simplicité volontaire

2/4) agir personnellement sans attendre la COP.21

Les conférences internationales sur le climat ne servent à rien si l’ensemble des citoyens du monde ne prennent pas conscience que c’est par mes gestes quotidiens que je favorise ou non les émissions de gaz à effet de serre. Prenons ma façon de me déplacer et de consommer. Au niveau professionnel, j’ai toujours choisi d’habiter à proximité de mon lieu de travail (un lycée) de façon à pouvoir y aller à pied. J’utilise donc le moyen de déplacement le plus doux possible, mes jambes. Mais la plupart des lycéens sont obligés de prendre le bus ou une voiture pour me rejoindre. Mon action individuelle se confronte à des réalités structurelles difficiles à changer. C’est pourquoi la politique d’économies d’énergie va être politiquement une affaire sensible, sources d’affrontements et d’atermoiements. Mais si chacun décidait de se rapprocher le plus possible de son lieu de travail, cela faciliterait la transition énergétique.

Pour les déplacements de loisirs, je les limite au maximum. Après un voyage de tourisme en Egypte que je regrette encore, je me refuse désormais à tout voyage en avion même si ma belle fille est péruvienne. La fragmentation géographique des familles pose un véritable problème quant aux dépenses en énergie. A part des randonnées pédestres pour lesquelles nous faisons du covoiturage à deux couples, mes lieux de villégiature sont chez mes parents (à 200 km) ou chez mon fils (au moins 600 km). Mon ménage possède un seul véhicule. Ma femme voulait une Citroën C4, j’ai montré qu’une C3 nous suffisait amplement. Les économies d’énergie ne sont pas seulement le fruit d’une décision individuelle, c’est toujours un compromis familial, parfois difficile. Je respecte scrupuleusement toutes les limitations de vitesse alors qu’autrefois je roulais sans y penser à 140. Je sais que si j’allais jusqu’au bout de mes convictions, je roulerais bien en dessous des vitesses autorisées. Si j’étais encore plus proche de ce qu’il faudrait, je n’aurai pas de véhicule motorisé individuel. Mon loisir préféré est de marcher le long de la Charente ou dans les bois au sortir de mon domicile. Pour les dépenses courantes de loisirs, je n’achète que des livres d’écologie et mes sorties au cinéma se bornent aux films militants. Et je préfère une bonne partie de belote à une soirée télé.

Dès que j’ai eu mon propre logement, j’ai fabriqué mon lit avec un châlit de bois brut ; une caisse en carton servait de table de nuit. J’utilise depuis 1975 la bibliothèque que j’ai confectionnée en clouant quelques planches. Elle me sert toujours aujourd’hui, contenant uniquement des livres centrés sur l’écologie. Quant aux biens durables, je refuse le portable, mais j’ai un téléphone fixe et un ordinateur branché Internet : uniquement ou presque pour militer avec mon site biosphere. Nous avons une télé, nous pourrions nous en passer. Notre ménage possède aussi un réfrigérateur, souvent vide ; son usage devrait être discontinu, ce que je fais maintenant. Nous avons une machine à laver, mais le besoin de propreté pourrait être satisfait grâce à une laverie collective. Nous avons aussi des appareils électriques superflus, micro-onde, grille-pain, mixer… Mais, et là c’est un bon point, nous avons liquidé notre sèche-linge et notre congélateur. Je me refuse au vélo électrique dont le point faible est la batterie, source d’énergie extracorporelle et non durable. Je refusais jusqu’à récemment la carte bancaire, mais les commerçants acceptent de moins en moins le chèque. J’aimerais une société où ne circule que pièces et billets pour que la contraction monétaire limite les échanges. Pour le poste habillement, je fais au minimum, même si ma femme m’incite à m’habiller mieux que je ne le ferais personnellement. J’use ce que j’ai au maximum, les sirènes de la mode vestimentaire ne sont pas pour moi.
Michel Sourrouille

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1/4) agir personnellement sans attendre la COP.21

Les conférences internationales sur le climat ne servent à rien si l’ensemble des citoyens du monde ne prennent pas conscience que c’est par mes gestes quotidiens que je favorise ou non les émissions de gaz à effet de serre. Prenons ma façon de me loger. Il n’y a pas de limites à la limitation de notre consommation d’énergie : Diogène se contentait de vivre dans un tonneau. Mais Diogène est une exception même si on côtoie sur nos trottoirs des sans domicile fixe. Se fixer ses propres limites est donc un exercice difficile, Il y a ce que je fais et ce je voudrais faire. Personne n’est parfait. Je vais donc parler de mes manques plutôt que de mes éco-gestes.

Pour le logement, j’ai la chance d’être propriétaire après vingt ans d’endettement et d’avoir eu un emploi stable, ce qui n’est malheureusement pas donné à tout le monde. C’est pourquoi j’ai pu faire isoler progressivement au cours du temps mon lieu d’habitation. Je n’ai pas exercé de contrôle sur les matériaux utilisés, or l’énergie grise* et donc l’impact environnemental varie d’une substance à l’autre. Même si j’ai fait intervenir des artisans locaux, j’aurais pu utiliser ma propre force physique pour faire preuve de plus d’autonomie énergétique. J’ai quand même fait quelques efforts personnels, par exemple en enlevant les plaques amiantées qui étaient posées comme isolation ancienne. La dernière dépense dans l’ordre chronologique fut le double vitrage, mais j’ai encore le regret d’avoir envoyé à la casse des fenêtres qui, bien qu’anciennes, auraient pu encore servir.

Ce problème de l’isolation se double de la question du chauffage. Je n’ai toujours pas de solaire thermique sur mon toit, ce n’est pas bien. D’ailleurs ma maison est significative des changements historiques de mode de chauffage. Une cheminée dans chaque pièce montrait l’omnipotence du bois avant que j’y aménage. Il y avait dans la cave à mon arrivé à la fin des années 1970 une chaudière à charbon pour un « chauffage central ». J’ai chauffé ainsi la maison quelques années, renouvelant le charbon, régulant la température par moi-même. Je plaignais celui qui venait me livrer les lourds sacs de charbon et de toute façon le charbon devenait assez rare pour ce type d’usage. Sans compter que le charbon en terme de gaz à effet de serre, c’est le plus mauvais des choix. Alors quand il a fallu changer de chaudière, j’ai opté pour le gaz : quarante à cinquante années de réserves mondiales sous terre, des problèmes de fuites de gaz dans la mer du Nord, cela non plus ne sera pas durable. Je voudrais bien revenir au chauffage au bois, mais si tout le monde faisait comme moi, il n’y aurait bientôt plus de forêts ! Je me contente donc de baisser le thermostat, 18°C dans la journée, 13° la nuit. Je ferais mieux de changer de maison, les enfants devenus grands sont partis et je garde un logement disproportionné par rapport aux deux seules personnes qui y résident. Nous avons un récupérateur de chaleur Tifon dans un foyer de cheminée, mais il nécessite une consommation d’électricité pour pulser la chaleur emmagasinée.

Sans électricité, nous ne sommes plus grand chose, c’est la dépendance absolue. Mon idéal serait la maison passive**, c’est-à-dire la maison qui n’a comme chauffage que celui nécessaire à la préparation culinaire ; mais je suis trop vieux et devenu frileux, pas assez élevé à la dure ! Pourtant c’est ainsi que vivaient mes grands-parents, « chauffés » la nuit par des couettes de plumes avec les toilettes sèches à l’extérieur de la maison. Nous devrions savoir que tout est équivalence énergie, même les plus intimes de nos activités. A chacun de réfléchir et de se limiter comme il peut.
Michel Sourrouille

* énergie grise : quantité d’énergie nécessaire au cycle de vie d’un matériau ou d’un produit : la production, l’extraction, la transformation, la fabrication, le transport, la mise en œuvre, l’utilisation, l’entretien et à la fin le recyclage. Chacune de ces étapes nécessite de l’énergie, qu’elle soit humaine, animale, électrique, thermique ou autre. En cumulant l’ensemble des énergies consommées sur l’ensemble du cycle de vie, on peut prendre la mesure du besoin énergétique d’un matériau ou d’un produit. Cette connaissance peut guider ou renseigner les choix notamment en vue de réduire l’impact environnemental.
** maison passive : On désigne généralement par maison passive un bâtiment qui est pratiquement autonome pour ses besoins en chauffage. Il se contente des apports solaires, des apports métaboliques (habitants, machines) et d’une bonne isolation, ce qui relègue le rôle du chauffage à un simple appoint

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Salaire élevé d’un patron, n’acceptons pas l’injustifiable

Pratiquons la simplicité volontaire, exigeons des grands patrons de faire de même.

