LeMonde pour la décroissance !?

Que penser de la décroissance ? Ce mouvement pluriel a obtenu de beaux succès. Anecdote : en mars 2010, la grille de mots croisés du Monde n° 10-037 proposait, en douze lettres, la définition « Seule réponse possible pour un développement durable ». La réponse était : « Décroissance » ! LeMonde publie plus souvent les mots de croisés de la croissance que des mots croisés de l’a-croissance, mais il faut un début à tout.

                C’est ainsi que s’exprime Jean Gadrey dans son livre « Adieu à la croissance » (p.114). Nous lui devons bien cette petite pub puisqu’il cite dans son livre un post de notre propre blog (p. 57) :

http://biosphere.blog.lemonde.fr/2008/03/10/dominique-bourg/

Nous devenons célèbres !!

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Astrid, une belle salope…

Astrid, un joli nom pour une belle saloperie ! ASTRID, c’est l’Advanced Sodium Technological Reactor for Industrial Demonstration. Le groupe nucléaire Areva et le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) ont signé un accord* de collaboration portant sur les premières études de conception du prototype de ce réacteur de 4ème génération. Il serait construit à Marcoule à partir de 2017. Pour connaître un emballement du cœur de ce réacteur, il suffit d’une fuite de sodium peut provoquer la catastrophe. L’explosion atomique dont un surgénérateur peut être le siège porte le nom rassurant d ‘« excursion nucléaire ». Nous préférons les excursions amoureuses.

Astrid possédera un cœur à neutrons rapides refroidi au sodium. Pas de quoi tomber amoureux. Il ressemblera tellement à son grand frère de Creys-Malville, Superphénix ! La mise à l’arrêt définitif de Superphénix a été prononcée par décret du 30 décembre 1998. Aujourd’hui, en 2010,  les 5500 tonnes de sodium, dont la majorité est irradiée, ne sont pas encore traitées. Les ateliers nécessaires n’avaient pas été prévus à la construction de la centrale ! Le sodium primaire est donc maintenu depuis douze ans à la température de 180 °C pour rester à l’état liquide. Or le sodium liquide s’enflamme au contact de l’air et explose au contact de l’eau.

Le début de vidange du sodium primaire contenu dans la cuve était prévu pour novembre 2010**. Mais nos technocrates nucléaires préfèrent la fuite en avant technologique en annonçant la venue d’Astrid !

* dépêche AFP du 9 novembre 2010

** Superphénix, déconstruction d’un mythe de Christine Bergé (La découverte, 2010)

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douter est parfois criminel

         Nous doutons de tout car toute chose est relative, aux mœurs de notre époque succéderont d’autres croyances. Il n’y a pas d’ordre naturel, n’en déplaise à Benoît XVI. Mais en matière scientifique, le doute n’est qu’hypothèse : l’observation scientifique détermine certains constats, ils restent valides en l’attente d’une démonstration contraire. C’est pourquoi nous ne doutons pas de la responsabilité du virus d’immunodéficience dans le SIDA, nous ne doutons pas des causes anthropiques du réchauffement climatique, nous ne doutons pas du pic pétrolier. Stéphane Foucart* explique clairement en quoi le doute suffit à retarder les mesures à prendre. Penchons-nous sur le pic pétrolier, un fait d’origine géologique qui normalement ne souffre pas la contestation.

         Bernard Durand** attaque les économistes : « Ils s’imaginent que l’augmentation du prix du pétrole se traduit par une augmentation plus ou moins proportionnelle des réserves. C’est inexact pour le pétrole : ont-ils seulement réalisé que les augmentations de prix seront incapables de créer le moindre gisement de pétrole dans le sous-sol ? » Même dans le mensuel voué à la décroissance, l’économiste Denis Baba*** essaye de jeter le doute : « Rien n’est démontré, il y a encore suffisamment de pétrole, charbon, etc. pour que la société marchande persévère encore longtemps dans son être.. A la lecture des textes piquistes, on ne peut s’empêcher de penser que les désastres promis sont ardemment souhaités par leurs auteurs… Sur le fond ? Les experts se sont trompés tant de fois. »

         En fait, nous n’accordons pas trop d’importance aux économistes qui se veulent plus forts que les contraintes naturelles (les ressources non renouvelables). Le problème du pic pétrolier est d’abord médiatique. Nous laissons à nouveau la parole à Bernard Durand : « Le terrain médiatique est accaparé, souvent avec véhémences, par les partisans et les adversaires de telle ou telle source d’énergie ou de telle ou telle technique prétendument salvatrice, sans que soit pour autant présenté un bilan raisonné et précis. Un temps précieux a ainsi été perdu, qui aurait pu être utilisé pour la mobilisation et l’action. » Car tant que les médias ne parleront pas du pic pétrolier en cours, les politiques ne feront rien…

* La science, le doute et la faute de l’Académie, LeMonde du 14-15 novembre 2010

** La crise pétrolière (analyse des mesures d’urgence) de Bernard Durand (EDP, 2009)

*** Que cache le pic pétrolier ? in La décroissance de novembre 2010

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la gauche ne gagnera pas en 2012

