de Rugy détricote toutes les avancées écologiques
Emmanuel Macron relance le nucléaire civil. Il fait comme Sarkozy, « l’écologie, ça commence à bien faire ». En affirmant le 24 janvier que l’objectif de sortie du glyphosate en trois ans n’était « pas faisable », le chef de l’Etat avait fait un geste en direction de la FNSEA : « Il n’y a aucun rapport indépendant ou pas indépendant qui a montré que le glyphosate était mortel .» Il reniait ainsi un engagement qu’il avait pris personnellement. Cela s’ajoute à l’abandon de la taxe carbone, annoncée par son sous-fifre de Rugy. Que reste-t-il des velléités de Macron pour sauver la planète, rien de rien. Macron nous avait vendu le renouvellement, nous avons obtenu l’insignifiance !
Lors de l’annonce de la PPE (programmation pluriannuelle de l’énergie), le gouvernement proposé deux fermetures de réacteurs en 2027 et 2028, mais l’essentiel des arrêts se fera entre 2029 et 2035… comme l’espérait EDF. Si le président Macron ne s’est pas engagé de manière claire sur la construction de nouveaux EPR, il a ouvert la porte à cette possibilité, en demandant à la filière nucléaire de présenter un plan pour mi-2021*. François de Rugy, son ministre de l’écologie se parjure et dit comme son maître. Critique de longue date de l’énergie nucléaire, le ministre a maintenant insisté sur le fait que « dans la feuille de route énergétique de la France le nucléaire joue un rôle important … Il ne s’agit pas, je tiens à le dire très clairement, d’une stratégie de sortie du nucléaire, mais d’un rééquilibrage, dans lequel le nucléaire a toute sa place… Nous considérons que dans la production d’électricité, en France, et sans doute dans le monde, le nucléaire peut jouer un rôle, puisqu’il présente une production totalement décarbonée ». Pourtant dans son programme lors de la primaire de la gauche en 2017, de Rugy plaidait pour une sortie progressive du nucléaire et un passage au 100 % d’énergies renouvelables en 2050. Quelques jours après son entrée en fonctions, il estimait encore que le nucléaire n’était pas une énergie d’avenir. Il déclarait aussi : « Le réacteur EPR n’a pas démontré sa fiabilité technologique, sa sécurité et sa compétitivité… Je ne vois pas comment on pourrait décider aujourd’hui de commander de nouveaux EPR. » Dorénavant il évoque la possibilité de créer des filiales, permettant ainsi à EDF de faire face aux nombreux investissements qui seront nécessaires pour prolonger la durée de vie du parc nucléaire…**
Nicolas Hulot,le prédécesseur de Rugy, a démissionné au bon moment, le 28 août 2018. Voici la position qu’il exprimait (cf. « Nicolas Hulot, la brûlure du pouvoir », un livre de Michel Sourrouille) :
Nucléaire : « Fraîchement nommé ministre de la transition écologique et solidaire, j’annonçais début juillet 2017 qu’il faudrait fermer « peut-être jusqu’à 17 réacteurs nucléaires » d’ici à 2025 pour faire descendre la part de l’atome dans la production électrique française à 50 %. La plupart des cinquante-huit réacteurs du parc hexagonal ont été mis en service entre la fin des années 1970 et celle des années 1980. Ils approchent donc du seuil de quarante ans d’exploitation, la durée de vie pour laquelle ils ont été conçus. D’ici à la fin du quinquennat en cours, vingt-trois d’entre eux auront atteint cet âge. Janvier 2018, lors de mes vœux à la presse j’annonçais qu le gouvernement sera très précis sur les réacteurs qu’il faudra fermer dans le cadre de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). »
Glyphosate : « Je pense toujours qu’il y a un faisceau de présomptions sur sa nocivité qui mériteraient qu’on applique le principe de précaution. L’interdiction du glyphosate d’ici à 2021 n’a pas été acté par la loi agriculture et alimentation, j‘avais exprimé ma déception. Les alternatives existent, ce sont le biocontrôle [en recourant à des organismes vivants ou des substances naturelles] et le choix de pratiques agricoles respectueuses de l’environnement. »
Taxe carbone : « Il s’agit de soumettre à une fiscalité importante tout ce qui participe à la destruction ou à l’épuisement de la planète. La taxe carbone que je propose vise à rationaliser les émissions de carbone mais aussi l’usage de l’électricité. Car nous n’atteindrons pas l’objectif de division par deux des émissions de gaz à effet de serre sans réduire notre consommation de façon drastique. Dès lors que l’objectif est de décarboner l’économie, il faut fixer un prix du carbone avec un cliquet anti-retour. Cela permettrait d’anticiper et de mettre en place des incitations solides, dont la règle ne change pas sans cesse. »
* LE MONDE du 28 novembre 2018, Nucléaire : satisfaction chez EDF, colère des ONG écologistes
** LE MONDE du 29 janvier 2019, François de Rugy, un peu moins critique sur la filière nucléaire que par le passé
*** LE MONDE du 26 janvier 2019, Emmanuel Macron renonce à sa promesse d’interdire le glyphosate en 2021
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