sciences et techniques

vivre en famille sans écrans

Petite brassée de chiffres, pour saisir l’ampleur du tsunami numérique. Un foyer avec des enfants de 6 à 11 ans possède en moyenne dix écrans, quel que soit son niveau social. La moitié des enfants de maternelle a la télévision près de son lit. 97 % des 6-17 ans jouent à des jeux vidéos au moins occasionnellement. 73 % des 12-17 ans posséder un téléphone portable. Parmi les 9-16 ans, 87 % accèdent à Internet. Tous ces équipements les conduisent à passer plus de trois heures chaque jour devant les écrans… soit autant que leurs parents devant la télévision. Il serait naïf de croire que tous ces écrans ne vont pas impacter la vie sociale. Récemment, une étude Académie de Paris/Assurance maladie a montré qu’un tiers des garçons parisiens (un quart de filles) de troisième se couchait après minuit la veille d’un jour de classe, du fait d’une « consommation abusive d’écrans »… Dès qu’il/elle rentre du collège, le/la voilà qui se plante devant son ordi, dans sa chambre, pour discuter sur MSN, alimenter son mur Facebook, rejoindre sa partie de jeu en multijoueurs. Il faut l’appeler dix fois pour dîner. Chacun dans sa bulle, on ne se parle plus.

Tous ces écrans déstabilisent la vie de famille. En novembre 2010, une note du Centre d’analyse stratégique pointait cette crispation : « De plus en plus de parents se plaignent que les jeux vidéo soient devenus des sources de tensions quotidiennes avec leurs enfants : négociations perpétuelles sur les temps de jeu, nervosité exacerbée des enfants ou encore problèmes de budget – dus aux coûts des logiciels et des supports, mais aussi aux divers achats proposés sur les jeux en ligne avec possibilité de payer par SMS (…) Quand bien même la discussion s’installe, il y a fort à parier qu’elle se focalise sur les points de tension plutôt que de prendre la forme d’un échange constructif. »  Le groupe familial est fractionné, réduit à une coexistence. A la fin des années 1980, sont apparues les chaînes de niche, et la tribalisation, chacun regardant la télé qui lui ressemble, ce qui a correspondu à l’éclatement des familles, et transformé le milieu familial en une suite de micropublics qui ne se parlent plus. Internet n’a fait qu’amplifier ce mouvement. Avec le réseau social (55 % des 11-13 ans ont un compte Facebook, 75 % des 13-17 ans), l’influence des pairs s’accroît, tandis que décline la transmission parentale. Sur Facebook, les amis les plus proches s’appellent d’ailleurs « famille ».

(LeMonde Magazine, 26 février 2011)

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vivre sans Facebook

Quelques raisons de refuser Facebook :

– Cet hiver, une britannique a annoncé son projet de suicide aux 1048 « amis » de son « réseau social » Facebook. Au bout du compte, 148 commentaires sous son message, pas un coup de fil aux urgences, et une morte. Ce fait divers en dit long sur la vacuité des échanges en milieu virtuel.

– Dans la vraie vie, on compte au plus quatre amis, les 10 % des mieux pourvus en ont une quinzaine. Mais sur Facebook ou Myspace, les utilisateurs ont en moyenne entre 130 et 150 amis, certains en ont des milliers. L’amitié n’a alors plus aucun sens, elle relève d’une vision comptable du rapport humain. Jusqu’à l’apparition des réseaux sociaux », être ami signifiait partager pensées et émotions dans un rapport direct à l’autre, avec une autre personne ou un groupe réduit. Sur Facebook, être ami se réduit à envoyer des informations. Mais exposer sa vie privée ne suffit pas à créer de l’intimité et du lien. Ce grand déballage devant 500 personnes dont on attend une réaction pour se sentir exister favorise le repli sur sa sphère individuelle, sa bulle, et l’hypercommunication avec sa tribu.

– Sous son onglet inscription, Facebook annonce fièrement « C’est gratuit (et ça le restera toujours) ». Pourtant ce réseau est valorisé à 50 milliards de dollars ! Mark Zuckerberg est assis sur un tas d’or : les données personnelles de ses 630 millions de membres. En révélant beaucoup d’eux-mêmes, ils permettent à Facebook de vendre des espaces ciblés aux publicitaires. Un post à vos amis annonçant l’anniversaire de votre compagne et vous recevrez une pub pour des bijoux ! Face book propose aussi aux entreprises et aux « people » de créer leur page de fans qui leur sert de vitrine commerciale. Coca Cola rassemble 4 millions de fan, trois millions de pages de marques sont actives, l’utilisateur moyen aime 8,7 marques : chaque fan se transforme en « ambassadeur de la marque ». L’info circule, le publicitaire, lui, peut se reposer : le consommateur fait son boulot. Et le pire, c’est qu’il en redemande !

Source : mensuel la Décroissance, avril 2011

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vivre sans télé

quelques principes incontournables :

a)       La télé exerce une action fortement nocive sur le développement et le vieillissement cognitif, le sommeil, la réussite scolaire, la santé, l’agressivité, la sociabilité intra et extra-familiale. Bien qu’il existe de (rares) bons programmes, il n’y a pas de « bon usage » du petit écran. La meilleure solution me semble donc être, sans aucun doute possible, le zéro télé.

b)       Si une télé doit être présente dans la maison, elle ne devrait jamais se trouver dans la chambre à coucher, surtout chez un enfant ou un adolescent.

c)       Pendant les cinq ou six premières années de vie, toute exposition audiovisuelle doit être strictement proscrite par les parents tant la télévision trouble le sommeil, promeut l’obésité à long terme et interfère avec le développement intellectuel, affectif physique et social de l’enfant. Les déficits acquis dans ces derniers domaines aux premiers âges de l’existence se révèlent bien souvent irréversibles.

d)       Chez les écoliers du primaire et les collégiens, le temps de télévision devrait, dans tous les cas, être maintenu en dessous de 3-4 heures par semaine (ce chiffre inclut bien sûr l’usage de vidéos).

e)       Les adultes font ce qu’ils veulent. Que ces adultes n’oublient pas cependant que la télé est un facteur d’isolement social et qu’elle expose le spectateur à des risques morbides majeurs par sa propension à favoriser la sédentarité, le déclin cognitif inhérent au processus de vieillissement, l’apparition de pathologies cérébrales dégénératives et les conduites à risques.

(TV lobotomie de Michel Sesmurget, 2011)

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l’acharnement thérapeutique, conséquence de l’énergie fossile

« La croissance de la quantité d’énergie consommée par personne, qui permet en termes purement physiques d’augmenter la productivité des gens qui travaillent, a pour conséquence l’entretien des gens qui ne travaillent pas (…) Une journée d’hospitalisation en service de réanimation coûte de 500 à 5000 kWh d’énergie, l’essentiel étant contenu dans les biens et services utilisés par l’hôpital. Elle n’est en outre possible que grâce à l’utilisation en France de métaux et produits chimiques extraits dans de lointaines contrées, de gaz russe ou de pétrole norvégien pour chauffer les bâtiments, laver les draps ou faire le plastique des cathéters, etc. (…) Même si cela peut paraître sordide, dès lors que la quantité d’euros (d’énergie) est limitée, il faudra soigner avec moins de flux matériels à disposition. Cela soulèvera des débats difficiles sur notre rapport à la mort, et sur le fait qu’aujourd’hui nous jugeons que toute consommation de ressources non renouvelables est justifiée pour maintenir en vie des personnes en bout de course avec des dispositifs lourds. » (Jean-Marc Jancovici dans son livre Changer le monde, tout un programme).

