droits de la Nature contre droits de l’Homme ?

« Pour construire un cosmos harmonieux, tout l’enjeu aujourd’hui est de rajouter les droits de la nature aux droits de l’homme » s’exclame Fabrice Flipo*. Projet judicieux, mais difficile de mettre en musique. Les droit de l’homme, définis à partir de 1789, ont été constamment confrontés à la loi du plus fort ; l’individu reste soumis à ses seigneurs et maîtres, et cela reste encore vrai dans la plupart des entreprises et des administrations actuelles. De plus cette instauration de la toute puissance de l’Homme s’est accompagné du saccage de la planète. C’est pourquoi dans les dernières décennies la notion de droits de l’Homme évolue. La déclaration de Stockholm rédigée en 1972 à l’issue du Sommet sur l’environnement renvoyait encore au Droit de l’homme «  à un environnement sain ». Ce n’était qu’un compromis qui n’a d’ailleurs abouti à aucune amélioration du milieu naturel. C’est pourquoi très récemment on se radicalise. L’Equateur évoque « la reconnaissance d’un droit de la nature au plein respect de son existence, au maintien et à la régénération de ses cycles vitaux et processus évolutionnaires ».

Mais comment accorder des droits à une nature qui ne peut s’exprimer explicitement ? Ce type de questionnement est absurde. D’abord, si la nature ne parle pas en langue humaine, il nous faut l’écouter quand même. Car si la planète ne nous indique pas clairement qu’elles sont ses limites à ne pas dépasser, quand celles-ci seront atteintes, nous serons vraiment très très mal en point ! De plus notre société a l’habitude de la démocratie représentative ; l’intérêt commun est porté par des parlementaires. On peut se faire aussi le porte-parole des droits de l’enfant devant la justice… En fait les droits de l’enfant ou de la nature sont des devoirs qui devraient s’imposer à tous les membres d’une société qui se veut respectueuse de l’harmonie générale. Ce passage des droits aux devoirs est explicite dans la Charte française de l’environnement : « Toute personne a le devoir de prendre part à la préservation et à l’amélioration de l’environnement. (Art. 2) » Peut-on aller plus loin ? Peut-on parler de droits intrinsèques de la nature ?

A ce moment, il ne s’agit plus de droits à une nature préservée, mais véritablement de droits de la nature. C’est l’écologie profonde qui fait ce saut conceptuel : « Le bien-être et l’épanouissement de la vie humaine et non-humaine sur Terre ont une valeur intrinsèque (en eux-mêmes). Ces valeurs sont indépendantes de l’utilité que peut représenter le monde non-humain pour nos intérêts humains. (Arne Naess, 1973) » C’est un choix philosophique, la détermination d’une valeur fondamentale qui oblige celui-là même qui la formule. Reconnaître les droits de la nature à son propre épanouissement, c’est faire preuve d’un humanisme élargi qui englobe les humains et toutes les autres formes de vie. C’est renoncer à la puissance destructrice de l’humanité, qu’elle soit constituée des armements militaires ou des bulldozers qui éventrent les civils et la terre. C’est lutter à la fois contre les routes, les centres commerciaux et autres infrastructures qui sacrifient des espaces agricoles. C’est aussi lutter contre la détérioration des habitats naturels des autres espèces. C’est faire preuve d’humilité. C’est devenir objecteur de croissance.

* le petit philosophe selon Fabrice Flipo, mensuel La Décroissance (mars 2012)

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Marine Le Pen, l’écologie à la hache

Interrogée par terraeco*, Marine Le Pen montre la superficialité de son engagement écolo :

  • Une fiscalité écologique ? Non, il faut arrêter la fiscalité à tout prix. Les gens n’en peuvent plus.

  • Pas de taxe carbone non plus ? Rien. Je pense que la seule façon de baisser les émissions de gaz à effet de serre, c’est de revenir à un modèle rationaliste, d’arrêter la course au libre-échange.

  • Que fait-on avec le nucléaire ? Il n’y a aucune autre alternative crédible au nucléaire.

  • Les énergies renouvelables ? Les éoliennes, c’est immonde. C’est laid, c’est cher, ça ne sert à rien, arrêtons là.

  • Selon vous, les changements climatiques n’existent pas ? Je ne suis pas sûre que l’activité humaine soit l’origine principale de ce phénomène.

  • Vous remettez en cause les conclusions du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat ? Ce ne sont pas les travaux du GIEC qui peuvent établir avec certitude que l’homme est la cause du changement climatique. Mon père m’expliquait quand j’étais petite que le Sahara gagnait déjà un kilomètre par an.

  • Vous allez recruter Claude Allègre ? Pourquoi pas ! Le GIEC, ce sont les prêtres et les évêques du changement climatique.

  • Parlons agriculture ? Le bio est une dictature, avec des histoires de gros sous enrobées dans des bons sentiments.

COMMENTAIRE de BIOSPHERE : le modèle « rationaliste » du leader du Front National se résume au modèle libéral… excepté le libre-échange. Marine Le Pen est pour le nucléaire sans penser le moins du monde aux inconvénients du nucléaire. Marine pense que la science va nous sauver tout en ne faisant pas confiance aux scientifiques du GIEC ; elle préfère les analyses de son père ! Le bio est pour Marine la recherche du profit et non de la santé de la terre, elle ne s’interroge pas du tout sur l’agriculture intensive dont le profit est le seul moteur. Voter Front National, c’est donc voter pour l’ignorance des réalités écologiques, c’est voter contre la préservation de notre futur.

* magazine terraeco, mars 2012

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sombrer dans le chaos par surpopulite aiguë

Marielle et Pierre Blanchier, déjà riches de 11 enfants, attendent le douzième. Félicitations ? Non, car c’est de l’égoïsme.

Il s’agit de catholiques pratiquants, qui revendiquent un choix libre : « La foi nous donne une joie, une énergie pour entreprendre…La foi nous rend libres de faire des choix à contre-courant de l’air du temps… La vie, c’est un don extraordinaire… On ose suivre notre envie…» Marielle et Pierre ne se rendent pas compte de la contradiction qui existe entre la foi et la liberté de choix. Leur bible est pourtant claire : « Croissez et multipliez-vous, remplissez la Terre et vous l’assujettissez, dominez sur le poisson de la mer, sur les oiseaux du ciel et sur tous les animaux qui se meuvent sur la Terre… » (Genèse, chap. I). Faut-il avoir « envie » d’une humanité qui se multiplie au point que sa puissance attente à la biodiversité de la vie ?

Marielle cesse à peine d’allaiter au bout de quatre mois que déjà elle se pose la question : « Pourquoi pas un de plus ? » Car pour elle « La vie est belle… C’est amusant à regarder, un petit de deux ans ». Le couple se fait plaisir, même si ça fait beaucoup travailler l’utérus et que ça nécessite une maternité de niveau 2. Marielle et Pierre parlent de leur « joie d’accueillir une personne supplémentaire ». Dans l’ensemble de l’interview*, pas un mot de ce couple pour les contraintes collectives qui pèsent sur les personnes supplémentaires, le coût de la maternité, de la crèche et des études, le chômage croissant des jeunes, la surconsommation de nos bambins devenus grands dans les pays riches, etc. Le monde extérieur ne concerne pas ce couple, il lui suffit de savoir qu’un nouveau-né supporte la voiture pour partir avec eux en vacances ! La foi ne devrait pas rendre égoïste, c’est un couple qui n’a rien compris au fait qu’un catholique doit aussi s’occuper avec attention et respect de « la Création divine », notre planète.

