sports et loisirs

François Gabart, un record du monde pour rien du tout

François Gabart, un ego surdimensionné, un sponsor qui gaspille nos sous, un bateau qui n’a aucun avenir commercial, c’est encore une fois la conquête de l’inutile pendant que les glaces du pôle fondent… Pour une fois LE MONDE* ne salue pas l’exploit d’un tour du monde en solitaire et sans escale en 42 jours et des poussières : Que diable allait-il faire sur ce voilier ? Pourquoi cette quête de vitesse, encore et encore ? Au baccalauréat de philosophie, la question mériterait de bonnes heures de réflexion… Débat sur la société du spectacle… Une embarcation géante : 30 mètres de long, 21 mètres de large… Sur chacune de ses photos, sur chacun des communiqués de presse, impossible d’éviter le logo de la Macif… Les sceptiques pourraient voir dans ce record une gigantesque publicité ambulante, une dépense inconsidérée pour un simple objectif sportif… François Gabart présente cette virée, si onéreuse soit-elle, comme une distraction par procuration pour tant d’hommes et des femmes en quête de « bouffée d’oxygène »… »

L’essentiel pour monsieur Gabart n’est donc pas dans son exploit, mais de recevoir « des messages hypertouchants de gens qui (lui) ont dit avoir passé une bonne partie de leur séjour à l’hôpital à suivre mes courses sur leur téléviseur ». Au lieu d’un contact de proximité avec des gens du spectacle qui viennent distraire les malades, un deal avec la Macif qui a coûté 25 millions d’euros entre 2015 et 2019 pour un navigateur solitaire qui s’est fait plaisir.

Un commentaire sur lemonde.fr d’ERIC MANSALIER que nous approuvons complètement : « Le plus drôle, ce que bientôt, le bateau n’aura plus besoin de pilote, on pourra tout faire à distance. D’ailleurs dès aujourd’hui, le pilote ne navigue plus, il suit ce que le routeur lui dit, il se fait même réveiller ! C’est donc bien un homme sandwich ». Si j’étais un adhérent de la Macif, je ne serais pas du tout content de son sponsoring !

* LE MONDE du 19 décembre 2017, François Gabart, six semaines en bateau

François Gabart, un record du monde pour rien du tout Lire la suite »

Johnny Halliday, symbole de la société du spectacle

Pauvre civilisation malade qui chérit comme idole un chanteur parmi tant d’autres saltimbanques. Des dizaines de milliers de fan(atique)s pour voir passer un corbillard. Bientôt des pèlerinages pour aller voir une tombe parmi tant d’autres sépultures. Un hommage populaire qui n’est pas mérité. Johnny Hallyday n’est pour un écologiste que le symbole de la démesure, de la futilité et de l’oubli des réalités. Figure régulière du classement annuel des chanteurs français les mieux payés – deuxième en 2016, avec 16 millions d’euros de revenus, et pourtant ! Train de vie dispendieux, dettes et démêlés fiscaux : les questions d’argent ont poursuivi Johnny Hallyday toute sa vie. Amateur de voitures et de motos de collection, menant grand train, Johnny voyageait au gré des saisons entre ses résidences de Gstaad (station huppée des Alpes suisses), Saint-Barthélemy dans les Antilles, Marnes-la-Coquette (ouest de Paris) et Los Angeles. Il dépensait aussi sans compter pour ses innombrables « potes » invités de ses virées aux quatre coins du globe.

Le réchauffement climatique regrette l’empressement de Johnny à accélérer les déséquilibres planétaires, voyages en avions, dépenses superflues, gaspillage, participation intense à la société du spectacle. Normalement une idole doit se comporter comme un saint et œuvrer au bien commun. Johnny Hallyday n’en avait ni les pratiques, ni les discours. Il ne méritait pas une folie médiatique, encore moins le speech d’un président de la République…

Johnny Halliday, symbole de la société du spectacle Lire la suite »

Barcelone ou ailleurs, trop de tourisme tue le tourisme

Pour les activistes d’Arran à Barcelone, le temps est venu de passer à « l’autodéfense » contre le tourisme de masse qui « détruit le territoire et condamne les travailleurs à la misère ». Jeudi 27 juillet, quatre de ses membres encapuchonnés ont attaqué un bus touristique… (LE MONDE du 4 août 2017, A Barcelone, un groupe anarchiste prend le tourisme de masse pour cible). Quelques réactions sur lemonde.fr :

Brad : Ces jeunes sont nés dans une des plus belles villes du monde et l’ont vue s’aseptiser tandis que les prix doublaient voire triplaient sous l’effet du tourisme. Comme la plupart des révoltés politisés modernes, ils font partie de la classe moyenne, celle qui n’a pas énormément d’argent mais lit des livres. J’ai vécu dans cette ville. Le tourisme lui fait tant de mal… je comprends leur haine.

JosieLaRelou : “Le tourisme est le moyen qui consiste à amener des gens qui seraient mieux chez eux dans des endroits qui seraient mieux sans eux.”

JEAN PIERRE MENARD :Viva la quinta Brigada! Cette réac aussi exagéré qu’elle soit est une saine réaction. Il est temps que tous les citoyens et les responsables à tous les niveaux des pays prennent conscience, dans le domaine du tourisme comme ailleurs des dégâts collatéraux de ce capitalisme ivre qui mène notre civilisation a la décadence et à la mort de la planète. Venise menacée par les bateaux géants et j ‘en passe…..Enfin un sursaut de bonne raison!!!!

CLAUDE STENGER : Mais, sur le fond, si ces mouvements antitouristes (qu’on peut tout à fait comprendre, quand on sait qu’une minorité seule en profite au détriment de la population lambda) se voulaient aussi directs (cf. Action Directe) qu’ils le prétendent, ils attendraient les touristes envahisseurs (sinon barbares) à la sortie de leur bus avec des panneaux du genre « touristes go home !’

Philippe L :Ces gauchistes veulent « animer un mouvement révolutionnaire des pays catalans », au moins jusqu’au référendum d’autodétermination que la Catalogne va organiser le 1er octobre » en s’opposant à la venue de touristes. Attitude suicidaire car l’Espagne comme d’autres pays méditerranéens (Grèce, Italie, Portugal,…) ont une économie très largement basée sur le tourisme.

Nawak : Quand on parle d’indépendantiste, il faut en fait comprendre nationaliste. Ceux qui souhaite l’indépendance de la Catalogne ne sont que des nationalistes qui pensent qu’ils vivraient mieux sans les espagnols… Quand au tourisme de masse, il produit effectivement des nuisances, c’est indéniable. J’espère au moins que ces nationalistes violents n’ont jamais osé visiter un autre lieu que celui où ils ont eu la chance de naître…sinon où serait la logique de leur mouvement?

BERNARD BONNIN : Des gens non-violents et jacobins ont soutenu en Corse les plasticages des maisons qui bétonnaient la côte, construites sans permis de construire, condamnées en justice à une destruction jamais réalisée. Maintenant que le tourisme de masse arrive en Corse, avec une sécheresse jamais vue, et des ressources en eau précaires, on se retrouve avec des cultures en péril à cause des restrictions d’eau, alors que les touristes prennent des douches à gogo.

Robertpointu : Trop c’est trop. Trop de tourisme tue le tourisme.

