l’électroménager. Ni aux occidentaux de voyager toujours plus et de s’offrir un bateau pour le WE. Quand on analyse la plupart des films, la réussite sociale passe par là ! Donc à quand un Batman qui se déplace à trottinette et mange de la laitue ? « Fast and Furious » fait beaucoup plus de mal qu’on ne le croit !

François G. : Déjà dans nos pays ces appareils devraient être interdit en dehors des hôpitaux et résidences pour personnes âgées. Rien de pire que d’entrer dans des zones commerciales en été, beurk.

* LE MONDE du 16 mai 2018, Comment les climatiseurs réchauffent la planète

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Qui est responsable du réchauffement climatique ?

« C’est pas moi, c’est lui », dit l’élève qui vient d’être pris à parler en cours. Un membre de l’espèce humaine a non seulement l’art de mentir avec aplomb, mais (d’essayer) de faire toujours porter la responsabilité d’une faute sur autre chose que lui-même. Il en est de même pour les multinationales qui nous conditionnent. Saisi de la plainte déposée par les villes de San Francisco et Oakland contre cinq compagnies pétrolières, le juge Alsup avait ordonné aux parties de faire son « éducation » en lui présentant « les meilleures informations scientifiques disponibles actuellement sur le réchauffement climatique ». Le juge a informé le public qu’il avait revu le film d’Al Gore (Une vérité qui dérange, 2006), notamment sur la question du rôle du CO2 à l’âge glaciaire. « Moi aussi », a renchéri l’avocat de Chevron, Theodore Boutrous. Au nom des compagnies, cet avocat a voulu montrer qu’on aurait tort de ranger les compagnies pétrolières dans le rang des climatosceptiques. Il n’y a pas de contestation, a-t-il affirmé : « Chevron accepte le consensus de la communauté scientifique sur le changement climatique. » Et de citer les conclusions du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), « nous ne contestons pas la science ». Étonnés, les écologistes attendaient la suite du développement. Ils en ont vite compris la logique. Le GIEC, a souligné l’avocat de Chevron, ne conclut pas que c’est la production et l’extraction d’énergies fossiles qui causent l’augmentation des émissions. C’est la croissance économique, l’augmentation de la population « et la manière dont les gens vivent ». Les compagnies ne faisant que produire, et non utiliser le combustible, elles ne peuvent être rendues responsables d’émissions de gaz à effet de serre qui ne sont dégagées que par la combustion, a-t-il avancé. Autrement dit : l’activité humaine est responsable du réchauffement, pas « Big oil ».*

Donc, si on comprend bien, ces entreprises ont volé les richesses de la Terre en perforant ses entrailles, mais comme le fruit de ce viol a été dilapidé par d’autres, il faut oublier qui est premier dans la chaîne des causalités. Comme si le voleur et le receleur n’était pas considéré légalement comme complices. Notons qu’en termes juridiques, la personne coupable de recel risque les mêmes peines que le voleur, il y a coresponsabilité de la faute. Tout consommateur qui brûle du pétrole, que ce soit dans sa chaudière pour se chauffer (fuel), dans sa voiture pour rouler (essence ou gas-oil), dans l’avion qui le mène vers le paradis (le kérosène)… est responsable d’émissions de gaz à effet de serre, donc doit être déclaré coupable au même titre que les grande compagnies pétrolières. L’humanité ne doit pas continuer à être ce mauvais élève qui se déresponsabilise à bon compte sur le dos d’autrui, sinon le réchauffement climatique atteindra des sommets et les générations futures payeront au prix fort notre inconscience actuelle.

La religion autrefois avait le mauvais goût de nous culpabiliser sur tout et n’importe quoi. Aujourd’hui le libéralisme socio-économique et la pression du confort nous font oublier notre part de responsabilité dans la dégradation de la biosphère : responsable, mais pas coupable. Contre nos mauvais penchants, l’écologie doit devenir punitive, par exemple par la généralisation de la taxe carbone, les jugements pour crimes et délits environnementaux, le regard mauvais que nous porterons sur tous ceux qui ont un comportement de gaspillage, etc. L’écologie n’est pas un luxe de bobos parisiens, elle demande d’énormes efforts de chacun d’entre nous. Nous sommes tous concernés, sans exception, individus, entreprises, gouvernements, négociateurs internationaux…, car nous sommes tous coupables.

* LE MONDE du 23 mars 2018, Climat : San Francisco attaque les géants du pétrole

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Climat, fermeture prévue des stations de sports d’hiver

Les bronzés ne feront plus de ski. Ainsi se termine un article du MONDE*. Dans les zones de moyenne altitude des Alpes italiennes, les squelettes des pylônes des téléskis s’accrochent aux pistes désertées, et les nacelles vides se balancent au vent. La hausse des températures fait son travail de sape. L’OCDE faisait déjà en 2007 une prévision alarmante : que la température croisse de 2 degrés Celsius, et 40 % des 666 stations alpines ne seront plus rentables faute de neige. En 2010, à Vancouver, la température supérieure à zéro avait empêché le recours aux canons à neige et imposé le transport d’énormes quantités de la précieuse matière première… par hélicoptère. A quoi bon s’obstiner à organiser de coûteux Jeux olympiques (JO) d’hiver ? Huit des vingt et une villes hôtes de ces joutes hivernales seraient trop chaudes en 2050 pour les accueillir de nouveau. Cette industrie est à la fin d’un cycle.

Peu importe que le journaliste Jean-Michel Bezat plagie un article de The Economist quand l’information importe. Cet expert en énergie du MONDE occulte la fin du pétrole. Or il devrait toujours relier combustion du pétrole et réchauffement climatique qui sont les jumeaux de l’hydrocarbure. Sans pétrole à bon marché, vous n’auriez pas la possibilité de skier vu l’énergie que ce sport nécessite. Quand vous vous mettez vraiment à y penser, ce n’est pas seulement le ski de masse qui n’existerait pas, mais la plupart des choses qui nous entourent et dépendent du pétrole pour leur fabrication et leur transport. Le changement climatique nous dit que nous devrions changer, tandis que le pic pétrolier nous dit que nous allons être forcés de changer. Une technologie va nous sauver, une forme radicalement nouvelle de stockage du gaz carbonique, bon marché et efficace. Elle a pour nom : laisser les carburants fossiles sous la terre et ne plus faire de ski. Quelques commentaires sur le ski trouvés sur lemonde.fr :

manon troppo : Depuis le temps que vous nous bourrez le crane avec vos prévisions catastrophiques laissez nous vivre encore un peu ! si on vous écoutait il y a 10 ans, la mer devrait être à Rouen et la neige disparaître de l’Everest…

Robert-Denis RAULT @ manon troppo : Il ne s’agit pas de prévisions catastrophistes que l’on pourrait réfuter. Il s’agit de la description de ce qui a déjà eu lieu au cours des quarante dernières années. Originaire d’une région de montagne, et observateur passionné de la nature, je peux vous dire que l’enneigement a changé du tout au tout. J’ai skié autrefois dans des stations dont le bas des pistes était équipé jusqu’à 700 m d’altitude. Allez maintenant skier à 700 m !

Le kéké d’Yssingeaux : « manon troppo » nous affirmait il y a quelques années (sur le défunt blog du Monde « Big Browser ») que « il n’y a jamais eu autant d’ours polaires qu’aujourd’hui » et que « toute cette culpabilisation est mauvaise pour notre jeune génération ».

Le skieur : Hmmm pendant ce temps dans les Alpes, c’est ‘tout va bien madame la marquise’. Le roitelet de la région a donné le feu vert pour subventionner des canons à neige à tout va. On ne va surtout rien changer.

GILLES SPAIER : Le tourisme de masse génère une forte production de CO2 qui amplifie le réchauffement. Il génère aussi des barres de HLM en pleine montagne comme à Tignes. Il est utile que s’expriment ceux qui relèvent ce non sens écologique et environnemental. Évidemment, cela froisse les nostalgiques du « bon temps », l’époque du pétrole bon marché où on gaspillait sans remords l’énergie et l’espace naturel au nom du développement. Il y a toujours des gens qui ont du mal à s’adapter aux nouvelles donnes.

le sceptique : Reconvertir environ 60 000 emplois « neige » (en partie saisonniers) en 2 générations, cela ne paraît pas un défi impossible à relever.

R @ le sceptique : Plus de neige en montagne, pas de problème : on va reconvertir, s’adapter, faire pousser des cactus, tout va bien se passer, c’est juste un petit défi à relever. C’est pas vraiment ce qu’on appelle du scepticisme ça, plutôt un sorte d’optimisme béat : le réchauffement n’est pas un problème, continuons de l’avant, du passé faisons table rase.

Eric : Mais oui… Pour ma part, ça fait 30 ans que je n’ai pas skié. Mes enfants ne skieront sans doute jamais (du moins du ski de descente). L’idée de traverser le pays, se taper les bouchons sur les routes de montagne, et puis maintenant les canons à neige pour continuer à faire comme si de rien n’était, à faire semblant que rien de tout cela n’est aberrant, non merci, ça me coupe franchement l’envie…

* LE MONDE du 6 janvier 2018, Réchauffement climatique : « Une armada de stations de sports d’hiver devront fermer ou se réinventer »

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Climat : Faut-il faire brûler les centrales à charbon ?

#EndCoal, enfin un hashtag sur Twitter qui nous parle. #EndCoal, une image sur lemonde.fr, des lettres qui s’enflamment lors d’une manifestation de Greenpeace. Dérisoire victoire. Le 8 janvier 2018, l’église Saint-Lambert du village d’Immerath, dans l’ouest de l’Allemagne, a été rasée, pour laisser place à une mine de charbon. Les écologistes n’ont rien pu faire contre la pelleteuse escortée de policiers qui a procédé à la démolition. L’État, complice des exactions climatiques ! En Allemagne, des villages entiers sont rasés pour laisser place à de gigantesques mines de charbon. L’entreprise RWE exploite du lignite sur trois mines à ciel ouvert qui s’étendent déjà sur 9000 hectares, soit deux fois la surface de la ville de Lyon. Le 12 janvier, Berlin renonçait à ses objectifs climat pour 2020, qui prévoient à cette date une baisse des émissions allemandes de gaz à effet de serre de 40 % par rapport à leur niveau de 1990*. L’Allemagne, complice des exactions climatiques ! L’Allemagne, dépendante du charbon, a abandonné son objectif de diminuer ses émissions de 40 % d’ici à 2020. Faut-il que des militants brûlent les centrales à charbon ?