                Si tout le monde faisait comme Marielle et Pierre, ce n’est pas 9 milliards que sous serions en 2050, mais des dizaines de milliards, masse grouillante entassée dans une hyper-mégalopole qui transformerait les océans en égout. Pour élever un petit français avec notre niveau de vie occidental, il faut accepter que meurent plein d’autres enfants en bas âge et que crève beaucoup de non-humains. Au message nataliste du couple Blanchier, notre biosphère préfère l’enseignement de l’écologie profonde : «  L’épanouissement de la vie et des cultures humaines est compatible avec une diminution substantielle de la population humaine. L’épanouissement de la vie non-humaine requiert une telle diminution. » Dommage que Marielle et Pierre n’ait pas pu bénéficier de cours sur l’écologie…

* http://sceaux.blog.lemonde.fr/2012/03/07/marielle-attend-le-douzieme/

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Sombrer dans le chaos n’est pas impossible…

La situation mondiale est déjà chaotique, demain le chaos ? Les catastrophes sont fréquentes, voici quelques données du MONDE : un bateau-citerne transportant près de 2 000 tonnes de carburant vient de couler près d’Athènes… Après des années de sécheresse, évacuation de milliers de personnes dans plusieurs villes d’Australie, menacées par des inondations… Le tsunami au Japon et l’accident nucléaire à la centrale de Fukushima ont provoqué des dégâts évalués à 210 milliards de dollars en 2011. Le montant total mondial de 380 milliards est un minimum qui dépasse de 75 % le précédent record datant de 2005, année de l’ouragan Katrina aux Etats-Unis. Les catastrophes nous semblent encore gérable car limitées, mais le chaos véritable est toujours possible.

Le chaos désigne la trajectoire d’un système en évolution très sensible aux conditions initiales. Plus précisément, même un événement à l’origine insignifiant peut conduire à des écarts infinis à l’arrivée. Il s’agit de l’effet papillon :  un seul battement d’ailes d’un papillon peut avoir pour effet le déclenchement d’une tornade. A plus forte raison si on tient compte de tous les battements d’ailes de millions d’autres papillons. A plus forte raison si on ajoute les activités d’innombrables autres créatures, en particulier celles de notre propre espèce. Par exemple le premier choc pétrolier de 1973 est causé par un événement à l’origine mineur, la guerre du Kippour. Il a entraîné une récession mondiale. Nous savons aussi les conséquences planétaires de la faillite de Lehmann Brothers en 2008. L’amplification extrême d’une situation initiale est de plus en plus perceptible, si ce n’est analysable.

Dans un monde fragilisé par l’expansion incontrôlée de l’activité humaine, tout devient possible. Prenons le battement d’aile de nos avions. La décision européenne de taxer, depuis le 1er janvier 2012,  les émissions de CO2 des compagnies aériennes opérant en Europe est déjà remise en question par plusieurs pays qui préfèrent la guerre commerciale que l’entente sur le climat. Résultat probable, un réchauffement climatique qui va être accéléré par les boucles de rétroaction positive que nous avons analysées dans un post antérieur. D’où la possibilité du chaos environnemental et social résultant d’un réchauffement dépassant 4 ou 5 °C en moyenne mondiale. Nos motivations économiques égoïstes et de courte vue amplifient les déséquilibres écologiques, la croissance voulue par nos dirigeants actuels préfigure le chaos futur. Nous ne nous méfions pas assez du battement des ailes de nos avions.

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nous n’échappons jamais à l’esclavage, sauf si…

L’esclavage serait-il dans l’ordre des choses ? Les hommes ont un meilleur taux d’efficacité que les chevaux ; l’esclavage constitue donc le meilleur moyen par lequel les riches et puissants peuvent devenir encore plus riches et plus puissant. Même la démocratie ne protège pas de l’esclavage humain : Rome et Athènes avaient des citoyens… et des esclaves en même temps ! En fait la disparition très récente de l’esclavage a accompagné l’apparition des esclaves mécanique. Comme les forçats des temps anciens, les machines cassent des cailloux, cultivent, cousent, pompent… et ce pour un coût considérablement inférieur à celui du travail humain. Un seul litre de pétrole contient l’équivalent de près de 9 kWh d’énergie, alors que le rendement moyen d’un être humain est d’environ 3 kWh au cours d’une semaine de 40 heures de travail ! Le charbon et le pétrole ont été la cause fondamentale de l’abolitionnisme.

Avec la disparition programmée des énergies fossiles, il est donc plus que possible d’assister au retour à des formes de travail forcé. Il y a des exemples historiques. L’esclavage avait disparu des sociétés européennes à partir du XVIIe siècle, mais l’Amérique, par suite  d’un manque d’équipement énergétique, a importé d’Afrique des « moteurs humains ». La résurgence d’un prolétariat esclave dans l’Europe allemande entre 1939 et 1945 illustre aussi cette fonction de recours énergétique qu’a tenue dans l’histoire le convertisseur humain servile. L’esclavage est donc notre destin. Jean-François Mouhot croit dans un livre* que si nous sommes convaincus que nous nous comportons à la façon des esclavagistes en ignorant les conséquences néfastes du réchauffement climatique, il y a plus de chance que nous souhaitions moralement modifier nos agissements… mais tout son livre montre que non seulement nous ne sommes sortis de l’esclavagisme humain que grâce à nos esclaves mécaniques, mais qu’en plus nous n’avons aucun sens moral quand il s’agit de maintenir nos privilèges et notre confort. Aujourd’hui les membres du Congrès américain cherchent à justifier l’utilisation des énergies fossiles malgré les risques pour les générations futures, de la même manière que les représentants sudistes avant la guerre de sécession s’efforçaient de justifier l’esclavage en dépit d’idéaux égalitaires.

Jean-François Mouhot rêve à des « énergies propres » découvertes par miracle. Les miracles n’existent pas. La seule façon de nous protéger de l’esclavage, c’est de considérer les riches et les puissants comme des malfaisants à éradiquer complètement… par exemple en taxant à 100 % les revenus supérieurs au revenu moyen. Nous sommes tous égaux, l’heure de travail d’un PDG ne vaut pas plus ni moins dans une société équilibrée que celui de la femme de ménage. Personne ne doit être l’esclave d’un autre.

* Des esclaves énergétiques de Jean-François Mouhot (Champ Vallon, 2011)

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Sciences citoyennes, quelle définition ?

Il y a la Fondation Sciences Citoyennes, association loi 1901 créée en 2002. Elle a pour objectif de favoriser et prolonger le mouvement actuel de réappropriation citoyenne et démocratique de la science, afin de la mettre au service du bien commun. Son projet est de réunir des chercheurs scientifiques critiques et des « profanes » engagés dans des luttes (sociales, médicales, environnementales) où ils rencontrent – voire contestent – la technoscience dominante et l’expertise officielle. Le second objectif est d’unir, dans une réflexion et une action transversale de « politisation » de la science et de l’expertise, des acteurs impliqués dans des secteurs souvent compartimentés (agriculture, énergie, bio-médical, santé environnementale, NTIC, brevetage…). En définitive, il s’agit de promouvoir l’élaboration démocratique des choix scientifiques et techniques. Cet aspect est déjà analysé sur notre blog au travers d’une analyse de Jacques Testard.

