politique

WWF

Amoureux de la Nature, objecteurs de croissance, simple citoyens,  engagez-vous ! Agissez seul, agissez en groupe, adhérez à des associations…

 

Son emblème est l’un des animaux les plus rares sur Terre, le panda géant de Chine. Le 11  septembre 1931, le WWF (World Wildlife Fund for Nature) voyait le jour. Il s’agit d’abord d’un réseau international capable de récolter des fonds pour mettre en œuvre des programmes de sauvegarde de la biodiversité sur la planète. Aujourd’hui il s’agit d’un réseau de 5 millions de membres présent dans plus de 100 pays. Sa philosophie est fondée sur le dialogue avec les communautés locales, les gouvernements, les entreprises, les organisations internationales. Des entreprises se sont donc engagées dans le développement de produits-partages WWF comme des tee-shirts ou des sacs scolaires. On mise sur le produit bio et le recyclage pour permettre aux saumons de remonter les rivières, pour sauvegarder les 1800 derniers tigres du Bengale dans les années 1970 ou pour soutenir la création actuelle du parc amazonien de Guyane. Le WWF a aussi popularisé l’indicateur « empreinte écologique »

 

Le slogan de la fondation « Et si la solution c’était vous ? » devrait mobiliser tous les gens de bonne volonté. Tu peux contacter le site http://wwf.fr, la Biosphère a besoin de toi, hier, aujourd’hui, demain… Nous n’avons qu’une seule Terre à notre disposition et nous avons déjà dépassé ses limites.

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irréversibilité

Irréversibilité ! Le découragement me gagne…

 Quand je constate l’échec du protocole de Kyoto, je m’aperçois que la formation d’un groupe de scientifique qui nous montre l’inéluctable ne peut de toute façon faire mouvoir en rien les inerties et les égoïsmes. De même, la convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification, entrée en vigueur en 1996 et signée par 190 pays, a peu d’effets sur le terrain. Les Etats concernés se désintéressent de la question, voire privilégient des politiques de développement économiques contraires à l’objectif. Un jour la Biosphère se désintéressera des humains.

Car la désertification n’est pas un phénomène naturel, c’est la détérioration des sols causée par une mauvaise exploitation des terres (cultures intensives, surpâturage, déforestation pour gagner de nouvelles terres cultivables), et par une irrigation incontrôlée. La couche supérieure des sols, si elle est surexploitée, peut être détruite en quelques années, alors que des siècles ont été nécessaires à sa constitution. Le réchauffement climatique, en accroissant les besoins en eau des sols et en modifiant le régime des pluies, aggrave le phénomène. Aujourd’hui, 250 millions de personnes en subissent les conséquences, et un tiers de la population mondiale sera affecté à l’avenir si rien n’est fait. Les pauvres sont à la fois les agents et les premières victimes de cette situation. C’est la pauvreté qui pousse les habitants des zones sèches à exploiter au maximum les terres, les conduisant à privilégier leur survie à court terme, et ne leur donnant d’autre choix que d’agir au détriment de leurs intérêts à long terme. Mais les pays du Tiers-monde ne sont pas les seuls concernés, un tiers des Etats-Unis est affecté. Ce constat était au cœur de la huitième conférence internationale des Nations unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD), qui a eu lieu du 3 au 14 septembre 2007 à Madrid.

 

La Convention des Nations unies contre la désertification s’est terminé de façon prévisible par un échec : les 191 membres n’ont pas réussi à s’accorder sur une augmentation de son budget en raison de l’opposition des Etats-Unis et du Japon. De toute façon le plan stratégique annoncé, qui définit de grands objectifs à dix ans, n’aura aucune valeur contraignante. On passe donc par pertes et profits un milliard de personnes qui sont menacées alors que 40 % des terres se désertifient. La perte de terres arables va générer des flux migratoires d’autant plus ingérable qu’ils seront considérables. Il est vrai que les pauvres ne savent pas défendre leurs intérêts et que les gouvernements des pays riches restent égoïstes. Certains accusent un déficit scientifique, on ne dispose pas de paramètres pour mesurer la désertification comparables aux émissions de gaz à effet de serre et aux listes taxinomiques… Mais même quand on sait, on n’agit pas !

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet, http://biosphere.ouvaton.org/page.php?doc=2007/affichactu2

 

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techniques douces

Les Etats-Unis avaient invité les quinze économies les plus fortes du monde, y compris la Chine, l’Inde, le Brésil et l’Afrique du sud, à deux jours de réunion (27 et 28 septembre 2007) sur la sécurité énergétique et le changement climatique. Il est vrai que ces économies dominantes sont responsables de 90 % des émissions de gaz à effet de serre. Selon Condoleezza Rice, « Le système actuel n’est pas durable. » Mais selon la même, secrétaire d’Etat, « Nous devons le transcender complètement par une révolution dans la technologie de l’énergie ». Le secrétaire de la Convention des Nations unies sur le changement climatique lui a rétorqué : « La technologie n’est qu’un élément des quatre piliers de la lutte, avec la réduction des émissions, l’adaptation aux conséquences du changement et le financement ». La Biosphère a même constaté à plusieurs reprises que la technique qui a créé le problème ne peut résoudre le problème.

 

La Biosphère demande donc instamment aux dirigeants américains actuels de savoir reconnaître la différence entre techniques dures et techniques douces. Quelques pistes de réflexion qu’on pouvait déjà lire il y a trente cinq ans :

Société à technologies dures Communautés à technologies douces

Grands apports d’énergie

Matériaux et énergie non recyclés

production industrielle

priorité à la ville

séparé de la nature

limites techniques imposées par l’argent…

Petits apports d’énergie

matériaux recyclés et énergie renouvelable

production artisanale

priorité au village

intégrée à la nature

limites techniques imposées par la nature…

Liste complète dans le hors série spécial écologie du Nouvel Observateur (juin-juillet 1972), « La dernière chance de la Terre » !

