politique

Quelle société voulons-nous ?

Quelle société voulons-nous pour la fin de ce siècle ?

 

Cette question nous parait si importante que nous te laissons la parole (rubrique commentaire) sur cette thématique pendant une semaine.

Si tu veux nous donner ton point de vue de façon confidentielle, nous écrire biosphere@ouvaton.org

 

Remarque méthodologique : Philippe Chalmain, qui vient d’écrire « le XXIe siècle raconté à mon petit-fils », estime que la population du globe se stabilisera autour de 10 milliards d’humains. D’autres pensent que les blocages d’approvisionnement de l’espèce humaine aura au contraire fait diminuer fortement la population d’ici la fin de ce siècle. Si on s’exprime ainsi, on sera hors-sujet.

La question porte sur un volontarisme, une utopie en action : par exemple, sur la question démographique (mais il y a bien d’autres problématiques), voulons-nous la liberté totale de procréation pour le XXIe siècle, une procréation encadrée, de quelle façon, etc.…

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la liberté parisienne

Un réfugié iranien en France se pose une seule question : « Que vais-je faire de cette liberté maintenant que je ne cherche plus à savoir ce que les autorités pensent de moi ? » Bienvenu Afshin Ghaffarian en France, le pays où on ne sait plus quoi faire de sa liberté. Dans un monde normal, on sait toujours ce qu’on doit faire. Dans la société industrialisée, on ne sait plus si on doit utiliser plutôt son iPod, son iPhone ou son prochain achat, l’iPad. La liberté dans le monde occidentalisé, ce n’est plus de danser ou de travailler à son rythme, c’est de choisir comment se brancher à la prise électrique pour surfer dans un monde virtuel et jouir des programmes numériques.

 

Il devrait y avoir des pays normaux qui puissent permettre de vivre collectivement le juste milieu entre le pays totalitaire comme l’Iran, où on peut pendre haut et court pour « manifestation » des personnes qui étaient déjà en prison le jour de cette manifestation, et la France « libérale » qui se drogue au gadget électronique…

 

NB : pour connaître toute l’histoire du danseur iranien, LeMonde du 29 janvier

 

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démocratie et écologie

quelques exemples des relations complexes entre démocratie et écologie :

1/4) la démocratie comme perception des limites

La démocratie moderne était inséparable des possibilités en apparence infinies de la puissance des technologies et du marché. Tout nous paraissait donc possible. La démocratie à venir devra en revanche accorder cette même puissance à un monde fini, bondé et fragile. Il va donc nous falloir apprendre à borner le pouvoir de faire par la sagesse de l’autolimitation. Ce sera d’autant plus difficile que l’histoire nous a malheureusement enseigné que seul le pouvoir est capable d’arrêter le pouvoir.

2/4) la force des traditions joue contre notre futur

C’est à cause de notre cerveau tout puissant qui fomente les idées les plus baroques que nous arrivons trop souvent à l’impasse la plus totale. Bertrand Méheust  l’exprime dans son livre, La politique de l’oxymore : « Je suis convaincu qu’une catastrophe est en gestation, mais je ne partage pas la conviction que les démocraties modernes possèdent les ressorts nécessaires pour la prévenir et l’affronter. Je crains que la métamorphose espérée n’intervienne trop tard pour enrayer la crise écologique, et ne manifeste ses effets que pendant et après la catastrophe, un peu comme le pacifisme n’empêche pas les guerres mais se développe dans leur sillage. En effet toute société cherche à persévérer dans son être. Mais comme nous vivons dans un monde fini, sa saturation globale est inéluctable, ou, pour dire les choses de façon plus brutale, la saturation se traduira pour l’humanité par une véritable descente aux enfers. Chaque instant qui passe nous éloigne davantage du moment où un autre avenir serait encore possible. »

3/4) la démocratie et le choc du futur

Dieter Birnbacher posait, dans son livre La responsabilité envers les générations futures (1994), la question de savoir si la démocratie moderne était en mesure d’être le lieu d’une éthique du futur. Ce n’est pas évident car une conscience prévoyante, centrée sur le long terme, est synonyme de renoncements. Elle entre donc en conflit avec les aspirations immédiates des individus, leur préférence pour le présent. Renoncer à la voiture ? Mais nous sommes bien obligés d’avoir une voiture !

Nous sommes dans une démocratie du spectacle et de la compassion, pas du raisonnement froid des climatologues ou de l’Aspo (qui prévoit pour bientôt le pic pétrolier). Les politiques pensent d’abord à l’acceptabilité sociale d’une taxe carbone, pas à sa nécessité. Il faudra donc que la catastrophe serve de pédagogie. Ce dont nous avons le plus besoin, c’est d’une succession de crises. Par exemple, pendant la crise du prix du pétrole de septembre à décembre 2008, il s’est répété que le système libéral occidentalisé était dangereux et non durable. Cela a servi de choc psychologique faisant avancer la perception révolutionnaire de la structure crisique de notre société thermo-industrielle. Le baril de pétrole atteignant 150 dollars était un signal prix fort qui a laissé des traces, qui a modifié la perception des personnes. L’état d’esprit qui accueillera une nouvelle crise du pétrole, avec une perception plus aiguë des limites de notre planète, sera donc notablement différent de ce qu’il était précédemment.

