les médias nous trompent car nous voulons être trompés
Sur lemonde.fr, deux articles montrent la superficialité des lecteurs. Prenons les infos du 5-6 octobre et une période comparable de mise en ligne. L’article « Les climato-sceptiques anglais et américains ont bonne presse » ne recueille que deux commentaires. L’article « BAISER VOLÉ – L’une des photos les plus romantiques révèle une agression sexuelle » sur le blog Big Browser en reçoit 182 ! Les centres d’intérêt de nos concitoyens vont au sexe et au sensationnel, pas à l’analyse comparative. D’ailleurs, si les médias jouent un rôle important dans la diffusion du doute sur le réchauffement climatique, ce n’est pas tant par les informations publiées par les journaux que dans les interventions externes dans les pages « Opinion ». Aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne, les tribunes climatosceptiques représentent 79 % des opinions exprimées.
Prenons un autre article* selon lequel « Le changement climatique est scientifiquement prouvé pour 77 % de l’opinion mondiale. » Cette proportion diminue dans les pays où le climatoscepticisme s’est fortement exprimé : aux Etats-Unis, les sondés ne sont plus que 65 % à reconnaître la validité scientifique du changement climatique. En France où le débat a été vif, un tiers des personnes interrogées pense encore que la preuve scientifique du réchauffement n’a pas été apportée (merci Monsieur Allègre !). Notons d’ailleurs que parmi les 17 réactions à l’article de Rémi Barroux, six sont à tendance climatosceptique ! Rappelons à nos concitoyens que l’existence du réchauffement climatique, selon les scientifiques rassemblés dans le GIEC, ne peut pas être mise en doute. Même la quasi-totalité des climatosceptiques l’admettent, sauf qu’ils mettent en cause des facteurs naturels et non anthropiques pour l’expliquer. La nature est mise en avant par 42 % des personnes interrogées aux Etats-Unis et 34 % en Grande-Bretagne. A l’inverse, 92 % des sondés privilégient les facteurs humains au Mexique, et 97 % en Allemagne.
Le plus grave dans cette histoire, c’est que même si on se rend compte que notre mode de vie qui brûle le carbone fait basculer le climat, on se trouve des raisons pour continuer à faire comme avant. L’opinion publique internationale estime, à 88 %, que l’on peut « trouver des solutions novatrices pour réduire l’impact du changement climatique ». On croit au développement des énergies « propres » pour réduire les émissions de gaz à effets de serre, le matraquage par le greenwashing relaye le doute propagé par les climatosceptiques. Conclusion, la presque totalité des personnes reste insensible aux notions de sobriété énergétique et de simplicité volontaire. C’est à cause de l’inertie d’une population manipulée par la société du spectacle et de la consommation que nous allons avoir des lendemains qui déchantent très fortement…
* Le Monde.fr | 04.10.2012 par Rémi Barroux
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