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de Rugy détricote toutes les avancées écologiques

Emmanuel Macron relance le nucléaire civil. Il fait comme Sarkozy, « l’écologie, ça commence à bien faire ». En affirmant le 24 janvier que l’objectif de sortie du glyphosate en trois ans n’était « pas faisable », le chef de l’Etat avait fait un geste en direction de la FNSEA : « Il n’y a aucun rapport indépendant ou pas indépendant qui a montré que le glyphosate était mortel .» Il reniait ainsi un engagement qu’il avait pris personnellement. Cela s’ajoute à l’abandon de la taxe carbone, annoncée par son sous-fifre de Rugy. Que reste-t-il des velléités de Macron pour sauver la planète, rien de rien. Macron nous avait vendu le renouvellement, nous avons obtenu l’insignifiance !

Lors de l’annonce de la PPE (programmation pluriannuelle de l’énergie), le gouvernement proposé deux fermetures de réacteurs en 2027 et 2028, mais l’essentiel des arrêts se fera entre 2029 et 2035… comme l’espérait EDF. Si le président Macron ne s’est pas engagé de manière claire sur la construction de nouveaux EPR, il a ouvert la porte à cette possibilité, en demandant à la filière nucléaire de présenter un plan pour mi-2021*. François de Rugy, son ministre de l’écologie se parjure et dit comme son maître. Critique de longue date de l’énergie nucléaire, le ministre a maintenant insisté sur le fait que « dans la feuille de route énergétique de la France le nucléaire joue un rôle important …  Il ne s’agit pas, je tiens à le dire très clairement, d’une stratégie de sortie du nucléaire, mais d’un rééquilibrage, dans lequel le nucléaire a toute sa place… Nous considérons que dans la production d’électricité, en France, et sans doute dans le monde, le nucléaire peut jouer un rôle, puisqu’il présente une production totalement décarbonée ». Pourtant dans son programme lors de la primaire de la gauche en 2017, de Rugy plaidait pour une sortie progressive du nucléaire et un passage au 100 % d’énergies renouvelables en 2050. Quelques jours après son entrée en fonctions, il estimait encore que le nucléaire n’était pas une énergie d’avenir. Il déclarait aussi  : « Le réacteur EPR n’a pas démontré sa fiabilité technologique, sa sécurité et sa compétitivité… Je ne vois pas comment on pourrait décider aujourd’hui de commander de nouveaux EPR. » Dorénavant il évoque la possibilité de créer des filiales, permettant ainsi à EDF de faire face aux nombreux investissements qui seront nécessaires pour prolonger la durée de vie du parc nucléaire…**

Nicolas Hulot,le prédécesseur de Rugy, a démissionné au bon moment, le 28 août 2018. Voici la position qu’il exprimait (cf. « Nicolas Hulot, la brûlure du pouvoir », un livre de Michel Sourrouille) :

Nucléaire : « Fraîchement nommé ministre de la transition écologique et solidaire, j’annonçais début juillet 2017 qu’il faudrait fermer « peut-être jusqu’à 17 réacteurs nucléaires » d’ici à 2025 pour faire descendre la part de l’atome dans la production électrique française à 50 %. La plupart des cinquante-huit réacteurs du parc hexagonal ont été mis en service entre la fin des années 1970 et celle des années 1980. Ils approchent donc du seuil de quarante ans d’exploitation, la durée de vie pour laquelle ils ont été conçus. D’ici à la fin du quinquennat en cours, vingt-trois d’entre eux auront atteint cet âge. Janvier 2018, lors de mes vœux à la presse j’annonçais qu le gouvernement sera très précis sur les réacteurs qu’il faudra fermer dans le cadre de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). »

Glyphosate : « Je pense toujours qu’il y a un faisceau de présomptions sur sa nocivité qui mériteraient qu’on applique le principe de précaution. L’interdiction du glyphosate d’ici à 2021 n’a pas été acté par la loi agriculture et alimentation, j‘avais exprimé ma déception. Les alternatives existent, ce sont le biocontrôle [en recourant à des organismes vivants ou des substances naturelles] et le choix de pratiques agricoles respectueuses de l’environnement. »

Taxe carbone : « Il s’agit de soumettre à une fiscalité importante tout ce qui participe à la destruction ou à l’épuisement de la planète. La taxe carbone que je propose vise à rationaliser les émissions de carbone mais aussi l’usage de l’électricité. Car nous n’atteindrons pas l’objectif de division par deux des émissions de gaz à effet de serre sans réduire notre consommation de façon drastique. Dès lors que l’objectif est de décarboner l’économie, il faut fixer un prix du carbone avec un cliquet anti-retour. Cela permettrait d’anticiper et de mettre en place des incitations solides, dont la règle ne change pas sans cesse. »

* LE MONDE du 28 novembre 2018, Nucléaire : satisfaction chez EDF, colère des ONG écologistes

** LE MONDE du 29 janvier 2019, François de Rugy, un peu moins critique sur la filière nucléaire que par le passé

*** LE MONDE du 26 janvier 2019, Emmanuel Macron renonce à sa promesse d’interdire le glyphosate en 2021

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Macron, un bilan écologique globalement négatif

