simplicité volontaire

BIOSPHERE-INFO, un nouveau monde en marche

mensuel avril 2017

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Normalement il y a un va-et-vient entre les décisions étatiques et les comportements individuels, surtout dans un contexte d’impératif écologique où il faut envisager collectivement des modifications de nos façons de nous nourrir, de nous déplacer, de travailler, etc. Les candidats de la présidentielle 2017 ne font qu’effleurer un tel projet de société. Par contre le film « Demain » de Cyril Dion et Mélanie Laurent démontre que l’action individuelle venant de la base est partout présente. Voici quelques extraits du livre tiré du film, « Demain, un nouveau monde en marche (partout dans le monde des solutions existent) » (Domaine du possible 2015, 360 pages pour 22 euros).

1/5) La fin de la planète en 2100 ? Des solutions existent !

Cyril Dion : « Juillet 2012, je remarque un article du MONDE, « La fin de la planète en 2100 ? ». Je comprends que ce post d’Audrey Garric évoque une possible disparition d’une partie des êtres vivants d’ici quelques décennies. J’ai du mal à y croire. L’information provient pourtant d’une étude publiée dans la revue Nature par 22 scientifiques du monde entier. Nous sommes à la veille d’un point de bascule, où la dégradation en chaîne des écosystèmes pourrait profondément modifier les équilibres biologiques et climatiques de la planète. Ce changement se produirait de façon si brutale qu’il ne permettrait pas aux espèces vivantes de s’y adapter. Pendant plusieurs heures, je suis sur le choc.

Puis je raconte ma perception. Personne ne réagit comme je m’y attendais : « On sait bien que c’est la catastrophe… Qu’est-ce que tu veux qu’on en fasse ? » Une part de moi est atterrée. Mais dans le fond, que voulez-vous faire d’une nouvelle pareille ? Cette information ne change rien de spécial à notre quotidien, alors que nous parlons d’une série d’événements dont l’impact sera au moins aussi grave qu’une guerre mondiale. Le journal télévisé n’aborde qu’une poignée de faits divers et quelques guéguerres entre politiciens. Rien de véritablement important. Les gouvernements continuaient à réfléchir à court terme, régulièrement orientés dans leurs choix par les poids lourds du monde économique et financier, et par l’obsession d’être réélus. La majorité des citoyens continuaient à faire tourner la machine consumériste, enferrés dans leur quotidien et leurs tracasseries administratives. Et pendant ce temps, la moitié des populations d’espèces sauvages disparaissaient, la température du globe continuait à augmenter, les monceaux de déchets s’accumulaient, 1 milliard de personnes n’avaient pas de quoi se nourrir tandis que près de 1,5 milliard souffraient d’obésité. Que fallait-il faire pour que nous réagissions ?

Une part de nous croit que les actions individuelles ne servent à rien. Et personne n’a envie de faire des efforts pour rien. Peut-être avions-nous besoin de construire du sens, de l’enthousiasme, des histoires, qui parlent aussi bien à nos intelligences qu’à nos cœurs. Ce que nous avons appelé le « rêve du progrès » est une fiction qui, par sa capacité à faire fantasmer, a incité à la mettre en œuvre. Une voie plus écologique ne peut s’engager sans les bases d’une nouvelle fiction. En février 2013, l’actrice Mélanie Laurent a accepté de réaliser un film avec moi. Un financement participatif a permis de lever 450 000 euros. Nous avons pu voyage dans dix pays, rencontrer près de cinquante scientifiques, activistes, entrepreneurs, élus, qui posent les base d’un monde nouveau. Ce livre et le film DEMAIN en sont les témoignages. » (résumé du texte introductif de « DEMAIN, un nouveau monde en marche) »

2/5) Transformons notre ville en jardin potager

Le livre « Demain » nous donne des recettes pour mettre en œuvre le monde à venir. Ainsi de l’expérience des Incroyables comestibles (Incredible Edible) à Todmorden, 14 000 habitants, qui démarre en 2008. En résumé :

Il n’est plus possible d’attendre, le cul sur une chaise ou bavassant de colloque en colloque. L’idée ? Encourager les habitants à planter des fruits et des légumes partout dans la ville, à s’en occuper ensemble et à partager les récoltes, gratuitement. Car la nourriture, c’est une des rares choses à propos de laquelle vous pouvez avoir une conversation avec un parfait étranger. Le second pilier des Incroyables comestibles, c’est de ne pas attendre l’autorisation de qui que ce soit pour commencer à agir. Dans la politique, il y a des rapports, des comités, des votes, qui déclenchent de nouveaux rapports… c’est du baratin ! Si on se soucie de nos enfants, il ne faut plus attendre que d’autres fassent les choses à notre place. La stratégie est de faire des jardins de propagande qui suscitent les conversations, de coloniser la ville, de faire des routes potagères. Pour commencer, Mary Clear et une équipe de bénévoles abattent le mur de son propre jardin, arrachent les rosiers, y plantent du chou frisé, de la menthe, des baies, des salades… et la pancarte « Nourriture à partager ». Par la suite les habitants de Todmorden plantent un peu partout, cours d’école, jardins de la mairie, devant la gare, l’hôpital, le commissariat et même à l’agence pour l’emploi. En sept ans, plus de 1000 fruitiers sont disséminés aux quatre coins de la commune. On instaure une Incredible Farm sur un terrain marécageux, on forme à la permaculture des centaines de personnes…

Le type d’agriculture que nous avons aujourd’hui, c’est un minimum de personnes pour un maximum de machines. Ici on veut le contraire, plus de fermes, plus d’emploi. Ce que les exploitations industrielles font parfaitement, c’est produire de l’argent, Mais ce n’est pas d’argent dont nous aurons besoin dans le futur, ce n’est pas l’argent qui nous permettra de survivre, c’est la nourriture. Il faut savoir cultiver la terre, Incredible Farm produit maintenant l’équivalent de 14 tonnes de nourriture à l’hectare. Passé le premier moment de surprise, les autorités locales répertorient dans le comté de Calderdale (200 000 habitants) tous les terrains vacants et inconstructibles ; désormais chaque habitant souhaitant cultiver une parcelle n’a qu’a en prendre une photo, déposer sa demande et payer un montant symbolique pour obtenir le droit de l’exploiter. Une organisation, Locality, travaille à promouvoir ce programme à travers le pays. Plus de 80 villes ont emboîté le pas de Todmorden en Grande Bretagne ; en France, des initiatives sont lancées dans plus de 400 villes et villages ; l’initiative se répand dans le monde entier… En 1943 pendant la guerre, les Victory Gardens cultivés par plus de 20 millions d’Américains, produisaient 30 à 40 % des légumes du pays.

3/5) NégaWatt, rencontre avec Thierry Salomon

Les énergies fossiles posent quatre problèmes. Évidemment les problèmes de pollution et de dérèglement du climat. Ensuite celui de la finitude des ressources, qui va conduire les prix à augmenter. Troisièmement elles créent des tensions géopolitiques, leur appropriation est un enjeu majeur. Enfin la fausse abondance de ces énergies crée un effet d’éviction des énergies renouvelables. Elles sont concentrées, efficaces, faciles à utiliser, nous les avons sous la main et elles enrichissent une classe dominante.

Pourtant nous pourrions totalement nous en passer à condition de travailler assidûment à réduire nos consommations d’énergie. C’est le sens du mot négaWatt, l’énergie que nous sommes susceptibles de ne pas consommer. Est-il bien raisonnable de circuler en ville avec une voiture de 1300-1500 kilos pour transporter un bonhomme qui en pèse 70 ? Un calcul a montré que 2 réacteurs nucléaires en France servaient uniquement pour les appareils en veille.

