sports et loisirs

Le pire du pire aux journées d’été de l’écologie politique

On peut considérer les journées d’été d’Europe Ecologie – Les Verts comme une université, un moment de formation. Mais tout dépend des intervenants et de l’objectif de la rencontre. Nous étions en atelier, dans une salle de classe bien pleine, pour assister ce vendredi 22 août aux échanges sur la question : « Un tourisme durable est-il possible ? ». Cette question n’a pas été traitée. Nous avons eu quatre discours de ce qu’on doit appeler des représentants de l’office de tourisme. On a vanté l’attractivité de la région Rhône Alpes ou les charmes de la station de ski à Piau Engaly. On a parlé emploi, peu importe si cet emploi était justifié ou non. On a causé des remontées mécaniques comme « outil indispensable à la survie du territoire ». Le label « station verte » est présenté comme un écotourisme « dans un cadre naturel » où il y a un « hébergement touristique »… et un « office du tourisme » ! N’oublions pas le vélo électrique qui, comme chacun sait, ne pollue pas directement. Et de temps en temps on s’offre quelques indulgences, aujourd’hui appelée « compensation carbone ». Bordeaux est fier de son tourisme d’affaires, et puis cette ville du vin fait tellement briller les yeux. etc. etc. Le temps passe, on tourne en rond, il ne reste plus que 10 minutes pour donner la parole à la salle. Une multitude de mains se lèvent, il n’y aura pas d’échange véritable.

                Mais le premier commentateur fait la synthèse : « Pendant une heure et 20 minutes, on a évité de parler d’écologie. La dernière phrase sur la brochure de présentation de l’atelier indiquait : écologie et tourisme sont-ils compatibles ? Nous restons sur notre faim. Pourtant on sait que le tourisme est un phénomène récent, commencé au XIXe siècle par le tour d’Europe de quelques privilégiés anglais. Si le tourisme de masse est arrivé, c’est seulement grâce à l’abondance provisoire des ressources fossiles qui ont facilité les déplacements de masse. La fin du pétrole marquera la fin du tourisme. Un écologisme conséquent devrait donc promouvoir la phrase « moins vite, moins loin et moins souvent ». » On peut dire bien plus et faire une critique globale du tourisme.

                Un écologiste devrait connaître les écrits de Bernard Charbonneau, ainsi Dans le jardin de Babylone (1969) :  « Les mass media diffusent quotidiennement les mythes de la Mer, de la Montagne ou de la Neige. Le touriste n’est qu’un voyeur pour lequel le voyage se réduit au monument ou au site classé. Partout l’artifice cherche à nous restituer la nature. Isolé de la nature dans son auto, le touriste considère d’un œil de plus en plus blasé le plat documentaire qui se déroule derrière le miroir. Admirer les glaciers à travers les vitres d’un palace n’empêche pas de se plaindre de la faiblesse du chauffage. Un touriste ne vit pas, il voyage ; à peine a-t-il mis pied à terre que le klaxon du car le rappelle à l’ordre ; le tourisme et la vraie vie ne se mélangent pas plus que l’huile et l’eau. Avec la société capitaliste, le tourisme est devenu une industrie lourde. L’agence de tourisme fabrique à la chaîne quelques produits standard, dont la valeur est cotée en bourse. Il n’y aura plus de nature dans la France de cent millions d’habitants, mais des autoroutes qui mèneront de l’usine à l’usine – chimique ou touristique. Le touriste change de lieu chaque fois plus vite – jusqu’au moment où le voyageur n’est plus qu’un passager affalé qui ronfle dans le fauteuil d’un avion lancé à mille à l’heure. Ce qui rend les voyages si faciles les rend inutiles. L’avion fait de Papeete un autre Nice, c’est-à-dire un autre Neuilly. Les temps sont proches où l’avion pour Honolulu n’aura pas plus de signification que le métro de midi. Tourisme ? Exactement un circuit fermé qui ramène le touriste exactement à son point de départ. »

 

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Romain Bardet, un des forcenés du tour de France à vélo

Pour occuper nos médias et les quelques badauds de la caravane du Tour, il y a le type en tête… qui est forcément un dopé. Ainsi Vincenzo Nibali, cornaqué par Alexandre Vinokourov, élevé dans la culture EPR-transfusion sanguine. Dans la montée finale du col de Risoul en Hautes-Alpes, Vincenzo a développé 425 watts-étalons sur plus de 11 kilomètres avec une pente à 7 %. Or 410 watts, c’est le seuil des performances suspectes, le dépasser fait sortir de la zone verte des sportifs assez cleans*.

Le Français Romain Bardet relève d’une autre critique, celle de la spécialisation à outrance. Romain était étudiant en master à une école de commerce, lecteur du Monde diplomatique, spécialiste de droit public international. Tout cela relève de l’idiotie de notre système techno-administratif qui oblige à une division du travail faisant perdre à chacun le sens de l’autonomie de l’artisan ou du paysan. Or Romain se consacre maintenant à 100 % au vélo**, devenant un professionnel de la pédale. Il ne fait rien d’autre que rouler, il a perdu le contact avec la société ordinaire, encerclé par les badauds en quête d’une photo ou d’un autographe. Il défend son milieu, comme les autres puisqu’il déclare avoir « bien sûr » confiance en Nibali. Le sport professionnel est à jeter à la poubelle, comme le foot professionnel et tous ces athlètes qui courent après une vaine gloire éphémère aux JO et ailleurs, le plus souvent au détriment de leur santé et pour le plus grand bien de multinationales utilisant le sport à leur profit.

                Un écologiste devrait dénoncer constamment la démesure du sport. Nous préférons l’Alter Tour sans professionnels ni dopage*** qui se déroule du 12 juillet au 17 août…

* LE MONDE du 22 juillet 2014, Antoine Vayer passe au crible les performances des coureurs en montagne

** LE MONDE du 22 juillet 2014, L’expérience unique de Romain Bardet

*** pour plus de précisions, consulter : http://www.altertour.net/

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Mondial de foot, gabégie et inutilité se terminent enfin

Après un mois de péripéties sans intérêt, le Mondial de foot est enfin terminé. LE MONDE, autrefois quotidien de référence, commet un édito* débile : « Le Brésil a gagné « sa » Coupe du monde de football. La compétition s’est déroulée sans accroc… Cette compétition est un rare moment d’intelligence et d’émotion partagées…. Si le futebol fait partie de l’identité nationale brésilienne, alors il voisine avec une industrie et une agriculture des plus performantes – de l’aérospatiale à l’agroalimentaire de demain…. » Pourtant cet édito avoue l’essentiel en une simple phrase : « Sur le strict plan financier, un pays ne gagne jamais à l’organisation d’un pareil événement, qui reste un investissement sans lendemain, largement à perte. » Les deux premiers commentaires sur lemonde.fr expriment ce qu’on devrait tous ressentir :

Emilio Alba : Edito célébrant les côtés positifs et bénéfiques de la fatuité, de la gabegie et de l’inutilité. Comme quoi l’art maîtrisé de l’enfumage gazetier est la première qualité qu’on exige du journaliste « moderne » : trouver des bienfaits à une rage de dent… ça fait du bien quand ça s’arrête !