Pour savoir si Emmanuel Macron est un « Champion de la Terre », les Décodeurs du MONDE ont établi un bilan écologique globalement négatif : « Objectifs climatiques : une trajectoire inquiétante… Energie, confiance renouvelée au nucléaire… Doute sur le chiffre de 500 000 rénovations énergétique des bâtiments annuelles promises par le gouvernement… Refus d’entreprendre une action ambitieuse contre l’huile de palme… Glyphosate, qui a gagné un sursis jusqu’au moins 2020… Aval à une réglementation européenne plutôt laxiste sur les perturbateurs endocriniens… Quasi-suppression des aides au maintien en bio… Peu de progrès sur la biodiversité et la condition animale… Soutien affiché à plusieurs grands projets d’infrastructures… Des gâteries pour le lobby des chasseurs… Des mesures sur les déchets remis à plus tard… Allégement de la fiscalité écologique sur les carburants… Etc.*

Notre société croissanciste est tellement formatée par le soutien à la sphère socio-économique contre les réalités biophysiques que Macron a révélé son impuissance. Voici par exemple ce qu’il faudrait supprimer, toutes les subventions directes et indirectes aux énergies fossiles. Il faut en finir avec des exonérations fiscales bénéficiant à certaines énergies (diesel) et certains secteurs (gazole poids lourds, kérosène, gazole non routier, taxis, etc.), qui ont coûté 7,8 milliards en 2017. Des structures dépendant de l’État investissent par ailleurs dans des projets d’énergies fossiles, comme EDF (détenue à plus de 80 % par l’État, elle investit 1 milliard par an dans les fossiles), l’Agence française de développement ou BPI Assurance Export (garanties publiques à l’exportation). La France soutient aussi des projets similaires dans le cadre des banques européennes d’investissement (BEI et BERD).

La France s’est engagée à réduire à néant son soutien aux fossiles à l’horizon 2020-2025 mais réduction ( de 0,1 %?, de 1 % ?, de 10 % ?) ne veut pas dire suppression ! De toute façon nous savons de source sûre qu’un engagement politique ne vaut strictement rien !

Pour en savoir plus, il suffit de lire le livre de Michel Sourrouille, «  la brûlure du pouvoir » (sortie en librairie le 4 octobre 2018), qui avait prévu la démission de Nicolas Hulot et qui montrait très précisément qu’au 28 août 2018 la politique de Macron était déjà aux mains des lobbies agro-économiques.

* LE MONDE du 11 janvier 2019, Macron et l’écologie : après 18 mois de pouvoir, un inventaire pas très vert

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Quelle démocratie pour une société écologisée ?

L’épisode des « gilets jaunes » en France ainsi que l’exubérance d’autres mouvements dans divers pays marquent la fin du système habituel de représentativité politique. L’éditorial du MONDE* dénonce la stratégie du désordre que poursuivent les plus radicaux des GJ. Mais il fait confiance au « grand débat national » qui va s’ouvrir mi-janvier et dont on sait déjà qu’il va s’enliser dans les sables mouvants des conciliabules sans conséquences. Place alors à l’horizontalité ? L’évolution technique (Web, microblogage, twitter, etc) a entraîné la disparition des corps intermédiaires en libérant l’expression individuelle. Avec l’avènement des réseaux sociaux, chacun se donne le droit d’exprimer son propre point de vue, mais il n’y a plus de cohérence. En termes informatique**, il faut alors réaliser un « algorithme de compression », qui transforme une grande quantité d’informations – la liste exhaustive des revendications des manifestants – en une petite – sa synthèse. Les GJ, par leur refus de représentants, refusent de construire cette synthèse et le gouvernement, en faisant une proposition à 10 milliards d’euros, ne pouvait de toute façon satisfaire des exigences toujours renouvelées et disparates. La démocratie représentative est déconsidérée alors que l’urgence écologique demanderait une action politique à la fois forte et consensuelle. Politiquement il n’y a plus d’algorithmes de compression (de synthèse) possibles. Comme l’écrit un commentateur sur lemonde.fr, « Quand l’un lève la tête, les autres lui tombent dessus. Alors ils se coagulent en cliques autour d’un fort ou d’une forte en gueule pour subsister ». Le terme ultime du manque de synthèse, c’est tout le pouvoir à un Trump qui gouverne par tweets au nom du peuple.

Il faut donc instituer un nouveau pouvoir qui pourrait se caractériser par sa capacité à tenir un discours complexe, celui de l’écologie en interrelations avec l’économique et le social. Comme tout citoyen a normalement pour but la sauvegarde de la planète pour lui et les générations futures, il est par définition un écologiste. Avec des objectifs commun, un grand récit collectif peut alors définir un mode de gouvernement capable d’interagir avec l’action de chaque citoyen. On sait déjà que ce paradigme reposera sur la réduction de nos émissions de gaz à effet de serre, la sobriété partagée, la maîtrise de la fécondité humaine, une agriculture respectueuse des cycles vitaux, la relocalisation des activités, etc. Reste à mettre en place les supports pour populariser un nouvel art de vivre ensemble. Dans « Nicolas Hulot, la brûlure du pouvoir », un livre en librairie depuis le 4 octobre 2018, Michel Sourrouille présente ces avancées institutionnelles qui permettraient à tous les citoyens ordinaires de se sentir officiellement représentés sans avoir besoin de rechercher à la sauvette un improbable porte-parole qui pourrait assez vite prendre la figure du potentat. On peut penser à deux formes de délibération démocratique, les conférences de consensus et la Chambre du futur.