LeMonde du 13 novembre fustige la gauche : « Bruits de bottes à gauche… Une véritable guerre de tranchées menace la gauche… Le jeu perso des écologistes… Des conceptions écologiques aux antipodes les unes des autres… Les divergences ne manquent pas entre les anciens verts et les amis de Cohn-Bendit … Le devoir d’inventer une nouvelle pratique de la politique reste un vœu (Unis-Verts) … Le solo d’Eva Joly commence à faire grincer des dents … On ne lui fera pas enfiler le costume de l’écolo historique (Yves Cochet ?) qui propose de prendre des douches froides dans le noir… L’émergence d’une nouvelle alliance entre la gauche et les écologistes pour 2012 s’apparente à une course d’obstacles… Martine Aubry puise dans sa détestation de Hollande une motivation pour aller aux présidentielles… Valls, Moscovici et Collomb ont poursuivi l’offensive contre le texte de Benoît Hamon… »
La gauche donne d’elle-même l’image qu’elle mérite. La gauche ne gagnera pas les présidentielles de 2012. Sauf si la gauche oublie les querelles de personnes. Sauf si la gauche se réunit autour d’une écologie de la sobriété heureuse. Sauf si un choc pétrolier courant 2011 rend crédible un tel projet. Car seule l’écologie peut fédérer la gauche autour de valeurs non productivistes, autour d’un partage solidaire des risques, autour d’une société sans pauvres car il n’y aura plus de riches.

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interdisons la voiture individuelle

Le marché carbone des permis d’émission est une vaste fumisterie. Alors une taxe carbone ? Abandonnée par Sarko, pourtant cela ne gênerait nullement les riches dans l’état des inégalités de revenus. Nous sommes depuis longtemps dans un système de rationnement ; les riches ne se rationnent pas, ils ont les moyens, les pauvres se rationnent, par définition. Un rationnement égalitaire repose donc sur la carte carbone : tout humain a droit à une part identique au niveau énergétique. Elle a été étudiée par le gouvernement britannique en 2006, elle est en chantier en Finlande. La carte carbone reprend une idée centrale des négociations climatiques : le principe de « contraction et convergence ». Contraction, fixer politiquement un objectif chiffré de réduction des rejets de CO2 dans l’atmosphère. Convergence, définir la contribution de chaque pays à cet effort, pour aboutir finalement à une égalité d’émissions par personne.

                Les quelques 2000 habitants de l’île de Norfolk se lancent dans l’expérience*. Ils appellent cela « crédits carbone » : les volontaires reçoivent une carte fonctionnant comme une carte bancaire octroyant des crédits carbone pour acheter de l’essence ou payer l’électricité. Le problème essentiel subsiste : comment déterminer combien de crédits carbone allouer ? Autant que pour l’Indien moyen ? Ce qu’il faut pour soutenir le niveau de vie moyen australien ?

De toute façon, sur une petite île de 35 km2, on ferait même mieux de passer tout de suite à l’étape qui suivra la carte  carbone, la suppression des voitures individuelles !

* leMonde du 10  novembre 2010, Une petite île australienne teste un marché carbone qui repose sur le  comportement des habitants.

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Benoît XVI adepte de l’ordre moral

Le pape Benoît XVI fait de la politique, il demande aux gouvernements de prendre en compte la conception catholique de la famille*. Mais cette conception est relative, il n’y a pas de modèle biblique de la famille. La Bible couvre plusieurs siècles d’histoire et  présente des hommes et des femmes vivant selon des modèles familiaux très différents : Abraham, David, Joseph et Marie, etc. Au travers des portraits de famille qui nous sont brossés, le meilleur y côtoie le pire ! C’est pourquoi B.16 ne se réfère pas au texte sacré, il s’exprime ainsi dans son homélie en Espagne : « L’Église s’oppose à toute forme de négation de la vie humaine et soutient ce qui promeut l’ordre naturel dans le cadre de l’institution familiale. » L’ordre naturel !? Quèsaco ?

                Avant même d’être pape, Josef Ratzinger s’en prenait violemment à la « dictature » du relativisme en tant qu’attitude qui ne reconnaît rien comme définitif. Mais pour le philosophe Flores d’Arcais, la prétention de l’Eglise à justifier sa morale particulière par une loi naturelle qui n’existe pas, à considérer sa propre norme comme une « vérité » et à rejeter le pluralisme démocratique explique les errements passés (inquisition, guerre de religions…) et l’inadaptation actuelle de l’Eglise au monde moderne. Car « l’ordre naturel » selon B.16 n’est en réalité qu’un ordre moral défini de façon unilatérale par un pape qui se croit doté d’infaillibilité.

Tout est culturel en matière de société humaine, il n’y a pas d’ordre naturel. Par contre il y a des lois de la Nature qu’il nous faut chercher à tâtons de façon démocratique. Nous avons bafoué ces lois en créant le réchauffement climatique et en détériorant la biodiversité. La tâche de Benoît XVI  devrait être la protection de « Création divine », mais il n’écoute pas les gémissements de la création. Le pape préfère gémir sur « la vie des enfants depuis le moment de leur conception ». Ce pape n’est pas un écolo.

* LeMonde du 9 novembre 2010, Lors de son voyage en Espagne, Benoît XVI a vanté la famille.

