sports et loisirs

Copenhague et la F1

Le mécanisme actuel des négociations climatiques est dans le coma (cf. communiqué de presse FNE + CFDT ce jour 18 décembre). Heureusement, loin des bavardages diplomatiques entre chefs d’Etat, la société civile commence à bouger : la formule 1, incitation vociférante aux émissions de gaz à effet de serre, est à l’agonie. L’industrie automobile  est dans l’impasse financière, Honda a abandonné la F1 en 2008, imité cette année par BMW et Toyota ; Renault suit la même voie, cédant la majeure partie du capital de son écurie. Mais cela relève de la crise financière, il y a plus grave pour l’avenir de la F1. Les protagonistes des sports mécaniques sont confrontés au glissement des valeurs. La crise écologique pousse à abandonner le culte de la vitesse, le culte du bruit, le culte de l’abrutissement des masses qui font vroom vroom au volant par procuration puisque maintenant le radar les attend au tournant.

Malgré l’échec de Copenhague, on se prépare à arrêter les courses automobiles. Le peak oil du pétrole conventionnel est déjà passé, dans cinquante ans il va falloir nous passer complètement de 85 % de dépendance aux énergies fossiles, nous allons (si tout se passe au mieux) vers la jouissance dans la frugalité. La croissance était synonyme de gaspillage, il faut économiser l’énergie pour ne pas dépasser 2 °C, la mesure symbolique par excellence serait l’arrêt des compétitions de F1.

Source documentaire : LeMonde du 18 décembre

Renault lève le pied en formule 1 

Il peut y avoir du plaisir à agir pour l’environnement (Jean –Louis Etienne)

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Johnny Hallyday est mort

Johnny est-il mort ? Je suis devant l’hôpital, de l’autre côté de la rue. Personne ne veut nous fournir la moindre information. Cet hôpital protège tant la vie privée des célébrités que nous ne savons toujours pas si Johnny est vraiment mort ou non. Mais en vérité je vous le dis, quand ça arrivera, un jour ou l’autre et c’est certain, la perte pour l’humanité sera immense. Heureusement que nos disques durs et nos cerveaux lents conserveront encore longtemps la trace de son immense talent. Ah, attendez ! Une personne digne de confiance s’approche de moi, nous allons enfin connaître l’état actuel de son état de santé. Non, ce n’est pas Les Fatals Picards, juste un communiqué de Johnny encore bien vivant qui nous fait dire :

« Mes biens chers frères, mes biens chères sœurs, vous êtes tous suspendus aux dernières nouvelles de mon bulletin de santé. C’est une énorme erreur. N’ayez crainte pour moi, ma vie a été bien remplie, ma mort est de l’ordre de l’insignifiance. Par contre, vous savez tous que le débat public sur les nanotechnologies risque de tourner court. Déjà neuf réunions publiques de passé et presque personne n’est au courant. C’est lamentable, absurde, inconséquent. Vous êtes tous là à vous interroger « sa gueule, qu’est-ce qu’elle a sa gueule ». Mais putain de dieu, y’a autre chose que moi sur cette planète. Intéressez-vous aux nanotechnologies qui conduisent direct à une société totalitaire, ou au bonheur de l’humanité, j’en sais pas plus, le débat suit son cours, chaotique et soumis aux puissances financières… ou aux joies de la technoscience. De toute façon le débat ne sera riche et passionné que si vous me lâchez la grappe pour vous consacrer aux seuls débats qui comptent. A bon entendeur, salut… »

Pour en savoir plus sur le nano-débat, lire LeMonde du 11 décembre

ou renseignez-vous auprès de www.piecesetmaindoeuvre.com

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la main de Thierry Henry

La main de Thierry Henry lors du match de foot France-Irlande n’a qu’une importance secondaire. D’autant plus que le foot lui-même n’a qu’une importance très secondaire. Pourtant LeMonde du 28 novembre fait semblant de s’intéresser  à l’éthique du sport sur deux pages uniquement au travers du cas particulier de cette main coupable. Au-delà de l’affaire Henry, c’est la place du foot en particulier et du sport-spectacle en général qui doit être questionné. Le seul article qui s’interroge vraiment sur nos valeurs fondamentales est celui qui se demande s’il ne faudrait pas interdire le foot étant donné sa transformation en fanatisme, chauvinisme et haine de l’adversaire. L’enjeu n’est pas de savoir quelle place doit avoir l’arbitre ou qui doit l’emporter dans un match. L’enjeu est de voir que le fait de courir bêtement derrière un ballon quand on est entre adultes est devenu un phénomène planétaire et une aliénation collective.