Ce diagnostic objectivé sur la contrainte énergétique croissante se double de (res)sentiments à l’égard de l’acharnement thérapeutique. Ainsi ce témoignage d’une de nos correspondantes :

« Je travaille dans le médico-social depuis 11 ans, animatrice en maison de retraite pendant plusieurs mois, j’ai eu le sentiment d’être tantôt gardienne de prison pour vieillards, tantôt gaveuse d’oie sans foie gras. Que faire des personnes valides physiquement mais errantes ? Que faire des personnes invalides ne communiquant plus alors que vous êtes en sous-effectif et qu’il n’y a ni code d’accès, ni jardin clôturé ? Et bien, on vous invite à enfermer tel ou tel résident, à clé dans sa chambre. On passe des harnais avec sangle molletonnée pour ligoter une personne sur un siège ou une chaise. Plus de problème de fuite ni d’évasion !

Pour ce qui est des personnes dépendantes physiquement et « silencieuses », les difficultés sont autres. N’avez-vous jamais été interloqué par ces adultes dans les maisons de retraite qui ne regardent ou ne comprennent plus ? Sous prétexte de bienséance, on nourrit parfois des édentés à la petite cuillère et si cela devient difficile, reste la solution de la seringue XXL avec lesquelles on titille des bouches closes dans un visage tout recroquevillé sur des yeux fermés depuis une éternité… Parfois un simple réflexe fait entrouvrir cette bouche et parfois on insiste…faut bien nourrir pour faire vivre ! A la question « Mais comment savoir si on ne les force pas, s’ils n’arrêtent pas de manger pour partir ? » on peut s’entendre dire « Mais comment sais-tu toi, qu’ils ne sont pas bien comme ils sont et n’ont pas envie de vivre ? » CERTES ! Mais rappelez-vous les droits de l’Homme…Liberté ! Où est la liberté quand on est instrumentalisé, douché, changé, gavé ?

Autrefois, quand on gardait ses vieux parents à la ferme, il y avait toujours un enfant pour donner la soupe à l’aïeul mais croyez bien que si ce dernier refusait de prendre sa becquée, l’enfant s’en retournait à ses travaux agricoles ou devoirs d’école… et si le lendemain, le pépé ou la mémé refusait la bouchée, on repasserait plus tard… jusqu’à ce que le corps s’épuise et s’endorme ou que la volonté resurgisse. Chez nous que nenni ! On paye du personnel pour vous nourrir et comme la priorité reste aux besoins primaires, on annulera volontiers une animation pour s’attarder sur l’assiettée.

Où commence l’acharnement thérapeutique ? Je n’accuse pas, j’interroge… Je travaille dans l’accompagnement de l’individu car je mets l’être vivant au centre de mes préoccupations. Mais à trop vouloir subvenir aux besoins du plus faible, n’avons-nous pas fait défaut à la sélection naturelle et au droit de s’éteindre parce que c’est l’heure ? N’y a-t-il pas un moment où il est correct de laisser filer la vie, où il faut cesser de soutenir le plus faible, quand seuls les « accompagnés » ont une chance de vieillir sans qu’importe le temps ni le monde du vivant ? Ne fait-on pas plus de bien que de mal quand on se positionne dans l’assistance à outrance ? Vivre n’est pas une fin en soi ! Mais bien VIVRE, bien LE vivre, ETRE, oui ! Comment ne pas être une société d’assistés qui va s’effondrer mais une société de l’entraide parce que telle est l’humanité, qui veut comprendre et dépasser ?

Il ne s’agissait là que d’un témoignage, ce n’était ni un pamphlet ni une requête. Juste une réflexion sur le passage du temps sur nos têtes et sur le rôle de l’accompagnant. »

Nous pouvons conclure avec Jancovici : «  La contrainte sur l’approvisionnement énergétique futur aura pour conséquence que le niveau relatif des retraites baissera, et que l’on va probablement pour partie revenir à un système de gestion des personnes âgées économe en énergie, c’est-à-dire… les garder chez leurs enfants. La question n’est pas de savoir si cette organisation est désirable ou non. Les bons sentiments sans kilowattheures risquent d’être difficiles à mettre en œuvre ! »

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supprimons Facebook

– Cet hiver, une britannique a annoncé son projet de suicide aux 1048 « amis » de son « réseau social » Facebook. Au bout du compte, 148 commentaires sous son message, pas un coup de fil aux urgences, et une morte. Ce fait divers en dit long sur la vacuité des échanges en milieu virtuel.

– Dans la vraie vie, on compte au plus quatre amis, les 10 % des mieux pourvus en ont une quinzaine. Mais sur Facebook ou Myspace, les utilisateurs ont en moyenne entre 130 et 150 amis, certains en ont des milliers. L’amitié n’a alors plus aucun sens, elle relève d’une vision comptable du rapport humain. Jusqu’à l’apparition des réseaux sociaux », être ami signifiait partager pensées et émotions dans un rapport direct à l’autre, avec une autre personne ou un groupe réduit. Sur Facebook, être ami se réduit à envoyer des informations. Mais exposer sa vie privée ne suffit pas à créer de l’intimité et du lien. Ce grand déballage devant 500 personnes dont on attend une réaction pour se sentir exister favorise le repli sur sa sphère individuelle, sa bulle, et l’hypercommunication avec sa tribu.

– Sous son onglet inscription, Facebook annonce fièrement « C’est gratuit (et ça le restera toujours) ». Pourtant ce réseau est valorisé à 50 milliards de dollars ! Mark Zuckerberg est assis sur un tas d’or : les données personnelles de ses 630 millions de membres. En révélant beaucoup d’eux-mêmes, ils permettent à Facebook de vendre des espaces ciblés aux publicitaires. Un post à vos amis annonçant l’anniversaire de votre compagne et vous recevrez une pub pour des bijoux ! Face book propose aussi aux entreprises et aux « people » de créer leur page de fans qui leur sert de vitrine commerciale. Coca Cola rassemble 4 millions de fan, trois millions de pages de marques sont actives, l’utilisateur moyen aime 8,7 marques : chaque fan se transforme en « ambassadeur de la marque ». L’info circule, le publicitaire, lui, peut se reposer : le consommateur fait son boulot. Et le pire, c’est qu’il en redemande !

Source : mensuel la Décroissance, avril 2011

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supprimons l’automobile (suite)

Depuis le septennat de M.Pompidou, le culte de l’automobile est devenu en France la religion d’Etat, la seule d’ailleurs à laquelle croient la plupart des dirigeants. Tous les ans, le pèlerinage national ne se rend pas à Lourdes, mais aux vingt-quatre heures du Mans. Telle une grande messe pontificale, le Salon de l’auto déroule sa liturgie fastueuse au cours de laquelle l’automobile nouvelle, bénite par les plus hautes autorités officielles, est comme une relique révélée à la ferveur populaire. En cas d’impiété, répression policière : matraquage de manifestations sacrilèges en faveur de la bicyclette ou des piétons. Et la nouvelle religion a déjà son clergé, puissant et sectaire : les ingénieurs des Ponts et Chaussées.