Barcelone ou ailleurs, trop de tourisme tue le tourisme Lire la suite »

Il faut en finir avec la bougeotte touristique

J’ai effectué un « voyage de noces » au Kenya. J’en ai été vacciné, à vie ! Sensation de n’être perçu que comme un Blanc porte-monnaie sur pattes ! La vie devient une trajectoire de péage en péage et le tourisme n’échappe en rien à cette tendance. Une copine, la soixantaine, ne comprenait pas pourquoi elle n’aurait pas le droit de faire des voyages, elle veut garder sa liberté de découvrir d’autres contrées, d’autres cultures. J’aurais du lui citer Gandhi : « Le plus grand voyageur n’est pas celui qui a fait dix fois le tour du monde, mais celui qui a fait une seule fois le tour de lui-même. » Imaginez sa réaction lorsque je lui ai dit avoir définitivement renoncé à l’avion, luxe d’une minorité dont l’impact concerne une majorité. Dans l’échelle des valeurs, la responsabilité faisait pâle figure par rapport à SA liberté. Sans vouloir la culpabiliser, je soulevais une question politique majeure : comment sortir collectivement des problèmes écologiques majeurs dus à notre mode de vie ? (…) Il faut malheureusement constater que beaucoup d’opposants au projet d’aéroport de NDDL ne veulent pas de la décroissance du trafic aérien. Ils proposent une soi-disant alternative consistant en un aménagement-agrandissement de l’aéroport actuel de Nantes. Il faut au contraire nous accorder du temps pour penser ensemble la décroissance… du trafic aérien et du tourisme.

Ce texte (résumé) de Thierry Brulavoine* correspond parfaitement à nos propres préoccupations sur ce blog. Il faut en finir avec la bougeotte touristique, qu’elle soit par avion, en voiture ou avec le train. Nous écrivions en 2010 : « Quand il n’y aura plus rien à piller et que la pauvreté aura été transformé en misère, la foule des exclus pourchassera ceux qui se risqueront encore dans leurs contrées lointaines. Les pays riches font déjà aujourd’hui la chasse aux immigrés, on ne voit pas pourquoi demain les habitants des régions déstabilisées par l’occidentalisation ne feraient pas la chasse aux touristes. Ils reprocheront aux ressortissants du Nord le pillage irrémédiable de leurs ressources, la destruction de leurs particularismes par le voyeurisme touristique et l’étalage ostentatoire des inégalités. »

Bonnes vacances à tous, au plus près de votre domicile habituel…

* in « La décroissance » de juillet-août 2017, en vente chez les marchands de journaux.

Il faut en finir avec la bougeotte touristique Lire la suite »

Tokyo2020, Paris2024, des jeux olympiques dispendieux

Sur ce blog, nous sommes contre les Jeux Olympiques, le Tour de France, le Mondial de foot, etc. Nous sommes contre tous les sports massifiés, délocalisés, symboles du culte de la performance et de la marchandisation des humains. Le sport-spectacle est avec la publicité un des meilleurs moyens d’anesthésier le peuple en occultant la hiérarchie des vraies valeurs. Prenons les JO 2024 à Paris. L’opposition à l’organisation des Jeux est bien minoritaire, LE MONDE* en parle cependant. Sur Internet, plusieurs pétitions ont collecté quelques milliers de signatures dénonçant une compétition trop ­coûteuse, trop polluante, trop ­élitiste. Le maire écologiste du 2e arrondissement, Jacques Boutault, ­dénonce une « compétition qui valorise des valeurs complètement obsolètes d’un pays contre un autre pays ». Des intellectuels et des associations ont dénoncé, dans un appel du 6 octobre 2016 paru dans Libération, un « indécent gaspillage financier, économique et écologique qui ne bénéficiera qu’à la multi­nationale du Comité olympique international (CIO) ». Considérons dans notre article uniquement l’aspect financier pour justifier notre opposition à Paris2024.

Sur le papier, le budget prévisionnel des Jeux à Paris s’élèverait à 6,6 milliards d’euros, dont près d’un quart d’argent public. On peut déjà dire que c’est complètement minimisé, les précédents le montrent amplement. Déjà le prix des Jeux 2020 met Tokyo à l’épreuve*. La capitale nippone fait face à l’envolée des coûts de l’organisation des JO d’été. Le budget final est évalué par le comité organisateur entre 9,6 et 11,3 milliards d’euros. Au moment de sa candidature, Tokyo affirmait que les coûts ne dépasseraient pas 5,9 milliards d’euros. Les chiffres des dossiers de candidature relèvent de la fiction. Les dépenses opérationnelles, pour la sécurité ou encore les transports, sont largement sous-estimées. La multiplication des épreuves des JO contribue également à faire grimper la note globale. La facture totale au Japon pourrait même atteindre 23 milliards d’euros. Rappelons que les JO d’hiver de Sotchi en Russie, en 2014, ont coûté 38 milliards d’euros. Rappelons cette déclaration de Boris Johnson, maire de Londres, ville hôte des jeux olympiques de 2012 : « Les Jeux de Londres ne seront pas les jeux de l’austérité. » Mais la ministre britannique chargée des Jeux déclarait : « Personne ne se doutait que la Grande-Bretagne allait  connaître l’une des pires récessions de son histoire … Si nous avions su, il est quasiment certain que nous n’aurions pas postulé. » Rappelons cette déclaration anti JO d’Anne Hidalgo : « Il n’est pas question pour Paris et pour la France d’avoir une candidature de témoignage. Avoir des rêves c’est magnifique, les réaliser c’est encore mieux… Une candidature, c’est particulièrement coûteux. Cette course au toujours plus a laissé des éléphants blancs dans certaines villes. » Pendant sa campagne pour les municipales, elle avait été encore plus claire : « Les Jeux, ça coûte cher, y compris la candidature en soi coûte cher, et les Jeux dispendieux, je crois que ce n’est plus du tout d’actualité. »*** Les JO sont d’abord et surtout une histoire de fric, mais les politiques restent insensibles puisque ce n’est pas eux qui payent.

Face à la facture prévisible, Rome et Budapest avaient renoncé pour 2024. Mais la maire de Paris Anne Hidalgo avec le président Macron ont choisi la gloriole au détriment du porte-feuille des contribuables. C’est d’autant plus injuste que le CIO – structure à financements totalement privés – est exonéré d’impôts, comme le veut la « tradition » selon laquelle les grandes structures comme la FIFA (Fédération internationale de football) ou encore World Rugby bénéficient de tels avantages en échange de l’octroi d’un événement. Notre conclusion, c’est que les gens normaux se fichent complètement des JO, ils veulent simplement l’éducation, la santé et des emplois en phase avec l’équilibre environnemental.

* LE MONDE du 24 juin 2017, Jeux olympiques 2024 à Paris : des adversaires inaudibles

** LE MONDE éco du 24 juin 2017, Le prix des Jeux met Tokyo à l’épreuve

*** LE MONDE du 9-10 novembre 2014, JO 2024 : Hidalgo réplique à Hollande

Tokyo2020, Paris2024, des jeux olympiques dispendieux Lire la suite »

Le Tour de France sera le sauveur de la biodiversité

Du 1er au 23 juillet, le Tour de France va embarquer les téléspectateurs à la découverte de nombreux sites naturels d’exception. Chaque jour, au début de la retransmission des étapes sur France Télévisions, un spot ludique et informatif d’une minute présentera au public la diversité du patrimoine naturel en lien avec les étapes du Tour de France afin de sensibiliser les citoyens à la biodiversité. A l’occasion de la candidature de Paris aux Jeux Olympiques 2024, ces espaces naturels seront présentés à travers le regard et la sensibilité de 12 sportifs de haut niveau. Formidable, « une minute » pour convaincre, et l’accaparement des écosystèmes par les humains va régresser. Merveilleux, les téléspectateurs apprendront que l’Aigle royal peut faire une descente en piqué à plus 300 km/h et que le cheval de Przewalski réintroduit dans les Cévennes est le dernier cheval sauvage au monde. Étonnant, des sportifs plus ou moins dénaturés vont nous balancer des anecdotes pour étaler leur amour de la nature. Et ce ne sera pas de l’écologie punitive, mais du « ludique ». Plus besoin de militer dans des associations environnementales, le Tour de France s’occupe de tout, il fait le vide dans les cerveaux… comme la télé qui exploite le Tour de France pour doper l’audimat et la consommation de masse. C’est vraiment désolant, l’écoblanchiment (greenwahing) a encore frappé. Mais comme certains téléspectateurs sont cloués devant leur télé car ils ne peuvent faire du vélo par eux-mêmes, voi le programme :