Nous devons réfléchir en termes de besoins, les classer selon une grille qui va de l’indispensable au nuisible, en passant par le nécessaire, le superflu… Et cette grille doit faire l’objet d’une législation. Ai-je vraiment besoin de me déplacer ? Quels sont les déplacements de loisirs et les déplacement contraints ? Ce qu’il faut, c’est intégrer dans l’ensemble de nos actes les externalités négatives, les conséquences néfastes de nos consommations d’énergie. Et nous avons besoin d’une régulation mondiale sur ces questions. La problématique du temps est importante, c’est une réorientation pour les trente-cinq ans à venir.

4/5) Faisons de l’économie véritable, c’est-à-dire économisons

Cyril Dion : « L’économie est devenue la discipline la plus invoquée pour justifier les prises décision politiques ou entrepreneuriales. Comme si elle primait sur toutes les autres. Or, curieusement, personne ne s’y connaît vraiment en économie. Demandez à n’importe qui (hormis si c’est son métier) de vous parler de la balance commerciale, du mécanisme de création monétaire, des ressorts de la croissance, vous risquez au mieux de déclencher une migraine, et au pire d’avoir une conversation sur la météo, le cinéma ou le sport. Malheureusement aucun de ces sujets n’influence la trajectoire du monde des humains comme l’économie peut le faire. »

Pierre Rabhi : «  Étymologiquement, l’économie n’a rien à voir avec ce système dissipateur. Oïkos nomos, c’est l’art de bien administrer une maison. Le gaspillage est antinomique avec l’économie. Si je gaspille, je n’économise pas. Quand on voit qu’une bonne partie de la créativité des pays riches est mobilisée pour créer des déchets, je ne peux pas imaginer qu’on puisse appeler cela de l’économie. »

5/5) La synthèse de Cyril Dion : « Être plutôt qu’avoir »

Un changement de civilisation est complexe et demande la participation de tous, individus et institutions diverses. Voici ce qu’en dit Cyril Dion :

« Il y aurait de quoi se demander si mettre des enfants au monde dans le contexte actuel était bien raisonnable… Car la plupart d’entre nous le savent désormais, la situation ne va pas s’améliorer. Du moins pas toute seule. Nous sommes confrontés à deux enjeux majeurs : l’un concerne l’augmentation intenable des inégalités ; l’autre, la disparition des ressources naturelles et des espèces vivantes à une vitesse étourdissante, qui ne leur permet plus de se renouveler. Ce sont d’ailleurs ces deux facteurs qui, lorsqu’ils se combinent, précipitent la chute des civilisations. De nombreuses études pointent désormais le risque d’un effondrement écologique sans précédent, susceptible de déclencher conflits, migrations de masse, ruptures alimentaires, cracks économique et financier… Et il pourrait intervenir dans les vingt à trente ans. Une grande part d’entre nous attend patiemment que quelqu’un résolve le problème à notre place . Mais un système aussi global et complexe que le nôtre ne pourra pas changer de cette façon. Nous devrions être mobilisés, unis, comme à l’aube d’une guerre mondiale.

D’abord en mettant en œuvre dans notre propre vie tout ce qui est en notre pouvoir pour inverser la tendance : manger bio, local et moins de produits animaux, économiser l’énergie, acheter tout ce qui peut être fabriqué localement à des entrepreneurs locaux et indépendants, systématiquement recycler, réutiliser, réparer, composter… Mais la société ne changera pas simplement en additionnant des gestes individuels. Il est également nécessaire de transformer nos entreprises, nos métiers, pour qu’ils contribuent à résoudre ces problèmes. C’est l’économie symbiotique (l’économie circulaire, l’économie du partage, le biomimétisme…). Enfin, des mesures politiques devraient être prises. D’abord en termes de fiscalité et de régulation : taxer le carbone pour accélérer la transition énergétique, alléger la fiscalité du travail, réorienter les subventions agricoles pour stimuler une agriculture vivrière et locale, transformer le mécanisme de création monétaire pour progressivement se libérer de la dette.

(LE MONDE du 16 août 2016, Cyril Dion : « Être plutôt qu’avoir »)

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Association L214, les croisés de la cause animale

Sébastien Arsac a souvent raconté comment, petit-fils d’éleveur et de boucher, un viandard impénitent qui cachait des saucissons sous son oreiller, il a renoncé un jour de 1993 à la viande. Le Lama blanc, bande dessinée d’Alejandro Jodorowsky qu’il lisait en mâchant un morceau de lard, lui fit prendre conscience que des peuples ne mangent pas de chair animale. Sébastien Arsac et Brigitte Gothière ont étoffé leur réflexion théorique en fréquentant à Lyon les fondateurs des Cahiers antispécistes, pionniers de la cause végane en France. L’antispécisme est aux animaux ce que l’antiracisme est aux hommes ; cette conception affirme que l’espèce humaine ne saurait discriminer, exploiter voire tuer un autre être vivant qui éprouve douleurs, plaisirs et émotions. Le couple dirige l’association L214, célèbre pour ses vidéos sur les violences infligées aux bêtes d’élevage. Ils ont imposé le débat sur la condition animale à des politiques qui avaient jusque-là d’autres chats à fouetter.

En 2008, Arsac et Gothière ont baptisé leur association en s’inspirant du film de Bertrand Tavernier L627, « un titre qui claquait bien ». Le cinéaste faisait référence à l’article du code de la santé publique qui prohibe les stupéfiants. Le nom L214 renvoit à celui du code rural  : « Tout animal étant un être sensible doit être placé par son propriétaire dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce. » Ce qui n’est pas vraiment le cas dans les batteries industrielles ou les abattoirs. Avec deux millions d’euros de dons reçus cette année et plus de 24 000 adhérents, l’organisation compte désormais vingt-trois salariés, qui touchent tous le même salaire, patrons compris.Outre le site de L214, l’association anime les sites Politique & animaux, qui propose des dossiers et note le personnel politique ; Viande. info, qui dit tout le mal que causent l’élevage et la pêche sur l’environnement et la santé ; Vegan Pratique, qui donne conseils et recettes afin de se passer de tout produit d’origine animale ; VegOresto, qui recense les tables françaises réservées aux légumes. L214 organise aussi des « Vegan places » dans les villes pour sensibiliser les passants et mène des campagnes d’affichage dans le métro parisien, quand la RATP ne les censure pas. Les militants pratiquent ce que les Anglo-Saxons appellent Name and Shame (« nommer et faire honte ») : ils donnent le nom des entreprises accusées de maltraitance, mais aussi celui de leurs clients, grandes surfaces comme chefs étoilés. Le succès de L214 s’explique en partie par ce message qui désigne les coupables. Les vidéos de L214 sont un catalogue de l’horreur. Ainsi, Palme d’or du sordide, celle tournée à Limoges, dans le plus grand abattoir public de l’Hexagone.

Brigitte Gothière et Sébastien Arsac constituent un étrange mélange de convictions véganes radicales (refus de la consommation de tout produit animal), de méthodes militantes très directes (images volées souvent gore, dénonciations, manifestations), mais aussi de modestie et de tolérance pour ceux qui ne partagent pas leur vision du monde. Mais pour ce couple, la question est tranchée : « Toute forme d’élevage engendre de la souffrance chez l’animal » et L214 lutte pour une abolition pure et simple.

source : LE MONDE du 24 février 2017, Les coulisses de l’association L214

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Quelques citations pour accélérer la réflexion (1/3)

Apprenez à évaluer vos besoins réels.