Olivier Balze: On croit rêver. Après que la Fifa ait imposé ses règles afin d’engranger des dividendes indus et qu’encore on expulse par milliers les gens de chez eux, ou qu’on pose un cache pour que le Brésil n’exhibe pas sa pauvreté… Cet édito est affligeant.

Mais le comble de l’absurde est atteint en Allemagne. L’entraîneur Joachim Löw s’épanchait après la victoire de son équipe en finale : « Ce profond sentiment de bonheur est éternel… » Le site du Bild. « Merci, Jogi (Löw) ! Merci les garçons ! Vous nous avez rendus infiniment heureux »**. L’éternité et l’infini, les attributs de l’univers pour un simple match de foot, l’un parmi les innombrables matchs de foot qui se jouent chaque année dans le monde ! Si les supporters mettaient autant d’enthousiasme que les pantins médiatisés de la FIFA pour essayer d’agir contre les émissions de gaz à effet de serre, la fonte des glaciers pourrait peut-être s’enrayer…

* LE MONDE du 15 juillet 2014, Mondial : le succès mérité du Brésil

** Le Monde.fr avec AFP 14.07.2014, Mondial 2014 : « Ce profond sentiment de bonheur est éternel »

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Le football (la FIFA), une multinationale comme une autre

                Le 26 octobre 1863 les dirigeants de sept clubs civils se réunirent à Londres et adoptèrent « un code officiel des lois pour la régularité du jeu ». La football Association voyait ainsi le jours et se séparait définitivement de la Rugby Union, créée le 8 décembre 1863. La Fédération internationale de Football (FIFA) voit le jour à Paris le 21 mai 1904. Les statuts de la FIFA stipulent que chaque pays ne peut être représenté que par une seule fédération. Le foot, vécu de manière très diversifié par les peuples, tombe sous les lois monopolistes. Les Indiens Morès en Amazonie jouent aussi au foot. Mais le joueur qui marque change automatiquement d’équipe. Ainsi ceux qui gagnent se dégarnissent et ceux qui perdent se renforcent. Le score s’équilibre de lui-même.

                La création du professionnalisme répond à la nécessité de rationaliser une nouvelle industrie du spectacle dominée par le capital. En 1982, la FIFA comprend déjà 228 pays, un nombre impressionnant de bureaux, comité permanents et commissions. Cette inflation galopante de la bureaucratie est le reflet de ce qui se passe dans toutes les entreprises multinationales. Le club, entreprise comme un autre, est soumis aux mécanismes de fonctionnement et aux lois de la production capitaliste : structure hiérarchique verticale, recherche maximale du profit, rationalisation des choix budgétaires. Les joueurs sont côtés comme de vulgaires actions Péchiney ou Rhône-Poulenc. Et le chômage touche les footballeurs dans tous les pays comme il touche les travailleurs du bâtiment ou de la sidérurgie.

                Les écologistes rêvent d’un jeu à la manière des Indiens Morès, chacun jouant à la balle à sa façon particulière et de façon locale. Les multinationales, qu’elles soient industrielles ou commerciales, football compris, sont issues de la révolution industrielle et mourront avec l’effondrement de cette civilisation. 

(texte de 1982 dans le chapitre II du livre Quel corps ? – édition épuisée -)

repris par le livre Football, la colonisation du monde

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Match de foot France/Allemagne, on s’en fout……….

Un événement chasse l’autre, le Mondial de football commence juste à disparaître que déjà le Tour de France à vélo pointe son nez dans les médias. Ainsi va la société du spectacle que nous dénonçons régulièrement dans nos articles. Selon le collectif Quel sport ?,« L’espoir que le foot redevienne un jeu – ce qu’il n’a d’ailleurs jamais été – est en réalité la laisse de la soumission au football capitaliste, avec ses clubs cotés en bourse, ses spectacles sponsorisés pas les multinationales, ses pratiques illégales (dopage, évasion fiscale) et ses panneaux publicitaires. Le football est une multinationale comme une autre, qui participe au même titre que Coca-Cola ou Mc Donald’s à la reproduction élargie du capital, à la stabilisation des régimes politiques et à la crétinisation consumériste des masses. » (Football, la colonisation du monde (2014)

Même LE MONDE a consacré chaque jour plusieurs pages à ce fait divers, mettant en jeu toutes ses forces : journalistes et spécialistes, grands reportages, communication participative, direct, couverture multimédias… On accorde à un évènement ponctuel et fugace une importance démesurée. On glorifie des épopées à relent nationaliste, la fièvre bleue par exemple, au détriment des sujets de fond. Car accorder ses colonnes à une entreprise commerciale bâtie autour du ballon rond empêche pour partie la réflexion de fond de nos citoyens. Un journal de référence devrait adapter la longueur de ses colonnes à l’importance réelle des événements : quelques lignes chaque jour pendant le mondial de foot (ou même rien du tout), par contre un long article de fond (ou même plusieurs) chaque jour de l’année pour un réchauffement climatique dont les effets sont planétaires et dureront bien plus du siècle.

Que la France se qualifie ou non pour les demi-finales du Mondial 2014 était donc le cadet de nos soucis.

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Peut-on être écologiste et aimer le foot ? Certes non !

Quelques phrases glanées ici et là dans LE MONDE sur le Mondial :

 – Le 12 juin, Jennifer Lopez entonne l’hymne du Mondial 20041, sans doute intitulé We are on pour étouffer les mouvements de contestation du peuple brésilien.

 – Le Mondial doit être une consécration pour la présidente du Brésil, Dilma Rousseff. Une fête planétaire du ballon rond avec près d’un tiers de la population mondiale les yeux rivés sur le stade flambant neuf de l’Itaquerao. A la tribune d’honneur, pas moins de onze chefs d’Etat.

 – A l’heure où le roi Juan Carlos abdique en faveur de son fils Felipe, l’Espagne compte sur ses champions du monde pour oublier sa crise sociale et identitaire.

 – Le président français François Hollande mise sur l’impact de cette compétition pour réveiller un pays déprimé. Il a recruté Nathalie Iannetta, une spécialiste du ballon rond, comme conseillère jeunesse et sports.

 – Des téléspectateurs avec le maillot brésilien suivaient la victoire de leur équipe, saluant chaque but de cris de joie qui se mêlaient aux slogans hostiles (au coût du Mondial pour les Brésiliens) des manifestants.

 – Porto Alegre, siège des altermondialistes lors du premier forum social mondial en 2001, est rentrée dans le rang. La cité est devenue une des douze villes brésiliennes de la coupe du monde, avec son lot de travaux en retard et ses dépassements de budget.

 – La FIFA a organisé un périmètre de sécurité de 2 kilomètres à l’entour des stades au profit des grandes multinationales associées, empêchant les vendeurs à la sauvette de se faire quelques sous.