Etape 1 : Le Rhin, Düsseldorf avec Julien Daguillanes (champion du monde de pêche à la mouche)
Etape 2 : La vallée de Néander avec Tony Estanguet (triple champion olympique de canoë – co-président de Paris 2024)
Etape 3 : Le Parc des Hautes Fagnes avec Denis Gargaud (médaillé d’or en canoë aux JO de Rio)
Etape 4 : Etang de Lindre, le Parc naturel régional de Lorraine avec Virginie Dedieu (triple championne du monde de natation synchronisée)
Etape 5 : La Réserve Naturelle des Ballons Comtois avec Julien Pierre (international de rugby – 2e ligne)
Etape 6 : Le Lac du Der avec Axel Clerget (Vice-champion d’Europe de judo 2017 – actuellement 2e au classement mondial – Champion du monde par équipe)
Etape 7 : Le massif forestier de Chatillon avec Guillaume Gille (triple champion olympique de handball – co-entraineur de l’équipe de France)
Etape 8 : La Réserve Naturelle du La
sc de Remoray avec Sandrine Bailly (biathlète, championne du monde)
Etape 9 : La Réserve Naturelle du marais de Lavours avec Sandrine Bailly
Etape 10 : Le bassin de la Dordogne avec Camille Grassineau (internationale de rugby)
Etape 11 : Le Parc Naturel Régional des Landes de Gascogne avec Tony Estanguet
Etape 12 : Le Parc national des Pyrénées, Gave de Pau avec Martin Fourcade (double champion olympique de biathlon)
Etape 13 : Le Parc naturel Régional des Pyrénées Ariégeoise avec Julien Daguillanes
Etape 14 : La Coulée de Lave de Roquelaure avec Julien Pierre
Etape 15 : Le Parc national des Cévennes, réserve de la biosphère avec Ophélie David (championne de ski cross)
Etape 16 : Le Parc Naturel Régional des Monts de l’Ardèche avec Guillaume Gille
Etape 17 : Le Parc national des Ecrins avec Ophélie David
Etape 18 : Le Parc naturel régional du Queyras avec Martin Fourcade
Etape 19 : La réserve de biosphère du Luberon avec Denis Gargaud
Etape 20 : Le Parc national des Calanques avec Virginie Dedieu
Etape 21 : Le Jardin des Plantes et ses Grandes Serres avec Camille Serme (3e au classement mondial de squash – vainqueur de 3 tournois super séries)

Tous les spots sont disponibles à partir des liens suivants mnhn.fr et letour.fr

L’unité en charge du Patrimoine Naturel au Muséum, responsable de ce programme, inpn.mnhn.fr
Les amateurs de nature peuvent télécharger l’application mobile INPN Espèces, https://inpn.mnhn.fr/informations/inpn-espece

Le Tour de France sera le sauveur de la biodiversité Lire la suite »

La politisation macroniste des jeux olympiques

Emmanuel Macron veut changer la politique, mais il fait la même chose que ses prédécesseurs, il s’implique dans le sport spectacle. Lors de la présentation de ses ministres sur le perron de l’Elysée le 14 mai 2017, il arborait avec d’autres une cravate avec logo de Paris2024. D’ailleurs l’éditorial du MONDE du 13 mai était dythytrambique : « Paris mérite d’organiser les JO de 2024… Les éternels grincheux redonneront de la voix pour s’alarmer que Paris se lance à nouveau dans cette folle aventure… L’on connaît ces critiques ressassées, ces récriminations frileuses, ce pessimisme obsidional où se complaît trop volontiers le pays… Ne manquons pas l’occasion de ressusciter l’optimisme collectif qu’avait pu provoquer le Mondial de football 1998. » Ainsi va la société du spectacle, soutenue par les médias de masse et les politiques à la recherche de notoriété facile. Pourtant l’éditorial du MONDE liste les sujets qui fâchent, le gouffre financier prévisible, la « grande fête planétaire du sport » effacée par le grand cirque publicitaire, les soupçons (avérés) de dopage et de corruption, l’idéal olympique de Pierre de Coubertin mis à mal par la professionnalisation des sportifs formés et encadrés par des Etats, des retombées économiques qui ne durent qu’un laps de temps très court…

Dès le début, les Jeux Olympique ne sont que le cache-sexe du politique. Aux premiers jeux olympiques de 1896 à Athènes, il y eut deux semaines de délire nationaliste. Le public réserve toute sa ferveur à ses champions nationaux sans le moindre égard pour ceux des autres pays, cela ne changera pas en 2024. Les jeux olympiques ont été privés de ressources financières jusqu’en 1972 parce que le Président du CIO de l’époque était un farouche défenseur de l’amateurisme. Puis le CIO est devenu richissime grâce à la vente des droits de retransmission. Tout s’est accéléré dans les années 1980 avec la libéralisation du paysage audiovisuel. Le CIO décide la professionnalisation des JO en 1981 et leur exploitation commerciale en 1986 par le sponsoring. En 2004 à Athènes, la lutte contre le « marketing sauvage » s’était traduite par l’interdiction faite au public de pénétrer dans les enceintes olympiques en arborant d’autres marques que celles des sponsors officiels ou avec une boisson gazeuse autre que Coco-Cola ! En février 2006, le comité international olympique s’était employé pendant de longs mois à ce que l’Italie adoucisse sa loi contre le dopage avant les Jeux Olympiques d’hiver à Turin. En juillet 2012, au moins 107 athlètes des sport olympiques d’été ont été sanctionnés pour une période de suspension qui inclut les jeux de Londre ! Le sport-spectacle s’accompagne du dopage, les JO ne font pas exception à la règle. Normal ! Quand on demande à un individu de dépasser ses limites, la tentation est grande de se faire aider. Le sportif est dénaturé par obligation.

Emmanuel Macron ne fait pas de « la politique autrement » en matière de sport. Or sans l’État, il n’y a pas de JO à Paris : on n’a pas la sécurité, les subventions, l’engagement des politiques auprès du CIO. Il faudrait supprimer le ministère des sports. Nous avons déjà le ministère de la santé pour le dopage, le ministère des finances pour les fraudes fiscale , le ministère de la justice pour diverses affaires (viols, chantage …) et le ministère des affaires étrangères pour les rapports avec le Qatar. Le sport est étymologiquement un jeu, un amusement ; sport et compétition ne sont donc pas synonymes. Le sport devrait reste une simple activité physique, une sorte d’hygiène de vie. Il ne s’accompagne par du goût de la compétition, mais d’un apprentissage de valeurs morales et de la recherche du contact confiant avec les autres comme avec la Biosphère. La marche à son rythme avec des amis, loin de toute démonstration de force, est le meilleur des sports. Si cette marche s’accompagne du contact avec la nature, nul besoin de ce surcroît d’adrénaline provoqué par le sport-spectacle, car l’émerveillement et l’accomplissement vont alors de soi...

La politisation macroniste des jeux olympiques Lire la suite »

L’écologie ne semble pas inspirer les artistes

La vie culturelle semble se dérouler en dehors de la réalité environnementale. Rentrée littéraire après rentrée littéraire, l’écologie est absente des centaines de nouveaux romans publiés et des préoccupations des écrivains. Les philosophes le plus médiatisés traitent de sujets sociétaux et relèguent l’écologie au dernier rang. En art contemporain, les artistes les plus plébiscités ne s’inscrivent pas dans une démarche écologique. Rares sont les films, en dehors des documentaires, qui intègrent l’écologie comme thématique. Les séries télévisées sont encore plus loin du sujet. La chanson française est peu inspirée par les changements du climat et des écosystèmes. La mode qui permet la vacuité des comportements reste bien loin des enjeux environnementaux. C’est d’autant plus dommage que l’évolution vers des modes de vie plus durables est avant tout de nature culturelle ; et que les représentations évoluent plus vite par le prisme de l’art. L’écologie ne semble pas inspirer les artistes. Pas encore, mais ça commence affirmait Alice Audouin dans son livre « L’écologie c’est fini » (Eyrolles 2013).

