Jacques au Moyen Age

Nous ne sommes plus au Moyen Age. Pourtant Jacques Le Goff, spécialiste de cette époque lointain, y  croit encore. Il compare la peur de la fin du monde des millénaristes aux inquiétudes de la science aujourd’hui : « L’écologie, la peur du réchauffement climatique engendre des propos producteurs de transes et de  cauchemars. » (LeMonde du 14-15 mars). D’abord, il suffit d’écouter les psalmodies des élections régionales, on n’y trouve aucun cauchemar puisque la croissance sera verte et le développement durable, même pour les candidats écolos. Ensuite le citoyen moyen ne s’imagine pas du tout que son monde va s’écrouler, il a tellement besoin de sa bagnole et de son confort. Enfin les climato-sceptiques l’emportent largement dans l’imaginaire de nos contemporains : dormez, braves gens, l’apocalypse c’est irrationnel, vaut mieux s’occuper du concret, de la faim, des maladies, du niveau de vie.

Les écologistes ne disent pas qu’il faut revenir au Moyen Age ou à l’âge de pierre, ils ne disent pas qu’il faut ignorer les inégalités et difficultés sociales, ils nous disent simplement avec Jacques Chirac : « La planète brûle et nous regardons ailleurs »… Cette diatribe irraisonnée de Jacques Le Goff  est donc pitoyable, presque pathétique. Mais de la part d’un homme de 86 ans qui en est resté au Moyen Age, c’est excusable. Ce qui l’est moins, c’est que Le Monde lui fasse de la place dans ses colonnes alors qu’il y a tant à dire sur les crises écologiques qui minent la biosphère, alors que l’espace éditorial est si petit, alors que les médias sont si influents.

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la guerre du climat, une idiotie

La guerre du climat fait rage. La médiatrice du Monde consacre son intervention à ce conflit brûlant (édition du 13 mars) : « réchauffistes » contre climato-sceptiques ! Pourtant le raisonnement suivant (en 7 parties) nous semble validé par les scientifiques. En conséquence, nous avons l’obligation de réduire nos émissions anthropiques de gaz à effet de serre. Nous estimons que penser autrement, c’est vraiment idiot, c’est faire l’impasse sur l’avenir de nos générations futures.

1/7) introduction

Une inquiétude est née de l’observation du réchauffement climatique. Pourtant, ce n’est que dans les années 1970 que la relation théorique entre teneur de l’atmosphère en CO2 et augmentation des températures est corrélée. L’inquiétude grandit quand les carottages de glace en Antarctique révèlent, en 1985, que CO2 et réchauffement ont été corrélés dans le passé de la Terre. La politisation du débat se fait alors très rapidement : une conférence réunit en octobre 1985 à Villach (Autriche) des scientifiques et des fonctionnaires internationaux. Cela débouche sur la création du GIEC en 1988. Son premier rapport est publié en 1990 et conduit à l’adoption, en 1992, de la Convention sur le changement climatique. Tout cela se transforme en processus impliquant tous les Etats au sein d’une négociation internationale qui commence à peser sur les débats politiques nationaux. Les Etats sont amenés à adopter le protocole de Kyoto en 1997.    

Traditionnellement les politiques et les industriels imposent aux sciences appliquées leurs désirs de puissance ou de profit. Pour la première fois le GIEC (groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat) a mis les politiques et les industriels à l’écoute des scientifiques. Une interaction féconde unit de plus en plus solidement communauté scientifique et gouvernements. Les groupes de travail tiennent compte des compétences, mais aussi de l’équilibre géographique pour que les pays en développement soient aussi bien représentés que les pays riches.

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on nous prend pour des cons

Les climato-sceptiques nient par leur propagande cette évidence : il  faut diminuer les émissions de gaz à effet de serre d’origine anthropique. Les élites médiatisées, en proclamant la nécessité du développement-croissance, nient cette évidence : l’humanité a déjà dépassé les possibilités d’accueil de la biosphère. Les démographes patentés, polarisé par le vieillissement (mondial) de la population, nient cette évidence : il y a un décalage inquiétant entre la croissance de la population mondiale et le potentiel de ressources alimentaires. Jean-Pierre Guegan est l’un des rares démographies qui ose enfourcher le cheval de bataille de la planification familiale en Afrique (LeMonde du 12 mars) : « Une croissance de 2,5 % à 3 % du taux de fécondité, ce qui est le cas aujourd’hui dans une quinzaine de pays d’Afrique subsaharienne, est insoutenable. » Pourquoi donc le discours apparent dans notre société peut-il à ce point nier l’évidence ?

Parce que le discours sur l’effondrement ne peut être tenu par les responsables économiques et politiques, qui, à la place qu’ils occupent, sont soumis aux contraintes de l’interaction spéculaire (« relatif au miroir », mimétisme). La société est un système de représentations croisées entre individus : je me représente la manière dont les autres se représentent les choses et moi-même. Ce  mimétisme constitue ce qui garantit l’unification des sociétés. Mais aussi leur marche au pas de l’oie vers le désastre, socio-politique ou écologique. Un individu soumis à la dictature ne se demande pas s’il veut renverser le régime, mais seulement s’il le ferait au cas où un certain nombre d’autres le feraient aussi. De nombreux exemples historiques montrent qu’ainsi un régime détesté de (presque) tous s’impose et se maintient plus longtemps qu’un régime légitimé par une majorité. C’est parce qu’il y a interaction spéculaire que les climato-sceptiques, les élites médiatisées et les démographes patentés peuvent faire aujourd’hui la loi.

Néanmoins, la pensée unique peut aussi s’effondrer rapidement tellement sont imprévisibles les dynamiques sociales dues à l’interaction spéculaire. On nous prend pour des cons, mais nous pouvons réfléchir. Montrons l’exemple, soyons écolos.