Conférences de consensus : Sur une thématique particulière, par exemple la taxe carbone, un comité d’organisation constitue un panel représentatif de la population ordinaire, c’est-à-dire non expert de la question étudiée. Les membres sont tirés au sort. Il faut lutter contre l’hyper-spécialisation contemporaine qui transforme les  individus en serviteurs d’une structure, par exemple une entreprise, un syndicat, un parti politique, etc. Il y a ensuite formation poussée de ce groupe de citoyen, avec audition d’experts, pas seulement scientifiques, mais aussi associatifs ou concernés. De cet apprentissage doit résulter la recherche par le groupe de la meilleure décision à prendre. A toutes les étapes de cette réflexion collective, la transparence sera requise grâce à la vidéo et à la publicité de la procédure. La démocratie aurait même tout à gagner à enfermer ce panel de citoyens entre quatre murs pour en faire une émission de télé-réalité qui, pour une fois, servirait à quelque chose. La démocratie en acte, c’est faire confiance aux citoyens ordinaires pour comprendre les discours contradictoires des experts et en tirer des conclusions d’intérêt général. La conférence aboutirait à un consensus public. Plutôt qu’un grand débat national fourre-tout, organisons des conférences de consensus sur tous les thèmes chauds de l’urgence écologique et sociale.

Chambre du futur : cette réforme institutionnelle était annoncée le 5 juillet 2017 par Macron : le Conseil économique, social et environnemental (CESE) deviendrait une « Chambre du futur ». C’est la Fondation pour la nature et l’homme (FNH), ex-Fondation Nicolas Hulot, qui proposait antérieurement cette instance améliorée. Ce CESE nouvelle formule devrait être une véritable assemblée du long terme ayant le pouvoir d’imposer, dans la fabrication de la loi, la prise en compte des évolutions climatiques et écologiques. Pour la FNH, cette assemblée aurait même un pouvoir d’initiative spéciale sur les grands projets liés aux questions de long terme et un « droit de veto suspensif » vis-à-vis de projets de loi adoptés mais pas encore promulgués. Ce droit de veto contraindrait le Parlement à revoir sa copie. Dans le projet de la FNH, la Chambre du Futur serait composée de « deux collèges tirés au sort: un collège de scientifiques et de personnes reconnues pour leurs compétences environnementales et un collège de citoyens ». Aux côtés de cette « assemblée du long terme », des scientifiques assureraient une « veille scientifique ». EELV devrait avoir là un motif de satisfaction puisque ce serait la reprise de la proposition 56 du programme de Yannick Jadot pour la présidentielle 2017 : « Faire évoluer le mandat et la composition du Conseil économique, social et environnemental pour en faire une troisième chambre, aux côtés de l’Assemblée nationale et du Sénat, qui aurait un droit de veto suspensif sur toute mesure législative qui mettrait en cause le long terme. »

* LE MONDE du 8 janvier 2019, Gilets jaunes : la violence ou le débat

** LE MONDE du 9 janvier 2019, L’algorithme manquant des « gilets jaunes »

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Le bilan de Nicolas Hulot, positif ou négatif ?

Nicolas Hulot sur le plateau de « L’Emission politique » de France 2 : « Pour aller bien, il faut ne pas regarder la réalité en face… Je me suis battu, et notamment les semaines qui ont précédé mon départ, pour qu’on change complètement d’échelle dans l’accompagnement social de la transition énergétique et écologique, avec des propositions concrètes. Je n’ai pas été entendu… » Il prône l’arrêt de six réacteurs avant 2028 : « Si on attend les dernières années [pour arrêter des réacteurs], je vous fiche mon billet que ça ne se fera pas », a-t-il prophétisé. Il se dit aussi hostile à toute programmation de construction de nouveaux EPR : « Relancer les EPR maintenant, c’est condamner le développement des énergies renouvelables », prévient-il, en appelant à « mettre le paquet sur l’efficacité énergétique et la réduction de la consommation ». « Si on fait trois ou quatre EPR, ça veut dire qu’on va faire trois ou quatre Bure ? Eh bien bon courage ! » Sa conception générale est de ne pas opposer « les fins de mois difficiles des Français » et « la fin du monde, en tout cas d’un monde pacifique » annoncée par « la crise écologique »*.

Le bilan qu’on peut faire sur Nicolas Hulot, que ce soit dans cette émission du 22 novembre ou dans les dizaines d’années qui précèdent, est largement positif. Pourtant certains s’acharnent encore à ne voir chez lui que le vendeur de gel douche ou ses 9 véhicules. Pour avoir un meilleur jugement, il faut lire « Nicolas Hulot, la brûlure du pouvoir » qui apporte un point de vue documenté sur les faits et gestes de Nicolas. Ainsi ce passage sur son patrimoine, signe de réussite ou enrichissement personnel ? :