Il est vrai que pour Alice, c’est surtout le développement durable qui constitue la culture mobilisatrice par excellence, ce qui déconsidère l’écologie : « Ne regrettons pas cette écologie politique qui ghettoïse l’écologie au travers d’une définition stricte. Il ne s’agit pas de dénigrer la valeur de la nature « en soi », mais de comprendre que, pour réussir à la préserver, l’être humain doit y trouver un avantage personnel. » L’auteur défend une position anthropocentriste, dans laquelle il s’agit de préserver la nature « pour soi » et pas uniquement « en soi ». Il est vrai qu’Alice est avant tout une spécialiste du développement durable dont elle a fait son métier. Ce qui ne l’empêche pas de montrer l’importance de notre rapport à la nature : « Depuis l’existence du sapiens sapiens (nous) l’action de l’homme n’avait jamais influencé des ensembles aussi globaux que le climat, il s’agit donc d’une ère nouvelle dans l’histoire de l’Humanité ; l’homme peut détruire l’environnement sans le vouloir et sans le savoir. » On sent chez Alice cette opposition profonde entre écologie punitive et écologie joyeuse: « Les porte-parole de l’écologie se doivent d’incarner une image positive dans un contexte où la charge anxiogène et culpabilisante est déjà dans l’idée que nous détruisons la nature. »

La société de consommation de spectacles qui est la nôtre se garde d’inquiéter la population à l’heure où, au contraire, on devrait être angoissé des périls en cours, épuisement des ressources fossiles et des métaux, réchauffement climatique, océans surpếchés et pollués, etc. Les artistes qui vivent de l’air contemporain préfèrent amuser ou épater la galerie plutôt que d’aborder les véritables problèmes de fond, anxiogènes. Le changement qui a le plus d’importance aujourd’hui réside dans la continuité même du spectacle. Mac Luhan parlait dans les années 1960 de « village planétaire », si instamment accessible à tous sans fatigue. Mais les villages ont toujours été dominés par le  conformisme, l’isolement, les ragots toujours répétés. La pollution des océans et la destruction des forêts équatoriales menacent le renouvellement de l’oxygène de la Terre. Le spectacle conclut que c’est sans importance. Nous nous réveillerons seulement quand les soubresauts de la planète menaceront de nous ensevelir. A ce moment-là l’art et la culture seront remplacés par des stages de survie et/ou de jardinage.

L’écologie ne semble pas inspirer les artistes Lire la suite »

L’écologie n’a pas besoin d’un ministère des sports

En septembre 2017 aura lieu l’élection de la ville hôte des Jeux olympiques (JO) 2024, qui se jouera entre Paris et Los Angeles*. La maire socialiste de la capitale, Anne Hidalgo, et le premier ministre, Bernard Cazeneuve, ne comptent plus leur discours de soutien. Les ministres des sports, avec 0,14 % du budget 2017, se contente d’aller voir les matchs. On a bien l’impression que l’activité politique est consacrée uniquement au « sport qui se regarde”». Le sport n’est qu’un affichage politique, pas un réel besoin. Le livre de Michel Sourrouille,  « L’écologie à l’épreuve du pouvoir », est clair sur la question, il faut sortir du sport-spectacle :

« Dans un gouvernement écologiste, il n’y aura pas de ministre dédié aux sports en tant que tels. L’espérance de vie en bonne santé ne dépend pas du sport-spectacle. L’ancien sprinter Roger Bambuck, médaillé aux JO de Mexico en 196 et secrétaire d’Etat à la jeunesse et aux sports de 1988 à 1992, s’exprimait ainsi en 2016 : « L’activité physique est 100 % positive pour la santé, l’équilibre mental et social. Alors que le sport de haut niveau, je n’hésite pas à le dire, est une activité dangereuse à tout point de vue. (LE MONDE du 2 avril 2016) » il est vrai qu’il a été obligé de mettre en place la première loi de prévention et de lutte contre le dopage. Plus grave, le sport de masse détourne l’attention de l’essentiel. Si les médias, les politiques et les Terriens avaient prêté autant d’attention au réchauffement climatique qu’au Mondial de foot, les conférences internationales auraient été un franc succès. Mais le capitalisme libéral préfère que les humains s’intéressent au foot-spectacle plutôt qu’à leurs conditions de vie présentes et futures. La politique n’a pas à se mêler de l’organisation d’un show planétaire, même quand il s’agit des Jeux Olympiques. Les JO ont été privés de ressources financières jusqu’en 1972 parce que le Président du CIO de l’époque était un farouche défenseur de l’amateurisme ; le CIO d’aujourd’hui est devenu richissime grâce à la vente des droits de retransmission et au sponsoring d’épreuves désormais ouvertement professionnelles. Sous le prétexte du sport comme expression des peuples, les Jeux Olympiques sont aujourd’hui le cache-sexe du système marchand : sur le stade comme ailleurs, la lutte entre États se transforme en lutte entre firmes. Quand François Hollande se déclare « favorable à ce que la Ville de Paris, si elle en décide », se porte candidate aux Jeux Olympiques de 2024, c’est sur la base de faux arguments : « C’est très important parce que ce sera un moment de ferveur, et surtout ça fera plein d’équipements avant, plein d’emplois, plein d’industries qui pourront se montrer. » Ce sera plutôt de grands travaux inutiles et imposés. « Plus vite, plus loin, plus fort », telle est la devise des jeux olympiques modernes alors que les principes d’une société équilibrée sont à l’inverse « Aller moins vite, aller moins loin, plus de douceur ». Loin du sport-spectacle, l’activité physique se moque des records. L’activité physique est de la responsabilité de la personne, d’un club ou d’une organisation territoriale, le national n’a rien à gérer. »

Sans l’État, il n’y a pas de JO à Paris : on n’a pas la sécurité, les subventions, l’engagement des politiques auprès du CIO. Sans ministère des sports, cela n’empêche pas les amateurs d’aller pousser le ballon. « La responsabilité de la réussite de la politique sportive incombe en grande partie aux fédérations sportives, écrivaient les auteurs du rapport de la Cour des comptes, en 2013. Sur lemonde.fr, Pierre Dumont s’exclame : « Je me suis toujours demandé pourquoi nous n’avions pas aussi un ministère spécifique du cinéma encourageant son aspect industriel… Un bon gouvernement en fait devrait bien avoir 50 ministères, sans compter celui des ministères ! » René B renchérit : « Il faut supprimer le ministère des sports. Nous avons déjà le ministère de la santé pour le dopage, le ministère des finances pour les fraudes fiscales des joueurs de haut niveau, le ministère de la justice pour diverses affaires (viols, chantage …) et le ministère des affaires étrangères pour les rapports avec le Qatar. »

* LE MONDE du 25 mars 2017, Faut-il encore un ministère des sports ?

L’écologie n’a pas besoin d’un ministère des sports Lire la suite »

Que retenir des JO 2016 au Brésil : la fin de records

Dans un « Manifeste pour un athlétisme propre », la fédération britannique (UKA) a proposé de supprimer les records du monde. « La confiance dans ce sport est à son plus bas niveau depuis des décennies, estime le patron de la fédération. Le moment est venu pour des réformes radicales si nous voulons ramener la confiance. »* Voici une proposition qui mériterait d’être appliquée à tous les sports. La recherche du record à tout prix est une plaie. Combien de médaillés à Rio pourront-ils encore se targuer de leur breloque dans dix ans ? La question se pose avec acuité, en ces temps où les affaires de dopage rythment l’actualité sportive. Deux semaines avant le début des JO, le Comité international olympique (CIO) a porté à 98 le nombre de sportifs pris a posteriori par la veille antidopage lors des deux dernières éditions olympiques (Pékin 2008 et Londres 2012). Série en cours puisqu’une troisième et quatrième salves de résultats devraient être annoncées prochainement. Il faudra donc attendre 2026 et l’approfondissement des analyses antidopage pour connaître les « vrais » podiums des JO au Brésil. La médaille olympique est devenue un bien périssable au fil des avancées scientifiques qui permettent de déceler a posteriori des substances ou des méthodes de dopage indétectables au moment des compétitions. Le code mondial antidopage autorise désormais à conserver les échantillons (urinaires et sanguins) dix ans après une épreuve. Les records du monde antérieurs restent eux aussi suspects ; dans les années 1980 et 1990 il n’y avait pas la même réglementation contre le dopage, pas autant de contrôles…