Lors de la conférence sur le climat (COP23, novembre 2017), l’Espagne a fait partie des pays opposés à la fermeture des centrales à charbon d’ici à 2030. L’exécutif s’est engagé dans un bras de fer avec le géant basque Iberdrola, dont il n’accepte pas la décision de fermer deux de ses centrales à charbon. Pour le gouvernement, cette initiative provoquerait des destructions d’emplois.La centrale à charbon de Velilla Del Rio allait entamer sa fermeture fin 2018, mais c’était sans compter sur la détermination du gouvernement : il prépare un décret pour compliquer l’arrêt de la centrale. Des milliers de mineurs défileront à Madrid, ils voient leur avenir noir, comme du charbon. Il est vrai que c’est aujourd’hui compliqué de trouver un boulot correct, et il faut bien pouvoir manger. Dans la région, la mine était le seul secteur d’activité qui recrutait. En Espagne, publics ou privés, ils le sont tous, déficitaires. La spécificité géologique de ses gisements rend l’extraction du charbon complexe, de lourds moyens techniques sont mobilisés. Une soixantaine de nouveaux cas de silicose sont détectés chaque année. Les poumons finissent par ressembler à de la pierre ponce. Jaime Martínez, 21 ans passés au plus profond des entrailles du massif asturien : « C’est un métier pénible, c’est vrai, mais je m’y suis habitué. Et puis je ne sais faire que ça, « piquer » le charbon. » Comment faire comprendre à Jaime Martínez que pour rester en dessous des 2°C d’augmentation des températures moyennes du globe, il faudrait laisser pratiquement tout le charbon existant sous terre ? Faut-il que des militants brûlent les centrales à charbon ?

Les écologistes peuvent continuer à pratiquer la méthode passive, c’est-à-dire attendre que les États fassent enfin le bon choix. La Suède s’est dotée d’une loi-cadre qui oblige le gouvernement à mener une politique en cohérence avec les objectifs climatiques adoptés par le Parlement, la neutralité carbone d’ici à 2045**. Tous les partis politiques, à l’exception de l’extrême droite, soutiennent cette loi… mais rien ne prouve que demain il en sera de même. Au-delà de 2018, l’Union européenne interdira théoriquement la subvention de gisements insolvables. Pourtant, après un lobbying intensif de l’Allemagne et de la Pologne, l’UE a décidé fin 2017 de maintenir jusqu’en 2035 les « mécanismes de capacité » qui autorisent les pouvoirs publics à financer les centrales à charbon en cas de pic de consommation électrique. L’UE, complice des exactions climatiques ! La Cop21 à Paris, sans objectifs contraignants pour les nations, n’était qu’un simulacre. Les écologistes peuvent être directement actifs, se passer personnellement de tout ce qui découle de l’extraction de charbon. Mais comment s’y retrouver quand l’offre d’énergie est une offre globale qui inclut à la fois du charbon, de l’éolien, du nucléaire, du gaz, de hydroélectrique, du photovoltaïque, du pétrole ! La solution finale, faire tout à pied, utiliser sa seule force physique, pratiquer la simplicité volontaire absolue. Mais les bonnes volontés ne changeront presque rien aux émissions totales de gaz à effet de serre émises par des milliards de personnes. Car nos concitoyens des milieux favorisés ne pensent pas généralement au futur. Ils restent englués dans la société de consommation, intoxiqués par leur désir de confort personnel. Après moi le déluge, en attendant savourons ce que la société productiviste nous présente, la voiture, la télé, le smartphone, les vacances à la neige ou dans les îles, etc. En Suède comme en France, on construit plus de routes, il se vend des voitures comme jamais, nous prenons beaucoup l’avion, et nous importons énormément de produits qui ont une empreinte écologique très importante dans d’autres pays. Et les plus pauvres attendent leur chèque énergie. Alors, faut-il que des militants brûlent les centrales à charbon ?

* LE MONDE du 23 janvier 2018, L’Europe en pleine contradiction sur le climat

** LE MONDE du 23 janvier 2018, La Suède se dote d’une loi climatique extrêmement ambitieuse

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Ça chauffe en 2017, ça ne s’améliorera pas par la suite

« Il est désormais confirmé que les années 2015, 2016 et 2017, qui s’inscrivent clairement dans la tendance au réchauffement sur le long terme causée par l’augmentation des concentrations atmosphériques de gaz à effet de serre, sont les trois années les plus chaudes jamais enregistrées », a constaté l’Organisation météorologique mondiale (OMM), une agence de l’ONU. L’OMM a constaté que la température moyenne à la surface du globe en 2017 et 2015 dépassait de quelque 1,1 °C celle de l’époque préindustrielle, se rapprochant du seuil de +1,5°C fixé comme limite maximum au réchauffement climatique par près de 200 pays réunis à Paris lors du sommet sur le climat en 2015. Quelques réactions sur lemonde.fr, les négationnistes du climat ne font presque plus entendre leur voix de fausset(é) :

Ça réchauffe : L’année 2018 démarre mieux car en Sibérie, ils enregistrent des records pas vus depuis les années 30 : – 66°C !

Robert-Denis RAULT @ Ça réchauffe : Ma grand-mère qui est sortie en claquettes ce matin a eu froid aux pieds. Rappelons que le dérèglement climatique, ce n’est pas une anomalie qui se mesure quelques jours en un point localisé. C’est une hausse durable des températures moyennes sur la quasi-totalité du globe. Lorsque le monde animal et le monde végétal (non conspirationnistes) migrent continuellement vers des latitudes plus élevées, c’est qu’il y a un souci avec le climat. Peu importe le temps qu’il a fait hier en Sibérie.

le sceptique : Une tendance climato, c’est 30 ans. Pas la fraîcheur sibérienne de la semaine dernière, ni même ici les 3 ans de l’OMM. Quand les T moyennes globales n’ont pas trop bougé sur la période 2005-2013, il était infondé de dire que le RC avait cessé. De toute façon, la T surface ne représente pas le meilleur indicateur (même si c’est là que l’homme et le vivant ressentent l’effet), 90% de l’excès de chaleur du système sont stockés dans l’océan.

MARYSE ESPINET : Normal : si ça chauffe trop d’un coté il faut bien que s’établisse un « équilibre » . De toute façon les événements climatiques plus extrêmes en froid comme en chaud étaient modélisés et annoncés depuis plusieurs années. Et bien, nous y sommes.

cdupipo : Et pourtant Trump jette un froid ! …. en fait il fait ce qu’il peut, non?

Nomade : Rappelons que les climatologues préconisent désormais de parler de  » dérèglement climatique » plutôt que de réchauffement… histoire d’éviter de donner prise au Donald .

Bern : Mais non, c’est une invention des Chinois pour nous empêcher de continuer à polluer et permettre à leur économie de nous supplanter. Saint Donald, priez pour nous !

Léo-Paul : Le problème que beaucoup n’ont pas saisi, c’est que plus ça chauffe, plus le réchauffement s’accélère notamment a cause de la fonte du permafrost (le sol qui est gelé en permanence) qui retient 70 milliards de tonnes de méthane. C’est pour ça que les écolos réclament des mesures drastiques et à court terme, sinon on est vraiment foutu. Mais c’est plus simple de faire l’autruche.

Source : Le Monde.fr avec AFP, AP et Reuters | 18.01.2018, L’année 2017 a été l’une des plus chaudes jamais enregistrées

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BIOSPHERE-INFO, le syndrome de l’autruche

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Difficile de nommer le meilleur livre de l’année 2017 quant à la prise de conscience écologique. En avril 2017, nous avions consacré notre mensuel Biosphere-Info à « Demain, un nouveau monde en marche », en septembre 2017 à « Gouverner la décroissance » et en décembre 2017 au livre de Michel Sourrouille, « On ne naît pas écolo, on le devient ». Ce mois-ci nous résumons le livre de George Marshall, « Le syndrome de l’autruche (Pourquoi notre cerveau veut ignorer le changement climatique) » aux éditions Actes sud/colibris (2017), traduit de Don’t Even Think About It (2014)

Nous apprenons beaucoup dans ce livre de Marshall sur les blocages psycho-sociologiques qui nous empêchent de faire ce qu’il faudrait face à la menace climatique. Ajoutons que cette menace planétaire ne fait que s’ajouter aux risques de la descente énergétique, de l’extinction de la biodiversité, du stress hydrique, de l’épuisement halieutique, de la stérilisation des sols, de la surpopulation, de l’excroissance insoutenable des villes, etc.

  1.  Quatre degrés séparent la civilisation de l’apocalypse

En 2012, la Banque mondiale, qu’on peut difficilement qualifier d’écologiste, publia un rapport intitulé « Pourquoi nous devons éviter un monde quatre degrés plus chaud ». Voici quelques instantanés d’un monde quatre degré plus chaud.

– pour reprendre les mots de la Banque mondiale, il y aurait une nouvelle catégorie de vagues de chaleur d’une amplitude jamais connue, avec des températures que la surface de la Terre n’a pas connue dans les cinq millions d’années qui viennent de passer. Quatre degrés étant une moyenne mondiale, de vastes territoires terrestres connaîtront un réchauffement bien supérieur.

– 40 % des espèces végétale et animale seraient en voie d’extinction. Un tiers des forêts tropicales asiatiques serait menacé et la plus grand partie de l’Amazonie risquerait de brûler.