4/4) démocratie et acteurs-absents

Rosanvallon décrivait récemment la condition nécessaire pour préparer le long terme : « Il n’y aura pas de sortie de la myopie démocratique si les citoyens ne sont pas eux-mêmes les défenseurs d’une conscience élargie du monde. C’est lorsque les citoyens auront modifié leurs propres réflexes en termes d’anticipation que leur vision s’accordera au sentiment d’une existence à l’échelle de l’humanité. »

Il faudrait donc que chaque citoyen (en position de décision délibérative) se fasse l’avocat des acteurs-absents, c’est-à-dire ceux qui ne peuvent prendre la parole lors d’une négociation, ou qui ne sont pas invités à la table des négociations : milieu naturel, être vivants non humains, générations futures. Il faut d’ailleurs remarquer que la génération actuelle peut se permettre d’utiliser autant de ressources non reproductibles (et perturber le climat) uniquement parce que les générations à venir sont exclues du marché actuel pour la simple raison qu’elles ne peuvent y être présentes ; sinon le prix du pétrole s’élèverait déjà à l’infini. Il y a une dictature du présent sur l’avenir. Cela ne pourra changer que quand chacun d’entre nous pourra se projeter dans le temps long et l’espace infini, y compris sur ce blog.

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l’essentiel du Monde

Né le 18 décembre 1944, LeMonde a 65 ans. Bon anniversaire, nos vœux les plus sincères. Mais que ce quotidien soit notre journal de référence ne veut pas dire qu’il soit exempt de critiques. Voici nos propres codicilles en réponse aux deux questions posées (cf. supplément rattaché au Monde du 19 décembre).

1) Aujourd’hui, « Le Monde», indépendant politiquement et économiquement, est-il encore essentiel ?

biosphere : cette question est biaisée car elle tient pour acquis l’indépendance du Monde. Or la forte dépendance d’un quotidien envers les recettes publicitaires empêche une véritable liberté de parole. En effet, pour faire plaisir aux annonceurs, le journal est bien obligé de célébrer la société de consommation. Alors, quand on a ignoré mentalement toutes les pages de pub apparentes ou camouflées, on peut certes aller à l’essentiel. Mais toute vérité étant relative et en gestation chaque lecteur doit faire évoluer sa propre synthèse : si l’information apportée par notre quotidien est essentielle, elle n’est qu’un préalable. Si tout journaliste est un passeur des faits et gestes de nos sociétés, il lui est difficile dans le cadre d’un journal événementiel de ranger les idées dans un ordre convenable. Nous ne pouvons pas nous contenter de ce savoir en miette, il nous faut une grille préalable d’analyse. Construire un tel tamis, chausser des lunettes théoriques, c’est l’objectif de ce blog « biosphere ».

2) Quel rôle « LeMonde »  a-t-il joué dans votre propre histoire ?

biosphere : Le problème des lecteurs, c’est qu’ils peuvent difficilement faire entendre leur voix. Le courrier des lecteurs est une approche partielle que nous avons déjà utilisée, mais le miracle est arrivé : lemonde.fr permet à tous les abonnés de créer leur propre blog. Ce serait d’évidence un outil formidable pour progresser ensemble dans la recherche de la vérité si les commentateurs ne cherchaient pas souvent l’affirmation de soi au lieu de construire une cohérence collective. Mais encore une fois merci au quotidien d’avoir mis en ligne les blogs lemonde.fr et quand Le Monde cessera d’être croissanciste grâce (entre autres) à notre action, tout sera presque parfait.

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l’art de conclure

Pour les passionnés de  ce blog, que retenir de cette semaine ?

1) la question technologique

– Laurent Berthod : « L’erreur fondamentale des partisans de l’empreinte écologique est de penser que les ressources sont finies. Elles ne le sont pas, car les ressources disponibles évoluent avec l’évolution des besoins de l’homme et, encore plus, avec l’évolution des techniques. »

– YMB : « Il n’y a pas assez de métal pour fabriquer suffisamment de voiture pour 6,7 milliards de personnes, alors pour 15 milliards… »

– Biosphere : « Le capitalisme cherche à détourner l’attention du public de plus en plus conscient du désastre imminent en lui faisant croire que la technologie, instance en quelque sorte extérieure à la société des hommes, pourrait surmonter l’obstacle. »

2) la question idéologique

– Jean-Gabriel Mahéo : « Les affirmations sur la destruction de la planète, sur le saccage, la destruction, sur la fin des ressources, sur l’équation surpopulation = pauvreté, tout cela, c’est de l’idéologie. »

– Sébastien : « Je ne chercherai pas à convaincre les détracteurs de ce blog car ils partent d’un postulat totalement différent pour argumenter leurs idées : l’homme en tant qu’être supérieur est légitimement en droit d’exploiter la biosphère. »

– Biosphere : « L’humanité, jusqu’à présent espèce parmi d’autres espèces, est devenue un agent géologique, c’est-à-dire apte à transformer la structure de la biosphère. Le niveau de gaz  carbonique dans l’atmosphère est plus élevé qu’il n’a jamais été depuis près d’un million d’années, la disparition des espèces qu’il provoque est comparable en ampleur avec celui qui a emporté les dinosaures, etc. Le faisceau de preuves stratigraphiques est suffisant pour que la reconnaissance de l’anthropocène comme nouvelle ère géologique soit proposée à la discussion internationale (communiqué de la Société géologique de Londres, début 2008).