«  Pendant que je partais à la rencontre des derniers gorilles ou des tribus amazoniennes, la déclinaison de la marque Ushuaïa se transformait en fabuleux business. Je n’en profite qu’indirectement puisque je suis salarié de TF1, et que la manne est censée compenser le coût de l’émission. Je n’ai pas une vision diabolique du monde économique. Tous ses acteurs ne sont pas des exploiteurs, et ces grandes entreprises, c’est aussi le monde du travail. Pour mener mon combat, il faut de l’argent. Quand on n’a pas de fortune personnelle, et que l’on n’a pas envie de grever davantage le budget de l’État, reste la philosophie de Clemenceau : « Quand la maison brûle, on ne regarde pas qui passe les seaux d’eau. » Le Canard enchaîné assurait dans son édition du 5 juillet 2017 que j’avais perçu 290 000 euros en 2013 grâce à la société Éole Conseil et aux produits Ushuaïa, shampoings et autres gels douche. Ma fondation aurait perçu 460 000 euros de chèques versés par EDF jusqu’en 2012. Conflit d’intérêts quand je dois prendre position sur l’EPR de Flamanville ? Édouard Philippe est venu à mon secours : « Tout sera déclaré à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique. C’est elle qui appréciera s’il y a conflit d’intérêts ».

Conformément à la loi relative à la transparence de la vie publique adoptée en 2013, la HATVP a publié le 15 décembre les déclarations de patrimoine des membres du gouvernement. Le patrimoine le plus élevé est détenu par Muriel Pénicaud, la ministre du Travail, qui a déclaré posséder pour plus de 7,5 millions d’euros de biens. J’arrive juste après, avec un patrimoine de plus de 7,2 millions d’euros, composé d’une maison en Corse (1 million d’euros), ainsi que de plusieurs autres biens immobiliers dans les Côtes-d’Armor et en Savoie, d’une valeur totale de 1,9 million. À cela s’ajoute la société Eole, qui encaisse les droits d’auteur et royalties des produits dérivés Ushuaïa, dont la valeur est estimée à 3,1 millions d’euros, ainsi que des valeurs mobilières d’environ 1,2 million d’euros. Détail que je ne trouve pas amusant, le quotidien Le Monde insiste sur mes neuf véhicules à moteur. La transparence ; oui, le voyeurisme ; non ! J’utilise à 95 % ma BMW électrique et mon scooter (électrique). J’ai acheté il y a deux ans une vieille 2CV pour ma fille. Je possède aussi un Renault de livraison… d’âge vénérable. Quant à mon vieux Land Rover, il me sert à crapahuter en Corse les rares moments où je suis en vacances. Pourquoi ne pas tout dire dans les médias ? Sur mes 6 voitures, 4 sont des antiquités. Scandaleux ? Restent 2 voitures pour circuler régulièrement, ce qui est presque la norme actuellement pour un couple de Français. Ah mais oui, je devrais montrer l’exemple et lire à la bougie !

Notez que mon engagement comme ministre est d’autant plus remarquable que j’aurais pu continuer à très bien gagner ma vie en « vendant » des gels douches. J’ai renoncé au confort des retraités aisés pour me battre pour des idées et servir l’intérêt commun. Écologie ne doit pas rimer avec privation. »

* LE MONDE du 23.11.2018 Taxe carbone : « Il manque un accompagnement social », affirme Nicolas Hulot

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Les raisons de la démission de Nicolas Hulot

A propos de son livre, « Nicolas Hulot, la brûlure du pouvoir », un exposé public de Michel Sourrouille :

« J’ai depuis des années une bonne connaissance du parcours et des idées de Nicolas Hulot. Sur le site biosphere.ouvaton.org et sur le blog  biosphere hébergé par lemonde.fr, plusieurs de mes articles ont explicité pendant des années les différentes démarches de Nicolas. J’ai lu quasiment tous ses livres, fait campagne pour lui lors de la primaire des Verts en 2011, soutenu de différentes manières sa précampagne pour la présidentielle 2017. J’ai par exemple publié en juillet 2016 un livre qui lui était favorable, « L’écologie à l’épreuve du pouvoir », en pensant qu’il allait réellement se lancer dans l’arène politique. Mais quand il est devenu ministre, j’ai tout de suite estimé que mon prochain livre allait devenir la « Chronique d’une démission annoncée ». Au fur et à mesure que je suivais ses pérégrinations politiques de ministre d’État, ma prévision s’est révélée de plus en plus probable. Il tergiversait, repoussait à plus tard les décisions à prendre, entrait dans des contradictions insolubles. Il était confronté aux faux-semblants de la vie politique. J’ai assisté en spectateur désabusé à la progressive dilution des idéaux portés par Nicolas Hulot. C’est pourquoi j’ai sous-titré ce livre « La brûlure du pouvoir ». Mon livre était finalisé fin juin 2018, sa parution était programmée pour début octobre, Nicolas a démissionné le 28 août. Voici les raisons probables de sa démission :

1) des blocages structurels

Au niveau politique, la place d’un ministre, même glorifié par un statut de ministre d’État troisième du gouvernement, ne porte pas à conséquences. Les arbitrages entre différentes décisions à prendre sont faits par le premier ministre, lui-même chapeauté par le président. De plus Nicolas a rencontré d’énormes difficulté avec le ministre de l’agriculture Stéphane Travert, à la solde de la FNSEA. De toute façon le court terme l’emporte toujours sur le long terme quand on est au gouvernement, les décisions se font dans l’urgence et le compromis. En fin de compte, si l’ensemble du gouvernement n’est pas écolo, les décisions se porteront plutôt sur l’impératif économique et/ou les équilibres sociaux, pas sur l’urgence écologique.