Le foot-spectacle est devenu une activité dont l’objectif principal est la sidération des masses, l’encadrement d’un troupeau. Le Mondial n’est pas une épopée fraternelle et glorieuse, ce n’est qu’un business de plus. Le foot est devenu le plus puissant des opiums du peuple, la collectivisation de toutes les illusions individuelles. La société du spectacle n’est rien d’autre que l’ensemble des compensations mensongères offertes à ceux qui ne sont plus rien. C’est ainsi qu’on peut résumer le livre de JM Brohms et M.Perelman, Le football, une peste émotionnelle, sous-titré la barbarie des stades. Ils constatent que lors du Mondial 1998, toutes les forces politiques et tous les intellectuels s’étaient rués sur le devant de la scène pour célébrer sans la moindre retenue l’ivresse, la transe, l’euphorie, la liesse de l’événement… alors que le foot n’est qu’une politique d’encadrement des foules, un moyen de contrôle social, l’application de la formule de la Rome antique « panem et circenses » (du pain et des jeux). Je suis donc attristé de constater que même Cohn-Bendit puisse accepter de répondre à des questions à propos de la main de Thierry Henry. L’écologie se fout complètement de Thierry Henry et de son jeu de main.

La Biosphère constate qu’il y a une sorte de symbiose entre les amateurs de sport en chambre et les médias qui leur servent la soupe. Les humains croient qu’ils sont libres alors qu’ils sont programmés par l’industrie du spectacle à oublier qu’ils ont un cerveau. Comment redonner le goût de la Nature à des individus qui lisent l’Equipe (premier quotidien par la diffusion) et préfèrent passer leurs soirées et leur WE devant leur écran télé plutôt que de s’activer physiquement à l’extérieur de leurs linceuls ?

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à quoi servent les JO ?

La désignation du Brésil pour les JO de 2016 sert la popularité de son  président Luiz Lula. Les JO flattent en effet le nationalisme et les populistes. La non-désignation des USA dessert son président OBAMA, mais il s’en remettra parce que ce n’est certainement pas une défaite de l’Amérique. Les JO doivent aussi flatter les pays émergents en donnant pour la première fois sa place en Amérique latine. Les articles du Monde (4-5 octobre) nous montrent parfaitement que les JO sont d’abord un fait politique, mon quotidien oublie de dire que cela nous fait oublier l’aspect sportif, anodin par ailleurs. A quoi sert-il de savoir combien de secondes il faut pour parcourir 100 mètres ?

C’est aussi un fait économique, c’est-à-dire une dépense inutile. Les JO ne sont en aucun cas crucial pour le développement du Brésil. Cela ne va créer que quelques emplois temporaires, cela ne va pas faire diminuer l’ampleur des bidonvilles de Rio. Au Brésil, 36 % de la population urbaine habite déjà dans des taudis. Et les miséreux ne vont pas se loger dans les 25 000 chambres qu’il va falloir construire pour accueillir des spectateurs. Les mégalopoles (Rio, 11 millions d’habitants, la folie de la démesure) sont devenues des décharges où l’on rejette une population excédentaire à laquelle on permet de temps en temps de hurler et chanter pour une arène sportive : panem et circenses, du pain et des jeux. Alors, à quoi servent en réalité les JO ? A rien de bon.

« Plus vite, plus loin, plus fort », telle est la devise des jeux olympiques modernes alors que les principes de la Biosphère sont à l’inverse « Aller moins vite, aller moins loin, plus de douceur » : il faut respecter les écosystèmes, il faut supprimer les JO.

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il est permis d’interdire

Le diagnostic est partagé par tous ceux qui décryptent la vie de notre petite planète : le mode de vie à l’occidentale est obsolète, la droite sarkozyste comme la gauche socialiste nous disent qu’il faut changer de civilisation. Pourquoi ? A cause de la rupture entre la puissance technologique de nos économies et les limites physiques de la croissance. LeMonde du 23 septembre reprend d’ailleurs ce constat sarkozyste imparable : «  Le XXIe siècle sera le siècle de la fin du pétrole, il verra donc la fin de la voiture telle que nous la connaissons. » Malheureusement l’article à côté nous abreuve encore des péripéties de la formule 1. Comme si, en 2009, la F1 avait encore le droit d’exister ! Au moment du premier choc pétrolier, les pouvoirs publics avaient déjà arrêté cette compétition ridicule pour montrer le bon exemple de l’économie d’énergie.

LeMonde  ce jour est d’ailleurs beaucoup plus critique qu’à l’ordinaire : «  Le côté bling-bling de la F1 paraît plus que jamais has been. A l’heure où l’industrie s’interroge sur la nécessaire conversion à la voiture « verte », l’univers de la compétition, le culte de la vitesse, les consommations astronomiques de carburant, les victoires fêtées sous des douches de champagne et les jeunes femmes en bikini dans les paddocks, paraissent complètement décalés ».

