Hitler a eu beaucoup de chance, il échappa à plusieurs tentatives d’assassinat :
– 9 novembre 1939 : Le menuisier Johann Georg Elser, qui voulait à tout prix éviter la guerre et mettre fin à la dictature, plaça une bombe à Munich où Hitler commémorait chaque année sa tentative de putsch de 1923. Mais Hitler partit plus tôt et échappa à la détonation, qui tua huit personnes
– 13 mars 1943 : Hitler était à Smolensk. Quand Hitler partit prendre son avion, Fabian von Schlabrendorff alla lui aussi à l’aérodrome avec le paquet d’explosifs qu’il donna à Brandt. La bombe était réglée de manière à ce qu’elle explose au bout de 30 minutes, mais Hitler atterrit sans problème deux heures plus tard.
– 20 juillet 1944 : au quartier général de Rastenburg, le comte Claus von Stauffenberg dépose lui-même une valise piégée sous la table de réunion et quitte la salle. Cinq des vingt-quatre personnes présentes dans le baraquement furent tuées, les autres blessées. Hitler n’eut que quelques égratignures.
Aujourd’hui on sort un film sur cette dernière tentative, Walkyrie (LeMonde du 28 janvier). Mais ce n’est qu’un film américain qui obéit aux règles du cinéma de divertissement et ne traite pas les enjeux politiques et historiques. Ce n’est donc qu’un vulgaire film d’action alors que cet évènement pose un problème fondamental : pourquoi des populations entières se sont-elles laissés manœuvrées par des dictateurs sanglants comme Hitler ou Staline ? C’est le texte d’Etienne de La Boétie sur la servitude volontaire qui pose les bases de notre esclavage en 1576. Juste un avant-goût de cette brillante analyse : « Qui voudra bien passer en revue les faits du temps passé, il s’en trouvera peu de ceux qui, voyant leur pays malmené et en mauvaises mains, aient entrepris, d’une intention bonne et entière, de le délivrer. Harmodios, Aristogiton, Thrasybule, Brutus le Vieux, Valérius et Dion, comme ils l’ont vertueusement pensé, l’exécutèrent heureusement ». (Ndlr : tous ces personnages ont chassé ou tué le tyran qui oppressait la cité).
La Boétie explique aussi clairement pourquoi il y a aussi peu de révolte contre les dictateurs, par exemple en condamnant ce qu’on appelle aujourd’hui la société du spectacle : « A la vérité, c’est le naturel du menu peuple d’être soupçonneux à l’endroit de celui qui l’aime, et naïf envers celui qui le trompe. Les théâtres, les jeux, les farces, les spectacles, les médailles et autres choses de peu, c’étaient les appâts de la servitude, les outils de la tyrannie ». C’est là une bonne réponse à la question du journaliste du Monde, « Pourquoi si tard ? » qui ajoute à juste titre : « Ce n’est pas en allant voir le film Walkyrie que l’on trouvera la réponse ».
Lisez l’essai de la Boétie pour comprendre et boycottez le film de Bryan Singer pour agir.