– Il y aurait un déclin de toutes les récoltes dans leur région de culture d’origine. Les rendements s’effondreraient d’un tiers en Afrique. La production américaine de maïs, de soja et de coton serait réduite de 63 à 82 %. Ces problèmes seraient exacerbés par les inondations, les tempêtes, les invasions de mauvaises herbes et de parasites. Comment une planète portant neuf milliards de personnes surmonteraient-elle ces drastiques diminutions du rendement des principales régions agricoles.

– La fonte de la totalité de l’inlandsis du Groenland élèverait le niveau des mers de 10 mètres en moyenne. Les deux tiers des principales villes mondiales ainsi que tout le sud du Bangladesh et la Floride se retrouveraient sous l’eau. Qu’adviendra-t-il des populations des régions déjà limites pour la survie de l’être humain quand elles deviendront inhabitables.

Une équipe de chercheurs britanniques, examinant les études réalisées à ce jour, en a conclu que nous atteindrons l’étape des quatre degrés supplémentaires d’ici aux années 2070, voir 2060. Pour John Schellnhuber, l’un des climatologues les plus influents au monde, « la différence entre deux et quatre degrés, c’est la civilisation humaine ». Or rien ne garantit que les températures cesseraient d’augmenter. A ce stade, de puissantes rétroactions et points de bascule pourraient mener à une hausse des températures de six, voir huit degrés. La décision collective de ne rien faire ou presque nous mène sur une voie qui aboutira à un cul-de-sac : nous n’aurons plus ni contrôle, ni options à notre disposition.

  1.  Peur du terrorisme, insouciance totale pour le climat

Pourquoi des personnes estimant que le changement climatique n’est pas plausible se laissent-elle, en revanche, aisément convaincre des dangers imminents que représentent les attentats terroristes, les impacts d’astéroïdes ou les invasions extraterrestres ? Avec des menaces aussi visuellement impressionnantes que le terrorisme après les attentats du 11 septembre, on a perdu tout sens des proportions et on réagit avec force à des probabilités très faibles. Depuis 2001, les politiciens américains ont approuvé 300 milliards de dépenses publiques pour défendre les États-Unis contre de nouveaux attentats terroristes. Cette prodigalité en réaction à un risque incertain et totalement impossible à quantifier est soutenue par la vaste majorité des Américains, y compris par ceux qui s’opposeraient avec véhémence à des dépenses publiques dans le domaine du réchauffement climatique. Nous constatons que les biais cognitifs qui apparaissent dans les expériences de psychologie sont, dans la vraie vie, subordonnés à la culture, aux normes sociales et à l’identification à l’endogroupe.

Le bais de disponibilité, qui s’appuie sur le vécu récent, maintient la menace au premier plan, et l’incertitude quant à la date du prochain attentat ne diminue en rien cette peur : elle l’amplifie. Par contre le changement climatique n’est pas aussi médiatiquement stigmatisé, et les phénomènes météorologiques extrêmes nous sont dans une certaine mesure familiers. C’est pourquoi l’incertitude concernant ses effets n’instille pas un sentiment de crainte ; il donne la marge de manœuvre nécessaire pour nous laisser croire ce que nous avons envie de croire. La perception du risque est aussi déterminée par l’angle social sous lequel il est observé et c’est l’un des puissants aspects qui tend à diviser les gens.

Les politiciens jouent sur l’incertitude pour justifier les capacités d’intervention des forces armées. Mitt Romney, premier candidat à la présidentielle à nier ouvertement l’existence du réchauffement climatique, justifiera l’augmentation des dépenses militaires en affirmant : «  Nous ne savons pas ce qui nous attend. Nous devons prendre des décisions sur la base de l’incertitude. » L’ancien vice-président Dick Cheney, lui aussi fervent climato-négationniste, a déclaré que « même s’il n’y a que 1 % de chances que des terroristes se procurent des armes de destruction massive, nous devons agir comme si c’était une certitude. » A les entendre, 1 % des chances d’un attentat terroriste suffit à prendre des mesures, mais 90 % de chances d’un bouleversement climatique majeur n’est pas suffisant. Dans tous ces arguments, le facteur incertitude n’a en fait que peu d’influence et n’est invoqué que pour appuyer des décisions orientées par une idéologie politique.

  1.  Un spécialiste du climat devrait donner l’exemple

Le public doit se rappeler que les professionnels travaillant sur les questions climatiques sont certes intelligents mais qu’ils sont des humains comme les autres, guidés par des degrés variés d’ambition, de curiosité, d’entêtement et d’altruisme.

L’Anglais Kevin Anderson, ancien directeur du Tyndall Centre, sort du lot par sa réticence à prendre l’avion quel qu’en soit le motif. Son public lors d’une récente conférence en Chine fut stupéfait d’apprendre qu’il était venu (et repartirait) en train. Il est persuadé que cette information a renforcé la légitimé de ce qu’il avance. Anderson juge « extrêmement perturbant » le fait que les personnes qui façonnent les lois contre le changement climatique prennent autant l’avion. Il me rapporta une conversation qu’il avait eue avec le directeur de l’un des plus gros fournisseurs d’énergie britannique qui lui annonçait nonchalamment qu’il partait le week-end suivant en Chine avec son cheval pour faire de l’équitation. Anderson ne parvint pas à retenir son indignation : « Nous étions sur le point de présenter nos conclusions au gouvernement lors d’une audience sur le changement climatique et il me parlait d’emmener son foutu cheval en Chine !… Et lorsque je lui ai pointé ce fait, il m’a regardé comme si j’étais un gauchiste radical ! » D’après Anderson, les experts semblent penser que la sagesse qu’ils répandent sur la Terre depuis leur siège en première classe à 10 000 mètres d’altitude est si importante qu’elle pèse plus lourd dans la balance que leurs propres émissions de gaz à effet de serre. Ils ne comprennent pas que le problème est causé par des gens comme eux.

Ou comme moi, me faut-il ajouter. Moi aussi je prends souvent l’avion. J’essaie de voyager le moins possible et de justifier chacun de ces vols. Mais comme le révèle le verbe justifier, je suis aussi enclin à bâtir une histoire susceptible de résoudre le conflit intérieur qui sourd en moi chaque fois que je prends place dans un avion. Les entretiens avec de grands voyageurs révèle qu’ils emploient les mêmes termes que les toxicomanes. Ils parlent d’extase, de désinhibition, de ses nouveau qu’ils trouvent à la vie, et de la déprime au moment de la descente. Les justifications de nos voyages personnels sont aussi semblables à celles que les toxicomanes inventent au sujet de leur dépendance : j’en ai besoin, je ne fais de mal à personne, tous les autres le font, je peux m’arrêter à tout moment, d’autres font bien pire. Mais les experts du changement climatique ne sont pas des êtres humains comme les autres en ce qui concerne un aspect essentiel : ils sont les principaux communicants sur cette question, et leurs actions seront toujours passées à la loupe comme preuve de leur fiabilité. Est-il vraiment surprenant que l’aviation internationale n’ait été intégrée ni dans les calculs des émissions nationales, ni dans le protocole de Kyoto ?

  1.  Nous ne voyons que ce que nous voulons voir

Comment est-il possible, alors que nous avons toutes les preuves en main, parfois même sous nos yeux comme la fonte des glaciers, que nous choisissions d’ignorer quelque chose tout en en ayant parfaitement conscience ? J’en suis venu à considérer le changement climatique sous un jour nouveau : non plus comme une bataille médiatique opposant science et intérêts personnels, mais comme le défi ultime posé à notre capacité de donner un sens à ce qui nous entoure. Notre cerveau révèle un talent hors du commun pour ne voir que ce que nous voulons voir et mettre de côté ce que nous préférons ne pas savoir. La division entre cerveau émotionnel et cerveau rationnel est profondément ancré dans notre culture et se manifeste très clairement dans l’écart culturel qui sépare la religion de la science. Je constate que tout le monde, experts comme profanes, traduit le réchauffement climatique en histoires qui illustrent ses propres valeurs, postulats et préjugés. J’explique que le récit le plus éloquent est celui qui n’est pas formulé : la norme de son groupe social.

Les militants du Tea Party détestent les climatologues, Al Gore, les Nations Unies, le gouvernement, l’énergie solaire, ces hypocrites d’écologistes. Pour eux le réchauffement climatique, ou plutôt l’histoire qu’ils avaient bâtie autour de ce concept, avait parfaitement sa place dans un ensemble de doléances idéologiques préexistantes sur le partage du pouvoir. Les histoires ont une fonction cognitive fondamentale : elles sont le moyen par lequel le cerveau émotionnel donne du sens aux informations recueillies par le cerveau rationnel. Les gens peuvent retenir les informations sous forme de données ou de chiffres, mais les croyances qui s’y attachent ne se manifestent que sous la forme d’histoires. Est-ce que tout cela correspond à mes propres croyances et valeurs ? Nous croyons à une histoire captivante même si on sait que c’est de la fiction. C’est pourquoi il est très difficile pour un récit peu engageant fondé sur des faits d’entrer en concurrence avec une histoire convaincante bâtie sur un mensonge. Face à la démonstration par les scientifiques du réchauffement climatique, il est plus tentant de croire à l’histoire : « Des escrocs scientifiques complotent pour fabriquer de fausses preuves afin d’obtenir de plus grosses bourses de recherche.  »

Il y a plusieurs chemins qui mènent de l’information à la conviction. Notre cerveau rationnel et émotionnel fonctionnent ensemble sur des tâches complexes, mais l’implication du cerveau émotionnel est essentielle pour passer à l’action, particulièrement sur le plan social. De nombreuses preuves montrent que l’informatif ne fait pas évoluer les comportements. Sans ressentir une émotion, il est impossible de prendre une bonne décision. Or la tâche des scientifiques est d’informer, pas de motiver. Nos système cognitifs demandent que les questions complexes soient transformées en histoire, principal biais par lequel le problème et les codes sociaux qui orientent notre attention sont transmise au sein des populations. Quand la question climatique a pris de l’ampleur, les climato-négationnistes se sont faits plus bruyants et plus forts, ils ont créé leurs propres histoires qui sont venues « polluer «  le discours. Comment impliquer des groupes sociaux rivaux pour s’accorder sur la répartition des pertes, puis sur l’attribution de biens communs atmosphériques considérablement diminués ? Cette menace climatique n’a rien qu’il nous serait impossible de résoudre. En effet, nous avons aussi une capacité presque sans limites à accepter des idées nouvelles une fois qu’elles font partie de convictions partagées, qu’elles sont renforcées par les normes sociales et communiquées par des récits qui s’adressent à nos « valeurs sacrées ». Le changement climatique est l’une des questions essentielles qui pourraient nous rapprocher et nous permettre de surmonter nos divisions historiques.