 Si Sarkozy était vraiment conscient de l’urgence de réduire la vitesse de notre société thermo-industrielle, non seulement il imposerait une taxe carbone à 32 euros la tonne, mais pour mieux faire accepter la purge, il ferait en sorte que la F1 et les 4×4 soient interdits au niveau (inter)national.

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Usain BOLT à 9 »58

Il a fallu attendre les jeux de Mexico en 1968 pour que les sprinters descendent sous la barre des dix secondes (9’’95). Usain Bolt a même franchi à Pékin les 100 mètres en 9’’69 (LeMonde du 16-17 août). Mon petit doigt m’a dit qu’il vient de faire encore mieux aux Mondiaux de Berlin. Certains pensent qu’il y aura toujours une surprise quant à la vitesse à laquelle un humain peut aller. Mais on donne à ces records une importance qu’ils n’ont pas.

Le premier problème est celui de la définition du sport en lui-même. On le considère  comme positif alors qu’il n’est pas un jeu. Le sport est une activité organisée, de compétition, dont la logique est bien éloignée du jeu que l’on fait pour soi et avec d’autres. Le deuxième problème, c’est qu’on ne peut réduire l’analyse aux résultats sportifs sans dévoiler ses fonctions économiques. Le sport reflète le fondement des rapports de production capitaliste : individualisme, apologie de la compétition, du rendement et du dépassement de soi. Troisième problème, politique : le sport sert toujours la stratégie du pouvoir en place, il est du coté de l’ordre établi et de sa logique. Enfin ses implications sont idéologiques, le sport est une incorporation de valeurs, celles du toujours plus, mythe de la croissance ininterrompue des performances, croyance dans le « Progrès ».

Dans le monde des records perpétuels, il n’y a pas de décroissance possible, il n’y a plus de sens des limites. Croître encore et toujours est le maître mot de l’univers sportif qui, loin de servir d’exemple, devrait constituer un contre-modèle. Il faut prendre le temps d’aller lentement. Marcher des kilomètres sur des sentiers de randonnée devrait nous apporter infiniment plus de plaisir que le spectacle d’un autre que soi-même  avalant ses cent mètres.

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Mickael Jackson out !

Michael Jackson est mort. Les décomposeurs de la Biosphère n’attendent pas son corps dans la joie et l’allégresse : il apporte trop de médicaments avec lui. LeMonde lui consacre trois pages le 27 juin, encore deux articles le jour suivant : trop de papier (trop d’arbres) consacré à un tout petit évènement. Il était une « icône planétaire » : en fait il était resté un petit garçon formaté d’abord par son père, puis par la firme Motown, par Quincy Jones, par son docteur, par les médias… Michael Jackson était un pur produit de la société du spectacle c’est-à-dire de la société de l’aliénation. Michael Jackson est mort, il n’était d’aucune utilité. Ah si, peut-être,  son célèbre we are the world ?

– Il voulait « que le monde ne soit plus qu’un », mais il ne pensait qu’aux humains, certainement pas aux écosystèmes.

– Il disait qu’ « il est temps de venir en aide à la vie », mais il empruntait pour ses plaisirs personnels, pas pour sauver les derniers bonobos.

– Il croyait encore que « nous faisons tous partie de la grande famille de dieu », alors que notre vraie famille, c’est la Biosphère.

– Il affirmait que « ce monde, c’est nous, c’est nos enfants », mais qu’a-t-il fait pour les générations futures ?           

Il en sera de la ferveur mondiale après son décès comme de la mort de la princesse Diana, un feu de paille qui remplit les pages et certainement pas notre cerveau.

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la Grande Boucle, out

En matière sportive, il faut prendre la drogue dans le double sens de potion magique et de divertissement. Personne ne peut plus ignorer l’importance du dopage dans le sport de haut niveau. LeMonde du 18 juin peut même écrire que sur le dossard des coureurs qui vont bientôt prendre le départ du Tour de France, il faudrait mentionner « Nuit gravement à la santé ». Entre 1903 et 1939, l’espérance de vie des vainqueurs de la Grande Boucle était de 74 ans, largement supérieure à celle des Français (60 ans). Aujourd’hui les ex-champions vivent vingt ans de moins que la moyenne nationale. Mais finalement, si le sport de haut niveau ne faisait mal qu’aux sportifs, cela ne serait pas grave, Le problème, c’est que le vélo, le foot, le tennis, etc., servent de divertissement.