3) la question de la liberté

– libertéchérie : « Le fait même d’évoquer l’éventualité d’un contrôle des naissances est une absurdité très profonde. Il n’est bien évidemment de richesses que d’hommes. D’hommes libres. »

– Nicolas : Oui, évidemment, la terre peut nourrir 30 milliards d’humains. Tout comme on peut tenir à 20 dans une cabine téléphonique. Mais est-ce que c’est vraiment mieux ?

– Biosphere : « Bien sûr, nous sommes d’autant plus sûrement aliénés que nous croyons n’avoir jamais été plus libres. »

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Lévi-Strauss, in memoriam

Une source d’inspiration de ce blog, Arne Naess, est mort au début de cette année 2009.  Un autre de mes maîtres à penser, Claude Lévi-Strauss, vient de mourir. Plutôt que de vaines éloges, je lui laisse la parole, une parole qui à mon avis donnera une colonne vertébrale à notre XXIe siècle :

« J’ai connu une époque où l’identité nationale était le seul principe concevable des relations entre les Etats. On sait quels désastres en résultèrent. (…) Puisque au cours du dernier siècle j’ai assisté à une catastrophe sans pareille dans l’histoire de l’humanité, on me permettra de l’évoquer sur un ton personnel. La population mondiale comptait à ma naissance un milliard et demi d’habitants. Quand j’entrai dans la vie active vers 1930, ce nombre s’élevait à deux milliards. Il est de six milliards aujourd’hui, et il atteindra neuf milliards dans quelques décennies à croire les prévisions des démographes. Ils nous disent certes que ce dernier chiffre représentera un pic et que la population déclinera ensuite, si rapidement, ajoutent certains, qu’à l’échelle de quelques siècles une menace pèsera sur la survie de notre espèce. De toute façon, elle aura exercé ses ravages sur la diversité, non pas seulement culturelle, mais aussi biologique en faisant disparaître quantité d’espèces animales et végétales.

De ces disparitions, l’homme est sans doute l’auteur, mais leurs effets se retournent contre lui. Il n’est aucun, peut-être, des grands drames contemporains qui ne trouve son origine directe ou indirecte dans la difficulté croissante de vivre ensemble, inconsciemment ressentie par une humanité en proie à l’explosion démographique et qui – tels ces vers de farine qui s’empoisonnent à distance dans le sac qui les enferme, bien avant que la nourriture commence à leur manquer – se mettrait à se haïr elle-même, parce qu’une prescience secrète l’avertit qu’elle devient trop nombreuse pour que chacun de ses membres puisse librement jouir de ces bien essentiels que sont l’espace libre, l’eau pure, l’air non pollué.

Aussi la seule chance offerte à l’humanité serait de reconnaître que devenue sa propre victime, cette condition la met sur un pied d’égalité avec toutes les autres formes de vie qu’elle s’est employée et continue de s’employer à détruire.

Mais si l’homme possède d’abord des droits au titre d’être vivant, il en résulte que ces droits, reconnus à l’humanité en tant qu’espèce, rencontrent leurs limites naturelles dans les droits des autres espèces. Les droits de l’humanité cessent au moment où leur exercice met en péril l’existence d’autres espèces.

Le droit à la vie et au libre développement des espèces vivantes encore représentées sur la terre peut seul être dit imprescriptible, pour la raison très simple que la disparition d’une espèce quelconque creuse un vide, irréparable, à notre échelle, dans le système de la création.

Seule cette façon de considérer l’homme pourrait recueillir l’assentiment de toutes les civilisations. La nôtre d’abord, car la conception que je viens d’esquisser fut celle des jurisconsultes romains, pénétrés d’influences stoïciennes, qui définissaient la loi naturelle comme l’ensemble des rapports généraux établis par la nature entre tous les êtres animés pour leur commune conservation ; celle aussi des grandes civilisations de l’Orient et de l’Extrême-Orient, inspirées par l’hindouisme et le bouddhisme; celle, enfin, des peuples dits sous-développés, et même des plus humbles d’entre eux, les sociétés sans écriture qu’étudient les ethnologues.

Par de sages coutumes que nous aurions tort de reléguer au rang de superstitions, elles limitent la consommation par l’homme des autres espèces vivantes et lui en imposent le respect moral, associé à des règles très strictes pour assurer leur conservation. Si différentes que ces dernières sociétés soient les unes des autres, elles concordent pour faire de l’homme une partie prenante, et non un maître de la création.

Telle est la leçon que l’ethnologie a apprise auprès d’elles, en souhaitant qu’au moment de rejoindre le concert des nations ces sociétés la conservent intacte et que, par leur exemple, nous sachions nous en inspirer. »

Source : L’ETHNOLOGUE DEVANT LES IDENTITES NATIONALES

Discours de Claude Lévi-Strauss à l’occasion de la remise du XVIIe Premi Internacional Catalunya, 2005.