1/3) LE MONDE éco&entreprise du 5 mai 2015, Votre patron est-il trop payé ?
Salaire de base, bonus annuel, exceptionnel ou pluriannuel, stock-options, actions gratuites et actions fantômes, prime d’arrivée ou de présence, indemnités de départ, avantages en nature, sans oublier les fameuses retraites chapeaux… A décortiquer les « packages de rémunération » des dirigeants des grandes entreprises, on ne peut qu’avoir envie de dégueuler. L’inégalité des revenus permet à certains d’avoir une empreinte écologique démesurée alors que d’autres personnes vivent en dessous du minimum vital. Qu’est-ce qui justifie cet état de fait ? L’article du MONDE* enfile les perles :
« Personne ne conteste qu’un bon patron est quelqu’un qui peut changer le destin d’une société, et que cela se paye. » Étonnant cette affirmation,  « personne ne doit contester » les hautes rémunérations. En général un « bon » patron pratique la restructuration, c’est-à-dire des licenciements. Cela dégage des marges bénéficiaires pour les actionnaires. Faut-il payer cette anomalie ? Un bon patron s’occupe du bien-être des travailleurs et de la satisfaction des clients, il ne demande pas d’être récompensé pour cela, le bonheur des autres suffit normalement à son propre bonheur.
« Quand Carlos Tavares reçoit 2,7 millions d’euros en 2014 pour avoir redressé la trésorerie disponible de PSA, personne ne s’en offusque. » Encore une fois le journaliste prend pour un fait établi que « personne ne s’offusque… ». Or ce n’est pas l’apport de capitaux propres qui redresse une trésorerie, mais « le talent » de M. Tavarès qui a eu la chance d’arriver au bon moment, celui du retournement du marché automobile en Europe et l’expansion des ventes.
Le journaliste ne se pose jamais la question de fond : D’où vient l’argent qu’on donne généreusement à une seule personne ? Aucun dirigeant d’entreprise n’a à lui seul le pouvoir de faire de l’argent. En fait il bénéficie du groupe de travail que constitue l’ensemble des travailleurs de l’entreprise. Sans personne à sa disposition, un patron n’est qu’une personne indépendante qui ne peut compter pour gagner de l’argent que sur ses propres forces, artisans et commerçants travaillent beaucoup et ne gagnent pas grand chose. L’autre aspect est le chiffre d’affaires de l’entreprise, c’est-à-dire l’apport d’argent par les consommateurs. Plutôt que de rémunérer le seul patrons sur les bénéfices, on peut aussi bien distribuer l’argent à l’ensemble du personnel ou, mieux, redonner l’argent en trop aux consommateurs en diminuant les prix de vente. D’ailleurs les montants versés aux dirigeants dépendent moins de leur « performance » individuelle que de la taille de l’entreprise. Plus l’entreprise est grande, plus sa valeur ajoutée permet les fortes rémunérations d’une seule personne… avec la bienveillance d’un conseil d’administration inféodé à ce patron.

2/3) LE MONDE éco&entreprise du 5 mai 2015, « Les bons PDG durent, les mauvais sont virés »
L’ex-PDG d’Essilor, Xavier Fontanet, estime que les rémunérations des grands patrons sont justifiées : « Les Français ne savent pas que les grands patrons sont des gens qui travaillent trois fois 35 heures par semaine. » Admettons qu’un patron travaille 15 heures par jour sept jours sur sept en rêvant la nuit à son entreprise. Donc il ne devrait être payé que trois fois la somme donné au travailleur de base de son entreprise !
Xavier Fontanet verse une larme sur les patrons qui « accumulent 750 000 km de voyage par an et portent sur leurs épaules des pressions concurrentielles intenses ». Cela veut dire qu’en plus du plaisir de voyager en avion classe luxe et hôtels 25 étoiles il faudrait aussi donner de l’argent à ce patron qui coûte déjà si cher ? Quand au burn-out, on sait tous que c’est un risque pour le travailleur de base plutôt que pour un patron qui charge ses sous-fifres du travail encombrant pour aller décompresser sur un terrain de golf.
Xavier Fontanet s’étonne : « Le salaire de nos footballeurs passe très bien dans l’opinion alors qu’une quarantaine d’entre eux gagne plus que nos PDG. » Rien d’étonnant dans un société du spectacle qui conditionne l’opinion publique à aimer ses « champions » sur les stades pour oublier leurs minables conditions de travail et les rémunérations démesurées de certains dirigeants

3/3) LE MONDE éco&entreprise du 5 mai 2015 : Etats-Unis, la rémunération des patrons plus encadrée
« La Securities and Exchange Commission (SEC), le gendarme des marchés financiers aux Etats-Unis, fait désormais obligation de lier la rémunération du patron à la performance de l’entreprise. » Quelle performance ? Il ne s’agit pas de durabilité des produits ou de satisfaction des consommateurs, il s’agit seulement de retour sur investissement pour les actionnaires, en clair l’évolution du prix de l’action de l’entreprise considérée. Triste définition de la performance ! Constatons qu’en 2009, un patron d’une grande entreprise aux Etats-Unis gagnait en moyenne 181 fois le salaire moyen américain. Aujourd’hui le rapport est de 257 fois. Dans le même temps, les ressources naturelles s’épuisent, la biodiversité disparaît et les températures grimpent. Que font les patrons pour éviter cela ? Rien, ils ne sont pas payés pour agir au mieux pour l’humanité et la planète. Ils volent les travailleurs, les consommateurs et l’ensemble des êtres vivants, ils devraient être traités comme des voleurs.

En savoir plus sur notre blog :
http://biosphere.blog.lemonde.fr/2011/04/06/supprimons-les-inegalites-de-salaires/
http://biosphere.blog.lemonde.fr/2011/04/07/supprimons-les-inegalites-de-salaires-suite/
Une lecture à faire :
Comment les riches détruisent la planète d’Hervé Kempf (Seuil, 2007)

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Majid Rahnema, un analyste perspicace vient de mourir

Nous avions apprécié ses deux livres Quand la misère chasse la pauvreté  et La Puissance des pauvres. Majid Rahnema s’est éteint le mardi 14 avril 2015 à l’âge de 91 ans. Grâce à lui, nous savons qu’il y a une pauvreté désirable et une misère à proscrire.

Voici comment il décrivait son parcours personnel : « Haut fonctionnaire du Programme des Nations unies pour le développement, j’étais marxiste et progressiste. Je mettais mes espoirs dans le développement et les perspectives de la modernisation des pays alors qualifiés de « retardataires » ou « sous-développés ». Ce n’est que plus tard, dans les années 1970, que je me suis rendu compte que le concept du développement, qui nous avait paru l’antidote au colonialisme, avait finalement profité aux colonialistes d’hier et de toujours. Dix ans plus tard, il ne m’en restait qu’un discours pervers et hypocrite dont la plupart des gouvernements du Sud se servaient pour gagner le soutien de divers donateurs auxquels ils achetaient en sous main les armes dont ils avaient besoin pour maintenir l’ordre et protéger leurs administrés contre leurs ennemis, le plus souvent intérieurs. Les premiers combattants anticolonialistes brandissaient comme un étendard de libération la bannière du développement pour justifier tous les dispositifs créés par le colonialisme en vue de la déculturation en profondeur des peuples dominés. Pour eux, il était clair qu’un bon développement devait continuer d’étendre ces infrastructures héritées de l’époque coloniale afin de permettre à leur pays de « rattraper », le plus vite possible, leur « retard économique ». la rupture a été consommée lorsque les faits m’ont enfin montré ce qui, pour moi aujourd’hui, est évident : ce qui se commet au nom du développement n’a rien de libérateur. Ce n’est qu’une forme larvée, encore plus perverse que l’ancienne, de colonialisme. (in La puissance des pauvres) ». Voici l’idée clé de ses livres : la pauvreté choisie est la condition de lutte contre la misère.

« Il y a les insupportables privations subies par une multitude d’humains acculés à des misères humiliantes et la misère morale des classes possédantes. Cette misère résulte d’un système économique dont l’objectif majeur est de transformer la rareté en abondance, une économie productrice de besoins engendrant de nouvelles formes de rareté et, par conséquent, modernisant la misère. La misère fait son apparition lorsque les gens perdent le sens du partage. Quand vous arrivez en ville, vous n’avez plus personne avec qui partager. Les ouvriers des agglomérations urbaines ont compris que leur subsistance les liait désormais aux nouvelles institutions économiques et sociales, il leur fallait courber l’échine devant le nouvel ordre. Dans ce système le riche est aussi mécontent que le miséreux : le défavorisé voudrait devenir millionnaire, et le millionnaire multimillionnaire. L’économie occidentalisée a fini par nier sa fonction première, servir les personnes qui en avaient le plus besoin. Il y a d’un autre côté la pauvreté consentie dans des sociétés conviviales dont le mode de vie simple et respectueux de tous a compté pour beaucoup dans le maintien des grands équilibres humains et naturels au cours de l’histoire. Si chacun ne conservait que ce dont il a besoin et se contentait de ce qu’il a, nul ne manquerait de rien. Toutes les sociétés vernaculaires dites « pauvres » développent en leur sein des mécanismes destinés, d’une part, à contenir l’envie et la convoitise, de l’autre à maintenir une tension positive entre ce qu’il est personnellement possible de vouloir et d’avoir et ce qu’il est collectivement possible et raisonnable de produire. Cette tension leur a permis de développer leurs capacités productives sans qu’il y ait rupture entre les besoins et les ressources (in Quand la misère chasse la pauvreté). »

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Que veut dire l’expression « Prospérité sans croissance »

L’expression « Prospérité sans croissance » est devenu actuellement un élément de langage d’Europe Ecologie Les Verts.
Cécile Duflot : « Je lui ai dit (à François Hollande) ce que je répète sans cesse. Nous avons besoin d’un changement de modèle pour trouver le chemin d’une prospérité sans croissance. » (LE MONDE du 31 mars 2015, Cécile Duflot : Le logiciel de Manuel Valls est périmé)
Emmanuelle Cosse : « Je repose toujours la même question : si la croissance ne vient jamais, que fait-on ? Notre question est de savoir comment on crée de la prospérité sans croissance. » (LE MONDE du 21 avril 2015)

Le problème, c’est que Cécile Duflot n’explique pas comme arriver à une prospérité sans croissance et Emmanuelle Cosse répond à la question du MONDE « Comment fait-on de la prospérité sans croissance » à la manière d’unE économiste : « On crée des politiques d’investissement qui permettent de créer de l’activité et aussi des emplois. »
Cette réponse d’Emma reflète une opinion commune et ambiguë. On apprend en effet aux lycéens en sciences économique et sociales ce principe de l’économie orthodoxe : l’épargne aujourd’hui (et les profits) fait l’investissement de demain et l’emploi d’après-demain. Ce mécanisme est bloqué. L’épargne publique n’existe plus à cause de l’endettement de l’Etat. L’épargne privée sert plutôt à la financiarisation de l’économie plutôt qu’à l’investissement productif. L’investissement productif est un facteur de croissance qui est aux antipodes d’une prospérité sans croissance. Et pour un écologiste la création de l’emploi pour l’emploi ne dit rien de l’utilité réelle de cet emploi.

