effet de serre

Claude-Marie Vadrot, la planète nous échappe

Les images de Houston inondée, de Saint Barthélémy et Saint Martin détruites, de la Fosse sur Mer engloutie par Xyntia, des urbanisations des Alpes Maritimes mortellement inondées en 2015 ou du Loiret submergé en 2016, illustrent parfaitement le mal récurrent de nos sociétés. Elles montrent son état de délabrement idéologique ou politique et sa spectaculaire résignation. Fascinés par ce qui n’arrive évidemment qu’aux autres et faute de courage, nous reculons devant l’action. Parce que l’économie et les industries sont nos seules boussoles, nous acceptons l’idée qu’il n’y a rien à faire. Alors que, pendant une période désormais bien courte, nous pourrions encore diminuer les émissions de gaz à effet de serre, c’est-à-dire reprendre le contrôle d’une planète qui nous échappe parce nous révérons toujours le dieu croissance auquel Jupiter est en train de multiplier ses dévotions.

Pour ceux qui sont assurés, la facture de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy atteindra 1,5 milliards d’euros. Rien pour les autres, rien. Les pays du Sud ne peuvent que se débrouiller seuls avec les dégâts alors que les sociétés industrielles assurent de plus en plus leurs biens et leurs activités. Les grandes compagnies d’assurances et de réassurances voient la facture des remboursements grimper chaque année. Elles sont d’ailleurs aussi assidues qu’actives dans les couloirs du Giec et de la lutte climatique. Non pas parce qu’elles seraient devenues « écolos » mais parce qu’elles constatent qu’elles commencent à perdent de l’argent. Comme si l’argent pouvait guérir la planète. Les climatologues comme Jean Jouzel, le rappellent à chaque déluge : il n’est pas, tout au moins pas encore, certain que la terre connaîtra de plus en plus fréquemment des accidents climatiques, locaux, régionaux ou nationaux. Par contre, il est annoncé et vérifié que tous les événements liés à la météo seront de plus en plus puissants, de plus en plus destructeurs, de moins en moins contrôlables. Cela vient de se vérifier avec Irma et Harvey, sans oublier les gelées inattendues que les naïfs croient révolues sous prétexte de réchauffement annoncé. On devrait qualifier autrement ce qui arrive à la planète et user plutôt de l’expression des spécialistes, « dérèglement climatique ». Devenus incontrôlables, les caprices provoqués du temps apprennent aux Américains la condition de réfugiés climatiques : un paradoxe dans cet État de Floride dont le gouverneur, Rick Scott, climato-sceptique notoire, interdit depuis de années à ses fonctionnaires de faire la moindre allusion au « réchauffement climatique » et à « la montée de la mer ». Comme si le refus des mots permettait de prendre le contrôle de la réalité qui a poussé six millions de personnes à prendre la fuite.

Alors, comme le disait Lénine, que faire ? Pas grand-chose pour retarder cet inéluctable qui ne correspond à aucune échelle électorale. Et surtout, les politiques dépassés par des années de négligence ou de cécité, ne peuvent pas se contenter de s’agiter face à l’opinion publique et aux électeurs en construisant des digues le long de la mer, en bâtissant des discours, en canalisant les rivières, en renforçant des falaises, en multipliant les retenues d’eau ou en inventant des « normes anti-tempête » qui seront balayées aussi vite que les monceaux de ciment ou de rochers déversées sur les bords de la mer pour l’empêcher de monter. Depuis des années, sans toujours l’avouer, nos gouvernements sont passés de la prévention à l’adaptation. Ils se résignent, ils nous incitent à la résignation. Comme s’il n’existait pas d’autre solution. Comme si les beaux discours allaient émouvoir la planète et inciter Eole à la modération.

Éditorial sur le site JNE

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S’adapter à +5°C avec des centaines de millions de morts

Pourquoi s’inquiéter ? En fait, 5°C de hausse de la température moyenne du globe, c’est à peu près ce qui s’est produit quand notre planète est passée de la dernière ère glaciaire, qui a connu son point le plus froid il y a 20 000 ans environ, au climat actuel (avant le début du réchauffement d’origine humaine). Ces 5°C de plus ont suffi pour faire monter le niveau de l’océan de 120 mètres et changer la végétation ainsi que la répartition des écosystèmes. Et alors ? Nos ancêtres se sont bien adaptés à cette évolution puisque nous sommes là ! Mais s’adapter, à l’époque, n’était pas exactement s’adapter à l’heure actuelle. Les humains n’étaient que quelques millions sur la planète, il vivaient par groupes de quelques dizaines d’individus seulement, n’étaient pas sédentarisé (et donc facilement mobiles), n’avaient pas grand-chose à transporter avec eux quand ils pliaient la tente, et surtout le chef ne demandait pas vraiment l’avis de ses administrés avant de décider si on allait s’installer ailleurs. En outre l’Insee de l’époque ne dit pas quelle fraction de l’espèce à laissé sa peau à l’occasion de ces migrations pour la survie. Rappelons que la perpétuation d’une espèce s’accommode fort bien d’une division par deux du nombre de ses représentants, comme les grandes pestes du Moyen Age l’ont prouvé un peu partout.

Au vu de cet élément de référence (5°C en plus), il est facile de comprendre qu’une hausse de même ampleur, qui surviendrait 50 à 100 fois plus rapidement et serait appliquée à une humanité sédentaire de quelques milliards d’individus, ne serait pas une partie de plaisir. Tout d’abord, le déménagement pour quitter un lieu devenu inhospitalier sera moins facile qu’autrefois : nous avons mis des siècles à construire une quantité incommensurables d’objets de toute nature – villes, réseaux de communication, usines, etc. – que nous ne pourrons pas prendre sur notre dos pour nous installer ailleurs. S’en aller signifie donc perdre tout cela, et repartir de pas grand-chose. Combien de morts si, en migrant, nous perdons logements, moyens de transport, hôpitaux, usines et silos à grains ? Et puis partir pour aller où ? Un lieu hospitalier ailleurs, il y a aura déjà quelqu’un qui, selon toute vraisemblance, sera à moitié ravi de voir arriver du monde en masse, et sera probablement tenté de l’empêcher par tous les moyens. Et s’il n’y a personne, alors il n’y aura pas d’infrastructures, et le retour au Moyen Age ne sera pas une vue de l’esprit.

Le plus grand danger n’est pas l’effet physique d’une hausse des températures sur nos organismes. Après tout les Bédouins vivent avec des température dépassant les 40°C dans la journée et les Inuits passent l’hiver boréal dans un igloo. Ce qu’il faut comprendre, c’est que la température moyenne n’est que le marqueur d’un changement global qui affaiblira nombre des composantes nécessaires à notre survie ou à notre bien-être. En particulier une chose est indispensable avant toute autre pour les animaux que nous sommes : manger. Or la dérive climatique va affaiblir le rendement des cultures et cela a déjà commencé. Quand nos esclaves mécaniques et chimiques deviendront de mois en moins disponibles, alors que sécheresses, inondations et ravageurs de toute nature se manifesteront de plus en plus souvent, le retour de sérieux problèmes d’alimentation n’est pas du tout à exclure.

Jean Marc Jancovici (Dormez tranquilles jusqu’en 2100, réédition 2017 en livre de poche)

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Le rationnement, outil convivial (selon Mathilde Szuba)

La surproduction industrielle d’un service a des effets seconds aussi catastrophiques et destructeurs que la surproduction d’un bien. Par conséquent des limites assignables à la croissance doivent concerner les biens et les services produits industriellement. Plusieurs propositions ont été faites pour organiser un rationnement de l’énergie instauré dans un but écologique. Par exemple la carte carbone a été portée par le gouvernement de Tony Blair au cours des années 2000 et figure encore au programme du Green Party. Ce rationnement vise à la fois la protection de la planète et l’anticipation du pic pétrolier. Face à la pénurie qui s’annonce, il est difficile d’imaginer que l’on puisse se passer d’institutions plus ou moins centralisées pour organiser la coordination des efforts individuels d’auto-limitation et une répartition équitable et soutenable des ressources disponibles. Cet enjeu climatique et énergétique conduit directement à une politique de quotas individuels de carbone.

Les limites à l’exploitation des ressources annuelles sont définies en fonction des objectifs climatiques souscrits par le pays. Un budget carbone annuel est ainsi fixé, déterminant la quantité maximale d’émissions que le pays va s’autoriser à émettre. Il est ensuite réparti entre les habitants, chacun recevant son quota égal. Les institutions permettant aux acteurs d’utiliser cette carte carbone en fonction de leurs situation sont la bourse d’échange pour les quotas excédentaires, mais aussi l’autorité chargée de la planification de la descente énergétique. Face à une ressource finie, le rationnement garantit à chacun un accès minimum parce que, dans le même temps, il plafonne les consommations de tous. C’est là un principe de base du rationnement. L’autonomie est compatible avec des restrictions des libertés individuelles, si ces restrictions sont la condition de l’autonomie des membres de la communauté*.