Essayez le vélo.

Voyager en pensée économise du pétrole.

N’oubliez pas : une heure de marche par jour.

Prévoyez un logement plus petit, c’est moins difficile à chauffer.

Faites moins d’heures supplémentaires et apprenez à faire la cuisine.

C’est votre semaine végétarienne, votre foie et vos reins vous diront merci.

Arrêtez de manger avant d’être rassasié. Vous serez plus vite en forme.

Les clops, c’est 6 à 8 € par jour, soit 2190 à 2920€ par an.

La technologie est à utiliser avec modération, comme l’alcool.

Cette semaine, ne prenez ni ascenseur, ni escalator.

Qui sème le béton aura bientôt la dalle.

Allez les vers ! Optez pour la crémation si le slogan ne vous plaît pas.

Vous êtes « Travail, Famille, Patrie » ? Consultez un horoscope de 1943.

« Ce n’est pas un signe de bonne santé que d’être bien intégré dans une société profondément malade. » (Krishnamurti)

Schopenhauer :« Toute vérité franchit trois étapes. D’abord elle est ridiculisée. Ensuite, elle subit une forte opposition. Puis, elle est considérée comme ayant toujours été une évidence. » Il en est de même du comportement écologique.

Si vous ne changez pas en vous-même, ne demandez pas que le monde change.

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La menue monnaie interdite par le tout électronique

En Suède, pièces et billets en voie de disparition ? Sur la porte d‘un bar de Malmö : « Nous ne prenons que les cartes de paiement. » Sur son comptoir, un petit carton plastifié : « Ceci est un restaurant sans liquide. » Première à introduire les billets de banque en 1661, la Suède pourrait bientôt devenir le premier pays au monde à se passer d’argent liquide. L’application mobile Swish permet déjà aux particuliers d’effectuer des virements d’un compte à l’autre, en temps réel et gratuitement, en utilisant uniquement le numéro de téléphone portable du destinataire*.

Le travail au noir et le crime organisé prospèrent sans doute avec l’usage du liquide, mais il y aura toujours moyen de rentrer dans l’illégalité. Le commerce de proximité nécessite pièces et billets. Pro, la principale association de retraités en Suède, exige le droit de payer en espèces. L’association a également remporté une bataille juridique contre un conseil régional du centre de la Suède, qui avait décidé d’interdire les paiements en liquide dans les centres de soins du comté. Un système de paiement exclusivement numérique fait peser des risques sur la sécurité du royaume, piratage bien sûr, mais supposons qu’il y ait une grosse coupure de courant suite à une catastrophe naturelle, plus aucun échange économique n’est possible. Les quelques tonnes de CO2 nécessaires pour les transferts de fond restent à comparer avec les émissions des innombrables data center indispensables pour gérer des milliards de paiement de quelques euros seulement. Il faut garder sa liberté d’acheter sa baguette de pain avec quelques pièces sans pouvoir être tracé par le flicage informatisé. Une frange de la population suédoise ne se sent pas prête à passer au tout-numérique.

En France, la télévision analogique a été remplacé par le numérique, le téléphone fixe a été démodé par le téléphone portable, la carte bancaire a détrôné le chèque… Ainsi va notre vie quotidienne où l’électronique se veut reine. Maintenant les banques veulent organiser la disparition du chèque, difficile de payer par monnaie scripturale dans un restaurant ! Cette dépendance organisée envers le tout-électronique nous prépare des lendemains qui déchantent car elle supprime toute possibilité d’indépendance à l’égard des centrales nucléaires, de l’importation d’énergies fossiles et de la méga-machine technicisée. Les achats de proximité en liquide sont une réaction à cette démesure de la création monétaire, la dématérialisation de la monnaie accompagne le fait d’exploiter plus que ce que la planète peut nous fournir durablement. Il faut une relocalisation de l’activité, évolution favorisée par une monnaie locale ou un système d’échange local (SEL). En effet la relocalisation de la monnaie liée à la relocalisation des échanges permet d’aller vers l’autonomie énergétique et alimentaire de communautés de résilience, seules organisations à même de nous permettre d’affronter durablement les chocs énergétiques et climatique à venir.

* LE MONDE éco&entreprises du 18 février 2017, En Suède, les espèces en voie de disparition

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Nous sommes tous par définition des écologistes

Que répondre à des amis qui te disent : « J’espère que tu es venu nous voir en vélo ? » D’abord il ne faut pas se culpabiliser d’avoir pris sa petite voiture pour faire une assez longue distance. C’est à chaque fois un choix à arbitrer. Aller voir ses amis même quand ça nécessite un déplacement avec émissions de gaz à effet de serre ? Ne pas aller les voir, leur téléphoner de temps en temps, puis finalement les perdre de vue ? Entre Charybde et Scylla, le positionnement dépend de chacun de nous, la vie est un arbitrage permanent entre l’utile et le nécessaire, ce qu’on croit utile et ce qu’on croit nécessaire. Mais l’essentiel, c’est de ne pas en rester à l’auto-justification. Il faut renvoyer la question à son interlocuteur : « Et toi, ami, que fais-tu pour l’écologie ? »

On ne naît pas écolo, on le devient. L’équivalent de cette expression apparaît dans le texte qui accompagnait la création d’EELV (Europe Ecologie Les Verts) le 13 novembre 2010 : « Il appartient aux écologistes de montrer, y compris par leur attitude, qu’ils ne sont ni des pères fouettards ni des donneurs de leçons. Et que la vie, avec l’écologie comme colonne vertébrale, n’est pas une addition de frustrations. En cela, les écologistes ne renonceront jamais à convaincre que, si l’on ne naît pas écologiste, on peut le devenir. [Manifeste pour une société écologique] » L’origine de cette expression remonte à la phrase de la féministe Simone de Beauvoir « on ne naît pas femme, on le devient ». En effet, il n’y a pas de prédisposition génétique à avoir un statut de femme ou d’homme. C’est la société qui conditionne notre comportement. De même on ne naît pas de droite ou de gauche, on ne naît pas religieux ou athée, on ne naît pas écologiste. Tout cela résulte d’une socialisation et d’un contexte social. Ce sont des choix de vie qui nous sont apportés de l’extérieur et que nous devrions être capable de formuler de façon personnelle. Pour cela il nous faut apprendre, comprendre, réfléchir et argumenter pour évoluer…

Mais dans les faits nous sommes tous des écolos par définition. Nous sommes des êtres vivants concernés par la sauvegarde du milieu en dehors duquel aucune poursuite de la vie n’est envisageable. On peut être chrétien ou musulman, français ou étranger, marxiste ou non. On ne peut pas ne pas être écologiste, parce que nous sommes tous usagers de la maison Terre, notre maison. Nous devons tous respirer. « Respirer nous relie à l’univers. Nous partageons le même air avec l’ensemble de l’humanité. Ce médium invisible nous relie au reste du monde chaque fois que nous respirons. Nous partageons l’air avec les animaux, les oiseaux, les plantes, le monde entier en somme. N’est-ce par merveilleux de penser que nous sommes tous liés les uns aux autres par notre respiration ? L’air ne connaît nulle barrière, nulle frontière, nulle distinction ou séparation. En te concentrant sur ta respiration, tu sentiras se dissoudre en toi ce qui te sépare et t’isole de l’univers (Satish Kumar, Tu es donc je suis (une déclaration de dépendance). » Nous sommes tous complètement dépendants de cette planète. Il n’y a pas de reproches à faire à une personne qui ne se croit pas écolo, qui se veut « plus à gauche » ou à droite, plus marié que militant, plus carnivore que bio. Nous sommes des écologiste à l’état imparfait, incomplet, en devenir. Nous sommes tous à des étapes différentes sur le chemin qui mène vers un comportement à 100 % écologique. Le principal c’est de suivre la voie, chacun à son rythme, sachant qu’il nous faut accélérer car la planète ne négocie pas…