Emmanuelle Cosse aurait mieux fait de faire référence à l’inventeur de l’expression « Prospérité sans croissance », Tim Jackson. Quelques extraits de son livre* :

« L’idée d’une économie en croissance continue est une hérésie pour les écologistes. En termes physiques, aucun sous-système d’un système fini ne peut croître indéfiniment. La prospérité aujourd’hui ne signifie rien si elle sape les conditions dont dépend la prospérité de demain. Et le message le plus important de la crise financière de 2008, c’est que demain est déjà là… Dans un monde limité, certains types de liberté sont soit impossibles, soit immoraux. La liberté d’accumuler indéfiniment des biens matériels est l’une de celles-là. Les libertés d’acquérir une reconnaissance sociale aux dépens du travail des autres, de trouver un travail intéressant au prix d’un effondrement de la biodiversité ou de participer à la vie de la communauté aux dépens des générations futures pourraient en être d’autres… N’existe-t-il pas un stade où « assez, c’est assez », un point à partir duquel nous devrions arrêter de produire et de consommer autant ?… La diminution volontaire de la consommation peut améliorer le bien-être subjectif et va totalement à l’encontre du modèle dominant… L’humble balai devrait être préféré au diabolique souffleur de feuilles… Il est clair que la transformation de la logique sociale de la consommation ne peut être simplement renvoyée aux seuls choix individuels… Face à des chocs économiques, il est particulièrement important de créer des communautés sociales résilientes. Comme l’affirme l’institut pour l’autosuffisance locale, les communautés devraient avoir le droit de protéger certains espaces de tout esprit de commerce et de la publicité… »

C’est le message de Tim Jackson que devrait porter les dirigeants d’EELV, pas celui de « l’investissement » qui est un discours similaire à celui du PS (et des libéraux).

* Prospérité sans croissance (la transition vers une économie durable) de Tim Jackson
(de boeck ; 1ère édition 2009, Economics for a finite planet)

pour en savoir plus :
– le livre de Tim Jackson :
http://biosphere.ouvaton.org/annee-2010/952-2010-prosperite-sans-croissance-la-transition-vers-une-economie-durable-de-tim-jackson-
– sur notre blog :
http://biosphere.blog.lemonde.fr/2013/08/27/une-journee-dete-deelv-prosperite-sans-croissance/

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Le lundi végétarien à la place de la viande de porc ?

« Si vous voulez que vos enfants aient des habitudes alimentaires confessionnelles, vous allez dans l’enseignement privé confessionnel. » Nicolas Sarkozy soutenait ainsi la fin du menu de substitution aux plats contenant du porc dans les cantines scolaires de Chalon-sur-Saône.

Face à ce « faux débat », certains proposent sur LE MONDE d’instaurer une alternative végétarienne : « solution laïque et œcuménique aux préférences alimentaires de chacun… on ne distingue plus le musulman ou le juif qui évite le porc du végétarien qui évite la viande… respect des convictions de ceux qui refusent de manger des animaux pour des raisons éthiques… un régime végétarien est bon pour la santé… l’alternative végétarienne est écologique, il est impératif de commencer à agir sur l’une des causes majeures du changement climatique : la consommation de viande… nous appelons à ce que la loi française impose dans chaque cantine scolaire, mais aussi dans les restaurants universitaires et les administrations, une alternative végétarienne, voire végétalienne. »

Bon objectif, mauvaise méthode. Le double menu, carnivore d’un côté et végétarien de l’autre, scinde la population des cantines en deux groupes distincts. Il n’y a pas de réelle incitation à s’initier au menu alternatif. Sur ce blog, nous préférons faire l’éloge du lundi végétarien… pour tous. Trop de choix tous les jours n’incitent pas à découvrir le nouveau, surtout quand on a un rejet épidermique de la viande de la porc ! Voici pour le lundi végétarien les meilleurs moments de nos articles précédents :

http://biosphere.blog.lemonde.fr/2010/05/22/pour-un-lundi-vegetarien/
… André Méry (président de l’association végétarienne de France) : « Il faut tout de même avoir en tête que la France importe 5 millions de tonnes de tourteaux de sojas par an du Brésil ! Admettons que l’on crée une journée par semaine sans viande, cela permettra de réduire la déforestation, idem pour la pollution atmosphérique, pour le gaspillage d’eau, etc. » …

http://biosphere.blog.lemonde.fr/2010/06/09/interbev-et-le-lundi-vegetarien/
… Il paraît que le bœuf est « une énergie naturelle qui entretient les prairies, propice à la biodiversité et facteur de réduction de l’effet de serre ». C’est affirmé sur une pleine page de prairie verte sur ciel bleu que nous « offre » LE MONDE du 8 juin 2010, en fait une publicité financée par Interbev, l’interprofession bovine, ovine et équine. On ne peut donc s’attendre un avis parfaitement impartial et désintéressé… Si l’information véhiculée par LE MONDE était objective, on garderait cette page d’Interbev, mais on mettrait en vis-à-vis une pleine page pour inciter la population à pratique le lundi végétarien …

http://biosphere.blog.lemonde.fr/2011/01/08/lundi-vegetarien-mardi/
… Selon le supplément du monde**, on devrait s’interroger sur notre droit à manger de la viande. Il y a des chiffres effarants : « Le secteur de l’élevage industriel participe au réchauffement climatique pour 40 % de plus que l’ensemble des transports dans le monde ». De quoi déjà se mettre au lundi sans viande. Et puis il y a la manière industrielle de traiter les animaux comme des marchandises, empilés dans des espaces ridicules, empêchés de voir la lumière du jour, rabaissés à de la chair torturée. De quoi se mettre au lundi végétarien…

http://biosphere.blog.lemonde.fr/2011/03/21/journee-sans-viande-ou-lundi-vegetarien/
… La consommation de viande explose, LE MONDE s’en fait l’écho en une page entière*. La journée internationale sans viande, qui a lieu chaque année le 20 mars existe depuis 1985. Une journée seulement dans l’année ? L’association américaine FARM qui l’a initiée milite pour une alimentation sans viande. Devrions-nous nier notre capacité omnivore ? Ces actions sont relayées en France par la plate-forme militante contre la vivisection et pour les droits des animaux. Ce n’est donc pas une action directe contre les méfaits environnementaux de l’élevage industriel ! Les végétariens, mais aussi les militants contre le réchauffement climatique, prônent une action à la fois plus continue et plus modérée, le lundi végétarien…

* LE MONDE du 27 mars 2015, Le repas végétarien, le plus laïque de tous

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Biosphere-Info incite à agir contre la pub, abonnez-vous

Nous regrettons que la publicité ait tellement envahi nos espaces publics et privés qu’elle est devenue incontournable, normale, au-delà de toute critique. Cela ne nous doit pas nous empêcher de réagir, la publicité doit être considérée comme une agression surtout quand cela n’est pas ressenti comme tel. Le formatage répétitif et insidieux de nos habitudes de pensée est une calamité. Nous avons précédemment consacré 2 numéros de Biosphere-Info à la publicité :
310 écologie et publicité (1er juin 2013)
314 Nature et publicité selon François Brune (16 septembre 2013)

Ci-dessous notre dernier numéro qui vous donne les moyens de comprendre et d’agir avec l’association R.A.P., « résistance à l’agression publicitaire ». L’abonnement à Biosphere-Info est gratuit, il suffit d’envoyer un courriel à biosphere@ouvaton.org

BIOSPHERE-INFO n° 347 (16 mars 2015)

Résistance à l’agression publicitaire

Trois ingrédients sont nécessaires pour que la société de consommation puisse poursuivre sa ronde diabolique : la publicité, qui crée le désir de consommer, le crédit, qui en donne les moyens, et l’obsolescence programmée des produits, qui en renouvelle la nécessité. Ces trois ressorts de la société de croissance sont de véritables pousse-au-crime. Voici quelques repères pour vous permettre d’agir à bon escient contre l’agression publicitaire avec l’association R.A.P. (résistance à l’agression publicitaire).