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Obama, en liberté conditionnelle

Le jury Nobel (de la paix) attend beaucoup d’Obama, le monde entier attend beaucoup d’Obama, nous attendrons en vain. Autant je suis personnellement libre de ma pensée pour défendre les intérêts de la biosphère, autant Obama est contraint dans ses actes pour pacifier l’humanité. Autant je suis libre de transcender en parole  les intérêts des humains parce que je n’ai pas de statut social apparent, autant Obama est obligé de protéger les intérêts des Américains du nord parce qu’il a été élu pour cela. Pour Obama, les valeurs de l’Amérique sont le travail et le patriotisme, pas la paix mondiale. Les humains, surtout quand ils sont présidents, se croient libres parce qu’ils ont conscience de ce qu’ils font. Mais en fait ils ne font que répondre aux causes qui déterminent leurs actions.

Le nouveau président des Etats-Unis avait dit lors de son discours d’investiture : «  La façon dont nous consommons l’énergie menace notre planète », «  Nous allons lutter contre ce fléau qu’est le réchauffement de la planète », « Nous ne pouvons pas consommer sans réfléchir les ressources du monde ». Cela n’était qu’un recueil de bonnes intentions qui n’engagent personne. Et d’ailleurs, le président Obama avait posé deux conditions au changement qui ne peuvent que l’empêcher de finaliser ses intentions :  « Faire redémarrer la croissance, construire routes et ponts… » et « Nous n’allons pas nous excuser pour notre mode de vie, nous le défendrons sans relâche ». Or la paix du monde nécessite une baisse du niveau de vie américain. C’est la défense du niveau de vie américain qui avait empêché G.Bush de ratifier le protocole de Kyoto, c’est le niveau de vie américain qui est devenu le modèle à imiter au-delà de ce que notre planète peut supporter, c’est le mythe de la croissance quantitative qui nous empêche de trouver d’autres voies d’épanouissement.

LeMonde du 11-12 octobre nous révèle d’ailleurs que Barack Obama a une compréhension limitée des affaires internationales. On lui a donné le prix Nobel pour ce qu’il doit maintenant accomplir, mais c’est quelqu’un qui n’a encore rien réalisé. La situation internationale  dépasse sa compétence. Dans le même numéro du Monde et à deux mois de Copenhague, les Américains bloquent toujours la négociation climatique. Ils veulent encore laisser de côté les engagements contraignants du protocole de Kyoto, ils ne peuvent agir en l’absence d’une législation votée par le Congrès américain. Le jury Nobel s’est trompé, Obama, va montrer qu’il n’est qu’un américain moyen alors qu’il devrait déclarer l’état de guerre face aux crises écologiques qui s’annoncent…

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Mickael Jackson out !

Michael Jackson est mort. Les décomposeurs de la Biosphère n’attendent pas son corps dans la joie et l’allégresse : il apporte trop de médicaments avec lui. LeMonde lui consacre trois pages le 27 juin, encore deux articles le jour suivant : trop de papier (trop d’arbres) consacré à un tout petit évènement. Il était une « icône planétaire » : en fait il était resté un petit garçon formaté d’abord par son père, puis par la firme Motown, par Quincy Jones, par son docteur, par les médias… Michael Jackson était un pur produit de la société du spectacle c’est-à-dire de la société de l’aliénation. Michael Jackson est mort, il n’était d’aucune utilité. Ah si, peut-être,  son célèbre we are the world ?

– Il voulait « que le monde ne soit plus qu’un », mais il ne pensait qu’aux humains, certainement pas aux écosystèmes.

– Il disait qu’ « il est temps de venir en aide à la vie », mais il empruntait pour ses plaisirs personnels, pas pour sauver les derniers bonobos.

– Il croyait encore que « nous faisons tous partie de la grande famille de dieu », alors que notre vraie famille, c’est la Biosphère.

– Il affirmait que « ce monde, c’est nous, c’est nos enfants », mais qu’a-t-il fait pour les générations futures ?           

Il en sera de la ferveur mondiale après son décès comme de la mort de la princesse Diana, un feu de paille qui remplit les pages et certainement pas notre cerveau.

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le monde des jardins

Le Cahier « LeMonde des livres » du 12 juin  n’est ouvert comme d’habitude que sur une dimension de la littérature, l’imaginaire, le roman, les classiques comme Gide ou Colette. Quelques incursions sur la vie religieuse et sur l’histoire, rien ou presque sur l’activité humaine concrète. Ah si ! Aujourd’hui Pascal Cribier pour qui « jardiner, c’est abîmer la nature ». Ce qui ne l’empêche pas d’être payé fort cher pour ses œuvres inutiles, lui qui aime avant tout les zones industrielles et l’odeur de la pluie d’été sur le bitume. Pascal propose quand même de créer des zones de biodiversité ouvertes aux seuls scientifiques. Sur ce point, il rejoint presque Jean-Claude Génot (La nature malade de la gestion) :

– Si la nature est ce qui échappe à la volonté de l’homme comme il est normal de le penser, alors cette nature-là n’a rien à gagner des tables, bancs, escaliers, panneaux et autres équipements qui la transforment.

