effet de serre

Compensation carbone, l’hypocrisie de l’aviation civile

Si elle est responsable de seulement 2 % du total mondial des émissions aujourd’hui, il faut rappeler que l’aviation est le seul secteur à les libérer directement en haute altitude dans l’atmosphère. De plus on prévoit doublement du nombre de passagers dans le monde d’ici à 2030. L’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) instaure un mécanisme mondial de compensation des émissions de gaz à effet de serre*. Victoire ? Que nenni ! C’est un leurre, du greenwashing (écoblanchiment). Il s’agit d’achat de crédits carbone par les compagnies aériennes auprès d’autres secteurs via une Bourse d’échanges. D’abord cette démarche est tellement graduelle que le climat aura le temps de chauffer : limiter d’ici à 2027 les émissions carbone sur les niveaux observés en 202 sur une base « volontaire », c’est ignorer le fait que tout accord sans mécanisme contraignant est inopérant. De plus, l’accord de l’OACI ne concerne que l’aviation internationale, alors que 40 % des émissions du secteur du transport aérien émanent des vols intérieurs. Surtout cet accord repose sur une simple « compensation carbone » au lieu d’un objectif réel de réduction d’émissions.

Toute activité humaine devrait « éviter, réduire et compenser » ses impacts sur les milieux naturels. La priorité est bien sûr d’éviter, « réduire » est de toute façon une nécessité, « compenser » n’est qu’un gadget inventé par les marchands. Le fait d’avoir commis un acte répréhensible se traduit par l’obligation de se rattraper dans un autre domaine. Cela permet de jouir plus longtemps de ce qui est contestable. Le monsieur qui offre un cadeau à sa femme après l’avoir trompée, c’est vieux comme l’adultère.

Avec la « compensation carbone », il n’est pas cohérent de contrebalancer ses propres émissions de gaz à effet de serre par le financement de projets destinés à en réduire d’autres ? Prenons l’exemple d’une personne en partance pour un long voyage, en plein dilemme, seule face à sa conscience d’écocitoyen. Cet européen doit partir en Asie : prend-t-il ou ne prend-t-il pas l’avion ? Mais oui, bien sûr, il suffit de s’acheter une indulgence : compenser son émission excessive de gaz à effet de serre en payant quelques arbres, en contribuant à la reforestation de pays dévastés. Ce genre de « compensation carbone » est un luxe que seuls les très riches peuvent se permettre. Il est donc logique d’en conclure qu’éviter l’hypocrisie de la compensation passe par l’appauvrissement drastique des riches.Le trafic des indulgences était une rémission totale ou partielle devant Dieu de la peine temporelle encourue en raison d’un péché pardonné, ce qui se faisait généralement contre espèces sonnantes et trébuchantes. L’économie se passe de la religion, mais utilise quand même ses artifices…

* LE MONDE du 7 octobre 2016, Climat : l’aviation civile adopte le gel des émissions de carbone

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Le climat dérape, les négationnistes de la vérité aussi

Côté thermomètre, le mois d’août a été, en moyenne mondiale, le plus chaud jamais observé depuis le début des relevés en 1880. Pour ne rien arranger, il est aussi le seizième mois consécutif à battre son record de température – une telle séquence n’a jamais été enregistrée en 137 ans de mesures. Les derniers travaux de recherche publiés dans les revues savantes – sur l’élévation future des températures, sur la capacité des sols à éponger les émissions humaines de gaz à effet de serre ou sur la stabilité des glaciers polaires – ne sont pas plus réjouissants.* Comme d’habitude les commentateurs se déchaînent sur lemonde.fr :

Langelot : C’est pas grave, on pourra bientôt faire du nudisme à Paris.

Jean-Pierre Bardinet : Selon l’OMM, il faut au moins 30 ans pour apprécier une tendance climatique. Se polariser sur un seul mois n’a aucune signification, si ce n’est d’entretenir l’alarmisme climatique. De plus l’article ne se base que sur une seule source peu crédible, la NOAA, organisme gouvernemental qui suit la politique climatique de la Maison Blanche.

Schauber Didier : L’unanimité ne porte que sur le fait que le CO² est un gaz à effet de serre susceptible de faire monter la température du globe. Le débat porte sur la gravité de ce réchauffement à venir. Tous ces articles alarmistes ne nous parlent que des chiffres « corrigés » de la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration), jamais des autres organismes qui mesurent la température terrestre. Pour remonter plus loin dans le temps, à l’époque des dinosaures, la végétation était tellement florissante grâce au taux de CO² 10 fois plus élevé qu’aujourd’hui qu’elle a permis le développement d’animaux gigantesques !

Sunnyboy : Autres mauvaises nouvelles, le glacier Larsen en Antarctique est en train de perdre un morceau de la taille de l’Ecosse, les arbres en Provence sont en train de mourir de soif en particulier les feuillus, c’est visible absolument partout entre Nice et Valence.

Schauber Didier : Super, bientôt nous pourrons faire des treks dans le désert de Valence :-).

Klyden : Selon le parti politique allemand AfD ce n’est pas un grand problème. Le réchauffement climatique est naturel, la concentration de CO2 ne joue pas un rôle important, il y a eu une période de chaud dans le moyen âge aussi que le GIEC ne peut l’expliquer etc, etc. Et oui, l’extrême droite allemande ne croit pas que le changement climatique est dû à l’homme.

P.E.S.Y. : Est-ce que les modérateurs ne devraient pas SUPPRIMER tous les posts des DES-INFORMATEURS…

Il est vrai que Sarkozy et les deux Le Pen doutent de l’action anthropique des humains dans le réchauffement climatique. La politique et la superficialité de certains ne font pas bon ménage avec la recherche scientifique… ni avec la préparation de l’avenir pour nos générations futures. Mais notre système de libre expression fait que les négationnistes de la vérité peuvent s’exprimer leurs fantasmes, il y a même un exemple trumpiste trop célèbre aux USA !

* LE MONDE du 28 septembre 2016, Climat : les mauvaises nouvelles s’accumulent

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Crowdfunding : notre bande dessinée pour le climat

Le Réseau Action Climat souhaite développer une bande dessinée sur internet, gratuite et ouverte à tous ! Son objectif est d’expliquer comment chacun peut agir, à son échelle, pour réduire son impact sur le climat.

Fin septembre, puis en octobre, nous prévoyons d’en publier les deux premiers chapitres. Ils présenteront les gestes que nous pouvons tous réaliser, dans nos choix alimentaires ou nos modes de déplacement. Des gestes simples, bons pour notre santé et pour notre porte-monnaie !

Pour mener à bien cette mission, le héros de la BD a besoin de votre aide

 Il y a quelques jours, nous avons lancé une campagne de crowdfunding, pour mener à bien ce projet : terminer les dessins, assurer sa diffusion et développer des affiches que nous distribuerons gratuitement.

Toutes les informations sur le projet sont sur la plate-forme suivante : https://www.zeste.coop/fr/decouvrez-les-projets/detail/une-web-bd-pour-le-climat

Nous comptons sur votre soutien et nous vous donnons rendez-vous fin septembre pour le premier chapitre !   Merci et à bientôt,

L’équipe du Réseau Action Climat

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étonnant, Nicolas Sarkozy serait devenu malthusien

Jeudi 15 septembre sur France 2, le (re)présidentiable Nicolas Sarkozy précise : «  Vous me dites le changement climatique est le premier défi de l’humanité. Permettez-moi de m’inscrire en faux . Le premier défi n’est pas celui-là, c’est le défi démographique. » Une telle déclaration est détonnante. Au niveau politique, l’enjeu démographique était resté un véritable tabou, et les malthusiens voués aux gémonies. Jusqu’à présent, seuls de rares écologistes ont alerté sur la surpopulation de la planète : René Dumont dans les années 1970 et Yves Cochet plus récemment. Ce dernier avait même suggéré en 2009 « que l’on agisse en France sur les allocations familiales de manière à dissuader les couples de procréer au-delà des deux enfants qui assurent le renouvellement minimal des générations ». Les autres politiciens préfèrent vanter la vitalité de la fécondité française.