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Faisons de l’économie véritable, c’est-à-dire économisons

Cyril Dion : « L’économie est devenue la discipline la plus invoquée pour justifier les prises décision politiques ou entrepreneuriales. Comme si elle primait sur toutes les autres. Or, curieusement, personne ne s’y connaît vraiment en économie. Demandez à n’importe qui (hormis si c’est son métier) de vous parler de la balance commerciale, du mécanisme de création monétaire, des ressorts de la croissance, vous risquez au mieux de déclencher une migraine, et au pire d’avoir une conversation sur la météo, le cinéma ou le sport. Malheureusement aucun de ces sujets n’influence la trajectoire du monde des humains comme l’économie peut le faire. »

Pierre Rabhi : « Je pense que nous avons confondu nos aptitudes, qui sont énormes, avec l’intelligence. Si des extraterrestres nous étudient, ils ne doivent rien comprendre : Comment se fait-il qu’ils sachent tant de choses et qu’ils soient si abrutis ? Pourquoi ont-ils faits de cette planète merveilleuse un champ de bataille, d’égorgement et de destructions ? La différence entre le comportement animal et le comportement humain, c’est que le lion ne saute sur l’antilope que s’il a faim, il ne le fait pas pour la détruire, ni pour l’engranger et la vendre aux copains. La prédation prend une ampleur telle que non seulement elle détruit la nature, mais elle produit également des inégalités considérables. Étymologiquement, l’économie n’a rien à voir avec ce système dissipateur. Oïkos nomos, c’est l’art de bien administrer une maison. Le gaspillage est antinomique avec l’économie. Si je gaspille, je n’économise pas. Quand on voit qu’une bonne partie de la créativité des pays riches est mobilisée pour créer des déchets, je ne peux pas imaginer qu’on puisse appeler cela de l’économie.

Nous sommes aliénés. L’itinéraire d’un être humain dans la modernité, c’est être de la maternelle à l’université enfermé dans des bahuts, avec l’espoir de travailler plus tard dans une boîte, grande ou petite, de gagner de l’argent pour pouvoir se changer les idées en dansant dans une autre boîte, d’y aller enfermé dans sa caisse, avant d’échouer dans la boîte où on met les vieux, et de finir dans la dernière boîte que je vous laisse deviner. Si cet itinéraire là est libérateur, alors je n’ai rien compris à la liberté. Si nous sommes nombreux à entrer en dissidence, nous pouvons alors orienter la société vers un objectif plus positif. »

Extraits de Demain, un nouveau monde en marche (partout dans le monde des solutions existent)

Domaine du possible 2015, 360 pages pour 22 euros (d’après le film de Cyril Dion et Mélanie Laurent)

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éco-conduite, des astuces pour économiser la planète

Le mariage « sécurité routière et écologie » peut sembler curieux. Cependant, lorsque l’on en peut faire autrement que prendre son véhicule, la conduite apaisée est un atout.

– Vérifier la pression des pneumatiques ; une pression inférieure de 25 % à ce qu’elle devrait être entraîne une surconsommation de 2 %.

– Faire tourner le moteur au ralenti avant de partir est inutile, rouler doucement pendant les 5 premiers kilomètres suffit.

– Ne pas conduire de façon « sportive » car l’adoption d’une conduite souple peut générer jusqu’à 40 % d’économies de carburant.

– Passer la vitesse supérieure à bas régime, car ce comportement entraîne moins de bruit et de rejet de gaz à effet de serre.

– Utiliser de façon systématique le rapport de vitesse le plus élevé et maintenir une vitesse constate.

– Se débarrasser des barres de toit qui entraînent un surplus de consommation de 1 à 3 litres aux 100 km.

– Anticiper, moins on freine, moins on use les plaquettes et moins il y a de rejets de particules.

– Au delà de 15 à 20 secondes d’arrêt momentané, ne pas hésiter à couper le moteur.

– Éviter utilisation de la climatisation qui entraîne une surconsommation de carburant de 25 à 30 % en ville et représente à elle seule 10 à 20 % des rejets de GES.

– Respecter scrupuleusement les limitations de vitesse…

Bonne route !

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B.Hamon et Y.Jadot, pour quel revenu d’existence ?

Le présidentiable PS Benoît Hamon souhaiterait instaurer un revenu de base pouvant atteindre à terme 750 euros par personne. « Pour le candidat Hamon, l’affaire est entendue : la révolution numérique et les bouleversements technologiques à venir vont raréfier le travail, à mesure que les tâches s’automatisent et que les formes d’emploi évoluent. Une situation aggravée, selon lui, par une croissance de plus en plus molle dont il serait illusoire de penser qu’elle retrouverait ses niveaux d’avant-crise. La question du coût du financement du revenu universel pour les finances publiques a été balayée d’un revers de la main par M. Hamon. Utilisant un argument qu’il a maintes fois rodé, il a rappelé que la Sécurité sociale apparaissait, elle aussi, impossible à financer lors de sa création.(LE MONDE du 14 janvier 2017, Primaire à gauche : le revenu universel crée un nouveau clivage) »

Cette position politique nous semble non fondée. La révolution numérique n’est qu’une parenthèse historique, elle repose sur une illusion technologique qui veut faire croire à des avantages nets. Mais quand la banque et bien d’autre secteurs d’activité perdent des emplois à cause de l’informatisation, quand un garagiste ne peut plus réparer une voiture vu l’imbrication du numérique et des pièces détachées, cela veut dire qu’une société fait fausse route. L’écologie, c’est-à-dire économiser les ressources de la planète, nécessite que le travail physique des humains doit l’emporter sur la multiplication d’esclaves énergétiques, cela veut dire que la simplicité des procédures doit permettre réparation et recyclage. Quant au financement, on ne peut pas comparer la mise en place de la sécurité sociale après 1945, dans un contexte de reconstruction qui a débouché sur les « Trente Glorieuses », avec des taux de croissance du PIB de 5 % en moyenne et un baril de pétrole à un coût anormalement bas, et le contexte actuel en 2017. Nous sommes endettés au niveau financier autant qu’écologique et nous connaîtront bientôt une raréfaction des ressources fossiles. Il est d’ailleurs paradoxal de prévoir comme le fait B.Hamon la fin de la croissance et ne pas se soucier réellement du financement d’un revenu universel.

Autant la proposition de certains écologistes décroissants en faveur d’un revenu inconditionnel (sans aucune contre-partie) es contestable, autant la formulation du programme de l’écologiste Yannick Jadot pour la présidentielle est satisfaisant : « Assurer à tou-te-s un revenu d’existence.→ Expérimenter un revenu de base dont les conditions seront définies lors d’une conférence de consensus suivie d’un débat national. Cette question n’est pas celle des minima sociaux, il faut changer la place du travail et reconnaître l’utilité sociale de chacune et de chacun. (mesure n° 20) » L’excellente procédure d’une conférence de consensus est un gage de réalisme et de démocratie éclairée. L’utilité sociale de chacun est aussi une bonne approche, on ne peut obtenir un avantage sans contre-partie, un droit est toujours rattaché à des devoirs.

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Comment préparer des fêtes de Noël écolos ?