                Cependant, cette adoration obligatoire dissimule mal la réalité : l’automobile est devenue le cancer de notre civilisation. Elle la ronge par sa prolifération effarante, anarchique et  dominatrice. Elle détruit l’homme et dégrade l’espace. Elle mutile, intoxique et tue. Elle casse les villes et dilapide la nature. Elle gaspille une énergie sans cesse plus rare et plus coûteuse. Présentée à tort comme le symbole de la prospérité, elle appauvrit l’homme dramatiquement, dans son environnement social et physique. Elle brise son cadre de vie collectif pour l’enfermer dans une petite carapace d’acier qui l’isole et exalte son agressivité en la cuirassant. Elle le ruine dans les biens immatériels essentiels : la santé, la sécurité, les joies de la nature, la beauté des paysages, le sentiment de la communauté. Nous allons vers l’« auto-destruction » rapide de notre civilisation si nous ne changeons par fondamentalement notre attitude à l’égard de l’automobile, si nous ne cessons pas de la vénérer comme une idole et ne la soumettons pas aux impératifs de la défense de l’environnement… et de l’homme.

                En transformant l’automobile en une idole intouchable, le pouvoir se fourvoie dans une impasse pour la politique des transports, de l’urbanisme et de l’environnement. « Il faut adapter Paris à l’automobile . » Cette affirmation spectaculaire de M.Pompidou abouti en fait à sacrifier Paris à l’automobile.  Elle est devenue la grande compensation des vices du système actuel. Opium du peuple, l’automobile est la drogue officielle recommandée par la société de consommation à tous les insatisfaits. Aux espaces verts urbains disparus, elle substitue l’évasion vers la campagne ; à ceux que lasse la dépersonnalisation de la vie, elle offre la puissance et l’ivresse de la vitesse. La consommation mondiale de pétrole est passée de 500 millions de tonnes en 1950 à 1 milliard en 1960, 2 milliards en 1969, 2.5 milliard en 1972. Folie de cette croissance exponentielle : les réserves connues correspondent seulement à quelques décennies en tenant compte de son taux d’accroissement. L’expansion délirante de l’automobile est sans doute l’un des moteurs de la croissance , mais c’est un moteur à explosion.

Philippe Saint-Marc dans le mensuel le Sauvage n° 6 (septembre-octobre 1973).

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Fukushima et IBM nous mettent dans la merde

Sur une page : « On ne peut garantir qu’il n’y aura jamais d’accident grave en France. »*

Sur la page en vis-à-vis : « Une planète plus intelligente est une planète plus sûre ».*

                Pour le Président de l’Autorité de sûreté nucléaire, la gestion des territoires contaminés autour de Fukushima va durer des années, sinon des décennies. Or publicitaires, politiques et techno-scientifiques nous ont toujours dit qu’il n’y a pas plus  sécurisé qu’une centrale nucléaire. Pour IBM qui se paye une pleine page de pub, il suffit de bâtir une planète plus intelligente, avec IBM bien sûr, pour « régler les dysfonctionnements structurels » et répondre aux « nouveaux défis ». Or un chaos numérique est possible en 2015** : « Les accidents en cascade peuvent surgir de n’importe où, sans qu’on puisse les endiguer. La catastrophe en dominos est plausible vers 2015. » On croirait une analyse d’un accident nucléaire, il s’agit d’un constat sur la fragilité  du cyberespace. Les technologies deviennent globales, surpuissantes, mondialisées… elles sont d’autant plus fragiles !

                Nous devons en tant que citoyens réclamer un retour à des techniques à taille humaine. Il nous faut non seulement sortir du nucléaire, mais aussi sortir du tout numérique. Comme Kaczynski, nous faisons une distinction entre deux types de technologies : la technologie cloisonnée et la technologie systémique. La première, qui se développe au niveau de petites cellules circonscrites, jouit d’une grande autonomie et ne nécessite pas d’aide extérieure. La seconde s’appuie sur une organisation sociale complexe, faite de réseaux interconnectés. En ce qui concerne la technologie cloisonnée, aucun exemple de régression n’a été observé. Mais la technologie systémique peut régresser si l’organisation sociale dont elle dépend s’effondre. Ce qui arrivera lors de grandes pannes d’électricité…

* LeMonde du 31 mars 2011

** LeMonde du 26 mars, Un chaos numérique est possible en 2015.

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en finir avec le progrès technique

Le progrès technique est-il une fuite en avant ? Sujet-type de philosophie, mais réponse trop évidente à l’heure de Fukushima ! La technosphère pourra-t-elle vivre en symbiose avec la biosphère ? Oui… mais seulement si nous n’utilisons que des techniques douces ! Voici ci-dessous quelques références historiques sur la question technologique :

1956 : Quand l’homme du Vieux Monde inventait quelques procédés techniques astucieux, comme la poudre ou la vapeur, c’est à des fins futiles qu’il l’utilisait tout d’abord. Jusqu’au deuxième millénaire après Jésus-Christ, il n’y eut qu’une poignée de progrès technique. Le moulage des grands lions de fers de Chine ou les sculptures en bronze des grecs, qui sont peut-être les plus grandes prouesses techniques de la vieille culture du Vieux Monde, sont des œuvres d’art, ne répondant à aucune nécessité pratique.  Bref, l’acceptation de limites techniques fut aussi un trait durable de la culture du Vieux Monde. La culture du nouveau Monde, en raison de son efficacité méthodique et de son universalité mécanique, menace manifestement de destruction ce qui reste de la culture du Vieux Monde. (Lewis Mumford)

1960 : Aujourd’hui chaque homme ne peut avoir de place pour vivre que s’il est un technicien. On pourrait même dire que tous les hommes de notre temps sont tellement passionnés par la technique, tellement assurés de sa supériorité, qu’ils sont tous orientés vers le progrès technique, qu’ils y travaillent tous, si bien que la technique progresse continuellement par suite de cet effort commun. En réalité la technique s’engendre elle-même ; lorsqu’une forme technique nouvelle apparaît, elle en conditionne plusieurs autres, la technique est devenue autonome. Il faut toujours l’homme, mais n’importe qui fera l’affaire pourvu qu’il soit dressé à ce jeu !