La carte carbone permet de garantir à chaque utilisateur d’énergie le maximum d’autonomie dans l’utilisation de son quota personnel ; la répartition entre les divers usages (chauffage, transports, etc.) revient aux préférences de chaque individu. En matière d’équité, le rationnement constitue une ressource indéniable pour une société qui chercherait à organiser la répartition politique et économique de la contrainte énergétique.

in Gouverner la décroissance, collectif, 14 euros pour 234 pages (éditions SciencePo 2017)

* Les droits humains ont certes été conçus pour protéger les individus de l’arbitraire du pouvoir et du groupe. Cependant, à l’heure de l’urgence écologique, ils doivent aussi permettre d’endiguer l’arbitraire de certains individus ou groupes quand celui-ci s’exerce au détriment de la viabilité de la planète pour tous les individus. Lorsque les jeunes Verts genevois ont voulu soumettre une initiative limitant la cylindrée des véhicules automobiles, il leur a été répondu que c’était contradictoire avec les droits humains et la liberté d’opinion !

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L’agriculture, ce sans quoi il n’est rien d’autre possible

En mars 1971, je réalise que l’agriculture est vraiment le secteur primaire, au sens de fondamental, absolument nécessaire à notre subsistance, ce sans quoi il n’est rien d’autre possible. Or d’une part il y a destruction de la terre nourricière, d’autre part il y a coupure de plus en plus radicale de l’homme envers la terre. Le circuit de distribution est de plus en plus complexe, donc de plus en plus fragile ; une désorganisation pourrait entraîner panique et peut-être même famine. Il est d’ailleurs bien clair pour moi que les ressources entières de la terre ne suffiraient pas aujourd’hui à procurer à tous les habitants de notre planète le niveau de vie de messieurs les Américains… Ce n’est pas mes cours de fac qui peuvent amener à de telles idées ! Les physiocrates peut-être, qui considèrent que seule l’agriculture est productive ?

Le 8 avril 1971, je note grâce à Historia que le CO2 est en principe inoffensif. Il ne constitue que 0,5 pour mille de l’atmosphère. Mais l’humanité en déverse 100 millions de tonnes supplémentaires chaque année. Or le CO2 est opaque à l’infrarouge, rayonnement par lequel la terre renvoie une grande partie de l’énergie solaire qu’elle reçoit. Une trop grande croissance du CO2 dans l’atmosphère pourrait faire en sorte que la température du globe s’élève ; les glaces polaires pourraient fondre. Je savais donc déjà cela en 1971, le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ne sera fondé qu’en novembre 1988 et les climato-sceptiques se sont déchaînés au début des années 2000 !

Je note aussi en 1971 qu’une fusée comme Saturne abandonne 200 tonnes d’hydrogène dans la haute atmosphère. Or cet atome détruit l’ozone qui enveloppe le globe et nous protège des radiations ultraviolettes du soleil. On ne parlera que bien plus tard du trou dans la couche d’ozone !

Le comité pour l’environnement du sénat américain a calculé que la chaleur qui serait diffusée dans l’atmosphère en l’an 2000 si chaque citoyen du monde en venait à dépenser la même quantité d’énergie que l’Américain moyen en 1970, alors les glaces du pôle fondraient. Je prends vraiment conscience que c’est un suicide collectif que de vouloir rattraper le niveau de vie américain. Une autre de mes notules : « Pourquoi la croissance, pourquoi consommer, pourquoi toujours plus, pourquoi faire des enfants ? Pourquoi se déplacer, pourquoi ne pas trouver le bonheur avec sa voisine de palier ? A quoi sert-il de consacrer des millions de francs pour découvrir un nouveau produit pharmaceutique quand on sait par ailleurs que le cancer est causé en grande partie par la multiplication des substances carcinogènes !« 

(à suivre)

NB : pour lire la version complète de cette autobiographie, ICI

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Beaucoup d’entre nous vont bientôt mourir de chaleur

Eprouvé par cette chaleur caniculaire qui pèse sur plusieurs départements français, nous ne pouvons qu’être inquiété par cet article du MONDE, « Les canicules, une menace mortelle pour  les trois quarts de l’humanité »*. Nous en sommes directement responsables par notre mode de vie qui brûle du carbone, beaucoup trop de charbon, pétrole et gaz. Le facteur déterminant, pouvant altérer la capacité de thermorégulation de l’organisme humain et provoquer un état d’hyperthermie, est constitué par le couple température-humidité, cette dernière renforçant la chaleur ressentie. En 2000, le seuil fatidique de température et d’humidité a déjà été franchi, pendant au moins vingt jours, sur environ 13 % de la surface continentale de la planète, abritant 30 % de la population mondiale. Dans le scénario le plus pessimiste, avec lequel les rejets carbonés conservent une courbe ascendante entraînant un réchauffement moyen de 3,7 °C en 2100, ce sont 47 % du territoire et 74 % des individus qui seraient mis en péril. La température des villes les plus peuplées pourrait croître de 8 °C d’ici à 2100 . Laissons la parole aux commentateurs sur le monde.fr :

VRAIS problèmes de sécurité : Et on nous bassine sur notre sécurité (dont on nous dit qu’elle est mise en danger par les attentats) qui mériterait que l’on renonce à nos libertés ! Mais la véritable sécurité qui met en danger rien de moins que 30% de la population mondiale ne remue personne, pas d’état d’urgence ni contre le réchauffement climatique ! Quelle importance ? On fonce sur le mur, tête baissée, on s’occupe de ses petites affaires…

Ben : Vous ne prenez jamais de douche chaude ? N’utilisez pas de voiture ? Ni d’électricité ?

ALAIN LE COMTE : Mais non, mais non, ce sont des histoires de bobos-écolos ! On peut continuer sans rien changer à cette civilisation et, même si la température moyenne augmente de 10 ° C, on … s’adaptera, foi de Trump !!!

XieFeiYan : L’être humain n’a plus de prédateur, à part lui même : Déséquilibre nuisible.

Gnous : Effet de balancier pour limiter la démographie… heureusement, il y a la planète Mars pour se réfugier …lol

Mil : Assez d’inquiétude : Dieu est bon, grand et miséricordieux, le Paradis doit être climatisé… Qui renoncera à sa voiture ? Qui conseillera de faire moins d’enfants ?

CYNIQUE DU BON SENS ET RAISON : Et bien, c’est Darwin qui aura le mot de la fin. Partielle ou Totale. Tant de bêtise de la part de l’homme que son intelligence, rare et fugace, ne saurait compenser.

Toz : Notre fantastique capacité collective à nous détruire est totalement exemplaire.

* LE MONDE du 21 juin 2017, Mourir de chaud, un risque pour 30 % de la population mondiale

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Augmenter le prix du carbone, le serpent de mer

Le problème du réchauffement climatique, c’est que la politique fait valser les chiffres, ce qui n’intéresse pas nos concitoyens. L’accord de Paris, adopté en décembre 2015 par près de 200 pays, prévoyait de limiter la hausse de la température par rapport à l’ère préindustrielle « bien en deçà de 2 °C » et à « poursuivre les efforts pour limiter la hausse de la température à 1,5 °C ». Mais la COP21 laissait libre cours à la bonne volonté de chaque État pour parvenir à cet objectif. Risible ! Cet objectif de 2°C ou 1,5 n’avait d’ailleurs aucune valeur scientifique, c’est un slogan politique en forme de promesse, et on sait ce que promesse politique veut dire. Absolument rien ! La commission Stiglitz/Stern mise en place par la Coalition pour la tarification du carbone (CPLC) rappelle que 87 % des émissions globales ne sont pas tarifées aujourd’hui et que les trois quarts de celles qui le sont, sont couverts par un prix du carbone inférieur à 10 dollars par tonne de CO2. Le rapport de cette commission, publié fin mai 2017, prône une forte augmentation du prix de la tonne de CO2, qui devrait atteindre au moins 40 à 80 dollars en 2020, puis 50 à 100 dollars en 2030, contre moins de 6 dollars aujourd’hui en Europe*. Des chiffres, toujours des chiffres, et les moyens pour imposer une taxe carbone sont laissés au vestiaire : un rapport ne vaut pas décision politique. Prenons l’exemple du Canada.