Mais Sarkozy fait l’erreur courante de classer les chocs que rencontrent l’humanité alors qu’il y a interdépendance. Le réchauffement climatique est un multiplicateur des risques autant que l’explosion démographique : une menace entraîne l’autre et réciproquement. Une équation montre d’ailleurs parfaitement ces enchaînements qui aboutissent à amplifier les émissions de gaz à effet de serre, l’équation de Kaya.

CO2 = (CO2 : TEP)  x (TEP : PIB) x (PIB : Pop) x Pop => CO2

(CO2 : TEP) : contenu carbone d’une unité d’énergie (qui peut s’exprimer en TEP, tonnes d’équivalent pétrole). Cela correspond à un choix de ressources naturelles, charbon ou gaz, électricité, énergie renouvelable ou non, nucléaire…

(TEP : PIB) : quantité d’énergie requise à la création d’une unité monétaire (qui peut correspondre globalement au PIB). C’est l’intensité énergétique de l’économie ou inverse de l’efficacité énergétique. Mais l’innovation technologique ne permet pas de faire suffisamment baisser ce paramètre.

(PIB : Pop) : production par personne ou niveau de vie moyen. Il est nécessaire de mettre en place une politique d’austérité partagée. C’est la variable à laquelle aucun politique ne pense, et pourtant c’est le seul critère qui peut baisser fortement… quand il y a récession économique !

Pop : population, nombre d’habitants. Les questions d’éthique s’imposent dans ce dernier paramètre de l’équation. Mais Dennis Meadows montrent que nous n’avons pas le choix : « Il n’y a que deux manières de réduire la croissance de l’humanité : la réduction du taux de natalité ou l’accroissement du taux de mortalité. Laquelle préféreriez-vous ?  » Cette interrogation a été abordée dans un essai collaboratif coordonné par Michel Sourrouille, Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie) dont le titre évocateur laisse supposer la position de l’auteur sur cette question au centre de toute réflexion écologique.

Au niveau mondial il faudrait diviser par 3 d’ici 2050 les émissions de gaz à effet de serre (CO2) si on ne veut pas dépasse le seuil de 2°C de réchauffement. En fait ce seuil n’est qu’un élément de langage politique. Les dernières indications scientifiques montrent qu’il ne faudrait pas dépasser le seuil de 1,5°C, soit une division par 4 (c’est-à-dire – 75%). Mais quand on divise par 3 ou 4 les émissions de CO2, cela implique qu’il faut diviser par 3 ou 4 en moyenne tous les autres membres de l’équation. Personne n’a expliqué cela au sortir de la COP21 à Paris sur le climat !

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Comment survivre à 50 °C ? Difficilement !

Notre quotidien en France dans cinquante ans ; la chaleur est devenue insupportable. C’est « comme quand on préchauffe le four et qu’on l’ouvre pour enfourner le gâteau » s’exclame Julia. Cet été, le thermomètre a été impitoyable. Le 21 juin, il faisait 47,7 °C. Entre le 2 et le 29 juillet, il n’y a pas eu une journée sous les 45,5 °C et la moyenne du mois d’août a avoisiné les 40 °C. Les températures prévues en septembre devraient encore franchir cette barre. Ce n’est qu’un début anticipe un climatologue : « Nous allons connaître des années avec des vagues d’extrême chaleur beaucoup plus longues, avec des températures avoisinant 50 °C ».

La perception des gens évolue. Avant, le seuil de pénibilité était 32 °C. Maintenant, c’est 42-43 °C. Mais en fait d’adaptation, la journée on ne met plus le nez dehors. S’adapter signifie surtout rester à l’intérieur, en priant pour qu’il n’y ait pas de panne d’électricité et le climatiseur en rade, ironise Jonathan Overpeck. Depuis début juin, il est difficile de passer ne serait-ce qu’une heure à l’extérieur. « On ne promène même pas son chien », explique Laura. Les animaux de compagnie, au ras du sol, suffoquent encore plus. Quand on regarde par la fenêtre, c’est joli et ensoleillé, mais arpenter les parkings est une torture. Avant même d’avoir fini le petit déjeuner, Julia allume la climatisation dans son 4 x 4 ; l’air conditionné est devenu un bien de première nécessité. Cela n’empêche pas les gens de mourir du fait de la canicule, personnes âgées, randonneurs. Combien de temps les individus peuvent-ils rester confinés en plein été ? Les habitants sont alertés sur les signes avant-coureurs des coups de chaleur : crampes, vertiges, accélération du rythme cardiaque quand les facultés de thermorégulation sont atteintes. La surchauffe n’est plus un accident ou une catastrophe naturelle mais « la nouvelle norme ». Laura a été chargée d’en étudier les conséquences économiques : à quel coût pourra-t-on conserver l’air réfrigéré produit par les climatiseurs ? Que va-t-il advenir des infrastructures vieillissantes ? Avec les émissions de CO2, c’est comme si nous avions mis une couverture sur la planète et que nous continuions à ajouter des épaisseurs.

Tous les éléments ci-dessus sont tirés d’un article* relatant la vie dans la ville de Phoenix, Arizona, en 2016. Mais en 2056, il n’y aura plus de climatisation : pas assez de ressources fossiles pour conserver un mécanisme qui contribue au réchauffement climatique… Où vivront alors les gens sur une planète déjà surpeuplée et maintenant surchauffée ?

* LE MONDE du 9 septembre 2016, A Phoenix, l’été à 45 °C

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Le réchauffement climatique à l’épreuve du marché

Geneviève Férone-Creuzet l’avait déjà écrit en 2015*, l’avenir climatique se jouera sur les marchés financiers : « L’ONG 350.org met en garde les investisseurs contre un effet de bulle financière dans l’hypothèse où les États se décideraient à faire ce que les négociation climatiques attendent d’eux : contraindre le volume des émissions de GES (gaz à effet de serre). Au fil des ans, des sommes considérables sont investies pour découvrir et exploiter de nouveaux gisements. N’est-il pas absurde de poursuivre ces investissements dans une telle incertitude ? L’argent qui pourrait être injecté dans l’industrie des énergies fossiles, soit 6000 milliards de dollars, pourrait être ainsi purement et simplement perdu. Lors de l’assemblée générale des actionnaires de BP qui s’est tenu au printemps 2015, environ 98 % des actionnaires ont apporté leur soutien à une résolution en faveur d’une prise en compte du risque carbone dans les prévisions de rentabilité du groupe. »

Aujourd’hui ce sont les actionnaires d’ExxonMobil** qui s’inquiètent. L’assemblée générale du groupe s’est tenue le 25 mai. Dans une résolution, des banquiers, des assureurs et des gestionnaires de fonds de pension actionnaires ont demandé aux dirigeants d’ExxonMobil de publier chaque année une évaluation de l’impact financier des politiques de lutte contre le changement climatique. Pour faire simple : qu’avez-vous prévu pour tenir compte des conclusions de la Conférence mondiale sur le climat (COP21) réunie à Paris fin 2015 ? Mais la majorité de l’AG suit invariablement le double argumentaire sur lequel la compagnie s’arc-boute : le monde a besoin de plus d’énergie et le salut climatique viendra des percées technologiques. Avec 38 % d’avis favorables, les actionnaires « durables » et « responsables » ont quand même remporté une première victoire. Et les minoritaires ont obtenu la nomination d’un administrateur indépendant. Malheur ! Et si c’était un dangereux écologiste ?

L’agression la plus violente est venue de descendants de John D. Rockefeller, comme son arrière-petite fille Neva Rockefeller Goodwin. Exaspérée par le refus des dirigeants de reconnaître le péril climatique depuis quinze ans, elle vient de vendre ses actions. Elle est convaincue que ses titres se seraient démonétisés puisque, pour sauver la planète, il faudra laisser 80 % des énergies fossiles en terre. Et donc les actifs sur lesquels repose la valeur d’ExxonMobil.