À Noël, nos habitudes éco-citoyennes sont mises à rude épreuve. Pourtant, l’impact environnemental des fêtes est indéniable puisqu’elles constituent une période de surconsommation (alimentaire, énergétique, en termes de cadeaux offerts…). Sans gâcher la fête, il est possible de prendre en compte nos impacts environnementaux pour les réduire, avec quelques informations utiles et simples à mettre en oeuvre.

Plus de 100 millions de cadeaux, rien que pour les enfants français : Selon la dernière étude de la Fédération des Commerces spécialistes des Jouets et des Produits de l’Enfant (FCJPE) menée par TNS Sofres, les petits français demandaient en moyenne 9,1 cadeaux de Noël et recevaient 8,4 cadeaux en 2011. Or l’INSEE estime le nombre de mineurs en France à 13,5 millions d’individus, ce qui, d’après un rapide calcul nous amène approximativement à 113,4 millions de cadeaux rien que pour la France ! On imagine donc aisément que la production de ces cadeaux représente un impact environnemental significatif. Il faut aussi y rajouter les emballages, les livraisons, les jouets inutilisés, cassés qui partiront au SAV ou les piles indispensables au fonctionnement…

Le bilan carbone des cadeaux de Noël : Depuis qu’un grand nombre d’usines de production ont été délocalisées vers la Chine, les importations de jouets ont considérablement augmenté vers l’Union Européenne (62 % des jouets viennent de Chine et 7,5 % de pays hors Union Européenne), et leur bilan carbone avec. Difficile d’estimer précisément les émissions de gaz à effet de serre des cadeaux, les seuls calculs existants à l’heure actuelle essayant d’établir le bilan carbone du Père Noël depuis la Laponie (Finlande). Toutefois, on sait que 60 % des jouets offerts à Noël sont en plastique et 30% des cadeaux sont des jeux électroniques, ce qui dans les deux cas représente d’importantes émissions de gaz à effet de serre. Les jeux électroniques sont les premiers responsables de ces émissions en utilisant des composants qui ne sont pas anodins, tout en étant, pour certains, préjudiciables pour la santé de nos enfants. Selon les chercheurs de l’Institut de l’environnement de Stockholm, les cadeaux de Noël des Britanniques pèseraient 310 kilos de CO2 émis par habitant. Si l’on ajoute le bilan carbone des activités, ceux de la nourriture, des déplacements, des illuminations, etc. on arrive à un total de 650 kilos de CO2 par habitant, ce qui correspond à plus d’un aller- simple pour New-York depuis Paris en avion. Considérant la population mondiale et la capacité actuelle de la planète d’absorber le CO2, nous ne devrions pas émettre plus de 1 700 kilos de CO2 par habitant et par an. Il s’agirait même d’un objectif impératif si nous ne voulons pas accélérer le changement climatique et produire des effets incontrôlables. 650 kilos de CO2 à Noël représentent déjà 35% de nos droits d’émissions sur l’année ! Rappelons qu’en France chaque individu émet plus de 5 tonnes de CO2 par an ! À méditer…

pour en savoir plus, lire l’article complet :

http://www.notre-planete.info/actualites/3573-impact_Noel_environnement

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Le jeu d’échecs est un jeu utile et très écolo

L’écologie n’attache aucune importance à un championnat d’échecs, même s’il est mondial. Que le Norvégien Magnus Carlsen conserve son titre de champion du monde au tie-break le mercredi 30 novembre contre le Russe d’origine ukrainienne Sergueï Kariakine n’est qu’un épiphénomène. Sans erreur de part ou d’autre la partie se termine par la nulle, l’égalité. C’est très souvent le cas dans les parties de haut niveau ; entre Carlsen et Kariakine, dix nulles sur douze parties. Les échecs sont plutôt l’art d’éviter les bêtises, nul besoin de privilégier l’esprit de compétition. Joueur d’échecs moi-même, si j’essaye de progresser ce n’est pas au détriment d’un « adversaire » mais seulement de moi-même. J’ai toujours des partenaires quand je joue, jamais des ennemis. Mais l’état d’esprit dans n’importe laquelle de nos activité, ludiques ou non, est le résultat d’une socialisation d’un certain type. Aujourd’hui, on est formaté pour le système de la compétition économique dans tous les pores de notre peau. C’est le système libéral centré sur la concurrence qui nous fait ressentir le jeu d’échecs comme une partie au cours de laquelle on devrait tuer son rival. Ce n’est pas là l’âme du jeu d’échecs.

Le jeu d’échecs est une rencontre éminemment utile. C’est pédagogiquement parlant un excellent outil : apprentissage de l’observation, mémorisation des positions, intériorisation cérébrale d’une situation, préparation à la prévision, maîtrise du temps (jeu à la pendule) et de l’espace, pratique du silence et de la concentration, etc. Le jeu d’échecs élimine complètement l’existence du hasard, le gain ou la perte découle toujours d’une décision humaine, nous sommes les seuls responsables de l’issue de la partie. Le jeu d’échecs est aussi foncièrement égalitaire, même si les Blancs ont l’avantage du trait. Avec les Noirs, il suffit de suivre les pas des Blancs pour danser harmonieusement avec son partenaire et on arrive à la nulle. Parcourir mentalement l’échiquier, c’est surtout accompagner une méditation sur 64 cases.

Le jeu d’échecs se joue à deux, mais n’importe quel spectateur peut rentrer dans la partie en observant la position. Quel coup jouer ? Qu’est-ce que j’aurai fait à la place du joueur ? Que va-t-il se passer ? C’est pour cela que médiatiquement ce sport devrait être roi, mais on préfère les jeux de balle sur nos écrans télé. Le jeu d’échecs est même un avantage du point de vue écologique. Il prend peu d’espace pour y jouer, on peut réunir des centaines de joueurs sur l’équivalent d’un terrain de foot. Il utilise peu de ressources naturelles, les pièces nécessitent très peu de bois et peuvent durer plus qu’une vie. Aucun déchet non recyclable pour une occupation qui peut nous motiver pendant des heures et des journées…

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Les huit R, un programme de présidentiable cohérent

Pour se libérer de l’obsession de croissance, nous avons proposé de formuler la rupture en huit R : Réévaluer, Reconceptualiser, Restructurer, Relocaliser, Redistribuer, Réduire, Réutiliser, Recycler. Ces huit objectifs interdépendants ont été retenus parce qu’ils nous paraissaient susceptibles d’enclencher une dynamique de décroissance sereine, conviviale et soutenable. Le deuxième niveau, celui de la mise en œuvre suppose une insertion dans le contexte :

Retrouver une empreinte écologique soutenable ;

Réduire les transports en internalisant les coûts par des écotaxes appropriées ;

Relocaliser les activités ;

Restaurer l’agriculture paysanne ;

Réaffecter les gains de productivité en réduction du temps de travail et en création d’emploi ;

Relancer la production de biens relationnels ;

Réduire le gaspillage d’énergie d’un facteur 4 ;

Restreindre fortement l’espace publicitaire ;

Réorienter la recherche technoscientifique ;

Se réapproprier l’argent.

La principale difficulté pour réaliser ce programme tient au fait que, en nous enrichissant matériellement, la croissance économique nous a beaucoup appauvris humainement. Nous avons perdu cette capacité de nous tirer d’affaire par nous-mêmes qui faisait la puissance des pauvres et plus encore les solidarités sur lesquelles pouvaient compter les membres des sociétés traditionnelles. Il nous faut réapprendre à être autonomes et tout faire pour que la récession ne soit pas l’antichambre du chaos ou d’un écofascisme odieux.