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ne pas donner la vie est respectable

La mentalité nataliste est aussi répandue que préoccupante. Quand le couple est à l’épreuve de la stérilité, les stéréotypes s’accumulent :

          A partir d’un certain âge, on s’attend à ce qu’une femme ait un enfant ;

          à quoi bon avoir des rapports sexuels si on ne peut avoir d’enfants ;

          à quoi bon rester ensemble si on ne peut fonder une famille ;

          me trouver exposée à une femme enceinte me faisait l’effet d’une torture

          mon obsession du désir d’enfant vire au cauchemar ;

          les échecs d’une insémination ou d’une FIV* sont de vrais moments de désespoir ;

          ils ont l’impression qu’un couple sans enfants n’a pas sa place dans la société.

Toutes ces phrases se retrouvent dans un article du Monde**. Donc, pour la journaliste Martine Laronche qui accumule ces poncifs, une femme sans enfants ne pourrait pas être une véritable femme ! Il faudrait même la présence d’un psychologue (nataliste ?) dans les centres qui pratiquent la FIV. Mais les femmes stériles doivent-elles se mettre à la disposition du business des naissances artificielles ? Les femmes inséminées ne seraient-elle que des machines à produire de futurs chômeurs ? Les femmes sans enfants ne peuvent-elles pas vivre une vie épanouie ?

Notre réponse est contenue dans cette citation d’Hubert Reeves*** : « Notre planète est infestée d’êtres humains qui semblent décidés à saboter l’admirable harmonie de la nature. Ils pourraient bien la ramener à sa stérilité initiale. La Nature a mis au monde une espèce néfaste capable de neutraliser les instincts régulatoires qui assuraient la pérennité de la vie terrestre, une espèce déjà en mesure d’exterminer la vie sur la Terre ».

* FIV, fécondation in vitro

** LeMonde du 7-8 novembre 2010, le couple à l’épreuve de la stérilité (l’assistance médicale à la procréation s’accompagne rarement d’un soutien psychologique pourtant nécessaire)

*** in Malicorne, Éd. du Seuil. 1990.

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donner la vie n’est pas une maladie

Nous n’aimons pas du tout le titre du Monde* « Accouchement dans la douleur ». Bien sûr il faudrait lire au second degré, les maisons de naissance ne seraient pas politiquement prêtes à voir le jour. Mais cela jette aussi l’opprobre sur l’acte de donner la vie qui ne pourrait se dérouler que « dans la douleur ». Comme si l’existence de lieux moins médicalisés que les maternités étaient une anomalie ! Comme si accoucher sans péridurale allait contre le progrès social ! Comme si les sages-femmes ne devaient pas être la norme et les gynécologues-obstétriciens l’exception !

En France, sous la pression des médecins, les pouvoirs publics ont déconseillé dès 1972 les accouchements à domicile. Le Collège national des gynécologues et obstétriciens français se positionne aujourd’hui contre les maisons de naissance. Défense de l’intérêt des mères ou défense professionnelle d’une corporation ? Faut-il revenir à l’accouchement à domicile ? Si on considère la mortalité périnatale (mortalité de 20 semaines de grossesse à 28 jours après la naissance) et non plus la mortalité néonatale (décès dans les 28 premiers jours de vie), il n’y a pas de différence entre les femmes qui ont PREVU un accouchement à domicile et celles qui l’ont prévu en hôpital. Les données néerlandaises d’une grosse étude concluent même à propos des mortalités néonatales précoces (7 jours) en faveur d’un risque non accru pour l’accouchement à domicile**.

Aux Pays-Bas, l’accouchement à domicile est courant. Pour des associations féminines particulièrement sincères, la femme doit pouvoir accoucher « comme elle veut et où elle veut ». Rappelons que l’acte de donner la vie n’est pas une maladie ! Rappelons que les techniques dures, technicisée, remplacent de plus en plus dans tous les domaines les techniques douces et conviviales. Notre société, en s’éloignant toujours plus de la nature, court à sa perte….

* LeMonde du 6 novembre, Accouchement dans la douleur pour les maisons de naissance

** http://www.ciane.info/article-henrionfigaro-58329363.html

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après le pic pétrolier, le pic charbonnier !

A lire LeMonde, nous avons l’impression d’une éternelle abondance : « Vendez l’or et investissez tout dans le  charbon. »… « La demande de charbon devrait tripler en Inde d’ici à 2030 ». Dans l’article* de Julien Bouissou, aucune interrogation sur la pérennité de cette ressource fossile et sur ses effets néfastes sur le réchauffement climatique. Comme toujours, les nécessaires économies d’énergie sont occultées au profit de l’euphorie des marchés (« Coal India valorisée à 28,3 milliards d’euros » !). Julien Bouissou devrait lire d’urgence Blackout, Coal, Climate and the Last Energy Crisis** de Richard Heinberg.