– Laisser faire la nature, c’est forcément augmenter la biodiversité, car cette dernière est une nécessité fonctionnelle pour la nature. La nature a plus besoin de temps et d’espace que de ce jardinage incessant, servant surtout aux gestionnaires à toucher des subventions.

– La seule restauration à la hauteur de nos enjeux écologiques d’aujourd’hui passe par la destruction de routes, de bâtiments et de barrages pour redonner de l’espace à la nature.

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deep ecology, de droite ?

Ivan Illich nous expliquait dans les années 1970 que la société thermo-industrielle était inefficace, Hans Jonas nous intimait en 1979 de prendre nos responsabilités, en 2005 Nicolas Hulot nous disait que nous étions à bord du Titanic, aujourd’hui Yann Arthus-Bertrand affirme dans son film Home que sans réagir, « dans dix ans la planète est foutue ». Non, Yann, la planète n’est pas foutue, l’humanité n’est pour notre sphère intergalactique qu’une maladie passagère. Oui, Yann, il est trop tard. Les prophètes de la catastrophe n’ont pas été écoutés et je suis désormais convaincu que nous ne pouvons pas éviter d’entrer dans le mur des limites de notre Biosphère, avec toutes les conséquences tragiques que cela entraînera.

            J’espère que nos générations futures pourront tirer les leçons de nos erreurs et percevoir en quoi l’écologie profonde pourrait permettre d’instaurer de nouvelles valeurs dans l’avenir, plus conforme aux contraintes naturelles qui pèsent sur notre espèce dite homo « sapiens ». Ce n’est pas gagné ! Alors qu’un camarade encarté m’affirme que « la deep ecology est clairement à l’opposé des valeurs que nous portons au travers du socialisme », je suis amusé de constater que dans LeMonde ce jour (6 juin), deux membres du gouvernement français (de droite) terminent leur article sur l’économie verte par le paragraphe suivant : « Comme le préconise le philosophe de l’écologie, le Norvégien Arne Naess, (il faut) tourner le dos à l’écologie superficielle, qui préserve les ressources dans le seul objectif de générer du profit, et œuvrer en faveur d’une écologie profonde qui transforme le rapport de l’homme à la nature. »

Cherchez l’erreur !

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l’après-capitalisme

Selon Immanuel Wallerstein, inspirateur du mouvement altermondialiste, « Le capitalisme touche à sa fin » (LeMonde du 13 septembre 2008). Oh que voilà une bonne nouvelle ! Mais pour savoir ce qui va le remplacer, circulez, y’a rien à voir : « Des solutions inattendues se construisent de façon inconsciente (…) Il faut mettre en place quelque chose d’entièrement nouveau sans que l’on sache encore quel système sortira de ces tâtonnements (…) Il est tout aussi possible de voir s’installer un système d’exploitation hélas encore plus violent que le capitalisme, que de voir au contraire se mettre en place un modèle plus égalitaire (…) Un nouveau modèle hégémonique peut mettre encore cinquante ans pour s’imposer, mais j’ignore lequel ». Quand on n’a que ça à dire, on ferme sa gueule ! Pourtant les solutions, on les connaît, on peut presque en faire dix commandements :

 Tu pratiqueras la simplicité volontaire ; Tu aimeras ta planète comme toi-même ; Tu as plus de devoirs que tu n’as de droits ; Tu réagiras toujours de façon proportionnée ; Tu protégeras l’avenir des générations futures ; Tu respecteras chaque élément de la Biosphère ; Tu ne laisseras pas les machines te dicter leur loi ; Tu adapteras ta fécondité aux capacités de  ton écosystème ; Tu ne causeras pas de blessures inutiles à ton environnement ; Tu vivras des fruits de la Terre sans porter atteinte au capital naturel.           

Depuis le néolithique, on a oublié ces principes de base, il faudrait être beaucoup moins nombreux que nos milliards actuels pour pouvoir les appliquer à nouveau. La suite va de soi…

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une opinion fondée

L’éditorial du monde (10 septembre) est cinglant : « Quelque chose de choquant, parce que profondément immoral : l’indécence des acteurs financiers (…) A quoi  doit servir la richesse des nations ? A améliorer le sort des peuples ? Ou à enrichir de minuscules aristocraties, hier de naissance, aujourd’hui d’argent ? La réponse s’impose ».

 

Relions ce texte à l’examen du livre « Le public fantôme » de Walter Lippmann dans Le Monde des livres : « Le monde est devenu trop complexe pour que le « public » puisse s’en emparer. Le nombre de problèmes qui se posent augmente, la capacité du public à les résoudre diminue ». Donc peu importe la responsabilité de la planète finances aujourd’hui, c’est un problème que le public ne peut résoudre. Peu importe l’épuisement de la planète physique, c’est un problème que le public ne peut résoudre sauf à l’aligner derrière un représentant initié. Bien médiocre perception d’un système où la démocratie est médiatisée.