 

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet, http://biosphere.ouvaton.org/page.php?doc=2007/affichactu2

 

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le roi devenu fou

Il y a des textes qui n’ont pas vieilli depuis trente cinq ans, malheureusement :

« Ce que l’on appelle la crise de l’environnement est tout simplement le résultat d’une violation sans cesse aggravée des lois de l’écologie, fondées sur l’interdépendance des êtres vivants entre eux et avec leur milieu physique. Dans une première phase, l’homme reste un prédateur parmi d’autres, occupant une modeste place dans la biocénose originelle. Mais avec le perfectionnement de ses techniques, avec le biface, le flèche, le feu, son efficacité s’accroît sensiblement. Tandis que se développe la révolution néolithique, la structure sociale se modifie ; la ville va naître, et par conséquent, le palais, le temple, la boutique, la caserne, le bordel et la prison : la civilisation est en marche.

 

« Si, à l’origine, un certain équilibre pouvait subsister entre le potentiel de destruction de l’homme et les capacités de récupération du milieu naturel, la balance, désormais, penchera de plus en plus du côté de l’agresseur. Une idéologie belliqueuse et orgueilleuse, la mythologie d’un « roi de la création » chargé de conquérir, de domestiquer, de dominer, sans souci ni des conséquences pour lui-même ni, bien sûr, des droits des autres être vivants devaient nous permettre de ravager la planète en toute bonne conscience. Et d’autant plus facilement que la religion du profit allait rendre licite n’importe quel méfait du moment que l’assurance d’un gain venait l’absoudre, voire le sanctifier. Dès lors, quoi d’étonnant si la production, l’industrialisation, le gigantisme humain, la croissance économique, sont tenus pour des vertus axiomatiques ?

 

« Les aberrations écologiques qu’entraîneront ces beaux et lucratifs principes, on ne les connaît que trop. La grosse industrie, les grands pollueurs, devant l’émotion enfin soulevée dans le public par leur excès, se trouvent désormais sur la défensive et réagissent de plusieurs façons. On condamne en bloc les rousseauistes, les passéistes, les amateurs de rêve bucolique ou de pureté champêtre, bref tous ceux qui ont l’impertinence, ces impies, de refuser d’adorer le Veau d’or, le Fric-Jéhovah ou Sainte production. Au besoin on les accusera de vouloir revenir à l’ère pré-industrielle alors qu’ils osent à l’avance penser l’ère postindustrielle. Puis on tente de minimiser les faits ou d’en émasculer la signification : n’y a-t-il pas eu, de tout temps, une érosion naturelle ? Des espèces animales n’ont-elles pas déjà disparu sans intervention de l’homme ? On va d’ailleurs plus loin, en tentant de vastes opérations de « dédouanement » publicitaire. A en croire certaines de ces firmes puissantes, c’est tout juste si leur souci majeur, essentiel, primordial, ne serait pas devenu la protection de l’environnement. L’écologie, l’environnement, les équilibres biologiques, etc., deviennent une tarte à la crème : de hauts personnages en ont, sans rire, plein la bouche, de ces mots qu’ils ignoraient il y a six mois.

 

« On ne luttera plus désormais, pour incarner une véritable conscience écologique, sans se heurter aux puissants. On n’y insistera jamais trop : le combat pour la qualité de la vie débouchera nécessairement sur des questions de principes et de finalités, donc de choix. Après tout, qu’est-ce qui compte vraiment ? Continuer à saccager allègrement la planète, ou bien accepter d’entrer dans une troisième phase de l’histoire des relations homme-nature, celle de la réconciliation ? »

 

Théodore Monod, « Le roi devenu fou », numéro hors série du Nouvel Observateur « spécial écologie » (juin-juillet 1972)

 

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déesse du fleuve

Il n’y a plus de domiciles inviolables pour les espèces animales quand le nombre d’homo sapiens dépasse les 6 milliards. La pollution accompagne l’urbanisation, la pêche intensive s’essouffle à nourrir les populations humaines, il n’y a plus de respect pour les différentes formes de vie sur notre planète.

 

Selon un recensement de 1993, il y aurait dans le monde 4629 espèces de mammifères. Si les extinctions de mammifères sont rares, elles pourraient se multiplier dorénavant avec l’emprise humaine. Les dernières recensées étaient celle de la musaraigne des Caraïbes vers l’an 1500, des lémuriens géants de Madagascar vers 1650 et du tigre de Tasmanie dont le dernier représentant est mort en captivité en 1936. Aujourd’hui le dauphin d’eau douce qui peuplait le Yangzi est devenu introuvable. Dans les années 1950, sa population était estimée à 6000 individus, elle était tombée à 200 en 1990, puis à 7 en 1998. Ce grand vertébré appartenait à une espèce vieille de 20 millions d’années, mais la pollution de l’eau, les filets de pêche qui l’étouffent, la circulation fluviale qui a nui au bon fonctionnement de son sonar et la pêche par explosif ont décimé le baiji, un cétacé pourtant vénéré à une époque comme déesse du fleuve. Outre Lipotes vexillifer (nom savant du dauphin du Yangzi), d’autres dauphins des rivières sont menacés, dans le Gange, l’Indus, l’Amazone, l’Atacuari ou le Javari.

 

Pourtant, selon le premier principe de l’écologie profonde, « Le bien-être et l’épanouissement de la vie humaine et non-humaine sur Terre ont une valeur intrinsèque (en eux-mêmes). Ces valeurs sont indépendantes de l’utilité que peut représenter le monde non-humain pour nos intérêts humains. »

 

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Pernambouc en sursis

Le commerce de plus de 7.000 animaux et 32.000 familles de plantes est aujourd’hui réglementé par le Cites, et même totalement interdit pour plus de 800 espèces. Mais la surexploitation de la Biosphère par l’activisme humain et la surpopulation ne font que ralentir le rythme des extinctions. En conséquence, l’épanouissement de la vie non-humaine requiert une diminution substantielle de la population humaine.