Il y a l’analyse du MONDE*, un point de vue très restrictif sur les sciences citoyennes. Il s’agit de la demande de chercheurs auprès de citoyens pour enrichir leurs propres recherches. On transforme les profanes en supplétifs qui donne du temps de calcul de leur ordinateur ou qui se transforment en observateur de la vie des animaux, qu’ils soient escargots ou espèces en voie de disparition. Même si ce travail est parfois utile, il ne s’agit nullement d’une critique de la  science en tant que spécialité qui domine les citoyens du haut de sa chaire.

Un point de vue se rapproche des vraies sciences citoyennes, celui de Jean-Marc Lévy-Leblond. L’amateur éclairé tel qu’il était jusqu’au XIXe siècle, qu’il s’appelle Lavoisier, Darwin ou Mendel, a disparu avec la spécialisation de plus en plus poussée des scientifiques. Il faudrait retrouver cela, un amatorat scientifique qui dépasse le niveau de l’amateurisme pour s’instaurer de meilleurs rapports entre scientifique et profanes. Cela présuppose aussi que les chercheurs sortent de leur laboratoire et se confrontent à la vraie vie. Il est bon que certains deviennent des lanceurs d’alerte et échappent ainsi au sinistre mélange sciences/finances qui délégitime une grande partie de la science appliquée. Il est bon que des organismes indépendants composés d’amateurs éclairés fassent contre-poids à la vénalité des techno-sciences. Il est important de connaître ou adhérer à sciences citoyennes, association critique de la science spécialisée.

* LE MONDE Science&Techno du 3 mars 2012, les sciences citoyennes ; les profanes jouent avec les experts

** LE MONDE Science&Techno du 3 mars 2012, l’amatorat peut changer les relations entre science et société

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cessons de maltraiter la terre, arrêtons de nous multiplier

Un commentaire du livre de Daniel Nahon dans LE MONDE* : « Que fera-t-on demain, dans seulement quarante ans, quand la population mondiale atteindra les 9 milliards d’individus contre 7 milliards aujourd’hui ? Y aura-t-il encore assez de terres arables, assez de terres labourables et cultivables pour les nourrir ? » La réponse de Daniel Nahon**, grand spécialiste des sols, est super-classique : respecter les sols, bien choisir ses semences, utiliser l’eau avec parcimonie, manger moins de viande…

Encore une fois l’humanité pleurniche sur elle-même en ne considérant qu’un seul aspect des choses, la production alimentaire. Daniel Nahon oublie complètement l’autre aspect de la problématique malthusienne, l’expansion de la population humaine. Tout faire pour une agriculture raisonnée et une alimentation équitablement distribuée est un combat perdu d’avance si on ne limite pas drastiquement l’expansion de la population humaine.

Enfin s’interroger sur l’utilisation des terres par la seule humanité fait oublier que bien d’autres espèces ont aussi besoin de leur espace vital. Ce qui veut dire que nous ne pouvons pas simplement raisonner sur les rapports entre population humaine et ressources alimentaires terrestres, mais aussi sur le respect de la biodiversité. Voir notre article précédent sur ce blog à propos des tigres

*LE MONDE SCIENCE ET TECHNO | 02.03.12 | Cessons de maltraiter la terre !

** LE LIVRE : « Sauvons l’agriculture ! », de Daniel Nahon (Odile Jacob, 264 p., 23,90 €)

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gardons nos tigres et nos loups, diminuons notre nombre

Il y a un siècle, la population de tigres en Inde était de 100 000 individus. Ils ne sont plus que 1700 aujourd’hui. Si la population mondiale d’humains suivait la même pente, nous sommes 7 milliards aujourd’hui, nous ne serions plus que 119 millions en 2112. Une vraie bénédiction pour les autres espèces en général et pour les tigres en particulier… s’il en restait seulement un seul exemplaire pour se reproduire. Le dernier représentant du tigre de Tasmanie est mort en captivité en 1936. LE MONDE du 5 février 2008 nous parlait des derniers tigres de Chine qui tentent leur dernière chance en Afrique du sud. Ces animaux, issus de plusieurs génération de tigres captifs, doivent réapprendre dans un enclos plus vaste à chasser les gentilles antilopes qu’on met à leur disposition et entamer une reproduction dont ils ont oublié le mode d’emploi. L’UICN considérait que cette opération de sauvetage était sans espoir. L’humanité veut-elle garder ou non les derniers restes de la grande faune sauvage, ou ses seuls commensaux, les rats, les cafards et les pigeons ? Si oui, les humains doivent arrêter de procréer à tire-larigot s’ils ne veulent pas se dévorer entre eux faute d’autres gibiers.

LE MONDE du 2 mars 2012 énonce une autre solution : le gouvernement indien tente de garantir la survie des félins en leur réservant de nouvelles terres prises sur des villages qui seront déplacés. Cela pose le deuxième problème de la coexistence entre l’espèce humaine et les autres espèces, le partage de l’espace terrestre. L’expansion incontrôlée des humains sur l’ensemble des terres habitables réduit drastiquement l’espace vital de la plupart des grands mammifères. Déplacer des villages pour augmenter la superficie des réserves est donc un combat perdu d’avance face à la montée en puissance de la population indienne et de ses désirs d’exploiter l’ensemble des ressources de la terre. D’ailleurs le braconnage fait énormément de victimes parmi les tigres, les éléphants, les baleines… L’humanité ne semble exister qu’à partir du moment où elle réduit toute autre forme de vie. Alors les humains se dévoreront entre eux faute d’autres gibiers.

Le degré d’artificialisation des sols et d’extension de l’espèce humaine est devenu extrêmement contradictoire avec la perpétuation de la vie sauvage. Cessons de maltraiter la terre et nous-mêmes, cessons de nous multiplier. Suivons l’enseignement de l’écologie profonde ainsi défini par Arne Naess : « L’épanouissement de la vie et des cultures humaines est compatible avec une diminution substantielle de la population humaine. L’épanouissement de la vie non-humaine requiert une telle diminution. »

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pour un peuple écolo, l’austérité est notre destin

Le peuple communiste existe avec l’avènement de la révolution industrielle et la polarisation entre facteur travail et facteur capital. Contre le pouvoir du capital, le peuple communiste avait ses mots d’ordre et son catéchisme marxiste : exploitation de l’homme par l’homme, lutte de classes, syndicat courroie de transmission, dictature du prolétariat, etc. Le peuple communiste avait sa solidarité de classe, dans l’atelier, dans les banlieues rouges, dans les mutuelles, dans le syndicat. Le peuple communiste existait, il n’existe presque plus. Le peuple écolo n’existe pas encore, il existera un jour.