Il faut prendre divertissement non pas au sens d’amusement, mais au sens pascalien : l’homme est diverti, c’est-à-dire détourné de penser à soi-même, à sa condition humaine, mais aussi détourné des plus hautes aspirations, du sens de la vie, des objectifs supérieurs. Pour se rendre compte de l’énorme captation du public par le sport, il suffit de considérer la place qu’il tient dans les médias. Ce qui est le plus remarquable, c’est cet envahissement, toute l’année, cette façon de faire que chaque jour ait sa tranche sportive. Alors le dernier match devient bien plus important qu’un accord international. Bien entendu cette diffusion gigantesque est le support d’une publicité écrasante. Il en résulte que l’homme qui ne se passionne pas pour ces gesticulations n’est pas tout à fait normal ! Mais je suis fier de connaître le discours d’Ellul (Le bluff technologique, 1986) et de ne pas être dans la norme !!

Le sport d’élite n’est plus que pharmacopée ambulante pour spectateurs en manque d’efforts physiques personnels. La Biosphère mérite mieux que le détournement de ses mécanismes physico-chimiques par des humains imprudents et impudents qui veulent nous décérébrer.

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tourisme lent

Les vacances pour tous, le tourisme au long cours, tout cela s’éloigne définitivement de nos projets d’avenir. La crise financière a entraîné un changement de perception des ménages, le prochain blocage énergétique fera le reste. Bien sûr ceux qui partent déjà  en voyage à l’étranger ne pensent pas encore aux limites de la planète : 65 % des touristes qui ont été client d’une agence de voyage en 2008 veulent encore s’évader à l’étranger (sondage TNS Sofres). Mais plus d’un Français sur deux interrogés par Ipsos (Le Monde du 1er avril) déclare qu’il ne partira pas en vacances cet été. Pour ceux qui partiront, l’heure sera aux économies, basées sur des déplacements en France qui se recentrent sur le noyau familial, très loin donc d’un tourisme transfrontières.

Nous allons rapidement vers un tourisme lent, de proximité, qui rejettera l’avion et les fantasmes de vacances paradisiaques. Tout le système publicitaire nous  dit encore le contraire et cultive la psychologie du « plus vite, plus loin, plus souvent et toujours moins cher ».

Mais nos concitoyens sont inquiets de l’état de la planète et savent déjà qu’il faudra aller moins vite, moins loin, moins souvent (et que ça coûtera beaucoup plus cher).

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la fin de la F1

Je suis soulagé, il n’y  aura pas de Grand Prix de France de F1 en 2009 ; Magny-Cours a été abandonné, on hésite encore sur le lieu de remplacement. Avec un peu de chance, le circuit dans l’hexagone reprendra en 2012, quand le pétrole sera redevenu hors de prix.

Pour faire face à la crise financière, la F a adopté de nouvelles règles. Ainsi on limite à 8 moteurs par pilote et par saison, exigence qui porte la distance d’utilisation des moteurs de 1100 km à 2100 km (LeMonde du 28 mars). C’est à de tels détails qu’on mesure le niveau de gaspillage que s’octroie la formule 1, un bon moteur devrait être capable de faire au moins 350 000 kilomètres.

Magnifier la F1, c’est valoriser le culte de la vitesse alors qu’on devrait faire l’éloge de la lenteur. Magnifier la F1, c’est choyer le spectacle télévisuel au lieu de marcher sur ses propres jambes. Magnifier la F1, c’est aller à l’encontre de l’urgente nécessité de laisser les dernières gouttes de pétrole sous la terre. LeMonde consacre trop d’articles aux bagnoles.

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Vendée Globe out

Des mats brisés, des coques fendues  et des quilles amputées… Dans le Vendée Globe, 18 concurrents sur 30 au départ ont du abandonner. Si les navires de commerce avaient une telle déperdition, le transport par mer serait vite abandonné. Le bateau de Michel Desjoyeaux, arrivé sain et sauf à bon port, a bouclé un tour du monde en 84 jours. La belle affaire ! Il n’avait ni passagers, ni fret à bord.

Tout ça pourquoi ? Pour un peu de publicité de riches sponsors, Brit-Air, BT, Paprec-Virbac, PRB, Roxy, Veolia … qui aiment gaspiller leur argent. Quant à Desjoyeaux, il fait ça, dit-il « parce que je suis loin de la retraite, parce que ça m’amuse, parce que c’est ma passion, et parce que je ne sais pas faire grand chose d’autre » (LeMonde du 3 février). Avec de telles motivations, Desjoyeaux serait tout de suite viré de n’importe quel entretien d’embauche.           

Le prochain Vendée  Globe, programmé pour 2012, ne mérite pas d’exister.