 

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la principale guerre du XXIe siècle

La guerre des terres ! L’avenir n’est ni dans l’industrie, ni dans les services ; il se déploiera dans l’agriculture et l’artisanat. La logique thermo-industrielle qui faisait décroître le secteur primaire pour faire croître le secteur industriel avec comme finalité de se terminer par un tertiaire obèse est en train de s’inverser. Nous voyons les prémices de ce changement en Inde, dans la guerre des terres qui se radicalise entre paysans et industriels (LeMonde du 11 mars). Nous savons que l’expropriation des paysans s’est faite historiquement en toute malhonnêteté, au nom de l’« intérêt général », c’est-à-dire pour le plus grand profit des investisseurs étrangers à la terre. Nous savons qu’un désengagement de l’Etat dans l’expropriation laisserait libre cours aux hommes de main des grandes industries et aux mirages d’un emploi dans ce qui a détruit l’emploi. Mais nous savons aussi qu’avec l’effondrement du système thermo-industriel, seuls ceux qui seront au plus près des ressources alimentaires pourront s’assurer un avenir durable (s’ils ne sont pas victimes de pillards). Manger est une nécessité, pas rouler dans une Tata Nano. C’est pourquoi Rajapogal, leader du mouvement des sans-terre, prône l’application des idées du Mahatma Gandhi. Ce philosophe et activiste (1869-1946) est en effet l’un des rares penseurs à avoir imaginé une société  durable :

1) « Je dois reconnaître qu’entre l’économie et l’éthique je ne trace aucune frontière précise : le régime économique qui va à l’encontre du progrès moral d’un individu ou d’une nation ne peut qu’être immoral. Le but à atteindre est de promouvoir le bonheur de l’homme, tout en le faisant parvenir à une complète maturité mentale et spirituelle. Pour parvenir à cette fin, il faut qu’il y ait décentralisation. Car la centralisation est incompatible avec une structure sociale non-violente. Si chaque région produit ce dont elle a besoin, le problème de la distribution se trouve automatiquement réglé ; il devient plus difficile de frauder et impossible de spéculer. »

2) « Après des réflexions prolongées, j’en suis venu à une définition du Swadeshi : le fait de nous restreindre à l’usage et aux ressources de notre environnement immédiat. En matière économique, ne faire usage que des biens produits par le voisinage. Un Swadeshiste apprendra à se passer de centaines d’objets qu’il considère aujourd’hui comme indispensables. Sous la discipline du Swadeshi, la privation d’une épingle qui ne soit pas fabriquée en Inde n’a rien d’intolérable. La profonde misère dans laquelle est plongée la majorité des Indiens est due à l’abandon du Swadeshi. Si aucun bien n’avait été importé en Inde, ce pays serait aujourd’hui une contrée où coulerait le miel. »

(L’Ecologiste n° 6, hiver 2001 « Défaire le développement, REFAIRE LE MONDE »)

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Ecologie et régionales

Quelle est la place de l’écologie dans la bipolarisation de la vie politique française ? Pour Eric Loiselet, membre fondateur du pôle écologique du PS, animateur de la motion B (pour un parti socialiste résolument écologiste) lors du Congrès de novembre 2008, adjoint national auprès de la secrétaire à l’environnement Laurence Rossignol, les choses étaient claires : l’urgence écologique devait être prise en compte par le PS. Mais la motion B n’a eu aucun succès lors du vote des militants, et la commission nationale à l’environnement a depuis lors un encéphalogramme plat. Loiselet s’est donc envolé vers Europe Ecologie, on pourrait le comprendre. Corinne Lepage, ancienne ministre de l’environnement, récupérée par le Modem pour les présidentielles, juge maintenant que « nous pouvons construire une maison commune des écologistes, des démocrates et des humanistes ». Faisant fi des accusations de « déloyauté » lancées par François Bayrou (LeMonde du 10 mars), il s’agirait de mettre fin à la bipolarisation de la scène politique. Mais le positionnement de chacun pour les régionales n’est qu’un épiphénomène ; les transfuges ne placent pas la bipolarisation là où elle se trouve.

Sans doute le clivage qui marque depuis la Révolution française la séparation entre une droite conservatrice et  cléricale et une gauche républicaine et progressiste est-il obsolète. Sans doute l’opposition entre la droite et la gauche est-elle en décalage croissant avec l’urgence écologique. Mais faut-il rappeler que les représentants du capitalisme comme ceux du socialisme ont toujours manifesté une foi inébranlable dans les vertus d’un progrès menant l’humanité vers le bien être matériel et la paix entre les hommes. Cette croyance au progrès, marqué pourtant par des totalitarismes et des massacres, entre dans une crise idéologique majeure. Les repères se brouillent, la droite a même confisqué à la gauche le monopole du progressisme et de l’engagement écologique. Car l’écologie est transversale, elle ne peut être revendiquée par aucun parti. Un troisième pôle politique, représenté principalement par les Verts (Europe-Ecologie), peut sans doute faire réfléchir l’électorat et accélérer une prise en compte de l’urgence écologique. Mais la distinction essentielle ne se trouve plus dans une appartenance à la droite, la gauche ou une alternative, elle se trouve à l’intérieur de chaque parti, à l’intérieur de chaque militant, à l’intérieur de chaque citoyen : il y a notre part « moderniste » qui revendique un système économique sans limites, et notre réflexion profonde qui commence à savoir que nous avons déjà franchi les limites de la biosphère et qu’il faut changer de chemin…, pas de parti !

 

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les transfuges des régionales

Les élections régionales donnent l’occasion d’une recomposition politique. Eric Loiselet, socialiste premier fédéral de Haute Marne, est devenu tête de liste d’Europe Ecologie en Champagne-Ardenne. Stéphane Gatignon, maire communiste de Sevran, est devenu tête de liste en Seine-Saint Denis. Est-ce le signal d’une vague écolo en France ? Nous pourrions d’abord dire que c’est le signe de la décomposition de nos élites qui vont toujours là où le vent souffle. Autrefois il s’agissait de rester dans le même parti qui servait de tremplin électoral. Aujourd’hui, en ces temps incertains, on change de parti comme de chemise. Cela correspond aussi au fait qu’Europe Ecologie n’était pas très regardant sur la force des conversions écolo de son affichage : « Ce mouvement est aveuglé par la peopolisation et la recherche de starisation pour leurs listes » (Alain Bucherie).