 

Le pernambouc (Caesalpinia echinata) ou bois du Brésil couvrait une partie du pays jusqu’à ce que les colonisateurs  portugais découvrent ses  capacités tinctoriales : rouge-violacé du cœur et doré de l’aubier. La disparition de cette légumineuse, qui peut atteindre 10 mètres de hauteur après une croissance très lente, est déjà programmée. La Biosphère ne mettra pas sur le dos des fabricants d’archet cette triste destinée, même s’il est vrai que la forte densité, une rare élasticité, une résistance à la courbure et une  capacité vibratoire extrême en font une ressource exceptionnelle et recyclable pour les violonistes. Mais les arbres sont surtout abattus pour planter canne à sucre, café, soja ou eucalyptus, quand ce n’est pas pour faire place nette au bétail ou aux bâtisseurs de ville. La forêt pluviale atlantique du Brésil a été décimée à 90 % depuis l’arrivée en 1500 de Pedro Cabral. Le 13 juin 2007, la Convention sur le commerce des espèces menacées d’extinction (Cites) a classé le pernambouc dans son annexe II : toute transaction devra s’accompagner d’un certificat émis par l’exportateur et d’un autre émis par le pays exportateur.

 

En fait l’arbre cache la forêt, l’attention portée au pernambouc permet à d’autres espèces d’être surexploitées par dizaines de milliers de mètres cubes : l’UE a retiré sa proposition visant à inscrire le cèdre acajou, le palissandre cocobolo et le palissandre du Honduras à l’Annexe II. En plus de ces reculs, les Parties ont retiré un nombre sans précédent de propositions, celles sur l’éléphant africain, sur la gazelle Dorcas visant à l’inscrire à l’Annexe I, sur le poisson cardinal de Banggai, les populations brésiliennes de la langouste indienne ou de la langouste blanche des Caraïbes visant à les inscrire à l’Annexe II.

 

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responsable et coupable

L’ensemble de notre système thermo-industriel est à la fois responsable et coupable : alors que le tourisme par avion représente une menace pour la biodiversité et le climat, l’Unesco a même signé un partenariat avec Jet Tours qui labellise des circuits guidés par un personnel formé aux problèmes de conservation du patrimoine. L’écologie devient un simple discours sur les espèces en voie de disparition alors qu’on s’ingénie à multiplier les causes de dislocation de la Biosphère.

 

Le sanctuaire de l’antilope oryx arabe est situé dans les régions biogéographiques du désert central et des collines côtières d’Oman. Les brouillards saisonniers et la rosée y constituent un écosystème désertique unique et sa flore compte plusieurs plantes endémiques. Sa faune comprend le premier troupeau d’oryx arabes en liberté depuis l’extinction mondiale de l’espèce à l’état sauvage en 1972 et sa réintroduction en ces lieux en 1982. La population d’oryx sur ce site s’élevait en 1996 à près de 450 individus mais elle s’est depuis réduite à 65 individus, dont seulement quatre couples reproducteurs, ce qui rendait son avenir incertain.

 

Pourtant, suite à la décision d’Oman de réduire la taille de la zone protégée de 90%, le Comité du Patrimoine mondial a retiré ce bien de la liste. Après avoir largement consulté le sultanat d’Oman, le Comité a estimé en effet que la réduction unilatérale de la taille du sanctuaire et les projets de prospection d’hydrocarbures détruirait la valeur et l’intégrité du bien, qui abrite également d’autres espèces en danger comme la gazelle d’Arabie ou l’outarde houbara. Cela ne s’était jamais produit depuis la signature en 1972 de la Convention de l’Unesco sur la protection des sites culturels et naturels ! Chaque année la liste s’allongeait et comptait aujourd’hui 851 sites. Il commence  donc à rétrécir au fur et à mesure de la boulimie humaine : le sultanat a préféré la prospection pétrolière à la protection des antilopes oryx, se mettant en infraction avec les orientations de la Convention du Patrimoine mondial. Comme l’exprime Le Figaro du 7/07/2007, « Que représente la vie de quelques bestioles face à la puissance de l’or noir ? »

 

           Le sultanat n’est donc pas le seul fautif, c’est tout le système thermo-industriel qui est à la fois responsable et coupable : c’est nous, c’est notre bagnole, c’est notre mode de vie le responsable, je suis donc coupable !

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l’ennemi, c’est nous-même

En fait, il faudrait décroître l’activité humaine, diminuer la population humaine, réfléchir enfin au fait que notre planète n’est qu’une toute petite boule fragile perdue dans le cosmos. Il faudrait combattre l’égocentrisme de notre espèce…

 

Même si l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) rassemble 83 pays, plus de 800 ONG et un réseau d’experts issus de 181 pays, son efficacité est proche de zéro. Un mammifère sur quatre, un oiseau sur huit, un tiers de tous les amphibiens et 70 % de toutes les plantes évaluées par l’UICN sont en péril. L’objectif de gouvernance fixé en 2002 par les Etats signataires de la Convention sur la diversité biologique ne peut être atteint, chaque pays n’en faisant qu’à sa tête. De toute façon la perte de biodiversité ne suscite aucune mobilisation, elle n’est pas perceptible par les individus et ne menace l’emploi que de façon marginale. Pourtant la perte de biodiversité pèsera sur l’avenir des sociétés humaines : l’homéostasie du système planétaire résulte d’innombrables interférences entre les espèces, nul ne peut prévoir l’évolution future d’une régulation très complexe, d’autant plus que la disparition d’une espèce est irréversible. Il faudrait sauvegarder la diversité des milieux, maintenir de grands espaces naturels, lutter contre la désertification, la déforestation, le mitage territorial… La réunion de Montpellier du 15 au 17 novembre prochain, dans le cadre du Mécanisme international d’expertise scientifique sur la biodiversité, ne changera rien à l’affaire.