* Le crépuscule fossile selon Geneviève Férone-Creuzet (Stock 2015, 250 pages pour 19 euros)

** LE MONDE du 29-30 mai 2016, C’est Rockefeller qu’on assassine !

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Des jeunes luttent contre le réchauffement climatique

Un article de Corine Lesnes interpelle les jeunes et les moins jeunes, « Aux Etats-Unis, des jeunes poursuivent Barack Obama sur le climat »*. Vingt et un jeunes Américains de 9 ans à 19 ans intentent un procès contre le président Barack Obama et son gouvernement, pour manquement à leur devoir de les protéger du changement climatique. La plainte a été déposée en août 2015. Les jeunes y affirment que leur droit constitutionnel à « la vie, la liberté et la propriété » est bafoué par la lenteur du gouvernement à limiter la concentration de CO2 dans l’atmosphère. Ils se disent victimes de discrimination, au profit des « intérêts économiques » d’un « autre groupe de citoyens » (l’industrie pétrolière). Ils invoquent enfin la doctrine dite de « public trust », selon laquelle le gouvernement est garant des ressources naturelles qui forment le bien commun de tous les Américains.

Le 8 avril 2016, le juge Thomas Coffin, du district fédéral de l’Oregon, a déclaré leur plainte recevable, ouvrant la voie à un procès, si sa décision est confirmée. Le magistrat a rejeté l’argument du gouvernement, qui plaidait que la question est du ressort du Congrès. Il a récusé les protestations des représentants de l’industrie du charbon et des hydrocarbures qui s’étaient joints à la procédure en janvier. Et il a considéré que les jeunes étaient en droit de se pourvoir en justice : ils risquent d’être plus affectés par le changement climatique que « les segments les plus âgés de la société ». Pour leur action en justice, ils ont dû montrer en quoi ils étaient directement affectés : « A l’été 2015, la sécheresse a tué nos noisetiers » « les cours d’eau où elle aimait se tremper sont envahis par les algues ». Outre cette plainte fédérale, l’association Our Children’s Trust facilite plusieurs autres procédures. C’est une tendance globale. Il y a une reconnaissance croissante des droits des jeunes à demander des actions de la part des gouvernements.  La juge Hollis Hill, de la cour supérieure de Seattle (Etat de Washington), évoquer « le droit inaliénable à une atmosphère agréable » et ordonne aux autorités de promulguer de nouveaux objectifs de réduction des émissions avant la fin 2016. Dans le Massachusetts, la Cour suprême a donné raison à quatre adolescents qui réclamaient une réglementation plus stricte des émissions.

On retrouve dans cet article ce qu’on peut appeler la « démocratie des affectés » ou « représentation des acteurs absents » dont nous avons déjà fait une synthèse à lire ici : « Acteur absent, pour une représentation démocratique »

* LE MONDE du 25 mai 2016

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La montée des eaux menace 1,2 milliard de personnes

thèse : La montée des eaux menace 1,2 milliard de personnes d’ici à 2060.
Cette projection repose sur le scénario d’un réchauffement à 3 °C, correspondant aux « contributions nationales » remises par les Etats lors de la COP21. Des engagements qui devront être revus pour tenir l’objectif de l’accord de Paris de contenir le réchauffement « bien au-dessous de 2 °C ».*

antithèse : Actuellement les engagements nationaux pour réduire les émissions de gaz à effet de serre s’inscrivent dans une perspective de 3 °C de réchauffement, bien au-delà de l’engagement pris par la communauté internationale en décembre 2015 à Paris de rester « largement sous les 2 °C ».Comme chaque année, les délégués des 195 pays membres de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) sont rassemblés à Bonn, en Allemagne, depuis lundi 16 mai, pour une session de négociations techniques.Le premier chantier est de constituer le groupe de travail chargé de concrétiser l’accord de Paris, baptisé « APA », pour Ad hoc Working Group on the Paris Agreement (« Groupe de travail ad hoc sur l’accord de Paris »)**. Bla bla bla… Nous avons besoin d’une ambition bien plus forte pour réduire radicalement les émissions, et d’un rythme bien plus rapide dans la mise en place des stratégies nationales affichées.

synthèse activiste : Les écologistes veulent faire pression sur les Etats pour qu’ils respectent leurs engagements de ne pas dépasser un réchauffement de 2 °C sur la planète, qui impliquent de laisser 80 % des énergies fossiles dans le sous-sol. En Allemagne, des activistes du climat bloquent une centrale à charbon. « Il faut vraiment voir cette mine pour comprendre l’obscénité de la destruction, ça donne littéralement envie de pleurer. Ce paysage, c’est ce que l’industrie des fossiles va faire de notre planète si nous ne les arrêtons pas », a confié Tadzio Mueller, militant écologiste allemand. Aux Etats-Unis, des centaines de manifestants se sont également rassemblés dans les Etats de New York et de Washington pour mener des actions contre des raffineries pétrolières.*** Mais le rapport de force est bien insuffisant. En conséquence il y aura 1,2 milliard de personnes menacées par la montée des eaux d’ici à 2060 !!!!!!!!!

* LE MONDE du 18 mai 2016, La montée des eaux menace 1,2 milliard de personnes d’ici à 2060
** LE MONDE du 18 mai 2016, Climat : difficile mise en œuvre de l’accord de Paris
*** LE MONDE du 16 mai 2016, En Allemagne, des activistes du climat bloquent une centrale à charbon

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Compagnies aériennes, un jour le kérosène les tuera

Le transport aérien bénéficie d’un régime d’exception en étant le seul secteur dont le carburant est exonéré de toute taxe au niveau international. Pourtant, il pèse 3 % des émissions carbone mondiales. Ce chiffre n’est pas à négliger : si le secteur aérien était un pays, il serait le 7e pays le plus pollueur en termes d’émissions. Et la dynamique impressionnante du secteur, qui croît de 5 % par an, fait craindre le pire. Selon les projections, en 2050, ses émissions de CO2 pourraient être multipliées par sept par rapport à l’année 1990. Les négociations de l’OACI (Organisation de l’aviation civile internationale) diffèrent de celles de la COP21. Sur la méthode, il faut dénoncer avec force le manque de transparence des pourparlers. Cette opacité est intolérable, car on sait très bien que la mobilisation citoyenne est la meilleure alliée de la lutte contre le dérèglement climatique. Les intérêts des compagnies aériennes sont sur-représentés. Aucune mesure concrète ne sera prise avant 2021.* Quand le kérosène sera taxé, les compagnies pétrolières feront faillite. Il faut donc penser autrement, quelques auteurs nous le disent :

2005, James Howard Kunstler : « Les transports aériens deviendront une rareté ou la prérogative de petites élites toujours moins nombreuses. L’ère de l’automobile que nous avons connue aura pris fin. Les superficies asphaltées sont une insulte écologique incalculable. L’infrastructure d’autoroutes qu’on imaginait permanente se révélera n’avoir duré qu’à peine cent ans. Les gens qui ont fait des mauvais choix en investissant l’essentiel de leurs économies dans de coûteuses maisons de banlieue vont avoir de sérieux ennuis.». (La fin du pétrole, le vrai défi du XXIe siècle)

2006, Nicolas Hulot (avec le Comité de veille écologique) : « Il paraît impossible de substituer aux énergies fossiles des ressources alternative en volume équivalent. Il faut passer à l’action sans perdre un instant car l’inertie de notre système économique (course au gigantisme des infrastructures de transport et de communication, extension du périurbain, explosion du trafic aérien à bas coût, dispersion des hypermarchés de périphérie, renforcement d’une agriculture productiviste…) ont besoin de quelques décennies pour se transformer radicalement sans chaos. Attendre serait proprement suicidaire ». (Pour un pacte écologique)