 – Une certaine gauche intellectuelle fait l’éloge de la force créatrice du foot, la sociologie politique considère le sport comme une aliénation. Oui, le football est un pilier du sexisme, du racisme, de l’homophobie, de l’individualisme, du nationalisme. Oui les supporteurs servent de cobayes à nos nouvelles sociétés de contrôle. Oui une FIFA oligarchique impose ses impératifs à des pays pourtant démocratiques.

Dans quelle mesure peut-on aimer le foot ? Pourquoi tant d’attention envers ces gamins attardés qui courent derrière un ballon ? Les écologistes véritables condamnent tout ce qui est aliénation de la pensée et de l’acte : pourquoi des stades, ces grands projets inutiles, alors que la marche et la course à pied (avec ou sans ballon) peuvent se faire sans béton ni spectateurs… Sur ce blog, nous avons pris plusieurs fois position sur le sport spectacle  qui nous enchaîne. Nous pouvons dire avec Fabien Ollier : « Dans les stades, devant la télé, les écrans géants, les smartphones, les ordinateurs, etc, les foules acclament les symboles du capitalisme et se réconcilient avec ce qui les aliène… Les appels à la décroissance sportive, – moins vite, moins haut, moins fort – témoignent d’une prise de conscience assez claire : le sport est l’incessant bavardage musculaire du productivisme, de la croissance capitaliste mafieuse, du bluff technologique et de la société du spectacle. » (L’idéologie sportive. Chiens de garde, courtisans et idiots utiles du sport)    

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Mondial 2014, le football va-t-il quitter les stades ?

Le coup d’envoi de la Coupe du monde de foot sera donné le 12 juin à Sao Paulo. Mais jamais dans l’histoire du Brésil une vague de mécontentement ne s’était exprimée avec une telle ampleur : près de 40 % des Brésiliens interrogés se disaient opposés à la tenue de l’événement. Les manifestations que n’en finissent pas de traverser tout le pays ont contribué à asseoir l’idée que la Coupe du monde est bien le symbole de la gabegie des deniers de l’Etat*. La présidente Dilma Rousseff, qui reconnaît que la construction des stades dédiés à l’événement est financée par des fonds publics, ne tolèrerait pas un blocage des stades : le foot est roi, les politiques s’agenouillent devant lui. Les médias ne sont pas en reste, « M » le magazine du Monde, gaspillage hebdomadaire en papiers glacés, consacrent un numéro 100 % foot** avec les confidences de Leonardo et tutti quanti. Les connivences entre foot et politique sont omniprésentes. Le joueur et entraîneur Leonardo Nasciimento de Araujo ouvre le bal : « Nicolas Sarkozy a été très important pour moi. Il a toujours été proche, à chaque moment compliqué il était là. Il pouvait m’appeler à 8 heures du matin… » Patrons, people et VIP se pressent dans les loges officielles, lieu de pouvoir et d’influence. Gare aux politiques qui passent le match les yeux rivés sur leur téléphone portable plutôt que sur le ballon rond ! Simon Kuper, un philosophe du ballon, se souvient de ces deux généraux qui lui parlaient du football comme d’une stratégie militaire : « C’était fascinant de constater à quel point dans ce pays les frontières entre la société et le football étaient aussi poreuses. » Pour ce chroniqueur du Financial Times, le football se révèle une affaire d’Etat. Pourquoi tant de sollicitude envers ces gamins attardés qui courent derrière un ballon ?

                Fabien Ollier nous l’explique dans son livre L’idéologie sportive. Chiens de garde, courtisans et idiots utiles du sport. Interrogé sur deux pages par le mensuel La Décroissance***, il dit : « Dans les stades, devant la télé, les écrans géants, les smartphones, les ordinateurs, etc, les foules acclament les symboles du capitalisme et se réconcilient avec ce qui les aliène… Les appels à la décroissance sportive, -moins vite, moins haut, moins fort – témoignent d’une prise de conscience assez claire : le sport est l’incessant bavardage musculaire du productivisme, de la croissance capitaliste mafieuse, du bluff technologique et de la société du spectacle. » Le site http://www.quelsport.org/, section française de la critique internationale du sport, parle du foot comme colonisation du monde : « Depuis la fin des années 1960, le sport se trouve au cœur des industries culturelles et de divertissement des masses. Puissance matériellement dominante de la société capitaliste par la production et la marchandisation des « hauts-faits musculaires de l’humanité », l’institution sportive est en même temps la puissance spirituelle dominante. Elle s’est adjoint les services de penseurs qui s’unissent pour défendre les «passions sportives » et les  « extases de la victoire ». »

                Les écologistes condamnent tout ce qui est aliénation de la pensée et de l’acte : pourquoi des stades, ces grands projets inutiles, alors que la marche et la course à pied (avec ou sans ballon) peuvent se faire sans béton ni spectateurs. Le foot n’est qu’un aspect du décervelage programmé de la population déjà dénoncé dans un livre synthèse : Divertir pour dominer – la culture des masses contre les peuples (collectif Offensive, éditions de l’échappée, 2010) : « Le sport est une structure politique d’encadrement des masses, et notamment de la jeunesse, un moyen de contrôle social que le fascisme a porté à son comble. Le sport est une superstructure idéologique, pour parler comme Marx, qui a pour fonction de reproduire les rapports de production, de conformer les gens à la compétition de tous contre tous, à la servilité, l’aliénation et l’acclamation des héros. Le sport a la vertu de dissimuler sous son côté anodin, bon enfant, populiste, ses fonctions politiques réactionnaires. Le sport est un phénomène de manipulation de masse utilisé par la télé, la publicité, le discours politique… »

* LE MONDE du 6 juin 2014, Dilma Rousseff assure que les manifestations pacifiques seront tolérée à condition de ne pas empêcher l’accès aux stades

** M magazine du 7 juin 2014

*** La Décroissance n° 110, juin 2014, le sport opium du peuple

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Très gros HLM flottants aux chantiers de l’Atlantique

C’est un fameux bateau de douze ou treize étages et 330 mètres de long qui a été lancé à Saint Nazaire il y a un an, le MSC Preziosa. Ainsi va la civilisation thermo-industrielle qui offre des loisirs de masse à ses ressortissants, les faisant sortir d’un pauvre HLM banlieusard à un autre HLM au luxe clinquant. Ainsi les cabines modernes et élégantes du MSC Preziosa ne laissent aucun désir insatisfait. A bord, vous pouvez opter pour une cabine intérieure, une cabine extérieure, une cabine avec balcon, ou une suite avec ou sans fenêtre panoramique. Quel que soit votre choix, vous serez confortablement installé pour six nuits entre Bari et Venise à partir de 349 euros. Vous écraserez de votre illusoire majesté la vieille ville de Venise pour l’investir ensuite de votre suffisance… brièvement ! Mais une capacité de 4300 passagers, ce n’est pas assez. Le prochain bateau de croisières, déjà commandé, aura 5700 passagers et 1700 membres d’équipage : une petite ville réunie en un seul HLM flottant.