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vanitas vanitatum, et omnia vanitas

Le Monde fait relâche pour cause de grève générale, profitons-en pour démolir le sport de haut niveau. Cette pratique est un enfer. C’et un enfer physique, il faut se focaliser sur l’entraînement, des heures et des heures d’entraînement, des entraînement dans la douleur et dans la souffrance pour repousser toujours plus loin ses propres limites. Il faut se faire mal ! C’est aussi un enfer psychologique. On en peut pas comme Laure Manaudou nager quinze kilomètres par jour et être équilibrée ! Le sport de haut niveau est un déséquilibre. Ces athlètes ne sont pas demandeurs de réflexion. Lorsqu’on les questionne, ils répondent souvent : « Je ne veux pas me prendre la tête. » Le sportif performant révèle même son absence de réflexion sur les causes de sa motivation. S’il s’allongeait sur le divan d’un psychanalyste, il arrêterait sans doute le sport du jour au lendemain. Il est vrai qu’ils subissent trop fréquemment un véritable enfer de proximité. L’entourage est primordial, c’est lui qui porte la motivation première. Combien de pères abusifs ont poussé jusqu’à la dépression leur progéniture ! Combien de mères ont fait de leur propre désir de gloire un transfert sur leur enfant! Combien d’entraîneurs ont joui dans une relation de maître à esclave envers leur poulain ou leur pouliche ! Alors, pourquoi cet enfer, pourquoi ce masochisme ?

Cet enfer existe parce qu’il est pavé de vanité. Le goût de la performance, c’est souvent pour être le premier, pour cet afflux d’adrénaline qui rend artificiellement heureux sous les applaudissements. Et puis il y a l’amour de soi dans l’œil du public ; le sportif de haut niveau sait qu’il rentre dans le sport spectacle, qu’il devient l’objet de tous les regards, et cela ne peut que flatter son amour-propre. Je crois même que la motivation financière n’est pas la motivation principale du sportif, la reconnaissance sociale est souvent suffisante. Mais c’est alors le sportif en chambre qui est coupable de vouer à l’enfer les sportifs de haut niveau. C’est lui, c’est son regard qui pousse certains individus à se surpasser jusqu’à aller au-delà de leurs limites.

Supprimons les spectateurs, et il n’y aura plus de sportifs de haut niveau, il n’y aura plus ces gloires déchues et ces corps brisés.

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Boycottez Walkyrie !

Hitler a eu beaucoup de chance, il échappa à plusieurs tentatives d’assassinat :

– 9 novembre 1939 : Le menuisier Johann Georg Elser, qui voulait à tout prix éviter la guerre et mettre fin à la dictature, plaça une bombe  à Munich où Hitler commémorait chaque année sa tentative de putsch de 1923. Mais Hitler partit plus tôt et échappa à la détonation, qui tua huit personnes

– 13 mars 1943 : Hitler était à Smolensk. Quand Hitler partit prendre son avion, Fabian von Schlabrendorff alla lui aussi à l’aérodrome avec le paquet d’explosifs qu’il donna à Brandt. La bombe était réglée de manière à ce qu’elle explose au bout de 30 minutes, mais Hitler atterrit sans problème deux heures plus tard.

 – 20 juillet 1944 : au quartier général de Rastenburg, le comte Claus von Stauffenberg dépose lui-même une valise piégée sous la table de réunion et quitte la salle. Cinq des vingt-quatre personnes présentes dans le baraquement furent tuées, les autres blessées. Hitler n’eut que quelques égratignures.

            Aujourd’hui on sort un film sur cette dernière tentative, Walkyrie (LeMonde du 28 janvier). Mais ce n’est qu’un film américain qui obéit aux règles du cinéma de divertissement et ne traite pas les enjeux politiques et historiques. Ce n’est donc qu’un vulgaire film d’action alors que cet évènement pose un problème fondamental : pourquoi des populations entières se sont-elles laissés manœuvrées par des dictateurs sanglants comme Hitler ou Staline ? C’est le texte d’Etienne de La Boétie sur la servitude volontaire qui pose les bases de notre esclavage en 1576. Juste un avant-goût de cette brillante analyse : « Qui voudra bien passer en revue les faits du temps passé, il s’en trouvera peu de ceux qui, voyant leur pays malmené et en mauvaises mains, aient entrepris, d’une intention bonne et entière, de le délivrer. Harmodios, Aristogiton, Thrasybule, Brutus le Vieux, Valérius et Dion, comme ils l’ont vertueusement pensé, l’exécutèrent heureusement ». (Ndlr : tous ces personnages ont  chassé ou tué le tyran qui oppressait la cité).