On peut d’ailleurs dire du socialiste Loiselet qu’il véhicule un écologisme mou : « Loin d’être des partisans de la décroissance, du retour à la bougie et de la dépopulation, les Verts veulent retrouver le chemin du développement économique et de la dynamique démographique » (AFP, 1er février 2010). On peut dire du communiste Gatignon qu’il a encore du mal à parler d’écologie, car sa vraie nature, c’est d’être communiste. Et un bon communiste est toujours imprégné du productivisme marxiste (c’est le même que le productivisme social-libéral).

Comme l’exprime Simon Charbonneau, un vrai écologiste sait distinguer la décroissance subie de la décroissance choisie. En ce qui concerne la première catégorie, il faut rappeler que la croissance de nos biens matériels produits par l’industrie entraîne la décroissance de nos biens matériels naturels. Il s’agit d’une logique imparable qui explique l’appauvrissement de la biodiversité, l’épuisement des ressources naturelles, l’uniformisation de nos paysages. Une décroissance choisie implique au contraire une remise en question complète de la performance technologique et économique et de l’accentuation de la mobilité des hommes et des marchandises. De telles perspectives impliquent une réflexion politique totalement nouvelle que ne peuvent porter pour le moment ni Loiselet, ni Gatignon.

Source documentaire :

Loiselet : Mensuel La  décroissance (mars 2010), Europe Ecologie ou le triomphe de la société du spectacle

Gatignon : Quotidien LeMonde  (9 mars 2010), Du rouge au vert

 

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à poil et sans poils

La femme moderne se veut l’égale du singe, elle se montre à poil, du moins sur les affiches. La femme moderne ne se veut plus l’égale du singe, elle enlève ses poils. En cette journée mondiale de la femme, parlons du poil qui libère et de l’épilation intégrale qui enchaîne. D’abord les femmes ôtèrent les poils du mollet, c’était dans les années 1920 avec les robes courtes et les premiers bains de mer. Et puis les maillots couvrant de moins en moins de chair, ce fut l’épilation de la jambe entière et même des poils du pubis qui pouvaient dépasser. Aujourd’hui les jeunes filles deviennent adeptes de l’épilation intégrale.

Il n’y a pourtant dans cette évolution que conformisme et effet de mode orchestré dans le seul but de vendre des tissus dont l’élasticité croissante (fini les maillots en laine, vive les matières synthétiques !) et la texture permettait de réduire la taille du bikini ou de mouler les mollets. Aujourd’hui les hommes se mettent au diapason. Pour les garçons la transformation du duvet en barbe révélait la fin de l’adolescence et l’identité masculine, un véritable ancrage dans une spécificité corporelle. Mais on a inventé les rasoirs mécaniques ou électriques, les jetables et les super-performants à trois lames. Maintenant  il y a une convergence des sexes qui fait que les hommes ne se rasent plus seulement la barbe, mais  pratiquent aussi de plus en plus une épilation poussée. Manière d’affirmer la supériorité de la culture sur la nature, manière de souligner l’éloignement de l’homme  de son origine animale? Que nenni ! Les corps des deux sexes sont dorénavant instrumentalisés, le poil est devenu le cœur d’une nouvelle cible à des fins mercantiles. Ainsi l’industrie mondiale de l’épilation a réalisé en 2008 un chiffre d’affaires de 1,3 milliards d’euros

Nous ne trouvons pas positive l’évolution de la société moderne. Contre la société thermo-industrielle et pour un rapprochement de notre mère Nature, inversez la tendance et redécouvrez le plaisir d’être velu, que vous soyez hommes ou femmes.

PS : Pour les données chiffrées, LeMonde du 7-8 mars (La tyrannie de l’épilation) ; les journalistes nous rappellent que celles qui se dénudaient à Woodstock étaient à l’aise dans tous leurs poils.

 

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des déchets en héritage

Avec l’explosion démographique, le carcinome de l’urbanisme désordonné, les eaux d’égout et les déchets formant désormais de véritables couches géologiques, il est certain qu’aucun créature autre que l’homme n’a jamais réussi à souiller son nid en un temps aussi court. Si l’humanité disparaissait, combien de temps faudrait-il pour rendre à l’Eden l’allure et les parfums qui étaient les siens à la veille de l’apparition d’Adam ? La végétation recouvrirait le bitume et le béton, tout ce qui fait les routes et les villes, les maisons et les usines disparaîtraient du regard. Ce processus ne prendrait que quelques centaines d’années. Mais les métaux lourds comme le plomb, le mercure ou le cadmium mettraient des millénaires à être recyclés et la concentration en gaz carbonique dans l’atmosphère ne retrouverait des niveaux pré-humains que dans au moins 100 000 ans.

Un espace emplis de déchets plastiques et grand comme le Texas a été découvert récemment dans l’Atlantique nord : ils se rassemblent dans une gyre, là où les courants aboutissent  et dont les objets ne s’échappent jamais. Le plastique est très résistant, aucun micro-organisme n’est capable de le dégrader complètement. Même transformé en poudre, tous les plastiques produits depuis que l’homme les fabrique sont encore présents à l’état de trace dans l’environnement. Il faudra attendre que les processus géologiques refaçonnent la surface de la Terre pour que soit anéanti le plastique de la poupée Barbie.

Les humains ne seront à leur place dans la biosphère que s’ils utilisent uniquement ce qui est biodégradable, que ce soit pour leurs habitations ou leurs consommations. Ce n’est pas les pyramides d’Egypte qui importent, elles sont seulement significatives de la démesure de ceux qui nous gouvernent. Les humbles paysans du temps des pharaons n’ont laissé aucun trace, et cela est bon.