Après son livre de 2003 sur le pic pétrolier, Richard Heinberg se consacre au pic charbonnier : la production de charbon suit la même courbe que la production de pétrole. Elle aussi commence par augmenter, atteint un maximum, puis décline inexorablement au fur et à mesure que les gisements s’épuisent. Les chiffres officiels ignorent généralement les différentes qualités de charbon ou les présentent d’une manière exagérément simplifiée, ce qui donne une fausse impression d’abondance. Il n’empêche que le pic charbonnier chinois aura lieu entre 2015 et 2032, aux USA entre 2025 et 2040 …

Heinberg conclut que le charbon est suffisamment abondant pour avoir un impact conséquent sur le climat mais ne l’est pas assez pour remplacer durablement les autres énergies fossiles une fois qu’elles auront commencées à décliner. Après 2020 la stagnation puis le déclin de la production de charbon, combinée avec le déclin accéléré de la production de gaz et de pétrole touchera toutes les économies thermo-industrialisées. Entre 2030 et 2040, le commerce du charbon cessera presque totalement et la production de pétrole sera devenue marginale et essentiellement consommée sur place. Les coupures d’électricités deviendront la norme et l’activité industrielle disparaîtra progressivement. Les infrastructures mal entretenues s’effondreront tandis que le manque de carburant bloquera les communications. Les investissements dans les énergies renouvelables seront devenus impossibles, faute de moyens. Le niveau de vie baissera de manière dramatique. Seules les nations disposant de ressources fossiles ou d’une solide agriculture de subsistance pourront survivre. Partout ailleurs, l’ordre social disparaîtra et les gouvernements cesseront de fonctionner.

Comme disait le Sheikh Rashid ben Saïd al-Maktoum, émir de Dubaï : « Mon grand-père se déplaçait en chameau. Mon père conduisait une voiture. Je vole en jet privé. Mes fils conduiront des voitures. Mes petits-fils se déplaceront en chameau »***.

* LeMonde du 5 novembre 2010, En Inde, le plus gros producteur mondial de charbon

** http://www.agoravox.fr/actualites/environnement/article/richard-heinberg-pic-charbonnier-60648

*** in Pétrole, la fête est finie de Richard Heinberg (Résistances, 2008)

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LeMonde et le pic pétrolier

A quoi s’intéresse l’humanité occidentalisée ? A rien ! Pourtant Hervé Kempf essaye de réveiller les  consciences : « Refus d’envisager les économies d’énergie, refus de reconnaître qu’il n’y a pas aujourd’hui de réponse à la question des déchets nucléaires, nous filons tel un train ivre dans la nuit épaisse. » Mais cette rubrique* d’un sixième de page n’est pas en mesure de lutter contre tout ce qui incite à gaspiller l’énergie : les offres Internet (sur une moitié de page), les pub sur les bagnoles, etc. De façon générale, la modification de nos comportements ne peut résulter d’une communication médiatique qui noie l’essentiel sous l’accessoire. Pourquoi consacrer dans LeMonde tant de lignes aux conflits de personnes (Copé ou Morano pour diriger l’UMP) et si peu au pic pétrolier ? Pourquoi consacrer une rubrique à DSK « prochain président » alors que les présidentielles sont encore loin et le pic pétrolier si proche ? Pourquoi consacrer tant de places aux faits divers (tuerie du bar des marronniers…) ? Pourquoi consacrer deux pages à Obama alors que son bilan en matière d’énergie est nul ?

Il est temps de rappeler aux rédacteurs du Monde le constat désabusé de Bernard Durand: « Les médias n’ont toujours pas jugé bon de consacrer au pic pétrolier des émissions grand public soigneusement documentées. » (La crise pétrolière, EDP 2009)

                Il est aussi utile de rappeler les deux articles du Monde sur le pic pétrolier :

1Le prophète du « pic pétrolier » est mort, pas son combat

Les partisans de la théorie du « pic pétrolier » – le peak oil – viennent de perdre leur plus grand prophète : Matt Simmons, banquier d’affaires de Houston, est décédé lundi 9 août 2010.

2L’armée allemande prédit le pire une fois le pic pétrolier atteint

La rareté de l’or noir aura des conséquences majeures sur l’économie et la diplomatie de la première puissance européenne. Le « peak oil » (pic pétrolier), ce moment où la production de pétrole va commencer à diminuer, aura des conséquences considérables sur l’économie et la politique extérieure…

* LeMonde du 3 novembre 2010, Train ivre dans la nuit

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pénurie définitive de carburants

Dans lemonde.fr, plus de 60 réactions à cet article* : Pénurie de carburants : la France a frôlé la « catastrophe économique » (pendant le conflit des retraites). Nous répondons à quelques-uns de ces commentaires :

– « Borloo futur premier sous-ministre agite la peur des grévistes. Pourtant ce ne sont pas eux qui ont mis en péril l’économie mais la cupidité des spéculateurs. »

                La crise financière était causée par le surendettement des ménages, pas directement par les spéculateurs. La pénurie provisoire de carburant n’était que broutille par rapport au quatrième choc pétrolier que nous connaîtrons bientôt, quand les spéculateurs se seront rendus compte qu’on a dépassé le pic pétrolier**.

– « Bon… on a évité une catastrophe économique. J’espère qu’en n’envoyant pas Mr Borloo à Matignon on en évitera d’autres : sociales, économiques, politiques. »

                Cette conception est restrictive, on oublie le pilier environnemental. Les catastrophes à venir seront d’abord écologiques. Leurs répercussions se feront d’abord au niveau économique, puis social, puis politique.

– « Un frôlement de la catastrophe seulement. Dommage ! »

                Sans doute le meilleur commentaire car il appelle à la réflexion. Or nous sommes dans une situation où la pédagogie de la catastrophe (annonce de l’épuisement des ressources fossiles, du réchauffement climatique, de l’extinction des espèces, etc.) est inopérante. Ce sera donc malheureusement la catastrophe qui nous servira de pédagogie.