Il faudrait combattre l’égocentrisme de notre espèce…

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Cites plutôt que cités

En 1997, les ventes ponctuelles de défenses d’éléphants, accordées à la Namibie, au Botswana et au Zimbabwe, ont entraîné une recrudescence de la contre-bande. Cette année encore, 20 000 éléphants seraient victimes de braconnage. Depuis sa création en 1975, la Cites (Convention sur le commerce international des espèces menacées d’extinction) fait ce qu’elle peut, mais la mondialisation libérale n’accepte un embargo commercial que quand il est déjà trop tard. D’ailleurs la Tunisie a réussi à faire retirer les coraux rouges et roses de la liste sous le prétexte de l’importance de cette pêche pour leurs communautés côtières. Pourtant la biodiversité est une condition fondamentale de durabilité des grands mammifères (dont l’espèce homo sapiens), en bout de la chaîne alimentaire…

 

Supprimons nos cités et limitons nos désirs.

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CBI 2007

Tokyo juge que le petit rorqual, dont les stocks sont estimés à quelques centaines de milliers, n’est plus menacé et ne doit plus être strictement protégé. La Biosphère décrète donc que l’espèce homo sapiens, forte de plus de six milliards d’individus, est une véritable menace et ne doit plus être protégée…

 

Tokyo fait en effet la guerre à toutes les baleines. Lors de sa 59e session, fin mai 2007, la Commission baleinière internationale a une nouvelle fois rejetée la requête japonaise d’augmenter encore les quotas de pêche des cétacés, passés d’un peu plus de 200 en 2004 à 850 en 2007. Les 77 pays concernés par la Commission ont cette année encore donné le spectacle d’un affrontement bloc contre bloc, amis des cétacés contre amis des pêcheurs. Le représentant de  la délégation nippone a qualifié de « résolution de la haine » une requête symbolique de la CBI demandant que le Japon « cesse de tuer des baleines sous couvert de la science ». Dans ce climat dont la réflexion est absente, il a été impossible de faire approuver la proposition brésilienne de créer un sanctuaire dans l’Atlantique sud, d’autant plus qu’il était nécessaire d’obtenir les trois quarts des voix.

 

Arrêtons de ne voir que nos intérêts particuliers, abandonnons notre anthropocentrisme, cherchons la symbiose avec la Biosphère.

 

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non au portable

Economie/pollution : Le téléphone portable est un concentré de nuisances. D’abord à cause de sa puce. Pour fabriquer une puce de 2 grammes, cela nécessite 1,7 kilos d’énergie fossile, 1 mètre cube d’azote, 72 grammes de produits chimiques et 32 litres d’eau. Ce n’est pas tout, votre téléphone a aussi besoin de condensateurs en coltan (colombo-tantalite), un minerai malléable, résistant à la chaleur et à la corrosion. Celui-ci est extrait notamment en République démocratique du Congo, au centre d’une guerre pour le contrôle des ressources qui a tué plus de 3,5 millions de personnes depuis 1998. Bilan de l’activité des mines de Coltan : saccage des forêts et des cours d’eau, massacres d’animaux, en particulier les derniers gorilles des plaines. De plus, les champs électromagnétiques générés par les antennes des portables provoquent indirectement des ruptures dans les brins d’ADN des cellules humaines. Les ondes interfèrent aussi avec les ondes alpha et delta du cerveau. Enfin les téléphones jetés après usage concentrent un mélange complexe de composants particulièrement toxiques. Rentabilité oblige, les portables ont été mis sur le marché sans que des études préalables de nuisance aient été faites…

 

Sociologie/addiction : Derrière le jargon hystérique des amateurs de gadgets électroniques, on aura compris l’essentiel : il faut changer de portable aussi souvent que l’exigent la mode, le « progrès » et les fabricants. Plus que tous ces prédécesseurs, ce gadget pousse au mimétisme et au conformisme si chers aux marketerus. Faites le test, dites à vos collègues que vous n’avez pas de portable ; la majorité s’esclaffe : « T’es contre le progrès ? Tu t’éclaires à la bougie ? » ou s’inquiètent : « Mais comment tu fais ? » Le portable est typique du système d’innovation qui consiste à vendre les remèdes aux maux causés par les innovations précédentes. Vous ne parlez plus à vos voisins à cause de la télévision ? Téléphonez-leur ! Mais pourquoi aurions-nous besoin d’une médiation électronique pour communiquer si ce n’est pour nous adapter à un monde qui atomise chacun de nous et qui morcelle nos vies ? Comme la prothèse qui remplace un membre, le téléphone est supposé réparer artificiellement les dégâts de ce monde-là, qui fait de nous les rouages de la machine à produire et à consommer en masse. Finalement des téléphones portables, pour quoi faire ? « Allô, c’est moi. J’suis dans le bus. J’arrive. A tout de suite. » (Extraits de l’article « Le téléphone portable, gadget de destruction massive » in bouquin La tyrannie technologique, éditions l’Echappée, 2007)

 

Celui qui proclame encore son désir d’être absent, hors-champ, présent à lui-même, a tôt fait d’être classé dans les marginaux et les asociaux. Mais celui-là a aussi de fortes chances de rester en paix avec la Biosphère…

 

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utopie numérique ?

L’utopie numérique laissait envisager un monde ouvert, sans nationalismes ni haine. Douce vision qui se fracasse contre les réalités humaines. Internet devait révéler la diversité. il ne véhicule que des stéréotypes. A la place du village planétaire, nous avons hérité d’un marché globalisé ; les sonneries de téléphone mobile représentent un marché mondial de 4 milliards de dollars. La communication interpersonnelle a été annihilée car il paraît plus important de satisfaire son interlocuteur lointain quand la sonnerie vous appelle que de s’excuser d’interrompre une conversation avec son prochain. Le téléphone portable contribue plus que tout autre gadget numérique à détruire la communauté. Les usagers de portable transforment les gens autour d’eux en objets inanimés, en choses. La technologie de l’écran isole les enfants dans leur chambre où trône la télévision et l’ordinateur, les parents vivent leur vie, à l’écart de leurs enfants.

