L’impossible sortie du charbon

A force de croire que demain sera comme aujourd’hui, avec une abondance énergétique extraordinaire mais non renouvelable, nos lendemains seront terribles car nous ne sommes pas préparés collectivement à affronter la descente énergétique. Si le Royaume-Uni sort du charbon thermique, la consommation mondiale de charbon est au plus haut. En tant qu’écologistes réalistes, nous ne pouvons que constater que les bonnes intentions sont si rares que le monde court au désastre. Épuisement des ressources fossiles et réchauffement climatique sont les deux jumeaux de l’apocalypse à venir.

Royaume-Uni, sortie définitive du charbon thermique

La première révolution industrielle ne serait pas née au Royaume-Unis ans la présence d’énormes réserves de charbon dans son sous-sol. En 1920, 90 % de l’électricité du pays est générée par le charbon, et le Royaume-Uni est le premier exportateur mondial du combustible. La plus longue grève des mineurs de l’histoire britannique, en mars 1984, est une protestation contre la fermeture accélérée des collieries (mines) par le gouvernement Thatcher. Un an plus tard, en 1985, à l’issue d’une répression policière sans merci, les derniers grévistes lâchent prise. La dernière mine de charbon, la fosse de Kellingley, ferme en 2015. Le 30 septembre 2024, la centrale à charbon de Ratcliffe-on-Soar, au Royaume-Uni, fermera ses portes. Sa mise à l’arrêt fait du pays le premier membre du G7 à sortir définitivement du charbon pour sa production d’électricité. Le nouveau gouvernement travailliste affiche l’objectif d’une électricité totalement décarbonée en 2030. C’est ambitieux : en 2025, la part des énergies fossiles dans le mix énergétique devrait encore être de 50 %.

La consommation mondiale est au plus haut

La consommation charbonnière carbure à un niveau record, avec un exercice 2024 du même acabit que le précédent : autour de 8,7 milliards de tonnes selon les prévisions de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Soit une « augmentation totale de 10 % » par rapport aux chiffres de 2014. A elle seule, l’économie chinoise pèse pour plus de la moitié de la demande mondiale (environ 56 % en 2023). Le charbon dit « thermique » reste la principale source d’énergie primaire pour produire de l’électricité. Pour répondre à la demande, l’offre continue de se développer. Sur l’ensemble de l’année 2023, il y a même eu trois fois plus de capacités de production électrique à partir de charbon mises en service que fermées. Les trois quarts des capacités mondiales de production d’électricité à partir de charbon n’ont toujours pas la moindre date de fermeture prévue.

Le point de vue des écologistes

Nicolas Hulot avait quitté le gouvernement Macron pour ne plus se mentir, mais l’humanité continue, elle, à se raconter des histoires… Comme par magie, l’achat d’un véhicule électrique est devenu vertueux… Nous sommes enfermés dans des modes de vie insoutenables, conditionnés par les normes sociales, les politiques publiques, les infrastructures, les technologies, la publicité… Sans rire, qui aujourd’hui peut affirmer qu’il connaît ou travaille dans une entreprise dont le modèle est, au mieux, neutre pour l’environnement ? Personne… Une majorité de la population vit aujourd’hui de ce qui détruit l’environnement, nuit à sa santé et hypothèque l’avenir de sa descendance… Comment croire ne serait-ce qu’un instant qu’on puisse diviser par quatre nos émissions de gaz à effet de serre… Le tragique paradoxe du solutionnisme technologique ambiant est qu’il contribue finalement à renforcer le modèle économique mortifère et l’hyper-industrialisation qu’il devrait dénoncer… On n’est pas prêt de réconcilier la fin du monde et la fin du mois… Et pendant ce temps-là, l’habitabilité de la Terre se dégrade, le vivant s’effondre, le mur s’avance… L’effondrement global à court terme de notre société industrielle est devenu plus que plausible. Inévitable… » (« Ne plus se mentir » de Jean-Marc Gancille)