– « Deux camps souhaiteraient la catastrophe économique: l’extrême gauche et l’extrême droite. Les premiers pour démarrer la révolution, les seconds pour avoir une excuse pour étriper et écarteler les premiers. A votre avis, qui l’emporterait ? »

                A notre avis, une catastrophe inéluctable causée par la pénurie géophysique de pétrole, donc de carburants, permettrait l’arrivée au pouvoir d’un régime de type totalitaire. Or nous savons historiquement deux  choses sur le totalitarisme :

1)       sa version de droite et de gauche sont similaires ;

2)       sa préoccupation n’est pas de résoudre les problèmes, mais de soutenir une oligarchie.

– « Les inconscients qui bloquent le port ne savent pas à quoi ils s’exposent (il faut dire également que l’Etat a mal géré cette crise, tout en respectant le droit de grève), j’aurais tous les matins fait venir des camions citernes des pompiers et bien arrosé tous ces manifestants. »

                Illustration de ce qui se passera avec une pénurie croissante de carburants, l’évolution vers un système répressif qui sera soutenu par une grande partie de la population…

– «  Je suis sûr qu’au bout de quelques jours le conflit était maté »

                Nouvelle illustration du totalitarisme rampant de notre société thermo-industrielle !

– « La catastrophe a été évitée : tirons-en des enseignements ! Il est anormal que quelques centaines d’employés travaillant dans un secteur vital pour notre économie, aient le pouvoir de stopper toute l’activité du pays. »

                Ce n’était pas une catastrophe, seulement l’obligation pendant quelques temps d’importer du pétrole pour que nos automobilistes puissent appuyer sur leur accélérateur. Mais que ferons-nous quand ce n’est pas l’action syndicale qui bloquera les dépôts de carburants, mais l’impossibilité de se procurer du pétrole sur les marchés (avec la raréfaction des ressources fossiles) ?

– « Avec certaines stations proposant le carburant à 1,70 euros le litre, un article sur les profiteurs de crise serait bienvenu. »

                Nous pouvons dire sans risque de nous tromper que le baril sera bientôt à 300 dollars, ce qui fera le litre d’essence largement à plus de 2 euros. Un article sur la vision court-termiste de nos concitoyens serait le bienvenu !

– « Il est anormal que les salariés refusent d’obéir à la loi du marché. Sans loi du marché, il n’y a pas de démocratie libérale. Les salariés n’ont rien compris : qu’ils se taisent. »

                Nous constatons que les marchés fonctionnent à court terme, comme nos salariés et ce commentateur. La « loi du marché », c’est le règne des myopes, ce n’est certainement pas une bonne analyse.

– « Il est temps de s’affranchir de cette servitude, voiture électrique, qui répond aux besoins de 80% de conducteurs, en plus produit français… »

                Nous terminons notre analyse par cette croyance trop répandue d’une technologie qui nous éviterait les catastrophes. Nous rappelons que l’électricité n’est pas une source d’énergie, il faut la fabriquer… Avec du pétrole importé ? Ou grâce à nos déchets nucléaires ?

* lemonde.fr du 01.11.2010

** pic pétrolier, moment où les quantités de pétrole offertes commencent inexorablement à baisser étant donné les difficultés d’extraction.

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obsolescence de la démocratie représentative

La démocratie représentative est géographiquement délimitée. En effet, la première mission du député consiste à représenter les Français et les sénateurs représentent les collectivités territoriales. Pourtant, comme le remarque Dominique Bourg*, les problèmes environnementaux ne sont plus locaux, mais transfrontaliers et, pour certains, globaux. Le changement climatique, l’acidification des océans, l’érosion de la biodiversité… sont des problèmes planétaires, à l’interface entre l’humanité et la biosphère. C’est une situation totalement originale. Cette problématique nouvelle entraîne nécessairement une nouvelle conception de  la démocratie représentative. Dominique Bourg propose d’ajouter des institutions supplémentaires… autant dire que les désastres écologiques arriveront plus vite que nos réformes !

C’est pourquoi nous proposons une méthode beaucoup plus rapide, changer le statut de la représentation, quitter son enfermement territorial face à des problèmes globaux qui s’étendent dans le temps et dans l’espace. Chaque parlementaire devrait se sentir le représentant de ses électeurs, mais aussi des acteurs-absents, c’est-à-dire les habitants des autres territoires, les générations futures et même les non-humains. Des chefs d’Etat réunis pour traiter du réchauffement climatique ou de l’extinction des espèces ont d’ailleurs fondamentalement pour rôle de penser à la place des générations futures et des non-humains. Cela ne consiste pas à se substituer aux générations futures pour décider à leur place de ce qui serait « bon pour elles », mais à décider d’éliminer ce qui serait « mauvais pour elles » de par notre action présente.

                La même procédure de représentation élargie devrait d’ailleurs s’imposer à tous les acteurs de la vie économique, chefs d’entreprises ou ménages. Car ce que nous produisons et consommons aujourd’hui a des effets écologiques planétaires et de long terme. Chacun de nous doit donc se faire l’avocat des tiers-absents, ceux qui ne peuvent être présents lors de nos délibérations mais qui sont pourtant directement concernées par nos décisions.