Source documentaire :

The Historical Roots of Our Ecologic Crisis de Lynn White Jr. (1966)

Homo disparitus d’Alan Weisman (2007)

LeMonde du 6 mars 2010

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le cycle infernal des OGM

Il y a les pays qui ne se posent pas de question : en 2006, 21 pays cultivaient déjà des OGM sur 90 millions d’hectares alors que l’agriculture biologique ne représentait que 26 millions d’ha. Il y a la commission européenne qui autorise aujourd’hui quatre OGM sans respecter l’avis de Etats (LeMonde du 5 mars 2010). Et il y a les opposants purs et durs qui ont des arguments.

Alors que les plantes fabriquent naturellement des insecticides pour se protéger des parasites, la sélection industrielle a fait perdre cette propriété. Ainsi les variétés traditionnelles de maïs produisent une substance quand elles sont atteintes par la chrysomèle qui ravage les champs. Cette substance émise par les racines attire des nématodes qui s’attaque aux larves de chrysomèle. L’« amélioration végétale » ayant éliminé cette défense naturelle, il fallait rechercher dans des maïs rustiques la molécule bienfaisante pour l’inclure dans un OGM. Le progrès répare ainsi les méfaits du progrès, le cycle du profit est bouclé. L’industrie détruit la nature et fait semblant de réparer  tout en détruisant la petite paysannerie.

Pourquoi ne pas recourir aux semences rustique que conservent encore quelques paysans ? Pour l’idéologie ambiante, ce serait revenir en arrière, retourner à la bougie. Pour la biosphère, ce serait la seule solution durable : il faut soutenir le retour des paysans et programmer la fin des chimères génétiques.

NB : Informations techniques apportées par Jacques Testard, revue La décroissance, mars 2010

 

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l’apocalypse devient réelle

Un livre formidable vient de sortir, Crise écologique, crise des valeurs ? sous la direction de Dominique Bourg et Philippe Roch. Voici deux extraits qui vont dans le même sens, l’apocalypse devient réelle et non plus fantasmée.

Dominique Bourg : « Le rythme d’érosion de la biodiversité est cent à mille fois plus rapide que lors des grands épisodes d’extinction du passé. Nous éprouverons prochainement le pic pétrolier vers 2015, c’est-à- dire le moment à partir duquel nos capacités d’extraction pétrolière – plus tard  gazière, puis encore plus tard charbonnière -, chuteront inexorablement. Nous sommes déjà et seront de plus en plus confrontés à la finitude des ressources sur bien d’autres plans, notamment pour certains métaux qui peuvent constituer des goulots d’étranglement technologiques. A consommation constante, les réserves d’or sont évaluées à 7 ans, d’argent à 13 ans, de palladium à 15 ans, de zinc à 17 ans, de plomb à 22 ans de cuivre à 31 ans. La finitude en question vaut particulièrement pour l’eau douce. Une dizaine parmi les plus grands fleuves du monde ne rejoignent plus régulièrement la mer. L’équipe Meadows a repris sur des bases de données réactualisées les travaux sur les limites de la croissance qui l’ont rendue célèbre en 1972 (the Limits to Growth,  the 30-Year Update, 2004). Les conclusion n’ont pas changées : la croissance exponentielle ne peut que conduire à un sommet de pollutions, de dégradations et à un effondrement de la population. Enfin, il sera très difficile d’éviter d’ici à la fin du siècle une augmentation de la température moyenne de plus de 3 °C,  avec une montée générale des mers qui pourrait aller jusqu’à deux mètres. »

Alain Grandjean : « Pour Jean-Pierre Dupuy, nous sommes en sursis, la seule option c’est de croire à la catastrophe finale pour pouvoir en retarder l’échéance. Pour d’autres, c’est inévitable car l’espèce humaine ne réagit fortement qu’au moment où la catastrophe est sensible et il sera alors trop tard. Pour d’autres encore, il est trop tard parce qu’il est impossible que les citoyens des pays développés réduisent fortement et rapidement leur consommation d’énergie, et il est impossible que les Indiens, les Chinois acceptent de ne pas accéder à notre standard de vie rapidement. Pour d’autres enfin, les mécanismes internationaux et les mécanismes démocratiques sont tout à fait inadaptés pour régler les problèmes actuels.

Mais, comme l’avait dit Karl Popper, l’avenir n’est pas écrit, il est « irrésolu ». Si les comportements humains se sont montrés non coopératifs pendant des siècles, on ne peut en déduire logiquement qu’ils le seront toujours… »

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Allègre radote, le GIEC tranche

Claude Allègre s’interroge sur les questions qui restent posées, mais comme il y répond déjà dans LeMonde du 4 mars, nous n’en dirons rien de plus ; le radotage* ne nous intéresse pas. Nous préférons offrir à nos lecteurs un résumé du Résumé à l’intention des décideurs** élaboré par le GIEC en 2007 :

 1) Les concentrations atmosphériques mondiales de dioxyde de carbone, de méthane et d’oxyde nitreux ont fortement augmenté en conséquence des activités humaines entreprises depuis 1750, et dépassent aujourd’hui largement les valeurs préindustrielles déterminées à partir des carottes de glace couvrant plusieurs milliers d’années. L’augmentation mondiale de la concentration en dioxyde de carbone est essentiellement due à l’utilisation des combustibles fossiles et aux changements d’affectation des terres, tandis que la concentration accrue de méthane et d’oxyde nitreux est essentiellement due à l’agriculture.

2) Le réchauffement du système climatique est sans équivoque, car il ressort désormais des observations de l’augmentation des températures moyennes mondiales de l’atmosphère et de l’océan, de la fonte généralisée des neiges et des glaces, et de l’élévation du niveau moyen mondial de la mer.