Ce pays s’était retiré un temps du protocole de Kyoto avec le climato-sceptique Harper. De toute façon le Canada a pris du retard par rapport à ses objectifs initiaux. Entre 2005 et 2015, les émissions ont été réduites d’à peine 2,2 %, alors qu’elles devraient être en baisse de 17 % d’ici à 2020 pour espérer atteindre la cible du 30 % en 2030. Pour réduire davantage ses émissions de GES, le gouvernement a précisé le 18 mai 2017 les modalités de la taxe carbone qui vise les émissions de dioxyde de carbone (CO2) : 10 dollars la tonne en 2018 et ensuite augmentation de 10 dollars par année jusqu’à atteindre 50 dollars en 2022. Bien entendu vous avez déjà comparé ces chiffres avec le rapport CPLC présenté ci-dessus. La ministre canadienne de l’environnement a aussi détaillé le 25 mai un plan visant à réduire les émissions de méthane issues des activités du secteur pétrolier et gazier.** Selon la ministre, « cela équivaut à retirer environ 5 millions de véhicules de la circulation chaque année ». Rassurons les automobilistes, on va juste faire semblant, les mesures s’adresseront uniquement aux industriels. Pour les fuites de méthane, des inspections annuelles seront prévues, mais les entreprises disposeront de délais pour colmater leurs installations. De toute façon les mesures entreront progressivement en vigueur entre 2020 et 2023, d’ici là, deux élections fédérales auront eu lieu, le retour en arrière est toujours possible. Pour les particuliers, la taxe sur l’essence équivaudra à 2,33 centimes le litre d’essence en 2018 et atteindra 11,63 centimes le litre en 2022. Pas de quoi s’affoler !

Soulignons pour conclure que la tarification du carbone, nécessaire pour induire des changements de comportement, doit selon la doctrine officielle se faire « d’une manière favorable à la croissance économique et au développement ». Dans un monde croissanciste, nous irons donc jusqu’à brûler la dernière goutte de pétrole, laissant à nos descendants la responsabilité de s’adapter à la montée des eaux océanes, aux sécheresses à répétitions, à la perte de rendements agricoles, aux déplacements forcés des migrants climatiques chassés de leurs terres et à toutes sortes de malheurs concomitants. Bravo la civilisation thermo-industrielle !

* Le Monde.fr avec AFP | 29.05.2017, Climat : un rapport recommande d’accroître le prix du carbone

** LE MONDE du 31 mai 2017, Le Canada détaille son plan de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre

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Trump ou pas, le climat se réchauffera quand même

Les USA génèrent 21 à 25 % des Gaz à Effet de Serre (GES) pour seulement 5 % de la population mondiale. Cela ne les empêche pas de réfuter tout limitation de leurs émissions de GES : « A partir d’aujourd’hui (1er juin 2017), les Etats-Unis cesseront toute mise en œuvre de l’accord de Paris (…) et du fardeau économique et financier qu’il impose à notre pays », a déclaré le salopard qui préside actuellement les USA. Rien de nouveau sous un soleil de plus en plus ardent. Le protocole de Kyoto de 1997 avec entrée en vigueur seulement en 2005 visait à réduire, entre 2008 et 2012, d’au moins 5 % en moyenne par rapport au niveau de 1990 les émissions de six gaz à effet de serre. Jugé « injuste et inefficace » par George W. Bush, le protocole de Kyoto ne sera pas ratifié par les Etats-Unis, qui s’en retireront en 2001, imités plus tard par le Canada. L’Amérique du Nord, qui émettait déjà en 2003 un surplus de 16 % de gaz carbonique par rapport à 1990, atteindrait en 2030 le chiffre de 54 %. Le protocole était mort, remplacé fin 2015 par le traité de Paris (COP21) qui n’impliquait aucune contrainte pour les pays. L’objectif, fixé par les Etats-Unis eux-mêmes, était une réduction de 26 % à 28 % de leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2025 par rapport à 2005 ; ce ne sont que des chiffres abstraits, les moyens d’y parvenir n’étaient pas définis. Les USA avaient exigé en effet que les objectifs de réduction d’émissions se fasse sur la base du volontariat. Leur demande a été satisfaite et pourtant, une fois encore, ils se retirent du traité de Paris. Pourtant la décision de Donald Trump ne change absolument rien au fond. La raison des échecs successifs des négociations internationales sur le climat est en effet  structurelle : il ne faut pas remettre en question le niveau de vie moyen dans les pays riches.

« J’ai été élu pour représenter les habitants de Pittsburgh, pas de Paris », a expliqué Trump le salopard. C’est anecdotique, et le fait que le maire de Pittsburg ait assuré par la suite que sa municipalité suivra quand même les directives de l’accord de Paris ne change rien à la donne. Derrière toutes les déclarations d’intention depuis 22 ans sur la limitation des gaz à effet de serre, il y a le refus général et constant de voir baisser le niveau de vie de la population américaine. Lors de son discours d’investiture le vendredi 20 janvier 2017 Donald Trump, 45e président des Etats-Unis, s’exclamait : « A compter de ce jour, il n’y aura plus que l’Amérique d’abord, l’Amérique d’abord. Lors de son discours d’investiture le 20 janvier 2009, Barack Obama disait la même chose :  « Nous n’allons pas nous excuser pour notre mode de vie, nous le défendrons sans relâche ». Le président George H. W. Bush père prévenait déjà la planète que « le mode de vie des Américains n’est pas négociable ». Autant dire que Trump, Obama ou Bush ont le même discours, qu’ils soient démocrates ou républicains : « Les Américains d’abord ». Comme disait une maman républicaine, il faut pour ses enfants un avenir positif, avec deux automobiles et deux garages, la grosse maison qui va avec et le chien. Seule la décroissance serait climatiquement positive pour ce pays d’obèses qui consomment trop et ne partagent rien. Mais ce constat de réalité pourrait être fait pour d’autres pays. Quel gouvernement d’un pays développé a expliqué à sa population que pour diviser par quatre ses émissions de gaz à effet de serre, il fallait réduire drastiquement le pouvoir d’achat des gens ? Personne. Rappelons enfin que le Traité de Paris était une coquille vide :

Il n’est aucunement fait mention dans le texte des énergies fossiles. On s’attaque à un mal sans jamais mentionner sa cause.

L’accord de Paris ne prendra effet qu’en 2020 alors que les pics d’émissions doivent avoir lieu avant cette date pour atteindre l’objectif.

L’objectif de température (« + 2°C ou moins ») est un objectif politique qui n’a aucune base scientifique.

Les contributions déclarées par les États pour réduire leurs émissions nationales de GES nous oriente sur une trajectoire de + 3°C et ne seront pas révisées.

Les secteurs des transports aériens et maritimes ne sont pas présents dans le texte.

Le texte exclut toute « responsabilité ou compensation » des pays du Nord pour les préjudices subis par les pays en développement.

2018 était la date fixée pour faire revenir les Etats à la table des négociations. En définitive on s’est réuni à Paris uniquement pour fixer une date… La décision de Trump ne change par grand-chose.

PS : le terme « salopard » pour Trump est inapproprié pour un personnage qui n’est qu’un enfant attardé faisant sa crise d’adolescence à un âge avancé.

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La démocratie à l’épreuve du réchauffement climatique

Ne nous voilons pas la face, les systèmes démocratiques reposent sur des procédures tellement complexes et des électeurs tellement inconsistants que l’incroyable est toujours possible. Ainsi de l’élection du climato-sceptique Donald Trump à la tête des USA. C’est pourquoi nous prévoyons déjà que beaucoup de nos descendants vivront les pieds dans l’eau et pour d’autres des sécheresses extrêmes parce que que nos instances « représentatives » se seront contentées de parlottes diplomatiques au lieu d’aborder de front la réalité du réchauffement climatique. L’accord de Paris, dont on sait pourtant qu’il ne débouchait sur aucunes mesures contraignantes pour les Etats, est même remis en cause par le débile qui sert de président américain. Depuis des semaines, le nouveau locataire de la Maison Blanche menace de sortir les Etats-Unis de l’accord climat sans pour autant parvenir à prendre sa décision ultime. Il est tiraillé entre sa promesse électorale de rejeter l’engagement climatique international au nom de la défense des intérêts américains et les critiques des autres États. Des six dirigeants tenant tête au climatosceptique Donald Trump, Angela Merkel est la plus virulente ; elle a exigé que les USA respecte l’engagement pris à la fin de 2015 lors de la COP21 à Paris : baisser de 26 à 28 % les émissions américaines de gaz à effet de serre d’ici à 2025*. Pour l’instant Emmanuel Macron se contente de serrer la main de Trump en espérant ainsi le mettre dans sa poche.