 

A force de vouloir voir au loin, on en a oublié les liens de proximité ; autrefois on s’identifiait à son voisinage, aujourd’hui nous ne connaissons plus nos voisins. Nous sommes victimes de la tyrannie technologique, réveillons-nous, révoltons-nous, n’achetons pas (n’achetons plus) d’objets numériques, vivons au plus près de la Biosphère et de nos prochains…

  

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Sven Lindqvist

La question de la supériorité ou de l’infériorité n’est pas un fait objectif, mais un simple jugement de valeur lourd de conséquences. Le Napoléon de la science française, Cuvier, estimait au moment de la révolution française que la croyance en une échelle des êtres vivants était l’une des plus grosses erreurs scientifiques : « Le fait que nous placions une espèce ou une famille devant une autre ne signifie pas que nous la considérions plus parfaite ou supérieure à d’autres dans le système de la nature. Plus j’ai avancé dans l’étude de la nature, plus j’ai été convaincu qu’il s’agit là du concept le plus mensonger jamais avancé dans les sciences naturelles… » Cela ne l’empêcha pas de diviser les êtres humains en trois races (in Le règne animal distribué selon son organisation) en estimant que la race négroïde se rapproche des primates et que certaines variétés d’êtres humains sont toujours demeurées dans un état de barbarie complète. » Le XIXe siècle fut la systématisation de cette pensée ségrégationniste que Sven Lindqvist décrit parfaitement dans son livre Exterminez toutes ses brutes ! Le processus passe autant par divers textes que par des pratiques coloniales barbares envers les autochtones. Il aboutit en fin de compte à la doctrine du Lebensraum et à la Shoah.

 

La hiérarchie des races, que Petty, Tyson et White avaient imaginée, est devenu un processus historique avec Darwin. Les formes « inférieures » de la hiérarchie précèdent dans le temps des formes « supérieures » et, suivant la logique darwinienne, nous serions forcés d’exterminer nos espèces-parents. Dans De la descendance de l’homme (1871), Darwin écrit d’ailleurs : « Dans une période future, les races d’hommes civilisées auront certainement exterminé et remplacé les races sauvages dans le monde entier. » Ce qui est fait entre hommes, pourquoi le refuser entre l’homme et la nature ? Charles Lyell, l’inspirateur de Darwin, estime dans ses Principles of Geology que nous n’avons aucune raison de nous sentir coupables parce que notre progrès extermine des animaux et des plantes puisque chaque espèce qui s’est répandue sur un territoire a, de la même manière, réduit ou anéanti totalement d’autres espèces.

 

Une telle haine de la biodiversité n’a pas d’avenir. Nous avons conquis péniblement l’idée de l’égalité entre l’homme et la femme, de l’égalité entre tous les êtres humains, il nous reste à comprendre que nous sommes partie prenante d’une Biosphère où il n’y a ni supérieur, ni inférieur, seulement des organismes différents et complémentaires.

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sir Richard Layard

Sir Richard Layard dans son livre Le prix du bonheur a comme tant de ses semblables une vision déformée des relations normales entre l’homme et la Nature : « En utilisant notre cerveau,  nous avons largement conquis la nature. Nous avons vaincu la plupart des vertébrés, des insectes et des bactéries. En conséquence nous nous sommes accrus en nombre, passant ainsi de quelques milliers d’individus à plusieurs milliards, une performance remarquable. » Pourtant, soixante pages plus loin, il reconnaît qu’il existe un petit nombre de niches, que les ressources sont limitées, que nous sommes voués à des jeux à somme nulle (ce qui est gagné par les uns est perdu par les autres). Quoi que nous fassions, le total disponible ne saurait être modifié, c’est la guerre de tous contre tous. Cent pages plus loin,  il envisage enfin que la compassion puisse aller au-delà des êtres humains, que certains bouddhiste pensent que des paroles tendres aux objets qu’ils rencontrent peuvent avoir un effet positif sur leur propre existence. Le constat  de se sentir appartenir à un ensemble plus grand donnerait un sens à l’existence, c’est le concept même du « moi » qui doit être soumis à un questionnement. Notre objectif ne devrait pas être la réalisation de soi mais une relation harmonieuse entre le monde et moi. Il faut se regarder comme une vague à la surface de l’océan : l’océan est éternel, et la vague n’en est que la forme immédiate et instantanée.

 

Mais Sir Richard en reste au relationnel entre humains, il n’a pas réalisé qu’une humanité qui n’aime pas aussi la Biosphère révèle un humanisme restreint et incomplet. Il cite Epicure : « De tous les biens que la sagesse procure  pour le bonheur de notre vie, celui de l’amitié est de beaucoup le plus grand ». Mieux vaudrait penser, comme l’écologie profonde, que « le bien-être et l’épanouissement de la vie humaine et non-humaine sur Terre ont une valeur intrinsèque (en eux-mêmes). » Ainsi notre petit moi serait-il certainement plus heureux, simple composante du grand Tout, élément rattaché à la grande chaîne de la vie, l’amour de tous, l’amour de tout.

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Paul Ariès

Même s’il s’en défend,  Paul Ariès, dans son livre Décroissance ou barbarie (Golias, 2005), semble proche de l’écologie profonde (4.6, Réapprendre la nature) :

« L’humanité a acquis la puissance de modifier la totalité de la nature. On peut en conclure que cette nature n’est pas extérieure à l’homme, donc que la frontière classique entre la nature et la culture tend à s’estomper. Nous devons considérer la nature non plus comme un objet dont il serait possible de disposer techniquement mais comme un partenaire. Nous aurons besoin pour cela de nouvelles interactions matérielles (le vieux débat sur les technologies douces) mais aussi de nouvelles interactions symboliques, de nouvelles valeurs. On rappellera que l’idée d’une transformation de la nature par l’homme n’a aucun sens dans la plupart des cultures. Notre capacité à transformer nos relations avec la nature permettra d’inventer une nouvelle société. » p.120

« Perdre le contact avec la nature, c’est perdre une partie du rapport à soi-même. L’économie nous a rendu aveugle à la nature, elle impose sa culture marchande contre la culture de la Terre. Le futur passera donc par des retrouvailles avec la nature. Il serait plus juste de parler d’épousailles car il faut tout faire pour que la nature ne soit plus un désert émotionnel pour les humains. Toute politique de la décroissance en matière de redécouverte de notre rapport à la nature passe par le refus des prothèses techniques qui nous empêchent que nous incorporions avec la nature le sens de nos limites. Ce cadre de vie artificiel s’oppose à la possibilité même d’une vie authentique puisqu’il repousse toujours plus loin les contraintes. » p.121