Serge Latouche

(ECOLOGIE POLITIQUE n°40 : les écologies politiques aujourd’hui)

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Le luxe, c’est en définitive la planète au pillage

L’industrie du luxe, 253 milliards d’euros en 2015. Du gaspillage pur et dur ! Mais la progression n’était que de 1 % en 2015, bonne nouvelle !! Avec son renouvellement permanent, la mode constitue un formidable moteur de consommation. Des financiers comme Bernard Arnault (LVMH), les Pinault (PPR devenu Kering) ou Johann Rupert (Richemont) ne s’y sont pas trompés. Ils nous ont trompés !!! Mais le vent commence à tourner, l’article du MONDE* se termine ainsi :« Il y a beaucoup à apprendre de la gastronomie. De même que l’on constate un retour aux produits de saison, aux préparations un peu brutes, comme la purée écrasée à la fourchette, on va revenir à des produits qui ont une âme. La revanche de l’artisanat sur l’industrie ? Un retour aux sources en somme. »

Un livre-programme** pour l’écologie politique résume ce qu’il faudrait penser de l’industrie du luxe : « Politiser la question du luxe est la meilleure voie pour élargir l’audience de l’écologie vers les classes populaires. La première contribution du dessinateur Wolinski paru en 1976 à la une du journal L’Humanité présentait deux dessins. Sur le premier, une bourgeoise affalée sur son divan explique à sa petite fille que le luxe, c’est les bijoux, les toilettes, le parfum, le champagne. Sur le deuxième, une prolétaire explique à son jeune fils que le luxe, c’est la viande, le café, les légumes, les fruits…

La notion de besoin social déborde largement la notion de demande économique et il est légitime d’espérer une organisation socio-économique égalitariste. C’est l’objectif théorique de la Déclaration universelle des droits de l’homme : « Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires » (article 25). Pour être concrétisé, cet objectif présuppose des besoins simplifiés dans un monde unifié. Notre conception des besoins devrait suivre un principe de généralisation : généralisation dans l’espace (je ne peux satisfaire un besoin que dans la mesure où n’importe qui n’importe où sur notre planète peut accéder à un niveau de vie équivalent) ; généralisation dans le temps (je ne peux satisfaire un besoin que dans la mesure où cela n’empêchera pas les générations futures de satisfaire les leurs). »

* LE MONDE économie du 4 septembre 2016, Luxe, la fin de l’âge d’or

** L’écologie à l’épreuve du pouvoir aux éditions Sang de la Terre (370 pages pour 19 euros)

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à EELV, on n’oublie pas l’esperanto, la langue-pont

Le parti des écolos EELV (Europe Ecologie Les Verts) est sans doute l’organisation politique où la réflexion est la plus intense. De nombreuses commissions et groupes de travail existent, y compris sur l’économie écologique et la démographie. Ils sont ouverts à tous, et pas uniquement aux membres d’EELV, c’est à savoir. A l’approche de la présidentielle, les propositions émergent. Voici celle de la commission esperanto-langues :

« Pour diminuer le quasi monopole d’une langue nationale dans les relations mondiales et pour favoriser les échanges entre les peuples de l’UE, nous encourageons le soutien et la promotion de l’usage d’une langue auxiliaire internationale, régulière, neutre et équitable telle que l’espéranto, ainsi que son enseignement expérimental dans le système scolaire parallèlement à d’autres langues… Les possibilités offertes par une langue telle que l’espéranto et le lien culture-langue seront examinées sans a priori dogmatique ou vision passéiste. Le poids de l’anglais et la généralisation abusive de son enseignement devront être examinés de manière sérieuse (sans exclure le renforcement de l’enseignement de cette langue là ou cela est pertinent). Les objectifs finaux devront être adaptés aux besoins réels et à la motivation des apprenants..

Dans son livre « L’écologie à l’épreuve du pouvoir », Michel Sourrouille est plus incisif : « La recherche d’un langage commun sera facilité par l’apprentissage à l’école d’une langue-pont entre les nations plutôt qu’à la démultiplication des langues étrangères. En 1887, Ludwik Zamenhof, un jeune médecin polonais polyglotte, lance les bases de l’espéranto : 7 500 mots d’usage courant, une grammaire très simplifiée de 16 règles ne connaissant pas d’exception, une langue si facile que le temps d’apprentissage en est réduit. Se limiter à la langue maternelle et à l’espéranto, ce n’est pas ce que cultivent les politiques aujourd’hui. La députée Barbara Pompili avait posé en 2012 une question écrite au ministre de l’Éducation nationale sur la pratique de l’espéranto : « L’usage de cette langue est reconnu pour son intérêt dans les échanges entre les peuples et son action en faveur de l’amitié transnationale. L’apprentissage de l’espéranto est également considéré comme relativement aisé, notamment pour les jeunes. C’est pourquoi je demande s’il est envisagé que l’espéranto puisse devenir une option facultative au baccalauréat. » Le ridicule de la réponse officielle qui laisse penser à une infériorité de l’espéranto sur le bambara laisse pantois. Notre mère la Terre a pourtant besoin de l’élaboration d’un langage commun aux humains. Puisque les relations intercommunautaires oscillent trop souvent entre l’indifférence et le mépris, il est nécessaire que l’échange verbal puisse au moins être compris par les deux parties. L’étude de l’espéranto devra devenir obligatoire à la rentrée scolaire de septembre 2018, dès la grande classe de maternelle, pour être programmée année après année dans les autres niveaux de l’école élémentaire. »

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L’austérité qui libère contre l’austérité-gabegie

Pierre Thiesset, éditeur aux éditions «Le pas de côté, L’échappée», a non seulement coordonné un livre sur le progrés*, mais écrit lui-même un chapitre (Capitalisme vert vs austérité révolutionnaire) fort intéressant sur l’austérité dont voici quelques extraits :

« Le philosophe Olivier Rey expliquait que l’austérité ne devait pas être réduite au rigorisme, au sacrifice, à la mortification. Mais que ce terme recouvrait aussi des vertus, qu’il pouvait être salutaire à la sobriété, à l’entraide et au recentrage sur l’essentiel. Les plus éminents précurseurs de la décroissance (Epictète, Sénèque, Ivan Illich, Majid Rahnema…) défendent cette conception vertueuse de l’austérité. Pourtant toutes les manifestations actuelles défilent sous le mot d’ordre «non à l’austérité» avec une belle unanimité. Les Verts, les Rouges, les Bruns, la CGT, la CFDT, le NPA, le FN, LO, tous-ensemble-tous-ensemble-ouais-ouais, disent «non à l’austérité». Même les gouvernements qui sont accusés de mener des politiques d’austérité affirment qu’ils ne mènent pas des politiques d’austérité. L’austérité, c’est un mot condamné et insupportable dans une époque qui valorise la satisfaction immédiate de la moindre envie, le crédit et la consommation à perpétuité. Pour penser en dehors des sentiers battus de la croissance, nous avons besoin de nous écarter des idées dominantes. Au lieu de marcher vaguement «contre l’austérité» (donc pour la gabegie), désignons ce qu’elles sont : un programme libéral et inégalitaire de destruction sociale. Voici avec Serge Moscovici ce que nous proposons : «Non pas une austérité de privation, d’angoisse, de menace, celle que nous allons vraiment finir par connaître si nous continuons dans la même direction ; mais la privation qui consiste à ne pas utiliser ce dont on pourrait se passer, donc à préserver les possibilités d’abondance et à les répartir de manière plus équilibrés. L’austérité, cela signifie en réalité : consommer mieux, ne gaspiller aujourd’hui que ce qu’on recyclera demain, ne produire que ce qu’on reproduit.» Comme l’exposait René Dumont, «une société respectueuse de l’écologie exige une certaine austérité – par opposition au gaspillage -, et cette austérité n’est acceptable qu’avec une réduction marquée des inégalités».