Menace ou persuasion, le résultat auprès de Trump est bordé incertitudes. Le G7 vient d’acter l’indécision de ce clown démocratiquement élu. Le texte finalisé le 27 mai précise seulement que « les Etats-Unis d’Amérique sont en train de réévaluer leur politique sur le changement climatique et sur l’accord de Paris et ne sont donc pas en mesure de rejoindre le consensus sur ce sujet ». Vingt et un ans de négociations climatiques internationales (COP21) , appuyées sur de solides études scientifiques, pour en arriver là !

De toute façon, on doute aussi en France de la possibilité du nouveau ministre de l’écologie d’aboutir à des résultat tangibles. Pourtant Nicolas Hulot hérite d’un « ministère de la transition écologique et solidaire » dont le périmètre inclut explicitement le climat**. De la période Ségolène Royal, le numéro 3 du gouvernement garde la politique de l’énergie, notamment le nucléaire et sa sécurité, les transports et leurs infrastructures (aviation civile, ferroviaire, routier, fluvial), la météorologie, la politique d’intermodalité, les risques technologiques. En outre Richard Ferrand, ministre de la cohésion des territoires, partagera ses prérogatives sur « la performance énergétique des bâtiments » avec Nicolas Hulot. Finalement le décret précisant ses attributions précise qu’« il (Nicolas Hulot) est chargé des relations internationales sur le climat », et qu’il mènera cette politique « en concertation avec le ministre de l’Europe et des affaires étrangères »***. Hulot devra donc veiller sur la mise en œuvre des accords conclus et donc éveiller aux réalités climatiques Trump ! Croisons les doigts…

* LE MONDE du 28-29 mai 2017, Le climat, principale pomme de discorde du G7

** LE MONDE du 26 mai 2017, Nicolas Hulot dispose d’attributions larges mais perd la politique de la pêche

*** LE MONDE du 27 mai 2017, pêche, jeunesse, immigration, famille… Les nouveaux périmètres des ministères dévoilés

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COP21, un des nombreux échecs de François Hollande

COP21, décembre 2015 à Paris. L’objectif sur papier diplomatique, limiter la hausse des températures « bien au-dessous du seuil » des 2 °C. C’est un objectif chiffré qui n’indique pas les moyens d’arriver au but. Sous le quinquennat d’Hollande, Paris donne donc son nom à un accord international qui ne permet nullement d’enrayer la surchauffe de la planète sous l’effet des émissions humaines de gaz à effet de serre. La présidence d’Hollande présente même la quintessence de ce qu’il ne faudrait pas faire en matière utilisation des énergies fossiles.

A peine la COP21 tombé, Nicolas Hulot demande au président de la République de renoncer au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes puisque cela entre en contradiction avec les engagements climatiques de la France. Le président refuse de trancher cette affaire, et trouve un stratagème bancal, l’organisation d’un référendum truqué. Sur la question des énergies fossiles, point-clé de la lutte contre le réchauffement climatique, le chef de l’Etat a été incapable de tenir une ligne claire. A peine arrivé au pouvoir en 2012, le blocage des prix de l’essence a été envisagé par François Hollande. On s’est contenté de baisser les taxes sur les carburants, mesure rapidement abandonnée vu la baisse des cours pétroliers. Ce soutien à la civilisation motorisée est significative d’un état d’esprit. En avril 2016, Hollande promet la fin des subventions au charbon et annonce l’instauration unilatérale par la France d’un prix plancher pour la tonne de carbone dans le secteur de la production électrique. Très bien. Mais la mesure n’entrera jamais en vigueur. En octobre, le gouvernement renoncera face aux manifestants de la CGT qui brandissent la menace de la suppression de 5 000 emplois directs et indirects. Pour les ONG, ce revirement est « irresponsable » et porte « un coup à la crédibilité de la France ». Au nom du refus d’une « écologie punitive », Ségolène Royal signe dès son arrivée au ministère de l’écologie l’abandon de l’écotaxe sur les poids lourds. La Cour des comptes elle-même déplorera, dans son rapport de 2017, « le gâchis », « un projet ambitieux » qui s’est soldé par un « échec stratégique » et un « abandon coûteux », estimé à près de 11 milliards d’euros.

François Hollande, Ségolène Royal et le PS s’inscrivent dans la tradition productiviste du Parti socialiste. « Il y a eu un décalage flagrant entre les paroles très fortes de François Hollande à l’international et la réalité de son action sur le plan intérieur », note Géraud Guibert, ex-secrétaire national de la commission environnement du PS. La raison en est simple : « Il est resté un court-termiste forcené, alors que l’écologie implique une vision à long terme. Il a toujours pensé que l’environnement est un sujet de niche pour les écologistes, au lieu de l’intégrer comme un élément structurant d’une politique économique. »*

* LE MONDE du 13 mai 2017, Sous la présidence Hollande, l’écologie en mode mineur

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La planète brûle et nous regardons ailleurs

Le réchauffement climatique a déjà été largement abordé sur ce blog, vous pouvez consulter notre rubrique « effet de serre ». C’est pourquoi nous allons donner la parole aux commentateurs d’un article* de Stéphane Foucart dont voici l’essentiel : « Le premier trimestre de l’année 2017 est le deuxième plus chaud jamais enregistré. Selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM),lsa température moyenne en 2016 a excédé de 1,1 °C les niveaux de l’ère préindustrielle, battant ainsi le record de l’année 2015. Qui elle-même battait le record de l’année précédente.La concentration atmosphérique de CO2 est de plus de 410 parties par million (ppm) – un niveau jamais atteint depuis le pliocène, il y a quelque 2 millions d’années. Le taux atmosphérique de CO2 est demeuré sous 280 ppm tout au long du dernier million d’années. Chaque jour, la perspective s’éloigne un peu plus de pouvoir conserver le climat terrestre sous la barre des 2°C d’augmentation de la température moyenne, par rapport à l’ère préindustrielle. »

CYNIQUE DU BON SENS ET RAISON : En dehors de cet article, Le Monde est terriblement négationniste : aucun lien n’est fait avec les autres thèmes. Mais tout le système médiatique et politique est quasi sourd, aveugle et muet ! Les gens n’ont d’autre horizon que la petitesse de leur intérêt et leur bassesse d’esprit. Macron probablement inclus. Satanée « croissance » !

LEE PAMPEAST : Il est clair que l’intensité du réchauffement est un problème majeur. Mais ces alarmes ignorent un autre aspect du cataclysme en cours : sa rapidité. S’il a bien existé des périodes lointaines (Eocène, Crétacé sup.) où le climat terrestre a été chaud, jamais au cours des temps géologiques un changement n’a eu cette brutalité. Ce qui est le plus inquiétant n’est pas ce vers quoi nous allons, mais bien ce que nous sommes en train de vivre : une catastrophe d’une brutalité sans précédent.

le sceptique @ Lee Pampeast : Je serai moins catégorique que vous. Il est certain que nous vivons une transition dont le rythme (quelques dizaines à centaines d’années) est bien plus rapide que d’autres dans l’évolution. En revanche, qualifier le phénomène de « catastrophe sans précédent » est moins robuste au plan scientifique, car cela dépend de facteurs incertains (la sensibilité climatique transitoire ie la réponse instantanée aux GES, l’adaptation des sociétés humaines, la gestion des écosystèmes malmenés, etc.).

Chris @le sceptique : vous ni personne n’avez la moindre idée de la capacité réelle de notre civilisation à s’adapter à un changement brutal de son environnement (celui dans lequel elle a prospéré). Parier seulement sur notre intelligence et nos technologies est un jeu très risqué. C’est bien une catastrophe, et elle est bien sans précédent. Seulement, elle n’est pas encore là. Patienter encore quelques dizaines d’années, les derniers sceptiques se raviseront.

Antoine Martin :Cela serait hypocrite d’en vouloir à nos amis chinois, indiens ou africains qui veulent juste vivre à l’occidentale. En temps que pays développés nous avons comme devoir de montrer qu’un tel mode de vie (consommations, loisirs, etc) est compatible avec l’écologie. Ce n’est pas en étant pour la décroissance et l’interdiction de ce mode de vie que ces pays deviendront « propre » mais graces aux nouvelles technologies et aux avancés techniques que l’Homme progresse et fait grandir l’humanité.