 

Pourtant dans le n° 1 d’Entropia (automne 2006),  Paul Ariès méconnaît la véritable philosophie de l’écologie profonde en faisant bien des amalgames injustifiés :

« La manifeste d’Unabomber, popularisé après une série d’attentats meurtriers. Cette écologie profonde… »

« La deep ecology de Arne Naess, introduite en France par de Benoist… »

« Le rapprochement entre Ratzinger et l’écologie profonde est le symbole de cette dérive… »

 En déformant systématiquement la philosophie de l’écologie profonde qui est pourtant fondamentalement une école de la non-violence (sans atteinte aux humains), ni de droite ni de gauche (de Benoist !), et certainement pas affiliée à une religion du livre (Ratzinger), certains auteurs vont à l’encontre d’une nécessaire évolution qui détacherait l’humanisme du nombril humain.

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet, http://biosphere.ouvaton.org/page.php?doc=2007/affichactu2

 

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Taguieff Pierre André

Malgré ses réticences, Pierre-André Taguieff ne peut s’empêcher d’accorder une grande place à l’écologie profonde dans son livre La bioéthique ou le juste milieu : « Le camp des défenseurs de la sacralité n’est pas occupé par les seuls théologiens chrétiens ; la diffusion de la pensée écologique a fait surgir de nouveaux adeptes de la religion de l’intouchabilité, ceux qui s’affirment, avec de bonnes raisons de le faire, les « amis de la Terre » ou les admirateurs et protecteurs de la biodiversitép.144 ». La parenté entre bioéthique et écologie profonde est récurrente dans le livre :

 

– Avec l’écologie dite profonde (deep ecology) renaît une philosophie de la nature biocentrique et antihumaniste, une écosophie dont les postulats et les orientations normatives sont irréductibilités au corpus judéo-chrétien. L’écologiste américain Aldo Leopold a théorisé d’une façon pionnière l’éthique de la Terre : « Une chose est juste quand elle tend à préserver l’intégrité, la stabilité et la beauté de la communauté biotique ; elle est mauvaise dans le cas contraire. » p.147

 

– Van Rensselaer Potter a publié, à la fin des années 1980, Global Bioethics : Building on the Leopold Legacy. Dans cette perspective, la bioéthique renvoyait à tous les problèmes éthiques posés par les être vivants, humains et non humains. Sous l’appellation nouvelle de bioethics, le biologiste se proposait de construire une éthique de la biosphère qui englobât autant l’écologie que la médecine p.254.

 

– Potter a forgé le terme bioethics pour désigner l’ensemble du projet, défini par Aldo Leopold, d’une land ethic, c’est-à-dire d’une éthique globale dont le champ comprend tous les éléments naturels et sociaux susceptibles de rendre la terre habitable pour l’homme p.321.

 

– La bioéthique lato sensu doit se faire « biopolitique » par le même mouvement que l’écologie s’est constituée en écologie politique. Il s’agit bien d’assurer l’extension d’un pouvoir d’autolimitation » p.149.

 

– L’éthique de la responsabilité suppose un total changement d’orientation de l’action humaine : non plus la volonté de maîtrise, mais l’impératif d’une maîtrise de la maîtrise. Il s’agit de la prescription politique majeure des anti-cartésiens contemporains, devenue le principal argument critique des contempteurs de la modernité technoscientifique » p.309.

 

– C’est dans la pensée d’un Hans Jonas ou dans les courants de l’écologie profonde qu’on rencontre une vision catastrophiste de la modernité impliquant le désaveu de la science et la satanisation de la technique p.287.

– La bioéthique écologique est à l’évidence préoccupée par des vues à long terme, par ce qu’il faut entreprendre pour préserver un écosystème dans lequel l’espèce humaine puisse continuer à vivre. Les deux branches de la bioéthique, médicale et écologique, devraient vraiment se recouper en matière de santé, de contrôle de la procréation et sur la question du sens d’une démographie en constante croissance p.323.

 

– Le philosophe Peter Kemp rappelait l’extension récente du domaine de l’éthique : « A la fin du XXe siècle, nous avons vécu une transposition de l’éthique du domaine interpersonnel et communautaire vers celui de la vie elle-même, de sorte que l’éthique est devenue bioéthique, c’est-à-dire une éthique qui vise la protection de la vie, non seulement la vie humaine, mais la vie des animaux et des plantes, pour ne pas dire la vie en général p.337. »

 

– Pour que l’impératif du « respect de la vie » ait un sens, il faut supposer que les êtres vivants (au-delà des seuls êtres raisonnables que sont les humains) sont dotés d’une sorte de valeur intrinsèque qui exclut qu’ils soient totalement à notre disposition. Il s’ensuit que nous pouvons être autorisés à les utiliser ou même à les détruire, mais uniquement pour des raisons adéquates. Affirmer la dignité de la créature, c’est affirmer la nécessité de fixer une limite à notre pouvoir de transformation et de manipulation des êtres naturels. L’élargissement de la bioéthique aux questions abordées par l’écologie pourrait permettre de sauver la bioéthique p.342.

 

– Je découvre que mon être-au-monde est une partie aussi indécise qu’évidente du monde et de la nature tout entière. Co-appartenance du « petit moi » et de l’Etre : il y a là une manière non anthropocentrique de fonder le respect de la vie ou de la nature. Il s’ensuit notamment que les animaux ont droit au respect p.362.

 

– Enseignez à vos enfants ce que nous avons enseigné aux nôtres, que la Terre est notre mère. Tout ce qui arrive à la Terre arrive aux fils de la Terre. Si les hommes crachent sur la Terre, ils crachent sur eux-mêmes p.363.

 

– Comme l’universalité des normes semble avoir disparu, seul un élargissement du champ de la bioéthique, passant de l’éthique médicale à une éthique de la vie, serait sans doute susceptible de rouvrir l’horizon.