Le facteur travail et le facteur capital sont aujourd’hui surdéterminés par la raréfaction du troisième facteur qu’on croyait inépuisable, les ressources naturelles. Il n’y a plus seulement les travailleurs contre les capitalistes, il y a l’activité humaine confrontée avec les limites de la planète. Comme le pensait Marx, ce sont les circonstances matérielles qui déterminent les consciences et non l’inverse. Notre existence sociale est conditionnée par une réalité qui nous dépasse : les rapports de production chez les communistes, la géologie des richesses minières et l’état des écosystèmes pour un écologiste. Notre activité économique dépend étroitement des ressources fossiles que nous avons dilapidées et de la dynamique de l’écosphère que nous avons gravement détraquée. Or la nature ne négocie pas, que ce soit à Fukushima ou en termes de réchauffement climatique. Aux humains de s’adapter. Il est trop tard pour éviter la catastrophe, mais plus tôt nous agirons, plus nous réduirons la violence du choc. Les richesses naturelles étant en quantité limitées et rapidement décroissantes pour les non renouvelables, la seule solution pour vivre en paix est le partage équitable de la pénurie. Un parti politique définit le sens de l’histoire. L’écologie politique relaye le constat de l’écologie scientifique, l’austérité est notre destin.

Devant la catastrophe en marche, nous n’avons que deux solutions, soit subir dans le désordre et la violence une récession économique sévère, soit faire preuve de coordination et d’exemplarité. Une crise écologique, donc économique, pourrait avoir un effet déstructurant sur nos sociétés complexes. Mais nous savons aussi que la société dépend des perceptions croisées entre individus : je me représente comment les autres se représentent les choses et moi-même. En termes savants, on dit qu’il y a interactions spéculaires, comme devant un miroir. Il y aura un peuple écolo quand il y aura effet boule de neige : tu fais parce que je fais parce que nous voulons tous faire de même. Cela commence par des petits gestes, économiser l’énergie, prendre l’escalier plutôt que l’escalator ou l’ascenseur, boire bio, c’est-à-dire boire de l’eau. L’écolo utilise des techniques douces et rejette les techniques sophistiquées. Il sait que marcher à pied vaut mieux que de prendre un vélo, mais le vélo est bien préférable à l’autobus ou au train. L’écolo fait plutôt du covoiturage et rapproche son domicile de son lieu de travail, il isole sa maison et baisse la température dans ses pièces. Il choisit de vivre à l’étroit plutôt qu’augmenter son emprise sur les sols arables, il fait ce qu’il doit et le bonheur lui est donné de surcroît.

Car le bien-être n’est pas lié à la somme des objets que nous pouvons posséder, tout au contraire. L’achat d’un téléphone portable qui est démodé dans le mois qui suit n’entraîne pas un sentiment de satisfaction, mais un perpétuel sentiment de manque. La publicité nous formate pour avoir toujours envie d’autre chose, alors nous ne pouvons plus trouver la plénitude d’être. Un écolo refuse la pub, refuse la cigarette, refuse le verre d’alcool de trop. Pour chanter et s’épanouir, pas besoin d’être alcoolisé. Un écolo est sobre, il n’est pas austère même s’il pratique l’austérité. Il y aura un peuple écolo quand la majorité des citoyens refusera le voyage en avion, la voiture individuelle et les trois heures de télé par jour. Le peuple écolo préférera jouer au ballon plutôt que regarder un match de foot, il préférera une partie de belote plutôt qu’une séance télé. La simplicité volontaire des uns se conjuguera avec la décroissance conviviale des autres.

Toute personne qui a compris que nous avons dépassé les limites de la planète devrait savoir qu’il lui faut vivre autrement. Un parti écologiste sera adulte quand ses adhérents agiront en ce sens. Un parti politique digne de ce nom est composé de militants qui vivent ce qu’ils prêchent. Il y aura un peuple écolo quand les militants d’EELV commencement à donner l’exemple de la sobriété énergétique et de la simplicité volontaire. Le peuple écolo existera quand EELV nous donnera une certaine cohérence, des éléments de langage, le sens de la solidarité, l’exemplarité de ses membres. L’équilibre compromis entre les possibilités de la planète et l’activisme humain entraîne nécessairement l’avènement du peuple écolo… ou l’écolo-fascisme !

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le tabac tue et rend esclave, un écolo ne fume pas

LE MONDE* le dit, Golden Holocaust de Robert Proctor paraît ces jours-ci aux Etats-Unis. Ce livre puise dans les « tobacco documents ». Le Master Settlement Agreement en 1998 ordonne la mise dans le domaine public des secrets de l’industrie du tabac ; un vaste complot depuis un demi-siècle pour tromper le public.

Au cours de la réunion de Paris qui a mis en mouvement le plan Marshall le 12 juillet 1947, il n’y avait aucune demande des Européens spécifique au tabac. Cela a été proposé et mis en avant par un sénateur de Virginie. Au total, pour deux dollars de nourriture, un dollar de tabac a été acheminé en Europe. Les populations européennes sont alors devenues accros au tabac blond flue-cure. Ce procédé permet de rendre la fumée moins irritante, donc plus profondément inhalable ; or plus l’afflux de nicotine dans l’organisme est rapide, plus les dégâts occasionnés sur les tissus pulmonaires sont importants. Plusieurs centaines de composés – accélérateurs de combustion, ammoniac, adjuvants divers, sucres, etc. – sont ajoutés au tabac. Ils rendent la fumée moins irritante, plus inhalable. Tout est fait pour rendre les fumeurs le plus accro possible. A cause du polonium 210, un paquet et demi par jour équivaut à s’exposer annuellement à une dose de rayonnement équivalente à 300 radiographies du thorax.

Le 14 décembre 1953, les grands patrons du tabac se retrouvent discrètement à l’hôtel Plaza de New York. Quelques mois auparavant, des expériences menées sur des souris ont montré que le produit qu’ils vendent est cancérigène. Les géants du tabac se lancent alors dans une entreprise d’instrumentalisation du doute scientifique qui retardera la prise de conscience des ravages de la cigarette. Ce n’est qu’en 1964 que les autorités sanitaires américaines commenceront à communiquer clairement sur le lien entre tabac et cancer du poumon. Les mensonges d’une demi-douzaine de capitaines d’industrie provoqueront la mort de plusieurs millions de personnes. Mais pour cela, il faut fabriquer le consentement.

Philip Morris a formalisé ce projet en 1987 sous le nom de Project Cosmic – un plan destiné à créer un réseau extensif de scientifiques et d’historiens partout dans le monde. Créer de toutes pièces des réflexes mentaux dans la population est à la fois fascinant et inquiétant. Convaincre les adolescents que fumer tient de la rébellion, voilà un tour de force marketing. C’est le fruit d’investissements lourds, à coups de millions de dollars. Sylvester Stallone a touché 500 000 dollars pour fumer dans cinq films. Mais le passage enfumé à l’écran de Paul Newman, Sean Connery, Clint Eastwood ou Mickael Blomkvist résulte d’un processus similaire. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a été infiltré par les cigarettiers grâce à des associations écrans ou à des scientifiques secrètement payés par eux. Celui qui examinait les dossiers de la National Science Foundation (principale agence fédérale de financement de la recherche américaine) touchait de l’argent du tabac. Même l’American Civil Liberties Union, l’équivalent de la Ligue des droits de l’homme, a fait campagne au début des années 1990 pour la « liberté » de fumer sur le lieu de travail après avoir reçu des centaines de milliers de dollars de l’industrie du tabac. Une cinquantaine d’historiens – la plupart financés ou secrètement payés par les cigarettiers – ont formulé lors des procès du tabac des témoignages favorables aux industriels. Les chiens de garde du Project Cosmic avaient infiltré toutes les institutions. Pour quel résultat ?