Au niveau économique, Nicolas a été confronté au pouvoir des lobbies, que ce soit pour le nucléaire ou l’huile de palme. Il est parti le lendemain du jour où le lobby des chasseurs s’est invité au sein même d’une réunion interministérielle avec l’appui de Macron. Il faut dire que la problématique de l’emploi est toujours privilégié par les décideurs au détriment de l’impératif écologique. Nicolas disait par exemple avoir à favoriser les loups tout en protégeant les éleveurs. Il ne pouvait faire que des mécontents, et Brigitte Bardot s’est plusieurs fois insurgé contre lui.

Au niveau psycho-sociologique, tout se ligue pour empêcher les citoyens de faire cause commune avec le ministre de l’écologie. Nous sommes dans une société de consommation, le confort c’est sacré, on devient allergique à la sobriété nécessaire à une époque de réduction des ressources naturelles. De plus les gens sont piégés par le processus d’interaction spéculaire, il faut faire comme les autres ont l’habitude de faire. Par exemple refuser le portable, c’est être un résistant par rapport à une société technologisée. Même si une personne a une sensibilité écologique, la personne souffre souvent de dissonance cognitive ; on est écartelé entre le geste qui sauvegarde la planète et le fait de profiter de la société du spectacle. On choisit alors la voie de la facilité, bien aidé par l’emprise publicitaire.

2) une souffrance interne à Nicolas Hulot

Nicolas souffre de la contradiction qui existe entre une écologie de rupture à laquelle va sa préférence et une écologie pragmatique qui ne peut qu’être superficielle.

Il a découvert la destruction de la planète au travers de son émission télévisée Ushuaïa, il est progressivement devenu un écolo bouleversé par la rapidité de cette destruction. C’est pourquoi il est possédé par un sentiment d’urgence qui se reflète au travers de ses livres intitulé justement « le syndrome du Titanic ». Son rapport à la nature est proche d’un biocentrisme, il a une empathie pour le monde animal, les sociétés premières, la beauté de la nature. C’est pourquoi il est contre la chasse à courre, la pêche industrielle, les zoos, etc.

Cette conception est dénaturée par les réalités anthropocentriques de notre société, les humains passent d’abord. C’est pourquoi il a été obligé de ne faire que des demi-mesures quand il était au gouvernement, autoriser l’abattage de 40 loups, reculer devant la sortie du nucléaire, tergiverser sur le glyphosate. Enfin il s’est retrouvé piégé par les illusions de l’innovation technologique, croyant par exemple que les véhicules électriques allaient se substituer sans problèmes aux véhicules thermiques.

Conclusion : J’avais vu juste en rédigeant ce livre, une écologie qui ne veut pas rester superficielle n’avait pas sa place dans le gouvernement actuel. Sa démission devenait nécessaire pour des raisons personnelles, l’insoutenabilité de concilier son idéal et la pratique gouvernementale. De plus rester plus longtemps allait déconsidérer l’écologie politique en acte. N’empêche qu’il a essayé de rendre possible l’impossible, saluons son courage.

Mais mon livre sur « la brûlure du pouvoir » n’est pas centré sur son départ. Il présente sous forme d’un répertoire alphabétique l’ensemble des thèmes écologiques dont tous les citoyens devraient se saisir : la politique agricole, la problématique énergétique, la fabrique des lois environnementales… J’ai aussi présenté les sentiments profonds de Nicolas Hulot, sentiments que tous les citoyens se devraient de comprendre et pourquoi pas de partager…. Si je suis sorti de l’écriture de ce livre avec un goût amer dans la bouche, je ne jette pas la pierre à Nicolas, nous sommes tous responsables de la dérive du pouvoir en matière écologique. »

(compte-rendu d’une conférence-débat du 5 octobre 2018)

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Hugo Clément, une voix écolo qui compte ?

Hugo Clément, un « écolo sectaire » ? A une époque, ce journaliste-écrivain était le « gars relou qui se moque de ses potes végétariens ». Il adorait la viande et n’aimait pas les bêtes. Mais son frère lui fait lire le livre choc de Jonathan Safran Foer, ses amis « l’éduquent ». Comme Nicolas Hulot en son temps, il comprend au gré de ses reportages journalistiques que la défense de l’environnement est la mère de toutes les batailles. « Quel que soit le sujet que j’étais amené à traiter, dans n’importe quel pays du monde, il y avait un enjeu environnemental sous-jacent, explique-t-il. Il y a toujours des ressources naturelles au cœur des conflits  » Il se consacre alors à une émission, « Sur le front », centrée autour de personnages qui luttent sur le terrain et auxquels le téléspectateur pourra s’attacher. Pour ses interlocuteurs, il offre une caisse de résonance inespérée à leurs combats. « L’écueil, quand on traite les sujets environnementaux, c’est que c’est souvent plombant. Tu fous la tête des gens sous l’eau et tu ne les laisses pas respirer en leur proposant de faire un truc. Nous, on veut qu’à la fin des émissions on ne se dise pas “c’est horrible, on va crever”, mais plutôt “il y a des gens qui font des choses et nous aussi on peut agir” », plaide Hugo. Sur les réseaux, le journaliste est presque devenu un média à lui tout seul : un million d’abonnés sur Instagram, 800 000 sur Facebook, 650 000 sur Twitter, 140 000 sur TikTok