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bioéthique et E.P.

Pour clarifier le débat sur la bioéthique, Pierre-André Taguieff identifie trois courants de pensée  dans son livre La bioéthique ou le juste milieu ; une quête de sens à l’âge du nihilisme technicien : la religion, le prométhéen, et l’écologie profonde. « Lorsque la question éthique est reconnue et s’exprime par une quête des limites et des critères permettant de les fixer, le premier problème surgit : où chercher le fondement des valeurs et des normes ? Celui-ci peut être découvert soit dans une transcendance, soit dans la volonté humaine, soit dans la naturep.286 (…)  Il définit la deep ecology comme conservatisme naturaliste radical : « Il s’agit d’une forme nouvelle de fondamentalisme caractérisé par une mystique panthéiste (tout est lié et sacré) et un sentiment esthétique doublé d’un souci éthique face à la nature, dont l’humain fait partie mais en tant qu’agent dénaturé, devenu particulièrement polluant dans la modernité. Dans cette éthique de la diversité et de la vie, l’intégrité de la nature, génome compris, est la mesure de toutes choses. Il s’agit de protéger, de conserver ou de sauver toutes les figures de la biodiversité, interspécifique et intraspécifique : les fragiles équilibres qui font de la Terre une planète vivante. »p.51

 

Taguieff a une attitude ambiguë par rapport à l’écologie profonde. Parfois il en en envisage les potentialités : « Ce que nous ferons en matière d’écologie dépend de l’idée que nous nous faisons de la relation entre l’homme et la nature. Plus de science et plus de technologie ne nous sortirons pas de la crise écologique actuelle tant que nous n’aurons pas trouvé une nouvelle religion ou que nous n’aurons pas repensé l’ancienne » p.313. Parfois il est très critique : « Par l’admiration qu’on lui porte, la nature relie la perception esthétique et la disposition éthique, le sentiment du beau et la vertu du respect. Esquisse d’un humanisme élargi qui ne se définirait pas contre tout ce qui n’est  pas strictement humain, mais qui, à l’inverse, n’opposerait plus absolument le naturel et l’artificiel, au contraire d’une vision fondamentaliste et globalement anti-moderne portée notamment par les partisans de l’écologie profonde, les écosophes p.349.

 

En définitive, il se pose quand même au cours des pages comme sensible à cette philosophie (deep ecology) : « Avons-nous le droit de contrecarrer de manière irréversible la sagesse évolutionnaire de millions d’années pour satisfaire l’ambition et la curiosité d’une poignée de scientifiques ? Ce monde nous est donné en usufruit. Nous venons et nous partons, nous laissons la terre et l’air et l’eau à d’autres qui viennent après nous. Ma génération a engagé une guerre coloniale destructrice contre la nature. Pour cela l’avenir nous maudira »p.53. La bioéthique aussi ne pourrait donc se passer durablement de l’écologie profonde…

 

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à quoi sert l’homme ?

A quoi sert l’homme ?

Si on pose cette question à quelqu’un, il répondra spontanément « Je n’en sais rien ». En effet, il n’y a pas de réponse nécessaire. L’homme aux multiples facettes ne trouve de sens à son existence qu’au fur et à mesure de son vécu, imprégné par sa socialisation et motivé par des réflexes ethniques. Dans un monde occidentalisé, il a même oublié le sens de l’harmonie avec la biodiversité d’une planète qu’il considère comme extérieure à lui-même. Il n’y a plus de Nature, il n’y a qu’environnement. Tant qu’il en sera ainsi, non seulement l’homme ne trouvera pas à quoi il sert vraiment, si ce n’est en produisant et consommant de la futilité pour oublier à quoi il pourrait servir. Finalement l’homme actuel ne sert qu’à lui-même, il est baigné dans l’anthropocentrisme des discours publicitaires. Il se sert, dans une nature taillable et corvéable à merci !

 

La philosophie de l’écologie profonde nous appelle à renouveler cette conception de l’homme. L’individu ne peut plus se penser – on devrait le savoir depuis Copernic, Darwin et Freud – comme le centre de l’univers. Il lui faut se re-situer et rechercher l’harmonie avec notre Terre. L’écologie profonde nous apprend à ne plus considérer nos semblables comme un système de référence absolu, à ne plus se  concevoir comme un être qui ne doit rien qu’à lui-même et à qui tout est permis. Par notre faute, près d’un million d’espèces végétales et animales risquent de disparaître d’ici à 2050. L’écologie profonde nous rappelle la nécessité de passer d’un anthropocentrisme forcené à un respect des liens durables entre notre propre espèce et la Biosphère. Il faut concevoir le vivant comme un tissu composé d’un grand nombre d’espèces qui ont une multitude d’interactions entre elles. Quand une maille saute, une deuxième lâche, et une troisième, et le tissu se désorganise.

 

A quoi donc sert l’homme ? Comme les humains ne sont qu’une des mailles, ils doivent d’abord servir à protéger le vivant contre eux-mêmes, ils doivent retrouver le sens des limites. L’espèce homo sapiens ne vit pas hors sol : si les écosystèmes ne sont pas robustes, alors l’humanité ne le sera pas non plus.

 

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peur de la nature ?