Le plaisir procuré par la cigarette est une pure fabrication de l’industrie. Contrairement à l’alcool et au cannabis, la cigarette n’est pas une drogue récréative : elle ne procure aucune ébriété, aucune ivresse. Fumer, c’est devenir directement accro. Parmi ceux qui aiment le vin, seuls 3 % environ sont accros à l’alcool. Alors qu’entre 80 % et 90 % des fumeurs sont dépendants. C’est une forme d’esclavage. Chaque année la combustion des cigarettes déposera quelque 60 000 tonnes de goudron au fond de poumons humains. Chaque année, la cigarette tue plus que le paludisme, plus que le sida, plus que la guerre, plus que le terrorisme. Et plus que la somme des quatre. La cigarette est l’invention la plus meurtrière de l’histoire de l’humanité.

Merci à Stéphane Foucart de nous donner tous ces éléments de réflexion. La cigarette est inutile, pernicieuse, dangereuse. Mais n’oublions pas que ce sont les fumeurs qui donnent aux cigarettiers les moyens de financer leur aliénation et de programmer leur propre mort. Un peuple écolo est un peuple exemplaire, il ne fume pas.

* LE MONDE culture & idées | 25.02.12 | Les conspirateurs du tabac

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LE MONDE, les gaz de schiste et la fuite en avant

L’édito du MONDE* est clair : puisque le pétrole flambe, il nous faut du gaz de schiste ! Aucun perspective de long terme dans cet édito, uniquement l’appât facile de l’énergie fossile. Car le gaz, qu’il soit conventionnel ou de schiste, est une ressource non renouvelable dont les réserves sont un peu plus grandes que celles du pétrole, mais pas beaucoup plus. Nous ne sommes pas à la veille d’un « âge d’or du gaz », mais des « âges sombres » du réchauffement climatique et de la pénurie d’énergie. Gratter la terre jusqu’à ses dernières traces de richesse ne nous prépare pas à un avenir radieux, mais à un futur d’épouvante. Reculer aujourd’hui la date des nécessaires économies d’énergie, c’est vouloir demain la panique sociale.

L’édito du MONDE prolonge de façon inconsidérée l’avis de son chroniqueur Martin Wolf**. Wolf reconnaît que le gaz de schiste aux Etats-Unis ne couvrira que quarante années de consommation. Wolf estime de façon contradictoire que « substituer le gaz au charbon ou au pétrole est souhaitable du point de vue des émissions de gaz à effet de serre ». Mais il souligne en même temps que le gaz émet un peu plus de la moitié du gaz carbonique émis par le charbon et 70 % de celui émis par le pétrole. Ce n’est pas rien, d’autant plus si nous utilisons le gaz en grandes quantités. L’impact sur l’environnement de la « fracturation hydraulique » (injection d’eau et de produits chimiques) est important. Si Wolf déclare qu’à ce jour « aucune preuve d’une contamination des nappes phréatiques n’a été établie », il envisage cependant un « pacte faustien » avec le gaz de schiste : avantages à court terme, graves inconvénients à long terme. Wolf conclut : « Hâtons-nous lentement. »

Les éditorialistes du MONDE n’ont pas cette retenue, ils croient que « le pire n’est jamais certain ». Comme d’habitude, la défense de l’environnement passe après la défense de l’emploi, même dans un journal « de référence ». La question se pose : peut-on encore avoir confiance en la ligne directrice du MONDE ? J’en doute, d’autant plus que les commentaires critiques sur les éditos du MONDE sont systématiquement censurés…

* LE MONDE du 29 février 2012, Le pétrole flambe, le gaz de schiste attend

** LE MONDE économie du 28 février 2012, L’âge d’or du gaz

LE MONDE, les gaz de schiste et la fuite en avant Lire la suite »

75 % c’est trop mou, pour une tranche d’imposition à 100 %

François Hollande vient d’annoncer son intention de créer une nouvelle tranche d’imposition à 75 % pour les revenus excédant un million d’euros*. Nous aurions préféré 90 % et pourquoi pas 100 %. En 1932, quand Roosevelt arrive au pouvoir après la crise de 1929, le taux de l’impôt fédéral sur le revenu applicable aux plus riches était de 25 % aux Etats-Unis. Le nouveau président décide de le porter immédiatement à 63 %, puis 79 % en 1936, 91 % en 1941… pour un revenu supérieur à 200 000 dollars de l’époque, soit 1 million de dollars d’aujourd’hui (770 000 euros). Ce taux  de 91 % s’appliqua jusqu’en 1964. Selon l’économiste Thomas Picketty, le taux marginal maximum de l’impôt sur les hauts revenus a pu atteindre, en France, jusqu’à 90 % dans les années 1920 ou dans l’immédiat après-guerre. Il était encore supérieur à 60 % au début des années 1980.

Cela n’a pas tué le capitalisme et n’a pas empêché l’économie américaine de fonctionner. Pour une raison simple : ces taux ne s’appliquaient qu’à des revenus très, très élevés. A ces niveaux d’indécence, ce ne sont pas les compétences ou le dynamisme que l’on rémunère : ce sont la rapacité, des prises de risque excessives, une position médiatique illusoire (sportifs, acteurs…). Un taux marginal** d’imposition très élevé n’est certainement pas « un message de spoliation par rapport à l’effort produit », comme l’affirme l’UMP François Baroin.

La taxation confiscatoire des revenus exorbitants est non seulement possible, mais écologiquement nécessaire. Comme l’exprime Hervé Kempf, « La seule façon que vous et moi acceptions de consommer moins de matière et d’énergie, c’est que la consommation matérielle, donc le revenu, de l’oligarchie soit sévèrement réduite. En soi pour des raisons d’équité, et plus encore, en suivant la leçon de Veblen, pour changer les standards culturels de la consommation ostentatoire. Puisque la classe de loisir établit le modèle de consommation de la société, si son niveau est abaissé, le niveau général de consommation diminuera. Nous consommerons moins, la planète ira mieux, et nous serons moins frustrés par le manque de ce que nous n’avons pas. » (Comment les riches détruisent la planète)

Lire aussi sur notre blog : taxer à 100 % les riches (29.09.2010)

* LEMONDE.FR | 28.02.12 | Tranche d’imposition à 75 % : ce que signifie la proposition de M. Hollande

** taux marginal : En France, l’impôt sur le revenu est progressif : on ne paye pas selon un pourcentage fixe en fonction de ses revenus, mais selon un taux marginal  : 0 % jusqu’à 6 088 euros de revenus par an, 5,5 % de 6 088 à 12 146 euros, 14 % de 12 146 à 26 975 euros, 30 % de 26 975 à 72 317 euros et 41 % au delà. Le candidat socialiste proposait jusqu’ici une nouvelle tranche d’imposition à 45 % pour les revenus situés au-delà de 150 000 euros par an.