La technique sert aussi à faire obéir la nature. Nous nous acheminons rapidement vers le moment où nous n’aurons plus de milieu naturel. La technique détruit, élimine ou subordonne le monde naturel et ne lui permet ni de se reconstituer, ni d’entrer en symbiose avec elle. L’accumulation des moyens techniques crée un monde artificiel qui obéit à des ordonnancements différents. Mais les techniques épuisant au fur et à mesure de leur développement les richesses naturelles, il est indispensable de combler ce vide par un progrès technique plus rapide : seules des inventions toujours plus nombreuses pourront compenser les disparitions irrémédiables de matières premières (bois, charbon, pétrole… et même eau). Le nouveau progrès va accroître les problèmes techniques, et exiger d’autres progrès encore. Mais l’histoire montre que toute application technique présente des effets imprévisibles et seconds beaucoup plus désastreux que la situation antérieure. Ainsi les nouvelles techniques d’exploitation du sol supposent un contrôle de l’Etat de plus en plus puissant, avec la police, l’idéologie, la propagande qui en sont la rançon. (Jacques Ellul )

1979 : Le progrès technique n’a aucun sens, en lui-même ; il n’a de sens que par rapport à la société qui le réalise. Nos pans de béton indestructibles, nos satellites-espions et nos voitures de course paraîtront certainement sans le moindre intérêt pratique pour les générations futures qui vivront autrement que nous. (François Partant )

1979: Le progrès technique et la recherche de l’abondance entraîne la détérioration du milieu naturel au risque de notre perte. Le châtiment des techniques de maximisation agraire commence déjà à se manifester par la contamination chimique des eaux avec tous les effets néfastes que cela entraîne pour l’interdépendance des différents organismes. De plus il existe une barrière plus fondamentale, l’élaboration d’engrais synthétiques est une forme d’utilisation de l’énergie, ce qui pose non seulement le problème de l’obtention de ressources, mais aussi l’irréalisme d’utiliser l’énergie à l’intérieur du système fermé de la planète : la combustion des matières fossiles entraîne en effet l’augmentation de leffet de serre et le réchauffement global. C’est là une limite implacable aux rêves extravagants d’une humanité plusieurs fois démultipliée qui vivrait dans l’exubérance technologique. La thermodynamique est intraitable, la loi infrangible de l’entropie veut que lors de chaque production de travail, l’énergie se dégrade en chaleur et que la chaleur se disperse. (Hans Jonas )

1995 : Dans toutes les nations industrielles, l’effet des technologies sur l’emploi a été dramatique. L’usage du cheval dans la production agricole fut d’abord restreint avant d’être supplanté par le tracteur. De même le rôle des humains comme pièce maîtresse de la production est vouée à se restreindre. La théorie suppose que le progrès technique supprime des emplois à brève échéance, mais les multiplie à long terme. La vérité est que cette théorie est fausse, ce sont les guerres, le  colonialisme et les dépenses publiques qui en ont créé de nouveaux. (Kirkpatrick Sale)

2002 : Pour conjurer la catastrophe, la société thermo-industrielle va brûler ses dernières réserves d’énergie fossile dans un effort désespéré pour survivre, se rapprochant ainsi un peu plus du point de non-retour. La croissance économique n’est autre que le développement de méthodes d’exploitation de l’environnement naturel toujours plus intensives Les terres cultivées seront alors surexploitées afin d’augmenter la plus-value énergétique, ce qui favorisera la dégradation des sols et fait baisser les rendements. L’Etat augmentera les impôts pour équilibre des comptes de plus en plus déficitaires, une partie de l’énergie résiduelle ne servira qu’à alimenter le style de vie des élites au pouvoir et autres couches sociales non productives. Le progrès technique s’apparentera à un tâtonnement motivé par le désespoir. Une population plus nombreuse recevra moins d’énergie qu’auparavant, tout en travaillant plus et plus longtemps. Confrontés à des troubles sociaux de plus en plus sévères, les gouvernants devront dépenser ce qu’il reste d’énergie pour maintenir un semblant de loi et d’ordre au détriment de l’approvisionnement de la population. La première phrase du chapitre suivant est d’ailleurs explicite : « Sans les combustibles fossiles, la civilisation industrielle moderne cesserait immédiatement d’exister ». (Jérémy RIFKIN)

2008 : Alors que le progrès technique restreint continuellement notre sphère de liberté, chaque nouvelle avancée technique considérée isolément semble désirable. L’électricité, la plomberie intérieure, les communications rapides à longue distance … Il aurait été absurde de résister à l’introduction du téléphone, par exemple ; il offre beaucoup d’avantages et aucun inconvénient. Pourtant toutes ces avancées techniques prises ensemble ont créé un monde dans lequel le destin de l’homme moyen n’est plus entre ses propres mains ou entre les mains de ses voisins et amis, mais dans celles de politiciens, de cadres de société ou des techniciens et bureaucrates distants et anonymes que, en tant qu’individu, il n’a aucun pouvoir d’influencer. Le même processus continuera dans l’avenir. Prenez le génie génétique, par exemple. Peu de gens résisteront à l’introduction d’une technique génétique qui éliminerait une maladie héréditaire. Elle ne fait aucun mal apparent et empêche beaucoup de souffrance. Pourtant un grand nombre d’améliorations génétiques prises ensemble feront de l’être humain un produit manufacturé plutôt qu’une création libre du hasard (ou de Dieu, ou de ce que vous voulez, selon vos croyances religieuses).

Une autre raison pour laquelle la technologie est une force sociale si puissante est que, dans le contexte d’une société donnée, le progrès technique avance dans une seule direction; il ne peut jamais être inversé complètement. Une fois qu’une innovation technique a été introduite, les gens en deviennent d’habitude dépendants, à moins qu’elle ne soit remplacée par une autre innovation encore plus avancée. Non seulement les gens deviennent dépendants en tant qu’individus d’un nouvel élément de technologie, mais même le système dans son ensemble en devient dépendant. (Imaginez ce qui arriverait aujourd’hui à la société si les ordinateurs, par exemple, étaient éliminés). Ainsi le système ne peut évoluer que dans une direction, vers plus de technicisme. De façon répétée et constante, la technologie force la liberté à faire un pas en arrière. Il serait pourtant désespéré pour les révolutionnaires d’essayer d’attaquer le système sans utiliser un peu de technologie moderne. Au minimum ils doivent utiliser les médias de communications pour répandre leur message. Mais ils devraient utiliser la technologie moderne dans UN SEUL but : attaquer le système technique. (Théodore Kaczynski)

2008 : Une croissance économique, par nature exponentielle, ne peut que rencontrer des limites structurelles. Les tenants du progrès technique ont tout fait pour qu’on ignore ce message fondamental. Ses auteurs furent traités de « catastrophistes », qualificatif souvent employé encore aujourd’hui par ceux qui ne veulent pas voir la vérité en face. Pourtant les modélisations du Club de Rome trouvent un écho contemporain dans les travaux de Nicholas Stern qui annonce l’éventualité d’une crise mondiale à l’horizon 2050 liée au réchauffement climatique. (Frédéric Durand)

2009 : La ligne de fracture ne passe pas entre les partisans et les opposants à la technique, mais entre ceux qui font du progrès technique un dogme non questionnable, et ceux qui y détectent un instrument de pouvoir et de domination. Dès les années 1930, Marc Bloch a montré que les moulins à bras ne furent pas remplacés par les moulins à eau et à vent parce que ces derniers étaient simplement plus efficaces, mais parce qu’ils étaient des outils de pouvoir : les seigneurs féodaux privilégièrent la technique centralisée des moulins banaux à celle, domestique et donc plus difficile à contrôler, des anciens moulins à bras. Plus près de nous, David Noble a montré comment l’adoption des techniques de commande numérique dans l’industrie américaine n’était pas le choix de la technique économiquement la plus efficace, mais celle qui permettait le meilleur contrôle social en affaiblissant le poids des syndicats. (François Jarrige)

2009 : Quand nous n’avons pas envie de nous attaquer à un problème, un des arguments est de penser que la technique va nous sauver, ou plus exactement que la technique qui viendra demain, mais n’est pas encore disponible aujourd’hui, va faire le travail en un battement de cils pendant que nous regardons la télé. Dire que la science et la technique vont nous sauver, c’est prononcer un énoncé qu’il est justement impossible de soumettre à la critique scientifique. Nous continuons à faire dépendre notre action d’hypothétiques progrès techniques futurs, alors que le problème est juste l’envie de s’y mettre. Certes la science et la technique ont permis des progrès « miraculeux », mais ce sont bien ces progrès qui conduisent à la destruction accélérée des ressources naturelles. Les bateaux de pêche moderne sont de véritables machines de guerre. (Jean-Marc Jancovici et Alain Grandjean)

… et pour en finir, deux citations de 2011 :

Martin Weitzman : Quand une probabilité faible, voire très faible, est associée à un risque illimité, que fait-on ? On met le calcul économique, les analyses coût-avantage et les opérations d’actualisation qui vont avec au panier et on fait tout ce qui est humainement possible pour que cela ne se réalise pas.

