La COP21 vient de se terminer sur fond d’état d’urgence et d’impuissance politique. Sur ce blog hébergé par le journal LE MONDE, nous avons tenu une chronique quasi-quotidienne sur le climat à partir de début juillet 2015. Nous vous en donnons quelques articles significatifs, suivis par une reprise de notre « Biosphere-Info n°5 » de fin 2005. Depuis dix ans, nous constatons que nous savions ce qu’il faudrait faire et que nous n’avons pas fait grand chose. Pour s’abonner gratuitement à BIOSPHERE-INFO (bimensuel), il suffit de nous envoyer un mail à biosphere@ouvaton.org
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14.12.2015
08.12.2015
02.12.2015
26.08.2015
Biosphere-hebdo n° 5, numéro écrit en 2005
Les sociétés humaines sont plus ou moins bien adaptées au milieu environnant, la société thermo-industrielle est la moins durable car elle détruit les écosystèmes. Pour un membre de Biosphere (association loi-1901 dont l’objectif est de défendre les intérêts de la Biosphère), il faut donc dénoncer avec force cette société de prédateurs. Voici quelques analyses de ce qui paraissait important à dire cette semaine sur les évènements du monde des humains et des non-humains :
Effet de serre/constat
26.09.2005 Schizophrénie humaine !
Entre l’an 2000 et 2003 (avant la canicule), quatre enquêtes ont été réalisées pour le compte de l’Ademe (agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) sur le thème des représentations sociales de l’effet de serre. En l’an 2003, à peine plus de 10 % des personnes interrogées fait confiance au progrès technique pour trouver des solutions au réchauffement climatique et une proportion à peu près équivalente (13 %) estime qu’il n’y a rien à faire face à un phénomène « inévitable ». Mais la plus grande partie des personnes interrogées préconise une modification importante de nos modes de vie : de 68 % dans l’enquête de 2000, le pourcentage est passé à 75 %. A contrario, si l’opinion publique approuve en théorie des mesures politiques « impopulaires » comme le bridage des moteurs ou la diminution des crédits consacrés aux autoroutes, il refuse la perte de confort que supposerait l’interdiction de la climatisation des voitures.
La classe globale, celle qui possède un véhicule personne, est schizophrène, elle veut une chose et son contraire. La Biosphère a le temps d’attendre, sans doute. Mais pour l’équilibre des sociétés humaines, ce n’est pas le cas !
Effet de serre/causes
26.09.2005 Cercles vicieux
Les activités humaines engendrent au Royaume-Uni l’émission d’environ 150 millions de tonnes équivalent-carbone. En outre, le réchauffement climatique entraîne dans certains écosystèmes des réponses qui conduisent directement à son aggravation : des mécanismes de minéralisation transforment en effet le carbone organique stocké dans les sols en CO2, particulièrement quand ils sont tourbeux et sous des conditions climatiques de froid et d’humidité. Ainsi le dioxyde de carbone relâché par les sols d’Angleterre et du Pays de Galles entre 1978 et 2003 s’est libéré dans l’atmosphère à concurrence de 13 millions de tonnes. Ces pertes correspondent à la totalité des réductions d’émission de CO2 réalisées par le Royaume-Uni entre 1990 et 2002 et n’ont pas été envisagées par le protocole de Kyoto. De même la couverture végétale des régions arctiques (toundra) augmente avec la synthèse d’une nouvelle biomasse entraîné par le réchauffement. Cette croissance des arbustes modifie l’enneigement hivernal et ces régions réfléchissent moins la lumière du soleil et absorbent plus d’énergie. Cet excès est aussi susceptible de libérer une part du carbone stocké dans les sols !
Une politique climatique efficace devrait donc dans un avenir très proche tenir compte de toutes les sources de carbone : ce n’est pas demain que la Biosphère évitera le réchauffement et l’exacerbation des phénomènes météorologiques… tant mis pour les humains.