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une présidentielle où l’inanité se dispute à la vacuité

Une présidentielle où l’inanité se dispute à la vacuité, ce n’est pas moi qui le dit, mais Michel Rocard dans une interview au MONDE*. Rocard met les points sur les « i », la croissance économique voulue tant par Sarkozy qu’Hollande et consorts est derrière nous : « Nous sommes partis pour des années de croissance faible et même de récession. Il faut le dire clairement…. D’abord la crise financière n’est pas réglée… Et il y a le pic pétrolier qui sonne le glas de notre modèle de prospérité. La hausse des prix est inéluctable, elle va fortement peser sur le pouvoir d’achat, la récession menace… » Rocard veut que nous soyons radicaux dans nos manières de penser de nouvelles régulations : « Le monde de demain sera un monde de temps familial abondant, de soins aux enfants et de retour à des relations amicales festives… Une société moins marchande, moins soumise à la compétition, moins cupide. » Rocard ne parle pas explicitement de décroissance conviviale, mais les termes y sont !

Le seul problème du discours de Rocard, c’est son attachement diabolique au nucléaire : « La sortie du nucléaire va créer une véritable famine énergétique au moment où la quantité de pétrole et de gaz vont baisser. C’est suicidaire ! On ne peut imposer une telle brutalité, cela va conduire à la guerre civile. » Aucune mention des sinistres inconvénients du nucléaire, aucun appel à maîtriser nos consommations d’énergie. Rocard a 82 ans, il est encore dans ses souvenirs de jeunesse, mais au moins il sait que la croissance infinie dans un monde fini est une absurdité. Avec lui, la présidentielle aurait été un peu moins centré sur les choses inessentielles et les petites phrases.

* LE MONDE du 26-27 février 2012, La société de demain sera moins marchande et moins cupide

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Eva Joly, bashing* ou chance pour la France ?

L’urgence écologique appelle une femme nouvelle, une femme qui refuse la pensée unique, une femme qui n’est pas issue du sérail politique, une femme qui n’était pas née écolo mais qui les représente. Cette femme s’appelle Eva Joly. Pourtant cette femme subit vacheries après vacheries, sur son accent, sur ses lunettes, sur son origine… Le Eva bashing fait rage**. Eva est victime de la bipolarisation des présidentielles, c’est l’opposition factice entre l’UMP et le PS qui est valorisée par les médias au détriment des idées. Les nouveaux chiens de garde du social-libéralisme accaparent tous les plateaux, polarisent tous les commentaires. Parler du réchauffement climatique ou du pic pétrolier est devenu inaudible.

Cet ostracisme envers Eva Joly est en fait une manière de se venger des écologistes. Comme le discours de vertu de l’écologie paraît légitime, on le discrédite indirectement en raillant la personnes d’Eva. Une forme de racisme, de recherche du bouc émissaire pour se laver de ses propres péchés. Et puis il y a le défaut originel des médias, chercher la petite phrase qui va faire le buzz, cultiver l’insolence pour mieux cacher son propre côté ringard ; et les chroniqueurs sont les dignes représentants de cette société du spectacle. Il est vrai qu’Eva Joly n’avait pas encore été confrontée aux codes politiques, elle ne connaît donc pas la langue de bois… amateurisme sans doute, mais un chroniqueur médiatisé n’est-il pas là pour valoriser la sincérité et non célébrer la politique spectacle ?

Ce n’est certainement pas une erreur de casting que de présenter aux électeurs une femme issue de la société civile. Eva Joly a montré dans ses activités professionnelles des qualités que n’ont plus les professionnels de la politique ! Pourtant une « personnalité d’envergure » n’est considéré comme tel que si les médias lui décernent ce titre. Ségolène Royal a été une construction médiatique en 2007, uniquement cela. François Hollande serait rester le caramel mou qu’il est profondément si les médias n’avait pas décrété qu’il est une alternative crédible à Sarkozy. Saluons au passage l’aveuglement des médias quand ils faisaient passer en boucle dans le champ des micros et des caméras  le négationniste du climat Claude Allègre ! La recherche de la vérité n’étouffe pas les journalistes, c’est le moins qu’on puisse dire, au MONDE comme ailleurs. À quand un article de fond analysant le peu de propositions de l’UMPS relatives à l’environnement ? L’état de l’air, des sols et des eaux semblent n’intéresser que peu nos têtes de gondole.

Il est vrai que l’écologie n’est  pas adaptée à une présidentielle qui cultive le leadership. L’écologie, c’est l’inverse du chef, tout le monde devrait être écologiste. Soyons écolo, votons Eva Joly.

* Bashing, Expression anglaise venant du verbe « to bash » signifiant « frapper » ou « cogner ». Par exemple le Québec bashing est une attitude systématique de dénigrement du Québec.

** LE MONDE  du 26-27 février 2012, « Eva bashing » : Joly contre les éditorialistes

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Campagne présidentielle française et oubli des animaux

Il n’y a pas d’animaux dans la campagne électorale, pourtant cela serait nécessaire. Deux articles se télescopent sur lemonde.fr. D’une part la journaliste du MONDE, Audrey Garic, de l’autre une philosophe, Corine Pelluchon  :

Dans le reportage d’Audrey Garic*, l’élevage porcin paraît effrayant. Des rangées de cages où les animaux sont coincés dans 1,6 m2. Des agriculteurs qui sont coincés entre un prix au kilo ridicule (autour de 1,3 euro depuis dix ans) et des directives européennes qui se soucient du bien-être animal au prix de charges supplémentaires (2,75 m2 par animal !). Mais Audrey Garic ne va pas assez loin dans la condamnation du système. Pour J.Porcher et C.Tribondeau, « Les infirmières maintenant, elles travaillent dans des usines à bébé qui sont comme les maternités des porcheries.  Il faut faire vite et que ça rapporte des sous. Tout est programmé et les infirmières font des piqûres aux femmes comme maman en fait aux truies pour que les bébés naissent quand on veut. »**

Pour Corine Pelluchon***, nos rapports aux animaux sont un coup de projecteur sur l’organisation du travail et sur le type d’économie qui sont les nôtres. Nos usages des animaux révèlent les dysfonctionnements d’une organisation du travail et d’une économie dont les hommes sont aussi les victimes. La confusion entre l’élevage et l’industrie ne tient pas compte des êtres que l’on exploite ni des hommes qui y travaillent. Corine rejoint ainsi l’analyse d’Armand Farrachi : « L’objectif à peine dissimulé de l’économie mondialisée est de soumettre le vivant aux conditions de l’industrie. En ce sens le sort des poules en cage, qui ne vivent plus nulle part à l’état sauvage, qui n’ont plus aucun milieu naturel pour les accueillir, augure ainsi du nôtre. Si les poules préfèrent les cages, on ne voit pas pourquoi les humains ne préfèreraient pas les conditions qui leur sont faites, aussi pénibles, aussi outrageantes soient-elles. Il importe peu de savoir comment la volaille humaine s’épanouirait au grand air, mais à quel prix elle préférerait une cage : jeux télévisés et parcs de loisirs pour se sentir en sécurité, ne pas éprouver de douleur, ne pas présenter de symptômes d’ennui et de frustration ****. »

La question animale devrait être l’objet d’une réflexion fondamentale lors des présidentielles. Les animaux font partie de nous. L’absence de prise en considération de la question animale par les différents candidats à l’élection présidentielle est le signe d’une insouciance vis-à-vis des conditions indignes dans lesquelles on fait vivre les êtres vivants, humains et non-humains. Nous devons lutter pour le droit des animaux parce que les humains sont aussi des animaux. L‘animal (l’humain) est un sujet qui cherche son épanouissement selon des normes propres à son espèce. Les porcs sont des animaux fouineurs, qui aiment retourner la terre, manipuler, mâchouiller. La poule a besoin d’étendre ses ailes et de gratter le sol. Les humains ont besoin d’un contact étroit et fréquent avec la nature. Quand ce besoin est frustré, l’animal (l’humain) développe des stéréotypies qui ne témoignent pas seulement de sa souffrance, mais aussi d’une injustice.