 Le public ne finit pas par « éteindre son poste pour se réfugier dans une paisible ignorance ». Il reste au contraire branché pour en apprendre le plus possible. Et puis il sort, il rencontre voisins et amis, il discute, il se forge une opinion. Même si le système est soumis à la propagande ou à l’aveuglement des experts, la parole circule dans un système médiatique ouvert. Les Américains ont fait la guerre au Vietnam, ils ont ensuite jugé que c’était une connerie. Ils font maintenant la guerre en Irak, mais ils jugeront un jour que c’était une connerie. La prise de conscience des réalités dans les problèmes complexes est possible, le vrai problème est le temps nécessaire pour que les consciences évoluent. Mais à problème énorme comme un krach financier ou une pétrole-apocalypse, l’humanité saura réagir. Le seul point qui reste en suspens, c’est : après combien de morts ?

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besoin de chef !

Le chef a dit et cela me rassure. C’est la tonalité générale de l’article de M.Noblecourt sur le PS (LeMonde du 30 septembre) : ‘On ne peut exclure qu’un miracle se produise et que du Congrès de Reims sorte un(e) leader. Les socialistes vont peut-être avoir un chef, susceptible d’incarner l’opposition à Sarko (…) La rénovation du PS semble se limiter à une controverse entre un parti de militants et un parti de supporteurs ».

 

Ségolène a déjà tranché. Le titre de mon quotidien préféré est explicite : « Sans un mot pour le PS, Mme Royal se veut leader « new look » de la gauche ». Le rassemblement de la fraternité tenu au Zénith n’est donc là que pour poser l’ex-candidate en leader naturel de la gauche. Mes copains à droite ou à gauche renchérissent, il leur faut un leader, nul besoin ensuite de réfléchir, il suffit de suivre le mouvement. Ce sera show politique et secte partisane.

 Chef, est-ce que je peux penser par moi-même ?

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le manifeste de l’EP

En 1984, lors d’une randonnée dans la Vallée de la Mort en Californie, le philosophe Arne Naess a proposé avec George Sessions  un manifeste de l’écologie profonde en huit points clés. Voici ce texte qui met clairement en évidence la nécessité d’adopter une éthique de la Terre, que ce soit vis-à-vis des abeilles en déclin ou tout le reste du monde vivant, humains compris bien sûr :

1) le bien-être et l’épanouissement de la vie humaine et non-humaine sur Terre ont une valeur intrinsèque (en eux-mêmes). Ces valeurs sont indépendantes de l’utilité que peut représenter le monde non-humain pour nos intérêts humains.

2) la richesse et la diversité des formes de vie contribuent à l’accomplissement de ces valeurs et sont également des valeurs en elles-mêmes.

3) sauf pour la satisfaction de leurs besoins vitaux, les hommes n’ont pas le droit de réduire cette richesse et cette diversité.

4) l’interférence actuelle des hommes avec le monde non-humain est excessive et la situation s’aggrave rapidement.

5) l’épanouissement de la vie et des cultures humaines est compatible avec une diminution substantielle de la population humaine. L’épanouissement de la vie non-humaine requiert une telle diminution.

6) les politiques doivent changer, elles doivent affecter les structures économiques, techniques et idéologiques. La situation qui résultera du changement sera profondément différente de la situation actuelle.

7) le principal changement idéologique consistera en la valorisation de la qualité de la vie plutôt que de toujours promouvoir un niveau de vie supérieur.

8) ceux qui adhèrent aux points précités ont obligation de tenter de mettre en place directement ou indirectement ces changements nécessaires.

 Personnellement, je pense que nous ne pouvons qu’adhérer à un tel programme, à la fois philosophique et militant, qui nous permet de croire à ce qui nous entoure et nous ouvre un avenir durable…

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LeMonde en grève

LeMonde fait grève. Rien au courrier ! Par quoi remplacer l’indispensable ? Par un retour aux fondamentaux, ces textes anciens qui balisent la route de notre avenir.

 

René Dumont s’exprimait ainsi dans la Gueule ouverte (mensuel, mai 1974) :

 

« J’enseigne à l’Institut national d’agronomie. L’agronomie, d’après ma définition, c’est l’artificialisation du milieu naturel. Ce milieu naturel, en l’artificialisant, on peut l’améliorer ou le démolir. Très tôt dans ma carrière, j’ai vu les dégâts de l’érosion en Algérie, j’ai aussi vu les dégâts de la désertification du nord du Sénégal en 1951. J’étais donc en contact avec des problèmes écologiques. J’avais pédalé avec les Amis de la Terre, j’avais assisté à la manifestation annuelle « Combat pour la survie de l’homme ». Tous ces amis sont venus me chercher pour me présenter aux présidentielles au nom du Mouvement Ecologique. Jusqu’à présent, tout ce que pouvaient faire les écologistes, c’était d’aller frapper à la porte des candidats en leur disant, dites donc, soyez gentils, tenez compte de la gravité de la situation. Les candidats nous répondaient : « Oh ! Combien vous avez raison », et dès que nous avions tourné le dos, ils oubliaient tout ce que nous leur avions dit. Maintenant, devant le mouvement qui s’est très vite développé autour de ma candidature, je pense que notre utopie peut aboutir à des réalisations si nous parvenons à percer le mur d’incompréhension, le mur d’ignorance. D’où l’importance des mass média.