(http://www.alternatives-economiques.fr/apprentis-sorciers_fr_art_1083_53797.html)

Noël Mamère : Le progrès technique est vécu comme un dogme indiscutable par l’ensemble de la classe politique. Quand on l’élève au rang d’un culte, toute remise en cause, tout débat rationnel deviennent impossibles et ceux qui osent élever la voix sont aussitôt considérés comme des apostats. Nous sommes dans la configuration que décrivait Jacques Ellul, dès 1960, dans La technique ou l’enjeu du siècle, où la démocratie n’a plus sa place puisqu’il faut croire sans poser de questions.

(LEMONDE.FR | 23.03.11 | Est-ce indécent de demander un débat public sur la sortie du nucléaire ?)

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Fukushima, quand l’impossible est certain

Jean-Pierre Dupuy prônait un catastrophisme éclairé, « quand l’impossible est certain ». L’arrivée conjointe d’un tremblement de terre et d’un tsunami sur les centrales nucléaires japonaises a rendu son pronostic palpable : pour l’autorité française de sûreté nucléaire, l’accident de Fukushima a atteint un niveau de gravité au-delà de Three Mile Island (niveau 5) sans atteindre Tchernobyl (niveau 7). Le journaliste du Monde Hervé Morin nous explique qu’à Tchernobyl, le réacteur de conception soviétique ne disposait pas d’une enceinte de confinement avec une double peau de béton et d’acier, comme les réacteurs japonais. Mais il y a comme à Three Mile Island une fusion partielle du cœur qui entraîne un certain relâchement de radioactivité dans l’environnement.

Au-delà des explications techniques, ce qui doit être remis en question est le projet prométhéen qui caractérise la société industrielle, cette volonté de domination de la nature qui rend les hommes esclaves de leurs centrales nucléaires et autres gadgets. Dire que le ministre français de l’énergie, Eric Besson, traitait récemment les partisans de la sortie du nucléaire de « religieux ». Mais c’est bien Eric Besson qui se fait le servant du nucléaire. Jean-Pierre Dupuy écrivait en 2002 de façon prémonitoire : « L’évolution technique a une forte propension à s’enfermer dans des sentiers indésirables, d’où il est de plus en plus difficile de la déloger. Les signaux d’alarme ne s’allument que lorsqu’il est trop tard. Le malheur est notre destin, mais un destin qui n’est tel que parce que les hommes n’y reconnaissent pas les conséquences de leurs actes. C’est surtout un destin que nous pouvons choisir d’éloigner de nous. »

Entre Three Mile Island et Tchernobyl, entre Charybde et Scylla, il faudra encore bien d’autres catastrophes « naturelles » pour que les humains « choisissent » de sortir du nucléaire ET de la société thermo-industrielle…

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le tsunami et le risque nucléaire

Nous n’avons pas peur d’un tsunami. S’il faut en mourir, telle serait notre destinée. Ce qui nous fait peur, c’est l’homme, son incapacité à changer un ordre injuste dont il est seul responsable, la terreur qu’il fait régner. Prenons deux exemples, les terres rares et le nucléaire :

« Il n’y a rien à faire ! » dit-il. L’an dernier, il a de nouveau cédé les terres de la famille pour quatre ans : « Les patrons m’ont menacé de mort ! », précise-t-il. « Si je ne le fais pas, d’autres le feront, et la pollution sera la même ! » Alors il a pris l’argent empoisonné des terres rares.

C’est ainsi que se termine l’article du Monde*, sur une note désespérante. Les technologies de pointe ont besoin des terres rares, de leurs 17 métaux aux propriétés chimiques et électromagnétiques pour batteries, lasers… La civilisation minière appauvrit les sols, exploite les hommes et ne fait pas le bonheur. Mais le journaliste Brice Pedroletti ne s’est jamais posé la seul question qui vaille : a-t-on vraiment besoin des technologies de pointe ?

LeMonde préférera consacrer des pages et des pages au Japon face au séisme… Heureusement que la technologie de pointe nucléaire fait parler d’elle, au Japon** !

A-t-on vraiment besoin des technologies de pointe ? Le nucléaire civil est-il une solution d’avenir ?

* LeMonde du 11 mars 2011, la course aux terres rares ravage le sud-est de la Chine

** LeMonde du 12-13 mars 2011, Menace nucléaire au Japon

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la bioéthique contre les lois de la nature

Où s’arrêtent les lois de la Nature et où commence celle des humains ? Pour les humains contemporains, cela paraît évident. La nature leur est soumise et ils peuvent tout faire sans contrainte externe ; tout se joue dans les délibérations sociales. Ainsi la fécondation in vitro est-elle passée dans les mœurs. Ainsi l’Assemblée nationale autorise-t-elle le transfert d’embryon post-mortem*. Ainsi l’homosexualité doit-elle s’afficher sur le lieu de travail, 53 % des homos y faisant déjà part de leur orientation sexuelle*. La nature peut nous rendre stérile, les individualistes contemporains s’en foutent, ils veulent un enfant, même quand ils sont du même sexe, même quand le mari est mort. Qui en profite ? Les marchands. Qui gagne du fric sur le DPI (diagnostic préimplantatoire, pratiqué sur les embryons fécondés in vitro) ou avec le Cecos (Centre d’études et de conservation des oeufs et du sperme humains) ? Même quelques femmes et pas mal d’intermédiaires peuvent  transformer la gestation pour autrui en affaire financière**. L’argent gangrène tout et transforme le fait biologique de donner la vie en droit à l’enfant à n’importe quel prix.

                L’activisme humain perturbe toutes les lois de la nature, les cycles de l’eau, du carbone, du phosphore, et même celles de la naissance et de la mort. Donner la vie malgré sa stérilité n’est que l’aboutissement d’une civilisation techno-industrielle qui donne aux humains la possibilité d’échapper à l’équilibre naturel dynamique qui empêche une espèce de proliférer continuellement au détriment de son milieu. L’explosion démographique autorisée par nos techniques médicales, hygiénistes et thermo-fossiles est une erreur globale qui nous projette à toute vitesse vers les limites de la planète. La fécondation in vitro n’est qu’un gadget, un luxe de riches qui n’aura pas d’avenir dans une société égalitaire en harmonie avec sa biosphère.