  1.  Pour connaître nos biais cognitifs

Nous sommes extraordinairement compétents pour distinguer nos alliés de nos ennemis, mais le réchauffement climatique n’est pas causé par un ennemi externe. Le changement climatique nous dit que notre propre mode de vie que nous associons à notre confort et à la protection de notre famille est une menace. C’est une menace d’une ampleur qui n’a d’égale que la guerre nucléaire. Il est menaçant à tous les niveaux : pour notre habitat, notre identité, notre mode de vie, nos attentes pour l’avenir. Il faudrait donc accepter des pertes à court terme dans notre réalité immédiate pour réduire le risque de pertes indéfinies à long terme. Mais comme le changement climatique peut être interprété de différentes façons, nous tendrons à le concevoir de la manière qui nous arrange le plus. Le changement climatique ne porte aucun traits distinctifs qui mèneraient normalement notre cerveau à passer outre à nos intérêts à court terme, et nous mobilisons nos biais pour le maintenir à l’arrière-plan.

D’abord nous sélectionnons les codes sociaux qui renforcent le plus le positionnement que nous avions préalablement choisie. C’est ce qu’on appelle la « chambre d’écho ». Nous limitons nos sources d’information à quelques médias, site, blogs ou publications qui viennent renforcer nos idées. Ce biais de confirmation est la tendance à privilégier les preuves qui étayent nos connaissances, idées et croyances préalables. Lorsque nous sommes confrontés à une nouvelle information, nous la modifions pour l’insérer au schéma pré-existant, selon une assimilation biaisée. Il n’y a même pas de rapport étroit entre l’opinion concernant le réchauffement climatique et le niveau d’intelligence. Les personnes au QI élevé utilisent leur capacité de réflexion pour créer davantage d’arguments justifiant leur conviction préexistante. Par exemple, quand le consensus scientifique de l’origine anthropique du changement climatique rassemble 97 % des scientifiques, cela ne fait que renforcer le statut des 3 % de scientifiques dissidents.

Et puis il y a « l’effet du témoin », ce qu’on appelle en France « interaction spéculaire » : plus le problème est connu par d’autres, plus nous faisons abstraction de notre bon sens et observons les comportements autour de nous pour savoir comment réagir. Ne pas être en phase avec le groupe est synonyme d’exclusion, parfois violente. Même une communauté en train de se remettre d’une catastrophe climatique fait le choix collectif de raconter des récits positifs sur l’entraide et la reconstruction, et réprime la délicate question du réchauffement climatique, qui implique de remettre en question valeurs et mode de vie. De 2005 à 2012, la région des Grandes Plaines a été, année après année, la plus touchée par des catastrophes climatiques. Pourtant, aux élections sénatoriales, tous les candidats républicains élus avaient publiquement contesté la climatologie ou rejeté des mesures visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Dans ce contexte, de quoi sera fait l’avenir ? Le Future of Humanity Institute a réalisé un sondage auprès d’universitaires sur les risques mondiaux. Ils estiment à 19 % la probabilité que l’espèce humaine s’éteigne avant la fin de ce siècle. Selon les calculs figurant dans le rapport Stern, le risque d’extinction au cours des cent ans à venir s’élève à 9,5 %. Selon une enquête menée après de préadolescents américains, la moitié d’entre eux estiment que le monde est en chute libre et un tiers pensent qu’il n’existera plus lorsqu’ils seront adultes. L’extinction est un schéma émergent autour du changement climatique.

Sauver la planète ! Quoi ?! Ils déconnent, ces gens-là ! La planète va pas s’envoler. Nous, par contre, oui ! On s’en va, faites vos valises, les gars. On n’est qu’une mutation qui a foiré parmi tant d’autres, le maillon final d’une chaîne d’erreurs génétiques. La planète va se débarrasser de nous comme un chien de ses puces. Des parasites de surface.

Ce monologue de George Carlin a déjà été visionné plus de 5 millions de fois sur YouTube.

 En guise de conclusion

Pour changer les choses, il faut des mouvements sociaux. Pour qu’il y ait des mouvements sociaux, il faut des cibles physiques. Et pour qu’un récit d’opposition fonctionne, il faut déterminer un ennemi. J’ai passé une grande partie de ma vie dans le mouvement écologiste, menant des campagnes contre les gouvernements, les grosses entreprises et la finance internationale. C’était une lutte contre des intérêts privés, distincts et identifiables. Mais le réchauffement climatique, c’est différent. Nous tirons volontairement profit de ce que les multinationales proposent et des modes de vie incroyable que les combustibles fossiles permettent. La vérité est que, dans les sociétés gourmandes en énergie, tout le monde contribue aux émissions à l’origine du problème ; tout le monde a dont une bonne raison d’ignorer le problème ou de s’inventer un alibi. Mon ami Mayer Hillman, un écologiste convaincu, était à table avec d’autres gauchistes à la retraite. Les convives se remémoraient leurs dernières vacances… Mayer ne put s’empêcher de parler du réchauffement climatique et des incidences de tous ces trajets en avion pour les générations à venir. Le silence se fit d’un coup. Puis l’une des invités se décida à briser la glace : « Dites donc, cette tarte aux épinards est un délice. » Et tout le monde de renchérir avec empressement, ça oui, quel délice ! Ils passèrent les dix minutes suivants à parler de ladite tarte, des épinards frais et de la recette. Si la problématique actuelle a fait naître quelques récits où pointe la culpabilité, il n’en existe aucun pour nous inciter à accepter pleinement notre responsabilité individuelle. Un engagement devient problématique s’il ne rapporte que des pertes et pas de gains.

Pour mobiliser les gens, il faut que la question revête un aspect émotionnel. Elle doit être immédiate et faire le poids. Une menace distante, abstraite et contestée comme le réchauffement climatique n’a tout simplement pas les caractéristiques nécessaire pour mobiliser sérieusement l’opinion publique. Les psychologue qui travaillent sur la prise de décision qualifient souvent le réchauffement climatique de problème parfait, tellement parfait qu’on pourrait facilement en conclure qu’il ne nous laisse aucune chance. Il est parfaitement conçu pour mettre à l’épreuve les limites des capacités de réaction de n’importe quelle société. Des économistes comme Nicholas Stern le décrivent comme le « parfait échec du marché », tandis que pour le philosophe Stephen Gardiner, c’est « la tempête morale parfaite ». Pourtant ! Nous sommes parfaitement capables de nous rappeler à quoi correspondait le quotidien dans une société qui n’émettait pas autant de carbone et nous savons pertinemment que ce n’était pas si terrible. A certains égards, c’était même mieux. Tous les indices montrent que le bonheur, dans les pays développés, a atteint un pic au début des années 1970. Les choses les plus importantes, la famille, les amis, la joie, la beauté, l’esprit de communauté… ne pourraient qu’être accentuées dans une société peu gourmande en énergie. Et le sexe, lui, ne rejette pas de dioxyde de carbone dans l’atmosphère.

Je suis de plus en plus convaincu que la vraie bataille ne pourra pas être remportée à l’aide d’histoires de lutte et que nous devons au contraire trouver des récits fondés sur la coopération, sur nos intérêts mutuels et sur notre humanité commune. Si par contre nos récits s’appuient sur l’existence d’ennemis, il y a de fortes chances pour que, à mesure que les indices du dérèglement climatique s’aggravent, de nouveaux récits d’opposition bien plus vicieux surgissent, en se fondant sur des divisions religieuses, générationnelles, de nationalismes… L’histoire nous a par trop montré que les récits de batailles nous préparent à la violence, à la désignation de boucs émissaires ou aux génocides qui s’ensuivent.

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Catastrophisme du gouverneur de Californie, Jerry Brown

Jerry Brown, c’est l’antidote du trumpisme : « Trump réduit la taille des parcs nationaux, il réduit les capacités de l’Agence de protection de l’environnement à faire respecter les réglementations environnementales, il réduit les taxes destinées à subventionner les éoliennes, il cherche à réduire l’effort de recherche qui nous est vital… Il fait beaucoup de dégâts. C’est particulièrement effrayant lorsque Trump explique que le changement climatique est un canular chinois. (Or) le changement climatique est loin d’être le seul problème auquel nous devons faire face. La prolifération nucléaire est une menace majeure, les ventes d’armes aussi. L’espèce humaine développe des technologies toujours plus puissantes mais ne s’améliore pas en termes de sagesse et de tempérance. La courbe des capacités de destruction s’élève rapidement, tandis que la courbe de notre sagesse et de notre tempérance reste plate. Il y a là un inquiétant hiatus. »

Jerry Brown, c’est un des prophètes de l’apocalypse : « L’Agence internationale de l’énergie indique que le monde consomme 96 millions de barils de pétrole par jour et que l’on en consommera 80 millions dans les prochaines années. Quitter la civilisation basée sur une économie carbonée pour un monde totalement décarboné revient à parcourir le chemin qui sépare la Rome païenne de l’Europe chrétienne, à cette différence près qu’on dispose seulement de quelques décennies pour y arriver ! Pendant plus de 20 000 ans, la Californie n’a compté que 300 000 habitants, elle n’avait pas de centrale au charbon et pas de voiture. Mais comment fait-on avec 40 millions d’habitants, la population actuelle de notre Etat ? C’est une vraie question. »

Jerry Brown a un sens des réalités très poussé : «  Climat,on ne mesure pas l’ampleur du danger. » Mais sur la même page*, un entrefilet indique que Richard Ferrand, un proche d’Emmanuel Macron, est favorable à un nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Et deux pages plus loin, le projet de limitation de vitesse à 80 km/h sur les routes nationales est « très impopulaire » parmi les Français. Il n’y a pas qu’aux Etats-Unis où la culture du shopping, du sport et de la protection du niveau de vie empêche de percevoir les menaces diffuses et lointaines parmi la classe globale, tous ces funestes possesseurs d’une voiture individuelle. Le climat n’a pas de patron. C’est à chacun d’entre nous de se restreindre.