François Terrasson nous a quittés en 2006. Les éditions Sang de la Terre viennent de rééditer en 2007 son livre de 1988, La peur de la nature. La Biosphère salue la proximité de François Terrasson avec la philosophie de l’écologie profonde dans ces quelques extraits : 

– La Terre n’est pas la planète des hommes. Pendant des centaines de  millions d’années, d’autres être vivants ont occupé les lieux où se trouvent maintenant nos maisons, nos lits et nos chaises p.15

La Nature, c’est ce qui existe en dehors de toute action de la part de l’Homme. Conserver la nature se sera, plus que préserver telle ou telle espèce, parvenir à maintenir l’impression sensible que nous éprouvons en face de tout ce qui n’est pas d’origine humaine p.28-29

– L’expérience du désert ne se raconte qu’en récusant les mots qui servent à le faire. Il n’y a personne, il n’y a trace de personne, rien qui rappelle l’existence de l’homme et de sa civilisation p.34-35

– L’homme a tendance à détruire ce qui lui fait peur, ce qu’il sent étranger. Quand on interviewera de grands technocrates défricheurs, on ne sera pas surpris de découvrir, derrière leur propos qui se veulent rationnels, cette vieille peur de la nature sauvage p.37-38

– Une ruine, c’est l’endroit où la nature reconquiert un lieu de civilisation humaine. Une puissance étrangère faite de mousses, de ronces, d’orties, de lézards et de limaces s’infiltre, s’installe, triomphe là où l’homme avait dressé le symbole de sa puissance face à l’environnement : sa maison. Pour le visiteur qui « prend son pied » dans les ruines, la nature n’est pas perçue comme une force étrangère p.66-67

– Nous sommes hommes, mais nous pourrions être aussi bien blaireau, pierre ou serpent (…) Nous ne possédons pas la terre, c’est la terre qui nous possède p.83

– Chaque groupe humain porte dans ses propos, dans ses habitudes, dans ses objets, l’expression des choix métaphysiques qu’il a fait face à la nature p.84

– La sorcière nature n’a que faire de notre regard, qu’on la voie comme une vieille terrifiante ou comme une belle jeune fille, elle s’en contre-fout, puisqu’elle est les deux et bien plus encore p.119

– La  protection tue la nature, en ce sens qu’elle élimine l’ambiance de l’involontaire, essence du concept de nature p.146

– La vague d’urbains se précipitant sur de fausses pistes, qu’elles soient de ski ou de grande randonnée, diffuse ses modèles jusqu’au cœur des sociétés rurales dont l’idéal se situe, en sens contraire des arrivants, en milieu urbain p.154

– Le sentiment de la nature, de la nature puissante, le sentiment cosmique, métaphysique, presque religieux, cette chose là on ne l’aura plus, parce que justement, cela nécessite un endroit non réglementé, et un endroit relativement vaste. On rencontre déjà des gens qui n’ont plus le concept de nature, qui ne peuvent pas concevoir un lieu sans homme, un lieu sans aménagement p. 210-211

– Le monde s’écroulerait peut-être moins vite s’il n’y avait pas de présence d’homme p.220

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pédagogie de la catastrophe

Un centre d’expertise anglais, l’Institute for Public Policy Research (IPPR), a récemment publié les résultats d’une recherche qui analyse la manière dont les médias britanniques traitent du changement climatique. Le recueil des données a été fait pendant l’hiver 2005-2006. Ces travaux montrent que les discours médiatiques actuels en Grande-Bretagne sur le changement climatique apparaissent confus, contradictoires et chaotiques. Pour chaque argument avancé, qu’il soit relatif à l’échelle du problème, sa nature, sa gravité, ses causes ou sa réversibilité, il est présenté un argument contraire. Le changement climatique n’est donc pas encore considéré comme un fait avéré. En ce qui concerne le grand public, le message qui résulte de ce tumulte médiatique est sans doute que personne ne sait vraiment plus ce qu’il sait.

 

Les discours médiatiques sont généralement construits sur le registre de l’alarme et des petits gestes, ce contraste pouvant être source de doute et de rejet de la part du public. Le discours le plus répandu est celui de l’alarme : le phénomène est décrit comme terrible, immense et au-delà de toute maîtrise. Ce registre véhicule malheureusement un message implicite de désespoir, le problème est simplement trop important pour que l’on puisse faire quelque chose. De surcroît, le sensationnalisme et les similitudes avec les fictions hollywoodiennes peuvent installer une certaine distance avec le public, cet alarmisme pouvant même devenir secrètement excitant, comme une sorte de « pornographie climatique ». Le second registre de discours identifié est celui des petits gestes. Le défi pour les communicants consiste à rendre les éco-gestes légitimes, efficaces et partagés par le plus grand nombre de personnes. Il s’agit de demander à un grand nombre de personnes de faire des actions simples, faciles, ancrées dans le quotidien, pour contrer le changement climatique. Le risque avec cette approche est de tomber dans le superficiel, le casanier, l’ennuyeux… Juxtaposer l’ordinaire et l’apocalyptique nourrit probablement le doute dans les perceptions du public et pose une question évidente, rarement traitée : comment de si petites actions individuelles peuvent-elles vraiment influer sur un phénomène se produisant à une échelle si gigantesque ?

 

Par ailleurs, deux autres registres de discours, plus marginaux, ont été repérés. Ils ont pour caractéristique le refus de s’engager dans le débat à travers la moquerie ou l’humour. Certains se moquent des « prophètes de malheur » en invoquant le bon sens et la sagesse populaire. D’autres sont joyeusement irresponsables et ne retiennent que les perspectives positives du réchauffement global de la planète.

 

Les chercheurs concluent leur rapport en proposant plusieurs pistes d’amélioration des campagnes de communication. Tout d’abord, pour répondre à la nature chaotique des discours, et notamment pour les campagnes à destination du grand public, le changement climatique doit être considéré comme quelque chose d’indiscutable et de réel, les actions individuelles comme efficaces. Ensuite, le gouffre entre le gigantisme du phénomène et les petits gestes doit être comblé. S’opposer aux immenses forces du changement climatique semble de prime abord nécessiter un effort surhumain ou héroïque, hors de portée du commun des mortels ; développer au contraire le mythe du « héros ordinaire » permettrait selon les chercheurs de combler cet écart et de redonner de l’énergie aux discours.

 

Le défi consiste à rendre les comportements éco-responsables normaux, naturels, légitimes et partagés par un grand nombre de personnes qui ne sont pas encore engagées et pour lesquelles le changement climatique n’est pas une priorité. Il ne s’agit pas de changer l’ordre de leurs préoccupations mais plutôt de changer l’énoncé du problème pour qu’il prenne de la valeur à leurs yeux.

(Lettre-Recherche-Environnement n° 9, février 2007

 

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