Fatalement, Hugo Clément suscite des critiques. Et notamment celle de brouiller la frontière entre journalisme et militantisme, de faire de la dénonciation permanente, tel un chevalier vert. Une large partie du monde agricole et de la chasse s’irrite des « leçons » assénées par le reporter. Sur les réseaux sociaux, il est fréquemment pris pour cible, parfois avec violence, ainsi ce tweet appelant à « monter un commando et faire couiner ce con ». Hugo Clément assume tout, de « montrer sa gueule », de se mettre à dos le million de chasseurs : « L’objectivité, c’est un truc que les journalistes mettent en avant pour se donner bonne conscience, mais personne n’est objectif. » En effet ! Grâce à un cerveau surdimensionné, nous sommes la mesure de toutes choses, mais notre objectivité n’est que la somme de nos subjectivités humaines. Nos esprits et nos comportements ne sont que le reflet de l’idéologie dominante, l’imaginaire collectif du moment. Comme s’y retrouver ?

A l’intérieur de la démocratie d’abondance, on peut entendre tous les points de vue, celui de la vaccination obligatoire et cel ui des anti-passe, les pro et les antinucléaires, les pro et les anti-éoliens, tout peut servir de pugilat. Il est vrai que dans les médias, l’opinion stupide est traitée avec le même respect que l’opinion intelligente, celui qui est mal informé peut parler aussi longtemps que celui qui est bien informé et la propagande y est mise dans le même sac que l’éducation. Cette tolérance du sens et du non-sens à la fois est justifiée par l’argument démocratique selon lequel personne, aucun groupe ni aucun individu, n’est en possession de la vérité et capable de définir ce qui est juste et ce qui est faux, ce qui est bon et ce qui est mauvais. Toutes les opinions contestataires doivent être soumises au « peuple » pour qu’il puisse délibérer et choisir. Le caractère non discriminant de la tolérance libérale était, du moins en théorie, basé sur la proposition selon laquelle les homme étaient (en puissance) des individus qui pouvaient apprendre à écouter, voir et sentir par eux-mêmes et ainsi comprendre quels étaient leurs véritables intérêts. L’argument démocratique implique une condition nécessaire, à savoir que les gens doivent avoir accès à l’information authentique et que leurs délibérations doit être le  résultat d’une pensé autonome se fondant sur cette information authentique.

« Mais la tolérance universelle devient problématique lorsqu’elle est appliquée à des individus manipulés et endoctrinés qui répètent comme des perroquets, comme si cela venait d’eux, l’opinion de leurs maîtres pour lesquels l’hétéronomie est devenue autonomie. Avec la concentration des pouvoirs économique et politique et avec l’intégration d’opinions opposées dans une société qui utilise la technologie comme un instrument de domination, la contestation réelle reste bloquée. Dans une démocratie organisée sur un mode totalitaire, l’objectivité entretient une attitude mentale tendant à oblitérer la différence entre ce qui est juste et ce qui est erroné. En fait le choix entre des opinions opposées a été fait avant que ne commence la discussion. Il n’a pas été fait par une conspiration, mais juste par « le cours normal des événement », qui n’est que le cours des évènements administrés. Comment briser la tyrannie de l’opinion publique et de ceux qui la construisent dans une société close ? Pour rendre les individus capables de devenir autonomes, de trouver par eux-mêmes ce qui est vrai, il faudrait les libérer de l’endoctrinement dominant qu’ils ne reconnaissent même plus comme endoctrinement. La vérité, « toute la vérité », requiert la rupture avec l’apparence des faits. Une partie essentielle de la vérité est de reconnaître dans quelle effrayante mesure l’histoire a été faite par et pour les vainqueurs, c’est-à-dire de reconnaître dans quelle mesure elle est le développement de l’oppression. » (Marcuse en 1964, in La tolérance répressive)

En d’autres termes, il faut savoir trier entre les bons journalistes et les autres, entre les médias de merde et ceux qui ont un certain respect de la vérité, entre les voix qui comptent et les éructations des populistes de tous bords…

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :

14 juin 2021, Que signifie « penser vrai » ? Relativiser !

8 juillet 2020, Brouhaha médiatique et démocratie réelle

Hugo Clément, une voix écolo qui compte ? Lire la suite »

Nicolas Hulot poussé à la démission

Le quotidien LE MONDE du 8 mai 2018 reste dubitatif sur le bilan écologique du gouvernement Macron après un an au pouvoir : « Recul de la baisse du nucléaire dans le mix énergétique, affaiblissement de la définition des perturbateurs endocriniens, interdiction limitée du glyphosate, influence très limitée dans les états généraux de l’alimentation : Nicolas Hulot n’a pas réussi à gagner ces arbitrages gouvernementaux… Le président Macron n’a pas encore donné d’impulsion claire pour ériger notre pays en modèle unanime de transition bas carbone… Une loi très symbolique sur la fin de la recherche et de l’exploitation des hydrocarbures en France n’a pas empêché la prolongation de plusieurs permis d’exploration… Quant à la fermeture des quatre dernières centrales à charbon de l’Hexagone, annoncée pour la fin du quinquennat, elle n’est toujours pas amorcée… Aucune mesure d’ampleur pour faire face à la crise de la biodiversité n’a encore été prise.» Le rythme de sénateur adopté par le gouvernement sur le front de l’environnement tranche avec le volontarisme affiché dans de nombreux autre secteurs : droit du travail, SNCF, université… Mais soyons clair sur les responsabilités partagées : il n’y a pas que le gouvernement qui importe, un ministre de l’écologie sans appui massif de l’opinion publique ne peut arriver à un bon résultat.