                LE MONDE* titre sans rire « les Chantiers de l’Atlantique sauvés par la commande de deux paquebots géants ». Pas la moindre critique de ces grands travaux inutiles puisqu’on redonne « un avenir clair à ce site où travaillent 2200 personnes ». Peu importe la destination de l’emploi puisqu’il s’agit d’emplois. Le propriétaire coréen des chantiers navals (STX) travaille main dans la main avec le gouvernement français, actionnaire à 33 % de STX France. Peu importe que le conglomérat coréen soit en difficulté financière, les contribuables paieront en cas d’insolvabilité. Il est vrai que pour l’instant le marché français des croisières a progressé de 10 % par an depuis 2008 : vive la crise !

                Un livre** qui devrait être parmi vos favoris a bien décrit l’enjeu du tourisme : « Les nazis auraient été les premiers à comprendre l’importance de la culture de masse. Avec tous les moyens à leur disposition, ils ont créé un monde d’illusions qui a entraîné un peuple entier au désastre avec sa complicité active. En fait, ce résultat n’est que la continuation logique de la Révolution industrielle. En coupant les travailleurs de leur base rurale et domestique, qui constituait leur principal moyen de subsistance et leurs réseaux de sociabilité, le capitalisme industriel a obtenu leur soumission. Cette domestication des travailleurs s’est accompagnée du développement d’une culture de masse. Elle se définit comme un ensemble d’œuvres, d’objets et d’attitudes, conçus et fabriqués selon les lois de l’industrie, et imposés aux humains comme n’importe quelle autre marchandise. A partir du moment où le salariat s’étend à une majorité de la population, les dominants ne peuvent plus se contenter uniquement des rapports de force bruts. A ceux-ci, toujours nécessaire en dernier recours, s’ajouter la fabrication du consentement. La culture de masse est un élément essentiel de la reproduction de la société dominante. Le divertissement a pris de telles proportions qu’il menace les racines anthropologiques d’une civilisation. La lutte contre le divertissement n’est pas marginale ou périphérique. Lutte de classe et contestation culturelle doivent donc aller de pair. »

* LE MONDE éco&entreprise du 21 mars 2014

 ** Divertir pour dominer (la culture des masse contre les peuples) éditions de l’échappée 2010

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Sotchi ou Lavillenie, le triomphe de l’inutile

Sotchi 2014. Comprenne qui pourra, slopestyl, snowboard, half-pipe, snowpark ou skicross, les Jeux olympiques d’hiver ne veulent pas paraître ringards par rapport aux X-Games. De toute façon ces JO on s’en fout, c’est pas écolo. Car c’est une des manières de nous empêcher de voir que nous allons au désastre écologique tout en détériorant encore plus les montagnes. Dès 1969 dans son livre Le Jardin de Babylone, Bernard Charbonneau constatait les méfaits de la neige comme défouloir :  « La paix de l’hiver est rompue par les skieurs, le blanc des neiges, piétiné et balafré, n’est plus qu’un terrain vague maculé de débris et de traces. La montagne est mise à la portée des masses payantes. Mais est-elle encore la montagne ? Il n’y a plus de montagne ; il ne reste qu’un terrain de jeu… Si nous voulons retrouver la nature, nous devons d’abord apprendre que nous l’avons perdue. » Nous perdons la tranquillité des montagnes  pour devenir des conquérants de l’inutile. Cette remarque ne vaut pas que pour les JO, mais pour tout sport-spectacle.

                Prenons l’exploit de Renaud Lavillenie qui a travaillé comme un stakhanoviste* pour franchir 6,16 mètres à la perche. Est-ce vraiment utile que de vouloir sauter toujours plus haut avec un bâton en guise d’appui ? Cet « exploit », qui efface le record du monde de Sergueï Bubka, vieux de 21 ans, valait-il l’effort de toute une vie ? Car un record nécessite une spécialisation poussée à l’extrême et un milieu vraiment particulier. Le père de Renaud, ancien perchiste lui-même, l’a entraîné, et le frère cadet est crédité d’un saut à 5,70 mètres. Renaud répète inlassablement les sauts, parfois jusqu’à la centaine ; il s’entraîne même dans son jardin. Un perchiste peut soulever à bout de bras entre 120 et 150 kg en musculation, il faut beaucoup de force pour se propulser avec une perche. Et puis il faut aussi courir très vite, Bubka frôlait les 36 km/h sur 45 m d’élan.

                Spécialisation extrême, rapidité, vitesse, performance, compétitivité, concurrence… Comment ne pas voir que tout cela correspond aux « qualités » humaines privilégiées par le libéralisme économique. Comment ne pas voir que tous ces jeux de cirque montrent en pâture à la foule des athlètes vidés de toute autonomie pour entretenir l’illusion de la force des hommes. Lisez Divertir pour dominer (la culture des masses contre les peuples), vous en sortirez vacciné contre l’idéologie sportive et toutes les autres façons de domestiquer les travailleurs, d’obtenir leur consentement à une société factice…

LE MONDE du 18 février 2014, Renaud Lavillenie, le triomphe d’un stakhanoviste

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Il ne faut croire ni au surhomme, ni au Tour de France

L’écologie, c’est aussi rendre aux hommes leurs capacités humaines, c’est reconnaître nos limites, ne pas vouloir les dépasser. Christopher Froome, qui domine actuellement le Tour de France 2013, est le parfait exemple qu’il ne faut pas suivre. Voici quelques indications sur ce surhomme dont nous ne voulons pas :

Froome, un inconnu qui décolle

Froome ? Personne ne le connaissait dans les rangs juniors ou au début de sa carrière pro. Mieux, avant le Tour de Suisse 2011, il n’avait jamais terminé dans les 10 premiers d’un chrono d’une épreuve WorldTour… et voilà qu’en deux ans, il augmente son niveau jusqu‘à presque taper le multiple champion du monde du chrono Tony Martin… Mais la puissance de Froome lors d’un chrono ne peut être interprétée : course trop courte, tout simplement.

Vayer et Portoleau ne calculent les puissances que sur certaines étapes de montagne comportant plusieurs cols, c’est très différent. Si vous développez plus de 410 watts sur une dernière ascension après 180, 200 ou 220 bornes et plusieurs autres cols, c’est que vos muscles n’ont pas fatigué au fil des heures de course. C’est que vos muscles sont tellement bien oxygénés qu’ils ne toxinent pas, et vous vous présentez au pied de la dernière ascension comme si vous veniez de partir. Ce n’est pas humain car avec l’effort et la durée, l’organisme humain fatigue. Accumule des lactates à l’effort. Perd son efficacité. C’est précisément ce qu’implicitement les calculs de puissance de Vayer et Portoleau visent à démontrer : chez certains, comme Froome, la fatigue ne s’installe pas. C’est anormal.