Manifeste du RAP contre le système publicitaire
– OMNIPRÉSENTE ET MANIPULATRICE
Quelqu’un qui souhaite vivre en société ne peut pas échapper à la publicité. Chaque personne reçoit en moyenne entre 500 et 3000 messages publicitaires par jour. Entre 300 et 500 milliards de dollars US sont dépensés pour la publicité dans le monde, soit le deuxième budget mondial après la Défense. Mais il n’y en aura jamais assez pour elle ! Il y a en France un million de panneaux publicitaires et assimilés (dont probablement un tiers sont illégaux). Son matraquage est incessant et ses intrusions toujours plus sournoises : coupures TV et radio, téléphone, internet, bluetooth, tables de cafés creuses, autobus et métro emballés, sacs, vêtements, affichage sauvage, lumineux et déroulant, voire animé, bâches et écrans géants, même le corps humain…
De nombreuses disciplines scientifiques (psychologie, neurobiologie, sociologie…) et ressources créatives sont utilisées pour accroître la force de leur manipulation. En occupant d’énormes espaces à la télévision, partout dans le monde, la publicité est un vecteur de normalisation considérable de la pensée et des comportements : elle impose d’autant mieux ses modèles qu’elle pénètre l’intimité des familles. Mais non contente de s’introduire dans les foyers et de contrôler les enfants dès le plus jeune âge et à l’insu des parents, la publicité fait progressivement son entrée dans les écoles (matériel pédagogique, griffé, partenariats, ventes de boissons,…).
Avec le sponsorat, elle altère l’esprit du sport et s’immisce dangereusement dans la culture.
– DOGMATIQUE ET DANGEREUSE
La publicité propage des idéologies néfastes : sexisme, ethnocentrisme, culte de l’apparence, du « tout, tout de suite », compétition, matérialisme, conformisme, violence, maigreur et jeunisme. Elle n’hésite pas à jouer sur nos pulsions animales, nos souffrances et nos frustrations pour nous vendre cette recette trompeuse qu’est le bonheur par la seule consommation.
La publicité génère la violence à la fois chez ceux qui ont les moyens d’écraser les autres de leur pouvoir d’achat, et chez ceux qui sont exclus de ce pouvoir, mais restent persuadés qu’acheter est l’unique clef du bonheur. Humiliés de ne pouvoir atteindre les « modèles de vie » que célèbrent les médias, ceux-ci vivent une frustration sans fin. La publicité pousse ainsi à la consommation dans un mépris total des réalités humaines, écologiques, et sociales.
– LIBERTICIDE
La publicité dans sa forme actuelle est totalitaire. L’envoi de messages se fait à sens unique sans réponse possible. Elle a le monopole de l’expression dans l’espace public qu’elle privatise de par son omniprésence. Elle s’impose aux yeux des passants qui n’ont pas droit à la liberté de [non] réception.
La publicité lie financièrement les médias de masse aux exigences des annonceurs-entreprises. Elle les pousse et les réduit à ne rechercher que le « chiffre » et l’audimat au détriment de la qualité et de l’esprit critique.
La publicité crée aussi un danger pour l’information : avec la menace de retirer les budgets dont les médias dépendent, les pouvoirs économiques deviennent intouchables, compromettant l’indépendance des médias.
Les outils techniques de communications numériques – internet, écrans publicitaires, téléphone mobile – sont les yeux et les oreilles du système publicitaire. Après des décennies d’agression visuelle, la publicité se nourrit désormais de nos données personnelles pour accroitre son talent manipulatoire. Organisé par quelques grandes multinationales, ce fichage généralisé et centralisé de la population mondiale, contre lequel il est bien difficile de se prémunir, échappe la plupart du temps aux réglementations nationales. Jamais dans l’histoire de l’humanité il n’y a eu de système de fichage aussi bien renseigné : bien d’avantage que les États totalitaires.
– INÉGALITAIRE
Avec le système publicitaire actuel, seuls ceux qui ont de l’argent peuvent communiquer massivement de façon pérenne. Une grosse entreprise peut facilement se doter d’une image positive et vendeuse même si elle a des mauvais produits à vendre et un comportement irresponsable. Au contraire, un petit producteur aux procédés éthiques se retrouve noyé, faute de moyens…
La publicité est le carburant de l’économie libérale et industrielle, exploite sans vergogne les ressources des pays pauvres en prétendant les aider, renforce les inégalités et réserve la richesse à ceux qui en ont déjà trop.
La publicité est massivement au service d’une poignée d’entreprises multinationales hégémonique qui s’en servent pour étouffer toute concurrence. En 2011, en France, 550 annonceurs effectuent à elles seules 80 % des investissements publicitaires dans les médias nationaux. Rapporté aux 3 millions d’entreprises françaises, cela donne donc moins de 2 entreprises sur 10 000 ayant la capacité d’être largement visible du grand public.
Elle construit un système de prétendue compétition où ce n’est pas vraiment le meilleur qui gagne mais le plus riche. A coups de millions, les groupes de pressions ou lobbies font leur propagande quels que soient les risques sur l’environnement et les répercussions sur la santé physique et mentale (nucléaire, automobile, alcool, tabac …).
– INUTILE ET COUTEUSE
La publicité et ses services ne sont jamais gratuits que ce soit dans l’espace public (mobilier urbain), dans les médias ou ailleurs.
En tant que consommateurs, nous payons son coût en achetant des produits vantés par la publicité, puisque le coût de celle-ci est inclus dans le prix de la vente. Les annonceurs ont dépensé 31,4 milliards d’euros en 2011 en France (soit 480€ par habitant).
La publicité crée de faux besoins et provoque des dépenses inutiles et le sur-endettement. Le mythe du bonheur, la frustration et la déception continuelle de la consommation suscités par la publicité sont un cercle de dépendance sans fin.
En poussant à une consommation superflue et futile, la publicité contribue à l’épuisement des ressources et à la création de déchets aussi polluants que coûteux, et dont nous payons le retraitement en tant que contribuables ainsi que les conséquences sanitaires (obésité, anorexie, surcharge cognitive,…), sociales et environnementales à long terme en tant que citoyen. Ainsi, par exemple, en va-t-il des 31 kilos de prospectus par an et par boîte aux lettres qui vont généralement directement dans nos poubelles…

SORTIR DU SYSTÈME PUBLICITAIRE
La publicité ne s’adresse qu’aux consommateurs au détriment des citoyens éveillés et responsables. A la publicité nous préférons la culture, le paysage et les arts (qui embelliront nos villes et nous divertiront sans arrière-pensée commerciale), la philosophie, la poésie, l’humour et la littérature, les associations, la politique locale et les initiatives sociales, l’expression libre, individuelle et gratuite.
La seule publicité acceptable est celle que l’on consulte librement, en conscience. Elle doit revenir à un rôle neutre, non agressif et purement informatif ; elle doit être contenue, localisée, égalitaire d’accès et non imposée. Les annuaires sont un bon exemple de publicité égalitaire et non agressive.
Les caractéristiques et les conditions de fabrication des produits des annonceurs des publicités sont souvent analysées par les associations de consommateurs ou de défense des droits humains, sociaux et environnementaux. Ces associations exercent une analyse critique indépendante et font un travail d’investigation pour donner des informations dissimulées par la publicité.
Des modèles économiques sans publicité existent pourtant, que ce soit dans les médias, avec quelques journaux comme le Canard enchainé ou bien des sites internet comme Wikipédia, que ce soit dans les villes, l’exemple de São Paulo fait date, ou bien dans le métro, Stockholm est une belle illustration.
Il existe aussi des systèmes économiques viables et frugaux où la demande qui se concerte directement et va vers l’offre. Ainsi, les Associations de Maintien de l’Agriculture Paysanne où les consommateurs et les producteurs communiquent et échangent directement.
RÉSISTONS !!
Loin de négliger, aussi limités soient-ils, les moyens individuels de résistance à la publicité (autocollant « StopPub » sur les boites aux lettres, inscription sur des listes anti-prospection, bloqueur de publicité sur internet…), il faut savoir que des résistances collectives s’organisent déjà ! Actions ludiques, créatives et non-violentes, actions juridiques, interpellation des élus, réflexions et sensibilisation des médias et du public…
Toute participation est la bienvenue, quelle que soit sa forme (morale, active, financière). A chacun son rythme, à chacun son possible.

NOS REVENDICATIONS
Reconnaissance de la liberté de [non] réception comme corollaire de la liberté d’expression ;
Création d’une autorité réellement indépendante de contrôle de la publicité cogérée par des associations concernées, des professionnels du secteur et une instance publique ;
Dans l’espace public : Pas d’affiches dépassant 50cmx70 cm, avec un dispositif limité de 2 m2 par panneau et avec un nombre de panneaux limité en fonction du nombre d’habitants ; Interdiction des panneaux éclairés, déroulants et animés, énergivores et intrusifs ;
Milieu scolaire : Interdiction de la publicité dans les manuels scolaires, les kits pédagogiques et partenariats, pas de marques sur les vêtements des élèves et des professeurs de la tête au pied et sur le matériel scolaire, interdiction des publicités à moins de 100m des écoles ;
Dans le service public : Pas de publicité ou de dépendance financière à la publicité ;
Sur internet : Blocage par défaut des cookies à finalité publicitaire, intégration par défaut de dispositifs de blocage de récupération des données personnelles et de publicité dans l’ensemble des navigateurs internet et appliquer la loi condamnant les pourriels (spams) ;
Dans les Boites aux lettres : Respect des autocollants « Stop Pub » sur les boîtes aux lettres et fortes amendes en cas de non respect, application du principe pollueur-payeur pour que les commanditaires de ces pubs en payent le retraitement à 100% ;
Dans les médias : limiter les apports de la publicité aux médias privés à moins de 50% du financement est nécessaire pour garantir une liberté éditoriale, et interdire toute publicité dans les médias publics.