* LEMONDE.FR | 24.02.12 | L’élevage porcin, étranglé entre productivité et bien-être animal

** Une vie de cochons de J.Porcher et C.Tribondeau (la découverte, 2008)

*** Point de vue | LEMONDE.FR | 24.02.12 | Condition animale et justice sociale

**** Les poules préfèrent les cages d’Armand Farrachi (Albin Michel, 2000)

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campagne présidentielle française et déni du pic pétrolier

Rapport Besson sur l’énergie en 2050 : le déni de réalité continue. Deux misérables petites phrases sur le pétrole, et c’est tout : « Le problème de notre balance commerciale (…) justifie que l’on porte une attention particulière (…) aux énergies notamment, (…) faut-il le dire, les hydrocarbures conventionnels ou non, dont les réserves, si elles étaient prouvées et exploitables avec un total respect de l’environnement, apporteraient un soulagement significatif au déséquilibre des comptes extérieurs. » Les auteurs du rapport, Claude Mandil et Jacques Percebois, estiment que les réserves sont « abondantes », mais que leur accès est « de plus en plus difficile » : très bien, cela va-t-il s’aggraver, et jusqu’à quel point ? « La contrainte climatique devrait par ailleurs apparaître plus tôt que la contrainte géologique » ? C’est-à-dire ? Peut-on avoir quelque détail sur cette assertion étrange, portant sur un enjeu séculaire central ? Bien sûr que non. Ah si, pardon ! Un peu plus loin figure tout de même une précision : les auteurs du rapport, citant la compagnie BP, indiquent : « Les réserves prouvées de pétrole s’établissent à fin 2010 à plus de 40 ans de production actuelle, et ce ratio est assez stable depuis plus de 20 ans. » L’analyse s’arrêtant là, il faut supposer que le fait que le ratio entre réserves et production de brut ait été stable depuis vingt ans implique nécessairement qu’il le restera encore pour les vingt siècles suivants…

Comment un rapport de deux cents pages, intitulé « énergies 2050 » et portant le sceau de la République française, peut-il évacuer aussi lestement la question cruciale de l’avenir de la production pétrolière mondiale ? Lacunaire pensée magique. Depuis le début des années 80, l’humanité consomme chaque année plus de pétrole qu’elle n’en découvre, et le fossé ne cesse se creuser. Mais rien de tout ça ne semble bouleverser les auteurs d’un rapport censé éclairer la nation sur les périls réels. Il est vrai que Claude Mandil, 70 ans, membre du conseil d’administration du groupe Total, n’a jamais cru au pic pétrolier ; en tout cas, cet ancien directeur de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) élude la question avec constance. Si la République française s’enfonce dans le déni, elle n’y est certes pas seule. En 2010, l’hebdomadaire The Observer racontait comment les hauts fonctionnaires britanniques se montrent en interne très inquiets de la déplétion des réserves de brut, tout en refusant de crier publiquement au loup.

La peur du syndrome de Cassandre, encore et toujours. Tragiquement logique. Evidemment, il ne faut pas perdre de vue que, comme le rappelle un haut fonctionnaire français : « le rapport commandé par Eric Besson n’avait qu’une seule fonction, politique : défendre le nucléaire ». D’ailleurs, de Greenpeace au Front National, tout ce qu’on entend à propos de l’énergie dans la campagne présidentielle n’a  trait qu’au nucléaire. Exit le pétrole dont la dernière goutte servira certainement pour une guerre…

Source : http://petrole.blog.lemonde.fr/2012/02/23/rapport-besson-sur-lenergie-en-2050-le-deni-de-realite-continue/

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le Heartland Institute et les lanceurs d’alerte

La démocratie dans un système complexe comme le nôtre repose sur la transparence totale de ceux qui agissent sur l’opinion publique. Le Heartland Institute devrait révéler ses sources de financement (grandes entreprises, fondations, etc.), les noms des « experts » et des blogueurs qu’il rémunère pour propager la parole climato-sceptique, ainsi que ses projets pour asseoir auprès des enseignants et des élèves américains l’idée fausse que le changement climatique est « incertain » et scientifiquement « controversé ». Il ne l’a pas fait, nous n’avons connu ces éléments d’information utile à la démocratie uniquement parce qu’un éminent hydrologue Peter Gleick, a reconnu avoir obtenu ces documents internes au Heartland Institute de façon non conventionnelle.

Mais au lieu de se féliciter que les noirs dessins du Heartland Institute soient connus de tous, Gleick estime qu’en ayant vérifié la validité des informations qu’on lui avait transmises anonymement, il a commis « une grave faute vis-à-vis de lui-même et de son éthique ». Il présente ses « excuses personnelles » à « ceux qui ont été affectés » par son geste. Il devrait au contraire se féliciter de son action contre des personnages qui utilisent  l’argent, le mensonge et la désinformation pour affecter le  climat et infecter l’opinion publique. Peter Gleick est un lanceur d’alerte, il devrait même être protégé contre toute menace de rétorsion. Peter Gleick est d’autant plus clean que le Heartland Institute – qui proteste aujourd’hui avec virulence contre la publication des documents qui lui ont été dérobés –, avait été l’une des principales caisses de résonance, en novembre 2009, de l’affaire dite du Climategate. Ils avaient alors utilisé les courriels piratés de climatologues*.

Corinne Lepage avait rendu en 2008 un rapport sur l’information environnementale, l’expertise et la responsabilité. L’information du public y est considérée comme un devoir, ce qui implique un « devoir d’alerte », accompagné de la création d’un « délit de rétention d’information quand le risque est avéré ». Merci Peter Gleick.

* LEMONDE.FR | 21.02.12 | L’origine de la fuite des documents du Heartland Institute a été révélée

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les nouveaux chiens de garde sont aussi au MONDE

Le film Les Nouveaux Chiens de garde dénonce la perte d’indépendance de la plupart des médias, y compris LE MONDE…. une (mauvaise) raison pour que la critique de ce film soit saignante sur lemonde.fr* : « Les auteurs troquent souvent l’aiguillon contre la massue… structure peu favorable à l’expression du pluralisme des opinions et de la complexité du réel… on sait trop quel effet trompeur peut avoir une image… stigmatisation individuelle de personnes auxquelles on n’accorde pas le moindre droit de réponse ». Droit de réponse ?