Source : http://laflammerouge.com/

Froome, aux mains d’un manager « crédule »

Dave Brailsford, le manager de l’équipe Sky, donc de Christopher Froome, se veut « clean ». Mais il se refuse de publier les données SRM (puissance moyenne, cadence moyenne, etc.) de son poulain : « Je ne pense pas que cela éviterait le suspicion si on les publiait. »* Donc circulez, y’a rien à voir. De toute façon Dave Brailsford  croit encore à la puissance illimitée de l’homme : « On sait que les performances sportives s’améliorent au fin du temps. En 2113, un coureur clean ira plus vite que Froome ne le fait maintenant. C’est logique. »

Toutes les études scientifiques sur le sujet montrent le contraire, les performances sportives humaines commencent à plafonner… sauf usage d’une nouvelle drogue ou autres prothèses techniques.

* LE MONDE du 11 juillet 2013, Dave Brailsford, le « Mister Clean » du cyclisme

Froome, surhumain dans les cols

« Impossible de gagner le Tour sans dopage », avait enfin avoué Lance Armtrong. Prié par France Télévisions de confirmer, « les yeux dans les yeux », qu’il n’avait jamais pris de « produits dopants », Chris Froome ose aujourd’hui : « Non. Rien… Je considère comme une mission personnelle de montrer que notre sport est propre. » Pourtant lors de l’ultime ascension vers Ax 3 Domaines, soit une pente soutenue (8,2 %) qui s’étire sur près de 8 km, le favori du Tour a battu en 23’14 » les temps réalisés lors de l’édition 2003 par l’Américain Lance Armstrong (23’24 ») et l’Allemand Jan Ulrich (23’17 »). Le septuple vainqueur (1999-2005) déchu et le lauréat 1997, qui s’étaient livré un duel acharné il y a dix ans lors de cette ascension finale, ont en commun d’avoir reconnu s’être dopés.*

Négligeons les vitesses moyennes, même si un contre-la-montre par équipes à 57,84 km/h et une moyenne générale qui frise les 41 km/h laissent dubitatif. Ce qui compte, ce sont les puissances en montagne. Un radar étaient placés dans les Pyrénées sur la montée d’Ax 3 Domaines. En deçà de 410 watts, c’est sans garantie mais humain, entre 410 et 430, c’est suspect, jusqu’à 450 miraculeux, et au-delà mutant. Chris Froome est là pour gagner. Il a relégué Dan Martin à Ax à 2’34 », sur la seule montée finale en développant 446 watts. D’autant plus inquiétant que cette performance quasi mutante le place à seulement deux petits watts de la prestation effarante du duo Armstrong-Ullrich en 2003, alors « chargés comme des mules ».« Impossible de gagner le Tour sans dopage ? » Vous avez la réponse.

* LE MONDE du 9 juillet 2013, La fusée Chris Froome sur orbite

** LE MONDE du 9 juillet 2013, Froome aussi puissant qu’Armstrong et Ullrich en 2003

Froome, surhumain dans le contre-la-montre

L’Allemand Tony Martin a remporté mercredi 10 juillet la 11e étape du Tour de France, un contre-la-montre de 33 kilomètres entre Avranches et le Mont-Saint-Michel, devant le maillot jaune Christopher Froome, qui a vu ses principaux rivaux perdre beaucoup de temps. En tête aux deux points intermédiaires du parcours en dégageant une impression de facilité, Chris Froome a ralenti la cadence dans les derniers kilomètres du tracé, pour le plus grand plaisir de Tony Martin, qui n’avait plus goûté à la joie d’une victoire d’étape depuis le chrono de Grenoble en 2011. Tony Martin règne donc en maître sur le contre-la-montre uniquement parce que le dopé numéro 1 l’a laissé gagner…

* Le Monde.fr avec Reuters | 10 juillet 2013 Tour de France : Tony Martin règne en maître sur le contre-la-montre

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La démesure du sport qu’un écologiste devrait dénoncer

Le sport n’est pas un jeu. C’est une industrie du spectacle qui rapporte de l’argent pour un tout petit nombre, le dopage pour les sportifs dans l’arène et des dépenses inconsidérées que financent tous les autres. Voici deux exemples, le vélo et le foot.

Antoine Vayer a calculé les puissances développées par les coureurs: « Un seul coureur semble avoir toujours eu des performances « humaines », Greg LeMond. Il remporte le Tour de France avec une moyenne de 400 watts en 1986, 1989 et 1990. Il reste dans le vert. Tous les autres vainqueurs sont « flashés » à un moment ou à un autre de leur carrière au-delà de 410 watts (ce qui représente pour nous le niveau suspect), de 430 watts (miraculeux, Lance Armstrong avec une moyenne de 438 watts en 2001), voire de 450 watts (mutant : Miguel Indurain avec 455 watts de moyenne en 1995). Avec l’arrivée de l’EPO au début des années 1990, un coureur qui pouvait développer 400 watts pendant vingt minutes se met à en développer 440 pendant quarante minutes…  Depuis 2012, l’UCI interdit la télétransmission des mesures de puissance. C’est plus commode de se cantonner à la première partie de la définition du dopage : « Pratique consistant à absorber des substances ou à utiliser des méthodes interdites », et d’évacuer la deuxième : « afin d’augmenter ses capacités physiques ou mentales : ses performances ». Or, déceler les produits est difficile et les contrôles restent facilement contournables. Les performances, elles, ne mentent pas… »*

Miracle du dopage, connerie du sport. Les journalistes « sportifs » qui ont suivi le Tour 2012 se plaignaient d’un tour ennuyeux car il n’y avait plus un seul coureur pour « dynamiter » le peloton.  Se doper était en effet devenu très difficile. Mais tout le problème est là, les bavards des médias ont besoin de « corrida »… parce que le public est grisé par la performance… des autres**. Quand on ne suit pas le sportif du haut de sa moto ou d’un hélicoptère, on se rassemble dans un  stade, le Grand Projet Inutile par définition qui, sans vouloir vexer les éléphants, est un véritable « éléphant blanc ».

Un éléphant blanc est une réalisation d’infrastructure plus coûteuse que bénéfique décidée « pour le prestige » par des politiques pour le plus grand profit d’investisseurs sans scrupules. Ce phénomène touche aussi bien l’Afrique que l’Europe. Il n’épargne pas le Brésil : « Désormais Manaus aura son arène de 44000 places (pour le mondial 2014), née de l’imagination des meilleurs architectes enivrés de formes globales pour 205 millions d’euros… Il faut remonter en 1969 pour voir 23000 personnes, un record,  dans les tribunes d’un stade… Manaus manque d’établissements scolaires et d’un réseau de santé de qualité… Manaus n’est pas le seul éléphant blanc. D’autres pachydermes de béton ont été repérés à travers le Brésil… Des cathédrales pour des sportifs sans public…. » *** Mirages des bétonneurs, connerie du sport.