Jacques Ellul considérait aussi que la frugalité commune, générale, volontaire et organisée, provenant d’un choix pour plus de liberté et moins de consommation de biens matériels, était ni plus ni moins que l’option décisive de notre société. Qui conduirait non pas à la rareté, mais à l’abondance : car c’est dans l’auto-limitation, dans la capacité à se contenter de peu, à satisfaire facilement ses besoins, sans courir après de nouvelles superfluités, que l’on atteint la plénitude ; certainement pas dans la consommation compulsive.

* «Le progrès m’a tuer», ouvrage collectif
(éditions Le pas de côté, 230 pages pour 20 euros)

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À lire, Théorie de la classe de loisir de T.Veblen (1899)

Ce livre est un élément fondateur de la compréhension des sociétés modernes.

Thorstein Veblen (1857-1929) nous présente la comédie humaine, la rivalité puérile des adultes en quête d’argent, de gloire et de prestige, jamais capables d’atteindre un but qui fuit à mesure qu’ils en approchent puisque ce but se définit non pas en soi mais par rapport aux conquêtes des autres. L’homme crée la société, mais chaque société forme les sortes d’homme dont elle a besoin. Après avoir lu ce livre, un gouvernement s’empresserait de supprimer les inégalités de revenus et les femmes se méfieraient de la mode.

« L’homme comme il faut consomme à volonté et du meilleur, en nourriture, boissons, narcotiques, parures, divertissements. Comme on signale sa richesse en consommant ces produits plus parfaits, on en tire grand honneur. En mettant sa richesse bien en vue, non seulement on fait sentir son importance aux autres, mais encore on affermit les raisons d’être satisfait de soi. On l’appelle ici gaspillage parce que cette dépense n’est utile ni à la vie ni au bien-être des hommes. Mais aux yeux d’un économiste, ce genre de dépense n’est ni plus ni moins légitime qu’un autre… S’il a choisi ce genre de dépenses, la question est en effet tranchée : c’est qu’il y trouve relativement plus d’utilité que dans des formes de consommation sans gaspillage.

Aucune classe de la société, même si elle se trouve dans la pauvreté la plus abjecte, ne s’interdit toute habitude de consommation ostentatoire. On n’y renonce que sous l’empire de la plus implacable nécessité. Voilà pourquoi nulle branche du commerce ne fournit aujourd’hui des marchandises qui ne contiennent pas l’élément honorifique, à quelque degré que ce soit. Un consommateur qui voudrait à toute force, tel Diogène, éliminer de sa consommation tous les éléments d’honorabilité et de gaspillage, serait dans l’incapacité de fournir à ses besoins les plus insignifiants sur le marché moderne. La valeur commerciale des vêtements se divise en deux parties : l’une, de beaucoup la plus importante, est consacrée à l’élégance ; l’autre plus modeste, va à la fonction de couvrir. » (1ère édition 1899, Gallimard 2007)

extrait du livre« L’écologie à l’épreuve du pouvoir » (Michel Sourrouille aux éditions Sang de la Terre) à paraître le 11 juillet 2016 en librairie

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Procès d’un militant anti-pub, anti-démarchage téléph

1) SOUTENONS un MILITANT ANTIPUB TOULOUSAIN en PROCÈS le 31 MAI. Le 25 mars 2016, vers 22h, à Toulouse, J.R. a été interpelé pont des Catalans alors qu’il était en train de retirer une affiche publicitaire d’un panneau d’affichage. Ce jour là, comme d’autres, il a agi dans le cadre de la journée internationale de lutte contre la publicité. Cette journée de mobilisation a été suivie dans plus de 7 pays dans lesquels une trentaine d’actions ont été réalisées. Le 13 avril, il à été convoqué au commissariat central de Toulouse. Serein, déterminé et poursuivant sa démarche de désobéissance civile, il y a refusé la tentative médiation (une peine de 700€) qui lui à été proposé par le procureur. Poursuivi par le parquet pour dégradations volontaires, son procès aura lieu le Mardi 31 mai à 14h au tribunal d’Instance de Toulouse.

2) BLOCTEL, la nouvelle LISTE ANTI-DÉMARCHAGE TÉLÉPHONIQUE, OPÉRATIONNELLE à partir du 1er JUIN PROCHAIN. Le 1er juin prochain la nouvelle liste anti-démarchage téléphonique sera opérationnelle. Il faudra se rendre à cette adresse : http://www.bloctel.gouv.fr/ (adresse non disponible avant le 1er juin), et rentrer ses numéros de téléphone fixe et/ou portable. L’inscription sera effective 30 jours plus tard. Un récépissé sera envoyé pour signaler l’effectivité de l’inscription. En cas d’appels non désirés à partir de ces 30 jours, il faudra les signaler sur le site. Puis, les services de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) mèneront les enquêtes nécessaires. Les contrevenants encourront une amende administrative de 75 000 €.

=> RAP@Toile a pour vocation de faire connaître les diverses approches de la lutte antipublicitaire. La publicité réduit l’existence à la consommation, l’imaginaire et les idéaux à des arguments de vente. En France, quelques juges ont déjà, par le passé, été sensibles aux arguments des militants sur ce sujet. Le 25 mars 2013, le collectif des déboulonneurs de Paris avait obtenu une relaxe pour « état de nécessité ». Par cette décision le tribunal de Paris reconnaissait deux choses : d’une part que le danger sanitaire que fait peser la publicité sur la société est immédiat et important, d’autre part qu’il existe un dysfonctionnement dans notre démocratie et que les méthodes classiques d’interpellation des pouvoirs politiques sont inopérantes.

R.A.P. (Résistance à l’agression publicitaire) La Teinturerie 24, rue de la Chine 75020 Paris… tél. : 01 43 66 02 04 contact@antipub.org

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À lire, L’utopie de Thomas More (1516)

Thomas More (1478-1535) était devenu en 1529 Grand Chancelier d’Angleterre. Mais, ayant défié le roi Henri VIII, il périt décapité sur l’échafaud. Pourtant son livre, Utopia, devrait rester une référence. Car que cherche normalement le président d’un Etat si ce n’est l’utopie nécessaire. Ce lieu idéal qui n’est encore nulle part mais que le peuple aimerait tant voir enfin devenir réalité. Thomas More est un précurseur pour tous ceux qui veulent instaurer la convivialité entre les humains sur une Terre pacifiée.

« – Il est un art commun à tous les Utopiens, hommes et femmes, et dont personne n’a le droit de s’exempter, c’est l’agriculture. Les enfants l’apprennent en théorie dans les écoles, en pratique dans les campagnes voisines de la ville, où ils sont conduits en promenade récréative. Là, ils voient travailler, ils travaillent eux-mêmes, et cet exercice a de plus l’avantage de développer leurs forces physiques.

– Le seul moyen d’organiser le bonheur public, c’est l’application du principe de l’égalité. Or l’égalité est impossible dans un Etat où la possession est solitaire et absolue ; car chacun s’y autorise de divers titres et droits pour attirer à soi autant qu’il peut, et la richesse nationale, quelque grande qu’elle soit, finit par tomber en la possession d’un petit nombre d’individus que ne laissent aux autres qu’indigence et misère. Voilà ce qui me persuade invinciblement que l’unique moyen de distribuer les biens avec égalité, avec justice, c’est l’abolition de la propriété.