La Boétie explique aussi clairement pourquoi il y a aussi peu de révolte contre les dictateurs, par exemple en condamnant ce qu’on appelle aujourd’hui la société du spectacle : « A la vérité, c’est le naturel du menu peuple d’être soupçonneux à l’endroit de celui qui l’aime, et naïf envers celui qui le trompe. Les théâtres, les jeux, les farces, les spectacles, les médailles et autres choses de peu, c’étaient les appâts de la servitude, les outils de la tyrannie ». C’est là une bonne réponse à la question du journaliste du Monde, « Pourquoi si tard ? » qui ajoute à juste titre : « Ce n’est pas en allant voir le film Walkyrie que l’on trouvera la réponse ».

Lisez l’essai de la Boétie pour comprendre et boycottez le film de Bryan Singer pour agir.

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mélange de technologie et d’idiotie

En 2005, Orange II, le maxi-catamaran de Bruno Peyron, avait heurté un gros cétacé dans sa tentative de battre le record du tour du monde à la voile. L’histoire humaine nous dit que son safran bâbord a été endommagé, mais qu’il n’y a ni voie d’eau ni danger véritable ; par contre rien ne nous a dit si l’épaulard a subi des avaries telles qu’il ou elle ne puisse finir son propre tour de la Biosphère.

Aujourd’hui Yann Eliès se confie après son accident sur le Vendée Globe (LeMonde du 10 janvier) : «  J’ai été très touché par le fait que Bernard Stamm abandonne. Je voulais me venger de l’océan Indien et venger Bernard, mon pote… J’y retournerai quoi qu’il arrive ».

L’océan et ses poissons, qui se contentent de vivre leur vie sont toujours emmerdés par des rigolos qui concourent dans la course à l’inutile. Il est grand temps que cette situation inacceptable s’arrête !

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tourisme vert ?

LeMonde du 3 janvier consacre une pleine page au Costa Rica. On nous incite à plonger dans le royaume de la biodiversité. Ce merveilleux pays de 4,5 millions d’habitants attire déjà avec ses forêts vierges et sa faune exceptionnelle près de 2 millions de touristes. L’or vert l’emporte sur l’or noir, la Nature devient un argument de vente. Le Costa Rica, pays d’objecteurs de conscience puisque l’armée a été supprimée dès 1948, mise sur le tourisme écologique. Mais il n’a pas atteint encore le niveau de conscience des objecteurs de croissance. Car il ne peut pas y avoir d’écotourisme ou tourisme vert. Pour un individu, le vol Paris-San José épuise déjà le crédit carbone de toute une vie. On transforme les dernières sociétés premières comme les Indiens Boruca en attraction pour touristes. Le label « tourisme durable » des hôtels est un leurre, avec son personnel le plus souvent issu du Nicaragua et ses cinq degrés de « perfection ». A quoi sert-il d’aller au bout du monde pour savourer un Jacuzzi dans sa chambre. D’ailleurs, à quoi sert donc un Jacuzzi quand on peut s’asperger soi-même !

             On chiffre les déplacement annuels internationaux à un milliard dont 70 % sont consacrés au tourisme. Ces déplacements constituent une pratique dégradante intimement liée à l’hyperconsommation et à la marchandisation de notre planète. Pour accueillir les touristes, il faut construire des aéroports, des routes, des équipements, des parkings. Il faut  donc stériliser des territoires tout en dévorant une énergie considérable nécessaire pour voler dans les airs et traverser la jungle. Le touriste est aussi une agression insupportable contre une culture particulière, que ce soit le tourisme « solidaire » dans les ghettos de Soweto ou les folklores reconstitués dans la forêt tropicale. La liberté de se déplacer semble devenu un droit de l’Homme alors que c’est un acte terriblement destructeur non seulement pour les sociétés humaines, mais aussi pour la Biosphère : supprimons le tourisme, restons à proximité de notre lieu de vie…

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enfin! La fin de la F1…

C’est le commencement de la fin. Enfin ! La fin de la F1. Le Monde du 6 décembre nous informe que Honda se retire de la formule1 : « Cette décision a été prise à la lumière de la dégradation rapide du secteur-clé de l’automobile, due au resserrement du crédit et à la récession des économies mondiales ». Mais cette annonce vient trop tard car ce n’est pas la crise qui aurait du faire disparaître la compétition automobile, mais la simple raison raisonnante. Nous avons été manipulés et les Cassandre n’ont pas été écoutés.