* LE MONDE Sport&forme du 8 juin 2013, Armstrong, presque un petit joueur à côté du roi Miguel

** Pour une analyse plus approfondie du Tour de France :

Le sport, anti-nature, antipathique, pro-capitalisme

L’AlterTour de France

La Grande boucle, out !

*** LE MONDE Sport&forme du 8 juin 2013, Les éléphants blancs du Brésil

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Mondial de l’automobile, entropie et dévoituration

Du 29 septembre au 14 octobre, le Mondial de l’automobile bat son plein à Paris dans un contexte de crise. Pourtant, dans les allées et sur les stands, on continue à vendre du rêve, car la réalité de l’entropie propre à la bagnole est complètement ignorée de son conducteur. Laissons à Agnès Sinaï, co-fondatrice de Momentum, nous faire un exposé sur la deuxième loi de la thermodynamique appliquée à la voiture :

« L’anthropocène, cette ère géologique qui commence au tournant des années 1800, est déjà gagné par la panne. Tous les clignotants de la biosphère sont au rouge, accélération de l’érosion, perturbation du cycle du carbone et de la température, extinction des espèces, etc. L’entropie, définie par Rudolf Clausius comme la fraction définitivement dégradée de la dépense énergétique d’un système, est le prochain rendez-vous des sociétés industrielles. L’énergie du monde se dégrade, l’énergie utilisable y diminue de façon irréversible. Les crises actuelles témoignent du décalage abyssal entre l’économie dominante et la réalité physique de la planète.

Lorsque le caractère destructeur est confronté à des signaux dérangeants, il fabrique du déni et des fictions. Assortie à la fable du green, la voiture électrique est une des illusions les plus en vogue, promue par force plans de soutien étatique, en collusion avec les féodaux de l’industrie automobile. On se lance dans la « contrebande » d’entropie pour feindre d’en repousser les limites : énergie libre par catalyse de l’eau, surgénérateurs qui fabriqueraient plus d’énergie qu’ils n’en consomment, soleil éternel avec la fusion, biocarburants de synthèse, remplaçant du pétrole à base de micro-algues… C’est le sophisme de la substitution perpétuelle. Le réacteur nucléaire ne fait que reporter l’échéance. L’économie de croissance inhérente à l’Anthropocène va se trouver en panne de combustible. Des dirigeants qui retrouveraient leur cerveau planifieraient la descente énergétique. »

En termes plus simples, bientôt il n’y aura plus assez d’énergie adaptée pour faire rouler les voitures… la dévoituration est en marche !

Source : Entropia n° 12, printemps 2012, Fukushima, fin de l’Anthropocène (résumé du texte d’Agnès Sinaï)

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marre des JO, faut s’abonner à BIOSPHERE-INFO !

Ce blog édite un bimensuel électronique auquel vous pouvez vous abonner gratuitement. Voici la présentation de notre numéro spécial Jeux Olympiques (juillet-août) : « Dans un monde qui voit ses ressources diminuer de plus en plus rapidement, il faut se poser la question de l’existence de tout ce qui est superflu, et donc des Jeux Olympiques qui se déroulent actuellement à Londres. Le culte de la compétition qui s’y déchaîne ne représente en fait que la face ludique et démesurée de la compétition économique. Tout nous ramène encore dans cette grande messe planétaire à des histoires de nationalisme et de fric : rien de bon pour la santé de la biosphère.

La devise olympique « citius, altius, fortius » (plus vite, plus haut, plus fort) devrait être remplacée par la devise des écolos : « aller moins vite, partir moins loin, agir avec douceur. » L’écologie politique devrait mettre à son programme la suppression des Jeux Olympiques. »

Pour en savoir plus, il suffit de s’abonner en envoyant un courriel à biosphere@ouvaton.org. Merci.

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Quelques suggestions pour des jeux Olympiques alternatifs

Oscar Pistorius ne pouvait pas participer aux compétitions internationales officielles des valides, ainsi en avait décidé la Fédération internationale d’athlétisme. Mais le Tribunal arbitral du sport en a jugé autrement, décidant sur la forme et non sur le fond : les lames en carbone qui restituent davantage d’énergie qu’une jambe humaine offraient pourtant un avantage significatif à l’athlète handicapé. Oscar Pistorius n’a pas décroché la qualification de son pays, il est resté sous la barre des 45’’30 aux 400 m. Mais le Comité olympique sud-africain a invalidé la décision de la Fédération d’athlétisme sud-africain en le repêchant ! Pourquoi ? Parce que Pistorius est une star mondiale, avec un handicap visuel qui nourrit l’imagination du public. Donc tout bénéfice pour les sponsors, Nike, Oakley, BT Group, Thierry Mugler… Oscar devrait gagner entre 5 et 10 millions de dollars !

Deux poids, deux mesures :  en natation, on a débarrassé les nageurs de leur combinaison en polyuréthane qui faisait gagner des dixièmes de seconde. Tant que les sportifs de haut niveau ne feront pas leur sport entièrement nus physiquement et sans sponsors, ce ne sera pas vraiment du sport. Pour bâtir un alter-JO, nous suggérons aussi la fin de l’hyperspécialisation : chaque athlète devrait concourir dans trois disciplines différentes, comme pour un triathlon. Enfin l’écologie devrait être aux avant-postes : pas de déplacement des sportifs et des spectateurs, chacun concourt près de son lieu de résidence pour éviter le coût énergétique des déplacements…

Source documentaire, LE MONDE du 5-6 août 2012, supplément Londre2012

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Les sportifs oublient leurs limites aux Jeux Olympiques

Le sport-spectacle s’accompagne du dopage, les JO ne font pas exception à la règle. Normal ! Quand on demande à un individu de dépasser ses limites, la tentation est grande de se faire aider. Le sportif est dénaturé par obligation. Au cours des six derniers mois, au moins 107 athlètes de sport olympiques d’été ont été sanctionnés pour une période de suspension qui inclut les jeux de Londres, a révélé le président de l’AMA (Agence mondiale antidopage)*. Une étude en cours de finalisation devrait révéler d’ici à la fin de l’année que plus de 10 % des athlètes prennent part à des activités de dopage. Les JO poussent les sportifs au-delà de leurs limites.

Aux JO ou ailleurs, le sport de haut niveau est un enfer. C’est un enfer physique, il faut se focaliser sur l’entraînement, des heures et des heures d’entraînement, des entraînements dans la douleur et dans la souffrance pour repousser toujours plus loin ses propres limites. Il faut se faire mal ! C’est aussi un enfer psychologique. Le sport de haut niveau est un déséquilibre. On ne peut pas nager quinze kilomètres par jour comme le faisait Laure Manaudou et savoir gérer sa vie. Et puis les sportifs subissent trop fréquemment un véritable enfer de proximité. L’entourage est primordial, c’est lui qui porte la motivation première. Combien de pères abusifs ont poussé jusqu’à la dépression leur progéniture ! Combien de mères ont fait de leur propre désir de gloire un transfert sur leur enfant! Combien d’entraîneurs ont joui dans une relation de maître à esclave envers leur poulain ou leur pouliche ! Combien de pays poussent leurs athlètes au-delà de leurs limites.