Effet de serre/solutions
2.10.2005 L’effet de serre dope l’effet de serre !
Dans la rubrique « l’avenir de la planète », le journal Le Monde nous apprend ceci : « Face aux fortes chaleurs et surtout au stress hydrique, les plantes adoptent un mécanisme de défense qui leur permet de limiter leur évapotranspiration : elle ferment les stomates de leurs feuilles, ce qui ralentit la photosynthèse et absorbe moins de CO2. A l’échelle de l’Europe, la production végétale a donc chuté de 30 % en 2003 dans les peuplements forestiers comme sur les surfaces cultivées ; une baisse sans précédent au cours du siècle écoulé. Dans le même temps, avec la respiration des végétaux, les écosystèmes ont relâché dans l’air quelque 500 millions de tonnes de CO2, soit l’équivalent de quatre années de séquestration du même gaz par la végétation. Alors que les experts estiment qu’au niveau de la planète entière le manteau végétal permet de capturer entre 10 % et 20 % des émissions humaines de CO2, le bouclier vert risque donc de se transformer en menace. »
En vis-à-vis de cette information, le journal Le Monde présente sur toute une page la nouvelle Clio (117 à 179 g de CO2 pour des moteurs de 75 à 105 ch.) ainsi que l’Alfa Roméo 159 de 260 ch. Pour 1,9 tonnes ; mais le niveau d’émission de gaz à effet de serre de ce modèle n’est pas indiqué ! Ce n’est pas sur un journal d’information aussi schizophrène que la Biosphère peut compter. Alors, où est l’espoir ? Seulement dans ces militants de l’action directe qui commencent prudemment par dégonfler les pneus de 4×4 en attendant de devenir plus virulents…
2.10.2005 La décroissance (disponible en kiosque)
Dans ce bimestriel sous-titré « Le journal de la joie de vivre », cette intéressante conclusion sur l’impuissance humaine à contourner l’effet de serre d’origine anthropique : « Une étude publiée dans Nature estime qu’il n’y a aucun bénéfice énergétique à utiliser la biomasse des plantes pour fabriquer du carburant. Selon les chercheurs de l’université de Cornell et de Berkeley, la fabrication du carburant éthanol à parti de maïs nécessite un tiers de plus d’énergie que celle qui sera restituée comme carburant. Utiliser de la biomasse n’est donc pas une stratégie soutenable. Une autre étude parue dans Bioscience montre quant à elle que l’éthanol à usage de biocarburant réduit la biodiversité, augmente l’érosion des sols et consomme de grandes quantités d’eau ».
La Biosphère savait déjà que les humains n’auraient jamais du se déplacer autrement qu’à pied, ils sont déjà suffisamment doués naturellement pour être des coureurs rapides et endurants ou des marcheurs infatigables …
1.10.2005 Vive le pétrole cher !
Le baril de pétrole a récemment dépassé 70 $, il faudrait qu’il augmente encore continûment. En effet certains politiciens et chefs d’entreprises commencent enfin à penser aux économies d’énergie et à la relance des énergies renouvelables car des perspectives s’ouvrent grâce à la hausse des prix. Selon la présidente de l’Ademe (agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), le kWh éolien coûte aujourd’hui à peu près autant que le kWh fourni par une turbine à gaz ; pour le thermique, si vous prenez le chauffage au bois, avec un baril durablement à 60 $, il devient compétitif par rapport à un chauffage au fioul ; à 65 $ le baril, certains biocarburants deviennent compétitifs, mais pour d’autres il faudra attendre que l’on se rapproche de 80 ou 100 $. De toute façon, pour que l’investissement dans les énergies renouvelables progresse, le prix du pétrole doit monter toujours plus haut : le kWh photovoltaïque revient encore sept fois plus cher que l’éolien.
La Biosphère aime les énergies renouvelables qui brassent la vie sur Terre comme l’a fait le cyclone Katrina au sud des USA. Elle préfère sans aucun doute une humanité moins nombreuse qui limite ses besoins en énergie.
30.09.2005 Consomm-acteur ?
Le prix de l’essence affole facilement les boussoles politiques. La gauche réclame le rétablissement de la TIPP flottante (mécanisme inventé par L.Fabius à Bercy en 2001-2002), c’est-à-dire une baisse de taxe. Le gouvernement supposé libéral de D. De Villepin a choisi de montrer du doigt les profits des compagnies pétrolière. Reste à savoir ce qui est citoyen en matière d’énergie en général et de pétrole en particulier. S’il s’agit de baisser les taxes ou de taxer les majors pour financer une baisse du carburant, et donc relancer la consommation de pétrole, il n’est pas sûr que ce soit, dans l’intérêt à long terme de la France et de la planète, l’attitude la plus « citoyenne ».