Jusqu’en 1968, les championnats de F1 n’avaient pas de spectateurs fervents. C’est avec l’intrusion des marques de cigarettes que la médiatisation des grands prix a connu un essor décisif : elles versaient entre deux et trois millions de francs dans les années 1970. Par exemple en 1972, Marlboro recouvre entièrement de son sigle la voiture de Jean-Pierre Beltoise. Depuis le septennat de M.Pompidou, le culte de l’automobile est donc devenu en France la religion d’Etat, la seule d’ailleurs à laquelle croient la plupart des dirigeants. Aujourd’hui encore Sarko est le premier défenseur de l’automobile et son Premier ministre le plus grand adepte des 24 heures du Mans. Cependant, Philippe Saint-Marc (in mensuel Le Sauvage n° 6) nous indiquait dès 1973 que « cette adoration obligatoire dissimule mal la réalité : l’automobile est devenue le cancer de notre civilisation. Elle la ronge par sa prolifération effarante, anarchique et  dominatrice. Elle casse les villes et dilapide la nature. Elle gaspille une énergie sans cesse plus rare et plus coûteuse. Elle brise le cadre de vie collectif pour enfermer l’individu dans une petite carapace d’acier qui l’isole et exalte son agressivité en la cuirassant. Nous allons vers l’« auto-destruction » rapide de notre civilisation si nous ne changeons par fondamentalement notre attitude à l’égard de l’automobile, si nous ne cessons pas de la vénérer comme une idole et ne la soumettons pas aux impératifs de la défense de l’environnement. »

Le sport automobile et sa médiatisation induisent la crétinisation systématique des homos sapiens par la publicité, la libération des pulsions destructrices au volant, le culte de la vitesse. Ce conditionnement n’est pas une aberration, le sponsoring et la compétition constituent l’essence d’un système pervers qui empêche qu’un autre monde soit possible. Dans une Biosphère apaisée, on interdirait les courses automobiles, on n’attendrait pas la crise.

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télé sans pub

La réforme de l’audiovisuel agite le landernau du spectacle médiatico-politique (LeMonde du 25 novembre 2008). Un député PS agite paradoxalement l’éternel chiffon rouge de la concurrence : «  La télévision privée, qui ne sera plus aiguillonnée par la télévision publique, dérivera vers ce qu’il y aura de pire. » Comme si ce n’était pas déjà fait, avec la dérive concurrentielle du privé et du public qui font le vide dans les cerveaux pour vendre les produits de la pub ! Comme souvent, c’est Bayrou qui a la phrase juste : «  La télévision publique n’appartient pas au pouvoir, elle appartient aux téléspectateurs qui en assurent la charge par la redevance ».

La réforme de l’audiovisuel public supprimera la publicité après 20 heures dès janvier 2009 et totalement à la fin 2011. Tant mieux, c’est la redevance du téléspectateur qui doit financer ses petits plaisirs (et pas une taxe sur la pub !). Mais réciproquement un politique digne de ce nom demanderait aussi que l’abonnement paye la totalité de chaque chaîne privée. Il faut en finir avec l’esclavage envers la société de consommation qu’entretient une publicité qui s’est immiscée dans tous les espaces de notre vie alors que nous n’avons rien demandé. Le mal date de quarante ans, il ne fait qu’empirer. Le 24 avril 1968, le Premier ministre Georges Pompidou annonçait l’introduction de la publicité à la télévision pour de fausses raisons: « La publicité est inéluctable, je n’ai rencontré personne qui me dise le contraire. Quand, d’ailleurs, a-t-on vu les hommes renoncer à user d’un moyen nouveau, né du progrès et particulièrement puissant. »  Pompidou  rajoutait même en toute inconscience de ce qui se tramait : « J’ai déclaré publiquement que nous n’accepterions pas de chaîne de télévision publicitaire remise à des intérêts privés. Aucun des programmes, qu’ils soient d’information, de culture et de distraction ne doit être patronné par un annonceur. Je déduis enfin de ces principes que le pourcentage du temps d’émission consacré à la publicité ne doit pas être tel qu’il dénature la succession des programmes, en abaisse le niveau global et gêne le téléspectateur.  »

Les politiques nous mentent hier et aujourd’hui, ils sont dorénavant au service des intérêts financiers. Seule une société sans publicité pourra devenir une communauté sobre et conviviale. 

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supprimons les JO

Yves Cochet, à l’époque où le baril approchait des 150 dollars prédisait que les JO n’auraient pas lieu en 2012. Mon quotidien préféré du 16-17 novembre fait de même, non pour des raisons pétrolières qui plombent le coût des déplacements, mais à cause du tsunami financier : « Personne ne se doutait que la Grande-Bretagne allait  connaître l’une des pires récessions de son histoire … Si nous avions su, il est quasiment certain que nous n’aurions pas postulé (dixit la ministre britannique chargée des Jeux)… Gordon Brown aurait préféré utiliser cet argent autrement … La crise risque de décourager les touristes ». La déclaration de Boris Johnson, maire de Londres, lors des jeux olympiques de Pékin, « Les Jeux de Londres ne seront pas les jeux de l’austérité » paraît dorénavant d’une inconscience folle ; aujourd’hui il promet de traquer les dépenses superflues !