Adhésion à RÉSISTANCE À L’AGRESSION PUBLICITAIRE
24, rue de la Chine 75020 Paris
contact@antipub.org
Tèl : 01 43 66 02 04 – Tcp : 01 43 66 03 10

Appel à la constitution de groupes locaux de R.A.P.
Le système publicitaire est dans tous les espaces. La mobilisation doit être organisée, vigilante et forte partout. Ce n’est qu’en luttant et en articulant la lutte contre ce système qu’on arrivera à l’emporter. C’est pour ça que l’association R.A.P. encourage les personnes motivées par cette cause à former des groupes R.A.P. dans leur localité.
Créer un groupe permet de sensibiliser et de mobiliser sur des thèmes tels que la pub sur internet et dans les médias, la pub autour et dans les écoles (via les manuels pédagogiques), la pub dans les boites aux lettres, l’idéologie publicitaire, l’affichage, … Un groupe local pourra participer à des campagnes nationales et mener des actions locales comme, par exemple, la mise en place d’un règlement local de la publicité dans une ville.
L’association R.A.P. lance un appel à former des groupes locaux « antipub » et R.A.P. dans toute les régions.
Résistance à l’agression publicitaire (R.A.P.)
Adresse : 24, rue de la Chine – 75020 Paris
Contact (groupes locaux) : khaled.gaiji@antipub.org
http://antipub.org/

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La barbe, porteuse de significations écologico-politiques

Je suis barbu, comme tout écolo qui se respecte. C’est le témoignage d’un retour à la nature contre la civilisation du rasoir jetable. Mon apparence pileuse joue en effet un rôle important dans le processus d’affirmation de mes idées. Ma barbe a d’abord une connotation politique. Ce n’est signe ni d’une symbolique du pouvoir (les pharaons portaient des barbes postiches), ni d’un caractère masculin patriarcal et dominant. Mais il me faut laisser la nature reprendre le dessus, laisser libre l’animalité qui sommeille en moi ; laissons la barbe pousser, c’est écolo. Ma barbe a aussi une connotation sociale. Elle interfère directement dans le jugement que les autres vont porter sur moi. Des normes sociales contrôlent la pousse ou la coupe de la barbe ; la mode actuelle en France est à la barbe naissante. La mienne se laisse écologiser. Ma barbe correspond à la mentalité hippie des années 1960, refus du visage glabre, réaction contre l’ordre établi et l’impérialisme du rasoir électrique. Mais attention, ma barbe n’a pas de connotation religieuse, il y a barbu et barbu. Ceux qui se tournent vers l’islam radical ne comprennent d’ailleurs rien à l’écologie.

Après ces considérations qui se défalquent ironiquement d’un article du MONDE*, voici en complément quelques extraits d’articles antérieurs sur notre blog :
Pour un écolo, être barbu paraît naturellement seyant
… Il ne faudrait pas se raser quand on est écolo. Comme l’exprime Georgescu-Roegen** : « Il faut nous guérir du circumdrome du rasoir électrique, qui consiste à se raser plus vite afin d’avoir plus de temps pour travailler à un appareil qui rase plus vite encore, et ainsi de suite à l’infini… Il est important que les consommateurs se rééduquent eux-mêmes dans le mépris de la mode. »  Autour de nous, toute chose s’oxyde, se casse se disperse, etc. N’en rajoutons pas inutilement avec des lames jetables. Toujours plus de rasoirs signifie forcément un facteur d’entropie, une pollution et un épuisement plus important des ressources naturelles. Laissons la barbe pousser…
Se raser, c’est rasoir !
… Le fait de se raser n’indique pas une convergence des sexes ou l’éloignement de l’homme de son origine animale. Il s’agit uniquement d’une instrumentalisation des hommes, le poil est devenu le cœur d’une nouvelle cible à des fins mercantiles. On a inventé les rasoirs mécaniques ou électriques, les jetables et les super-performants à trois lames, bravo les ingénieurs au service du profit ! C’est la civilisation thermo-industrielle, son rasoir et ses lames jetables qui a transformé le monde occidental en cohortes de mâles bien propres sur eux…
à poil et sans poils, la femme
… La femme moderne se veut l’égale du singe, elle se montre à poil, du moins sur les affiches. La femme moderne ne se veut plus l’égale du singe, elle enlève ses poils. En cette journée mondiale de la femme, parlons du poil qui libère et de l’épilation intégrale qui enchaîne. D’abord les femmes ôtèrent les poils du mollet, c’était dans les années 1920 avec les robes courtes et les premiers bains de mer. Et puis les maillots couvrant de moins en moins de chair, ce fut l’épilation de la jambe entière et même des poils du pubis qui pouvaient dépasser. Aujourd’hui les jeunes filles deviennent adeptes de l’épilation intégrale…

* LE MONDE Culture&idées du 21 février 2015, Barbus de tous poils

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Christiane Lecocq, la liberté d’être complètement à poil

Nous n’avons pas encore traité sur ce blog du naturisme. C’est une erreur que la mort de Christiane Lecocq nous oblige à dépasser. Christiane, avec son époux Albert, a « œuvré au développement des valeurs naturistes et à leur promotion » en créant la FFN (Fédération française de naturisme) en 1950 et, la même année, le centre de vacances naturiste de Montalivet. Le couple a aussi co-fondé en 1953 la Fédération naturiste internationale (FNI), selon un billet posté sur le site de la FFN.* Le naturisme conserve puisque Christiane est morte le 24 décembre dernier à l’âge vénérable de 103 ans. Cependant il s’agit là d’un naturisme social et familial fondé pour devenir un produit touristique comme un autre. Avec ce naturisme institutionnel, nous sommes loin de la liberté d’aller et venir à poil là où on veut et quand on veut.

Nous préférons le souvenir de Stephen Gough. En 2005-2006, il a traversé encore une fois la Grande-Bretagne complètement nu. La randonnée à poil, rien à redire ? Un chroniqueur du MONDE nous en parlait en avril 2005**. Dans la tenue d’Adam et d’Eve, Stephen Gough et Melanie Roberts, avec pour tout vêtement un sac à dos et des chaussures de randonnée ont entamé un périple à travers l’Angleterre. Stephen : « On parle sans cesse des droits de l’homme et de la dignité humaine, et pourtant un homme dans son état naturel est emprisonné. » L’an passé, l’ancien soldat s’était essayé à une traversée de près de 1 400 km à travers la Grande-Bretagne, toujours aussi nu qu’au jour de sa naissance. Il avait été intercepté bien avant l’Ecosse, avait tâté de la cellule et de la justice. Eric Fottorino conclut ainsi : « Si Stephen Gough venait à en rencontrer un lion sur son chemin, sans doute verrait-il quelques limites aux joies de la nudité. » Un lion en Ecosse ? Cela prouve bien l’irrationalité du discours contre le naturisme de tous les jours, croire qu’un tee-shirt et un bermuda pourrait protéger des griffes et des crocs d’un improbable lion échappé d’un zoo écossais !

Pour condamner une telle pratique, que nous trouvons si naturelle, Eric Fottorino était en fait fort dépourvu ; chacun sait au temps des pauses suggestives sur les affiches publicitaires du monde occidental et des films pornos que les vieux arguments de la pudeur ne sont que trompe-l’œil. Vive les plages mixtes où se mélangent corps nus et textiles, vive la tolérance réciproque, vive les randonneurs dénudés. La Biosphère est heureuse quand elle voit les humains vivre et marcher comme ils sont nés, dans le plus simple appareil. Elle regrette seulement que ce soit la civilisation des loisirs qui, contre les oukases des moralistes de toutes obédiences, réinvente la nudité.

* Le Monde.fr avec AFP | 02.01.2015, Mort de la fondatrice du mouvement naturiste, Christiane Lecocq

** LE MONDE du 22.09.05, Nu comme un lion

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Vivre la simplicité volontaire dans la décroissance

Petite pub pour le seul livre qui mérite lecture en ces jours de fin d’année et de surconsommation,

Vivre la simplicité volontaire (Histoire et témoignages)

Ce livre* récapitule beaucoup de témoignages de personnes pratiquant une forme de simplicité volontaire et recueillis au fil des années dans le mensuel « La Décroissance ».

Préface (résumée) de Bruno Clémentin et Vincent Cheynet :

La simplicité volontaire est d’abord un déconditionnement. Se poser des limites matérielles témoigne d’une grande force de l’esprit. L’art de vivre exige l’effort, transpirer sur sa bicyclette ou une bêche à la main. Il peut même mener à l’absence de confort. Nous avons rencontré des personnes qui refusaient Internet, bien sûr, mais aussi le téléphone, la radio, et même le journal. La vraie liberté a toujours un coût et les personnes interviewées l’assument.

Seule la cohérence permet de toucher les autres. La décroissance n’est crédible que vécue, incarnée. L’individu et le collectif ne s’opposent pas, nous devons marcher sur nos deux jambes. Refuser toute responsabilisation des individus reviendrait à en appeler à un système autoritariste. Cette capacité à transformer sa vie est même le meilleur garant contre la montée aux extrêmes que nous vivons actuellement.

Introduction (résumée) de Cédric Biagini et Pierre Thiesset :

Nulle prétention scientifique dans ce livre, nuls chiffres : les entretiens ne valent que par eux-mêmes et par l’envie qui se dégage de toutes les personnes rencontrées de rompre avec la socété de consommation, de réduire leur dépendance au marché et aux grands réseaux techniques pour savourer une vie riche de sens, de puissance d’agir et de liberté. Nous espérons que les lecteurs, en découvrant ces récits de vie, trouveront matière à réflexion quant à leur propre condition et au monde tel qu’il ne va pas.

Dernières phrases de ce livre :

Ainsi que l’a écrit la nonagénaire Evelyne Sullerot aux jeunes générations : « La culture hédoniste et individualiste dans laquelle vous êtes élevés et dans laquelle vos parents évoluent serait totalement impraticable si une sévère pénurie s’installait. » …

Il est urgent de renouer avec les voix de la sagesse, de ne plus admirer béatement des vedettes « vues à la télé », de destituer les riches de leur piédestal et de renouer avec l’immémoriale vertu de la tempérance.

* Le pas de côté, éditions de l’Echappée 2014, 280 pages, 20 euros

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Noël des marchands, Noël contre la simplicité obligée

Les rituels ancestraux étaient liés à l’approche de l’hiver en Europe. Fixer la naissance de Jésus près du jour le plus court de l’année consistait donc à nier un paganisme proche de la Nature. L’invention du père Noël résulte d’un détournement historique complémentaire.