Le sport-spectacle s’accompagne du dopage, les JO ne font pas exception à la règle. Normal ! Quand on demande à un individu de dépasser ses limites, la tentation est grande de se faire aider. Le sportif est dénaturé par obligation. Des drogués surentraînés courent pour des pays aux moyens financiers disproportionnés. Certains programmes d’entraînement sont en effet plus coûteux et plus efficaces que d’autres (sans parler du dopage d’Etat, voir la Russie de Poutine). Tout cela pour le plus grand plaisir de politiques qui courent après la société du spectacle et devraient se faire huer au stade Maracana et ailleurs. Les gens normaux se fichent complètement des JO, ils veulent l’éducation, la santé et des emplois en phase avec l’équilibre environnemental. La compétition sportive ne peut pas faire partie d’un agenda écologique en ce qu’elle cultive le goût du spectacle (seulement associé à un chauvinisme nationaliste), la performance (« se dépasser » alors qu’il faudrait seulement chercher les moyens de son épanouissement), la réussite d’un pays (qui ne se mesure pas aux nombres de médailles).

Conclusion : Marre des Jeux Olympiques. Notre Biosphère a besoin d’austérité, les JO nous grisent de paillettes. L’écologie politique devrait promouvoir la fin des JO. Il n’y aurait plus de records, il n’y aurait plus ces podiums avec hymne national, il n’y aurait plus ces gloires déchues et ces corps brisés. Comment est-il possible que nous accordions tant d’importance à des épiphénomènes tels que celui de savoir qui est l’homme le plus rapide de la planète sur 100 mètres, quelle est la femme qui nage le plus vite la brasse papillon ou quel est le pays qui aura le plus grand nombre de médailles ? La marche à son rythme est le meilleur des sports. Si le contact de tous avec la nature était donné de surcroît, ce serait le paradis sans limites.

* LE MONDE du 7-8 août 2016, Médailles éphémères

Que retenir des JO 2016 au Brésil : la fin de records Lire la suite »

Euro2016, le désenchantement : sécurité et football

François Hollande a choisi comme directeur de cabinet Jean-Pierre Hugues, promotion Voltaire de l’ENA, ex-directeur général de la Ligue de football professionnel (LFP)… et ancien préfet ! « Ce qu’on attend avant tout, dans ce genre de période, c’est quelqu’un qui tienne la maison, résume un proche de François Hollande. L’idée est d’avoir quelqu’un qui a de l’expérience dans le corps préfectoral, dans les dossiers sécuritaires.»* Jean-Pierre Hugues présente l’avantage d’être familier des problèmes d’organisation et de sécurité liés aux grands événements sportifs. L’euro2016 mobilise en effet la gent politique et l’ENA paraît destinée à former à la fois des cadres pour le football et la Haute Fonction Publique.

Mélange des genres à l’heure du foot-spectacle, on en arriverait presque à donner raison au Front national. «Le foot, je m’en fous», déclare Marion Maréchal-Le Pen. «Ce n’est un secret pour personne, je n’ai pas une attirance particulière pour le football», écrit Marine Le Pen sur son blog. Lors de l’Euro1996, Jean-Marie Le Pen jugeait déjà «artificiel de faire venir des joueurs de l’étranger et de la baptiser équipe de France». Contrairement à Nicolas Sarkozy, supporter affirmé du PSG, ou à François Hollande, qui soutient depuis l’enfance l’AS Monaco et le FC Rouen, aucun dirigeant FN de premier plan ne fait état d’une passion particulière pour le foot. La dirigeante du FN ne retient de ce sport de masse que «les dérives en tout genre, le scandale sans fin du FIFAgate, sa financiarisation extrême et son approche exclusivement commerciale». **

Dans cette affaire footbalistique, le plus populiste n’est donc pas le Front national, mais des membres de la droite comme de la gauche classique. Il est anormal que la socialiste Martine Aubry puisse tenir publiquement des propos à la gloire du sport-spectacle : « Que la France organise l’Euro2016 dans un moment où le moral est un peu dans les chaussettes est une belle opportunité. Je pense que cela va redonner une énergie, une envie d’être ensemble. C’est cela qu’apporte le football, cette espèce de communion.»*** Pour conforter cet unanimisme de façade, il faut dire la maire de Lille a financé un stade de 50 000 places pour 17 millions d’euros par an pendant 31 ans, un grand projet inutile qui ne sert qu’au défoulement collectif et certainement pas à la convivialité d’un petit groupe. Il est aussi anormal que l’Euro2016 mobilise 42 000 policiers et 40 000 militaires comme si on était en état de guerre****. Quand les politiques cautionnent un foot-spectacle qui a besoin de moyens sécuritaire disproportionnés, cela veut dire que nous quittons le système démocratique pour rentrer dans un processus de manipulation des masses. «Du pain et des jeux» était le mot d’ordre de l’élite d’un empire romain en déliquescence.

* LE MONDE du 11 juin 2016, Le nouveau directeur de cabinet de Hollande nommé pour « tenir la maison »
** LE MONDE du 9 juin 2016, Le football, un sport qui hérisse le Front national
*** LE MONDE du 4 juin 2016, «redonner l’envie d’être ensemble»
*** LE MONDE du 4 juin 2016, l’Euro2016 sous haute surveillance

Euro2016, le désenchantement : sécurité et football Lire la suite »

Extension du domaine de la lutte à Roland-Garros

Un article du MONDE à lire et relire pour savourer les contradictions du temps présent : en résumé, le tournoi de Roland-Garros ne se jouera pas encore cette année sur une partie du Jardin des serres d’Auteuil. D’un côté un court prévu de 4 950 places pour regarder 2 types courir après une balle jaune pendant deux semaines. De l’autre un jardin datant de 1897 voué à cette bétonnisation pour satisfaire les besoins d’extension du sport-spectacle. D’un côté la FFT (fédération française du tennis) qui veut gagner toujours plus d’argent. De l’autre France nature environnement (FNE), la Société pour la protection des paysages et de l’esthétique de la France (SPPEF), et les Vieilles maisons françaises (VMF)… opposées à un projet d’extension sur un site classé monument naturel et historique. D’un côté les politiques de tous bords qui disent tous, la mairie de Paris, le Premier ministre et le président de la République… « que le projet ira à son terme ». De l’autre une opposition irréductible des défenseurs de la nature et de leurs « petites » associations.

En fait un dialogue de sourds entre deux conceptions du bien commun et de l’intérêt général. Pour les uns, le Jardin des serres est un joyau du patrimoine français sur le point d’être abîmé. Pour les autres, c’est Roland-Garros qui devrait être magnifié. Pour les uns il faut arrêter les grands travaux inutiles, après Sivens et Notre-Dame-des-Landes, ça suffit la connerie. Pour les autres il s’agit de l’amélioration d’un tournoi d’envergure planétaire « qui participe au rayonnement de la France dans le monde ». Pour les uns c’est une volonté précieuse d’intransigeance quant au respect des protections environnementales et patrimoniales. Pour les autres c’est la soumission au diktat du sport-business : l’histoire du stade de Roland-Garros, depuis sa construction en 1928, est celle d’une extension continue. Jusqu’où ? Accorder un morceau du Jardin des serres d’Auteuil aujourd’hui, c’est la privatisation totale d’un domaine public demain : les appétits du sport-spectacle sont insatiables.