 

Après… je suis en ce moment le porte-parole parce qu’il en fallait un, mais je ne suis pas le leader. Mais pour le mouvement écologique, je fais un petit testament dans lequel je lui conseille de se structurer pour continuer un groupe ayant une possibilité de pression politique. Je ne dis pas la forme à trouver, mais cette action politique est destinée à faire un projet révolutionnaire de changement total de la société, condamnant l’économie de profit, l’économie capitaliste. Il n’y a pas de défense écologique qui ne passe par une solution politique. »

 La Biosphère remercie René Dumont (1904-2001) d’avoir été la première figure de proue du mouvement politique de défense de la Terre. Comme disait aussi René, il faut écologiser les politiques et politiser les écologistes… Je pensais étant jeune au slogan « Elections, piège à  cons ». Mais aux présidentielles de 1974, René représentait enfin à mes yeux un candidat crédible, non par les masses à sa dévotion, mais par son projet radical de changer la vie.

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Sarko, an I

            Une année de règne pour rien. Sarko a été élu le 6 mais 2007, LeMonde lui consacre un dossier de 8 pages, mais il n’y a rien à dire. On ne sait plus ce qu’il a fait, si ce n’est donner aux riches. On ne sait pas ce qu’il va faire, si ce n’est prendre aux pauvres. En matière biosphérique, les OGM sont admis sans être admis, et pour le reste du Grenelle de l’environnement, faudra attendre le temps qu’il faut. Alors, examinons plutôt la future présidence américaine.

             Le candidat de droite John McCain a proposé un allégement de la taxe fédérale sur les carburants de 18,4 cents par gallon (3,785 litres), même pas cinq centimes de dollar par litre, N’importe quoi ! La candidate Hillary Clinton marche dans la combine, mais pour financer ce dégrèvement, elle propose de taxer les superbénéfices des compagnies pétrolières. Y’en a deux qui n’ont rien compris au choc pétrolier en marche : on ne peut rien faire contre la réalité géologique, l’épuisement  des nappes pétrolifères, sauf à accepter l’augmentation de prix. Barack Obama a parlé presque vrai, il a traité les autres de démagogues et rappelé que la taxe sert à alimenter l’entretien des infrastructures routières. Mais il n’a pas compris qu’il n’y aura plus besoin d’entretenir les routes puisqu’il n’y aura plus d’auto pour les parcourir au prix où sera bientôt l’essence. Mme Clinton partage la peine des électeurs, elle se bat pour qu’ils puissent continuer à piller la planète au volant de leurs 4×4. Mr Obama avouera un jour que l’Amérique est mal partie, et le reste du monde avec…

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se nourrir, un luxe ?

 C’est une interview à lire sans respirer tellement elle coupe le souffle (LeMonde du 3.04.2008) : M. de Schutter prédit « la fin de la nourriture à bas prix ». Le nouveau rapporteur de l’ONU sur le droit à l’alimentation attaque à la fois la Banque mondiale (qui finance des éléphants blancs dans les pays pauvres), le FMI (le gendarme financier qui taxe les pays pauvres), l’OCDE (le club des pays riches qui exploite les pays pauvres). « On paye vingt années d’erreurs », affirme-t-il à juste titre. Il faut dire que les années 1980 ont été marquées par le tournant libéral (la liberté pour les chefs d’entreprises) : libre-échange généralisé, y compris en faisant en sorte que les pays pauvres remplacent leurs cultures vivrières par des cultures d’exportation, investissements tous azimuts sauf dans l’agriculture… Mais je ressens quand même un malaise après avoir lu cette interview. Pas un mot de Schutter sur la démographie humaine. Il préconise une aide financière plutôt que des cargos de blé, mais tout humain raisonnable porterait aussitôt quelques regards sur la population. Ressources alimentaires et niveau de population sont en effet deux éléments indissociables.

 Sur la gouvernance démographique, ce n’est plus vingt ans d’erreurs que l’on paye, c’est cinquante ans. Voici en 1971le diagnostic de Paul Ehrlich dans son livre La bombe P (P pour population) : « Lorsque des cellules vivantes prolifèrent sans contrôle, il y a cancer ; l’explosion démographique c’est la multiplication sans contrôle des êtres humains. Si nous ne soignons que les symptômes du cancer, le malade peut en être soulagé quelques temps : mais tôt ou tard il mourra, souvent après d’atroces souffrances. Tel sera le destin d’un monde atteint d’explosion démographique si les symptômes seuls sont traités. Nous devons reconvertir nos efforts et tenter l’ablation du cancer. Cette opération demandera de nombreuses décisions qui sembleront brutales et sans pitié. La douleur pourra être intense. Mais la maladie a fait de tels progrès que seule la chirurgie la plus énergique pourra désormais  sauver le malade. »