                Il y a des techniques douces comme le préservatif ou le stérilet. Il y a des techniques dures comme le DPI et les mères porteuses. Nous devrions avoir la lucidité de pouvoir choisir les techniques qui nous mettent en conformité avec les lois de la nature.

* LeMonde du 12 février 2011, L’Assemblée nationale autorise le transfert d’embryon pot mortem ; 26 % des homosexuels se disent victimes d’homophobie au travail.

** LeMonde du 9 février 2011, La gestation pour autrui : une extension du domaine de l’aliénation !

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bio-fuel et bourrage de crâne

On nous trompe. Les médias font des effets d’annonce qui laissent encore croire à des lendemains qui chantent. Ainsi LeMonde * nous promet du biocarburant à base d’algues et à « un faible prix de revient du baril ». Le corps de l’article est beaucoup moins optimiste. La fabrication industrielle de BFS (Bio Fuel Systems) doit démarrer seulement courant février. Et plutôt que de pétrole, les responsables de BFS préfèrent parler de « dépollution » et de « valorisation du CO2 ». Y’a plus que des nuances ! Quatre cinquièmes de page pour une simple start up, il faut lire attentivement la notice sur les générations de biocarburant pour déchanter. La première génération, bioéthanol ou biodiesel, entre en concurrence avec les cultures vivrières et de plus ont un bilan environnemental mitigé. La deuxième génération ne sera pas sur le marché avant 2020, pour ainsi dire jamais. La troisième génération dont s’occupe BFS sort à peine des laboratoires et attend encore sa validation à l’échelle industrielle.

                Le journaliste Pierre le Hir ne sait pas encore que les biocarburants doivent être appelés agrocarburants car ils ne contribuent pas à la vie biologique mais dépendent d’un système agricole industrialisé qui détériore l’environnement. Pierre le Hir se vend au système commercial ; il vante la filière algues pour les trois raisons habituelles avancées par l’oligarchie techno-scientifique :

          Faisons vite avant que d’autres effectuent le saut technologique. Or la compétitivité internationale ne veut plus rien dire quand les Chinois deviennent au moins aussi performants que les anciens pays industrialisés dans tous les domaines.

          Protégeons nos équipes de recherche, influencées par des lobbies comme Adebiotech (valorisation des biotechnologies), une structure invisible sur Internet, mais influente auprès des journalistes. On sait jamais, nos chercheurs peuvent s’expatrier !

          Demain, tout sera pour le mieux demain dans le meilleur des mondes, projet Salinalgue, projet Safeoil…Et dans notre poche aujourd’hui que sautent les subventions !

* LeMonde du 29 janvier 2011, la révolution du « pétrole bleu »

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assistance au suicide et liberté humaine

Mourir est d’une banalité extrême. Non seulement il nous faut bien mourir un jour, mais l’espèce humaine s’ingénie à hâter notre trépas : victimes directes et collatérales des conflits armés, assassinats en tous genres, accidents du travail, de la route, domestiques, cancers causés par l’environnement que nous avons fabriqués, etc. Dans ce contexte de morts en série, l’art de la mort volontaire devrait tendre au consensus social, interruption volontaire de grossesse et assistance médicale au suicide. Mais si en France l’avortement est légalisé, le droit à l’euthanasie pose encore problème*.

                Le Premier ministre François Fillon n’est pas péremptoire : « Je sais que c’est un débat où aucune conviction n’est indigne (…) Il n’y a pas de débat interdit sur la fin de vie car c’est un débat de nature politique, au sens le plus noble du terme… », mais « à titre personnel, je suis hostile à la légalisation d’une aide active à mourir ». Nous n’insisterons pas sur les médecins qui veulent agrandir leurs unités de soins palliatifs et qui sont donc contre l’euthanasie active. Nous n’insisterons pas sur cet activisme médical qui refuse d’accepter l’échec d’une thérapie et qui consent pourtant à l’acharnement sur un mourant. En Allemagne et en Grande-Bretagne, dit la sociologue Ruth Horn, le patient peut réclamer l’assistance médicale au suicide, acte accompli par l’intéressé lui-même. En France on continue de pratiquer dans le silence des couloirs de la mort une euthanasie passive. Abréger ses souffrances doit-il relever du pouvoir des médecins ou de la libre volonté personnelle ? Nous considérons que mettre un terme à sa vie relève du choix de la personne.

Pratiquons les « directives anticipées », cette possibilité offerte à l’individu de donner des indications concernant ses préférences thérapeutiques lorsqu’il n’est plus en état de les exprimer. Obligatoire en Allemagne, contraignant en Angleterre, c’est seulement un avis consultatif en France. Halte au pouvoir des médecins sur notre vie ! Pour nous, toute euthanasie volontaire est un acte de liberté consciente qui responsabilise l’individu tout en allégeant le poids de l’empreinte humaine sur la biosphère.

* LeMonde du 25 janvier 2011, Nouvelle bataille sur la législation de l’euthanasie.

** LeMonde du 25 janvier 2011, légaliser l’aide active à mourir serait une erreur, estime le premier ministre.

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technologie, ça sent le gaz

Le gaz de schiste nous empêche de penser. Heureusement que LeMonde magazine* nous ouvre les yeux : « Nous sommes sauvés : voici le gaz de schiste… La France serait assise sur d’importantes réserves de ce gaz naturel en tout point semblable à celui que l’on connaît sauf qu’au lieu d’être concentré au sein de poches souterraines, celui-ci est disséminé dans ces argiles profonds et imperméables… La technologie de la fracturation hydraulique est la clef monstrueuse d’une révolution énergétique lourde de conséquences pour l’environnement. » Voici quelques réactions significatives des commentateurs sur lemonde.fr :

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          Toutes les énergies pseudo-nouvelles se veulent « propres », selon des critères spécifiques et opportunistes. Mais le gaz naturel, sous ses formes traditionnelles ou exotiques, n’est jamais qu’un hydrocarbure fossile, dont la combustion produit inévitablement du CO2.

          Ce mode d’extraction est une horreur. Recherchez « nappes d’eau contaminées au Canada » : des régions entière devenues inhabitables faute d’eau potable. La contamination se fait via la silice injectée, ou à cause d’une concentration importante en gaz dans l’eau. Tous ceux qui ont eu affaire à ces exploitations disent que malgré la forte somme d’argent reçue pour la permettre, ils ne le referaient pas.

          Aux USA les contaminations des nappes phréatiques sont nombreuses. Au Québec les études exploratoires ont démontré des défauts structuraux dans le calfeutrage des puits. Et voilà que par décret et sans débat ni évaluation le gouvernement donne des concessions d’exploration en France !

          Tiens donc, en France aussi ? Est passé sur TV5 un bon docu sur le gaz de schiste au Canada. Forages longs et coûteux, qui ratent, ou bien fracturation du schiste non maîtrisable, à 1000 mètres sous terre et en aveugle, le gaz passe dans la nappe phréatique. Expérience : remplir une bouteille de l’eau du robinet, allumer un briquet au dessus : ça brûle (le gaz sature l’eau).