3) A l’échelle des continents, des régions et des bassins océaniques, de nombreux changements climatiques à long terme ont été observés. Ils incluent des changements des températures et des glaces arctiques, des changements largement répandus dans les volumes de précipitations, la salinité de l’océan, les structures des vents et des aspects de phénomènes climatiques extrêmes, tels que les sécheresses, les fortes précipitations, les vagues de chaleur et l’intensité des cyclones tropicaux.

4) Les informations paléoclimatiques confirment l’interprétation selon laquelle le réchauffement du demi-siècle passé est atypique par rapport aux 1 300 dernières années minimum. La dernière fois que les régions polaires ont été significativement plus chaudes qu’aujourd’hui (il y a environ 125 000 ans), la réduction du volume des glaces polaires a entraîné une élévation du niveau des mers de 4 à 6 mètres.

5) L’essentiel de l’accroissement observé sur la température moyenne globale depuis le milieu du XXe siècle est très probablement dû à l’augmentation observée des concentrations des gaz à effet de serre anthropiques. Ceci représente un progrès par rapport à la conclusion du troisième Rapport d’évaluation qui indiquait que « l’essentiel du réchauffement observé au cours des 50 dernières années était probablement dû à l’accroissement de la concentration en gaz à effet de serre ». L’influence humaine est maintenant perceptible dans d’autres aspects du climat, tels que le réchauffement des océans, les températures continentales moyennes, les températures extrêmes et la structure des vents.

6) Pour les deux décennies à venir, un réchauffement d’environ 0,2°C par décennie est simulé pour une série de scénarios. Même dans l’éventualité où les concentrations de tous les gaz à effet de serre et des aérosols restaient constantes par rapport au niveau de l’année 2000, on doit s’attendre à un réchauffement d’environ 0,1°C par décennie.

7) La poursuite des émissions de gaz à effet de serre au rythme actuel ou à un rythme supérieur provoquerait un réchauffement supplémentaire et entraînerait de nombreuses modifications du système climatique mondial au cours du XXIe siècle qui seraient très probablement plus importantes que celles observées au cours du XXe siècle.

8) Le réchauffement et l’élévation du niveau de la mer dus à l’homme continueraient pendant des siècles en raison des échelles temporelles associées aux processus climatiques et aux rétroactions, même si les concentrations des gaz à effet de serre étaient stabilisées.

NB* :  radoter, répéter de façon fastidieuse les mêmes propos.

NB** : cette contribution du Groupe de travail I au quatrième Rapport d’évaluation du GIEC décrit les progrès accomplis dans la compréhension des causes humaines et naturelles des changements climatiques.

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l’illusionniste Cohn-Bendit

Daniel Cohn-Bendit, dans un dialogue récent avec Luc Ferry, raisonne comme la droite : « Pour être intelligente, large et mobilisatrice, je pense que l’écologie doit oublier ce que j’appelle la définition apocalyptique. Il y a là un danger de mises entre parenthèses de la démocratie. » Dany croit par exemple qu’il faut cultiver « l’attrait démocratique » à propos de la dégradation climatique. Des mots, des mots ! La démocratie réelle ne peut pas être un système politique dans lequel on traite les citoyens comme de grands enfants auxquels il faut cacher les réalités sordides. D’ailleurs, dans l’éditorial La mer, le risque (leMonde du 3 mars), c’est clair : « Entre 1999 et 2006, ce sont près de 10 000 logements qui ont été bâtis en zones inondables sur l’ensemble du territoire. C’est le cas, notamment à la Faute-sur-mer (ndlr : au nom prédestiné). En Vendée, le risque était connu. Là encore, il a été occulté, comme si l’on voulait écarter la perspective du pire, et se persuader que les catastrophes n’arrivent qu’aux autres. »

Il en est de Cohn-Bendit comme des promoteurs immobiliers, pour eux l’apocalypse n’est pas possible ; La preuve, ils disent que ce n’est pas possible. Mais l’écologiste Cohn-Bendit oublie ses classiques : lorsqu’on s’est à ce point éloigné du réel, le meilleur moyen de le faire revenir est d’agiter la menace de la catastrophe. La catastrophe met en cause l’idée même de maîtrise, en inversant brutalement les rapports entre l’homme et la nature : le partenaire oublié revient en force, manifeste avec éclat sa présence. Jean Pierre Dupuy montre que l’on peut argumenter en faveur d’« un catastrophisme éclairé ». Jean-Pierre Dupuy descend en flamme l’idée démocratique dans une société manipulée : « Le pouvoir d’attraction d’une opinion croit avec le nombre d’individus qui la partagent. On conçoit que les effets de la polarisation mimétique en soient d’autant accentués. Mais l’imitation généralisée a le pouvoir de créer des mondes parfaitement déconnectés du réel. » Il parle aussi des  catastrophes en zones inondables : « Le malheur est notre destin, mais un destin qui n’est tel que parce que les hommes n’y reconnaissent pas les conséquences de leurs actes. »

En définitive, Jean-Pierre Dupuy pense l’inverse de Cohn-Bendit : « L’heuristique de la peur, ce n’est pas de se laisser emporter par un flot de sentiments en abdiquant la raison ; c’est faire preuve d’une peur simulée, le révélateur de ce qui a pour nous valeur incomparable. Hans Jonas écrit dans Le Principe Responsabilité : « La peur qui fait essentiellement partie de la responsabilité n’est pas celle qui déconseille d’agir, mais celle qui invite à agir ». Le débat démocratique au sujet des nouvelles menaces va porter de plus en plus sur les limites que les sociétés industrielles vont devoir s’imposer à elles-mêmes, en coordination les unes avec les autres, ou bien c’est un écofascisme terrifiant qui risque d’imposer sa loi à la planète. » »

Source documentaire :

Pour un catastrophisme éclairé de Jean-Pierre Dupuy (2002)

Daniel Cohn-Bendit/Luc Ferry in mensuel terraeco de mars 2010

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écologisme et carême

Le carême est ce temps de pénitence consacré à la préparation de Pâques et s’étendant du mercredi des Cendres (17 février 2010) au jeudi saint, soit quarante jours. Alina Reyes respecte ce rite en conformité à sa religion chrétienne : « Ce n’est pas moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi ». Nous, biosphere, faisons d’abord remarquer  que cette pratique du jeûne et de la modération n’est pas respectée par la majorité des chrétiens, dommage. Ensuite nous avons lu (Bonne entrée en carême, LeMonde du 28 février-1er mars 2010) qu’Alina Reyes ne parlait à aucun moment d’écologie. Dommage ! Car l’ascèse, la limitation des besoins, est un mot d’ordre de l’écologisme. Le jour où les adeptes des religions du Livre, qui normalement louent la « Création », comprendront que leurs fondements spirituels vont au respect de la biosphère et non à son exploitation éhontée, alors l’écologisme progressera vraiment.