Obéron @ Antoine Martin : De quelle décroissance parlez-vous donc ? La (dé)croissance doit être sélective, elle n’est pas taboue : nous devons préserver, économiser ce qui nous est vital et que nous sommes incapables de remplacer, diminuer ce qui nous nuit ou plonge une partie d’entre nous dans la misère, la maladie. Consommer moins d’énergie, de viande, de poisson au besoin, cesser de tuer les abeilles. Le reste, la qualité de vie, la culture, l’immatériel, l’abondant, etc., peuvent croître ou être mieux exploités.

le sceptique @ Obéron : l’humain veut se nourrir, se loger, se soigner, s’éduquer, se déplacer, s’informer, se divertir. Le satisfaire pour les 4/5e de l’humanité ne vivant pas dans nos sociétés post-industrielles, mais étant désormais informés des niveaux de vie et de protection existant à travers le monde, cela implique une « croissance » mondiale. L’idée que l’on pourrait planifier (« à chacun ses besoins dans le strict respect de l’égalité et du vivant ») n’a jamais mené qu’à d’énormes catas dans l’histoire.

Obéron @le sceptique : Il est regrettable qu’en matière d’environnement, un minimum de planification hérisse à ce point les esprits. Sans quotas de pêche, sans gestion de l’eau, c’est le chaos qui s’installe. Un autre type de régulation, plus brutal, vient alors rappeler que des limites naturelles ont été franchies. Ce 1/5ème (ou plus) de l’humanité qui aspire, c’est légitime, à une vie de qualité, ne pourra y parvenir en imitant le modèle du 1/5ème le plus aisé. Un bémol, donc, à la croissance !

le sceptique @ Obéron : les quotas de protection d’une espèce ou les interdictions d’activité dans un écosystème protégé ne sont pas la planification centrale de la production d’un pays. On peut y être favorable (sur la base d’une concertation démocratique), cela fait partie des outils de la programmation publique (même les rois de France réglementaient nos eaux et forêts!). Sinon, la stagnation puis décroissance démographique mondiale serait en effet une bonne nouvelle, le natalisme est un non-sens.

Obéron : « On sait ce qu’il faut faire pour satisfaire les besoins d’une population nombreuse ». La preuve n’en est pas apportée de façon cinglante, le moins qu’on puisse dire ! La planète se réchauffe, la faim ne disparaît pas, l’eau s’épuise, le poisson. En attendant les progrès promis, ces 9 ou 10 milliards d’humains sont bien une limite qu’on doit s’efforcer de ne pas dépasser : guère le choix, c’est ça ou les conflits à outrance, l’asphyxie collective !

Naud Bernard : L’Humanité se désintéresse de son impact écologique planétaire, que se soit pour des questions de profits immédiats, comme les USA, ou pour ne pas freiner une économie qui se développe, comme l’Inde ou certains pays africains… De fait l’Homme met en place sa propre disparition à terme, avec entre temps les famines, inondations, tornades, dues au dérèglement climatique dont il est seul responsable. Aller faire comprendre cela à un cow boy comme Trump..

jacofee : Comme disait la Roseline Bachelot des Guignols « on s’en fout, on s’ra tous morts! »

* LE MONDE du 10 mai 2017, Tous les indicateurs du réchauffement climatique sont au rouge

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Même les imbéciles peuvent changer d’avis sur le climat

L’écologisation des consciences suit un processus social en plusieurs étapes. D’abord les réalités biophysiques (pic pétrolier, extinction des espèces, réchauffement climatique, etc.) sont complètement ignorées. Ensuite on entretient le doute sur la validité des constatations scientifiques. Puis on combat ardemment les « propagandistes de l’apocalypse ». On se laisse ensuite séduire par certaines argumentations. Enfin on se retrouve dans le camp des écologistes. Dans son livre*, Stanislas de Larminat se retrouve dans l’une ou l’autre de ces étapes selon les pages ! Mais il accumule surtout les contre-vérités. Par exemple le réchauffement climatique mis dans la rubrique « les doctrines non fondées de écologisme qui entretiennent le doute sur l’Homme ». Notons d’abord le H majuscule pour homme. Notons aussi l’inversion de la réalité, la « fabrique du doute » est mis au compte des scientifiques du climat.

Stanislas de Larminat met en doute la cause humaine du réchauffement climatique. Il commence par vitupérer sur les scientifiques : « La cause humaine du réchauffement climatique est la doctrine de base d’un groupe se qualifiant d’experts sous le nom d’IPCC ou GIEC (groupement international des experts du climat)…. Elle est pourtant loin de faire consensus puisque de nombreuses associations scientifiques sont opposée à ces théories… Fin 2009, la presse s’est fait l’écho d’un certain nombre de contrevérités affirmées par le GIEC… Le GIEC est approximatif, plus politique que scientifique et partial puisqu’il ne cherche que ce qu’il a décidé de prouver… » Suit une longue liste de divagations sur les erreurs qu’aurait commises le GIEC alors que la validité scientifique de ces experts du climat est incontestable. Comme Stanislas est non seulement climato-sceptique mais aussi d’obédience chrétienne, il exulte : « Notons que le Vatican a émis de sérieux doutes sur cette question de la responsabilité humaine sur le réchauffement. Le conseil pontifical justice et paix, réuni en avril 2007, conclut… de ne pas prendre parti. » Malheureusement pour Stanislas, Jorge Mario Bergoglio est devenu le pape François en mars 2013. La doctrine du Vatican s’est alignée sur le discours scientifique du GIEC, ainsi dans l’encyclique Laudato si’ de juin 2015 le pape précise :

« De nombreuses études scientifiques signalent que la plus grande partie du réchauffement global est due à la grande concentration de gaz à effet de serre (dioxyde de carbone, méthane, oxyde de nitrogène et autres) émis à cause de l’activité humaine. L’humanité est appelée à prendre conscience de la nécessité de réaliser des changements de style de vie, de production et de consommation, pour combattre ce réchauffement ou, tout au moins, les causes humaines qui la provoquent ou l’accentuent. Si la tendance actuelle continuait, ce siècle pourrait être témoin de changements climatiques inédits et d’une destruction sans précédent des écosystèmes, avec de graves conséquences pour nous tous. Beaucoup de ceux qui détiennent plus de pouvoir économique ou politique semblent surtout s’évertuer à masquer les problèmes ou à occulter les symptômes. Les sommets mondiaux de ces dernières années sur l’environnement n’ont pas répondu aux attentes parce que, par manque de décision politique, ils ne sont pas parvenus à des accords généraux.La réduction des gaz à effet de serre exige honnêteté, courage et responsabilité, surtout de la part des pays les plus puissants et les plus polluants. La conférence des Nations Unies sur le développement durable, dénommée RIO+20 (Rio de Janeiro 2012), a émis un long et inefficace Document final. Les négociations climatiques ne peuvent pas avancer de manière significative en raison de la position de pays qui mettent leurs intérêts nationaux au-dessus du bien commun général. » (éditions Salvator 2015)

Nous espérons que Stanislas n’appartient pas à cette catégorie d’imbéciles qui ne changent pas d’avis même devant l’évidence.

* Stanislas de Larminat, les contrevérités de l’écologisme (éditions Salvator 2011)

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Les réchauffistes vont gagner contre Trump par KO

Remarquable article* de Stéphane Foucart qui fait le point sur le réchauffement climatique. Le seul problème, c’est que ce journaliste scientifique se contente de constats sans jamais envisager comment agir : « L’Organisation météorologique mondiale (OMM) le confirme, l’année 2016 a bien été celle de tous les records. La température moyenne de la planète a été supérieure de 1,1 °C à la moyenne de l’époque préindustrielle. Dans certaines régions de l’Arctique, la température moyenne annuelle a excédé de plus de 3 °C la moyenne 1961-1990. La perspective de stabiliser le réchauffement en dessous de 1,5 °C s’éloigne. Laisser dériver le réchauffement au-delà aura probablement des conséquences catastrophiques et potentiellement irréversibles. Le niveau marin a continué à s’élever et l’étendue de la banquise arctique a été très en deçà de la moyenne pendant la plus grande partie de l’année. Des canicules extrêmes ont frappé l’Afrique australe, l’Afrique du Nord et l’Asie. Le record absolu a été atteint en juillet à Mitribat (Koweit), avec 54 °C. En Afrique de l’Est, des précipitations faibles ont coïncidé avec des températures élevées, précipitant dans l’insécurité alimentaire près de 20 millions de personnes. Nous sommes désormais en territoire inconnu. »

Que faire ? La solution est simple, mais impossible à envisager pour la structure sociale actuelle. L’ONG 350.org a lancé la campagne « Keep it in the Ground » (« Laissez les ressources fossiles sous terre »). Le climatologue Jean Jouzel avertissait fin 2016 : « Il faut réduire drastiquement les émissions de GES, en commençant par laisser sous terre plus de 80 % des ressources fossiles connues ». Mais le texte suivant a été écrit par Alain Hervé en décembre 1973, au moment du premier choc pétrolier : « Il faut dire que sans pétrole, adieu l’agriculture industrielle, adieu les loisirs, adieu la garantie de l’emploi, adieu la vie en ville… toute l’organisation économique, sociale et politique est remise en cause. Le château de cartes vacille. Et si ce n’est pas pour cette fois-ci, ce sera dans deux ans, dans cinq ans. Restriction, pénurie, disette, les machines ralentissent, s’arrêtent. La dernière explosion dans le dernier cylindre nous laisse apeurés, paralysés… libérés. » Nous sommes en 2017, la catastrophe est à notre porte et la « libération » se fait attendre. Actuellement la pression du confort est la plus forte, la voiture à notre porte, le chauffage central, les consoles électriques à notre disposition.