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COP26, le choc charbonnier va faire mal

extraits : Nous étions en train de brûler nos forêts, (mal)heureusement nous avons exploité le charbon. Le 8 janvier 2018, l’église Saint-Lambert du village d’Immerath en Allemagne a été rasée, pour laisser place à une mine de charbon. #EndCoal, un hashtag qui reste seulement symbolique dans un monde qui a oublié complètement les acteurs absents de nos délibérations actuelles, les générations futures. Le système thermo-industriel résiste à Glasgow (COP26), mais ce sont ses derniers souffles avant qu’un choc pétrolier/charbonnier nous amène inéluctablement à la déroute finale….

L’adieu au charbon sera long, trop long

extraits : Après son livre de 2003 sur le pic pétrolier, Richard Heinberg s’était consacré au pic charbonnier : la production de charbon suit la même courbe que la production de pétrole. Elle aussi commence par augmenter, atteint un maximum, puis décline inexorablement au fur et à mesure que les gisements s’épuisent….

Climat : Faut-il faire brûler les centrales à charbon ?

extraits : #EndCoal, enfin un hashtag sur Twitter qui nous parle. #EndCoal, une image sur lemonde.fr, des lettres qui s’enflamment lors d’une manifestation de Greenpeace. Dérisoire victoire. Le 8 janvier 2018, l’église Saint-Lambert du village d’Immerath, dans l’ouest de l’Allemagne, a été rasée, pour laisser place à une mine de charbon. Les écologistes n’ont rien pu faire contre la pelleteuse escortée de policiers qui a procédé à la démolition. L’État, complice des exactions climatiques ! En Allemagne, des villages entiers sont rasés pour laisser place à de gigantesques mines de charbon….

Pour en savoir plus encore plus

21 octobre 2015, Les centrales à charbon, un terrorisme contre le climat

14 mars 2014, La fin du charbon au Royaume-Uni, un air d’apocalypse

27 avril 2012, les dangers du charbon (1/3)

6 novembre 2010, après le pic pétrolier, le pic charbonnier !

28 septembre 2010, des mineurs bientôt sans charbon

26 juillet 2010, l’impasse charbonnière

9 février 2008, charbon de terre

5 avril 2007, bientôt une Chine sans charbon !

2 réflexions sur “L’impossible sortie du charbon”

  1. Si le charbon fait partie de l’histoire du Royaume-Uni, pas que de ce pays d’ailleurs, dès les années 1960 son abandon a été progressif. Et principalement pour des raisons de coûts de production trop élevés. Pognon et Business as usual ! Programmée depuis 20 ans cette fermeture ne fait donc pas grincer les dents, contrairement au temps de Miss Maggie que ses mesures sociales ont rendu tristement célèbre.
    En 2023 le charbon ne représentait plus que 1 ou 2% dans le mix énergétique.
    Le pétrole quasiment 40% , le gaz naturel 33% , le nucléaire 5% , et le reste pour le dit renouvelable (environ 20%). Je pense donc plutôt à l’impossible sortie des fossiles.
    Et en même temps à l’impossible sortie de la sacro-sainte Croissance.
    Bref, il n’y a pas là de quoi décerner une médaille au Royaume-Uni.

    1. La croissance n’est pas qu’un simple taux chiffré que l’on présente lors des élections. Mais la croissance traduit l’expansion et la production de biens et services aspirés par chaque individu ! C’est une quantification additionnelle de biens et services, et vu que tous les individus veulent toujours plus, alors plus nous sommes nombreux sur Terre, et plus il faut produire afin de satisfaire les besoins et désirs de chaque individu…

      Tu as beau donner tes leçons de moral de sobriété, les gens n’en ont rien à cirer, ils veulent plus et puis c’est tout ! Tu ne parviendras jamais à convaincre l’ensemble des humains à consentir à la sobriété, comme je te l’ai toujours prouver les plaisirs sont toujours vainqueurs !

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