Voici les propos d’Alina Reyes auxquels nous souscrivons : « Il ne saurait y avoir de spiritualité sans ascèse. Donner, jeûner participent du même mouvement : se priver, dégager de la place en soi pour l’espace intime où peut se déployer la vie, la rencontre réelle. Aller à l’Essentiel. Dans l’ascèse, nous apprenons le contentement, Se contenter de peu, sagesse universelle. L’abondance et la facilité nous divertissent et nous paralysent, nous rendent incapables d’aller au bout de l’amour. Se priver un temps de divertissement, de viandes, de sucreries, d’alcools, on croit que c’est difficile, mais il suffit de s’abandonner à le faire, pour s’apercevoir que ce n’est rien. Par l’exercice du manque, l’ascèse abolit le manque. Abolit la séparation entre le désir et son accomplissement. Pour s’apercevoir qu’on a gagné beaucoup en liberté, et donc en possibilité d’aimer vraiment.

Pas d’Internet ni de télévision. Ces forces de divertissement, ces forces séductrices, qui veulent nous faire oublier la mise à mort qu’elles opèrent sur nous. Parfois je me dis : il faudra que j’allume la radio pour les informations. Mais j’oublie toujours. Pourquoi donc être en permanence branché sur les misères du monde ? Les misères du monde sont le divertissement caché de l’homme moderne. Et dans ses divertissements affichés, éclate la misère. Plus je me gave d’informations, plus elles font écran à une perception profonde, à une compassion réelle. »

 

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Allègre/Le Pen, même combat

Il ne faudrait pas parler de Claude Allègre en matière de climat, il n’y connaît rien. De son dernier livre sur « L’imposture climatique », il suffit de retenir le fait qu’il confond les « spécialistes américains du climat » et les présentateurs météo des chaînes de télévision américaines. Si on veut en savoir plus sur les cent-fautes de l’ancien ministre et la liste imaginaire des « cautions » scientifiques qu’il a enrôlé au service de ses idées fumeuses, lire LeMonde du 28 février-1er mars.

Le sous-titre de son livre, « la fausse écologie » mérite par contre toute notre attention. Il y aurait un « totalitarisme climatique » dont le GIEC serait le bras armé. C’est son obsession constante, il y aurait deux sortes d’écolo : les bons dont il ferait partie évidemment, de véritables environnementalistes adepte de l’écologie productive qui adhèrent au progrès. Et puis il y aurait les méchants, les éco-fondamentalistes hostiles au progrès et à l’humanisme, qu’il faudrait laisser dans leurs arbres. Le paradoxe, c’est que les errements de ce saltimbanque des tréteaux ont été repris lors du colloque du conseil scientifique du Front national sur le réchauffement climatique qui s’est tenu à Nanterre le 30 janvier 2010. Jean-Marie Le Pen, citant Claude Allègre, a exposé combien était fausse la théorie selon laquelle l’activité humaine causait le changement climatique en cours. « Il s’agit d’un dogme. Un dogme, par définition, se passe de toute preuve rationnelle. »

Le Pen avait révélé l’enjeu idéologique de l’affaire : « Il ne peut y avoir croissance s’il n’y a pas développement de l’économie, et donc de l’énergie qui la sous-tend ». Cl.Allègre tient un discours similaire : « A une écologie dénonciatrice et punitive, nous souhaitons substituer une écologie de la création, de l’invention, du dépassement, de la réparation qui débouche sur la croissance économique. » Pour Le Pen comme pour CL.Allègre, il ne faut pas remettre en cause la croissance économique. Il est donc nécessaire de ne pas reconnaître la responsabilité de la consommation d’énergie dans le réchauffement climatique. Allègre comme le Pen sont des irresponsables qui préparent un écolo-fascisme parce qu’ils auront occulté nos problèmes et empêché un nouvel ordre des choses, plus respectueux de la biosphère : l’équilibre plutôt que la croissance.

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un animal débile (suite)

Sommes-nous prêt à électrocuter un inconnu pour les besoins d’un jeu télévisé ? Oui, d’après les résultats d’une expérience ingénieuse. Pour cette variante de l’expérience de Stanley Milgram, réalisée en 2009, 80 volontaires sont recrutés pour un pseudo-nouveau-jeu, « La zone Xtrême ». Encouragé par l’animatrice Tania Young (« Nous assumons toutes les conséquences ») et un public frétillant (« Châ-ti-ment ! Châ-ti-ment ! »), chaque candidat doit électrocuter un inconnu, invisible mais audible, à chaque erreur commise lors d’une épreuve de mémoire verbale. Le voltage augmente au fil des décharges électriques. Aucun des tortionnaires ne sait que sa victime est en réalité un comédien. 82 % des candidats du jeu télévisé iront jusqu’au bout, à la stupéfaction des scientifiques. Que l’émission soit présentée comme destinée au grand public ou uniquement réservée à des directeurs de programmes, les résultats sont identiques. Les candidats sont tiraillés entre l’obéissance à la règle (« je me suis engagé à jouer ce jeu ») et leurs valeurs morales (« Je ne peux pas faire souffrir cet homme »). Pour l’écrasante majorité, la docilité prime. Pour le téléspectateur, ce constat est aussi une forme d’électrochoc. (Jusqu’où va la télé, série documentaire en deux parties, présentée par Sciences humaines de mars 2010)