C’est seulement en 1809 que l’Américain Washington Irving a créé le personnage du Père Noël. La mondialisation du Père Noël peut commencer, y compris avec sa couleur rouge, utilisée dès 1866. De nombreuses firmes avaient déjà utilisé cette symbolique dans des publicités, mais Coca-Cola a largement contribué à fixer l’image actuelle : à partir de 1930, une série de publicités pour la marque Coca-Cola utilise le costume rouge et blanc. Le père Noël n’est qu’un hérétique dont la hotte va être garnie par les marchands du Temple. Aujourd’hui l’enfant Jésus est bien oublié, Noël est devenu la fête des marchands. Même des pays n’ayant pas de tradition chrétienne comme la Chine utilisent désormais le 25 décembre comme outil de vente. Rien n’est plus emblématique de l’esprit de notre temps que cette fête de Noël (censée représenter la naissance du fondateur d’une religion à l’origine ascétique) qui a dégénéré en un rite purement commercial et mène à son paroxysme la fièvre consumériste. Il nous faut trucider le père Noël, c’est obligé, notre surconsommation dépasse déjà les possibilités physiques de la planète. Voici en conséquence un résumé d’un texte de Stéphanie Combe :

« Comment apprendre à nos enfants à se réjouir de ce qu’ils ont, à ne pas demander toujours plus ? Un sujet d’actualité en cette période de surenchère pré-festiv e.Cultiver l’esprit de pauvreté en famille, c’est…

… enseigner très tôt que l’argent ne tombe pas du ciel, qu’il est le fruit d’un travail, qu’il faut économiser pour dépenser. Dans ce domaine, une tirelire s’avère pédagogique, dès le plus jeune âge, pour apprendre à gérer ses dépenses et ses recettes, même minimes.

… expliquer pourquoi on n’achète pas tout ce dont on a envie, même si on le peut, parce que le bonheur ne vient pas d’un bien matériel.
… apprendre à différer son désir à l’âge du « tout, tout de suite » : garder la crème dessert pour le repas dominical, inviter à choisir entre plusieurs souhaits celui qu’il préfère comme cadeau de Noël, inviter le jeune à contribuer à un achat s’il veut impérativement de la marque, etc.

… réparer plutôt que racheter, prendre soin de ses livres, de ses jouets, ranger pour éviter de marcher sur un playmobil ou de racheter la paire de gants introuvable, oubliée au fond d’un sac…
… partager -pas toujours facile à l’âge du « c’est à moi ! » -, qui implique de prendre en compte l’autre dans ses propres envies et désirs.

… les inviter à se débrouiller avec peu, sans acheter le dernier jouet ou gadget à la mode. Ils le savent d’ailleurs, eux qui préfèrent au jouet sophistiqué son carton d’emballage qu’ils transforment en barque ou en cabane ! »*

* http://www.lavie.fr/blog/stephanie-combe/a-noel-reinventer-la-simplicite-en-famille,2245

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Noël est une chiotte ignoble et on y plonge nos gosses !

Un texte de plus de 40 ans qui a  gardé toute sa vérité. En résumé :

« Le Père Noël  est le camelot immonde des marchands les plus fétides de ce monde. Les marchands de rêve et d’illusion, véritables pirates des aspirations enfantines, colporteurs mercantiles de l’idéologie du flic, du fric, du flingue… Face à la grisaille géométrique des cités-clapiers, bidonvilles de la croissance, face aux arbres rachitiques, aux peuples lessivés, essorés, contraints, s’étale la merde plaquée or-synthétique, la chimie vicieuse des monceaux de jouets, un dégueulis de panoplies criardes, avec, derrière la porte capitonnée le ricanement malin des marchands.

 Noël est une chiotte ignoble et on va plonger nos gosses là-dedans ? Mais faut bien faire plaisir au gamin ! Rubrique « Filles » du catalogue des Nouvelles Galeries : 28 pages sur 30 exclusivement consacrées aux poupées, aux dînettes, avec trousses de toilette et fers à repasser miniatures. Les deux pages restantes sont consacrés au tissage, à la couture, à des panoplies de danseuse…et de majorette ! Si avec ça votre fifille n’a pas pigé quel est son rôle futur. Côté « les Garçons » : sur 40 pages, 32 seulement consacrées aux bagnoles, avions, panoplies de cow-boys et carabines à plomb ! Doivent retarder, aux Nouvelles Galeries, j’ai pas trouvé de panoplies de CRS ou de para. Par ailleurs ces jeux sollicitent de plus en plus de consommation électrique. Allez, tenez, on va fantasmer un peu : bientôt pour construire des centrales nucléaires, l’EDF s’adressera à nos gosses et leur proclamera la nécessité de l’atome pour fournir de l’électricité à leurs jouets !

 Mais quelles sont les tendances d’enfants élevés dans un milieu naturel et n’ayant pas à souffrir du poids des divers modes d’intoxication ? Ils courent, ils jouent dans les flaques, se roulent dans la boue, ou tentent de percer les mystères de « papa-maman ». Ils vivent, pensent, créent. Refouler ces pulsions naturelles est donc le but criminel de notre société. Sauter à la corde ou jouer au ballon devient un exploit quasi contestataire sur des abords d’immeubles transformés en parking. Le système des marchands au pouvoir a dit : J’achète le Père Noël.  Les marchands tuent l’enfant, tuent les parents, tuent le jouet. »

 Devant la clarté du propos, la Biosphère n’a rien à ajouter…

source : numéro 3 du mensuel la Gueule ouverte, le journal qui annonce la fin du monde (janvier 1973)

http://biosphere.blog.lemonde.fr/2007/12/24/pere-noel-tueur/

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Dis-moi comment tu défèques, nous te dirons qui tu es

Nous avons connu nos premiers WC séparant l’urine et les selles dans un village de yourte près de Totnes. La construction était entièrement artisanale, la cabane était en pleine nature, les conteneurs pour tout transformer en engrais à côté. Pas besoin d’une « Journée mondiale des toilettes » pour faire accéder l’ensemble de la planète à ces toilettes d’avant-garde. Pas besoin d’un plan « L’Inde Propre » pour financer la construction de 130 millions de lieux d’aisance. C’était un gros progrès par rapport à l’installation chez mes grands-parents, dans une cabane au fond du jardin, les fesses assises sur un trou au milieu des planches, directement soulagés sur une fosse où grouillaient les vers blancs. Pour la vider, on portait nos seaux directement sur le compost. Un autre temps, pas si lointain.

                Aujourd’hui les normes occidentales d’hygiène et de confort veulent s’imposer en Inde et ailleurs. La défécation doit être modernisée. Pour le blog de Socioprolix*, la satisfaction des besoins naturels devrait dans l’avenir s’opérer dans un cabinet d’aisance à la pointe du progrès : WC lavant et séchant, jet d’eau tiède qui nettoie et sèche les fesses, modèle dit « japonais » qui se développe aux Etats-Unis alors que l’Europe « est à la traîne ». Pour les politistes de ce blog qui n’ont aucune connaissances des limites de la planète et de la gestion des déchets, « nos toilettes classiques nous feront le même effet d’incongruité et d’inconfort que les toilettes « à la turque » sur lesquelles on tombe encore parfois, au fond de certains bistrots. Hygiène et confort atteindront un degré maximal… »

Dans le monde de demain, le principal souci ne sera pas le confort du lieu où on défèque, nous serons plutôt préoccupés par le nécessaire recyclage de notre urine et de nos merdes.

* Socioprolix,

http://modesdevivre.blog.lemonde.fr/2014/12/17/quand-linde-fera-ses-besoins-comme-nous-et-reciproquement/

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Action municipale contre la publicité, autres actions…

Presque plus aucune publicité à Grenoble, une première européenne pour une grande ville. La municipalité (écologiste) a décidé de ne pas renouveler son contrat avec le groupe d’affichage JCDecaux*. Au total 2 051 mètres carré d’espaces publicitaires vont disparaître d’un espace public, qui aurait dû depuis toujours rester public, à l’abri des intérêts privés. Les espaces sur les abribus ne sont en revanche pas concernés dans l’immédiat, le contrat signé ne prenant fin qu’en 2019. Sao Paulo, au Brésil, est la seule grande ville à avoir déjà franchi le pas en 2007, en décidant d’interdire la publicité omniprésente et intempestive sur ses murs. Elle est revenue sur cette décision en 2012, signant un contrat… avec JCDecaux. Difficile de résister à la pieuvre publicitaire. Pourtant nous avons des références sur la nocivité de cette invasion multisupport, cinéma, télévision, affiches, tracts dans nos boîtes aux lettres, messages fréquents par le téléphone, par Internet, etc. La liste est longue de tous les reproches que l’on pourrait adresser à cette hydre : les sociétés publicitaires disposent de moyens colossaux employés à la propagation d’idéologies néfastes (sexisme, ethnocentrisme, culte de l’apparence, du « tout, tout de suite », compétition, matérialisme, conformisme, violence, maigreur et jeunisme), sa propagande est omniprésente et liberticide (l’envoi des messages se fait à sens unique, sans réponse possible), etc.

                Il est regrettable que le mouvement écologiste ne soit pas tellement à la manœuvre pour combattre la publicité, cet instrument décisif de la surconsommation et du gaspillage de ressources naturelles. Nous saluons les ouvrages de référence, De la misère humaine en milieu publicitaire (par le groupe Marcuse) et Le bonheur conforme (essai sur la normalisation publicitaire) de François Brune. Nous avons aussi réalisé des synthèses sur la publicité, ainsi ce Biosphere-info de juin 2013, écologie et publicité, ou cette autre référence à François Brune, Nature et publicité.