La finale de Roland Garros ne nous fait pas rêver. Une religion qui a des élus qu’on appelle Federer ou Nadal nous gonfle. Rappelons qu’en mars 2015, le mensuel La décroissance s’attaquait ainsi au court de tennis : « Ces dernières années une chose m’a frappé : le nombre de courts de tennis abandonnés… Engouement voici une trentaine d’années, désaffection actuelle… Un court de tennis fait 23,77 mètres par 8,23, soit plus de 260 m2, ce qui correspond à la surface d’un potager capable d’alimenter une famille de 4 personnes en légumes frais… Pour faire face à la crise écologique et pour assurer notre sécurité alimentaire, la priorité des priorités est de mettre fin à la destruction des terres agricoles. Cela semble une évidence : les courts de tennis sont parmi les premières des saloperies bétonnantes à arrêter… On y joue seul face à un adversaire, et plus rarement en double, entre gens du même monde. Voilà une cible de choix pour les objecteurs de croissance au couteau entre les dents… Alors que faire de ces courts de tennis qui pourrissent notre pays déjà si abîmé ? Les transformer en potager ? Hélas, leur revêtement en goudron et autres saloperies synthétiques suintent depuis des années dans la terre… »

* LE MONDE du 28 mai 2016, Roland-Garros : la lutte de l’extension du domaine

Extension du domaine de la lutte à Roland-Garros Lire la suite »

FIFA en accusation… comme le foot spectacle !

L’écologie est partout, bien que soigneusement cachée sous les oripeaux du sport de masse. LE MONDE* en dévoile les dérives : Arrestation le 27 mai 2015 à l’aube de sept dirigeants de la FIFA pour corruption… Réélection le 29 mai de Joseph Blatter pour un cinquième mandat… démission de Joseph Blatter le 2 juin… Il a fallu une semaine à peine pour faire chuter de son piédestal le tout puissant patron du football mondial, à la tête de la fédération internationale du foot depuis 1998. LE MONDE suit l’actualité croustillante du foot, mais se garde bien de dénoncer la FIFA elle-même, et au-delà le sport spectacle. C’est ce que nous faisons sur ce blog depuis plusieurs années. Extraits :

La FIFA, une multinationale qui accueille ses complices
… Selon le collectif Quel sport ? : « L’espoir que le foot redevienne un jeu – ce qu’il n’a d’ailleurs jamais été – est en réalité la laisse de la soumission au football capitaliste, avec ses clubs cotés en bourse, ses spectacles sponsorisés pas les multinationales, ses pratiques illégales (dopage, évasion fiscale) et ses panneaux publicitaires. Le football est une multinationale comme une autre, qui participe au même titre que Coca-Cola ou Mc Donald’s à la reproduction élargie du capital, à la stabilisation des régimes politiques et à la crétinisation consumériste des masses. » (Football, la colonisation du monde (2014)…

Le règne du fric contre la protection des ressources naturelles
…Les six partenaires privilégiés de la FIFA, Adidas, Coca Cola, Emirates, Hyundai, Sony et Visa ont permis de mettre en place médiatiquement cette folie footbalistique non pour la vision de petits joueurs qui courent derrière un ballon, mais d’abord pour gonfler leur chiffre d’affaires. La FIFA engraisse d’ailleurs les 24 membres de son comité exécutif, largement mieux rémunéré que n’importe quel grand patron d’une grande entreprise. Son président, Joseph Blatter, dont la rémunération est classée secret-défense, émargerait à près de 4 millions de dollars par an. Entre mafieux, on se comprend. Et pendant qu’on amuse les voyeurs du ballon rond, la planète crève sous le poids de la dilapidation des ressources naturelles par les firmes multinationales…

On préfère le mondial de foot aux négociations climatiques
… Les dirigeants les plus puissants de la planète déroulent le tapis rouge devant les bureaucrates de la FIFA quand il s’agit de plaider la cause de leur pays pour obtenir le Mondial. Lorsque la FIFA prend une décision, elle est plus respectée que l’ONU qui empile des résolutions foulées au pied par les protagonistes. On n’a pas à s’aplatir devant la Fifa, on doit revaloriser l’ONU et ridiculiser la Fifa, fief des corrupteurs. Si les médias, les politiques et les Terriens avaient prêté autant d’attention au réchauffement climatique qu’au Mondial de foot, le sommet de Copenhague aurait été un franc succès. Mais le capitalisme libéral préfère que les humains s’intéressent au foot-spectacle plutôt qu’à leurs conditions de vie présentes et futures…

LE MONDE s’aligne sur la société du spectacle
… LE MONDE, autrefois quotidien de référence, commet un édito débile : « Le Brésil a gagné « sa » Coupe du monde de football. La compétition s’est déroulée sans accroc… Cette compétition est un rare moment d’intelligence et d’émotion partagées…. Si le futebol fait partie de l’identité nationale brésilienne, alors il voisine avec une industrie et une agriculture des plus performantes – de l’aérospatiale à l’agroalimentaire de demain…. » Pourtant cet édito avoue l’essentiel en une simple phrase : « Sur le strict plan financier, un pays ne gagne jamais à l’organisation d’un pareil événement, qui reste un investissement sans lendemain, largement à perte. »…
* Le Monde.fr avec AFP | 03.06.2015, FIFA : la folle semaine qui a fait tomber Joseph Blatter

NB : à lire aussi notre Biosphere-Info spécial-synthèse sur le ballon rond

FIFA en accusation… comme le foot spectacle ! Lire la suite »

Court de tennis, la saloperie que nous n’achèterons pas

Le mensuel La décroissance offre entre autres merveilles d’analyse sa rubrique traditionnelle « la saloperie que nous n’achèterons pas ». Nous en avions dressé en 2011 une liste non exhaustive, la bombe nucléaire, l’ascenseur, l’appareil photo, le vélo électrique, le chewing-gum, etc. Nous avions repris avec plaisir la critique de cette saloperie de parfum en 2009.  En ce mois de mars 2015, La décroissance s’attaque au court de tennis. En résumé :

« Ces dernières années une chose m’a frappé : le nombre de courts de tennis abandonnés… Engouement voici une trentaine d’années, désaffection actuelle… Un court de tennis fait 23,77 mètres par 8,23, soit plus de 260 m2, ce qui correspond à la surface d’un potager capable d’alimenter une famille de 4 personnes en légumes frais… Pour faire face à la crise écologique et pour assurer notre sécurité alimentaire, la priorité des priorités est de mettre fin à la destruction des terres agricoles. Cela semble une évidence : les courts de tennis sont parmi les premières des saloperies bétonnantes à arrêter… On y joue seul face à un adversaire, et plus rarement en double, entre gens du même monde. Voilà une cible de choix pour les objecteurs de croissance au couteau entre les dents… Alors que faire de ces courts de tennis qui pourrissent notre pays déjà si abîmé ? Les transformer en potager ? Hélas, leur revêtement en goudron et autres saloperies synthétiques suintent depuis des années dans la terre… »

En ce mois de mars 2015, le nombre de saloperies qui nous entourent est toujours aussi important. Le mensuel La décroissance plaide pour la sobriété dans un monde qui reste consumériste et aliéné par la société du spectacle. Ainsi cette analyse de Cédric Biagini : « Le tennis et autres sports sont une institution centrale de la société productiviste fondée sur le mythe de la croissance et du progrès. Car les humains n’ont pas toujours fait du sport. C’est un processus historique qui découle de l’avènement de la « modernité ». Alors nous subissons à la chaîne Roland Garros, le championnat d’Europe de foot, puis le Tour de France cycliste, puis les jeux Olympiques de Londres… Ras-le-bol ! » (La décroissance, juillet-août 2012 ).

Lisez cette revue, vous y trouverez toujours quelques chose…. Et restons serein, une finale Federer/Nadal on s’en fout  !