L’évolution sociale est ainsi faite : les précurseurs lancent les premiers signaux d’alarme, les scientifiques analysent, confirment et alertent à leur tour, une partie de la population se sensibilise aux évidences, se mobilise, puis quelques entreprises se mettent à envisager de nouvelles possibilités de profit tandis que la plupart freine des deux pieds. Et enfin les politiciens prennent conscience de la gravité du problème. Sauf les climato-sceptiques, de vrais criminels contre la planète et l’humanité, ceux-là ! Les négationnistes du climat sont parfois des politiciens comme Trump. Ou pour se donner bonne conscience ils se contentent comme François Hollande d’organiser une COP21 (21ème année de négociations internationales sur le climat) à Paris fin 2015 sans se donner les moyens d’agir. Et quand tout le monde sera prêt à faire quelque chose, le climat se sera déjà emballé et ce sera le sauve-qui-peut. Où les plus riches trouveront-ils à se cacher quand la planète sera à feu et à sang ?

* LE MONDE du 22 mars 2017, Climat : 2016 bat un record de chaleur, la planète entre en « territoire inconnu »

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Face à la crise, la bourgeoisie gardera le pouvoir

Naomi Klein : « J’ai nié l’ampleur du changement climatique plus longtemps que je n’oserais l’admettre. Nous sommes nombreux à être dans le déni, nous contentant de lui accorder un instant d’attention avant d’en détourner le regard. Il nous arrive aussi de nous raconter des histoires rassurantes sur le génie humain et sa capacité à enfanter de miraculeuse technologies susceptibles d’atténuer par magie la chaleur du soleil. Une autre option consiste à envisager la crise, mais sur le mode hyper-rationnel : Dollar pour dollar, mieux vaut accorder la priorité au développement économique sur le changement climatique, puisque la richesse constitue le meilleur bouclier contre des conditions météorologiques extrêmes ! Comme si le fait de posséder quelques dollars de plus pouvait faire la différence quand la ville où vous habitez est sous les eaux ! Une autre option consiste à se dire que la meilleure solution est de modifier nos comportements – en recourant à la médiation, aux marchés bios, en prônant la suppression de la voiture, mais en oubliant de changer pour de bon le système responsable de la crise.

Pourtant il est plus que probable que nos enfants passeront une bonne partie de leur vie à fuir ou à tenter de se remettre de tempêtes effroyables et de sécheresses extrêmes. L’urgence pourrait jeter les bases d’un puisant mouvement de masse capable de conjuguer des revendications en apparence disparates. Si j’ai écrit ce livre, c’est parce que j’en suis venue à la conclusion que la crise du climat pourrait devenir ce précieux catalyseur dont le monde a tant besoin. Mais les milieux d’affaires, durant ces quarante dernières années, ont systématiquement tiré parti de divers types de crises pour imposer des politiques des tintées à enrichir une petite minorité. Les crises ont aussi servi à justifier de graves atteinte aux libertés civiles. De nombreux signes laissent entrevoir que la crise du climat risque de ne pas faire exception à la règle.

Pour que les changements nécessaires aient la moindre chance de se concrétiser, nous devrons avant tout apprendre à penser de façon radicalement différente. La nature et les autres peuples ne devraient plus être considérés comme des adversaires, mais comme des partenaires d’un grand projet de réinvention collective. Le problème est moins technique que politique. Il faudrait que les masses de gens qui pâtissent du système actuel s’unissent afin de former une force suffisamment déterminée pour rompre l’actuel équilibre des pouvoirs. »*

Bien entendu nous sommes d’accord avec le diagnostic de Naomi Klein, mais son souhait de voir le capitalisme destructeur d’écosystèmes renversé par un mouvement populaire semble naïf. La pression du confort sur les classes moyennes est trop fort pour qu’on veuille collectivement changer de mode de vie. Les perspectives de Bernard Charbonneau nous semblent plus réalistes : « Le virage écologique ne sera pas le fait d’une opposition très minoritaire dépourvue de moyens, mais de la bourgeoisie dirigeante, le jour ou elle ne pourra faire autrement. Ce seront les divers protagonistes de la ruine de la terre qui organiseront le sauvetage du peu qui restera, et qui après l’abondance géreront la pénurie et la survie. Car ceux-là n’ont aucun préjugé, ils ne croient pas plus au développement qu’à l’écologie : ils ne croient qu’au pouvoir… »** Mais s’il y a trop peu de personnes qui réagissent aujourd’hui à la crise climatique, plus les politiques adéquates se feront attendre et plus l’impact climatique sera violent.

* Tout peut changer (capitalisme & changement climatique) aux édition Acte Sud, 628 pages pour 24,80 euros

** Le feu vert de Bernard Charboneau, première publication en 1980

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Notre défi, 100 % de sobriété énergétique en 2050

Selon le scénario Négawatt de 100 % d’énergie renouvelable en 2050, le défi le plus difficile à surmonter est la réduction de la consommation, qui suppose des évolutions sociétales drastiques et des réorganisations industrielles extraordinaires. La recette du côté de la demande d’énergie ? La sobriété énergétique (lutte contre les gaspillages, adoption de modes de vie plus économes), et l’efficacité énergétique (amélioration des performances des logements, transports ou équipements). Ensemble, ces deux leviers permettraient de diviser par deux la consommation totale d’énergie en 2050. Un objectif ambitieux, voté par les parlementaires dans la loi de transition énergétique promulguée en août 2015. Du côté de l’offre d’énergie, l’objectif est aussi difficile à atteindre. Fin 2015, la part des renouvelables était de 14,9 % en France, la loi de transition énergétique prévoyant seulement de monter à 32 % en 2030. Et, si l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) a elle aussi élaboré un scénario « 100 % renouvelable », celui-ci ne porte que sur la partie électrique, soit un quart du bouquet énergétique global de la France*. Notons que la sobriété énergétique est totalement absente des différents programmes des présidentiables 2017. Difficile pour un politique d’expliquer à ses électeurs qu’ils vont devoir se serrer la ceinture, prendre moins souvent la voiture, aller moins loin en vacances et se chauffer modérément en hiver. Même le scénario négawatt ménage les consommateurs en ne prévoyant pas la sortie de la voiture individuelle, mais un « parc de véhicules entièrement converti à l’électricité ou à des moteurs hybrides électricité-gaz. »

Pourtant, dans le Manifeste négaWatt de 2012, on indiquait déjà clairement que la notion de sobriété invite à nous interroger personnellement sur nos besoins, sur leur importance réelle ou supposée, ainsi que sur les priorités que nous pouvons établir entre eux. Il faudrait que chacun d’entre nous établisse une hiérarchie qui passe des besoins vitaux aux essentiels, puis indispensables, utiles, convenables, accessoires, futiles, extravagants et inacceptables. Chacun devrait se livrer à l’exercice en famille ou au travail, de façon à prendre conscience de l’impact de tel ou tel achat ou comportement. Il s’agit de faire jouer à plein ce qui est la contre-partie indissociable de notre liberté : notre responsabilité ! Prenons l’exemple de nos besoins de mobilité individuelle. Le principe de sobriété nous incite à les réduire en essayant de nous rapprocher de notre lieu de travail. Nous pouvons aussi recourir à un mode doux de déplacement, marche, vélo, rollers, trottinette… La sobriété dimensionnelle nous incite à éviter toute surpuissance inutile dans le choix d’un véhicule. La sobriété coopérative repose sur la mise en commun pour réduire les besoins : mutualisation des équipements, autopartage, co-voiturage, auto-stop. La sobriété d’usage consiste à limiter le niveau et la durée d’utilisation d’un appareil, conduite douce par exemple. Bien entendu la sobriété ne s’applique pas qu’à nos comportements individuels, elle doit guider nos choix collectifs, notamment l’aménagement de l’espace. Rien ne sera possible sans une adhésion pleine et entière de tous nos concitoyens.