Pour la biosphère, ce tortionnaire blotti en chacun de nous est une mauvaise nouvelle. Comme les humains sont prêts à faire n’importe quoi les uns par rapports aux autres, autant dire que la planète, ils s’en foutent complètement…

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un animal débile, l’homme

Thèse : Une expérience a montré que des singes rhésus refusaient, plusieurs jours durant, de tirer sur une chaîne libérant de la nourriture si cette action envoyait une décharge électrique à un compagnon dont ils voyaient les convulsions. » (LeMonde du 27 février)

Antithèse : Encouragé par l’animatrice Tania Young (« Nous assumons toutes les conséquences ») et un public frétillant (« Châ-ti-ment ! Châ-ti-ment ! »), chaque candidat doit électrocuter un inconnu, invisible mais audible, à chaque erreur commise lors d’une épreuve de mémoire verbale. (Jusqu’où va la télé, série documentaire en deux parties, présentée par Sciences humaines de mars 2010)

Synthèse : l’humanité poussera l’inhumanité jusqu’à anéantir tous les grands singes et à stériliser le milieu qui la fait vivre. Elle est tellement heureuse quand elle détruit : consommation, consumation, fin de partie.

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droite/gauche, un classement ringard

« Pour moi, l’écologie politique se distingue de la droite et de la gauche par sa volonté de mettre une limite à la mainmise de l’humanité sur la planète. » Ainsi s’exprime Antoine Waechter (LeMonde du 26 février). « Je crois plutôt à la sobriété. C’est une vertu ancienne, dont le caractère peut paraître suranné, mais qui sera l’un des traits de notre avenir. » Ainsi s’exprime l’UMP Nathalie Kosciusko-Morizet dans son livre Tu viens ? NKM aurait d’ailleurs pu se retrouver sur les listes d’Europe Ecologie comme Antoine Waechter, transfuge des Verts depuis 1994, qui se retrouve numéro 2 sur cette liste dans le Haut Rhin. L’écologie n’a pas de frontières, elle respecte les différences, au-dessus des chapelles. La méthode de classement d’un engagement politique ne passe plus par la droite ou par la gauche, ceux qui sont pour le changement et ceux qui sont pour l’ordre établi, ceux qui sont pour la propriété privée et ceux qui sont contre. Il y a ceux qui ont conscience des limites et ceux qui croient qu’il n’y a pas de limites.

Notons que le gouvernement actuel, de droite, a fait de louables efforts pour faire rentrer l’écologie en politique. Mais ses représentants ont encore le goût de la rolex et du voyage en avion. Notons encore que le parti socialiste n’a véritablement jamais été présent sur les différents fronts de la lutte environnementaliste et a laissé aux Verts la sous-traitance de cette problématique. Ce qui n’empêche pas ses représentants d’être friands de montres de luxe et de voyages en avion. NKM veut « réduire les distances et permettre à nos vies comme à nos activités de fréquenter des échelles réduites, celles du local ». Ségolène serait plutôt pour la mobilité durable. Le parti écologiste des Verts a fait son entrée en politique sous le slogan : « Ni gauche, ni droite ! » et son amarrage au Parti socialiste en 1997 a été un simple opportunisme politique. On ne peut plus faire confiance à des classements ringards, droite/gauche

C’est avec sagacité qu’André Gorz avait subsumé l’économie contemporaine capitaliste et socialiste sous un concept plus large, l’industrialisme (le productivisme). Ce ne sont pas les différents régimes de propriété des moyens de production qui déterminent les modalités d’exploitation de la nature mais bien la mentalité de ceux qui prennent des décisions importantes. La ligne directrice d’un classement politique aujourd’hui oppose ceux qui glorifient la croissance économique et ceux qui constatent qu’il n’y a pas de croissance réellement possible dans un monde fini : les conservateurs adeptes de la religion de la croissance d’un côté et les progressistes qui veulent réconcilier l’homme et la nature de l’autre.

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nanotechno, débat pipeau

Les nanomatériaux sont déjà présent dans un millier de produits usuels et on vient juste de terminer en France la consultation sur « les enjeux, les promesses et les dangers des nanotechnologies ». Ce pseudo-débat avait été mis en place pour soi-disant éclairer le gouvernement ; comme d’habitude les entreprises ont mis le pouvoir politique devant le fait accompli ! Comme l’anticipait le panneau surplombant les portes de l’Exposition universelle de Chicago en 1933 : « La science explore, la technologie exécute, l’Homme se conforme ».  Contre la toute-puissance de la technique, les résistances ont été abolies depuis deux siècles. Les luddites (ou briseurs de machines) ont perdu rapidement, au moment même où la loi a fait de la destruction des machines un délit passible de la pendaison.  Aux Assises de décembre 1812 en Angleterre, quatorze hommes furent pendus et six envoyés aux galères : les machines étaient devenues plus importantes que les hommes.

Depuis l’emprise de la technique sur la destinée humaine n’a fait que s’accroître ; le faux débat sur les nanotechnologies ne fait que succéder aux faux débat sur l’énergie nucléaire ou les biotechnologies ; la jeunesse mondiale s’adonne ad nauseam aux délices des écrans. Mais il en sera des techniques dures comme de n’importe quoi dans cette biosphère, tout a une fin. Partout où ils se trouvent, quelques néo-luddites tentent de fait entendre ce constat : quels qu’en soient les avantages présumés en termes de rapidité, de commodité, de gain de richesse ou de puissance, la technologie industrielle a un prix ; dans le monde contemporain, ce prix ne cesse de s’élever et de se faire plus menaçant. Les luddites ne sont pas opposés à toutes les machines, mais à « toutes les machines préjudiciables à la communauté ». Les briseurs de machines se multiplieront bientôt contre la tyrannie technologique, après que les grandes pannes d’électricité auront montré aux populations occidentalisées que ce système techno-industriel ne pouvait pas durer.