La Biosphère ne peut qu’être en accord avec la Cour des comptes qui, dans son rapport « fiscalité et environnement » indique : « La TIPP contribue à limiter la consommation d’énergie fossile ; elles constitue à ce titre un outil efficace pour respecter les objectifs de réduction des gaz à effet de serre. » Comme la TIPP est moins appropriée pour limiter une pollution locale, la Cour envisage aussi des péages urbains pour limiter l’accès des automobiles aux centres-villes. Préparez-vous à ouvrir votre porte-feuille !
29.09.2005 Discours foireux
Lee Raymond, PDG d’Exxon Mobil : « Les énergies renouvelables sont un gâchis total d’investissement » et le réchauffement climatique « une notion non scientifique propagée par des chercheurs en mal de budgets ». Dick Cheney, vice-président des USA : « Economiser l’énergie peut être une vertu individuelle, mais pas une base pour construire une politique énergétique solide ». Mais heureusement la dépendance des USA vis à vis de l’étranger, pour 65 % du pétrole et 15 % du gaz consommés, implique nécessairement un changement de registre. Ainsi selon James Woolsey, ancien directeur de la CIA : « La coalition des défenseurs de la nature, d’hommes politiques de bonne volonté et de faucons de la sécurité nationale peut mettre fin à la toute puissance du pétrole ».
Les humains commencent à penser juste bien trop tard et trop souvent pour de mauvaises raisons. Les gaz à effet de serre d’origine anthropique n’auraient jamais du se multiplier au détriment des ressources fossiles : laissez à la Nature ce qui appartient à la Nature.
28.09.2005 Limiter le trafic aérien
Si les émissions totales de gaz à effet de serre ont diminué en Europe de 3 % entre 1990 et 2002, celles générées par le trafic aérien ont augmenté de près de 70 %. Au niveau international, le trafic aérien a engendré en 2002 des émission qui représentent 12 % du total des émissions produites par les transports. Mais l’impact est nettement plus grand si tous les facteurs sont pris en considération. Les oxydes d’azote qui sont rejetées par les avions à leur attitude de croisière forment de l’ozone. Ils engendrent la formation de traînées de condensation qui contribuent également au réchauffement climatique. Pour donner une idée de l’ampleur du problème, sachez que chaque vol aller-retour entre Londres et New York produit, pour deux passagers, presque autant de CO2 qu’une voiture particulière européenne moyenne en un an. La commission européenne pense que si les prix reflètent ces coûts externes, les consommateurs seront plus conscients du coût global de leur vol et les compagnies seront plus enclines à investir dans des technologies respectueuses de l’environnement.
Mais la Biosphère pense de son côté que les riches n’ont pas à monopoliser les voyages en avion ; de plus faire confiance au progrès technique est une illusion car rien ne peut faire voler des plus lourds que l’air sans conséquences sur l’entropie. A chacun d’en tirer les conclusions !
27.09.2005 Emprisonner le CO2 ?
La capture du CO2 n’est praticable que là où sa production est la plus concentrée, les centrales thermiques (40 % des émissions mondiales de CO2), mais aussi les cimenteries, les raffineries ou les unités sidérurgiques. Les procédés envisagés ont un coût estimé de 50 à 70 euros la tonne, soit deux ou trois fois plus élevé que le prix auquel s’échange le carbone sue la bourse des « droits à polluer ». En effet la capture dans les fumées de combustion est fortement énergivorace. De plus il faut des pipelines pour envoyer au loin ce CO2 dans des réservoirs géologiques, des aquifères salins profonds ou des gisements de gaz ou de pétrole en fin d’exploitation. Or l’étanchéité des sites pour une durée de 500 à 1000 ans est loin d’être assurée et nécessite des travaux de vérification considérables.
Il est fort dommageable pour la Biosphère qu’on envisage plutôt tous les moyens de continuer à exploiter jusqu’au bout les énergies fossiles au lieu de décider de les économiser le plus rapidement possible en modifiant complètement les modes de vie !
NB : Pour consulter notre réseau de documentation des écologistes : Biosphere.ouvaton.org