Profitons du contexte actuel pour programmer la suppression des JO. Supprimons cette entreprise de décervelage qui nous assène tous les quatre ans un panégyrique de l’ethnocentrisme (nationalisme sportif) et une ode au commerce mercantile (on peut tout vendre lors des JO, mais pas parler politique). Notre futur n’a pas besoin de jeux et de télévision, mais de sobriété et de réflexion.

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tout-automobile

En page trois, mon quotidien préféré se réjouit du record d’affluence au Mondial de l’auto, soit 1,433 millions de visiteurs et des contacts innombrables pour en vendre tant et plus pour encombrer nos routes. En page 24, un reportage sur la Fiat 500 qui « exécute le 0 à 100 km/h en 7,9 secondes ». Pas mal pour une citadine dont le moteur devrait être bridé à 50 km/h. Non M. Jean-Michel Normand, on ne doit pas faire de publicité pour « la pétillante 500 Abarth » qui « ne se refuse rien ». En page 27, on nous assène que « Hamilton s’approche du titre » alors que la F1 aurait du rester interdite depuis le premier choc pétrolier de 1973. Non, M. Bertrand d’Armagnac, « tous n’ont pas désormais les yeux tournés vers le Grand prix du Brésil » !

Mais ce jour 21 octobre, LeMonde fait aussi un long reportage sur les pauvres malheureux qui ont passé « huit semaines sans voiture ». Il s’agit d’une expérience inoubliable pour les quatre personnes concernées. Oui, tu as bien lu, d’un côté 1,433 millions de personnes, de l’autre quatre cobayes. Le sapeur-pompier : « Avant, je pensais voiture ». Une salariée de banque ajoute, « J’étais intoxiquée ». Je conclus comme le réalisateur de télévision : « Après dix jours de sevrage, je n’éprouvais aucun symptôme de manque ! ». Je suis donc en total désaccord avec la journaliste Nathalie Brafman qui recopie en dernière phrase cette sentence : « Même si elle dort pratiquement tout le temps au parking, la voiture, c’est la liberté. Et la liberté, ça un prix ! » Non, Nathalie, la voiture n’est pas une liberté mais un esclavage, une pompe à pétrole et un perturbateur de climat.

 Le Monde devait embaucher d’autres journalistes, un peu plus réalistes.

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Pékin out, OUF !

Lunettes théoriques : que penser des JO ?

J’ai survolé les différents suppléments Pékin2008 joint chaque jour au quotidien par LeMonde. A part le fait que le doute plane toujours sur le dopage et que la Chine est mal partie, avec ou sans les Jeux, rien à signaler. Mais je suis tombé en arrêt sur cette déclaration de Boris Johnson, maire de Londres, ville hôte des jeux olympiques  de 2012 : « Les Jeux de Londres ne seront pas les jeux de l’austérité. »

 

On ne être peut plus clair, les JO sont d’abord et surtout une histoire de fric. Les JO favorisent le sentiment d’appartenance à une communauté particulière et ce sentiment est dorénavant valorisé pour des considérations financières. Les jeux olympiques ont été privés de ressources financières jusqu’en 1972 parce que le Président du CIO de l’époque était un farouche défenseur de l’amateurisme et pensait que les jeux pouvaient se passer de la télévision. Maintenant, le CIO est devenu richissime grâce à la vente des droits de retransmission et au sponsoring d’épreuves désormais ouvertement professionnelles. Sous le prétexte du sport comme expression des peuples, les jeux Olympiques sont aujourd’hui le cache-sexe du système marchand : sur le stade comme ailleurs, la lutte entre Etats se transforme en lutte entre firmes. La compétition devient alors moins importante que le regard que les téléspectateurs portent sur elle : l’Audimat prime de plus en plus sur les chronomètres. Les jeux de stade sont devenus une vitrine planétaire où les fabricants valorisent leur image et les Jeux semblent condamnés à ne plus être qu’un long show fluo entre les cérémonies d’ouverture et de clôture. Notre Biosphère a besoin d’austérité, les JO nous grisent de paillettes.

 Comment est-il possible que nous accordions tant d’importance à des épiphénomènes tels que celui de savoir qui est l’homme le plus rapide de la planète sur 100 mètres, quelle est la femme qui nage le plus vite la brasse papillon ou quel est le pays qui aura le plus grand nombre de médailles ? Par contre, nous ne savons pas, et nul ne s’en soucie, quel est l’homme le plus courageux pour lutter contre l’iniquité et quelle est la femme la plus acharnée à dénoncer la pollution. Pourquoi ? Parce que le sport-spectacle a été un des moyens d’anesthésier le peuple en occultant la hiérarchie des vraies valeurs. Peu importe dorénavant de célébrer les JO dans une des villes les plus polluées au monde, cela n’a plus d’importance.

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