Cet enfer existe parce qu’il est pavé de vanité. Le goût de la performance, c’est souvent pour être le premier, pour cet afflux d’adrénaline qui rend artificiellement heureux sous les applaudissements. Et puis il y a l’amour de soi dans l’œil du public ; le sportif de haut niveau sait qu’il rentre dans le sport spectacle, qu’il devient l’objet de tous les regards, et cela ne peut que flatter son amour-propre. Si le sportif s’allongeait sur le divan d’un psychanalyste, il arrêterait sans doute le sport du jour au lendemain.

Marre des JO. Supprimons les spectateurs, il n’y aura plus de Jeux Olympiques, il n’y aurait plus de sportifs, il n’y aura plus ces gloires déchues et ces corps brisés. La marche à son rythme est le meilleur des sports. Si le contact avec la nature était donné de surcroît, ce serait le paradis sans limites.

* LE MONDE du 29-30 juillet 2012, le grand ménage antidopage

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le sens des limites, contraire à l’esprit olympique

La devise olympique « citius, altius, fortius » (plus vite, plus haut, plus fort) ne fait que correspondre à l’expansion de la révolution industrielle et du goût de la bourgeoisie pour la concurrence et le record : vive le règne des plus forts !

Mais battre les records du monde devient de plus en plus rare, de plus en plus dépendant des innovations technologiques. Selon l’Irmes, l’homme utilisait 65 % de ses capacités physiques en 1896 (début des JO), contre 99 % actuellement et 99,95 % en 2025 si on prolonge les tendances. Nos performances ne sont pas séparées de nos paramètres vitaux, l’alimentation,  l’hygiène, l’instruction, les possibilités d’entraînement. La natation détient encore paraît-il le plus de potentiel, mais principalement grâce aux nouvelles combinaisons qui s’améliorent d’années en années jusqu’à ce que la peau des nageurs s’apparente à la peau des dauphins (LE MONDE du 9.08.2008). Si on nageait tout nus, ce biais n’existerait pas et nous atteindrions plus rapidement nos limites physiologiques.

« Plus vite, plus haut, plus fort », telle est la devise des jeux olympiques modernes alors que les principes de la Biosphère sont à l’inverse « Aller moins vite, aller moins loin, avec plus de douceur » : il faut respecter les écosystèmes. Notre futur n’a pas besoin de jeux et de télévision, mais de sobriété et de réflexion. Cet été, la propension des dirigeants à détourner l’attention des crises grâce aux clameurs dans les stades a encore repris le dessus. Hollande veut encore les JO à Paris ! Mais bientôt, un jour, nous serons débarrassés des Jeux Olympiques et nous pourrons recommencer à marcher au lieu de s’avachir devant le poste de télé. Retrouvons le sens de limites…

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les Jeux Olympiques nous font oublier l’essentiel

Les Jeux Olympiques ne sont vraiment pas importants… sauf pour nous faire oublier l’essentiel. La justice ne peut plus mettre sous séquestre une entreprise pour « désastre environnemental ». Et pourtant ! A Tarente (Pouilles), l’immense usine sidérurgique Ilva, du troisième producteur européen Riva Acciaio, pourrait fermer. Au cours des années aucune mesure n’a été prise, si bien que les fumées et la poussière continuent de se répandre dans l’atmosphère. La ville connaît une surmortalité de 10 % à 15 % supérieure à la moyenne italienne. Les habitants près du site vivent fenêtres et volets fermés.

Mais Ilva produit près de 70 % du produit intérieur brut de cette région. Les syndicats ont déposé un préavis de grève générale contre la décision (provisoire) de la justice. Une série d’actions spectaculaires a rendu inaccessible l’un des plus grands ports d’Italie. Bien entendu c’est les contribuables qui vont payer : le gouvernement se dit prêt à débloquer 336 millions d’euros afin d’assainir le site*. Un autre jugement annulera certainement le séquestre… L’emploi contre l’écologie, on va en crever

Comme dit un ouvrier, « C’est le chômage ou le cancer, ou peut-être les deux en même temps. » Ainsi va la logique de la civilisation thermo-industrielle, soutenue par l’Etat contre les intérêts à long terme de la population. Mais cela ne fait pas la Une du MONDE. Le plus gros titre, bien entendu, va aux jeux Olympiques : « Natation : une victoire historique ». LE MONDE n’a pas la même lecture que nous de l’histoire ! Un jour prochain l’usine Ilva sera une friche industrielle et les nageurs français seront oubliés depuis très longtemps.

LE MONDE du 31 juillet 2012 , un site sidérurgique italien mis sous séquestre pour « désastre environnemental »

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Le CIO (Comité international Olympique), une caste détestable

 

Le président du comité olympique français déclarait un jour : « Nous sommes là uniquement pour le sport, qui peut ouvrir un espace de liberté. »N’importe quoi ! Le monde actuel ne vit plus selon les règles du fair play. Le CIO est en fait un regroupement de personnes auto-choisies qui mettent les JO aux enchères en pensant à la visibilité médiatique à la mode et aux retombées financières conséquentes.

LE MONDE du 31 mai 2008 nous révélait que le CIO encadre les blogs des athlètes et des personnes accréditées.  Le CIO et ses valets ne cultivent pas le rêve, mais le fric. D’ailleurs cet article rappelait que l’objectif du CIO consiste (d’abord) à préserver des intérêts commerciaux. Ce que protège le CIO, c’est la liberté d’expression de ses sponsors et détenteurs de droits audiovisuels. Faisons quelques rappels :

Les 115 membres du CIO (comité international olympique) sont cooptés intuitu personnae, c’est-à-dire qu’ils ne représentent qu’eux-mêmes. Cent pays n’y sont pas représentés, et même si le choix d’une ville pour les JO est à bulletin secret, chacun sait qu’il ne s’agit pas seulement de promouvoir le bien de l’olympisme. Pour la détermination de la ville olympique en 2012, c’est Londres qui avait été choisi au détriment de Paris. Si le lobbying ne repose plus sur des valises de billets, il y eut des commissions sur contrats et des subventions pour des projets qui ont été discutés entre quatre yeux. Dans son livre  » Paris 2012, pari gâché « , A. de Redinger, reconnaît que, depuis vingt ans qu’il navigue dans ce milieu, il ne connaît aucune ville qui n’ait emporté les suffrages sans avoir acheté de voix. De toute façon, pour avoir le droit d’accueillir les JO auprès de cet aréopage, il faut faire preuve d’une totale soumission à des règles qui changent au gré des circonstances.