Mais vous pouvez agir avec le RAP (résistance à l’agression publicitaire) ou les déboulonneurs  Nous nous faisons souvent l’écho sur notre réseau de documentation des écologistes de leurs actions, par exemple dans « agir contre la publicité ». A chacun d’entre nous de trouver sa voie, collective ou individuelle, pour se libérer de la publicité.

* Le Monde.fr avec AFP | 24.11.2014, Grenoble bannit la publicité de ses rues

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La Décroissance, c’est simplement le sens des limites

Le mensuel La décroissance de novembre 2014 insiste à juste titre sur ce qui constitue un des fondements de la pense écologique, retrouver le sens des limites. En voici une présentation succincte :

p.3, La perte de la mesure (Olivier Rey)

« …Depuis plusieurs siècles en Occident on s’est livré frénétiquement à la mesure au premier sens du terme, l’évaluation d’une quantité, et en même temps la mesure au sens de juste mesure a complètement été mise à l’écart… C’est ainsi que pour la plupart des dispositifs, il existe un point en deçà duquel le développement est bénéfique, au-delà duquel il devient nocif et se met à desservir ceux qu’il était censé aider… »

p.5, « La notion de limite n’a plus droit de cité » (Aldo Naouri)

« …Mon activité professionnelle de pédiatre m’a conduit à analyser les facteurs qui ont abouti progressivement à la disparition de la notion de limite dans nos façons de penser… La non-limite est devenue l’idéal, laissant croire à chacun qu’il peut déployer son désir et ignorer la règle du don et du contre-don qui fonde le lien social… »

p.7, simplicité volontaire

Marie : « … Quand on est un couple infertile, si l’on ne veut pas du genre PMA-GPA, pour les grands médias, c’est incompréhensible… Bientôt on vous dira que c’est de votre faute si vous souffrez d’être infertile en vous renvoyant à votre refus d’utiliser les biotechnologies…« Pourquoi refuserions-nous de penser les limites dans la procréation et dans le même temps insisterions-nous sur la nécessité de prendre en compte les limites de la planète pour tout le reste ?… »

p.11, L’échelle humaine (Philippe Gruca)

« … Illich s’est montré particulièrement sensible à la question des limites, des seuils au-delà desquels le changement de taille devient un changement de nature… Nous autres, humains, pouvons être certains que notre liberté nous permet d’aller au-delà du raisonnable. L’échelle n’est pas notre destin, elle est pour nous un choix… »

p.12, Le président de la décroissance ?

«  Tu es libre seulement les moments de ta vie où tu fais des choses qui te plaisent, et tu n’es pas libre quand tu dois te consacrer exclusivement à gagner de l’argent… La vie ne doit pas servir la marchandise… » Cette citation provient du président de la République de l’Uruguay, José Mujica. C’est la première fois qu’un chef d’Etat va aussi loin dans la dépossession. Tous ce qu’il possède, c’est une Coccinelle. Il habite dans une ferme qui appartient à sa femme… Il reverse 87 % de ses émoluments à des œuvres sociales…

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L’obsolescence programmée bientôt punie par la loi ?

« Les produits que nous utilisons dans la vie quotidienne sont trop souvent programmés par le producteur pour ne plus fonctionner après un certain nombre d’utilisations. Ces pratiques sont néfastes pour l’environnement et pèsent sur le pouvoir d’achat des ménages », soulignent les auteurs EELV d’un amendement dans le cadre du projet de loi sur la transition énergétique*. L’obsolescence programmée par les fabricants pourra être punie comme une tromperie « sur la durée de vie du produit intentionnellement raccourcie lors de sa conception » soit une peine de prison de deux ans au plus, ainsi qu’une amende de 300 000 euros. Ce ne sont là que broutilles pour les multinationales qui gèrent notre existence par produits interposés.

                Pour Serge Latouche*, il faudrait aussi combattre l’obsolescence technique et l’obsolescence symbolique : pourquoi remplacer son téléphone portable qui marche encore par la dernière génération, pourquoi la mode vestimentaire alors qu’un vêtement bien adapté est indémodable ? Pour maintenir la demande, il faut de toute nécessité que ces objets périssent. Tel est le fondement de l’obsolescence. La publicité crée le désir de consommer, le crédit en donne les moyens, l’obsolescence en renouvelle la nécessité. Il nous faut sortir de ce cercle vicieux qui entretient sans fin une croissance économique destructrice de ressources naturelles. Mais on peut résister à la publicité ou refuser de prendre un crédit, on est par contre désarmé face à la défaillance technique des produits. Impossible de réparer, c’est fait pour. En 1881, Edison lance les premières ampoules, dont la durée de vie est de 1500 heures. Dans les années 1920, la durée est passé à 2500 heures et plus. En décembre 1924, General Electric et d’autres firmes se réunissent : limitation de la durée de vie des ampoules à 1000 heures. Le fait que les lobbies n’obéissent qu’à la logique du profit rend immoral le comportement du producteur.

                Finalement, avec l’obsolescence, c’est l’éthique elle-même qui devient obsolète. Un consumérisme synonyme de braderie, de soldes, de rabais, de promotions… a fini par nous transmettre un esprit de dévaluation des valeurs ainsi que du sens de la vertu. Tout est à vendre, tout devient facultatif dans le supermarché des valeurs. Aujourd’hui la question de la moralité de l’obsolescence doit être posée. Cet amendement (dont il faudra suivre le devenir) n’est qu’une première étape de la lutte contre un système thermo-industriel devenu fou. Car bientôt nous n’aurons plus le choix. C’est la crise (financière) qui amène déjà les gens à utiliser les objets plus longuement qu’auparavant. Une longue tradition philosophique encourage une forme de limitation des besoins pour trouver le bonheur…

* Le Monde.fr avec AFP | 27.09.2014, L’obsolescence programmée bientôt punie par la loi ?

** Bon pour la casse (les déraisons de l’obsolescence programmée) de Serge Latouche

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GPA et pro-life se veulent encore plus fort que la loi !

Notre époque formidablement friquée pour des trucs inutiles connaît une obstination déraisonnable aux deux extrémités de notre ligne de vie : notre venue au monde et notre trépas. Dans le cas de Vincent Lambert, en vie artificielle depuis vingt mois, le Conseil d’Etat a finalement jugé légale la décision de l’équipe médicale du CHU de Reims de mettre fin à son alimentation et son hydratation artificielles. Dans un monde sans repères comme le nôtre, les parents de Vincent vont encore faire appel de cette décision du Conseil d’Etat devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Les militants pro-life ne savent vraiment pas ce que vivre veut dire. Dans l’état de nature, nous n’aurions jamais entendu parler de cet acharnement thérapeutique indigne. Nous aimerions que les parents de Vincent gardent leur grabataire de fils à la maison et s’en occupent par leurs propres moyens puisque telle est la logique profonde de leurs actes. Trop facile de garder leur fils « en vie » contre l’ordre naturel de la mort aux frais de la collectivité !

                Autre type d’obstination déraisonnable, le désir d’enfant qui passe par la gestation pour autrui (GPA). Dans LE MONDE, on cite le cas de Pascale et Pierre*. Pascale ne peut avoir d’enfant pour cause de lésions de son appareil reproducteur. Agée de 39 ans, elle tente sans succès la fécondation in vitro. Alors c’est l’appel à une mère porteuse, pratique interdite en France… mais démarche facilitée en Californie, il suffit de débourser 100 000 euros. Si Pascale avait accepté la loi de la nature (sa stérilité), elle aurait pu quand même s’occuper des enfants des autres. Reconnaissons cependant dans ce cas que ce n’est pas la collectivité qui finance. Mais la France vient d’être condamnée par la Cour européenne (CEDH) pour le motif suivant : ne pas respecter les intérêts supérieurs de l’enfant en ne lui donnant pas une identité**.

Pourquoi toujours ces obsessions anti-nature de laisser vivre le plus longtemps possible ou d’avoir un enfant à soi ? Parce que notre système libéral veut nous faire croire que tout est possible, il suffit de vouloir, même contre la loi ou des décisions judiciaires, même contre le fait de vivre et mourir naturellement. Or il n’y a d’activités humaines complexes qu’au prix d’une ponction supplémentaire dans les ressources naturelles limitées de la planète. Ce qui est utilisé pour les uns l’est donc obligatoirement au détriment des autres. Que faut-il financer, les pauvres ou les riches ? Le planning familial ou l’appareillage sophistiqué et coûteux qui sert à maintenir artificiellement la vie ? La gestation marchande pour autrui ou le fait de financer une planète viable ?

