En réponse à des commentateurs de notre post précédent, cf. La stérilisation, moyen de contraception (28 décembre 2021)
Quelle différence faire entre libre arbitre et soumission volontaire. Difficile exercice de philosophie. Pourtant la réponse est simple, cela dépend du contexte culturel dans lequel baigne l’individu. Les pères excisés sont les premiers à vouloir transmettre cette mutilation à leurs fils ; de même pour les mères qui font exciser leur fillettes. C’est leur normalité à eux et elles. Il faut recevoir un choc culturel, s’ouvrir à d’autres pensées que celles de son entourage social, pour admettre qu’excision et circoncision sont des atteintes à l’intégrité corporelle d’une personne imposées à un âge où l’enfant ne peut avoir de volonté propre.
Lire, Circoncision, volonté d’imposer à un mineur une religion
Lire, La guerre des natalistes contre le clitoris
Il n’en est pas de même pour la stérilisation qui est pratiquée sur un adulte. C’est un âge où on est par définition censé faire preuve de libre arbitre. Pourtant il y a eu historiquement des stérilisations de masse qui étaient plus proches du diktat étatique que du consentement individuel. Tristes périodes.
Lire, POUR ou CONTRE la stérilisation forcée ?
Par contre dans un système véritablement démocratique, les adultes sont normalement en mesure de décider ce qui est le mieux à la fois pour leur propre personne et pour le bien commun. Dans le cas d’un homme ou d’une femme qui, après information, prend la décision de la vasectomie ou de la ligature des trompes, il n’y a aucune objection à apporter à moins d’être nataliste et de vouloir conserver intacte la faculté procréatrice de ces personnes. Cette situation répressive perdura longtemps en France où ces méthodes de contraception définitive étaient interdites, comme d’ailleurs l’avortement ; il fallait donner à la nation le plus possible de chair à canon et de main d’œuvre servile. Par contre le néo-malthusianisme avec Paul Robin a combattu dès le XIXe siècle pour la formation des personnes, le planning familial et la libre disposition de son corps.
Lire, Définition de l’expression « néo-malthusien »
Aujourd’hui il y a une dimension supplémentaire dans le choix de procréer ou non. Toutes les études scientifiques récentes montrent que la surconsommation et la surpopulation détériorent gravement les conditions de la vie sur Terre, et que l’avenir de nos générations futures est de ce fait gravement compromis. C’est pourquoi la dimension écologique peut influencer notre décision. Des femmes ou des hommes peuvent adopter pour eux-mêmes la stérilisation parce qu’ils aiment les enfants mais qu’ils savent qu’en faire trop, ce n’est plus les aimer et leur procurer un avenir viable et convivial. Ils portent dorénavant un nom, les Ginks (Green Inclination No Kids), expression qui n’a pas encore malheureusement d’équivalent en français.
Lire, Refus d’enfanter pour préserver la planète
Le refus volontaire d’enfanter pour préserver la planète est une sage décision. Malheureusement le pape, les politiques de tous bords, beaucoup d’intellectuels, et pas mal de médecins, restent sur la conception traditionnelle, « il n’y a richesse ni force que d’hommes (Jean Bodin)», plus on est nombreux mieux ça vaut, il faut faire de la croissance économique, donner à la France 100 millions d’habitants, payer les retraites, respecter la vie de l’embryon, etc. etc. Tous des conservateurs, tous des réactionnaires, tous des natalistes qui vont à l’encontre de ce qu’il faudrait faire.
C’est pourquoi sur notre blog biosphere nous donnons de la place à ceux qui militent pour une démographie responsable et qui pourtant sont confrontés à des oppositions stériles du type « vive la décroissance économique et à mort les malthusiens », et ce même par des gens qui se réclament de l’écologie. Ils n’ont souvent aucun argument, la plupart du temps ils s’en tiennent à vouloir interdire de parler de la question démographique et de Malthus. Mais être anti-malthusien, c’est être forcément nataliste, c’est vouloir en fin de compte qu’on s’enfonce toujours plus dans des crises systémiques… Misère, misère !