 De même en 1972 ces avertissements de B.Ward et R.Dubos dans leur livre Nous n’avons qu’une terre : « Il est clair qu’un désastre écologique nous menace. Dans ces conditions, nous allons peut-être nous trouver acculés à des solutions sans nuance : pas d’expansion économique ou tout pour l’expansion économique, un taux de croissance de la population réduit à zéro ou une croissance familiale sans aucunes contraintes, pas d’économie de marché ou pas de planification. Si nous prenons modèle, à l’occasion de ce débat, sur les systèmes écologiques, nous nous rendrons compte qu’on peut parvenir à un équilibre non par une seule solution, mais par la combinaison d’une grande variété de solutions partielles qui ne donneront pas de réponses définitives ; la Biosphère est trop dynamique pour qu’on puisse y établir rien de définitif. »

 

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LeMonde a besoin de toi

Je suis en manque cette semaine, pas de parution mardi du journal Le Monde pour fait de grève. Rebelote vendredi. Pourtant la précédente et première grève a eu lieu le 21 mai 1976, visant à obtenir des patrons de presse la signature d’une convention collective des journalistes. Autant dire que mon quotidien n’est pas un habitué des jours de grève !  Le samedi 19, LeMonde s’adresse à moi, c’est-à-dire à ses lecteurs : « Jamais les finances du Monde n’ont été aussi calamiteuses, avec sept exercices consécutifs déficitaires (…) Il s’agit de supprimer 129 postes dont 89 à la rédaction, nous avons l’intention de céder plusieurs entités du groupe, Fleurus-presse, Les Cahiers du Cinéma… »

Pourtant la diffusion progresse, LeMonde est la première vente de presse généraliste, le taux de satisfaction est élevé. Alors ? C’est la faute à la publicité ! Le fondateur du Monde, Hubert Beuve-Méry parlait de « l’indispensable, la bienfaisante publicité » à une époque où elle représentait 40 % des recettes. Dans les années 1970, cette proportion est passée à plus de 60 % du chiffre d’affaires, pour retomber aujourd’hui à 20 %. La publicité était un délice, elle est devenue un cauchemar, prompte à se déplacer vers la télévision, Internet et maintenant les journaux gratuits. Alors ? On ne pourra pas augmenter le nombre de lecteurs ; la jeunesse ne lit plus, elle se détourne même du petit écran pour surfer sur Internet. On ne pourra pas diminuer le prix de vente, LeMonde ne coûte déjà que le quart du prix d’un paquet de cigarette, ce n’est pas la ruine.

Le plan de redressement parie sur une nouvelle vision journalistique, un journal « plus ramassé, plus dense, plus sélectif ». Là j’ai peur, on ne risque de sélectionner que les articles qui font plaisir aux annonceurs. Il suffit de pointer le nombre de pages du Monde vouées à la gloire de l’automobile pour s’en rendre compte. Alors ? Je ne peux que déclarer ma fidélité, je suis abonné depuis 35 années et scotché à la lecture quotidienne. Je ne peux que déclarer ma flamme, je suis membre de la société des lecteurs depuis l’origine, nous pouvons toujours subventionner une cause qui en a besoin. Je ne peux que déclarer ma confiance, mon journal parle de mieux en mieux de notre avenir, écologique dans sa page « Environnement & Sciences, bien analysé avec les articles d’Hervé Kempf et de tant d’autres, bien pourvu avec ses sources d’information toujours pertinente et ses dessinateurs impertinents. Je ne peux que conseiller le monde entier d’acheter le journal Le Monde chaque jour…

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match Le Boucher/Kempf

Le supplément développement durable (LeMonde du 3.04.2008) nous permet de comparer l’argumentaire d’Eric Le Boucher et d’Hervé Kempf. Eric pense en page II que « l’écologie n’est pas une contrainte négative qui force à ralentir la croissance et à consommer moins, mais une chance positive de trouver des innovations qui dynamisent la croissance ». Hervé dit en page III que « la croissance a beau être invoquée tous les jours comme le reflet de la santé économique du pays, elle n’en est pas moins contestée par nombre d’économistes et de politiques ». Qui raisonne juste ?

 

Eric est clair, il se retranche derrière les milieux économiques pour qui l’écologie peut être une source fabuleuse de profits. Il défend le libéralisme et la croissance parce qu’il défend le capitalisme et ses privilégiés. Les biens autrefois libres car offerts gratuitement, l’air, l’eau, la température, les bienfaits de la planète devront être dorénavant payés puisque telle est la loi du marché qui a provoqué la rareté actuelle. Hervé démontre que la mesure de la croissance par le PIB est un leurre. Le produit intérieur brut n’enregistre pas le coût de la dégradation de l’environnement, il n’entraîne pas automatiquement une diminution du chômage, il ne se traduit pas par une élévation du bonheur. Dans un autre article du même supplément, Hervé nous indique que la meilleure mesure écologique consiste à réduire les inégalités.

 Nous pouvons déduire de cette comparaison qu’Eric est un conservateur au service du capital, Hervé un progressiste au service d’une humanité réconciliée avec la Biosphère. Le long terme donnera raison à Hervé, il est préférable pour l’avenir des générations futures qu’Eric change d’avis le plus rapidement possible.

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