Pour conclure avec Thierry Salomon, vice-président de l’association négaWatt : « Chaque année d’atermoiement obère notre avenir climatique et énergétique. »

* LE MONDE du 26 janvier 2017, La France pourrait produire 100 % d’énergie renouvelable en 2050

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Climat, que promet Fillon, que dégoise Trump ?

La température générale à la surface de la planète ne cesse de croître, l’année 2015 ayant battu de nouveaux records de chaleur, eux-mêmes dépassés par les mesures faites au cours du premier semestre 2016. L’objectif affiché par la COP21 d’une augmentation de température limitée à 1,5 °C à la fin du siècle paraît de moins en moins possible à atteindre. Mais cela n’a pas l’air d’inquiéter Donald Trump. En politique, les bonnes intentions ne comptent pas :

Question de l’association « Ecologie sans frontière » au présidentiable François Fillon : La réduction des émissions de gaz à effet de serre en France, quels que soient par ailleurs les résultats obtenus au niveau mondial, doit-elle constituer, pour vous, une priorité de l’action gouvernementale au cours des prochaines décennies et, en cas de réponse positive, quelles mesures mettriez-vous en œuvre, dès la période 2017/2022, pour y parvenir ?

Réponse de François Fillon : La lutte contre le réchauffement est pour moi une priorité. Pour lutter, je propose d’engager au plus vite les discussions avec nos partenaires Européens, pour améliorer le mécanisme existant et assurer un prix plancher du carbone de 30 euros la tonne.

Donald Trump et le climat (LE MONDE du 29 novembre 2016)

Les journalistes du New YorkTimes demandent à Trump s’il pense que le réchauffement est lié aux activités humaines. « Maintenant, je pense… disons, je pense qu’il y a une connexion. Il y a quelque chose. Cela dépend à quel point. Cela dépend aussi de combien cela va coûter à nos entreprises. Vous devez bien comprendre, maintenant, nos entreprises ne sont pas compétitives. » Un journaliste insiste : les États-Unis vont-ils, oui ou non, se retirer de l’accord de Paris ? « Je vais y jeter un oeil », répond simplement M. Trump.Il faut donc une forte dose de méthode Coué pour se sentir rassuré par ces propos, tenus par le futur chef de la première puissance mondiale sur le plus grave problème environnemental de notre temps. D’autant que les intentions n’ont pas changé. Le lendemain de cet entretien au New York Times, l’un des conseillers de M. Trump annonçait le démantèlement, à la NASA, des activités d’observation de la Terre et de recherche climatique, qualifiées de « science politiquement correcte ».

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La COP 22 s’achève à Marrakech sur un bide

A peine la COP21 de décembre 2015 à Paris disparaît-elle de nos mémoires que la COP22 s’achève à Marrakech (7 au 18 novembre 2016). Cela fait donc 22 années qu’on papote entre chefs d’État et diplomates pour en conclure qu’on va continuer à ne pas laisser les ressources fossiles sous terre. Rappelons que la COP est la COnférence des Parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. C’est ronflant, et cela n’a aucune répercussion sur nos émissions de gaz à effet de serre. Voici par exemple ce que dit le RAC (Réseau Action Climat) qui éditait chaque jour un bulletin d’information « ECO » à l’attention des décideurs et de tout citoyen souhaitant s’informer.

« Alors que la CCNUCC a finalement décidé de se concentrer sur la question des objectifs de court-terme, un gaz à effet de serre invisible et dénué d’odeur n’est pas suffisamment pris au sérieux: le méthane. On ne parle pas uniquement des pets de vaches. Le développement de gigantesques infrastructures de production de gaz, notamment de gaz de schiste, est non seulement extrêmement dommageable pour les populations vivant juste au-dessus des lieux où sont pratiquées des explosions souterraines, mais aussi pour notre capacité au niveau mondial à honorer nos objectifs climatiques à court-terme. Une étude de 2013 démontre que sur une période de vingt ans, le méthane est 86 fois plus puissant que le CO2. Et bien, dans vingt ans, nous aurons largement dépassé les objectifs de court-terme pour 2020, 2025 voire 2035 de la CCNUCC. De façon tout fait ahurissante, de nombreux gouvernements utilisent encore les chiffres du 4ème rapport du GIEC datant pourtant de 2007 qui considère le méthane sur une période de 100 ans – ce qui signifie qu’ils évaluent le méthane comme seulement 25 fois plus puissant que le CO2. Si nous parlons des objectifs de court-terme, nous devons aussi nous pencher sur les potentiels de réchauffement global (PRG). En faisant ces calculs, le gaz de schiste a un impact à court-terme sur le climat près de 3 fois supérieur à celui du charbon !

Il est temps d’abandonner l’idée d’avoir de nouvelles conduites de gaz, terminaux GNL, plate-formes de gaz de schiste, et d’amorcer une réelle transition vers les énergies renouvelables.Alors que le monde se rapproche dangereusement de points de bascule irréversibles, nous devons faire attention à ne pas nous tirer une balle dans le pied et à nous condamner à un sombre futur. Chère Union Européenne, avec votre proposition de 77 infrastructures de production de gaz « d’intérêt général », c’est à vous que nous nous adressons ! »

Découvrez l’édition #11 du vendredi 18 novembre :

http://www.rac-f.org/IMG/pdf/eco11-cop22.pdf

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Ni Juppé, ni Valls/ Macron, ni Mélenchon, Jadot !

Nous sommes abreuvés des considérations politiciennes par les médias, on en oublie l’essentiel, le climat va vers le désastre et nous. Sans un changement rapide et radical de modèle énergétique, la planète se prépare à crever le plafond de 2°C de réchauffement. Avec la combustion des ressources fossiles (charbon, gaz et pétrole), nous atteignons des émissions de dioxyde de carbone évaluées à 36,3 milliards de tonnes. Il faut ajouter 4,8 Gt dues aux changements d’affectation des sols, en particulier à la déforestation. En 2015, le niveau de CO2 atmosphérique a dépassé 400 parties par million, soit le niveau le plus élevé depuis 800 000 ans. Le climatologue Jean Jouzel avertit : « Il faut réduire drastiquement les émissions de GES, en commençant par laisser sous terre plus de 80 % des ressources fossiles connues »*.

A Marrakech actuellement, lors de la conférence des Nations Unies sur le climat, plus de 400 organisations du monde entier ont transmis un message aussi simple que fort aux chef.fe.s d’États et de gouvernements réuni.e.s : il n’y pas de place sur notre planète pour de nouveaux projets fossiles :

Vous pouvez faire entendre votre voix en ajoutant votre nom aux dizaines de millions d’autres personnes exigeant le gel de tout nouveau projet fossile.

Laissons pour conclure la parole à Bruno Latour qui commente l’élection à la Maison Blanche d’un président ouvertement climatosceptique : « Nous, « l’intelligence », nous vivons dans une bulle. Lélection de Trump aux USA a l’avantage de clarifier la situation politique, le Brexit n’était pas une anomalie. Autant qu’on le sache et qu’on se prépare pour la suite, peu importe l’étroitesse des frontières pourvu qu’elles soient étanches. La vraie tragédie, c’est que les autres vivent eux aussi dans une bulle, avec des pays coupés en deux. Les globalisés croient encore que l’horizon de la modernité (souvent confondu avec le règne de la finance ou de la technique) ne va cesser de s’étendre avec la mondialisation. Les seconds rêvent au retour d’un monde passé, un retour aux terroirs des anciens pays. Deux bulles d’irréalisme. Personne n’a expliqué clairement que la globalisation était terminée et qu’il fallait de toute urgence se rapatrier vers une terre qui ne ressemble pas aux frontières protectrices des Etats-nations. »** A l’heure des basculements écologiques, perturbations climatiques, épuisement des ressources renouvelables et non renouvelables, conflits armés en progression, le débat entre la droite et la gauche paraît microcosmique, complètement décalé des réalités du terrain. Un seul vote utile en 2017, pour l’écologiste Yannick Jadot.