Nicolas Hulot s’interroge : « Si demain je devais parvenir au constat que j’ai atteint mon seuil d’efficacité, j’aviserais. Je n’exclus aucun hypothèse. » Le 16 mai 2018, il fait enfin explicitement pression sur le gouvernement. Invité de BFM-TV et RMC un an après son intronisation comme ministre de la transition écologique et solidaire, Nicolas a annoncé qu’il aura cet été « un moment de vérité » avec Emmanuel Macron et Edouard Philippe. Pour une éventuelle démission il laisse planer le doute : « On fera le point avec le président et le premier ministre, on tracera les perspectives et on prendra ensemble des décisions sur l’avenir et les prochaines étapes. Si je sens qu’on n’avance pas, que les conditions ne sont pas remplies, voire éventuellement qu’on régresse, à ce moment-là, j’en tirerai les leçons. » A la question de savoir s’il est « satisfait » de cette première année au gouvernement, Nicolas a reconnu que c’était « difficile ». « Je vois surtout ce qu’il reste à faire. Là je suis en pleine action avec le plan d’innovation thermique, la programmation pluriannuelle de l’énergie… Jusqu’à l’été, j’ai la tête sous l’eau. Cette évaluation-là, je la ferai cet été. J’aurai suffisamment d’éléments pour pouvoir regarder si effectivement je participe à cette transformation sociétale. » Son départ du gouvernement aurait, de facto, un coût politique élevé, il faut le ménager. Mais la réalité est plus brutale. Convoqué le jour même par le Premier ministre, Nicolas se fait remonter le bretelles, non seulement pour avoir évoqué une éventuelle démission, mais pour avoir apporté son soutien à un amendement du député LRM Matthieu Orphelin dans le cadre du projet de loi Agriculture et Alimentation. Cet amendement visait à interdire le glyphosate le 1er mai 2012, soit dans le délai de trois ans fixé par Macron lui-même alors que Bruxelles a repoussé l’interdiction au mois de décembre 2022. Selon Édouard Philippe, « quand un amendement est rejeté, il est rejeté ! » Le même jour, dans le cadre du projet de loi Elan destiné à accélérer les procédures d’urbanisme, la commission des affaires économiques a adopté, avec l’avis « tout à fait favorable » du gouvernement, des amendements qui ouvrent des brèches dans la loi Littoral. Par exemple on pourra bétonner des espaces restés à l’état naturel entre des constructions existantes. Or Nicolas était signataire en janvier 2017 d’une pétition « Ne touchez pas à la loi Littoral ». Aujourd’hui ministre d’État, il est réduit au silence. Le 6 juin 2018, Nicolas doit faire preuve publiquement de ce qu’on appelle la solidarité gouvernementale…

Le 28 août 2018, Nicolas Hulot démissionne avec fracas.

Extraits du livre de Michel Sourrouille, « Nicolas Hulot, la brûlure du pouvoir »

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Nicolas Hulot, ex-ministre de l’écologie

NH a participé directement du pouvoir gouvernemental. Devenir ministre pour un écologiste est un passage périlleux qui met en déséquilibre ses idées théoriques et idéaliste face à une pratique qui oblige à des compromis incessants. La volonté de mettre en place une écologie de rupture avec le système dominant se heurte à des résistances de toutes sortes. Nicolas pose clairement le problème : « Quel compromis peut-on trouver entre notre idéal et le monde tel qu’il est, avec son inertie, sa résistance et sa dynamique fulgurante. Si notre combat était partagé par le plus grand nombre, nous l’aurions déjà mis en chantier. » Les difficultés d’une transition sont socio-politiques et tiennent à la question de l’acceptation par l’opinion des fortes contraintes que nécessite l’urgence écologique. Nicolas précisait : « Je ne prends pas l’opinion pour plus bête et égoïste qu’elle ne l’est, mais je n’ai pas non plus une vision angélique, surtout quand la psychologie des hordes se substitue à la psychologie individuelle. D’où le rôle des leaders d’opinion. Mais où sont passés nos intellectuels, nos artistes ou nos leaders religieux dans le discours écologique ? Le jour où les artistes, les intellectuels et les hommes politiques de tous bords se bougeront à l’unisson, alors la société civile pourra se faire entendre. Qu’ils nous incitent à passer d’une société épicurienne à une société plus raisonnable, à comprendre que notre plaisir et notre enchantement ne résident pas dans la possession. » L’opinion doit accepter des freins opposées à ses désirs (de déplacements sans limites, de puissance sans limites, de consommation sans limites). Ce discours réaliste sur les contraintes peut être interprété comme un discours malthusien ou castrateur. Le déni est très fort et il fait le lit des sceptiques démagogiques qui entretiennent par exemple la tentation de penser que la technique va nous « sauver ».