NB : Après avoir décrété un « état d’urgence électrique », le président vénézuélien Hugo Chavez a annoncé, lundi 8 février 2010, un plan de rationnement. En province, les coupures d’eau et d’électricité sont quotidiennes.

PS : Pour les raisons du fiasco du débat nanomètriques (aussi petit que le milliardième de mètre), lire LeMonde du 25 février.

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Fitoussi et Bofinger, des loufoques dangereux

Jean-Paul Fitoussi a une idée loufoque et dangereuse, il voudrait que les banques centrales relève la cible de hausse des prix (2 %, c’est pas assez). Il estime que la doctrine dominante se trompe en prétendant que la bonne santé de l’économie a pour condition la stabilité des prix. Il veut réduire artificiellement la dette de l’Etat qui se dévaloriserait grâce à l’inflation. Il veut relancer l’économie par une pratique keynésienne de gonflement monétaire. Mais il pénalise ainsi tous les titulaires de revenus fixes, saborde le pouvoir d’achat qui est diminué de la hausse des prix, soutient des endettements publics qui sont déjà trop élevés et prépare pour l’avenir une hausse des taux d’intérêt accompagnée d’une chute brutale de l’activité. Jean-Paul Fitoussi a donc « une idée loufoque et dangereuse » selon l’Allemand Peter Bofinger (LeMonde du 24 février).

Pour nous qui analysons jour après jour l’état de la biosphère sur ce blog, nous renvoyons dos à dos les doctrinaires keynésiens (Fitoussi) qui votent pour l’inflation et les dogmatiques monétaristes (Bofinger) qui optent pour la stabilité des prix. Nous savons qu’historiquement le go (la relance) a été suivi obligatoirement par un stop (hausse des taux d’intérêt) et réciproquement. Ce sont deux politiques reliées à la vulgate libérale sans autre objectif commun que de vouloir soutenir la croissance économique à n’importe quel prix. Or c’est de la religion de la croissance que nos sociétés doivent sortir si elles veulent s’en sortir face aux blocages écologiques (fin programmée des énergies fossiles, perte de biodiversité, réchauffement climatique, etc.) qui nous menacent. Nous trouvons dangereux la conception keynésienne de relance inflationniste qui avait été décrite en 1936 pour faire face à une crise conjoncturelle (et non structurelle). Nous trouvons un peu moins dangereux les économistes orthodoxes qui sont pour le désendettement réel des Etats et la stabilité des prix, mais nous savons que la désinflation depuis les années 1980 n’a été possible que par les importations massives en provenance des pays à bas salaires, le  chantage à la baisse des salaires contre le maintien de l’emploi et le fait que les énergies fossiles soient restées à un niveau ridiculement bas.

Les économistes de toutes obédiences ont complètement oublié que ce sont les richesses de la nature qui font les richesses des humains. Ils ont oublié que la rareté croissante entraînera inéluctablement un jour ou l’autre une explosion des prix et la catastrophe sociale. Fitoussi, Bofinger et tant d’autres ne nous préparent nullement un avenir meilleur. Pourtant ils pérorent sur la « révision doctrinale » à longueur de colonnes dans nos médias…

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NON aux barrages géants

Il serait insensé de renoncer à une telle ressource. C’est ainsi que se conclut l’article sur le projet du « premier très grand barrage vert » sur un affluent de l’Amazone (LeMonde du 23 février). Peu importe le déplacement de population, l’hostilité des populations autochtones, les excavations géantes, les émissions de gaz méthane, le chaos social. Il faut assurer l’autosuffisance du Brésil en électricité pour soutenir une croissance économique autour de 5 % chaque année. Comme d’habitude, c’est la fuite en avant, la croissance pour la croissance. Mais il y a des insensés qui raisonnent :

Le concepteur du barrage te dit : « Nous nous attendons à une augmentation des besoins en électricité et, en tant que décideurs, nous risquons d’être fortement critiqués s’il y a une pénurie d’électricité. Il faut donc construire un nouveau barrage. »

Tu peux rétorquer : « Mais êtes-vous sûr qu’il y ait plus de besoin en électricité ? » Il dira : « Oh ! oui, regardez les chiffres. Il y a tant de pour cent d’augmentation. » Alors tu rebondis : « Il y a une augmentation de la demande sur le marché, et vous appelez ça un besoin ? » Ensuite, après quelques échanges, il répond : « Non, non, bien sûr. Nombre de demandes ne reflètent par des besoins réels. » « Mais alors, en tant qu’individu, vous accédez à une demande sans vous poser de questions ? Si toutes les nations consommaient autant d’électricité par personne que les Etats-Unis, ce serait certainement une catastrophe. Quelle est la justification éthique ? Ne serait-il pas nécessaire de diminuer la consommation d’énergie ? »

Ce décideur politique, qui avait dit oui à une grosse, très grosse centrale électrique, admettra à peu près tout ce que tu lui diras en tant qu’écologiste. Mais il ajoutera « C’est trop tôt, ce n’est pas encore possible politiquement. Vous voulez que je quitte la politique ? » Ce à quoi tu répondras : « Je comprends ce que vous voulez dire. Oui, je comprends. Mais notre objectif à long terme est construit sur la base de prémisses beaucoup plus profondes que celles sur lesquelles repose votre argumentation. Tout ce que nous pouvons vous demander, c’est que vous reconnaissiez au moins une fois que vous êtes d’accord avec nous. Adoptez la perspective du long terme ! »

Si cet homme politique soutient désormais de temps à autre quelques-uns des objectifs fondamentaux de l’écologie profonde, son schéma d’argumentation ne sera plus aussi superficiel. Il sera sauvé, si l’on peut dire. Mais l’énergie hydroélectrique n’est pas mauvaise en soi. Ce qui est sujet à caution, c’est le fait que, plus la centrale hydroélectrique sera grande, plus elle fera de dégâts.

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