* LE MONDE du 19 décembre 2017, Climat : « On ne mesure pas l’ampleur du danger »

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Peur du terrorisme, insouciance totale pour le climat

Pourquoi des personnes estimant que le changement climatique n’est pas plausible se laissent-elle, en revanche, aisément convaincre des dangers imminents que représentent les attentats terroristes, les impacts d’astéroïdes ou les invasions extraterrestres ? Avec des menaces aussi visuellement impressionnantes que le terrorisme après les attentats du 11 septembre, on a perdu tout sens des proportions et on réagit avec force à des probabilités très faibles. Depuis 2001, les politiciens américains ont approuvé 300 milliards de dépenses publiques pour défendre les États-Unis contre de nouveaux attentats terroristes. Cette prodigalité en réaction à un risque incertain et totalement impossible à quantifier est soutenue par la vaste majorité des Américains, y compris par ceux qui s’opposeraient avec véhémence à des dépenses publiques dans le domaine du réchauffement climatique. Nous constatons que les biais cognitifs qui apparaissent dans les expériences de psychologie sont, dans la vraie vie, subordonnés à la culture, aux normes sociales et à l’identification à l’endogroupe.

Le bais de disponibilité, qui s’appuie sur le vécu récent, maintient la menace au premier plan, et l’incertitude quant à la date du prochain attentat ne diminue en rien cette peur : elle l’amplifie. Par contre le changement climatique n’est pas aussi médiatiquement stigmatisé, et les phénomènes météorologiques extrêmes nous sont dans une certaine mesure familiers. C’est pourquoi l’incertitude concernant ses effets n’instille pas un sentiment de crainte ; il donne la marge de manœuvre nécessaire pour nous laisser croire ce que nous avons envie de croire. La perception du risque est aussi déterminée par l’angle social sous lequel il est observé et c’est l’un des puissants aspects qui tend à diviser les gens.

Les politiciens jouent sur l’incertitude pour justifier les capacités d’intervention des forces armées. Mitt Romney, premier candidat à la présidentielle à nier ouvertement l’existence du réchauffement climatique, justifiera l’augmentation des dépenses militaires en affirmant : «  Nous ne savons pas ce qui nous attend. Nous devons prendre des décisions sur la base de l’incertitude. » L’ancien vice-président Dick Cheney, lui aussi fervent climato-négationniste, a déclaré que « même s’il n’y a que 1 % de chances que des terroristes se procurent des armes de destruction massive, nous devons agir comme si c’était une certitude. » A les entendre, 1 % des chances d’un attentat terroriste suffit à prendre des mesures, mais 90 % de chances d’un bouleversement climatique majeur n’est pas suffisant. Dans tous ces arguments, le facteur incertitude n’a en fait que peu d’influence et n’est invoqué que pour appuyer des décisions orientées par une idéologie politique.

(traduit du livre Don’t Even Think About It de George Marshall (2014))

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Quatre degrés séparent la civilisation de l’apocalypse

En 2012, la Banque mondiale, qu’on peut difficilement qualifier d’écologiste, publia un rapport intitulé « Pourquoi nous devons éviter un monde quatre degrés plus chaud ». Voici quelques instantanés d’un monde quatre degré plus chaud.

– pour reprendre les mots de la Banque mondiale, il y aurait une nouvelle catégorie de vagues de chaleur d’une amplitude jamais connue, avec des températures que la surface de la Terre n’a pas connue dans les cinq millions d’années qui viennent de passer. Quatre degrés étant une moyenne mondiale, de vastes territoires terrestres connaîtront un réchauffement bien supérieur.

– 40 % des espèces végétale et animale seraient en voie d’extinction. Un tiers des forêts tropicales asiatiques serait menacé et la plus grande partie de l’Amazonie risquerait de brûler.

– Il y aurait un déclin de toutes les récoltes dans leur région de culture d’origine. Les rendements s’effondreraient d’un tiers en Afrique. La production américaine de maïs, de soja et de coton serait réduite de 63 à 82 %. Ces problèmes seraient exacerbés par les inondations, les tempêtes, les invasions de mauvaises herbes et de parasites. Comment une planète portant neuf milliards de personnes surmonteraient-elle ces drastiques diminutions du rendement des principales régions agricoles ?

– La fonte de la totalité de l’inlandsis du Groenland élèverait le niveau des mers de 10 mètres en moyenne. Les deux tiers des principales villes mondiales ainsi que tout le sud du Bangladesh et la Floride se retrouveraient sous l’eau. Qu’adviendra-t-il des populations des régions déjà limites pour la survie de l’être humain quand elles deviendront inhabitables ?

Une équipe de chercheurs britanniques, examinant les études réalisées à ce jour, en a conclu que nous atteindrons l’étape des quatre degrés supplémentaires d’ici aux années 2070, voir 2060. Pour John Schellnhuber, l’un des climatologues les plus influents au monde, « la différence entre deux et quatre degrés, c’est la civilisation humaine ». Or rien ne garantit que les températures cesseraient d’augmenter. A ce stade, de puissantes rétroactions et points de bascule pourraient mener à une hausse des températures de six, voir huit degrés. La décision collective de ne rien faire ou presque nous mène sur une voie qui aboutira à un cul-de-sac : nous n’aurons plus ni contrôle, ni options à notre disposition.

Source : dernier chapitre du livre de George Marshall, Le syndrome de l’autruche (Actes sud/colibris 2017), traduit de Don’t Even Think About It, 2014

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NDDL, un rapport pour rien, tout est encore possible

LAURENT KLEIN : D’une lecture complète du rapport publié ce 13 decembre, on reste perplexe. Il envisage 12 millions de passagers mais on fait la comparaison sur 9 millions jugés compatibles avec les deux options, mais in fine, si on agrandit Nantes-Atlantique, il demande qu’on garde la maîtrise foncière pour faire plus tard Notre Dame des Landes, au cas où…

Aloes : Les chiffres des tenants de l’aéroport sont confirmés, mais le développement du nombre de passagers transportés ne sera pas le même selon l’option choisie. En résumé , économiquement, Notre Dame des Landes semble un atout pour le développement de la région. Politiquement et écologiquement le choix de l’abandon serait pertinent… Il ne reste plus qu’à imaginer une version écologique novatrice pour un nouvel aéroport. Dans tous les cas , le pouvoir politique sera perdant.
Loïc : « Les médiateurs confirment l’absence de solution parfaite » J’espère qu’ils ont fait 5 ans d’étude pour en arriver à cette conclusion…
Brise bise : On est en pleine catastrophe climatique et des forcenés ne pensent qu’à agrandir les aéroports pour favoriser le transport aérien. Je propose plutôt de construire un nouvel hôpital psychiatrique agrandi qui servira, notamment, à accueillir les élus nantais.
CYNIQUE DU BON SENS ET RAISON : Et une maison de retraite pour ceux qui ne sont pas sortis des paradigmes de l’ère Pompidou et qui brament à tous bouts de champs en faveur d’un « développement économique » vain et suicidaire… On pourra même leur diffuser « C dans l’air » en boucle ! Avec des conférences de Jean-Marc Ayrault sur la recherche du « développement » perdu.
S : six mois de médiation pour conclure qu’il n’existe pas de solution parfaite… C’est une blague ?!? Les élus locaux ont choisi le transfert. La justice, saisie de très nombreuses fois, l’a validé. Les citoyens de Loire Atltantique, consulté directement par referendum, aussi. Alors oui, il faut simplement dégager les 200 délinquants qui occupent la zad et laisser la démocratie suivre son cours.
Durocand : Avant toute décision un préalable est nécessaire : RETOUR À L’ÉTAT DE DROIT, cela veut dire évacuation de la ZAD, après on peut discuter sereinement.
PIERRE DUMONT : Sauf que les zadistes ont déjà annoncé que, quel que soit le résultat, ils ne quitteraient pas les lieux… Maintenant que leur présence n’est plus légitime…, ils se préparent. Pas sûr que notre pays puisse faire face à un tel maintien de l’ordre………
Enkidou : Il faudra sans doute abandonner le projet actuel de Notre-Dame des Landes, quelles que soient ses vertus objectives, pour le symbole (quelques tonnes de CO2 en moins) et pour la paix civile (il arrive que, face à la violence déraisonnable, la retraite en bon ordre soit la solution la plus intelligente). Et en même temps, selon la formule chère à notre président, il faudra le faire, mais sous une autre forme, parce que le développement économique de la région ne peut pas être sacrifié.
MARIA TERESA VIECCO ALBARRACIN : Plus d’avions ? Et le bilan carbone, la sobriété, le changement de mode de consommation, la conservation de la nature, ne pas bétonner à tout va, c’est pour quand ? Je croyais qu’il y avait urgence !
DOMINIQUE VITALYOS : Moi aussi. Qu’Emmanuel Macron se rappelle, au moment de décider, que l’habit de chevalier du climat ne va pas avec le soutien à l’augmentation du trafic aérien. Un peu de cohérence dans les actes permettrait peut-être aux deux degrés d’excès de chaleur d’être dépassés d’une moindre valeur. Bon aussi que les gens cessent de prendre l’avion à tout propos, pour un week-end bon marché, pour une conférence qui sait où. Du coup, à quoi bon faire + grand, sachant qu’il vaut mieux faire + petit…