Comme l’exprime Nicolas Hulot, « il n’y aura pas de sortie de la myopie démocratique si les citoyens ne sont pas eux-mêmes les défenseurs d’une conscience élargie du monde dans le temps et dans l’espace. » Juste après la nomination de Nicolas comme ministre, le journaliste-écrivain Jean-François Noblet s’exclamait dans un message diffusé sur le net : « Mon cœur s’envole et mon espoir est immense. Je sais que personne n’est parfait, que cela ne sera pas facile mais nous disposons tous d’une considérable ouverture dans ce ciel mondial si menaçant. Aussi je vous invite à tout faire pour que Nicolas soit écouté, défendu, soutenu. Je sais, par expérience, qu’il aura grand besoin du monde associatif et de tous les citoyens pour réussir. » Sur le site du Sauvage, le cofondateur des Amis de la Terre Alain Hervé appelle lui aussi à le soutenir : « La nomination de Nicolas Hulot ministre est la plus grande innovation de ce nouveau règne républicain. Il est à porter au crédit d’Emmanuel Macron qui autorise soudain des positions radicales à s’exprimer. Hulot est détenteur d’une longue pratique et d’une profonde connaissance de l’écologie. Reste à voir comment il pourra exprimer ses convictions. Je ne pense pas qu’il soit réductible à une ligne « économiste » du gouvernement. Que tous les écologistes le soutiennent, qu’il s’agisse des militants, des philosophes ou des politiciens carriéristes. Nous assistons à une prodigieuse innovation dans la politique française. Bonne chance Nicolas. »

Un ministre de l’écologie a besoin de l’engagement de chacun d’entre nous, sinon il ne peut pas faire grand chose. Nicolas Hulot a fait tout ce qu’il pouvait au poste qu’il occupait, faisons ce qu’il est possible de faire à notre échelle. Puisse ce livre* contribuer à un engagement plus fort de la population. Nous sommes tous co-responsables face à l’urgence écologique. (à suivre)

* Extraits du livre de Michel Sourrouille, « Nicolas Hulot, la brûlure du pouvoir »

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Nicolas Hulot, son engagement écolo

Ce livre* est un hommage qui se veut le plus objectif possible de l’action permanente, depuis quelques décennies, de Nicolas Hulot en faveur de la cause écologique. Son diagnostic devrait être partagé par tous : « Les sommets sur le climat se succèdent, les conférences sur l’état de la planète se multiplient, nous croulons sous l’avalanche de rapports plus alarmants les uns que les autres. Et l’on se rassure avec une multitude de déclarations d’intention et de bonnes résolutions. Si la prise de conscience progresse, sa traduction concrète est dérisoire face à l’accélération des phénomènes que nous sommes censés juguler. Nous sommes technologiquement époustouflants, culturellement affligeants. Nous assistons en spectateurs informés à la marche vers la catastrophe globale. [Osons, plaidoyer d’un homme libre de Nicolas Hulot – Les liens qui libèrent, octobre 2015] »

Pour essayer d’éviter la catastrophe, Nicolas Hulot a fait tout au cours de sa vie le maximum de ce qu’il était possible de faire dans différentes instances, la télévision avec Ushuaïa, la Fondation pour la nature et l’homme (FNH), les élections où il est intervenu directement ou indirectement, et maintenant un poste de ministre d’État pendant plus d’un an à l’heure où j’écris ces lignes. Jamais un écologiste n’a été aussi loin que lui pour politiser les écologistes et écologiser les politiques, y compris au plus haut niveau de l’Etat. Il a conseillé les présidents de la république Chirac, Sarkozy, Hollande. Son choix de toujours était cornélien : faut-il s’opposer par avance à des décisions qui ne sont pas encore prises ou agir pour réorienter la politique dans le bon sens ? Sa réponse constante est sans ambiguïté, il s’est même engagé directement au niveau politique. Lors de la présidentielle 2007, il a fait signer par tous les principaux candidats la « Charte de l’écologie ». Candidat à la présidentielle de 2012, il a échoué au sein de la primaire d’EELV à cause de l’imbécillité gauchisante des partisans de l’écologie institutionnalisée. Mais il est devenu envoyé spécial pour la planète de François Hollande. Il a obtenu avec Emmanuel Macron le titre de ministre de la transition écologique et solidaire.

Cet essai devrait permettre de mieux comprendre la difficulté de l’engagement écologique et la complexité de l’exercice du pouvoir politique. Lors de la présidentielle 2017, Nicolas Hulot a mesuré personnellement le vertige du pouvoir, dans un contexte où l’éclatement des partis traditionnels avait donné leurs chances à des candidats nouveaux sur la scène politique. Il pouvait peut-être parvenir au second tour devant le FN de Marine Le Pen et les Insoumis de Mélenchon s’il était resté candidat. Il a renoncé au dernier moment, il pensait avoir trop à perdre, lui et sa famille, dans la lutte pour le pouvoir. (à suivre)

* Extraits du livre de Michel Sourrouille, « Nicolas Hulot, la brûlure du pouvoir »

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