* LeMonde du 31 octobre 2010, un système qui ne peut répondre au défi environnemental

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cervelle d’or, biosphère pillée

Il suffit de lire une semaine du Monde pour mesurer à quel point notre planète se vide :

– les prélèvements non durables d’eau sont passés de 126 km3 par an à 283 km3 de 1960 à 2000 dans le monde*

– pénurie des éléments rare, gallium, hafnium, indium, rhodium …**

– un cinquième des espèces de vertébrés de la planète est menacé d’extinction***

Nous sommes à l’image de l’homme à la cervelle d’or****, nous puisons dans les tréfonds de notre planète pour en arracher les derniers morceaux : « Du train dont il menait sa vie, royalement, et semant l’or sans compter, on aurait dit que sa cervelle était inépuisable… Elle s’épuisait cependant, et à mesure on pouvait voir les yeux s’éteindre, la joue devenir plus creuse. Un jour enfin, au matin d’une débauche folle, le malheureux, resté seul parmi les débris du festin et les lustres qui pâlissaient s’épouvanta de l’énorme brèche qu’il avait déjà faite à son lingot. Il était temps de s’arrêter. »

Mais comme le malheureux héros de cette fable, nous ne savons pas nous arrêter…

* LeMonde du 24-25 octobre, Aux Etats-Unis, l’agriculture irriguée est en sursis

** LeMonde du 27 octobre, la situation préoccupante d’éléments essentiels pour l’industrie de pointe

*** LeMonde du 28 octobre, un plan de discussion a minima pour la biodiversité

**** La Légende de l’homme à la cervelle d’or d’Alphonse Daudet in Lettres de mon moulin (1866)



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Allègre n’aura jamais tort !?

Ainsi va notre monde trop humain, c’est la duplicité qui gagne toujours. L’Académie des sciences était mandatée pour déterminer si Allègre était un imposteur ou un affabulateur, l’Académie « des sciences » a simplement déclaré (bien après toutes les autres instances scientifiques internationales) que le réchauffement climatique était une réalité*. L’Académie « des sciences » pond enfin un rapport qui ne cite même pas une seule fois les travaux du GIEC. Vendredi dernier sur RTL, Claude Allègre qualifiait déjà ce document de « compromis » sans répondre aux questions du journaliste. Or un compromis, c’est l’inverse de la réalité scientifique. Et Courtillot a fait des pieds et des mains pour qu’on parle dans le rapport des effets du soleil sur notre biosphère.

On ne peut que constater que les climato-sceptiques sont des êtres bornés qui se sont trop longtemps appuyés sur le silence d’une Académie prétendument scientifique. Une Académie qui rédige un rapport uniquement parce qu’elle y a été obligée par une pétition des climatologues relayée par la ministre de la recherche. Une Académie qui a discuté à huis clos et fonctionné avec un « comité secret ». Une Académie dont beaucoup de membres ont révélé leur méconnaissance des mécanismes climatiques dans des documents qui sont restés confidentiels. Une Académie qui ne sait pas ce que scientifique veut dire. Car la science n’est pas une affaire de négociation, encore moins de protection des membres de cette Académie.

                L’intérêt accessoire de cette histoire, c’est l’absence de Claude Allègre dans les médias depuis la pétition des climatologues contre leurs détracteurs (Allègre et Courtillot). Mais en définitive les écolo-sceptiques ne peuvent évoluer, ils inventeront d’autres énormités pour faire parler d’eux. Cette triste histoire montre finalement la difficulté pour nos sociétés repues d’envisager les nécessaires économies d’énergie pour faire face non seulement au réchauffement climatique, mais aussi à l’épuisement des ressources fossiles… Alea jacta est !

* LeMonde du 29 octobre, l’Académie des sciences sort de l’ambiguïté.

 

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l’adieu à la croissance

La croissance ne fait pas l’emploi quand la productivité augmente plus vite que le PIB. En fait, à population active identique, c’est l’augmentation de la productivité du travail qui fait la croissance. Mais il ne s’agit que d’une productivité apparente car les travailleurs sont accompagnés d’un capital technique (machines…) et de l’utilisation du capital naturel (énergie, eau, matière premières…). Le PIB comme la productivité du travail ne considèrent pas l’épuisement ou la détérioration du capital naturel. Comme l’activité humaine a dépassé les capacités de la planète, nous sommes en décroissance et le PIB comme la productivité sont incapables de nous l’indiquer. Les économistes orthodoxes inventent alors l’idée de substituabilité, le capital et le travail technique pourraient compenser les pertes de capital naturel. C’est une complète illusion. C’est notre énergie physique qui remplacera l’énergie fossile et créera des emplois… si nous sommes raisonnables !

De plus en plus d’économistes reconnaissent maintenant que nous dépendons d’une réalité biophysique. Denis Clerc, fondateur du magazine Alternatives économiques, reconnaît qu’on ne peut plus être favorable à la croissance à court terme et critique dans le long terme*. Jean Gadrey reconnaît les imperfections de l’indicateur PIB qui ne mesure ni le bien-être, ni la soutenabilité écologique**. Nous donnerons le dernier mot à René Passet *** :

 » Comme système, je ne vois rien d’autre que la bioéconomie. Les menaces qui pèsent aujourd’hui sur la biosphère, c’est-à-dire l’ensemble des êtres vivants et des milieux où ils vivent, conditionnent tout le reste. Incluse dans cette biosphère, les organisations économiques doivent en respecter les lois et les mécanismes régulateurs, en particulier les rythmes de reconstitution des ressources renouvelables ».