(commentaires sur lemonde.fr)

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Jamais une tribune n’empêchera le chaos climatique

Après l’avertissement de 15000 scientifiques, « demain il sera trop tard », une tribune de personnalités : « Nous, citoyens d’Europe et citoyens du monde associés dans une même communauté de destins, n’acceptons pas que l’humanité se dirige, sans réagir, vers le chaos climatique. » Pour eux, une solution miracle, « réorienter la création monétaire européenne afin d’affecter 1 000 milliards d’euros au financement de la transition énergétique. »* Comme si l’argent allait pousser le comportement des gens vers plus de sobriété énergétique et d’austérité partagée. Comment diviser par quatre nos émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050 quand l’argent coule à flot ? Comment enrayer la croissance économique en voulant créer « 6 millions d’emplois pour toute l’Europe » par la création monétaire ? Pourquoi vouloir créer une contribution climat de 5 % sur les bénéfices et pas une taxe carbone sur toutes les émissions de carbone ? Laissons plutôt la parole aux perspicaces commentateurs sur lemonde.fr :

BOB L’ÉPONGE : J’aimerais connaître le bilan carbone de ces signataires au cours des dix dernières années et ce que les politiques signataires ont fait pour l’environnement. Je soulève le premier point car de telles pétitions, tout comme le souci de l’environnement affiché par la plupart des citoyens, se heurte à une réalité simple : personne ne veut changer son mode de vie. Ni ces sommités ni nous, les petits.

François-Marie Arouet : 1000 milliards d’euros pour consommer moins ! Pourquoi ne pas doubler tout de suite le prix des carburants en France ? ça ne coûterait pas 1 000 milliards.

Openeye : Des impôts supplémentaires pour pouvoir acheter des panneaux solaires chinois, dont les constructeurs se moquent éperdument de l’impact sur le climat. On croit rêver. La lutte contre la pollution et le dérèglement climatique passe par le courage. Les milliards ne servent à rien si c’est pour arroser les multinationales.

Tomrom : pas très simple. investir veut dire croissance et augmenter la consommation énergétique. il semblerait que cela soit plus vers la décroissance et la réduction de la consommation qui soit important. première chose à faire, obliger les industriels à pouvoir réparer pendant au moins 25 ans les produits fabriqués.

à satiété : Je doute que les investissements réclamés réduisent le chômage, essayez aujourd’hui de recruter un thermicien, il n’est pas au chômage et les chômeurs ne sont pas thermiciens.Les auteurs croient avoir une baguette magique, ça affaiblit leurs propos Je suggère par contre une mesure très simple et gratuite, limiter la cylindrée des automobiles. Qu’attend-on pour faire ça ? N’importe quel humain peut acheter une voiture de 2 tonnes pour qu’il aille faire ses courses, ce n’est pas tenable.

Phil69 : Cessons de rêver: l’histoire et l’anthropologie montrent que les sociétés préfèrent se suicider plutôt que de renoncer à ce qu’elles sont et à ce qu’elles ont. Dès lors, si les catastrophent annoncées sont inéluctables, le + sage est de se préparer aux guerres, aux famines et aux luttes pour la survie qui se profilent, et les incantations à partager et à devenir sobre apparaissent finalement comme du désarmement dans une situation darwinienne.

Tehel : Malheureusement Phil69 à raison en ce qui concerne l’histoire. Pour la situation présente, une simple prise en compte grossière de l’inertie des processus en cours (climatiques, sociologiques, économiques, démographiques…) montrent plutôt que les choses sont déjà pliées et un avenir sombre certain, à moins de croire aux miracles ou de vivre dans le déni.

Tehel : (suite) Pour rester positif et faire de mon mieux à l’échelle individuelle je me reconverti en ce moment vers la paysannerie, histoire de préserver un petit bout de sol et de production alimentaire et d’avoir quelque chose à échanger (aliments, compétences) avec les « visiteurs de passage » et les voisins lorsque les événements deviendront désagréables. Pas trouvé mieux. Les « efforts écocitoyens » de toute une vie sont de toute façon annulés en l’équivalent de quelques trajets en avion.

Phil69 : Oui, il y a dans l’histoire bcp d’exemples de civilisations qui courent, en en ayant conscience, vers leur « effondrement » comme le dit Diamond. Cela s’appelle le syndrome cliquet : les sociétés, comme les individus, ressentent beaucoup plus douloureusement une régression par rapport à des « acquis » qu’une non-progression et même refusent cette régression même si celle-ci serait nécessaire pour sauver l’ensemble. Certes, ce n’est pas une loi irréfragable, mais l’ignorer c’est se bercer d’illusion

Carol : Nous comptons sur les scientifiques pour tirer le signal d’alarme. Ils s’inquiètent. Ils sont en charge de l’inquiétude. Pendant ce temps là, nous on va au ski. Concrètement vous faites quoi aujourd’hui pour enrayer la catastrophe à venir ? Vous reprenez des pâtes ?

* LE MONDE du 8 décembre 2017, « Nous n’acceptons pas que l’humanité se dirige, sans réagir, vers le chaos climatique »

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Le sexe ne rejette pas de carbone dans l’atmosphère

Pour changer les choses, il faut des mouvements sociaux. Pour qu’il y ait des mouvements sociaux, il faut des cibles physiques. Et pour qu’un récit d’opposition fonctionne, il faut déterminer un ennemi. J’ai passé une grande partie de ma vie dans le mouvement écologiste, menant des campagnes contre les gouvernements, les grosses entreprises et la finance internationale. C’était une lutte contre des intérêts privés, distincts et identifiables. Mais le réchauffement climatique, c’est différent. Nous tirons volontairement profit de ce que les multinationales proposent et des modes de vie incroyable que les combustibles fossiles permettent. La vérité est que, dans les sociétés gourmandes en énergie, tout le monde contribue aux émissions à l’origine du problème ; tout le monde a dont une bonne raison d’ignorer le problème ou de s’inventer un alibi. Mon ami Mayer Hillman, un écologiste convaincu, était à table avec d’autres gauchistes à la retraite. Les convives se remémoraient leurs dernières vacances… Mayer ne put s’empêcher de parler du réchauffement climatique et des incidences pour les générations à venir de tous ces trajets en avion. Le silence se fit d’un coup. Puis l’une des invités se décida à briser la glace : « Dites donc, cette tarte aux épinards est un délice. » Et tout le monde de renchérir avec empressement, ça oui, quel délice ! Ils passèrent les dix minutes suivants à parler de ladite tarte, des épinards frais et de la recette. Si la problématique actuelle a fait naître quelques récits où pointe la culpabilité, il n’en existe aucun pour nous inciter à accepter pleinement notre responsabilité individuelle. Un engagement devient problématique s’il ne rapporte que des pertes et pas de gains.

Pour mobiliser les gens, il faut que la question revête un aspect émotionnel. Elle doit être immédiate et faire le poids. Une menace distante, abstraite et contestée comme le réchauffement climatique n’a tout simplement pas les caractéristiques nécessaire pour mobiliser sérieusement l’opinion publique. Les psychologue qui travaillent sur la prise de décision qualifient souvent le réchauffement climatique de problème parfait, tellement parfait qu’on pourrait facilement en conclure qu’il ne nous laisse aucune chance. Il est parfaitement conçu pour mettre à l’épreuve les limites des capacités de réaction de n’importe quelle société. Des économistes comme Nicholas Stern le décrivent comme le « parfait échec du marché », tandis que pour le philosophe Stephen Gardiner, c’est « la tempête morale parfaite ». Pourtant ! Nous sommes parfaitement capables de nous rappeler à quoi correspondait le quotidien dans une société qui n’émettait pas autant de carbone et nous savons pertinemment que ce n’était pas si terrible. A certains égards, c’était même mieux. Tous les indices montrent que le bonheur, dans les pays développés, a atteint un pic au début des années 1970. Les choses les plus importantes, la famille, les amis, la joie, la beauté, l’esprit de communauté… ne pourraient qu’être accentuées dans une société peu gourmande en énergie. Et le sexe, lui, ne rejette pas de dioxyde de carbone dans l’atmosphère.

Je suis de plus en plus convaincu que la vraie bataille ne pourra pas être remportée à l’aide d’histoires de lutte et que nous devons au contraire trouver des récits fondés sur la coopération, sur nos intérêts mutuels et sur notre humanité commune. Si par contre nos récits s’appuient sur l’existence d’ennemis, il y a de fortes chances pour que, à mesure que les indices du dérèglement climatique s’aggravent, de nouveaux récits d’opposition bien plus vicieux surgissent, en se fondant sur des divisions religieuses, générationnelles, de nationalismes… L’histoire nous a par trop montré que les récits de batailles nous préparent à la violence, à la désignation de boucs émissaires ou aux génocides qui s’ensuivent.

Synthèse de différentes pages du livre de George Marshall, Le syndrome de l’autruche (Actes sud/colibris 2017), traduit de Don’t Even Think About It, 2014

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Le lien entre la tête de puits et le pot d’échappement

Les contradictions d’Hillary Clinton éclatent en juin 2012. Sa journée débute par un voyage sur un navire de recherche scientifique pour aller voir la fonte des glaces arctiques, une expérience qui, selon elle, « donne à réfléchir ». Elle qualifie habituellement la crise climatique de « principale menace du XXIe siècle ». Puis, une fois de retour sur la terre ferme, elle s’assit à la table des négociations en compagnie du PDG de Statoil et du directeur régional d’ExxonMobil afin de planifier l’expansion de la production pétrolière dans l’Arctique ! Une politique sur le changement climatique qui ne tient pas compte de la production des combustibles fossiles est comparable à une politique de lutte contre la drogue qui ne prendrait pas en compte les champs de pavot, les laboratoires de cocaïne, les réseaux et les trafiquants, et qui se concentrerait uniquement sur les drogués.