Court de tennis, la saloperie que nous n’achèterons pas Lire la suite »

Prix Tournesol à Kim Su-bak pour Le parfum des hommes

Le 19ème prix Tournesol, récompensant la BD la plus écologiste de l’année, a été décerné vendredi 30 janvier en « off » du Festival BD d’Angoulême. « Le parfum des hommes » de Kim Su-bak raconte une histoire authentique où l’on montre la multinationale Samsung dans ses pires agissements en Corée. L’héroïne Yumi est une ouvrière qui travaille dans les semi-conducteurs, mais ses conditions de travail, lamentables, la rendent vite leucémique, car exposée sans protection à des matériaux hautement toxiques. La firme nie évidemment toute responsabilité et tout le monde se défile, politiques, administratifs, médias : nul ne veut se mettre à dos une firme aussi puissante. Le père de Yumi, Hwang Sang-ki, va enquêter, prétexte pour Kim Su-bak de dresser un dossier implacable et universel sur la maltraitance ouvrière et le cynisme des grandes entreprises.
Le taux de maladies graves dans cette usine est très élevé, dans l’indifférence générale, mais l’auteur et son personnage dévoilent au passage les malversations financières, les spéculations et les magouilles de la firme, certes parfaitement nommée, mais représentative de toutes les grandes multinationales. Ce combat se termine par des éléments de victoire propres à développer l’espoir, mais les ripostes des grands vampires de l’industrie sont sans fin.
Inconnue en France, cette affaire exemplaire pourrait se raconter en changeant le nom de la firme ou d’activité, dans tous les pays du monde. En ce sens, Kim Su-bak a réalisé un album magistral, combinant une information sans faille et une narration soutenue. Son dessin, en noir et blanc, est très efficace et inclut parfois la photo, pour rendre plus palpable l’authenticité de l’affaire.
Kim s’était fait connaître en France par un précédent album, « Quitter la ville » (2009), déjà ancré dans la réalité des ouvriers du bâtiment.
NB : Le prix Tournesol, organisé sous la houlette de EELV est décerné chaque année par un jury différent, composé d’écologistes, de journalistes et d’artistes de trois pays francophones.
Yves Frémion, secrétaire du Prix Tournesol

Prix Tournesol à Kim Su-bak pour Le parfum des hommes Lire la suite »

Hollande en faveur des grandes manifestations inutiles

Comme nous l’avons montré dans un récapitulatif, les Jeux Olympiques devraient être supprimés. Pour le moment on se dispute seulement pour savoir s’il faut les organiser à Paris ou non en 2024. L’échange de point de vue est instructif, le président François Hollande croit encore dans la société du spectacle, la maire de Paris, Anne Hidalgo, est bien plus raisonnable*.

François Hollande s’est déclaré « favorable à ce que la Ville de Paris, si elle en décide », se porte candidate aux Jeux Olympiques de 2024. « C’est très important parce que ce sera un moment de ferveur, et surtout ça fera plein d’équipements avant, plein d’emplois, plein d’industries qui pourront se montrer. »

Anne Hidalgo, courroucée : « Il n’est pas question pour Paris et pour la France d’avoir une candidature de témoignage. Avoir des rêves c’est magnifique, les réaliser c’est encore mieux. Je ne suis pas dans la surenchère ni dans les rêves parce que je sais ce qui se passe quand le rêve se fracasse… Une candidature, c’est particulièrement coûteux. Cette course au toujours plus a laissé des éléphants blancs dans certaines villes. » Pendant sa campagne pour les municipales, elle avait été encore plus claire : « Les Jeux, ça coûte cher, y compris la candidature en soi coûte cher, et les Jeux dispendieux, je crois que ce n’est plus du tout d’actualité. »

Laissons la conclusion à FRANCK ERNOULD, commentateur sur le monde.fr : « C’est encore de la modernité « à l’ancienne », ces J.O. Comme les centrales nucléaires, les avions de chasse, les aéroports en province, les centrales nucléaires. Il est temps que les dirigeants, surtout de gauche, mettent à jour leur logiciel, il est périmé depuis 50 ans ! Toutes les études indépendantes montrent que les J.O. ne profitent qu’aux grosses sociétés privées qui gravitent autour et se goinfrent, jamais au pays organisateurs, qui se retrouvent avec des structures inutiles. »

Ajoutons que la prochaine crise du pétrole et les perturbations climatiques auront probablement éliminé d’ici 2014 toute velléité d’organiser ce genre de spectacle et toutes les grandes manifestations inutiles…

* LE MONDE du 9-10 novembre 2014, JO 2024 : Hidalgo réplique à Hollande

Hollande en faveur des grandes manifestations inutiles Lire la suite »

Le tourisme spatial en deuil, juste retour des choses

« Richard Branson est le champion autoproclamé du tourisme spatial… Plusieurs ingénieurs de Virgin Galactic avaient quitté la société de Branson ces dernières années en raison de leurs inquiétudes sur la sécurité… C’est l’approche Fly-Fix-Fly [vole, répare, vole], par essais et erreurs… L’accident du vaisseau suborbital SpaceShipTwo au-dessus du désert de Mojave sonne-t-il le glas du tourisme spatial ? Nul doute que la mort d’un pilote ne donne à penser à une partie des 700 candidats qui se sont acquittés d’un ticket à 250 000 dollars (200 000 euros) pour la frontière de l’espace… L’histoire spatiale est parsemée de projets prometteurs qui n’ont jamais abouti… ». L’article du MONDE* ne traite pas la monstruosité environnementale de ce caprice de stars.

D’un point de vue écologique, le tourisme spatial est en effet une aberration de l’esprit humain. Pourquoi tant de recherche, tant de prise de risque, tant de ressources naturelles dilapidées pour envoyer en l’air un huluberlu ? Ce sont les riches qui propagent un style de vie destructeur pour la planète : palais, yachts, avions privés, saut spatial, etc. Richard Branson n’a donc rien compris. S’il mettait son argent au sujet d’une vraie cause… Sur ce blog, nous dénonçons depuis longtemps le tourisme spatial:

30 juillet 2008, le temps d’aller lentement :

« Dans la page Environnement & Sciences, LeMonde du 30.07.2008 nous présente le WhiteKnightTwo à deux fuselages qui est censé amener la future navette spatiale de Richard Branson pour touristes fortunés : 200 000 dollars pour un quart d’heure en apesanteur à 120 km au-dessus de la Terre. Il paraît que 200 personnes se sont déjà inscrites pour un vol suborbital. Je peux ajouter que même l’astrophysicien Stephen Hawking, 65 ans et cloué dans un fauteuil roulant,  était candidat. Pour la NASA cependant, l’espace n’est pas fait pour les touristes. Pour la Biosphère, qui conteste déjà le tourisme en véhicule personnel et à plus forte raison en avion (effet de serre oblige), l’utilisation de la fusée paraît démesuré, même et surtout s’il ne s’agit que de quelques « privilégiés »  !

 Le problème essentiel, c’est qu’une telle information, simple publicité pour le milliardaire Branson, se retrouve dans la page Environnement & Sciences de mon quotidien préféré. C’est mal. Et c’est un signe de l’ambiguïté de notre époque, bercée par les miracles d’une technoscience qui fait rêver certaines personnes et qui assidûment détériore notre environnement.Il faut prendre le temps d’aller lentement, 120 km à pied sur des chemins de randonnée devrait apporter infiniment plus de plaisir qu’un saut spatial quasi instantané. »

* LE MONDE Science&médecine du 6 novembre 2014, Le tourisme spatial cloué à Terre

 

Le tourisme spatial en deuil, juste retour des choses Lire la suite »

L’inutile conquête des sommets de l’Himalaya

Nous ne pleurons pas les 43 morts* dans une tempête sur le circuit de trek de l’Annapurna. Ces conquérants de l’inutile savaient en toute (in)conscience ce qu’ils risquaient. Un autre article du MONDE** s’interrogeait (un peu) sur l’himalayisme et la course aux sommets* : « On a questionné la légitimité de la présence humaine à ces altitudes où l’hypoxie altère le discernement et où la mort guette… Dans Parenthèse à 8 000, la caméra dissèque les raisons qui poussent des hommes à endurer températures polaires, diarrhées d’altitude ou mal aigu des montagnes. Orgueil, performance, introspection…Des pré-Alpes aux géants de l’Himalaya, rien ne justifie le recours aux artifices que sont les sherpas, l’oxygène et les cordes fixes. L’alpinisme consiste à gravir une montagne à la force de son corps, en faisant appel à son propre jugement pour minimiser les risques… »