2010, Devinder Sharma : « L’idée que, pour devenir un véritable citoyen du monde, il faudrait rompre avec tous les enracinements particuliers qui nous définissent au départ est au cœur du système libéral. Il faudrait produire à la chaîne des hommes capables de consumer leur vie entre deux aéroports. Je me demande s’il ne faudrait pas parler de « gauche kérosène » plutôt que de « gauche caviar » pour désigner cette nouvelle manière mobile d’exister. » (Solutions locales pour un désordre global)

2014, Philippe Bihouix : « Je me prends à rêver d’une société dans laquelle, en arrivant chez des amis, au lieu d’apporter un bouquet virtuellement parfumé au kérosène, on proposera d’aller uriner dans le jardin potager de la maîtresse de maison pour rendre quelques nutriments à la terre et augmenter sa production légumière à venir. » (L’âge des Low tech )

* LE MONDE ECONOMIE | du 12 mai 2016, Émissions carbone mondiales : « Pourquoi l’aérien bénéficierait-il d’un régime d’exception ? »

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Le crépuscule fossile selon Geneviève Férone-Creuzet

L’enceinte politique des négociations climatiques ne pourra pas être le seul endroit où se jouera l’avenir de la planète. Et si notre meilleure option était tout simplement de compter sur l’aversion pour le risque des marchés financiers ? Depuis 2012, une ONG baptisée 350.org a lancé une coalition intitulée Divest-Invest (désinvstissez-Investissez). Le mouvement est bien suivi, plus de 200 institutions ont déjà décidé de désinvestir du secteur pétrolier en transférant  50 milliards de dollars vers d’autres domaines. Ce chiffre reste cependant faible au regard de la valorisation boursière des ressources fossiles estimée à 5000 milliards de dollars en 2014. Mais le think tank Carbon Tracker a établi une cartographie très précise des actifs et ressources fossiles. L’ONG met en garde les investisseurs contre un effet de bulle financière dans l’hypothèse où les États se décideraient à faire ce que les négociation climatiques attendent d’eux : contraindre le volume des émissions de GES (gaz à effet de serre). Au fil des ans, des sommes considérables sont investies pour découvrir et exploiter de nouveaux gisements. N’est-il pas absurde de poursuivre ces investissements dans une telle incertitude ? L’argent qui pourrait être injecté dans l’industrie des énergies fossiles, soit 6000 milliards de dollars, pourrait être ainsi purement et simplement perdu.

Rappelons, en se focalisant sur le seuil à ne pas dépasser des 2°C qu’il faudrait limiter le total des émissions de dioxyde de carbone à 1000 milliards de tonnes d’ici à 2100. Mais, si l’on brûlait toutes les réserves actuellement connues de pétrole, charbon et gaz, on émettrait 2860 milliards de tonnes dès 2050. Il faudrait ne pas utiliser entre 60 et 80 % des réserves pour respecter l’objectif des 2°C. Le problème financier, c’est qu’une grande partie de ces énergies est déjà cotée, ce qui signifie que les contrats qui permettent d’échanger les titres de ces entreprises investissant dans le secteur énergétique sont largement surévalués. L’agence de notation Standard & Poor’s  a évoqué une possible dégradation des notes de crédit  du secteur pétrolier. Certains marchés boursiers tels que ceux de Sao Paulo, Hongkong et Johannesburg sont inquiétants au regard du poids disproportionné donné au carbone par rapport à leur capitalisation. La production d’électricité carbonée à partir des centrales thermique au charbon est clairement sur la sellette.

Un scénario nous ramène un siècle en arrière, lorsque la transition vers la mobilité individuelle a accéléré la sortie des compagnies de chemin de fer hors des indices boursiers. Ainsi, alors qu’à son lancement en 1890 l’indice Dow Jones Industrial Average était intégralement composé de compagnies de chemins de fer, celles-ci avaient toutes disparu en 1914 au bénéfice des constructeurs automobiles. Lors de l’assemblée générale des actionnaires de BP qui s’est tenu au printemps 2015, environ 98 % des actionnaires ont apporté leur soutien à une résolution en faveur d’une prise en compte du risque carbone dans les prévisions de rentabilité du groupe.
source : le crépuscule fossile selon Geneviève Férone-Creuzet
Stock 2015, 250 pages pour 19 euros

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No Triv, pas de forage offshore en Italie ? Perdu !

Officiellement, aucune licence d’extraction de gaz et de pétrole en mer n’est plus attribuée depuis 2006 en Italie. Mais les limites temporelles de l’existant étaient définies de façon imprécise par leur gouvernement productiviste : les compagnies peuvent  exercer leur activité « jusqu’à épuisement du gisement dans le respect des normes de sécurité et de sauvegarde de l’environnement ». Les subtilités du libéralisme économiques sont faites pour exploiter la planète au-delà de leurs limites ! Extraire du pétrole jusqu’où ? Jusqu’au bout !!!!!!

Le référendum italien du 17 avril 2016 avait pour objectif de trancher la question du forage offshore : les concessions attribuées par le gouvernement aux compagnies devaient-elles être limitées dans le temps, ou bien devaient-elles rester en activité, sans limite temporelle, jusqu’à épuisement du gisement. Vu l’obligation de laisser beaucoup de pétrole sous terre pour lutter contre le réchauffement climatique, la deuxième réponse n’avait pas lieu d’exister. De toute façon ce vote ne sera pas pris en compte. En effet, seul 31 % des 51 millions d’inscrits sur les listes électorales se sont rendus aux urnes. Loin, très loin, des 50 % requis pour atteindre le quorum et valider cette consultation*.

Notons pour conclure les atermoiements de la démocratie que les quatre-vingt-douze plates-formes de forage ne fournissaient en 2015 que 3,5 % de la consommation de gaz et à peine 1 % de celle du pétrole. Tout le pétrole et le gaz de la Méditerranée ne couvriraient que sept semaines des besoins énergétiques du pays, l’Italie est de plus en plus dépendante des importations d’énergie**. Notons surtout que forer sans limites est non seulement à contre-courant des objectifs de la COP21, mais que dépasser le seuil de 2°C de réchauffement climatique nous prépare l’enfer sur Terre. No drill, no triv, pas d’extractivisme, arrêtons les dégâts devrait devenir un mot d’ordre pour l’action écolo au niveau international.

* http://italie.blog.lemonde.fr/2016/04/17/matteo-renzi-sort-indemne-du-referendum-sur-les-forages-offshore/
** LE MONDE du 16 avril 2016, Référendum en Italie sur les forages offshore

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éditorial du « Monde », une épreuve de vérité sur les GES

« Nous ne pouvons pas ignorer que le réchauffement climatique va durer. Ce n’est ni jouer les Cassandre ni les apprentis sorciers que de mettre en avant cette réalité : la bataille contre les gaz à effet de serre (GES) sera longue. Chaque démantèlement d’une émission de gaz à effet de serre suscite un soulagement bien naturel.  Mais il ne faut pas entretenir de faux espoirs. La lutte contre le réchauffement climatique prendra du temps pour vaincre – sans doute faut-il compter en années. Les politiques, les gouvernants devraient le dire. Ils ne le font pas assez, ce qui revient à masquer une partie de la vérité. Dans des démocraties saines, les opposants devraient aussi le reconnaître. Ils ne le font pas assez, ce qui revient à participer à un demi-mensonge.
Il n’y a ni recette magique ni solution à portée de main, tout ce à quoi nous sommes habitués dans nos sociétés de consommateurs impatients. Ceux des partis ou des candidats protestataires qui prétendent le contraire mentent de façon irresponsable. Ils jouent avec la douleur des générations futures. Dire comme le FN qu’il suffirait de rétablir les frontières à l’intérieur de l’Union européenne pour venir à bout des gaz à effet de serre est d’un simplisme mystificateur. Dans la bataille en cours, on n’a pas besoin de vendeurs d’illusions.
Mieux vaut reconnaître la complexité du phénomène, à un double niveau. Sur la scène européenne, pas d’angélisme, la lutte passe par des moyens accrus. L’efficacité commanderait sans doute une coordination renforcée au niveau européen. Hélas, l’Union, déjà incapable de solidarité face au drame des réfugiés climatiques, est dans une phase régressive, ce qui la rend plus vulnérable encore. Mais le réchauffement climatique, même s’il a des causes endogènes, se nourrit aussi du chaos. Là encore, en dépit de la part de responsabilité qu’ont pu avoir les Occidentaux dans les drames en cours, l’Europe est absente. Elle n’existe pas en tant qu’acteur aux côtés des Etats-Unis et de la Russie, ou si peu. Elle a montré son inaptitude à la moindre vision stratégique. Cela ajoute à sa vulnérabilité. Pour notre continent, la bataille contre les gaz à effet de serre est une épreuve de vérité.  »