L’expérience montre d’ailleurs que les pays candidats aux JO doivent être prêts à tordre leurs propres lois ! Le CIO s’était employé pendant de longs mois à ce que l’Italie adoucisse sa loi contre le dopage avant les Jeux Olympiques d’hiver à Turin en février 2006. Le CIO jugeait en effet trop sévère des sanctions pénales à l’encontre des athlètes convaincus de dopage. Ainsi la ville de Paris dans son dossier de candidature malheureux pour 2012 précisait : « La France s’engage à prendre toute disposition législative ou réglementaire qui s’avérera nécessaire au bon déroulement des Jeux Olympiques. » De même l’heureux (puisque Londres a hérité du coûteux bébé) gouvernement de Tony Blair s’était également engagé à introduire une législation destinée à renforcer la protection des marques olympiques et paralympiques.

Il n’y a qu’une solution à toutes ces dérives, supprimer le CIO, et donc aussi les Jeux Olympiques…

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l’abominable histoire des Jeux Olympiques

Dès le début, les Jeux Olympique ne sont que le cache-sexe du politique. Aux premiers jeux olympiques de 1896 à Athènes, il y eut deux semaines de délire nationaliste : 180 grecs vont rivaliser avec 131 concurrents venus de 12 nations des 5 continents. Le public réserve toute sa ferveur à ses champions nationaux sans le moindre égard pour ceux des autres pays, cela n’a pas changé en 2012. La présence toujours plus forte des JO dans les représentations collectives induit sa récupération croissante : les JO de 1936 à Berlin par le nazisme, mais aussi les pays de l’Est qui utilisent la compétition sportive pour essayer de démontrer la supériorité de leur système social grâce à leur succès sur les stades. Par la suite, le fric s’est superposé aux enjeux étatiques.

Les jeux olympiques ont été privés de ressources financières jusqu’en 1972 parce que le Président du CIO de l’époque était un farouche défenseur de l’amateurisme. Puis le CIO est devenu richissime grâce à la vente des droits de retransmission. Tout s’est accéléré dans les années 1980 avec la libéralisation du paysage audiovisuel. Le CIO décide la professionnalisation des JO en 1981 et leur exploitation commerciale en 1986 par le sponsoring. Toutes les barrières morales tombent et maintenant le monde entier se gargarise devant son poste de télé en voyant courir un type bodybuildé. En 2004 à Athènes, la lutte contre le « marketing sauvage » s’était traduite par l’interdiction faite au public de pénétrer dans les enceintes olympiques en arborant d’autres marques que celles des sponsors officiels ou avec une boisson gazeuse autre que Coco-Cola ! En février 2006, le comité international olympique s’était employé pendant de longs mois à ce que l’Italie adoucisse sa loi contre le dopage avant les Jeux Olympiques d’hiver à Turin. L’expérience montre d’ailleurs que les pays candidats aux JO doivent être prêts à tordre leurs propres lois ! Ainsi la ville de Paris dans son dossier de candidature malheureux pour 2012 précisait : « La France s’engage à prendre toute disposition législative ou réglementaire qui s’avérera nécessaire au bon déroulement des Jeux Olympiques. » Ainsi le gouvernement de Tony Blair s’était également engagé à introduire une législation destinée à renforcer la protection des marques olympiques et paralympiques.

Mais les JO flattent toujours le nationalisme et les populistes. La désignation du Brésil pour les JO de 2016 à Rio sert la popularité de son  président Luiz Lula : pour la première fois des JO en Amérique latine. Pourtant les JO ne sont en aucun cas crucial pour le développement du Brésil. Cela ne va créer que quelques emplois temporaires, cela ne va pas faire diminuer l’ampleur des bidonvilles de Rio. Au Brésil, 36 % de la population urbaine habite déjà dans des taudis. Et les miséreux ne vont pas se loger dans les 25 000 chambres qu’il va falloir construire pour accueillir des spectateurs. Rio, 11 millions d’habitants, est devenue une décharge où l’on rejette une population excédentaire. Mais on lui offre une arène sportive: panem et circenses, du pain et des jeux ! Alors, à quoi servent les JO ? A rien de bon.

Le sport est étymologiquement un jeu, un amusement ; sport et compétition ne sont donc pas synonymes. Le sport devrait reste une simple activité physique, une sorte d’hygiène de vie. Il ne s’accompagne par du goût de la compétition, mais d’un apprentissage de valeurs morales et de la recherche du contact confiant avec les autres comme avec la Biosphère. Supprimons les Jeux Olympiques… la planète s’en trouvera mieux.

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Les Jeux Olympiques, une simple histoire de fric

Voici venu comme tous les quatre ans le royaume des Jeux, Londres2012*. J’avais survolé à l’époque les différents suppléments Pékin2008 joint chaque jour au quotidien par LE MONDE. A part le fait que le doute planait sur le dopage, j’étais tombé en arrêt sur cette déclaration de Boris Johnson, maire de Londres, ville hôte des jeux olympiques de 2012 : « Les Jeux de Londres ne seront pas les jeux de l’austérité. »

On ne peut être plus clair, les JO sont d’abord et surtout une histoire de fric. Les JO favorisent le sentiment d’appartenance à une communauté particulière et ce sentiment est dorénavant valorisé pour des considérations financières. Les jeux olympiques ont été privés de ressources financières jusqu’en 1972 parce que le Président du CIO était alors un farouche défenseur de l’amateurisme et pensait que les jeux pouvaient se passer de la télévision. Maintenant, le CIO est devenu richissime grâce à la vente des droits de retransmission et au sponsoring d’épreuves désormais ouvertement professionnelles. Sous le prétexte du sport comme expression des peuples, les jeux Olympiques sont aujourd’hui le cache-sexe du système marchand : sur le stade comme ailleurs, la lutte entre Etats se transforme en lutte entre firmes. La compétition devient alors moins importante que le regard que les téléspectateurs portent sur elle, l’Audimat prime sur les chronomètres. Les jeux de stade sont devenus une vitrine planétaire où les fabricants valorisent leur image et les Jeux semblent condamnés à ne plus être qu’un long show fluo entre les cérémonies d’ouverture et de clôture. Notre Biosphère a besoin d’austérité, les JO nous grisent de paillettes.

Comment est-il possible que nous accordions tant d’importance à des épiphénomènes tels que celui de savoir qui est l’homme le plus rapide de la planète sur 100 mètres, quelle est la femme qui nage le plus vite la brasse papillon ou quel est le pays qui aura le plus grand nombre de médailles ? Par contre, nous ne savons pas, et nul ne s’en soucie, quel est l’homme le plus courageux pour lutter contre l’iniquité et quelle est la femme la plus acharnée à dénoncer la pollution. Pourquoi ? Parce que le sport-spectacle a été un des moyens d’anesthésier le peuple en occultant la hiérarchie des vraies valeurs. Peu importe dorénavant d’avoir célébré en 2008 les JO dans une des villes les plus polluées au monde, cela n’a plus d’importance.

Saluons pour conclure le deuxième pays le plus peuplé au Monde, l’Inde. Il n’avait obtenu que trois médailles aux Jeux Olympiques de Pékin, il se fout complètement de la compétition dans le domaine olympique, il a raison.

* LE MONDE du 28 juillet 2012, en version française et anglaise simultanée pour chaque article

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