Lire, Thomas Malthus, la question démographique
Pour agir avec l’association Démographie Responsable,
La démocratie ne peut exister que s’il y a des citoyens. Et pas seulement quelques uns.
Par définition un citoyen est adulte, libre et responsable. Or on peut être adulte et aliéné, irresponsable, et croire par exemple que la liberté se limite à pouvoir choisir entre 500 modèles de bagnoles, de smartphones etc.
«La liberté consiste à faire tout ce que permet la longueur de la chaîne» (Cavanna).
D’où l’absolue nécessité d’être parfaitement conscient de ses chaînes (déterminismes).
Le consommateur (con-sot-mateur) n’est pas nécessairement un citoyen, et ce n’est pas parce qu’on vote, et qu’on peut raconter n’importe quoi, ou presque, qu’on est en démocratie. Pour moi c’est clair, nous ne sommes pas en démocratie !
Un adulte (homme ou femme) qui, après information, prend la décision de la vasectomie ou de la ligature des trompes… ou de se faire vacciner, tatouer, piercer, avorter ou assister pour en finir… reste soumis à des pressions sociales et culturelles. Parfois ou souvent, il en est même prisonnier. On peut toutefois penser que cette décision n’engage que celui qui la prend. Seulement c’est oublier le panurgisme. Et dieu sait combien il est facile d’amener des moutons n’importe où.
Cette dimension supplémentaire dans le choix de procréer ou non (sic), comme de se faire stériliser, résulte tout simplement d’un changement de mentalités.
Combien pèsent l’individualisme, l’égoïsme (les gosses c’est chiant) là dedans ?
Quand la dimension écologique l’emporte, elle ne fait que traduire la peur. Peur de demain, solastalgie etc. La peur influence bien sûr nos décisions. Parfois dans le bon sens, parfois dans le mauvais
Esprit critique, vous avez raison, l’individu est sous le feu croisé d’injonctions contradictoires, consommer ou sauver la planète, voter à droite ou à gauche ou écologie, faire un enfant pour soi ou chercher l’autonomie de l’enfant, etc. C’est compliqué. C’est pourquoi la démocratie est vacillante, les populismes progressent un peu partout au niveau mondial, on simplifie la réalité et on en oublie de réfléchir. Mais ce n’est pas parce que la démocratie est un système imparfait que les autres systèmes sont meilleurs, au contraire. Sur ce blog, nous essayons avec nos faibles forces de faire progresser l’intelligence collective, le sens de la responsabilité des personnes, le débat courtois et constructif.
Nous ne sommes qu’une fragile digue contre le raz de marée des réseaux sociaux, mais on s’en fout puisque nous faisons ce que nous devons faire.
@ Biosphère. Pour une fois que nous sommes d’accord sur ce que j’estime être l’Essentiel, je vais faire péter le champagne. Je me dois de le faire !
Et de boire à votre santé. Longue vie à Biosphère !
Pour la biosphère je ne me fais pas de souci, elle en a vu d’autres. 🙂
Je ne dirais pas que la démocratie est un système imparfait, par contre la «démocratie» c’est le grand n’importe quoi. Ploutocratie pour les uns, médiacratie (pouvoir des meRdias) et/ou ochlocratie pour d’autres, «étrange dictature» pour Viviane Forrester, etc.
Pour moi le système parfait serait l’anarchie. J’utilise le conditionnel parce que l’anarchie (comme la démocratie) ne peut exister qu’avec des individus adultes, responsables, autrement dit libres (autrement dit encore, des citoyens).
En attendant, pour moi l’anarchie reste une utopie (là encore dans le sens premier du terme). Je reste convaincu que c’est justement de ça dont nous avons le plus besoin.