Les mesures de lutte contre le changement climatique sont un salmigondis d’une abominable complexité. Mais on peut réunir facilement les dix compagnies ou, pour le dire autrement, les dix pays responsables des deux tiers de la production pétrolière mondiale. Les représentants pourraient se retrouver dans la même pièce et décider de fermer le robinet de la production de pétrole. Je me suis donc posé la question : à quel moment les gouvernements et les experts travaillant sur le processus international ont-ils soupesé cette option avant de décider que les meilleures politiques consistaient à réglementer les gaz et à échanger des droits d’émission ? La réponse est simple : ce débat n’a jamais eu lieu. Les recherches scientifiques sur le climat ont toujours porté exclusivement sur les gaz à effet de serre et leurs incidences possibles. John Houghton, fondateur du GIEC, ne fait pas la différence entre les combustibles fossiles exploités et les gaz à effet de serre qu’ils deviennent pas la suite. « Bien sûr qu’ils font partie du même cycle », me confie-t-il, mais « parler de la production nous aurait entraîné de l’arène scientifique vers celle de la politique. En raison de la pression que nous subissons, il nous fallait être d’une irréprochabilité exemplaire. » Houghton ne se rappelle pas avoir entendu, au cours de ses quatorze ans à la tête du comité scientifique du GIEC, de proposition ou de simple débat sur le contrôle de la production à la source.

Il n’y eut donc pas de luttes, pas de disputes, pas d’entente conclue en coulisse. Ce n’était pas la peine, la question ne fut jamais abordée ; les négociations internationales sur le climat n’ont concerné que le pot d’échappement. En échange de leur soutien, on accorda aux compagnies pétrolières, gazières et charbonnières de généreux permis de polluer et on étendit leurs droits de prospection. Seuls les écologistes les plus radicaux ont cherché à reconstruire le lien entre la tête de puits et le pot d’échappement. La bataille autour de l’oléoduc Keystone XL est une tentative pour recadrer la question du changement climatique sur sa source, la tête de puits. Un oléoduc donne une forme concrète à la circulation de carbone, depuis les gisements jusqu’aux émissions.

Source : Le syndrome de l’autruche (pourquoi notre cerveau veut ignorer le changement climatique) » de George Marshall (410 pages, 24 euros)

ajout : http://biosphere.blog.lemonde.fr/2017/10/21/notre-cerveau-veut-ignorer-le-rechauffement-climatique/

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Quand la clim’ réchauffe le monde entier

François Jarrige : De nombreux rapports mettent en garde contre les risques du réchauffement climatique. Ils décrivent pour la plupart un scénario apocalyptique. Pour les solutions, c’est encore et toujours l’appel à l’adaptation qui l’emporte, s’adapter à un futur annoncé comme irrespirable et contaminé. Pour s’adapter à cette chaleur croissante et étouffante, la réponse préconisée est d’abord technologique : elle consiste à équiper son logement, sa voiture, son bureau d’un appareil climatiseur. Si officiellement les pouvoirs publics recherchent des solutions collectives, ce sont les réponses individuelle et à courte vue qui s’imposent. Dès 1960 aux USA, 12 % des foyers sont équipés, 55 % en 1980, 82 % en l’an 2000 et autour de 90 % aujourd’hui. L’industrie automobile s’y convertit rapidement, dès 1969 54 % des véhicules neufs sont équipés. Dès 1945, Henry Miller dénonçait un « cauchemar climatisé ». En France aujourd’hui, la climatisation semble devenu un droit fondamental, au même titre que l’accès à l’eau potable !

Parmi les problèmes soulevés par cette infrastructure de refroidissement, l’inconvénient majeur est sans doute l’utilisation de fluide frigorigène (hydrofluorocarbures) dont le pouvoir de réchauffement est bien plus important que celui du CO2. Ces appareils sont également très énergivores. Si la moitié des habitations s’équipaient d’une petite climatisation de 3 kWh, une vingtaine de réacteurs serait nécessaire en France. La climatisation symbolise aussi le fossé croissant entre les riches climatisés et les milliards d’habitants démunis contraints à subir des épisodes de chaleur de plus en plus éprouvants. Incroyable paradoxe de notre société qui sait combien la climatisation est néfaste mais qui semble de plus en plus incapable de s’en passer. (extraits d’un article dans La Décroissance de novembre 2017)

Biosphere : C’est la clé du problème climatique, les besoins exprimés par nos concitoyens. S’ils allaient à pied ou en vélo à leur travail, s’ils faisaient uniquement du tourisme de proximité, s’ils ne chauffaient pas les chambres à coucher, alors nous pourrions passer en douceur à une société post-carbone. Mais ils veulent 4×4 et quads, tourisme dépaysant et climatisation généralisée. C’est pourquoi l’effondrement de la société thermo-industrielle ne se fera pas en douceur… (post du 24 mai 2015)

Nicolas Hulot : Nous ne pouvons qu’être effarés de notre propre aveuglement. Les hommes peuvent exprimer leurs inquiétudes sur la dégradation du climat d’un ton fort grave pour aussitôt les oublier, acheter une nouvelle voiture, mettre la climatisation ou prendre l’avion pour partir en vacances. (Le syndrome du Titanic – 2, 2009)

Bill Bryson : La journée était superbe. Pourtant toutes les voitures roulaient vitres fermées. Dans leur habitacle hermétiquement clos, tous les automobilistes avaient réglé la température pour reproduire un microclimat identique à celui du monde extérieur… Promenez-vous dans n’importe quelle banlieue américaine en été, et vous aurez peu de chances d’y voir des enfants jouer au ballon ou faire du vélo : ils sont tous à l’intérieur. Et le seul bruit qu’on entend, c’est le bourdonnement des climatiseurs à l’unisson. (American rigolosPayot, 2003)

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23 années à se contenter de regarder la planète brûler

Je suis désespéré, nous allons au désastre. 196 pays, près de 22 000 participants, la COP23 est terminée*. Mais on savait avant même l’ouverture que l’objectif de limiter le réchauffement de la planète sous le seuil des 2 °C resterait un rideau de fumée. On échange des points de vue et les américains plombent encore une fois les débats. Les divisions entre pays développés et pays en développement ressurgissent, en particulier autour des promesses financières sans lendemain des nations industrialisées. Aucune perspective ne permet de couvrir les « pertes et dommages » des pays les plus vulnérables. Les dérèglements climatiques, l’agriculture industrielle et l’explosion démographique vont continuer à nourrir la faim dans le monde. Voici quelques réactions sur lemonde.fr :

le sceptique : Merci à Trump, c’est bien pratique de mettre en avant « la défection des Etats-Unis ». Mais qui croit ce story telling? Quand les vertueux poids lourds de la vertueuse Europe (France, Allemagne) n’arrivent pas à tenir leurs modestes objectifs 2020? Quand la Chine « paradis du renouvelable » augmente ses émissions dès qu’elle a un regain de croissance ? Quand on continue d’investir dans le fossile à horizon 2040-2060 ? Quand 10 milliard d’humains auront besoin d’énergie en 2050 ? Allons donc…

Nous : bien dommage.. mais n’attendons pas quelque chose de ce niveau, même si cela pourrait énormément aider. Agissons à notre niveau personnel et citoyen. Partout des initiatives existent. La transition doit partir de la base… les politiques suivront !

MICHEL SOURROUILLE : COP23, le chiffre veut dire que cela fait 23 années où les diplomates papotent sans résultat puisque la planète chauffe de plus en plus. Normal ! Il faudrait dire aux gens qu’il faut diminuer d’au moins 80 % leurs propres dépenses d’énergie fossile, et ça, aucun politique n’a le courage de le dire, ni même l’intelligence de le penser… Nous préférons préparer la guerre, c’est tellement plus facile d’envoyer les gens au casse-pipe.

Je m’interroge : Et le coût de ces 23 grand-messes, qui nous en parle ? A part les vendeurs de Mercedes et les filles des éros-centers du coin qui profitent vraiment de ces guignolades ? Les américains ont bien fait de se sortir du piège !

ERIK SYLVANDER : Évidemment, il y a encore des gens pour mégoter sur trois sous quand on parle de la survie de l’humanité.

* LE MONDE du 19-20 novembre 2017, Climat : de timides avancées en conclusion de la COP23

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COP23, vingt trois années de blabla climatique

Il existe un « écart catastrophique » entre les engagements pris par les Etats pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et les efforts nécessaires pour respecter l’accord de Paris adopté lors de la COP21, en décembre 2015. C’est la mise en garde qu’adresse l’ONU Environnement (ex-Programme des Nations unies pour l’environnement) dans un rapport publié le 31 octobre*. Cette énième alerte prend tout son sel à quelques jours de l’ouverture de la COP23 (du 6 au 17 novembre à Bonn, en Allemagne). La solution est connue : laisser sous terre entre 80 et 90 % des réserves de charbon, la moitié de celles de gaz et environ un tiers de celles de pétrole. Ce qui suppose, en première priorité, de ne plus construire de nouvelles centrales à charbon et de programmer l’arrêt de près de 6 700 unités actuellement en service. Nous avons suffisamment dénoncé l’inanité des grandes conférences internationales, la COP20 au Pérou, la COP21 un succès d’apparence, la COP22 s’achève sur un bide… pour en rajouter. Laissons la parole aux commentateurs-trices sur lemonde.fr :

Léo-Paul : Rien de surprenant, on nous a présenté la Cop21 comme une grande victoire mais il suffisait de se pencher un peu plus profondément sur la question pour s’apercevoir que ce n’était qu’une vaste blague. Des engagements reconnus comme insuffisants par les experts et surtout non contraignant dont on savait dés le départ que certains pays ne les respecterait pas (puisque non contraignant). Des promesses et du vent c’est ça les Cop.