Nous ajoutons qu’il ne  faudrait pas utiliser de ressources non renouvelables de manière non recyclable.

* L’écologie, c’est l’emploi d’Hervé Kempf (leMonde du 22 octobre 2010)

** Adieu à la croissance de Jean Gadrey (les petits matins, 2010)

*** René Passet dans Télérama 3171 (20 octobre 2010)

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lapins en cage, travailleurs en clapier

La densité des lapins dans leur cage est de 45 kg/m2, soit une feuille de papier A4 par individu*. Manifester pour l’amélioration de leur sort est possible**. Allons plus loin : le sort des animaux en élevage intensif hors sol, lapins, poules, cochons, vaches… est similaires au sort des travailleurs. Pour comprendre cela, il faut lire d’urgence Les poules préfèrent les cages d’Armand Farrachi (Albin Michel, 2000). Un extrait :

« L’objectif à peine dissimulé de l’économie mondialisée est de soumettre le vivant aux conditions de l’industrie. En ce sens le sort des poules en cage, qui ne vivent plus nulle part à l’état sauvage, qui n’ont plus aucun milieu naturel pour les accueillir, augure ainsi du nôtre. Il est possible dans notre monde actuel de prouver que les poules préfèrent les cages, que les otaries préfèrent  les cirques, les poissons les bocaux, les Indiens les réserves, les Tziganes les camps de concentration, les humains les cités.

Si les poules préfèrent les cages, on ne voit donc pas pourquoi les humains ne préfèreraient pas les conditions qui leur sont faites, aussi pénibles, aussi outrageantes soient-elles, à une liberté dont ils ne sauraient faire bon usage et qu’ils retourneraient contre eux-mêmes. Les instituts de sondage, les enquêtes d’opinion et les études de marché prouvent statistiquement qu’un citoyen normal préfère l’anesthésie des jeux télévisés et des parcs de loisirs pour « se sentir en sécurité, ne pas éprouver de douleur, ne pas présenter de symptômes d’ennui et de frustration ». Il importe peu de savoir comment la volaille humaine s’épanouirait au grand air, mais à quel prix elle préférerait une cage. »

* LeMonde du 24 octobre 2010, des « lapins géants » protestent contre leurs conditions d’élevage

** Association de protection animalière L214

 http://www.l214.com/

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Monsanto et la prophétie de Rachel Carson

En 1962, Rachel Carson* montrait que le DDT n’avait pas d’avenir. Aujourd’hui, c’est le Roundup de Monsanto qui lui donne raison. Rachel Carson écrivait : « Le tir de barrage chimique, arme aussi primitive que le gourdin de l’homme des cavernes, s’abat sur la trame de la vie, sur ce tissu si fragile et si délicat en un sens, mais aussi d’une élasticité et d’une résistance si admirables, capables même de renvoyer la balle de la manière la plus inattendue. Ces extraordinaires possibilités de la substance vivante sont ignorées par les partisans de l’offensive chimique, qui abordent leur travail sans aucune largeur de vues, sans le respect dû aux forces puissantes avec lesquelles ils prétendent jouer. Vouloir « contrôler la nature » est une arrogante prétention, née des insuffisances d’une biologie et d’une philosophie qui en sont encore à l’âge de Neandertal, où l’on pouvait encore croire la nature destinée à satisfaire le bon plaisir de l’homme. »

                Aujourd’hui dans l’Arkansas**, les fermiers les plus modernes du monde doivent revenir à des outils d’un autre âge, la houe et la pelle, pour déloger l’amarante de Palmer qui envahit leurs champs. Il arrive que ses racines cassent des moissonneuses. La plante peut pousser de 5 centimètres par jour et atteindre deux mètres de haut, chaque femelle contient 250 000 graines. A bout de quinze ans d’usage intensif et exclusif du glyphosate (Roundup), une dizaine de « mauvaises » herbes sont devenues résistantes au produit, dont l’amarante de Palmer. Le mécanisme de la sélection naturelle a joué. La firme Monsanto perd le contrôle du monstre qu’elle a créé avec les transgéniques résistants aux insecticides, ses créatures de laboratoire font face à des mutants naturels.

                Mère nature n’en a fait qu’à sa tête ? Non, elle se défend comme elle peut contre la folie des humains, viol de la barrière des espèces, monoculture, empoisonnement des sols…

* Le Printemps silencieux de Rachel Carson (1962)

** La mauvaise graine de Monsanto (LeMonde du 19 octobre 2010)

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tous à la manif (à Nagoya)

 

Aucune conférence internationale n’arrivera à solutionner quelque problème que ce soit. A Nagoya, la dixième conférence des parties à la Convention sur la diversité biologique (CDB, 193 pays) ne fera pas exception à la règle. Que LeMonde (19 octobre 2010) consacre une page à la disparition des espèces n’y changera rien ! Une conférence internationale est par définition une rencontre entre nations : chacun défend les intérêts de son pays, pas l’intérêt commun. En 2002, on s’était engagé à freiner la disparition accélérée des espèces d’ici à 2010, aucun pays n’a respecté cet objectif. Les scientifiques démontrent qu’il n’y aura pas de planète de rechange, pourtant  rien ne change. Le Parti socialiste français souhaite dans un communiqué de presse  que « ces débats aboutissent à l’adoption d’objectifs internationaux ambitieux en faveur de la diversité biologique pour les horizons 2020 et 2050 ». Pas difficile de s’exprimer ainsi pour que rien ne change. Le WWF est présent à Nagoya pour suivre l’évolution du sommet au quotidien. La biodiversité continuera de se dégrader à un rythme inquiétant. La superficie et la qualité des habitats naturels continu à se dégrader presque partout. Le rythme auquel disparaissent les espèces est de 100 à 1000 fois plus rapide que ce qui s’est passé au cours des 500 derniers millions d’année.