nota bene : en fait nous avons simplement remplacé dans les phrases d’origine de l’éditorial du MONDE * les mots «terrorisme, djihadisme et victimes» par «réchauffement climatique, gaz à effet de serre et générations futures» . La plus grande partie de l’éditorial est donc bien adapté aux deux phénomènes. Sauf qu’on parle du terrorisme à longueurs de colonnes et tous les jours sans  exception alors qu’il y a peu d’impact de ce courant marginal en termes de morts et encore moins en conséquences structurelles. Par contre le réchauffement climatique, dès que les diplomates de la COP21 sont partis de Paris, plus personne n’en parle, y compris dans LE MONDE. Pourtant il y aura des dizaines de millions de victimes et des centaines de milliers de réfugiés climatiques. Savoir faire un journal de référence à l’heure actuelle, ce n’est pas se cristalliser sur les faits divers, mais envisager le long terme pour s’y préparer. Lutter contre les émissions de gaz à effet de serre devrait être notre quotidien et demander beaucoup d’efforts et de médiatisation. «L’épreuve de vérité» n’est pas là où on la met à l’heure actuelle.
* LE MONDE du 24 mars 2016, éditorial : « Une épreuve de vérité »

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un ministre est libre de sa parole, à ses risques et périls

Le ministre de l’agriculture Stéphane Le Foll se dit favorable au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, le secrétaire d’Etat chargé de la réforme de l’Etat Jean-Vincent Placé annonce qu’il appellera à voter contre ce projet, la ministre de l’environnement Ségolène Royal condamne ces prises de position : « Ce n’est pas aux membres du gouvernement de se prononcer. » A propos des déclarations de JVP, elle précise que le référendum est fixé en Loire-Atlantique : « Ceux qui ne sont pas dans ce département, normalement, n’ont pas leur avis à donner.» * Comme si les passagers d’un avion étaient issu d’un seul département, comme si les avions qui utiliseraient cet aéroport ne contribuaient pas au réchauffement climatique de la planète entière.

N’importe qui à quelque poste que ce soit doit avoir le droit à sa libre expression quand il s’agit de défendre l’intérêt public. Mas il est vrai qu’un ministre est nommé par le président de la République sur proposition du Premier ministre, il peut donc être mis fin à ses fonctions sur le champ. Prendre position en 1974 contre les essais nucléaires dans le Pacifique, c’est tenir 15 jours au gouvernement ( Jean-Jacques Servan-Schreiber, ministre des Réformes). Prendre position en faveur de la légalisation du cannabis en 1988, c’est tenir 9 jours (Léon Schwartzenberg, ministre de la santé). Le 16 mai 2012 Nicole Bricq est nommée ministre de l’écologie, le 13 juin 2012, elle annonce la suspension de tous les permis de forages exploratoires d’hydrocarbures au large de la Guyane, le 19 juin 2012 elle est démissionnée.

Un ministre est toujours libre de sa parole, c’est cela un système démocratique. Mais il peut être viré du jour au lendemain, c’est cela le mécanisme du pouvoir. Les lanceurs d’alerte dans les entreprises en savent quelque chose… Mais tout citoyen doit porter haut et fort la voix des générations futures et de l’équilibre planétaire même s’il lui en coûte. Et les personne qui soutiennent le projet d’aéroport de NDDL (Ayrault, Hollande, Valls, Le Foll…) doivent être qualifiés pour ce qu’ils sont, des complices de crime contre l’environnement.

* Le Monde.fr avec AFP et Reuters | 17.03.2016, NDDL : pour Ségolène Royal, les membres du gouvernement n’ont pas à donner leur avis

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Une taxe carbone, passage obligé vers une société sobre

L’humanité est prise entre deux menaces, le réchauffement climatique et la déplétion des combustibles fossiles. Notre génération se trouve dans l’obligation d’anticiper et d’amortir ce double choc, si elle ne veut pas condamner l’humanité à subir les lois physiques de la nature. Imaginons qu’il reste suffisamment de pétrole, de gaz et de charbon pour prolonger encore longtemps l’ivresse énergétique : il y aurait renforcement de l’effet de serre et désastre climatique. De plus il paraît impossible de substituer aux énergies fossiles des ressources alternative en volume équivalent. Il faut passer à l’action sans perdre un instant car l’inertie de notre système économique (course au gigantisme des infrastructures de transport et de communication, extension du périurbain, explosion du trafic aérien à bas coût, dispersion des hypermarchés de périphérie, renforcement d’une agriculture productiviste…) ont besoin de quelques décennies pour se transformer radicalement sans chaos. Attendre serait proprement suicidaire.

Il n’y a pas d’autre solution que la réduction de la consommation énergétique globale. La communauté scientifique estime qu’il faut diviser par deux au moins les émissions planétaires de gaz à effet de serre d’ici 2050, en passant d’un peu plus d’une tonne de carbone en moyenne par personne à 500 kilos environ. Cela signifie une division des émissions par quatre en France (et pas plus de dix aux Etats-Unis). Avec l’objectif « facteur 4 », c’est d’ailleurs ce que le gouvernement français s’est engagé à mettre en œuvre. Pour ce faire, il faut introduire une taxe progressive et continue sur toutes les sources d’énergie à base de carbone. Faire baisser nos émissions annuelles de 3 % par an d’ici 2050, c’est possible. A titre d’illustration, et à partir d’un niveau initial de 40 euros pas tonnes de CO2 en 2010, l’augmentation serait de 80 euros par tonne de CO2 tous les dix ans dans le secteur des transports ; elle serait de 40 euros par tonne et par décennie dans le secteur résidentiel ; à 15 euros dans le secteur de l’industrie.

En renchérissant le prix de l’énergie fossile, on privilégie la responsabilisation de chaque producteur et de chaque consommateur, afin qu’il programme ses activités en évitant les surcoûts énergétiques. Des habitudes considérées comme « normales » (circuler en voiture à sa guise, brancher la climatisation, manger des tomates toute l’année…) devront évoluer dans le sens d’un civisme écologique. Or le principal déterminant de la consommation d’énergie, c’est le prix ou, plus exactement, la fraction de pouvoir d’achat qu’il est nécessaire de consacrer à l’énergie.

Source : Le pacte écologique de Nicolas Hulot (avec le Comité de veille écologique)

Editions calmann-lévy 2006

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Dévoiturage : l’urgence de sortir du tout routier

L’activité des transports, dans laquelle le secteur routier se taille la part du lion (89 % des déplacements de personnes et 80 % du trafic de marchandises) progresse en France deux fois plus vite que l’activité économique générale. En développant un système global fondé sur la mobilité, la prééminence du transport routier façonne désormais tout le fonctionnement de la société. Moteur du dynamisme économique et de la mobilité individuelle, le trafic routier se présente en même temps comme une des causes principales du fameux effet de double ciseau : raréfaction de la ressource pétrolière d’une part et aggravation de l’effet de serre d’autre part.

