Usain BOLT à 9 »58
Il a fallu attendre les jeux de Mexico en 1968 pour que les sprinters descendent sous la barre des dix secondes (9’’95). Usain Bolt a même franchi à Pékin les 100 mètres en 9’’69 (LeMonde du 16-17 août). Mon petit doigt m’a dit qu’il vient de faire encore mieux aux Mondiaux de Berlin. Certains pensent qu’il y aura toujours une surprise quant à la vitesse à laquelle un humain peut aller. Mais on donne à ces records une importance qu’ils n’ont pas.
Le premier problème est celui de la définition du sport en lui-même. On le considère comme positif alors qu’il n’est pas un jeu. Le sport est une activité organisée, de compétition, dont la logique est bien éloignée du jeu que l’on fait pour soi et avec d’autres. Le deuxième problème, c’est qu’on ne peut réduire l’analyse aux résultats sportifs sans dévoiler ses fonctions économiques. Le sport reflète le fondement des rapports de production capitaliste : individualisme, apologie de la compétition, du rendement et du dépassement de soi. Troisième problème, politique : le sport sert toujours la stratégie du pouvoir en place, il est du coté de l’ordre établi et de sa logique. Enfin ses implications sont idéologiques, le sport est une incorporation de valeurs, celles du toujours plus, mythe de la croissance ininterrompue des performances, croyance dans le « Progrès ».
Dans le monde des records perpétuels, il n’y a pas de décroissance possible, il n’y a plus de sens des limites. Croître encore et toujours est le maître mot de l’univers sportif qui, loin de servir d’exemple, devrait constituer un contre-modèle. Il faut prendre le temps d’aller lentement. Marcher des kilomètres sur des sentiers de randonnée devrait nous apporter infiniment plus de plaisir que le spectacle d’un autre que soi-même avalant ses cent mètres.
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