« Un film d’1 heure 40 minutes devrait donc en consacrer la moitié à donner la parole à ceux qu’il met en question : ceux-là même qui ont des kilomètres de papier journal et des centaines d’heure d’antenne d’avance et qui, malgré le film, continueront à barbouiller les colonnes des « tribunes libres » – du MONDE, entre autres ! »** Le pluralisme n’est pas dans le film parce que le pluralisme n’est pas dans les médias, même pas dans le quotidien « de référence ». On ne peut pas parler de pluralisme quand l’expert nous est présenté comme économiste de renom ou philosophe adulé alors qu’il n’est que le représentant de la classe dominante, bien payé de surcroît par ses commanditaires. Qui nous indiquera les officines à laquelle émargent tel ou tel intervenant médiatique ? Plus grave, ces représentants de l’élite tiennent le même discours car ils se fréquentent et se retrouvent dans les mêmes cercles, journalistes, politiques et économistes confondus : le mimétisme est omniprésent. Une seule chose n’est pas montrée dans le film, le fait que ce qui donne cohérence au discours des élites, au-delà du libéralisme et de la mondialisation, est l’optique croissanciste : la pensée unique de nos élites médiatiques.

Prenez n’importe quel exemplaire du MONDE, l’idée de croissance est omniprésente ; personne n’a l’air de considérer que la croissance dans un monde fini est absolument impossible. Prenez l’éditorial du MONDE*** sur la Grèce, super-endettée, mais dont les journalistes ne voient qu’une issue : « Il faudra, d’une façon ou d’une autre, aidez les Grecs à retrouver le chemin de la croissance ». Rappelons que techniquement, il n’y a aucune différence entre une récession économique et la décroissance voulue. Rappelons qu’avant la crise, les Grecs avaient vraiment trop de choses, et que c’est la crise qui a commencé à changer les façons de penser et d’acheter. Rappelons que ces dernières phrases sont extraites du MONDE du 10 février 2012. Mais l’idée de croissance et tous ses dérivées monopolise 99 % de l’espace dans les colonnes du MONDE alors que les contestataires de cette pensée unique occupent moins de 0, 0001 % !

NB : Pour l’agenda des projections-débat du film Les Nouveaux Chiens de garde, voir http://www.acrimed.org/

* Critique | LEMONDE.FR | 10.01.12 | « Les Nouveaux Chiens de garde » : en surveillant les surveillants

** Acrimed, le 13 janvier 2012

*** LE MONDE du 22 février 2012, Athènes en régime de souveraineté limitée

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le match Eva Joly / Corinne Lepage, 1 à 0

Corinne Lepage, une illustre inconnue pour le grand public, est candidate aux présidentielles au nom de CAP 21, un parti politique invisible : Citoyenneté, action, participation pour le XXIe siècle ? Aucun élu autonome, Lepage est devenue députée aux européennes de juin 2009… au nom du Modem. Son programme qui vient de sortir « se préoccupe beaucoup d’environnement » *. On n’en attend pas moins d’une candidature écolo ! Lepage est pour la généralisation du principe pollueur-payeur, l’avènement de la class action, la fin du cumul des mandats, la suppression des niches fiscales … éternels serpents de mer !! Corinne Lepage refuse tout ce qui est porteur d’espoir comme les 32 heures hebdomadaires !!! Autant dire que sa crédibilité par rapport à Eva Joly est proche de zéro.

Dans LE MONDE du 21 août 2010, Corinne Lepage dévoilait son jeu : « Si l’écologie politique décide d’être le porteur de la décroissance alors elle ratera le coche de l’Histoire (…) Le projet d’une décroissance ne peut aucunement fédérer nos concitoyens et constituer un projet porteur d’espoir. » Elle s’appuyait sur un ouvrage de Tim Jackson, Prospérité sans croissance. Mais contrairement à ce qu’affirme Lepage, Tim Jackson ne propose pas d’abandonner le terme décroissance, seulement le terme croissance. Et s’il propose un autre modèle, c’est celui de la simplicité volontaire, bien proche de la notion de décroissance voulue. Corinne Lepage représente le centre-droit, certainement pas l’avenir.

Aux présidentielles 2002, Lepage faisait déjà bande à part contre le représentant de l’écologie, Noël Mamère. Pour 2012, rien ne pouvait l’empêcher de participer aux primaires de l’écologie, ouvertes à tous ; il lui suffisait de 10 euros. Lepage est en fait le parfait symbole de l’éclatement des écolos en différentes chapelles, permettant aux puissants de continuer de régner.

* LEMONDE.FR | 21.02.12 | Lepage : « Entre Eva Joly et moi, une différence fondamentale : la crédibilité »

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La guerre de Libye, l’écologie et la non-violence

Seule la non-violence fait avancer une cause car toute violence à court terme contredit la réduction universelle à long terme de la violence. Ce n’était pas l’avis des éditorialistes du MONDE* en mars 2011 qui appelaient à l’intervention armée en Libye. Aujourd’hui l’éditorial** mesure les conséquences à long terme du conflit : « Nombreux cas de torture… Le Conseil national de transition n’arrive pas à établir son autorité sur le pays… Les armes de Kadhafi alimentent la rébellion au Mali et au Sahel… La France observe un silence gêné. » LE MONDE constate que « la France et ses alliés n’ont pas anticipé la phase de l’après-guerre », mais ses éditorialistes ont fait de même. Il n’était pourtant pas difficile de mesurer les effets d’une intervention extérieure, il suffisait de savoir ce qui se passait en Irak ou en Afghanistan. Il y a une espèce de collusion entre les politiques occidentaux et les médias pour utiliser l’appareil militaro-industriel et nous cacher la force de la non-violence.

Sarkozy voulait compenser le désastre vécu par son parti aux élections cantonales, il a instrumentalisé Bernard-Henri Lévy, membre du conseil de surveillance du MONDE, il a déclaré la guerre en Libye. Comment un président vivant au XXIe siècle peut-il avoir oublié la leçon de l’histoire : aucune guerre n’a été victorieuse. Comment un média comme LE MONDE peut ignorer où sont nos priorités : nous avons à construire la paix avec une biosphère malmenée, nous n’avons plus de temps à perdre dans des conflits armés inter-humains.

Il devient essentiel dans un monde surarmé de réaliser le désarmement généralisé. La Libye n’avait pas besoin que la France lui fournisse des armes, ni d’ailleurs aucun autre pays. La France n’a pas besoin d’une industrie de l’armement. Ses Rafale ne devraient pas s’exporter, ni même se fabriquer pour le plus grand profit de Dassault. La guerre n’est plus la continuation de la politique par d’autres moyens, elle est devenue le résidu d’un passé qui a décimé bien des populations civiles et enrichi bien des marchands d’armes. La négociation internationale devrait seulement s’occuper des problèmes mondialisés comme la perte de biodiversité, le pic du pétrole ou le réchauffement climatique. Quant aux conflits locaux, que les peuples se libèrent de leurs chaînes par leurs propres moyens : un tyran n’a que le pouvoir qu’on lui concède.

* LE MONDE, va-t-en guerre en Libye

* LE MONDE, une guerre juste en Libye ?

** LE MONDE du 19-20 février 2012, Sombre anniversaire en Libye

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