* LE MONDE du 27 juin, « Le désir d’enfant est plus fort que la loi »

** LE MONDE du 27 juin, Gestation pour autrui : la France condamnée

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(In)croyants de tous les pays, jeûnez et sauvez le climat

Après le lundi végétarien, ne pas manger pour sauver la planète ? L’idée se veut consensuelle : à partir de juillet, et jusqu’en décembre 2015, date de la conférence de l’ONU sur le climat organisée à Paris, chacun est appelé à jeûner le premier jour de chaque mois, « en solidarité avec les populations déjà touchées par les effets du changement climatique à travers le monde ». Mercredi 4 juin, plusieurs organisations religieuses ont annoncé vouloir rejoindre le mouvement international prônant une journée mensuelle de jeûne, pour peser en faveur de mesures fortes contre le changement climatique*. La science et la religion veulent tendre vers une même revendication, moins consommer pour lutter contre le réchauffement climatique. L’élevage contribue fortement aux émissions de gaz à effet de serre, moins manger de viande est une solution, se priver de repas c’est encore mieux. Nicolas Hulot, officiel messager de l’Elysée pour la protection de la planète : « On retrouve dans les préceptes des grandes religions une responsabilité à œuvrer pour la protection de la planète. Il faut que croyants et non-croyants, défenseurs de la nature, entendent cet appel. Une fois par mois, les jeûneurs seront les ambassadeurs d’une plus grande sobriété dans nos sociétés de consommation. »

Certains d’entre nous montrent déjà l’exemple de la sobriété énergétique et de la simplicité volontaire. L’écologiste René Dumont a été un précurseur en la matière. Enfant, il appréciait les ouvriers agricoles polonais qui « marchaient pieds nus sur les chemins de terre et ne mettaient leurs chaussures qu’une fois arrivés en ville pour les économiser ». Plus tard, se souvient sa fille « A table, mon père exigeait qu’on prenne peu, qu’on se resserve si nécessaire, mais qu’on ne laisse jamais rien ». Adepte un temps de l’école distributive de Jacques Duboin, il pense que la consommation de quantités importantes de viande ne présente pas un caractère de nécessité absolue. Beaucoup plus tard, dans un restaurant très parisien, on en est au troisième plat. Dumont se lève et, d’une voix qu’il sait si bien rendre cinglante, qualifie l’agneau doré à point d’agression « contre ce pour quoi je lutte ». Calcul rapide des calories déjà ingurgitées, comparaison avec les rations habituelles des pauvres du Sud : « Bon appétit, mesdames, messieurs. » Et Dumont quitte la salle. Ne conseillait-il pas de se lever de table en ayant encore un peu faim ?

La philosophie de René Dumont tenait en une simple phrase : « L’espèce humaine doit savoir se limiter. » A chacun de nous de pratiquer le jeûne du premier jour de chaque mois, le lundi végétarien, la semaine sans télévision, le mois sans achat, etc.

* LE MONDE du 8-9 juin 2014, Le retour des Eglises

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Nous n’avons que très peu besoin de choses matérielles

Un écologiste est une personne qui a le sens des limites. Cela veut dire entre autres limiter ses besoins matériels pour approfondir ses besoins essentiels. Manfred Max-Neef, économiste chilien et prix Nobel alternatif en 1980, postule que les besoins des humains sont universels, peu nombreux et indépendants des cultures et des époques. Ils sont au nombre de neuf : Subsistence (susbsistance) ; Protection (sécurité) ; Affection ; Understanding (compréhension) ; Participation ;  Leisure (loisir) ; Creation ; Identity (identité et sens) ; Freedom (liberté). Mis à part le besoin de subsistance qui, à l’extrême de son insatisfaction, conditionne l’existence même du sujet, les autres besoins ne sont pas en relation hiérarchique les uns envers les autres et tous se trouvent, selon Max-Neef, en interaction systémique. Une « réponse destructive » comme la course aux armements est une réponse au besoin de sécurité tout en entrant en concurrence avec les besoins de subsistance, d’affection, de liberté. Par contre une « réponse synergique » intervient simultanément sur plusieurs éléments du système. Manfred Max-Neef cite l’allaitement maternel qui, en répondant au besoin de subsistance de l’enfant, stimule aussi la satisfaction de ses besoins de protection, d’affection et d’identité.

Ce que le modèle de Manfred Max-Neef rend évident, c’est que la satisfaction des besoins humains fondamentaux ne peut être réellement assurée en fournissant des biens et des services à ceux qui sont dans le manque. Vouloir résoudre les pénuries d’une manière mécaniste, spécialisée et extérieure – médicaments contre les épidémies, boîtes de conserve contre la famine, argent contre la pauvreté, gendarmes contre l’insécurité… – ne permet pas d’enclencher de véritables dynamiques de développement. Vouloir pallier l’insatisfaction des besoins fondamentaux par une course à la productivité non seulement est illusoire mais peut même se révéler destructeur. Et vouloir parachuter les solutions comme on parachute des vivres ou des médicaments, sans ouvrir un espace à la parole de l’autre, sans lui donner la possibilité d’élaborer à travers cette parole sa propre conscience de sa situation, revient à nier la nature humaine, une partie de son système de besoins et de ses ressorts.

Les formes d’organisation, les structures politiques, les valeurs, les règles, les espaces, les contextes, les pratiques sociales, font aussi partie des réponses aux besoins fondamentaux de l’être humain. De ce point de vue, Manfred Max-Neef pense que les structures sociales «moléculaires », à taille humaine, sont les plus propres à créer le contexte du processus de développement. La possibilité y est plus faible que la tentation de l’avoir se substitue à l’être, au faire et à l’interagir et que les leurres et les réponses univoques prennent le pas sur les réponses justes et synergiques, notamment parce que, paradoxalement, ces micro-sociétés peuvent être plus riches, du point de vue expérientiel, que les sociétés dites « évoluées ». Une fois de plus la démonstration est faite, et cette fois par un modèle de développement, que la logique du « tout marchand », qui a déjà fait bien des dégâts, reste la solution d’aujourd’hui qui prépare les problèmes de demain.

NB : Il est absolument scandaleux que la pyramide de Maslow soit toujours enseigné dans nos écoles et nos universités comme étant l’unique théoricien des besoins. Pour une réévaluation des besoins, voir Manfred Max-Neef et un très bon résumé de sa pensée par Thierry Groussin que vous pouvez trouver ici

http://socioeco.org/bdf/_docs/le_developpement_et_les_besoins_humains_fondamentaux.pdf

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Simplicité volontaire, la contradiction dans l’assiette !

Chaque fois que vous portez une bouchée dans la bouche, vous décidez du mode d’alimentation de votre estomac, mais vous votez aussi pour un certain mode de production agricole. Par exemple, est-ce que vous faites attention au numéro sur les oeufs que vous mangez ? Il est pourtant si simple de boycotter les oeufs de batterie grâce à l’étiquetage et au code apposé sur chaque oeuf : code 3, élevage en cages ; code 2, élevage au sol sans accès à l’extérieur ; code 1, élevage plein air (au sol avec accès à l’extérieur) ; code 0, élevage biologique (plein air + nourriture bio). Mais vous allez m’opposer l’argument du prix : en cage, c’est moins cher, il y a des pauvres, il sont donc obligés de choisir les poules en cage, etc. C’est vrai, nous avons aussi fait collectivement le choix d’une société inégalitaire. Les poules sont en cage, les pauvres sont encagés dans leurs logements sociaux.

Armand Farrachi pose clairement le problème du lien entre organisation sociale et élevage industriel : « L’objectif à peine dissimulé de l’économie mondialisée est de soumettre le vivant aux conditions de l’industrie. En ce sens le sort des poules en cage, qui ne vivent plus nulle part à l’état sauvage, qui n’ont plus aucun milieu naturel pour les accueillir, augure ainsi du nôtre. » Il nous faut comprendre que nous sommes victimes d’un système, mais que nous en sommes aussi les complices. Victimes et complices, c’est-à-dire adepte de la soumission volontaire ! Je rappelle ce que soumission volontaire veut dire. C’est un paradoxe, une contradiction interne ; nous n’avons pas conscience de faire mal, et pourtant nous sommes l’artisan de notre propre malheur. Rappelons le texte fondateur d’Etienne de La Boetie en 1576 : « Comment il peut se faire que tant d’hommes, tant de bourgs, tant de villes, tant de nations endurent quelquefois un tyran seul, qui n’a de puissance que celle qu’ils lui donnent, qui n’a de pouvoir de leur nuire sinon tant qu’ils ont vouloir de l’endurer… » Une population asservie est donc responsable du maintien d’une dictature, il suffirait de ne pas obéir au tyran pour qu’il se retrouve sans pouvoir. De même c’est l’esclave qui justifie le pouvoir de son maître, c’est la femme qui accepte le pouvoir de son macho de mec, c’est le consommateur qui accepte d’acheter des gadgets, c’est notre façon de manger qui produit l’élevage industriel ou non.

Notre façon de manger actuelle récompense les pires pratiques imaginables. Je vais vous dire quelque chose : si les consommateurs ne sont pas prêt à payer les éleveurs pour qu’ils fassent correctement leur travail, alors ils ne devraient pas manger des oeufs ou de la viande d’élevage en batterie. Chaque fois que vous prenez une décision concernant votre alimentation, vous pratiquez l’élevage par procuration, vous orientez dans un certain sens le système de production. A cause de nous, l’élevage est passé des mains des paysans à celles des grands groupes industriels qui font tout pour imputer leurs coûts au public. Il nous faut comprendre, en tant que consommateur individuel, que nous sommes complices, consciemment ou non, du comportement des grands groupes industriels : poules pondeuses sur plusieurs étages, veaux en batterie, cochons enfermés et martyrisés, etc.

La question animale devrait être l’objet d’une réflexion fondamentale pour tout écologiste qui se respecte. Les animaux font partie de nous. Nous devons lutter pour le droit des animaux parce que les humains sont aussi des animaux. Cette lutte commence par ce que nous mettons dans notre assiette. Il nous faut choisir le bio, l’agriculture de proximité, l’élevage traditionnel. Et pourquoi pas élever des poules pondeuses à l’intérieur des villes, dans le cadre familial ? Cette réflexion est d’autant plus nécessaire que la descente énergétique va poser un problème de plus en plus grand à tout ce qui est industriel (donc énergivorace), qu’il soit de production alimentaire ou de production tout court ! Il y a eu un temps sans élevage industriel, il y aura un temps qui refermera la parenthèse industrielle.

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