L’aberration des modes de transports routiers est patente : une personne qui se déplace en ville avec une voiture consomme trois à quatre fois plus de pétrole que si elle empruntait les transports publics ; le transport longue distance par camion d’une tonne de marchandise consomme trois à quatre fois plus d’énergie que par voie ferrée. Toute rationalité semble exclue de nos déplacements en voiture. Alors que la vitesse admise est limité, 88 % des automobiles vendues aujourd’hui en France peuvent dépasser 170 km/h, un tiers pouvant même rouler à plus de 200 km/h. Comme le moteur d’une voiture est réglé en fonction de sa vitesse maximale, on consomme plus de carburant, on dérègle davantage le climat. Au vu des tendance actuelles, le nombre d’automobiles en circulation sur la planète pourrait doubler d’ici à 2020. En 2010, 1 015 millions de voitures ont été recensées aux quatre coins du monde, contre 980 millions en 2009. Plus de 1 milliard pour 7 milliards d’habitants. Aux Etats-Unis, royaume de la motorisation, le ratio culmine à 1 véhicule pour 1,3 Américain bébés compris.

Il n’y a pas de mystère, c’est à la déconstruction de ce monopole routier qu’il faut travailler, un dévoiturage massif. Il faut diminuer la puissance des automobiles mises en vente pour les rendre conformes aux limitations de vitesse (qui sont aussi des exigences de sécurité). Comme la réglementation technique des automobiles relève de la législation européenne (avis du Conseil d’Etat de juillet 2006), c’est au niveau de l’Union européenne que la décision doit être prise. A l’évidence, tous les Etats européens sont soumis aux mêmes impératifs de changements climatiques et de raréfaction des ressources pétrolières. Cette mesure pourrait s’accompagner d’une réduction de la vitesse maximal autorisée, la France faisant partie des pays européens où elle est la plus élevée.

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Pourquoi nous brûlerons en enfer… sur cette planète

Nous savions déjà que les engagements des Etats pour réduire les émissions de gaz à effet de serre étaient insuffisants pour un réchauffement climatique mondial inférieur à 2°C. Le coup est donc rude pour le climat. La Cour suprême a suspendu le plan américain pour une énergie propre (America’s Clean Power Plan) que le chef de l’Etat avait présenté le 3 août 2015 dans la perspective de la conférence de Paris sur le climat (COP21). Pour quelles raisons ?

Raisonnement purement juridique de la Cour, attendre la fin d’une procédure de justice intentée par vingt-sept Etats et par des industriels qui demandent l’arrêt du plan. Il est extrêmement rare que le temple du droit américain intervienne dans un dossier encore soumis aux juridictions inférieures.  Dommage que le crime écologique ne soit pas encore reconnu !

Défaillance démocratique, le congrès étant aux mains des républicains plutôt climatosceptiques. Pourtant la même Cour suprême a disposé en 2007 que le dioxyde de carbone est un polluant, et que l’EPA (Environmental Protection Agency) est fondée, en vertu du Clean Air Act adopté en 1970, à lutter contre ses émissions.

Pression des Etats charbonniers qui considèrent que le climat est de la seule responsabilité des Etats. Motivation imbécile, des Etats veulent ignorer que les émissions de gaz à effet de serre ignorent les frontières !

Pseudo-réalisme, les centrales thermiques au charbon comptent pour plus de la moitié de la production d’électricité dans quatorze Etats et pour un tiers dans vingt-cinq. On se demande ce que vont faire ces Etats quand il n’y aura plus de charbon et que la température du globe sera incontrôlable !

Destruction des emplois par les procédures réglementaires de l’EPA qui augmentent les coûts. Encore une fois on veut opposer l’économique à l’écologique alors qu’il n’y a d’emplois durables que si on pense aussi à l’emploi des générations futures !

En France on a été plus soft, on s’est contenté d’interdire les manifestations des écologistes lors de la COP21 et d’applaudir en décembre 2015 un accord inefficace. Nous sommes donc gouvernés par un ensemble de dingues qui n’ont aucune conscience de leurs responsabilités dans le désastre planétaire en cours.

* Le Monde.fr | 10.02.2016, Brutal coup d’arrêt au plan d’Obama pour le climat

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Peut-on se passer du nucléaire… et de carbone ?

thèse : Dans une tribune publiée le 3 décembre, quatre climatologues parmi les plus titrés de leur discipline – James Hansen, Ken Caldeira, Tom Wigley et Kerry Emanuel – précisaient qu’« en tenant compte du développement des pays les plus pauvres ainsi que de l’augmentation de la demande due à la démographie » il faudrait construire « 115 réacteurs [nucléaires] par an d’ici à 2050 pour décarboner entièrement la production mondiale d’électricité ». Ces spécialistes du climat (et pas du nucléaire) tablent sur le développement de réacteurs de quatrième génération, dits « à neutrons rapides », du même type que le célèbre Superphénix français, arrêté en 1996.
antithèse : Deux semaines plus tard, l’historienne des sciences Naomi Oreskes affirmait que « de nombreuses études de qualité montrent que nous pouvons passer à une économie décarbonée sans développer l’énergie nucléaire, en se focalisant sur l’éolien, l’hydroélectrique, le photovoltaïque, cela couplé à l’intégration des réseaux, à l’efficacité énergétique et à la gestion de la demande ». Elle allait jusqu’à assimiler la prise de position des quatre chercheurs à une « nouvelle forme de déni climatique ».
synthèse du journaliste Stéphane Foucart* :
«Déployer, à un rythme de plusieurs dizaines par an, des réacteurs à neutrons rapides un peu partout à la surface de la planète est, un projet parfaitement irréaliste : immaturité de la filière, risques d’accident plus grands qu’avec les réacteurs actuels, coût exorbitant, disponibilité très insuffisante des compétences scientifiques et techniques nécessaires, instabilité dans de nombreuses régions du monde, etc. Par ailleurs le « 90 % d’électricité renouvelable » est possible s’il y a une diminution… de 50 % de l’ensemble de la consommation énergétique nationale ! Cela représente un effort énorme et une volonté politique d’airain – il faudrait par exemple trouver les financements pour isoler plus les logements au rythme effréné d’un demi-million par an –, des changements profonds dans notre rapport à l’énergie – aujourd’hui abondante, toujours disponible, gaspillable, etc. Une grande part de la question ne se résume donc ni à une question technique ni à un débat économique, mais à savoir s’il est politiquement possible de faire changer radicalement nos comportements. »
conclusion de biosphere : la présidentielle 2017, c’est pour bientôt. Votons pour le candidat qui aura le courage de demander d’intenses efforts de sobriété énergétique (et partagée) aux électeurs.
* LE MONDE du 5 janvier 2015, Pourra-t-on se passer du nucléaire ?

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La Surpopulation, absente des résultats de la COP21

FIGAROVOX/TRIBUNE – Pour Alain Destexhe, le thème de la surpopulation mondial est la question centrale des années à venir. Pourtant, elle n’est pas posée lors du sommet international sur le climat à Paris. En résumé :

« Nous sommes déjà trop nombreux sur terre. Ce facteur majeur du réchauffement climatique ne sera pourtant pas abordé lors de la COP21… Au niveau mondial, sur une courte période historique de 250 ans, nous aurons assisté à une multiplication par dix de la population.Malgré ces chiffres alarmants, aucune politique de limitation des naissances ne figure à l’agenda de la COP21. Il s’agit d’un sujet trop sensible pour les gouvernements…pour la Banque mondiale ou l’ONU, l’augmentation de la population ne peut être qu’un «potentiel de croissance», une «opportunité à saisir» et même un «dividende démographique»! Le scénario d’une terre peuplée d’un peu moins de dix milliards d’habitants en 2050 ressemble pourtant davantage à celui d’une catastrophe annoncée…

Dans le débat climatique, il est régulièrement rappelé que l’augmentation historique du CO2 dans l’air provient en premier lieu des pays industrialisés… Par ailleurs, dans la mesure où il est souhaitable et inévitable qu’un toujours plus grand nombre de personnes participe à la société de consommation, ce sont les pays les plus peuplés de la planète qui pourraient rapidement avoir une dette climatique à l’égard de ceux qui le sont moins….