Que la vie dans les forêts, les océans et les écosystèmes de notre planète constituent les fondements de notre société et de notre économie, au fond tout le monde s’en fout. La perte de biodiversité est encore une abstraction aux yeux des travailleurs. Il faudrait arrêter la déforestation, arrêter la destruction des écosystèmes, supprimer les subventions à la pêche industrielle, porter la superficie des espaces naturels protégés à 25 % (contre 13 % à l’heure actuelle), etc. Mais la perte de biodiversité est un avantage pour les industriels et les consommateurs. Tout le monde est donc complice, personne ne manifestera dans les rues pour protéger la richesse de la biodiversité.

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manifester c’est facile, réfléchir bien trop dur

Il est plus facile de bloquer un lycée après envoi d’un SMS que de s’interroger sur la pérennité d’un système de retraite. La rue perd toujours le sens des réalités car les mouvements de foule n’aident pas à la réflexion. Tout va encore plus mal quand syndicats et parti socialiste incitent la population à manifester indûment. Car l’endettement de la France oblige à une cure d’austérité et la réforme française en cours ne permet au mieux le refinancement que jusqu’en 2018. En Espagne un gouvernement de gauche recule l’âge de la retraite de 65 à 67 ans d’ici à la fin de cette année 2010. Ajoutons à la crise d’endettement de l’Etat que nos citoyens vivent en moyenne au-dessus des possibilités de la planète ; ce n’est donc pas seulement pour le régime de retraite qu’il faudrait faire des efforts. Nous allons nécessairement vers une société d’austérité généralisée, il faut l’expliquer dès maintenant aux Français, jeunes et moins jeunes. Les présidentielles de 2012 se joueront aussi sur le courage politique de regarder les réalités en face.

Au Royaume-uni, c’est paradoxalement un gouvernement conservateur qui donne l’exemple*. En ces temps d’austérité budgétaire, il ne se passe pas une semaine sans que le Premier ministre David Cameron prenne aux riches pour protéger les pauvres. Il est vrai qu’aux yeux des citoyens on ne peut faire accepter l’austérité que si les épaules les plus larges portent le poids des sacrifices les plus lourds. Si Sarko avait supprimé le bouclier fiscal en même temps qu’il lançait le chantier des retraites, la réforme aurait pu passer plus facilement… Pour être populaire, l’austérité se doit d’être juste, si ce n’est joyeuse : on peut vivre mieux avec moins dans les pays riches.

 Notons aussi que le vieillissement d’une population pousse inéluctablement au durcissement des conditions de la retraite, même la Chine en a conscience**.

* LeMonde du 17-18 octobre 2010, l’austérité juste de David Cameron pèse sur les plus riches.

** LeMonde du 17-18 octobre 2010, Shanghai teste un report de l’âge de départ à la retraite.

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Google, adepte du greenwashing

Google participe à un projet d’investissement*, l’Atlantic Wind Connection, un parc immense d’éoliennes offshore. Google manifeste ainsi son enthousiasme pour les énergies renouvelables. Google dispose d’une réserve de liquidités de 30 milliards de dollars. Google va sauver la planète !

                Un peu de calme. Google se trompe d’objectif, il ne s’agit pas de construire de plus en plus d’éoliennes pour être écolo. Les participants à un sondage délibératif** sur l’avenir de l’énergie, organisé par James Fishkin, avaient changé d’avis au cours de l’exercice. Si, au début, ils avaient une nette préférence pour les énergies renouvelables (dans l’espoir de concilier une croissance ininterrompue de la consommation énergétique et des impératifs environnementaux), après instruction et discussion, ils ont mis l’accent sur une autre option : davantage d’investissement dans les économies de l’énergie. Tenant mieux compte des contraintes auxquelles leur région devait faire face, les participants ont élargi leurs perspectives au-delà de leurs préférences de consommateurs et de leurs intérêts d’électeurs. Comme eux, Google doit devenir véritablement écolo.

                Nous devons faire de drastiques économies d’énergie, ne pas cumuler les sources d’énergie mais seulement substituer aux énergies fossiles des énergies renouvelables. Google ferait donc mieux de nous inciter à cliquer moins souvent sur Internet, 7 grammes de CO2 émis à chaque fois. Google ferait mieux de disparaître avec les autres moteurs de recherche, cela ferait des économies d’électricité.

* LeMonde du 16 octobre 2010, Google veut faire souffler sur l’Atlantique le vent de l’écologie

** Vers une démocratie écologique de Dominique Bourg et Kerry Whiteside (Seuil, octobre 2010)

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