Pinpon : Mais là où moi, je vais me marrer, c’est quand, tout comme les Brexiteurs commencent à le faire pour l’avenir de UK, les anti-écolos commenceront à constater que l’avenir de cette plaie qu’est l’espèce humaine sur la planète est définitivement condamné. Et pourquoi ont-ils fait des enfants pour les fracasser comme sur un mur.

Léo-Paul : Bah au moins les écolos quand leurs petits enfants leur demanderont pourquoi ils ne peuvent pas sortir dehors sans masque de protection (comme c’est déjà le cas dans les villes chinoises) ils pourront dire qu’ils ont essayés de changer les choses. Les autres ils pourront juste dire que ce qui leur importait c’était pas les conditions de vie de leur descendance mais leur petit confort personnel et la sacro-sainte croissance.

le sceptique : L’équation de Kaya est têtue. Le CO2 évolue en fonction du PIB, de la population, de la part carbone de l’économie. Il faudrait que l’intensité carbone baisse en proportion des hausses (factorisées) économiques et démographiques. Va-t-on dire aux populations : on vous interdit de faire des enfants, on gèle le PIB pour 2 générations, on consacré l’essentiel de la dépense publique à baisser le carbone? Non. Donc l’humanité devra s’adapter au réchauffement climatique au cours du siècle. Selon son intensité, et selon le degré de préparation, il provoquera des troubles ou contribuera à en aggraver.

Loulou : Le cataclysme ne sera pas du type Hollywoodien. On peut anticiper des choses comme celles qui se passe en Syrie (ou une grande sécheresse depuis 2004 a bouleversé la Syrie rurale). On peut s’attendre à de très gros problèmes dans les zones arides : Sahel, Rajasthan/Pakistan, Iran, etc. Certains parlent de millions de réfugiés climatiques aux portes de l’Europe : que fera-t-on ? On coulera les bateaux ? Les questions sont très difficiles.

Bill : Et on est content parce que la croissance repart en France Haha !! Quand est-ce que les journalistes et les scientifiques mettront en avant le fait qu’il est impossible de tenir de tels objectifs avec un système dont la santé dépend de la croissance ?? TOUJOURS PLUUUUUUUS

Phil69 : Aucune personne sérieuse ayant des connaissances en histoire et anthropologie ne croit possible d’espérer en une modération de la consommation énergétique. Y renoncer, c’est abdiquer l’idée d’humanité forgée depuis 5 siècles. Il est bcp plus réaliste de se préparer à une lutte darwinienne entre les nations dans un contexte de stress climatique généralisé.Et que fait Trump, si ce n’est préparer la guerre?

Mumuche : Il ne se passera rien, tant qu’un gigantesque cataclysme ne nous aura pas fait retrousser les manches. C’est comme ça que l’humanité marche : a posteriori. L’anticipation, connaît pas. Mais l’inertie du réchauffement est telle qu’au moment du dit cataclysme, il sera sûrement trop tard.

* LE MONDE du 1er novembre 2017, Réchauffement climatique : la bataille des 2 °C est presque perdue

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Notre cerveau veut ignorer le réchauffement climatique

Le public doit se rappeler que les professionnels travaillant sur les questions climatiques sont certes intelligents mais qu’ils sont des humains comme les autres, guidés par des degrés variés d’ambition, de curiosité, d’entêtement et d’altruisme.

L’Anglais Kevin Anderson, ancien directeur du Tyndall Centre, sort du lot par sa réticence à prendre l’avion quel qu’en soit le motif. Son public lors d’une récente conférence en Chine fut stupéfait d’apprendre qu’il était venu (et repartirait) en train. Il est persuadé que cette information a renforcé la légitimé de ce qu’il avance. Anderson juge « extrêmement perturbant » le fait que les personnes qui façonnent les lois contre le changement climatique prennent autant l’avion. Il me rapporta une conversation qu’il avait eue avec le directeur de l’un des plus gros fournisseurs d’énergie britannique qui lui annonçait nonchalamment qu’il partait le week-end suivant en Chine avec son cheval pour faire de l’équitation. Anderson ne parvint pas à retenir son indignation : « Nous étions sur le point de présenter nos conclusions au gouvernement lors d’une audience sur le changement climatique et il me parlait d’emmener son foutu cheval en Chine !… Et lorsque je lui ai pointé ce fait, il m’a regardé comme si j’étais un gauchiste radical ! » D’après Anderson, les experts semblent penser que la sagesse qu’ils répandent sur la Terre depuis leur siège en première classe à 10 000 mètres d’altitude est si importante qu’elle pèse plus lourd dans la balance que leurs propres émissions de gaz à effet de serre. Ils ne comprennent pas que le problème est causé par des gens comme eux.

Ou comme moi, me faut-il ajouter. Moi aussi je prends souvent l’avion. J’essaie de voyager le moins possible et de justifier chacun de ces vols. Mais comme le révèle le verbe justifier, je suis aussi enclin à bâtir une histoire susceptible de résoudre le conflit intérieur qui sourd en moi chaque fois que je prends place dans un avion. Les entretiens avec de grands voyageurs révèlent qu’ils emploient les mêmes termes que les toxicomanes. Ils parlent d’extase, de désinhibition, de sens nouveau qu’ils trouvent à la vie, et de la déprime au moment de la descente. Les justifications de nos voyages personnels sont aussi semblables à celles que les toxicomanes inventent au sujet de leur dépendance : j’en ai besoin, je ne fais de mal à personne, tous les autres le font, je peux m’arrêter à tout moment, d’autres font bien pire. Mais les experts du changement climatique ne sont pas des êtres humains comme les autres en ce qui concerne un aspect essentiel : ils sont les principaux communicants sur cette question, et leurs actions seront toujours passées à la loupe comme preuve de leur fiabilité. Est-il vraiment surprenant que l’aviation internationale n’ait été intégrée ni dans les calculs des émissions nationales, ni dans le protocole de Kyoto ?

Extraits p.330-331 de « Le syndrome de l’autruche (pourquoi notre cerveau veut ignorer le changement climatique) » de George Marshall (410 pages, 24 euros)

commentaire de ce blog : les experts et beaucoup d’autres personnes aujourd’hui sont victimes de dissonance cognitive

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Climat : des fous dangereux au pouvoir aux États-Unis

« La guerre contre le charbon est finie », claironne M. Pruitt*, usant des mêmes mots que Donald Trump. Scott Pruitt est le patron de l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA). Il abroge le plan pour une énergie propre (Clean Power Plan) engagé par Obama et qui prévoyait la fermeture des centrales à charbon les plus vétustes et les plus polluantes. Le deuxième plus gros émetteur de gaz à effet de serre continue donc de faire la guerre à la planète pour 80 000 salariés travaillaient en 2016 dans les centrales à charbon. Voici quelques réactions sur lemonde.fr :

edouard : La politique Américaine reprend de la main droite ce qu’elle a donné de la main gauche, ça fait 30 ans que ça dure.

Alium : C’est bien triste de voir le destin de l’humanité et la vie des générations futures, ainsi soumis aux caprices d’un homme profondément égocentrique et inculte. Élu à la faveur d’un système électoral archaïque, par une société civile sous-éduquée où la démarche scientifique est moquée, Trump est bien le digne représentant d’une Amérique malade de ses vices et de ses turpitudes. Non contente d’aller droit dans le mur, elle emmène le monde tout entier avec elle.

Bern : Frederick Wiseman, le grand documentariste américain disait récemment: « Trump est le résultat de ce que sont devenus les Etats-Unis et de l’idéologie technocratique qui y prévaut, qui élimine tout ce qui n’est pas profitable et maintient délibérément le peuple dans l’ignorance. Henry Louis Mencken, un journaliste à la pensée très aiguisée, le disait déjà dans les années 1920 : il est impossible de sous-estimer la stupidité du public américain. »

CYNIQUE DU BON SENS ET RAISON : Le crétin peut faire ce qu’il veut, le dégel du permafrost emportera sa crétinerie et l’humanité avec.

Guy Fauzate : Bisque, bisque, les écolos ! Leur idéologie n’est pas partagée par tous et certains chefs d’Etat ne veulent pas sacrifier des branches industrielles pour elle. Il leur faudrait peut-être revoir leur approche du problème et se souvenir que les travailleurs des énergies fossiles fournissent de l’énergie, et les écologistes rien du tout, sauf des pétitions en ligne.

Ekolo @ Guy Fauzate

peut être cela vous réjouit-il, parce que vous ne portez pas les écolos dans votre cœur… mais, désolé pour vous, il ne s’agit ni de croyance ni d’opinion, mais de faits scientifiquement établis. Rendez vous dans 10-15 ans…

Obéron @Ekolo : Dans 10-15 ans, avec des idéologies telles que celle de Trump et autres @Guy Phosate, nous aurons juste perdu 10 ou 15 ans de plus, et le résultat se comptera en millions de décès, de sinistrés, de réfugiés climatiques, avec tous les conflits que ça ne manquera pas d’engendrer en supplément. On pourra peut-être alors mesurer les dégâts, mais il sera trop tard pour réagir efficacement et assurer un futur enviable à nos enfants. Il sera même trop tard pour en vouloir aux anti-écolos !

GUERRE ROLAND : Un désastre annoncé ! La mobilisation des Américains s’impose pour faire reculer cette administration. Les parlementaires ouvriront-ils la procédure d’empêchement attendue…

Alium : Malheureusement, cela fait plus de 20 ans que les Etats-Unis menacent progressivement la paix mondiale et la vie des générations futures à force de louvoiements, de turpitudes, de positionnements stratégiques tordant le cou de toute considération éthique et morale.

XieFeiYan : Aujourd’hui, le seul prédateur de l’homme, c’est l’homme. Les seuls moyens de faire décroitre la démographie, ce sont les guerres et la pollution. Laissons donc faire. Quant à la Nature, elle s’en remettra.

* LE MONDE du 10 octobre 2017, L’administration Trump va abroger la mesure phare d’Obama sur le climat

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