Un problème qui n’est pas abordé ne peut pas avoir de solution. La limitation des naissances devrait pourtant être une priorité absolue pour les pays d’Afrique et d’Asie du sud. Non seulement pour prévenir le réchauffement climatique dont ils seront les premières victimes, mais également pour assurer le bien-être de leurs populations. Etant donné l’importance de la question, les pays industrialisés pourraient en faire une condition dans l’octroi de l’aide au développement. Mais ce point ne figure dans aucun des 169 «objectifs de développement durable», adoptés récemment par l’ONU et qui serviront de boussole aux politiques de développement internationales au cours des 15 prochaines années… »

Malthus n’a qu’un seul tort, avoir eu raison trop tôt.

Source : http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2015/12/09/31001-20151209ARTFIG00309-cop21-la-surpopulation-mondiale-grande-absente-des-debats.php

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Est-ce la fin du pétrole ? Oui pour nous, non pour…

Manoelle Lepoutre : « Si on regarde en tant que géologue les ressources, bien sûr elles sont finies. La planète a une dimension finie et personne ne peut le contredire. Par contre, les volumes en place sont gigantesques. Donc, toute la question c’est de savoir à quel rythme on sera capable, ou on pourra mettre ces hydrocarbures en production ou pas »

Philippe Manière : « Ce qu’on ne sait pas, c’est quelle part des ressources on a trouvé. Premier point. Il est possible qu’on en trouve d’autres. Je me souviens qu’on parlait déjà d’un peak oil imminent, dans les 10, 15, 20 ans et puis on a retrouvé des tas de ressources pétrolières car tout simplement la technique a évolué : qui aurait imaginé dans les années 80 qu’on irait chercher du pétrole à des dizaines de milliers de mètres sous les mers ?… Ensuite il y a la question du prix. Pour aller chercher du pétrole dans ces conditions là… c’est du pétrole (je ne suis pas un spécialiste) qui est à 80, 150, 200 $. Mais si la planète veut du pétrole, à ce prix là, elle peut probablement en avoir pendant assez longtemps »

Matthieu Auzanneau leur répond : « On aura probablement une limite des capacités mondiales d’extraction du pétrole à un horizon situé autour de 2020. 2030 étant l’hypothèse la plus optimiste… Nous autres Européens on devrait être délibérément pessimistes par rapport à cette question là, puisque on a sous les yeux le cas d’école d’un déclin irréversible… (les réserves pétrolières de) la mer du Nord »*

Nous, sur ce blog, nous ajoutons que le débat sur les réserves potentielles ou prouvées est devenu un vieux truc dépassé. En effet nous savons que pour enrayer le réchauffement climatique, il faudrait laisser sous terre 80 % des réserves prouvées de combustibles fossiles. Les politiques auraient donc du programmer la fin du pétrole lors de la COP21… ils n’ont jamais abordé le problème. L’économie et la politique se foutent complètement des limites biophysiques de la planète. C’est notre aveuglement qui devrait être le principal objet du débat actuel !

* http://www.politiques-energetiques.com/petrole-peut-vivre-sans

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BIOSPHERE-INFO, une synthèse sur le climat

La COP21 vient de se terminer sur fond d’état d’urgence et d’impuissance politique. Sur ce blog hébergé par le journal LE MONDE, nous avons tenu une chronique quasi-quotidienne sur le climat à partir de début juillet 2015. Nous vous en donnons quelques articles significatifs, suivis par une reprise de notre « Biosphere-Info n°5 » de fin 2005. Depuis dix ans, nous constatons que nous savions ce qu’il faudrait faire et que nous n’avons pas fait grand chose. Pour s’abonner gratuitement à BIOSPHERE-INFO (bimensuel), il suffit de nous envoyer un mail à biosphere@ouvaton.org

Sur ce blog , cliquez sur le lien

14.12.2015

bilan de la COP21, encore un » succès » illusoire

08.12.2015

Climat : les raisons de s’inquiéter sont innombrables

02.12.2015

Les gaz à effet de serre, c’est aussi notre affaire

26.08.2015

carte carbone, des quotas individuels de CO2

 Biosphere-hebdo n° 5, numéro écrit en 2005

Les sociétés humaines sont plus ou moins bien adaptées au milieu environnant, la société thermo-industrielle est la moins durable car elle détruit les écosystèmes. Pour un membre de Biosphere (association loi-1901 dont l’objectif est de défendre les intérêts de la Biosphère), il faut donc dénoncer avec force cette société de prédateurs. Voici quelques analyses de ce qui paraissait important à dire cette semaine sur les évènements du monde des humains et des non-humains :

Effet de serre/constat

26.09.2005 Schizophrénie humaine !

Entre l’an 2000 et 2003 (avant la canicule), quatre enquêtes ont été réalisées pour le compte de l’Ademe (agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) sur le thème des représentations sociales de l’effet de serre. En l’an 2003, à peine plus de 10 % des personnes interrogées fait confiance au progrès technique pour trouver des solutions au réchauffement climatique et une proportion à peu près équivalente (13 %) estime qu’il n’y a rien à faire face à un phénomène « inévitable ». Mais la plus grande partie des personnes interrogées préconise une modification importante de nos modes de vie : de 68 % dans l’enquête de 2000, le pourcentage est passé à 75 %. A contrario, si l’opinion publique approuve en théorie des mesures politiques « impopulaires » comme le bridage des moteurs ou la diminution des crédits consacrés aux autoroutes, il refuse la perte de confort que supposerait l’interdiction de la climatisation des voitures.

La classe globale, celle qui possède un véhicule personne, est schizophrène, elle veut une chose et son contraire. La Biosphère a le temps d’attendre, sans doute. Mais pour l’équilibre des sociétés humaines, ce n’est pas le cas !

Effet de serre/causes

26.09.2005 Cercles vicieux

Les activités humaines engendrent au Royaume-Uni l’émission d’environ 150 millions de tonnes équivalent-carbone. En outre, le réchauffement climatique entraîne dans certains écosystèmes des réponses qui conduisent directement à son aggravation : des mécanismes de minéralisation transforment en effet le carbone organique stocké dans les sols en CO2, particulièrement quand ils sont tourbeux et sous des conditions climatiques de froid et d’humidité. Ainsi le dioxyde de carbone relâché par les sols d’Angleterre et du Pays de Galles entre 1978 et 2003 s’est libéré dans l’atmosphère à concurrence de 13 millions de tonnes. Ces pertes correspondent à la totalité des réductions d’émission de CO2 réalisées par le Royaume-Uni entre 1990 et 2002 et n’ont pas été envisagées par le protocole de Kyoto. De même la couverture végétale des régions arctiques (toundra) augmente avec la synthèse d’une nouvelle biomasse entraîné par le réchauffement. Cette croissance des arbustes modifie l’enneigement hivernal et ces régions réfléchissent moins la lumière du soleil et absorbent plus d’énergie. Cet excès est aussi susceptible de libérer une part du carbone stocké dans les sols !

Une politique climatique efficace devrait donc dans un avenir très proche tenir compte de toutes les sources de carbone : ce n’est pas demain que la Biosphère évitera le réchauffement et l’exacerbation des phénomènes météorologiques… tant mis pour les humains.