* LE MONDE du 15 novembre 2016, Le ralentissement insuffisant des émissions de CO2

** LE MONDE du 13-14 novembre 2016, Dépassons le clivage entre passéistes et « globalisés »

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Ne nous TRUMPons pas, nous l’avons bien cherché

Donald Trump prendra officiellement ses fonctions le 20 janvier 2017. Pas de quoi trumpeter pour les écolos. Mais ne nous TRUMPons pas, nous l’avons bien cherché, c’est ce que les États-Unis attendaient. Il n’y a rien à dire sauf à contester une forme de démocratie élective. Si le peuple adule les trump-la-mort, qu’y faire ? Pourtant cette victoire en trump-l’oeil annonce des lendemains qui déchantent. Ce n’est pas une petite trumpette que nous allons faire avec la montée des eaux causés par le réchauffement climatique, ce sera le grand bain pour plusieurs générations. Les climatosceptiques ont gagné, les populistes bateleurs et menteurs sont avec eux. Même si en français nous n’avons pas de mot en « trump », il y a de fortes chances que le trumpisme devienne un mot courant. L’écologie va faire encore plus de trumpoline que précédemment, un vrai trumplin vers la catastrophe écologique.Voici ce que pense avec trumptitude Agnès Sinaï, une spécialiste de l’anthropocène, de la situation écolo-politique à venir :

« Avec l’élection de Donald Trump, le pays se réveille divisé en deux Amériques : celle qui pensait engager une transition énergétique, et celle qui fait fi des accords climatiques mondiaux et entend retourner au charbon, en déniant la science du climat. Trump a même déclaré que le changement climatique était un canular propagé par la Chine afin de rendre l’industrie américaine moins compétitive !

La détermination de M. Trump à démanteler les pouvoirs de l’Agence de protection de l’environnement (EPA) annonce une marginalisation sinon un déni pur et simple des politiques environnementales que son prédécesseur Barack Obama avait tenté de conforter malgré le blocage du Congrès. L’EPA est habilitée par le Clean Air Act à limiter les gaz à effet de serre et les émissions de polluants atmosphériques issus des centrales à charbon. Considérée comme une adversaire de l’industrie américaine, elle sera profondément remaniée et départie de son statut de contre-pouvoir environnemental. M. Trump a proposé de nommer Myron Ebell à la tête de l’EPA, directeur actuel du Centre for Energy and the Environnement au sein du Competitive Enterprise Institute, groupe qui s’appuie sur des théories scientifiques négationnistes pour mettre en question « l’alarmisme sur le réchauffement global ». M. Ebell est un climato-sceptique notoire qui se dit convaincu que le Plan pour l’énergie propre (Clean Power Plan) de Barack Obama, pivot de la transition énergétique étatsunienne, est non seulement une dépense inutile de fonds publics, mais une mesure illégale parce qu’elle impose des régulations aux entreprises.ouvrira sans réserve les vannes de la production de ces gaz et huiles non conventionnels et confiera aux marchés le soin d’arbitrer entre les énergies, a-t-il annoncé au cours de sa campagne. Les réglementations sur les émissions de méthane au cours des processus d’extraction et de raffinage seront aussi abolies. Sur l’oléoduc Keystone XL, M. Trump a engagé l’opérateur TransCanada à renouveler sa demande de permis, rejetée en 2015 par l’administration Obama. Etc. »

Pour en savoir plus, Agnès Sinaï sur actu-environnement

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Sylvestre Huet face aux négationnistes du climat

« Libération vient de publier une tribune d’Olivier Postel-Vinay sur le climat. Elle se termine ainsi : « Le Giec a admis s’être trompé sur l’évolution de la température moyenne globale de la Terre… » Pourquoi Libération ouvre t-il ses colonnes à des textes aussi mensongers sur l’état de la science du climat ? Lorsque Olivier Postel-Vinay est entré à Libération comme chroniqueur régulier, il n’a pas tardé à jouer le négationniste climatique. J’ai eu l’impossibilité de discuter avec la direction de la rédaction de ce choix étrange – mais en phase avec d’anciennes positions de Laurent Joffrin lorsqu’il soutenait le livre mensonger et truffé de graphiques truqués de Claude Allègre« .

Sylvestre Huet

Ajout le 20/10 à 10h20 : Question de vocabulaire. Doit-on se contenter du terme « climato-sceptique » pour qualifier le propos d’Olivier Postel-Vinay ou lui infliger un « négationniste » ? Climato-sceptique est un terme inventé par les « négateurs » de différents résultats des sciences du climat. Ce terme auto-proclamé visait à induire une présentation positive, puisque le doute, le scepticisme peut être vu comme la marque d’un esprit libre, indépendant, capable de bousculer préjugés et idées reçues. Négationniste est un terme qui s’est petit à petit imposé afin de souligner que, justement, ces soi-disants « sceptiques » ne doutent de rien.

En réalité, ils mentent sur des faits et n’expriment pas une opinion. Le propos d’Olivier Postel-Vinay peut s’éclairer ainsi. Vous êtes dans une pièce, il y fait 25°C, dit le thermomètre. Trois personnes y sont, l’une trouve la température agréable, l’autre trop chaude, la troisième trop fraîche. Ce sont des opinions, respectables. Mais voici qu’Olivier Postel-Vinay entre dans la pièce, regarde le thermomètre et vous dit « il fait 15°C) ». Est-ce une opinion ? Non, c’est un mensonge. Les scientifiques ont établi que la température moyenne de la planète évolue à la hausse depuis plus d’un demi-siècle sous l’effet de l’intensification de l’effet de serre en raison de nos émissions massives de gaz du même nom. C’est un fait établi par des méthodes standards de la science et surtout non contesté par les voies normales de la controverse scientifique (publications dans des revues de travaux conduits en respectant les règles de la méthode scientifique). Plus exactement, les rares propositions alternatives publiées ont été réfutées par le débat scientifique normal. Cet état de la science est résumé par le dernier rapport du Giec. La mise à jour de ce rapport pour ce qui concerne l’évolution récente des températures est en contradiction avec l’affirmation centrale d’Oliver Postel-Vinay. Cette dernière constitue donc une négation d’un résultat scientifique établi.

http://huet.blog.lemonde.fr/2016/10/19/liberation-postel-vinay-et-le-climat/

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Le tabou démographique face au choc climatique

Le journaliste Jean-Michel Bezat est un « spécialiste » du pétrole qui se contente de commenter au jour le jour l’état du marché, c’est-à-dire le jeu de l’offre et de la demande. Aucune perspective à long terme, aucune mention des dangereux rapports entre pétrole et réchauffement climatique. Il est un adepte du court-termisme. Alors, quand il s’aventure sur la question malthusienne, on parcourt son article* avec attention. On n’est pas déçu. En minimisant le péril démographique et en maximisant le climato-scepticisme de Sarkozy, Bezat empêche toute réflexion. Il est vrai que le candidat à la primaire très à droite brouille lui aussi les cartes : « La première cause de dégradation de l’environnement, c’est le nombre d’habitants sur la planète. » Il est absurde de donner un classement aux périls qui nous guettent, la démographie est toujours un multiplicateur des menaces. Si un Européen de l’Ouest émet 13 tonnes de CO2 par an et un Chinois 6 tonnes, il n’empêche qu’en multipliant cela par les populations respectives, la Chine émet globalement autant que l’Europe ! Même si l’Africain émet actuellement peu de CO2, soit 1,9 tonne, quel est le potentiel de réchauffement climatique quand ce continent comptera 4 milliards d’habitants en 2100 ?

Encore une fois nous constatons que la démographie reste un tabou pour les journalistes comme pour la plupart des politiques. Il est donc étonnant d’entendre Sarkozy insister sur « choc démographique dont l’homme est directement responsable » « Et personne n’en parle ! » Ce populiste s’appuie pour une fois sur des conséquences concrètes : la poussée démographique entraîne un exode accru des populations et un afflux de réfugiés entraînant à son tour une dilution de l’identité et une recrudescence de l’insécurité. C’est déjà une réalité présente que Bezat veut ignorer. Pourtant le journaliste effleure quand même les question qui fâchent : comment maîtriser notre fécondité de façon acceptable ? Comment remettre en question notre niveau de vie qui, multiplié par notre nombre, nécessite beaucoup d’énergies fossiles ? George H. W. Bush père prévenait que « le mode de vie des Américains n’est pas négociable ». M. Sarkozy semble dire que celui des Français ne se négocie pas davantage. On ne peut scinder les problèmes, tout est lié, c’est une des leçons de base de l’écologie politique. Une leçon que devrait méditer journalistes et politiciens !

La meilleure façon d’aborder les interrelations globales est l’équation de Kaya que nous avons déjà développé plusieurs fois sur ce blog :

http://biosphere.blog.lemonde.fr/2016/09/17/etonnant-nicolas-sarkozy-serait-devenu-malthusien/

http://biosphere.blog.lemonde.fr/2015/06/26/ges-linterdependance-entre-economie-et-demographie/

http://biosphere.blog.lemonde.fr/2014/12/08/comprendre-lequation-de-kayaavec-un-blog-du-monde/

* LE MONDE du 19-17 octobre 2016, Climat : « Notre maison brûle » et M. Sarkozy…

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