                Nous allons beaucoup plus loin, il faudrait laisser à la montagne son silence et sa solitude. L’alpinisme de haute montagne n’est que la prolongation de la psychologie occidentale à se définir comme maître de la terre, de l’eau… et des montagnes. Dans un monde de raréfactions des ressources naturelles, nous devons retrouver le sens de l’humilité et condamner toutes les conquêtes de l’inutile. Autrefois nul ne prétendait vouloir aller là où on ne pouvait vivre durablement. Demain il en sera de même. Pour conclure, ce texte que nous avions écrit il y a quelques années :

C’est en toute connaissance de cause que Jean-Christophe Lafaille avait pris le risque en janvier 2005 de tenter d’atteindre en solitaire le sommet du Makalu (8473 mètres), lui qui y avait connu lors d’une précédente tentative un vent de 140 km/h avec lequel, plaqué au sol, il n’avait résisté qu’en ancrant ses piolets dans la glace. Sur un sommet de l’Himalaya, une température de – 35° procure, avec un vent de 50 km/h, la même sensation qu’un froid de – 60°.  Sa tentative de fin janvier 2006 a été la dernière, il est porté disparu car quand on s’assoit l’hiver sur l’Himalaya, c’est pour mourir. Il serait trop facile de condamner ce suicide assistée par téléphone satellite si Jean-Christophe n’avait confié comment, en haut, il se sentait le maître du monde : « Tu es tout petit ; grâce à tes ressources mentales, tu maîtrises le truc sur une énormité géologique ; c’est jouissif ». Tout est dit dans ces quelques mots, l’humilité humaine non reconnue comme une vertu, la soif de devenir possesseur de tous les domaines de la Biosphère et le plaisir de se dépasser artificiellement contre les forces de la Nature.

* lemonde.fr du 18/10/2014

** M le magazine du Monde | 23.11.2012, Pics de fréquentation

L’inutile conquête des sommets de l’Himalaya Lire la suite »

Formule 1, un « sport » inutile et même pas dangereux

Jules Bianchi souffre d’un grave traumatisme cérébral. Il participait à un truc inutile qu’on appelle la F1. Comme toute conduite automobile, c’est une activité risquée, surtout quand on pilote des bolides.  Pas la peine d’en faire un fromage. Mais le journaliste du MONDE Bruno Lesprit* en fait tout un plat. Il récapitule tous les accidents célèbres de formule 1 pour en arriver à ce constat : « au fil des décennies, la F1 n’a cessé de renforcer la protection des pilotes. » Il énumère, barrières de sécurité, zones de dégagement, interdiction des moteurs turbocompressés, renforcement du cockpit, instauration d’un crash-test, généralisation de l’asphalte abrasif, système HANS (Head and Neck Support), etc. On peut rentrer à 230 km/h dans un muret de béton, pulvériser sa voiture et s’en sortir avec le sourire ! « Si je devais avoir un accident, j’aimerais que ce soit dans une formule 1 parce que ce sont les voitures les plus sûres au monde» dixit le manitou de la F1, Bernie Ecclestone.

                Il ne vient jamais à l’esprit de Bruno que vanter la sécurité en F1 sans jamais s’interroger sur le bien-fondé des courses automobiles est un crime contre le climat. Il n’a pas lu un article précédent du MONDE : « A plus long terme, les protagonistes des sports mécaniques sont confrontés à une difficulté : un glissement des valeurs. Car la F1 apparaît aujourd’hui comme une métaphore de l’automobile en voie de ringardisation. Le culte de la vitesse ? Il est « out ». Quant à la réduction des émissions de CO2, elle est devenue un élément de positionnement stratégique pour la totalité des marques. Même Ferrari doit s’y plier et réduire fortement ses émissions. Dès lors, faire tourner des bolides sur un circuit s’inscrit en porte-à-faux avec le discours dominant et la communication publicitaire, qui valorise les véhicules « zéro émission ».** »

Magnifier la F1, c’est valoriser le culte de la vitesse alors qu’on devrait faire l’éloge de la lenteur. Magnifier la F1, c’est choyer le spectacle télévisuel au lieu de marcher sur ses propres jambes. Magnifier la F1, c’est aller à l’encontre de l’urgente nécessité de laisser les dernières gouttes de pétrole sous la terre. La biosphère préconise la fin de la F1.Cela devrait être programmée internationalement alors qu’on s’achemine vers une conférence sur le climat à Paris qui devrait être décisive… si nous n’attendons pas encore une fois que le réchauffement climatique devienne vraiment irréversible… Nous rappelons aussi qu’un Premier ministre français avait décrété le 30 novembre 1973 l’interdiction du sport automobile sur le sol national… suite au premier choc pétrolier.

* LE MONDE sport et forme du 11 octobre 2014, Formule 1 : le mythe du risque zéro

** LE MONDE du 18 décembre 2009, Renault lève le pied en formule 1

Formule 1, un « sport » inutile et même pas dangereux Lire la suite »

Halte à la publicité sur les chaînes publiques et privées

La toute fraîche ministre de la culture et de la communication est déjà harponnée pour rétablir la publicité après 20 heures sur les chaînes publiques de télévision *. Fleur Pellerin commence à céder : « Je crois qu’il faut examiner quelles sont les meilleures solutions pour assurer la pérennité du financement de l’audiovisuel public. » Un petit rappel historique s’impose : avant 1968, il n’y avait absolument aucune publicité télévisuelle. Le 24 avril 1968, le Premier ministre Georges Pompidou annonce l’introduction de la publicité à la télévision. Son discours est significatif des mauvaises décisions prises avec de faux arguments :

« La publicité est inéluctable, je n’ai rencontré personne qui me dise le contraire. »

« Quand, d’ailleurs, a-t-on vu les hommes renoncer à user d’un moyen nouveau, né du progrès et particulièrement puissant… »

« J’ai déclaré publiquement que nous n’accepterions pas de chaîne de télévision publicitaire remise à des intérêts privés… »

« Il est de la plus grande importance que notre appareil économique soit en mesure d’affronter la concurrence. La publicité est présente dans toutes les télévisons occidentales… »

« Aucun des programmes, qu’ils soient d’information, de culture et de distraction ne doit être patronné par un annonceur… »

 « Je déduis de ces principes que le téléspectateur doit toujours pouvoir refuser de regarder les émissions publicitaires sans être pour autant forcé de fermer son poste. Ce qui suppose qu’aux heures où il y aurait de la publicité sur une chaîne, il y ait un programme normal sur une autre, résultat qu’on pourra également obtenir en ayant une chaîne sans publicité… »

« Je déduis enfin de ces principes que le pourcentage du temps d’émission consacré à la publicité ne doit pas être tel qu’il dénature la succession des programmes, en abaisse le niveau global et gêne le téléspectateur… »

Le premier spot publicitaire est diffusé le 1er octobre 1968, la publicité est alors limitée à 4 minutes par jour. Le 1er octobre 1969, on passe à 6 minutes par jour. Aujourd’hui, la publicité peut officiellement envahir l’antenne des chaînes publiques 8 minutes par heure, et 12 minutes sur les chaînes privées. Pompidou avait mis le doigt dans un engrenage qui a broyé notre savoir être et nos façons de penser. Selon la doctrine de TF1, il nous faut dorénavant faire le vide dans nos cerveaux pour acheter du coca-cola sans nous poser trop de questions. Contre ce conditionnement indigne, nous consommateurs avons une arme absolue à notre disposition : boycotter toutes les marques qui font de la publicité à la télévision… Il faut en finir avec l’esclavage envers la société de consommation qu’entretient une publicité qui s’est immiscée dans tous les espaces de notre vie alors que nous n’avons rien demandé.

* Le Monde.fr avec Reuters (03.09.2014), Fleur Pellerin ouvre la porte au retour de la publicité le soir sur France Télévisions

Halte à la publicité sur les chaînes publiques et privées Lire la suite »