Effet de serre/solutions

2.10.2005 L’effet de serre dope l’effet de serre !

Dans la rubrique « l’avenir de la planète », le journal Le Monde nous apprend ceci : « Face aux fortes chaleurs et surtout au stress hydrique, les plantes adoptent un mécanisme de défense qui leur permet de limiter leur évapotranspiration : elle ferment les stomates de leurs feuilles, ce qui ralentit la photosynthèse et absorbe moins de CO2. A l’échelle de l’Europe, la production végétale a donc chuté de 30 % en 2003 dans les peuplements forestiers comme sur les surfaces cultivées ; une baisse sans précédent au cours du siècle écoulé. Dans le même temps, avec la respiration des végétaux, les écosystèmes ont relâché dans l’air quelque 500 millions de tonnes de CO2, soit l’équivalent de quatre années de séquestration du même gaz par la végétation. Alors que les experts estiment qu’au niveau de la planète entière le manteau végétal permet de capturer entre 10 % et 20 % des émissions humaines de CO2, le bouclier vert risque donc de se transformer en menace. »

En vis-à-vis de cette information, le journal Le Monde présente sur toute une page la nouvelle Clio (117 à 179 g de CO2 pour des moteurs de 75 à 105 ch.) ainsi que l’Alfa Roméo 159 de 260 ch. Pour 1,9 tonnes ; mais le niveau d’émission de gaz à effet de serre de ce modèle n’est pas indiqué ! Ce n’est pas sur un journal d’information aussi schizophrène que la Biosphère peut compter. Alors, où est l’espoir ? Seulement dans ces militants de l’action directe qui commencent prudemment par dégonfler les pneus de 4×4 en attendant de devenir plus virulents…

2.10.2005 La décroissance (disponible en kiosque)

Dans ce bimestriel sous-titré « Le journal de la joie de vivre », cette intéressante conclusion sur l’impuissance humaine à contourner l’effet de serre d’origine anthropique : « Une étude publiée dans Nature estime qu’il n’y a aucun bénéfice énergétique à utiliser la biomasse des plantes pour fabriquer du carburant. Selon les chercheurs de l’université de Cornell et de Berkeley, la fabrication du carburant éthanol à parti de maïs nécessite un tiers de plus d’énergie que celle qui sera restituée comme carburant. Utiliser de la biomasse n’est donc pas une stratégie soutenable. Une autre étude parue dans Bioscience montre quant à elle que l’éthanol à usage de biocarburant réduit la biodiversité, augmente l’érosion des sols et consomme de grandes quantités d’eau ».

La Biosphère savait déjà que les humains n’auraient jamais du se déplacer autrement qu’à pied, ils sont déjà suffisamment doués naturellement pour être des coureurs rapides et endurants ou des marcheurs infatigables …

1.10.2005 Vive le pétrole cher !

Le baril de pétrole a récemment dépassé 70 $, il faudrait qu’il augmente encore continûment. En effet certains politiciens et chefs d’entreprises commencent enfin à penser aux économies d’énergie et à la relance des énergies renouvelables car des perspectives s’ouvrent grâce à la hausse des prix. Selon la présidente de l’Ademe (agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), le kWh éolien coûte aujourd’hui à peu près autant que le kWh fourni par une turbine à gaz ; pour le thermique, si vous prenez le chauffage au bois, avec un baril durablement à 60 $, il devient compétitif par rapport à un chauffage au fioul ; à 65 $ le baril, certains biocarburants deviennent compétitifs, mais pour d’autres il faudra attendre que l’on se rapproche de 80 ou 100 $. De toute façon, pour que l’investissement dans les énergies renouvelables progresse, le prix du pétrole doit monter toujours plus haut : le kWh photovoltaïque revient encore sept fois plus cher que l’éolien.

La Biosphère aime les énergies renouvelables qui brassent la vie sur Terre comme l’a fait le cyclone Katrina au sud des USA. Elle préfère sans aucun doute une humanité moins nombreuse qui limite ses besoins en énergie.

30.09.2005 Consomm-acteur ?

Le prix de l’essence affole facilement les boussoles politiques. La gauche réclame le rétablissement de la TIPP flottante (mécanisme inventé par L.Fabius à Bercy en 2001-2002), c’est-à-dire une baisse de taxe. Le gouvernement supposé libéral de D. De Villepin a choisi de montrer du doigt les profits des compagnies pétrolière. Reste à savoir ce qui est citoyen en matière d’énergie en général et de pétrole en particulier. S’il s’agit de baisser les taxes ou de taxer les majors pour financer une baisse du carburant, et donc relancer la consommation de pétrole, il n’est pas sûr que ce soit, dans l’intérêt à long terme de la France et de la planète, l’attitude la plus « citoyenne ».

La Biosphère ne peut qu’être en accord avec la Cour des comptes qui, dans son rapport « fiscalité et environnement » indique : « La TIPP contribue à limiter la consommation d’énergie fossile ; elles constitue à ce titre un outil efficace pour respecter les objectifs de réduction des gaz à effet de serre. » Comme la TIPP est moins appropriée pour limiter une pollution locale, la Cour envisage aussi des péages urbains pour limiter l’accès des automobiles aux centres-villes. Préparez-vous à ouvrir votre porte-feuille !

29.09.2005 Discours foireux

Lee Raymond, PDG d’Exxon Mobil : « Les énergies renouvelables sont un gâchis total d’investissement » et le réchauffement climatique « une notion non scientifique propagée par des chercheurs en mal de budgets ». Dick Cheney, vice-président des USA : «  Economiser l’énergie peut être une vertu individuelle, mais pas une base pour construire une politique énergétique solide ». Mais heureusement la dépendance des USA vis à vis de l’étranger, pour 65 % du pétrole et 15 % du gaz consommés, implique nécessairement un changement de registre. Ainsi selon James Woolsey, ancien directeur de la CIA : « La coalition des défenseurs de la nature, d’hommes politiques de bonne volonté et de faucons de la sécurité nationale peut mettre fin à la toute puissance du pétrole ».

Les humains commencent à penser juste bien trop tard et trop souvent pour de mauvaises raisons. Les gaz à effet de serre d’origine anthropique n’auraient jamais du se multiplier au détriment des ressources fossiles : laissez à la Nature ce qui appartient à la Nature.

28.09.2005 Limiter le trafic aérien

Si les émissions totales de gaz à effet de serre ont diminué en Europe de 3 % entre 1990 et 2002, celles générées par le trafic aérien ont augmenté de près de 70 %. Au niveau international, le trafic aérien a engendré en 2002 des émission qui représentent 12 % du total des émissions produites par les transports. Mais l’impact est nettement plus grand si tous les facteurs sont pris en considération. Les oxydes d’azote qui sont rejetées par les avions à leur attitude de croisière forment de l’ozone. Ils engendrent la formation de traînées de condensation qui contribuent également au réchauffement climatique. Pour donner une idée de l’ampleur du problème, sachez que chaque vol aller-retour entre Londres et New York produit, pour deux passagers, presque autant de CO2 qu’une voiture particulière européenne moyenne en un an. La commission européenne pense que si les prix reflètent ces coûts externes, les consommateurs seront plus conscients du coût global de leur vol et les compagnies seront plus enclines à investir dans des technologies respectueuses de l’environnement.

Mais la Biosphère pense de son côté que les riches n’ont pas à monopoliser les voyages en avion ; de plus faire confiance au progrès technique est une illusion car rien ne peut faire voler des plus lourds que l’air sans conséquences sur l’entropie. A chacun d’en tirer les conclusions !

27.09.2005 Emprisonner le CO2 ?

La capture du CO2 n’est praticable que là où sa production est la plus concentrée, les centrales thermiques (40 % des émissions mondiales de CO2), mais aussi les cimenteries, les raffineries ou les unités sidérurgiques. Les procédés envisagés ont un coût estimé de 50 à 70 euros la tonne, soit deux ou trois fois plus élevé que le prix auquel s’échange le carbone sue la bourse des « droits à polluer ». En effet la capture dans les fumées de combustion est fortement énergivorace. De plus il faut des pipelines pour envoyer au loin ce CO2 dans des réservoirs géologiques, des aquifères salins profonds ou des gisements de gaz ou de pétrole en fin d’exploitation. Or l’étanchéité des sites pour une durée de 500 à 1000 ans est loin d’être assurée et nécessite des travaux de vérification considérables.

Il est fort dommageable pour la Biosphère qu’on envisage plutôt tous les moyens de continuer à exploiter jusqu’au bout les énergies fossiles au lieu de décider de les économiser le plus rapidement possible en modifiant complètement les modes de vie !

 

NB : Pour consulter notre réseau de documentation des écologistes : Biosphere.ouvaton.org

BIOSPHERE-INFO, une synthèse sur le climat Lire la suite »