          Ca ne coûterait pas moins cher de travailler sur les économies d’énergie? Améliorer l’isolation thermique ( et phonique par la même occasion) et la ventilation de nos bâtiments, travailler sur des appareils à la moindre consommation en énergie et en eau, chasser le gaspillage. Plutôt que de subventionner l’électricité comme cela se fait actuellement, subventionnons les réductions de consommation d’énergie !

          Économie d’énergie d’abord et surtout. Suppression de l’éclairage public inutile, autoroutes, monuments et publicités, ordinateur allumés, veille d’appareil en toute sorte (et surtout dans les entreprises) : rendons la clarté au ciel nocturne – http://www.anpcen.fr. Donc moratoire sur le gaz et pétrole de schiste.

          Bordel ! qu’est-ce qui tourne mal dans ce monde ? Ah oui, l’argent. Tout le monde peut crever tant que ça ramène de l’argent.

          On fait fausse route en s’en prenant à « l’argent » : beaucoup de trafics infâmes, drogue, prostitution, armes, n’existeraient pas s’il n’y avait pas de clients. Soyons raisonnables, faisons-nous mêmes le choix entre une terre habitable et certains éléments de confort personnel, et faisons passer ce choix dans la loi : interdisons universellement les gaz de schiste, et ni Total ni aucune mafia ne pourra nous convaincre d’en consommer.

          Il y a 50 ou 60 ans, on ne chauffait en Savoie qu’une seule pièce par maison. On dormait sous un empilement d’édredons dans une pièce non chauffée. A Paris les enfants se couchaient dans un lit glacé avec une bouillotte. On se chauffe trois fois plus et pendant le même temps, la population de la planète a triplé. Et s’il n’y avait que le chauffage !

          On en arrive à souhaiter que la crise pétrolière actuelle, dont la deuxième gifle ne devrait tarder à arriver, mette un terme à toutes ces porcheries. Et c’est d’ailleurs très probablement ce qui va se passer.

* LeMonde magazine du 22 janvier 2011

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fauchage d’OGM, illégal ou légitime ?

La cour d’appel de Colmar vient sérieusement d’alourdir la peine prononcée contre Pierre Azelvandre, un militant anti-OGM qui avait coupé 70 plants de vigne transgénique à l’INRA : un mois de prison avec sursis, 2 000 euros d’amende, et 50 015,77 euros de dommages-intérêts. Beaucoup d’opposants virulents à son action sur lemonde.fr, mais une parole de Stéphane Hessel qui porte à réfléchir :

          Les militants verts et violents …Ras le bol…

          Ah oui quand même, il est temps de sévir contre les illuminés !

          Quand un monomaniaque ou une secte millénariste détruit des années de travail, la perte est considérable pour les chercheurs.

          Excellente nouvelle. Espérons que ça fera réfléchir les autres barbares volontaires dont le seul argument consiste à saccager et détruire ce qu’ils n’aiment pas

          Détruire des plantations à seul but de recherche scientifique, déclarées, cloisonnées, c’est de la bêtise crasse, de l’homme-des-cavernisme rétrograde. Le militantisme écologique dans ce qu’il a de pire.

          La condamnation semble fort légère pour ce tenant de l’obscurantisme médiévale. En une décennie, Les écolos-marxistes ont ruiné les travaux des scientifiques français dans le domaine de l’agronomie

          Stéphane Hessel (93 ans) : « Il était légitime de vouloir faucher les OGM. Lorsque quelque chose de légal apparaît comme illégitime, on a toujours le droit de s’y opposer avec véhémence et efficacité. Mais il ne faut pas que ce soit un sentiment personnel, quelque chose qui déplaît. Il faut que cela réponde à des valeurs » (interview dans le Monde du 15 janvier à propos de son livre « Indignez-vous ! »)

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le portable, technique douce ou dure ?

Les techniques que nous utilisons devraient être douces à la nature, douce aux communautés humaines. Prenons l’exemple de la communication orale. Rien de plus simple, nous pouvons échanger directement, facilement. Mais notre société a tout compliqué. Le tout petit enfant mâchouille quelque chose au moment de la poussée des dents. Alors les usines mettent sur le marché des morceaux de caoutchouc reproduisant un portable, avec touches et tout. L’intoxication commence. Puis est venue pour l’enfant l’accumulation de jouets, à Noël et autres anniversaires : une montagne de jouets nécessitant presque tous des piles électriques. Pas étonnant qu’à 7-8 ans, l’enfant réclame déjà son téléphone personnel ! Mais ce n’est plus à l’autonomie que l’enfant accède, c’est à la soumission à une société thermo-industrielle. Car qui dit électricité dit prise électrique, énorme réseau de poteaux et de transformateurs, et tout au bout la centrale nucléaire. L’enfant dès le plus jeune âge apprend à devenir complice de ce système de production. Au lieu de jouer avec un simple ballon et d’aller dans la nature faire son propre apprentissage, on enferme les jeunes devant la télé et ses émissions pour tout-petits, on lui laissera bientôt prendre le téléphone à la place de ses parents, puis le portable sera l’aboutissement d’une rupture avec la nature, avec les adultes, et avec la relation directe à l’autre : les « facilités » du tout électrique l’emportent.

                Le paradoxe, c’est que cela peut même être dangereux pour la santé physique des enfants*. La ministre de l’écologie Chantal Jouanno prônait en novembre 2010 une interdiction du portable jusqu’à l’âge de douze ans et il est d’ailleurs banni des écoles. Les normes d’exposition aux ondes électromagnétiques avaient été fixées pour des adultes… on va seulement en février 2012 mettre en place la première étude épidémiologique mondiale concernant l’usage du mobile pour les enfants, Mobi-kids. Les enfants ont un crâne moins épais que les adultes, moins protecteur. Peut-être qu’on va découvrir que le portable provoque des tumeurs malignes, sachant que le délai de latence entre l’exposition et l’apparition d’un cancer est de 20 à 30 ans.

                En définitive, la technologie d’aujourd’hui est douce pour les marchands et dure pour enfants et adultes, même si on a développé l’illusion que le bonheur vient avec l’électricité.

* LeMonde du 11 janvier 2011, Ces ondes qui planent sur la tête de nos enfants.

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biotechnologies et respect du vivant

Nous ne respectons pas le vivant. La transgression des codes ADN est une abomination. Nous dépouillons un organisme vivant de ses gènes pour parvenir à un génome minimal nécessaire pour perpétuer la vie. Nous avons construit une bactérie au patrimoine génétique synthétisé. . La cellule vivante devient un châssis pour lequel on construit des lignes d’assemblage. Des logiciels sont déjà en développement pour identifier les commandes d’ADN susceptibles de conduire à la création d’agents pathogènes. Certains veulent même créer un monde artificiel séparé de celui où nous vivons. Or les transformations biogénétiques sont imprévisibles, non testées et mal comprises. On se demande parfois jusqu’où ne pas aller trop loin !

Nous ne respectons pas le vivant. L’élevage en batterie est une abomination. Nous commençons à en prendre conscience. Les poules pondeuses auront bientôt droit à un perchoir, une litière et au moins 750 cm2. Les députés européens réclament la mise en œuvre de cette décision. Ils devraient aussi s’occuper des biotechnologies…

* LeMonde du 18 décembre 2010, Vers des  vies moins ordinaires.