– Les religions, en Utopie, varient non seulement d’une province à l’autre, mais encore dans les murs de chaque ville ; ceux-ci adorent le soleil, ceux-là divinisent la lune ou toute autre planète. Utopus, en décrétant la liberté religieuse, avait en vue le maintien de la paix que troublaient naguère des combats continuels et des haines implacables… Mais quelle que soit la forme que chacun affecte à son Dieu, chacun adore la nature majestueuse et puissante, à qui seule appartient, du consentement général des peuples, le souverain empire de toutes choses. » (1ère édition 1516, la dispute 1997)

pub : un livre à lire absolument pendant les grandes vacances (parution juillet)

« L’écologie à l’épreuve du pouvoir » (Michel Sourrouille aux éditions Sang de la Terre)

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pour des patrons payés au mieux à 10 fois le SMIC

Les revenus élevés n’ont aucune justification. Quarante personnalités lancent un appel pour demander au gouvernement de légiférer afin de limiter les salaires des patrons. Les signataires estiment que l’on vit « une période inédite dans l’histoire du capitalisme contemporain » où l’écart entre les rémunérations a « explosé ». Voici les points principaux du texte du MONDE* et quelques commentaires perspicaces sur lemonde.fr :

– Les signataires de ce texte proposent qu’un dirigeant « ne puisse pas être rémunéré plus de 100 smic, soit 1,75 million d’euros par an ».

Pétafouaire : 100 fois le smic c’est aussi ridicule que pas de limite, si on doit établir une limite mettons-là à 10 fois le smic là ce serait utile.
Tignasse : Comment diable peut on dépenser 145 000 € par mois? En payant quoi ? Et un grand patron vaut-t-il vraiment 100 fois un salarié de base, est-il 100 fois plus utile, travaille-t-il 100 fois plus dans une journée, est-il réellement 100 fois plus intelligent ?

– Le gouvernement a fait en 2013 le pari de l’autorégulation et celui-ci a échoué . En 2015, la rémunération totale des patrons du CAC 40 a augmenté entre 5 % et 11 % selon les évaluations.

Jean-Michel Hardouin : Le premier pas serait déjà que les actionnaires, véritables propriétaires de l’entreprise, aient un pouvoir de décision dans ce domaine, plutôt que des conseils d’administration dont les membres cooptés sont des « copains » de l’équipe de direction.

– L’appel précise par ailleurs que le principal argument justifiant ces salaires parfois mirobolants – « celui d’un marché mondial des très hauts dirigeants qui nécessiterait un alignement des salaires par le haut » – n’est corroboré par aucune étude économique sérieuse.

Jeanbobby : j’imagine assez mal Carlos Ghosn rouler en Twingo ou en Micra, contrairement à ses salariés, qui eux, n’ont pas eu droit à 169 % d’augmentation. Il faut avouer qu’ils ne prennent pas de « décisions difficiles » telles que délocaliser la production dans les pays de l’Est : eux les subissent, les « décisions difficiles »…

– En se comportant de la sorte, notre élite économique entretient un sentiment de chacun pour soi délétère.

Jeffrey Gould : Pour être conséquent, ces 40 personnalités doivent exiger que l’état confisque la partie des patrimoine qui dépasse, disons, 100 fois le patrimoine moyen. Tant pis si quelques grandes fortunes ou entrepreneurs du web trinquent, l’égalité triomphera…
Anti-patron : Pourquoi seulement les patrons ? Sportifs, journalistes stars, gagnants du loto, artistes, s’ils gagnent plus que 2 millions d’€, eux ne sont pas concernés ?

* Le Monde.fr avec AFP | 19.05.2016, Appel de 40 personnalités pour légiférer sur le salaire des patrons

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Un programme écologiste d’avant-garde… en 1982

Que chacun recherche toutes les occasions pour rééquiper peu à peu son environnement en outils simples grâce auxquels il pourra faire de plus en plus de choses par lui-même et réduire d’autant son temps de travail professionnel et son revenu. Le revenu monétaire se mettrait à baisser, mais non pas le niveau ni la qualité de la vie. Il faut se dégager par étape de la dichotomie producteur/consommateur. Pour un nombre croissant de produits courants, 80 % du prix payé par le consommateur final sert en réalité à rémunérer les fabricants d’emballages et de palettes, les transporteurs, les magasins de gros, les détaillants, les assureurs, bref tous les intermédiaires.

Cela suppose de réorienter les sciences et les techniques vers la création d’outils adaptés à l’action autonome des gens. C’est l’exemple de la machine à coudre, à opposer à l’usine de confection. A la place de l’usine de charcuterie, c’est le cochon qu’on tue et sale avec l’aide des voisins selon des règles de réciprocité, ce qui signifie bien plus qu’une simple collaboration technique. Ne peut-on imaginer des formules d’achat direct chez le paysan, à plusieurs, d’un porc ou d’un mouton ? Des associations de quartier, des municipalités peuvent prendre l’initiative de mettre à la disposition des habitants des instruments et des machines dans des ateliers ouverts à tous. Chacun n’a besoin de ces ateliers que de temps en temps. Il en faut de plusieurs sortes, menuiserie, travail des métaux, réparation d’objets… Au fur et à mesure que l’on étend le domaine vernaculaire, l’outillage devient de plus en plus compatible avec les sources d’énergie proches et renouvelables. Pour la machine à coudre, même notre petite énergie corporelle pourrait suffire si l’on modernisait le bon vieux pédalier à volant. Il y a des domaines où la technicité du travail exige évidemment une spécialisation professionnelle. Mais chaque îlot d’autonomie voit s’élever peu à peu le niveau de sa culture pratique, celle que tous les participants partagent pour assumer leur subsistance et qui leur permettra plus tard de faire d’autres technologies, plus complexes. Le but est de contester le préjugé qui nous pousse à croire que tous les biens ne peuvent pas être produits autrement que sur le mode industriel.

Ce que je fais chez moi, avec les miens, pour vivre à ma manière, tu peux aussi le faire chez toi, avec les tiens, pour vivre à ta manière. Il nous est possible ici et maintenant de retrouver, à travers l’autonomie personnelles des activités vernaculaires reconquises, le visage des autres, la saveur des gestes dans des relations face à face, le goût de la présence mutuelle à travers tous les actes de la vie, à commencer par ce qui sont liés aux nécessités même de l’existence.

Ingmar Granstedt

Du chômage à l’autonomie conviviale (1ère édition 1982, La Ligne d’horizon 2007)

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Un programme pour lutter contre l’entropie… en 1971

Il convient d’expliquer au public cette double difficulté : un épuisement plus lent des ressources signifie moins de confort exosomatique, et un plus grand contrôle de la pollution requiert proportionnellement une plus grande consommation de ressources. Bien sot celui qui proposerait de renoncer totalement au confort industriel de l’évolution exosomatique, mais il faut un programme bio-économique minimal :

– interdire totalement non seulement la guerre elle-même, mais la production de toutes les armes de guerre

– aider les nations sous-développées à parvenir à une existence digne d’être vécue

– diminuer progressivement la population humaine

– réglementer strictement tout gaspillage d’énergie

– vous guérir de votre soif morbide de gadgets extravagants.

– mépriser la mode qui vous incite à jeter ce qui peut encore servir

– rendre les marchandises durables, donc réparables

– ne plus se raser plus vite afin d’avoir plus de temps pour travailler à un appareil qui rase plus vite encore

Ces changement de comportement conduiront à un émondage considérable des professions qui ont piégé l’homme.

Nicholas GEORGESCU-ROEGEN

(1ère édition 1971, The entropy law and the economic process, éditions Sang de la terre 1979 sous le titre « la décroissance (entropie – écologie – économie) »)

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