** LeMonde du 18 décembre 2010, Poules pondeuses (page planète)

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mediator, symptôme d’une société malade

Au risque de passer pour un dangereux extrémiste, je pense que la médecine occidentale n’est pas capable de produire autre chose que des scandales : cette médecine ne veut pas prendre en compte la dimension écologique. Le Mediator nous révèle une situation qui semble étonner les médias, pourtant d’autres médicaments avaient déjà manifesté leurs effets délétères : le Vioxx, le Distilbène, le Roaccutane, etc.

Il n’est pas possible de soigner durablement un malade si on ne comprend pas le désordre responsable de son affection comme une perturbation systémique. Dans un système, il est impossible d’agir à un niveau de la chaîne sans la perturber plus ou moins sérieusement en amont ou en aval. Plus les actions seront fortes et plus ces perturbations seront graves et dommageables. On a constaté que les médicaments pouvaient nous tuer et on espère que de tels objets puissent régler durablement des troubles qui ont mis quelquefois plusieurs mois ou années à se mettre en place. On sait, en écologie, que pour résorber un déséquilibre, il faut agir subtilement et que le rétablissement à un état d’origine ne se fait que lentement. Il faut agir bien en amont, non par des dépistages précoces qui font plus de mal que de bien, mais par des anticipations qui nous permettent d’éviter les ennuis sérieux. Malheureusement, la pensée initiale de notre médecine mais aussi de notre culture est de traiter les questions de façon technique et brutale sans comprendre en quoi nos comportements construisent les pathologies qui nous affectent.

Différents toxiques sont présents dans notre environnement, l’air et l’eau et donc nos aliments. Ce sont tous les produits de combustion, les rejets industriels, les éléments de contact comme les emballages et les contenants et surtout les pesticides et les engrais agricoles. Il faut rappeler que pesticides et médicaments relèvent de la même démarche scientifique, utilisent les mêmes laboratoires, les mêmes technologies, les mêmes financements et sont produits par les mêmes entreprises. Ce sont des produits qui s’opposent à la vie, qu’ils soient antibiotiques ou insecticides, que les hormones soient utilisées pour corriger le cycle normal de la vie ou raccourcir les tiges des blés. Les médicaments ont même rejoint les autres toxiques dans le cortège des polluants aquatiques. Jusqu’à une période récente, on a pu l’ignorer mais ce sont maintenant des tonnes de médicaments qui sont charriées dans l’eau de nos rivières, ce que de nombreuses études récentes est venu confirmer.

C’est pourquoi finalement, cette affaire du Mediator n’a aucun intérêt si ce n’est pour avoir enfin une réflexion élargie sur notre façon de nous soigner… (Christian Portal)

http://www.medecine-ecologique.info/?Le-Mediator-R-une-affaire

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avec Cantona, se réapproprier l’argent

Pierre-Antoine Delhommais* a tort. Ce n’est pas parce que Cantona est un pur produit du système que ce qu’il prescrit n’a pas de sens ! Delhommais critique Eric Cantona pour ce discours : « Pour parler de la révolution, on va pas prendre les armes, on va pas aller tuer des gens. Il y a une chose très simple à faire. Le système tourne autour des banques, il est bâti sur le pouvoir des banques. Donc il peut être détruit par les banques. Au lieu d’aller dans les rues, tu vas à la banque de ton village, tu retires ton argent, le système s’écroule. Pas d’arme, pas de sang… » Agir brutalement n’est jamais bon, mais ne plus laisser son argent dans les banques affairistes est réaliste.

Notre argent n’est pas en sécurité dans les banques. Depuis la démonétisation de l’or, l’argent n’est qu’une valeur fiduciaire, c’est-à-dire que cet instrument de paiement repose sur la confiance que les gens lui donnent. Un billet de banque n’est qu’un bout de papier, un chèque ne correspond qu’à une ligne de compte, une carte bancaire n’est utile que si le réseau électrique ne tombe pas en panne. La dématérialisation progressive de la monnaie, son passage de l’or à la monnaie électronique est une vraie menace. Non seulement on ne perçoit plus à quoi correspond nos fonds, mais la pyramide de crédit que traficote nos banques peut s’écrouler du jour au lendemain (cf. crise des subprimes).

De plus les banques font « travailler » notre argent. C’est à dire qu’elles le placent dans des activités économiques ou financières dont nous ne sommes plus maître. Les banques financent des activités diverses qui sont plus ou moins émettrices de carbone. LeMonde** titrait il n’y a pas longtemps : « Diminuez l’empreinte carbone de votre épargne » ! Il est donc préférable de dépenser son argent immédiatement, soutenir une AMAP, financer un chauffe-eau solaire sur son toit, et donner son surplus financier à Greenpeace ou une autre association écolo. Les gens doivent se réapproprier leur argent.

« Se réapproprier l’argent » est le dixième point rajouté par Serge Latouche*** à son programme politique. Dans la transition vers une civilisation de l’après-pétrole, il convient d’encadrer l’activité des banques et de la finance, en finir avec la titrisation des crédits ou l’excès des effets de levier. Les flux monétaires devraient rester le plus possible là où ils ont été engendrés tandis que les décisions économiques devraient être prises à l’échelon local. Le développement des monnaies alternatives, locales ou biorégionales, selon des formules diverses, participe de cet objectif et constitue un puissant levier pour relocaliser. Le palmas brésilien, le chiemgauer allemand ou l’abeille française encouragent l’achat local et interdisent la spéculation****. Même le patron de Goldman Sachs aurait le droit (le devoir ?) de se lancer dans une croisade en faveur de banques relocalisées.

* LeMonde du 5 décembre 2010, d’Eric the King à Eric le Rouge

** LeMonde, supplément économie du 23 novembre 2010

*** Le pari de la décroissance, préface de juin 2010

**** LeMonde magazine, les frappés de la monnaie locale (4 décembre 2010)

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toxicos de l’auto

Il n’est pas étonnant qu’Hervé Kempf consacre une chronique aux « autoxicomanes »*. Hervé Kempf est un des rares journalistes en France qui sache que le pic pétrolier est digne de considération, pas le Mondial de l’automobile. Ce qui est le plus étonnant, c’est que ce soit un journaliste du Monde qui l’écrive et qui en profite pour étriller le média qui le nourrit : «  Les médias ont laissé tout sens critique au garage, ils se sont transformés en démarcheurs publicitaires (…) Comme on ne peut pas penser que la publicité puisse avoir un quelconque effet sur le sens critique des médias, il faut croire que ceux-ci sont autoxicomanes, drogués à l’auto. »

                Nous en tirons la conclusion que les rédacteurs du Monde savent pertinemment qu’il faudrait consacrer plus de pages au pic pétrolier qu’au Mondial de l’automobile. Mais ils sont encore soumis aux recettes publicitaires provenant de l’industrie automobile, laissant à Hervé Kempf sa petite rubrique iconoclaste pour éclairer l’avenir : un jour les autoroutes auront le même destin que les pyramides d’Egypte, ne servir à rien. L’évolution des mentalités, le sevrage des toxicos de l’empire mécanique, passera par l’évolution des médias avant même de passer par le changement politique.

LeMonde du 6 octobre, Autoxicomanes.

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